- il y a 3 jours
Les clefs d'une vie - Christian Signol
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-12-10##
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00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité, le défenseur de la nature que vous demeurez plus que jamais,
00:09a travaillé comme une bête pour écrire un roman inspiré par un sujet d'actualité, La Protection des loups.
00:15Une histoire que vos fidèles lecteurs n'ont pas manqué de dévorer.
00:19Bonjour Christian Signol.
00:20Bonjour.
00:21Alors c'est vrai que je vous ai accueilli dans les clés d'une vie tout au début et puis il y a trois ans pour vos romans.
00:26Vos romans qui ont toujours autant de succès.
00:27Le nouveau c'est d'une beauté sauvage chez Albert Michel, on va en parler tout à l'heure,
00:32mais le principe des clés d'une vie ça n'a pas changé depuis dix ans, c'est d'évoquer votre parcours à travers des dates clés.
00:38La première, elle ne vous concerne pas directement, ça je vous rassure, mais elle est importante dans votre parcours.
00:44Le 4 octobre 1847, c'est ce jour-là que Victor Hugo écrit un poème, à l'heure où blanchit la campagne.
00:51Et c'est vrai que ce poème vous a marqué.
00:54Oui absolument. Je l'ai lu quand j'étais à l'école primaire.
00:57C'est-à-dire, avant de partir en pension, à l'âge de douze ans, parce qu'il y avait au fond de la classe une petite bibliothèque avec trois étagères seulement.
01:07Et il y avait là toute la poésie de Victor Hugo.
01:10Mais moi je suis persuadé d'avoir lu, je me souviens d'avoir lu, toute la poésie de Victor Hugo à l'âge de douze ans.
01:16Dont ce poème qui m'a beaucoup marqué.
01:18Oui, ce poème en fait, c'est un poème écrit en hommage à sa fille Léopoldine.
01:22Alors il l'a signé le 4 septembre 1843, parce que c'était l'anniversaire du décès de Léopoldine.
01:29Et il voulait que ce poème lui soit totalement délié.
01:32Et il se trouve que ce poème, je crois que c'était des petits livres bleus qui étaient dans la bibliothèque.
01:37Oui, à la bibliothèque de l'école, oui.
01:39La pauvre Léopoldine qui est morte noyée, sur la Marne ou sur la Seine, je ne me souviens plus.
01:44Et c'est vrai que ce poème, ce poème n'a pas de titre d'ailleurs, on le désigne par son insipie, c'est-à-dire les premiers mots qu'il compose.
01:52C'est assez particulier.
01:53Oui, tout à fait.
01:54Demain à l'heure où blanchit la campagne, je partirai.
01:57Où es-tu, je sais que tu m'attends.
01:59Alors, comment se fait-il qu'un jeune garçon qui a entre 9 et 12 ans soit touché par ce poème à l'heure de la récréation ?
02:07Parce que j'étais à cette époque-là déjà très sensible à la poésie d'une manière générale.
02:13Et puis je connaissais l'histoire de Léopoldine.
02:16Donc je savais à quoi il correspondait, vraiment.
02:19Alors que l'histoire de Léopoldine, finalement, on ne l'apprenait pas dans les livres d'histoire, ni les instituteurs, on n'en parlait pas beaucoup.
02:27Mais moi, je ne sais pas où j'avais trouvé l'explication, mais je savais la vérité.
02:30C'est pour cette raison qu'il m'avait beaucoup touché à l'époque.
02:32Et moi, dans mes jeunes années à l'école, on m'a expliqué que le vers le plus célèbre de Victor Hugo, c'était
02:37« C'est l'heure tranquille où les lions vont boire » dans « Buzz endormi ».
02:41Oui, c'est vrai aussi. « Buzz endormi », c'était quand même un poème que j'ai appris aussi à ce moment-là, et aussi au lycée après, par la suite.
02:47Donc les livres avaient une couverture bleue très particulière. Ça vous est resté, Christian Signard ?
02:51Oui, c'était une couverture bleue nuit. Et tous les livres de cette bibliothèque étaient couverts de cette couverture bleue nuit.
02:58Et moi, ensuite, quand la bibliothèque de mon école a été baptisée à mon nom, je suis revenu voir cette bibliothèque pour retrouver ces livres à la couverture bleue nuit.
03:08Et ils avaient disparu.
03:09J'essayais de comprendre pourquoi. Mais tout simplement parce que l'école avait déménagé plusieurs fois, et qu'ils étaient partis ailleurs, hélas, et je ne les ai jamais revus.
03:18Alors, la poésie a eu tellement d'importance dans votre vie que dans plusieurs romans, vous citez des poètes, notamment Apollinaire,
03:24« Nous ne nous verrons plus sur terre, odeur du temps, brin de bruyère ». C'est important pour vous, tout ça, ces citations ?
03:31Tout à fait, parce qu'encore une fois, j'ai été nourri de cette poésie pendant toute mon enfance et toute mon adolescence, et même encore aujourd'hui,
03:38il m'arrive de lire, de relire, relire des livres de poésie, et même quelques fois de poésie contemporaine, comme les poèmes de Cécile Coulon, par exemple, que j'aime beaucoup.
03:47Mais en même temps, c'est venu de Hugo ou ça venait avant ?
03:50Non, ça venait d'Hugo. Vraiment, je me souviens encore d'un poème qui commençait par...
03:58Je ne me souviens plus exactement, mais de temps en temps, ça me revient la nuit, dans un demi-sommeil, je reviens dans cette école-là.
04:04Cette école, d'ailleurs, qui était modeste, c'est des bancs comme on en retrouve dans les films...
04:09Je me souviens de « La guerre des boutons » d'Yves Robert, qui est un...
04:12Comme vos livres au départ, personne n'en voulait, et le film a fait un triomphe.
04:15Et c'était des bancs comme on n'en voit plus, guerre, aujourd'hui.
04:18Non, il n'y en a plus eu du tout. Alors que je m'en souviens, très très bien.
04:20Et c'était l'époque aussi d'un instituteur extraordinaire, parce qu'à l'époque, il nous a demandé, on avait 11 ans,
04:26« Qu'est-ce que vous voulez faire plus tard ? » Et moi, j'ai répondu que je voulais devenir écrivain.
04:31Et bien cet homme-là, qui était un homme extraordinaire, m'a répondu, « Eh bien, si tu le veux vraiment, tu le deviendras. »
04:38C'était les instituteurs héritiers de la Troisième République, si vous voulez, qui croyaient en l'humain et qui croyaient aux enfants.
04:44Oui, ce qui n'est plus toujours le cas aujourd'hui.
04:46Pas tout à fait le cas aujourd'hui, on peut dire ça, oui.
04:49Il a su ensuite que vous écriviez cet instituteur, Christian Signol ?
04:53Je pense que non. Parce que quand j'ai commencé à publier, il était décédé déjà.
05:00Et donc, je ne l'ai jamais revu, moi. Depuis l'école primaire jusqu'au moment où il est décédé, peut-être beaucoup plus tard, je ne l'ai jamais revu.
05:05Et il y a un moment avec cet instituteur qu'on peut évoquer à travers cette chanson.
05:09Une chanson qui est devenue un classique dans les écoles. En fait, Hugo Fray l'a écrite parce qu'il est allé à la fête de fin d'année de sa fille, Charlotte.
05:27Le professeur prononçait un discours parce qu'il s'en allait. Et je crois que les adieux à votre instituteur vous ont marqué, Christian Signol.
05:33Oui, tout à fait. Moi, quand je suis parti en pension, à l'époque, je me souviens qu'il ne nous avait jamais serré la main, ni parlé vraiment.
05:43Mais je me souviens que sur les marches de l'école, il nous a retenus, à tous ceux qui partions, finalement, et qui ne le reverraient plus,
05:51sur les marches, pour nous serrer la main et nous souhaiter bonne chance pour l'avenir.
05:56Mais c'était des gens extraordinaires comme il n'y en a plus beaucoup aujourd'hui.
05:58Et puis, il y avait l'écriture aussi. Il y avait une encre violette et une plume sergent-major qui s'enseignaient.
06:03Oui, tout à fait. L'encre violette était destinée aux élèves alors que l'encre rouge était destinée aux institutions.
06:11Justement, il corrigeait les copies à l'encre rouge.
06:14Oui, et les dictées, il n'y avait pas autant de fautes qu'aujourd'hui.
06:16Non. Et puis surtout, il versait l'encre dans les encriers de porcelaine à ce moment-là.
06:20Et souvent, il y en avait un peu partout de cette encre-là.
06:23Mais c'était une couleur qui me revient encore souvent.
06:28D'ailleurs, moi, j'ai moi-même un encrier qui a encore des tâches d'encre violette sur le rebond en porcelaine.
06:36Quand on pense que le stylo à billes a été autorisé à l'école uniquement en 1960.
06:41Avant, c'était interdit. C'est quand même une autre chose.
06:44C'est quand même bien autre chose. Mais ça avait son charme aussi, le porte-plumes et les plumes sergents-majors.
06:50Je m'en souviens très bien aussi. J'ai encore, moi aussi, des plumes sergents-majors dans mon bureau.
06:54Et j'en reviens à vos lectures d'enfants et d'adolescents, Christian Signol.
06:58Il y a aussi Camus et Giono qui vous ont marqué.
07:02Beaucoup. Pendant toute mon adolescence, en fait, j'ai erré entre Camus et Giono.
07:06Alors Camus, pour la générosité de ses personnages, notamment dans La Peste,
07:11le personnage de Tarou, qui est un personnage extraordinaire.
07:16Et qui ressemblait beaucoup, finalement, aux gens que j'avais connus pendant mon enfance.
07:19Moi, plein de générosité et de bonté.
07:22Et Giono, lui, pour ses relations avec le monde naturel.
07:26Donc j'avais à la fois le monde naturel et j'avais à la fois les gens avec lesquels je vivais.
07:30Giono, qui doit beaucoup à Pagnol, mais ils se sont fâchés.
07:33Parce que Giono n'a pas supporté de ne pas être bien placé au générique des films de Pagnol.
07:38Il voulait leur faire un procès qu'il a perdu.
07:40C'est assez extraordinaire.
07:41Oui, mais ils se sont réconciliés par la suite.
07:43Mais moi aussi, j'ai eu des problèmes aussi avec les adaptations à la télévision.
07:48C'est-à-dire ?
07:48C'est-à-dire que pour les mêmes raisons, je n'apparaissais pas au générique.
07:51La plupart, souvent, très souvent.
07:53Mais bon, il suffit de savoir que ce sont deux mondes totalement différents.
07:56Le monde de l'image et le monde de l'écrit.
08:01Et que donc, ils ne sont pas conciliables, finalement.
08:03Donc c'est normal qu'il y ait conflit entre deux.
08:06Il y a eu La rivière Espérance et il y a eu quelques téléfilms.
08:09Mais ça aurait pu aller beaucoup plus loin.
08:12Ça aurait pu aller beaucoup plus loin, mais il y en a quand même eu cinq ou six.
08:15La rivière Espérance, il y a eu aussi La promesse des sources.
08:18Il y a eu L'enfant des terres blondes.
08:20Et puis dernièrement, il y a deux ans, Les enfants des justes.
08:24Mais là, vous laissez faire à chaque fois.
08:25Ah oui, mais là, j'ai bien aimé quand même Les enfants des justes avec Mathilde Seignier et puis Gérard Lanvin et aussi Philippe Toriton.
08:35Et ça, c'était quand même un téléfilm qui était très très bien fait.
08:38Oui, et qui a bien marché d'ailleurs en audience.
08:40Il se trouve que votre style aussi, je pense qu'il y a des auteurs qui vous ont influencé, Christian Signol.
08:45Il y a eu Bernard Clavel, Robert Sabatier, Michel Ragon et Gilbert Ciesbron.
08:50Là aussi, c'est pas loin de votre univers.
08:53C'est pas loin de mon univers.
08:54Ce sont surtout des auteurs qui écrivent pour tout le monde.
08:57Comme j'ai voulu essayer de faire depuis toujours.
09:00C'est-à-dire être accessible à ceux qui ont le savoir et ceux qui ne l'ont pas.
09:04Tous ceux qui ont envie de lire des livres et qui quelquefois ne pourraient pas.
09:08Si on écrivait des livres beaucoup plus élitistes, avec un vocabulaire beaucoup plus recherché.
09:13Et ce n'est pas du tout ce que je veux faire.
09:14Vous, vous êtes un romancier et pas un écrivain.
09:17Exactement, je suis un romancier et je ne suis pas un écrivain.
09:19La différence doit être notée.
09:21Absolument, j'y tiens, j'y tiens beaucoup.
09:22Parce que ?
09:23Parce qu'un écrivain, un écrivain écrit sur lui-même à la première personne.
09:29Alors qu'un romancier, un vend des histoires à écrire à la troisième personne.
09:32C'est un univers totalement différent et c'est beaucoup plus difficile d'écrire des romans
09:36que de faire œuvre d'écrivain.
09:38Parce que c'est l'imagination qui gouverne avant tout.
09:41Oui, alors que sa propre histoire, souvent on la transforme sur autre chose.
09:44Alors, vous êtes édité chez Albin Michel et Robert Sabatier a été directeur de collection
09:48chez Albin Michel.
09:49Et un jour, il éditait un livre de Paul Guth.
09:51Et Paul Guth, vous savez, qui est toujours très respectueux, je dirais, va le voir et
09:56dit, je voudrais quelques exemples-là de mon livre.
09:59Et Robert Sabatier dit, demande-les à Genoux.
10:01Et Paul Guth se met à Genoux.
10:02Il fait non, demande-les à M. Genoux, le responsable du service commercial.
10:06Cette histoire a fait le tour d'Albin Michel.
10:07Oui, absolument.
10:08Mais Robert était quelqu'un d'extraordinaire, très très gentil, Robert.
10:11Très drôle.
10:12Qui écrivait le matin et qui après vivait intensément.
10:15Oui, et qui a écrit une anthologie de la poésie française.
10:18Quatre volumes extraordinaires.
10:19Oui, qui est un volume reconnu.
10:21Et puis, il y a quelqu'un qui vous a marqué aussi, c'est Jim Harrison, écrivain américain.
10:24Ah oui, mais là pour d'autres raisons.
10:26Alors, parce que ce sont des écrivains des grands espaces, c'est-à-dire des forêts, des rivières.
10:30Et ce qui me tient le plus à cœur, finalement, puisque moi je vis en milieu naturel.
10:34Et que souvent même, je suis dans l'eau des rivières la journée, non pas sur la berge, mais dans l'eau jusqu'à la ceinture.
10:40Et que donc, je connais très très bien ce monde-là, le monde des rivières, le monde des forêts, comme dans le roman d'aujourd'hui.
10:45Exactement.
10:46Mais en plus, Jim Harrison, bon, il avait un côté bitnique, il a touché aux drogues dures.
10:49Mais curieusement, c'était un gastronome glouton, il aimait venir en France pour manger du ragoût d'anguille et boire des verres de pique-saint-loup et de gigondasse.
10:59Et il mangeait beaucoup, beaucoup de gibier aussi.
11:01Mais je l'ai trouvé un jour sur le boulevard Montparnasse, Jim Harrison.
11:04Et on est allé boire un verre tous les deux à côté, dans le café du boulevard.
11:11Et on a parlé pendant trois quarts d'heure une heure, mais il était tellement...
11:15Il sortait de table.
11:16Finalement, pendant trois quarts d'heure, une heure, je n'ai jamais réussi à comprendre ce qu'il me disait.
11:21Nous, on vous comprend bien, et puis on va continuer à vous comprendre à travers une autre date, le 28 novembre 2012.
11:27A tout de suite sur Sud Radio avec Christian Signol.
11:29Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:32Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Christian Signol.
11:35Nous parlerons tout à l'heure de ce nouveau roman d'une beauté sauvage, chez Albain Michel, une histoire de loup qui est très touchante.
11:42On a évoqué, bien sûr, votre amour de la littérature, de la poésie.
11:46Il y a une date que j'ai trouvée, le 28 novembre 2012.
11:50Ce jour-là, il y a un reportage sur France 3, Midi-Atlantique, annonçant que vous avez établi le record de vente à la foire du livre de Brive, 1480 livres vendus en deux jours.
12:01Oui, mais c'est beaucoup plus facile, ce genre de résultat, quand on est un local.
12:09D'ailleurs, tous les sportifs savent bien qu'il est beaucoup plus facile de gagner à domicile qu'à l'extérieur.
12:13Oui, mais quand même, près de 1500 livres en deux jours, c'est...
12:16Ça fait beaucoup de fatigue, mais aussi beaucoup de satisfaction à rencontrer des gens qui viennent de loin.
12:23La plupart du temps, vous savez, il y en a qui arrivent, il y en a qui viennent de Bretagne, il y en a même qui viennent de l'étranger.
12:28On vous voit sur ce reportage signer des autographes, mais dans tous les sens.
12:33Oui, c'est vrai, c'est un peu... une épreuve un peu difficile, mais encore une fois, quand même, avec beaucoup de satisfaction, de savoir que les gens viennent de très loin pour vous voir.
12:44Oui, mais vous signez des livres et n'en plus finir, comment on fait ? On en finit par avoir mal à la main ?
12:47C'est difficile, c'est difficile. Il suffit d'avoir quand même trois ou quatre dédicaces types pour pouvoir les adapter aux gens qui viennent vous voir.
12:57Mais c'est vrai que je ne me renouvelle pas beaucoup dans ce genre d'exercice, hélas.
13:01Et surtout, ce qui me gêne le plus, si vous voulez, c'est que je n'ai pas le temps de parler à ces visiteurs comme il le faudrait.
13:07Parce que quand les gens viennent vous voir de loin, il faut quand même leur accorder un minimum de temps.
13:13Ce que, lors de ces occasions-là, je ne peux pas.
13:16Comment vous faites alors ?
13:17Je regrette souvent. Alors j'essaye de parler le plus possible avec, par exemple, d'où vous venez, est-ce que vous connaissiez Brive, etc.
13:26Mais en fait, ça ne dure pas assez longtemps, quoi. Et c'est dommage.
13:29Et dans ce reportage, on découvre votre bibliothèque personnelle avec vos éditions, à l'époque, en 15 langues.
13:34Je ne sais pas si ça a dû augmenter depuis.
13:37Non, pas depuis.
13:38Et on vous voit devant votre ordinateur.
13:40Et je crois que l'ordinateur, au départ, vous écriviez sur des feuilles et vous avez hésité à vous mettre à l'ordinateur, Christian Signol.
13:46Oui, parce que ça a changé mon écriture.
13:49Pendant un an, un an et demi, j'ai eu des difficultés.
13:53Mais l'écriture n'était pas la même, parce que la plume est la prolongation directe de la pensée.
13:59Alors que l'ordinateur, pour moi, ne l'était pas.
14:01Il y avait un écran entre l'écriture et moi.
14:04Il m'a fallu un an et demi pour retrouver à peu près l'écriture que j'avais quand j'écrivais à la même.
14:08Et pourquoi avoir changé alors ?
14:10Parce que, comment vous dire, c'est quand même beaucoup plus facile de retravailler un texte sur un ordinateur avec un traitement de texte
14:17que de retravailler un texte qui est tapé à la machine et qu'il faut tout modifier, tous les feuillets par la suite.
14:22Alors qu'avec un traitement de texte, tout décale automatiquement.
14:26Et ça fait gagner souvent presque 4 mois ou 6 mois, la plupart du temps.
14:31C'est énorme.
14:31En même temps, je me souviens d'Iny Vancovelart, totalement allergique aux ordinateurs.
14:37Il écrivait au stylo avec différentes couleurs.
14:39Il prend un ordinateur un jour, il tente et il a brisé, il a cassé l'ordinateur.
14:45Il est tombé en panne et aucun informaticien n'a compris comment il l'avait fait.
14:49Alors, vous parlez aussi de transpiration plutôt que d'inspiration.
14:53Alors ça, quand j'allais dans les collèges ou les lycées, les élèves en général souvent me demandaient
15:00« Monsieur, est-ce que vous croyez à l'inspiration ? »
15:02Je leur disais « Non, je crois à la transpiration. »
15:05Ça voulait dire au travail.
15:05Puisqu'à l'inspiration, l'inspiration, ça peut être une idée de roman ou de personnage, tout ça.
15:11Mais quand je parlais de transpiration, je voulais dire le travail, quoi.
15:15Parce qu'écrire des livres, c'est du travail quand même.
15:17Mais vous allez donc dans les collèges et lycées donner des conférences, évoquer votre parcours ?
15:21Qu'est-ce qu'on signale ?
15:22J'y allais beaucoup. J'y vais beaucoup moins aujourd'hui parce que j'ai beaucoup moins le temps et beaucoup d'autres choses à faire, beaucoup plus de soucis.
15:28En même temps, c'est instructif d'aller voir les jeunes.
15:31C'est très important. J'y allais volontiers parce que je sais quand même que c'est là que ça se passe.
15:35C'est-à-dire que s'ils apprennent, s'ils prennent le goût de lire à l'adolescence ou même à l'enfance, ça leur restera par la suite.
15:45Ils deviendront de vrais lecteurs.
15:48C'est pour cette raison que j'y allais.
15:50Mais je sentais que c'était efficace quand même chaque fois.
15:53Parce que je leur disais toujours en fin de rencontre, vous savez, si vous avez...
15:59Je leur parlais de mes difficultés à éditer alors que je vivais en campagne, si vous voulez que l'édition se passe à Paris.
16:05Mais je leur disais toujours, vous savez, si vous avez une passion, n'hésitez pas à travailler.
16:11Travaillez beaucoup et d'une manière, je suis sûr que vous y arriverez un jour.
16:14À condition de travailler beaucoup.
16:16Quand vous signez 1480 livres à la Foire de Brive, ce qui est un record,
16:20est-ce que vous imaginez cela quand vous êtes arrivé pour la première fois à la Foire de Brive, Christian Signol ?
16:24Non, pas du tout.
16:26C'était mon premier roman qui datait de...
16:28Oui, ça s'appelait Les Cailloux Bleus.
16:31Je me souviens quand même que le libraire avait été dévalisé.
16:33C'est-à-dire qu'au bout de 2-3 heures, il n'avait plus de livre.
16:37Et qu'ils ont dû aller en chercher à Bordeaux pour le lendemain.
16:39C'est-à-dire au comptoir régional de Bordeaux.
16:41Mais je ne m'attendais pas du tout à ça.
16:45Ça a été une surprise extraordinaire.
16:47Parce que quand même, j'avais beaucoup ramé pour en arriver là.
16:51C'est-à-dire que moi, pendant 10 ans, les éditeurs m'ont refusé des manuscrits.
16:54Mais je me souviens que chaque fois que je recevais un manuscrit refusé,
16:58je me remettais à écrire le jour même.
16:59Parce que c'était une véritable passion.
17:02Et que finalement, j'ai bien compris que l'oxygène m'arrivait par les livres.
17:06Tout simplement.
17:07Et la Foire de Brive, vraiment, vous êtes allé une première fois en vous disant
17:10« On va voir ce que ça va donner ».
17:11Oui, je me disais, bon, une cinquantaine, quoi.
17:14Et en réalité, malgré tout, on a vendu 7 ou 8 cents ce jour-là.
17:18Pendant ces trois jours-là.
17:19Il se trouve que la Foire de Brive, au départ, c'était de la maturice en 1973.
17:24C'était des copains faire une lecture.
17:26Il y avait Jacques Puchemont.
17:27Puchemont.
17:28Qui avait réalisé cette Foire sans imaginer qu'elle deviendrait aussi importante.
17:33Et je crois qu'il est devenu une tradition pendant quelques années
17:35que ça se passait à la veille du Goncourt.
17:37Donc, tout était possible.
17:39Oui, mais au départ, c'est vrai que Puchemont a organisé ça
17:41parce que, tout simplement, il faisait venir des auteurs de chez lui.
17:44C'est-à-dire Bernard Clavel, Sabatier, Sessebron.
17:47Pas Sabatier, mais Sessebron.
17:48Des gens comme ça, vous voyez.
17:50Et donc, ça se passait sous une halle.
17:51Mais il y avait trois tables, simplement.
17:53Et uniquement, quasiment uniquement, avec des livres de chez Robert Laffont
17:57puisque Puchemont était directeur littéraire chez Robert Laffont.
18:01Et jamais personne n'aurait supposé qu'un jour ça prendrait cette dimension.
18:05Alors, votre parcours, ça a été un long parcours.
18:07D'abord, il y a eu le lycée qui est quand même resté le drame de votre vie.
18:10Oui, absolument.
18:12Je suis passé de la liberté absolue à 12 ans à la prison un mois après
18:16parce que c'était les lycées de l'époque.
18:19C'était quasiment encore des lycées napoléoniens.
18:21C'était que la discipline était très, très stricte.
18:24Et puis surtout, moi, j'étais privé de la liberté
18:27dans laquelle j'avais vécu toute mon enfance.
18:30Ça a été une épreuve terrible.
18:32Puis, je crois qu'il y avait des bouillottes pour se chauffer
18:34chez vous et au lycée.
18:36Au lycée, il n'y en avait pas.
18:37On avait froid.
18:38Mais chez moi, il y avait des bouillottes, oui, comme à l'époque.
18:40Mais en même temps, vous regrettiez, soyez familial
18:42parce que c'était votre enfance,
18:44même si la famille n'avait pas beaucoup d'argent,
18:46c'était un bonheur.
18:47C'était un vrai bonheur.
18:48Je vivais parmi des gens d'une grande bonté,
18:50d'une grande générosité,
18:51comme l'étaient mes parents et mes grands-parents.
18:54C'est pour cette raison que j'ai souffert terriblement
18:57de devoir l'équité.
18:58Mais un ami qui est picatre
19:02m'a expliqué un jour quand même
19:04qu'en fait, si je m'étais mis à écrire,
19:05c'était justement pour pouvoir retrouver,
19:08récupérer ce monde-là.
19:09Et je pense qu'il n'avait pas tort.
19:11Et en même temps, vous avez fait ensuite des études,
19:13vous avez eu la fac de Limoges
19:14et vous êtes rentré à Brive,
19:16à Brive avec des écritures essentiellement administratives.
19:20Et quand on pense à Brive,
19:21on pense à cette chanson.
19:22Au marché de Brive-la-Gaillarde,
19:25à propos de bottes d'oignons,
19:27quelques douzaines de gaillardes
19:29se crêpent un jour le chignon.
19:31Il trouve que de cette chanson,
19:33certains pensent que Brassens,
19:35ayant été mal accueilli à Brive,
19:37il s'est vengé.
19:37Pas du tout.
19:38En fait, il a trouvé un dictionnaire,
19:40il cherchait une rime.
19:42Et c'est devenu Brive-la-Gaillarde
19:43parce qu'il cherchait une rime, c'est tout.
19:45Oui, et aujourd'hui,
19:46la foire de Brive se passe sous la gère de Brassens.
19:48Exactement.
19:49Et ce parcours à la mairie de Brive,
19:51pendant des années,
19:52vous en gardez un bon souvenir ?
19:53Non, pas du tout, sans aucun intérêt.
19:56Vous étiez au troisième étage ?
19:57Oui, ça a été très difficile,
19:59mais je savais que l'essentiel n'était pas là.
20:01Donc je vivais ailleurs, finalement.
20:02En même temps, vous écriviez vos livres ?
20:03Oui, c'est ça, oui, en même temps.
20:05Ah non, mais pas dans la mairie.
20:06Non, non, le soir.
20:07En même temps, on n'est pas découragé
20:09quand chaque fois on reçoit un manuscrit ?
20:12Ça a été un parcours très, très difficile,
20:15mais en même temps,
20:15je me suis aperçu par la suite
20:17que finalement, bon,
20:19c'était un chemin qu'il fallait faire.
20:21C'est-à-dire que l'écriture, ça s'apprend.
20:22Il n'y a pas de lycée ni d'université en France,
20:26contrairement aux États-Unis.
20:28Et donc, l'écriture, ça s'apprend,
20:29et ça doit être un chemin personnel.
20:31D'ailleurs, Peuchemore,
20:32directeur littéraire chez Laffont à l'époque,
20:35me le disait.
20:36Ne te décourage pas,
20:37tu sais que ça peut être long,
20:38mais que ça arrivera un jour.
20:40En même temps,
20:41vous avez gardé ces premiers manuscrits ?
20:44Non, les premiers qui ont été refusés,
20:46non, non, je les ai détruits,
20:47je les ai brûlés.
20:48Et en même temps,
20:51c'est arrivé chez Robert Laffont,
20:53c'est arrivé comment,
20:53le début des Cailloux Bleus ?
20:55C'est arrivé parce qu'à fort de travailler,
20:58j'avais écrit un très grand livre
21:01qui faisait 500 ou 600 pages,
21:04et je me suis aperçu
21:05que j'avais appris à écrire.
21:07Et donc, Peuchemore l'a publié
21:08sans difficulté,
21:10alors qu'il en avait rejeté beaucoup,
21:11et finalement,
21:13je suis passé de rien du tout
21:14à plus de 100 000 exemplaires
21:16en deux mois.
21:17Mais comment on vit ça,
21:18justement,
21:18Christian Signale ?
21:19Ah, ça a été,
21:20comment vous dire,
21:21le début du paradis.
21:23C'est-à-dire,
21:24j'étais dans les difficultés
21:25avec des enfants,
21:27enfin, bon,
21:27bref, un petit salaire,
21:28tout ça,
21:28et du jour au lendemain,
21:30je me suis retrouvé
21:31avec beaucoup de ressources,
21:33finalement,
21:33d'autant plus que
21:34les Cailloux Bleus,
21:34100 000 exemplaires,
21:35mais six mois après,
21:36150 000 en poche,
21:38et un an après,
21:39100 000 à France-Foisir.
21:41Donc, vous voyez,
21:42en tout,
21:42ça faisait 400 000 exemplaires.
21:43Donc, je me suis retrouvé
21:44comme ça du jour au lendemain,
21:46dans une position
21:47à laquelle j'avais couru
21:48pendant des années et des années,
21:50et j'en étais un peu,
21:51un peu stupéfié, quand même,
21:53oui.
21:54Oui, et ça...
21:55Agréablement.
21:55Oui, je comprends.
21:57Ça a continué,
21:58il y a une autre date importante
21:59dans votre parcours
22:00que vous avez un peu évoquée
22:01tout à l'heure,
22:02c'est le 1er juin 2024.
22:04A tout de suite sur Sud Radio
22:05avec Christian Signol.
22:07Sud Radio,
22:08les clés d'une vie,
22:08Jacques Pessis.
22:10Sud Radio,
22:10les clés d'une vie,
22:11mon invité Christian Signol.
22:13Votre nouveau roman
22:14chez Albain Michel
22:15d'une beauté sauvage,
22:16on va en parler tout à l'heure.
22:17On en revient à votre parcours,
22:18on a vu vos débuts difficiles
22:20et des cailloux bleus
22:21qui ont tout changé.
22:22Et le 1er juin 2024,
22:24eh bien,
22:25les quatre routes du Lot
22:26donnent votre nom
22:27à un square
22:28et à la bibliothèque municipale.
22:30C'est quand même
22:30une consécration.
22:31C'était une consécration,
22:33oui,
22:33non,
22:33mais je l'ai vécu très très bien
22:34et très agréablement
22:35parce que,
22:36encore une fois,
22:37cette bibliothèque,
22:38ce n'était pas la bibliothèque
22:38de l'école,
22:39ce n'était pas du tout
22:39la même chose,
22:40mais c'était une bibliothèque
22:41toute neuve
22:42qui avait été financée
22:43par la région
22:43et par le département
22:44et aussi par la mairie
22:45des quatre routes.
22:46Quant au square,
22:47c'était encore mieux
22:48parce que,
22:49en fait,
22:49c'est le square
22:50où se trouvait
22:51l'école primaire
22:53où j'ai appris
22:54à lire et à écrire.
22:55Donc,
22:55pour moi,
22:56si vous voulez,
22:56c'était chargé de sens quand même.
22:57Donc,
22:57c'était très émouvant.
22:58Mais c'est étonnant
23:00de recevoir
23:00ce genre de consécration.
23:03De son vivant,
23:04vous voulez dire ?
23:04Oui,
23:05sans doute,
23:05oui.
23:06Étonnant et émouvant,
23:07oui,
23:07c'est vrai,
23:08oui.
23:08En même temps,
23:09cette bibliothèque,
23:09c'était votre Madeleine de Proust,
23:11même si ce n'est pas
23:12celle que vous avez connue.
23:14Oui,
23:14mais c'était une bibliothèque.
23:15Donc,
23:15c'était quand même,
23:16pour moi,
23:17très émouvant aussi.
23:23à la mairie
23:24et 980 livres
23:25pour la jeunesse
23:26et le petit caillou bleu,
23:28les cailloux bleus
23:29sont bien sûr
23:30mis en évidence.
23:33Pas seulement,
23:33heureusement,
23:34mais parce que depuis
23:35les cailloux bleus,
23:36ça fait quand même
23:3640 romans de publier.
23:38Oui,
23:39justement,
23:39ce que vous n'auriez jamais imaginé.
23:40Jamais,
23:41mais jamais.
23:42Alors,
23:42il se trouve que
23:43les quatre routes du Lot,
23:44aujourd'hui,
23:45c'est,
23:45et ça n'a pas été simple,
23:46Vignon-Enquerci.
23:47Il y a eu toute une polémique
23:49là-dessus.
23:49Ah bon ?
23:50Quand vous savez ça ?
23:51Je me fais renseigner.
23:52Oui,
23:53parce que
23:55les quatre routes,
23:56en fait,
23:56c'est une commune
23:57qui a été construite
23:58lors de la construction
24:00de la gare
24:00à un carrefour
24:01de quatre routes,
24:02tout simplement.
24:03C'est tout de suite,
24:04600 habitants.
24:05500 habitants,
24:06seulement c'est un village,
24:07c'est même pas un bourg,
24:08c'est un village
24:08où, hélas,
24:09aujourd'hui,
24:11tous les magasins ferment.
24:12Tout le monde est parti
24:13vers les villes.
24:15C'est d'ailleurs
24:16un peu le chemin
24:16que j'ai fait.
24:18Mes parents,
24:19qui étaient commerçants
24:19dans ce village,
24:20avaient très trop compris
24:21qu'il faudrait partir
24:23parce que la vie économique
24:26surtout se déplaçait
24:27vers les grandes métropoles.
24:29Mais au départ,
24:29d'ailleurs,
24:30je crois que ce qui a lancé
24:31ce village,
24:32c'est le chemin de fer.
24:33Oui, c'est ça.
24:33C'est la gare.
24:34Lors de la construction
24:35de la gare,
24:36la commune a été créée
24:37en prenant des territoires
24:38sur toutes les communes
24:38aux alentours.
24:40Et en même temps,
24:42vous traversiez
24:43ce chemin de fer
24:44lorsque vous rivez à l'école.
24:45Oui, chaque jour.
24:47Chaque jour.
24:48Et c'est un chemin
24:49que je refais
24:51le plus souvent possible
24:52en me cachant
24:53sans le dire à personne.
24:55Non, non,
24:55mais je veux dire,
24:56je fais exprès
24:57de mettre mes pas
24:58dans les pas
24:59d'alors,
25:00de l'époque.
25:01Mais bon,
25:02il y a tellement
25:02de temps qui a passé
25:03c'est que j'ai beaucoup
25:04de mal quand même
25:05à retrouver,
25:06évidemment,
25:07les sensations
25:08de l'époque
25:10parce que même
25:10le paysage
25:12un peu a changé
25:12si vous voulez.
25:13Donc c'est beaucoup
25:13plus difficile.
25:14J'essaye,
25:15mais j'ai du mal
25:15à y arriver.
25:16Oui, mais en même temps,
25:17il y a une maison
25:17qui est restée,
25:18je crois que c'est
25:18celle de votre grand-mère.
25:19Oui, absolument,
25:20elle est toujours là.
25:21Et pourquoi ?
25:22Elle est toujours là
25:23parce que je l'ai gardée
25:24moi pendant un moment
25:25avant de la céder
25:27à un ami
25:27et que j'y tenais.
25:29Mais la vraie maison
25:30que j'ai aussi gardée
25:32sur le cos,
25:33c'est-à-dire
25:34à quelques kilomètres
25:35du village,
25:35c'est celle
25:35de mes arrières-grands-parents
25:39maternels,
25:40c'est-à-dire
25:40là où tout a commencé.
25:41Et là,
25:42c'est important
25:42symboliquement
25:43de les garder
25:43mais il faut les entretenir.
25:45Je les entretiens
25:46comme je peux.
25:48Et vous y allez
25:48de temps en temps.
25:49Non, pas de temps en temps,
25:50j'y vais quasiment
25:51tous les jours.
25:51Carrément.
25:52Si je peux, oui.
25:53Il y a aussi
25:54votre père
25:55qui a été très important
25:56dans votre vie
25:56et je crois
25:57qu'il y a un hommage
25:58qui a été rendu
25:59lors du décès
25:59de votre père
26:00qui vous a particulièrement ému.
26:02Le chant des partisans
26:09d'Anna Marly.
26:10Ce chant des partisans,
26:10il faut savoir
26:11qu'il a été écrit
26:12dans un hôtel de Londres
26:13un après-midi
26:14par Joseph Kessel
26:15et Maurice Druon,
26:16son neveu.
26:17Et qu'au départ,
26:18ce n'était pas
26:18un chant de résistance,
26:21c'était l'hymne
26:22du poste clandestin
26:23créé par André Gillois
26:24contre la BBC.
26:26Et votre père
26:27a fait de la résistance
26:28et cette chanson
26:29évoque pour vous
26:30un souvenir très précis.
26:31Oui, parce qu'effectivement
26:33en résistant
26:33des maquis Buckmasters
26:35sur les côtes du Lot
26:37et c'est vrai
26:38que lors
26:39de ces obsèques
26:41quand j'ai entendu
26:42cette musique
26:43ça a été très très émouvant
26:44et en même temps
26:45très très éprouvant
26:46parce que
26:47cette résistance
26:50sur les côtes du Lot
26:51a été
26:52le plus souvent
26:53dramatique
26:54et très difficile
26:55et par la suite
26:56les parachutistes
27:00anglais
27:00qui avaient été
27:00parachutés
27:01un peu avant
27:01le débarquement
27:02après la guerre
27:03revenaient voir mon père.
27:04Moi j'étais enfant
27:05je me demandais
27:06ce que des deux
27:06anglais faisaient là
27:07si vous voulez
27:07j'ai compris
27:08que beaucoup plus tard
27:10en quoi en fait
27:11ça consistait.
27:12C'était qu'ils étaient
27:13devenus tout simplement
27:14amis avec
27:15les gens
27:16qui les avaient aidés
27:16à l'époque
27:17lors du parachutage
27:19d'avant le débarquement.
27:20Oui mais comme
27:21beaucoup de gens
27:21de cette époque
27:22les parents ne racontaient
27:24pas à leurs enfants
27:25la réalité de la guerre.
27:26Non mon père
27:26ne parlait pas de ça
27:27jamais.
27:28Mon père ne parlait
27:29jamais de la résistance
27:30et mon grand-père
27:30ne parlait jamais
27:31de la guerre 14
27:32jamais
27:32parce que c'était
27:33trop difficile
27:35trop dramatique
27:36pour eux
27:37ils avaient trop souffert
27:38mon grand-père
27:39est revenu
27:39de la guerre 14
27:40avec le bras cassé
27:41alors que c'était
27:41un ouvrier manuel
27:42et donc ça a été
27:43très difficile pour lui
27:45quant à mon père
27:46il avait vécu
27:47très très difficilement
27:47il s'était sauvé
27:48de justesse
27:49parce qu'il devait
27:50partir au STO
27:51et il a été requis
27:53à la caserne
27:53de Cahors
27:54et dans la caserne
27:56il y a un type
27:56qui passait là
27:57qui lui a demandé
27:58mais toi
27:59tu es sûr
28:00que tu veux partir
28:00en Allemagne
28:01pour le STO ?
28:03Mon père lui a dit
28:04non j'y tiens pas
28:04et l'homme en question
28:07lui a dit
28:07si tu veux
28:08à 6h30 du soir
28:09tu sautes par-dessus
28:10le mur
28:10je serai de l'autre côté
28:11et ce jour-là
28:13mon père a sauté le mur
28:14sans savoir
28:15ce qu'il trouverait
28:16de l'autre côté
28:16et effectivement
28:17c'était bien
28:17un recruteur
28:18des Maki
28:18un type qui l'a amené
28:20justement dans les Maki
28:21d'Écosse du Lot
28:22et ça
28:23vous ne regrettez pas
28:24qu'il ne vous ait pas
28:25raconté tout ça
28:25en temps utile
28:27ça aurait pu faire
28:27un beau roman
28:28je le regrette un peu
28:32mais en même temps
28:32je le comprends
28:34parce que
28:35ça a été quand même
28:36un des épisodes dramatiques
28:38d'autant plus
28:38que par la suite
28:39quand mon père
28:40est rentré
28:41dans la résistance
28:42les gendarmes
28:43venaient
28:44chez mes grands-parents
28:45où vivait ma mère
28:46parce qu'elle n'avait pas
28:47encore d'appartement
28:49de maison
28:49si vous voulez
28:50et ils étaient très surveillés
28:52ça a été très difficile
28:53pour eux
28:53alors un message d'espoir
28:55quand même
28:55aujourd'hui
28:56dans ce village
28:57où les commerces
28:57ferment les uns
28:58après les autres
28:58c'est que
28:59vous commencez
29:00à vous rendre compte
29:01et vous n'êtes pas le seul
29:02que les gens des villes
29:04commencent à retrouver
29:05le chemin de la campagne
29:06Christian Signol
29:06ils le retrouvent
29:08mais c'est difficile pour eux
29:09parce qu'en fait
29:10ils sont partis
29:10ce n'est pas par plaisir
29:11c'est pour des raisons économiques
29:12c'est-à-dire que la vie
29:13a glissé ailleurs
29:14et que l'économie
29:15était partie ailleurs
29:15donc quand il s'agit
29:17de revenir
29:18on peut revenir
29:19mais il faut créer
29:20les conditions économiques
29:21pour ça
29:21et c'est très difficile
29:22je voyais un reportage
29:23avant-hier
29:24sur des gens
29:24justement qui revenaient
29:25alors il y en avait
29:27la moitié quand même
29:28qui ne réussissaient pas
29:28un qui s'installait boulanger
29:30un qui s'installait épicier
29:31un autre qui reprenait
29:32un hôtel
29:32etc
29:33mais ça ne marche pas
29:34à chaque fois
29:35parce qu'encore une fois
29:36si les conditions
29:37économiques ont changé
29:39à l'époque
29:40elles ne sont pas redevenues
29:41aujourd'hui
29:42entièrement viables
29:43et donc c'est toujours
29:44aussi compliqué
29:44mais je crois qu'à l'époque
29:46il y avait 22 restaurants
29:47dans votre village
29:49et qu'aujourd'hui
29:49il n'y en a plus qu'un seul
29:5022 cafés
29:51oui 22 cafés
29:52dans un village
29:53de 600 habitants
29:54mais il n'y en a plus
29:54voilà
29:55il n'y en a plus
29:56il y a un restaurant
29:56je crois
29:57il y a un restaurant
29:58oui si il y a un bon restaurant
29:59si si c'est vrai
30:00il y a un très bon restaurant
30:00qui s'appelait le four
30:01qui s'appelle le vieux four
30:02voilà quand on fait des succès
30:03c'est assez paradoxal
30:05oui exactement
30:05oui c'est vrai
30:06mais en même temps
30:07les résidences secondaires
30:08commencent à être
30:09à retrouver
30:10et c'est peut-être ça
30:12qui va faire redonner
30:14peut-être
30:15mais je pense quand même
30:17qu'on est rentré
30:18dans une évolution là
30:19un peu quand même irréversible
30:21certes le Covid a joué
30:23en sens inverse
30:24c'est-à-dire
30:24que les gens se sont rendus compte
30:26que la vie dans les grandes métropoles
30:27était très difficile
30:28et qu'il fallait peut-être
30:29revenir vers les campagnes
30:30mais je ne pense pas
30:32que ça ait un effet déterminant
30:34pour la suite
30:35je ne crois pas
30:36en tout cas
30:36vous vivez tranquillement
30:37en voie à Brive
30:38dans une maison
30:38avec un bureau de 12 mètres carrés
30:41très petit
30:42ça vous suffit ?
30:43ah oui ça me suffit
30:43et puis il le faut
30:44il ne faut pas qu'il y ait
30:45trop d'attirance à l'extérieur
30:49d'ailleurs j'écris toujours
30:51moi le dos tourné
30:51à la fenêtre
30:52parce que quand vous écrivez
30:54une scène sur la neige
30:55il ne faut pas qu'il y ait
30:56la canicule à l'extérieur
30:57ou inversement
30:58il vaut mieux avoir
30:59le dos tourné à la fenêtre
31:00et vous avez une vie
31:01très réglée
31:01vous écrivez chaque jour
31:03de 8h à 10h
31:04qu'ils enseignent
31:04oui
31:05un peu moins même
31:06de 8h à 9h30 seulement
31:09mais c'est beaucoup
31:10parce que ça peut faire
31:122-3 pages par jour
31:13quand on s'y tient
31:14et regardez ça fait quand même
31:164 fois 3 ça fait 60 pages par mois
31:19à 5 mois ça fait 300 pages
31:21ensuite évidemment je réécris
31:22pendant 6 mois 1 an
31:24mais c'est beaucoup
31:25et puis ça revient tous les jours
31:26et c'est très difficile
31:27et puis surtout comme le disait
31:28Fitzgerald
31:29écrire c'est nager sous l'eau
31:31ça veut dire qu'à un certain moment
31:32quand on écrit
31:33il faut remonter à la surface
31:35ce que j'essaye de faire
31:36très régulièrement
31:37mais c'est difficile
31:38mais une heure et demie
31:39c'est épuisant
31:39dans l'extérieur ?
31:40pourquoi ?
31:41parce que c'est une dépense
31:41d'énergie mentale énorme
31:43on ne se rend pas compte
31:43mais quand on n'est pas écrivain
31:46qu'on est romancier
31:47c'est-à-dire qu'on invente
31:48des personnages
31:50qu'on change d'époque
31:52des lieux différents aussi
31:54il faut vraiment
31:55comment dire
31:56faire le voyage
31:57il faut y aller
31:58c'est-à-dire
31:59il faut couper les ponts
32:00avec la réalité
32:02et c'est un voyage
32:03qui est très difficile
32:04dans un autre domaine
32:05Francis Weber
32:06m'a toujours expliqué ça
32:07il écrivait ses scénarios
32:09le matin
32:09pendant une heure
32:10et après il finit
32:11chez Selkinésie
32:12tellement c'était épuisant
32:14oui c'est vrai
32:14c'est vrai
32:15moi après
32:16je règle les affaires courantes
32:18et puis je peux
32:18ensuite l'après-midi
32:19je vais à la campagne
32:20faire provision d'images
32:22et de couleurs
32:23exactement
32:23et il y a
32:24une seule personne
32:25qui peut s'introduire
32:26dans votre bulle
32:28et c'est un musicien
32:30car la seule chose
32:36que vous autorisez
32:37en écrivant
32:38c'est de la musique classique
32:39avec Vivaldi
32:39oui la musique classique
32:40parce que
32:41la musique avec des paroles
32:44c'est impossible
32:45c'est-à-dire que
32:46si on écoute les paroles
32:47on n'est pas là
32:48comme ça
32:48tandis que la musique classique
32:49on peut décrocher
32:51très facilement
32:52ce que je fais facilement
32:53et ça vous aide
32:53ça m'aide oui
32:54mais je choisis quand même
32:56des thèmes
32:56qui soient en concordance
32:58avec ce que j'écris
32:59en fait j'essaye
33:00mais Vivaldi un jour
33:01qui disait
33:02c'est la messe quotidienne
33:03il a eu une idée
33:04il est sorti de la messe
33:05il a composé son idée
33:07il est revenu faire la messe
33:08c'est vrai que les idées
33:09elles surgissent
33:09à n'importe quel moment
33:10il faut les mûrir
33:11c'est vrai
33:12même la nuit des fois
33:13pendant les insomnies
33:14une idée peut venir
33:15d'une idée de roman
33:16pas vraiment de roman
33:17mais de personnages
33:18de lieux
33:19des choses comme ça
33:20d'événements
33:20chaque fois que vous faites un roman
33:22ce roman mûrit
33:23dans votre esprit
33:24pendant quelque temps
33:25il mûrit
33:26avant de l'écrire
33:27c'est à dire que je sais
33:28à peu près
33:29d'où je pars
33:30où il faudrait arriver
33:31et par où il faudrait passer
33:32les grands événements
33:34si vous voulez
33:35mais c'est très difficile
33:36Junot lui disait
33:37mon roman
33:38est terminé
33:40j'ai plus qu'à l'écrire
33:41c'est un peu ça quand même
33:43il faut quand même
33:43le penser un peu avant
33:44mais pas
33:45pas dans les détails du tout
33:47parce qu'il faut que les personnages
33:48vivent leur vie tout seuls
33:49d'ailleurs en général
33:50pardon
33:50pas en général
33:51c'est bon signe
33:52quand les personnages
33:53commencent à vous échapper
33:54et commencent à vivre tout seuls
33:56ça veut dire qu'ils sont devenus vivants
33:57alors qu'ils n'existent pas
33:59mais en même temps
34:00ce qui est étonnant
34:00c'est que des sujets
34:01qui sont des sujets du passé
34:02que vous évoquez
34:03sur l'école
34:04sur les médecins
34:05sont des sujets d'actualité
34:06aujourd'hui
34:07Christian Signol
34:08surtout les médecins
34:09parce qu'en milieu rural
34:11les médecins il n'y en a plus
34:11et c'est vrai
34:13que j'ai écrit un livre
34:14qui s'appelait
34:14La vie en son royaume
34:15où c'est l'installation
34:16d'un jeune médecin à la campagne
34:17mais qu'il a choix
34:18parce qu'il est d'origine rurale
34:20mais c'est une exception
34:21en réalité
34:22des médecins
34:23en milieu rural
34:24il n'y en a plus
34:24et c'est un drame
34:25pour la population
34:26Vous avez eu des échos
34:27à ce roman
34:27de la part de médecins ?
34:29Oui
34:29Oui j'ai eu surtout
34:30des échos de la population
34:31de ces populations
34:32qui étaient désertées
34:33par le milieu médical
34:35et qui en souffrent énormément
34:37parce que c'est dangereux
34:38quand on a un problème cardiaque
34:40ou comme ça
34:40d'être obligé de faire
34:4250-60 km
34:43même en voiture rapide
34:46ou en ambulance
34:47c'est très difficile
34:48Et vous le savez par le courrier
34:50car vous recevez
34:50un abondant courrier
34:51Je recevais beaucoup de courriers
34:54j'en reçois un peu moins
34:55aujourd'hui
34:56parce que les gens
34:56ils communiquent davantage
34:57avec le numérique
34:58Oui
34:59Mais chaque fois
35:00je reçois des lettres
35:01je réponds
35:01parce que je sais
35:02que c'est important
35:03pour les lecteurs
35:05qui écrivent
35:05s'ils prennent la peine
35:07d'écrire
35:08c'est que pour eux
35:08c'est important
35:09D'ailleurs moi je l'ai fait
35:10quand j'étais adolescent
35:11il m'est arrivé d'écrire
35:12par exemple un journaux
35:14Donc je sais que c'est important
35:16dont je prends soin
35:17de répondre chaque fois
35:18pas de longues lettres
35:19mais je réponds
35:20Vous avez écrit à Jeuneau ?
35:21Oui
35:21Je suis même allé
35:22dans le bureau de Jeuneau
35:23à Manosque
35:24dû il y a assez longtemps
35:26mais j'ai eu la chance
35:28de rencontrer à cette époque
35:29sa fille Sylvie
35:30qui était vivante
35:30et surtout
35:31il y avait encore sa femme
35:32Élise
35:33qui était vivante
35:33elle était très malade
35:34elle était dans le jardin
35:35assise dans un fauteuil
35:37je me souviens
35:38j'ai pas pu lui parler
35:39mais j'ai regardé
35:40un long moment
35:41en me disant
35:41c'était la femme
35:43de Jean Jeuneau
35:43quand même
35:44et bien maintenant
35:45on va évoquer la date
35:46du 18 septembre 2025
35:48celle de la sortie
35:49de votre nouveau livre
35:50à tout de suite
35:51sur Sud Radio
35:52avec Christian Signol
35:53Sud Radio
35:54les clés d'une vie
35:55Jacques Pessis
35:56Sud Radio
35:57les clés d'une vie
35:58celle de mon invité
35:59Christian Signol
35:59on a évoqué votre parcours
36:01pour la troisième fois
36:02dans la clé d'une vie
36:03mais il y a toujours
36:04des choses à dire
36:04et le 18 septembre 2025
36:06est sorti ce nouveau roman
36:08d'une beauté sauvage
36:09chez Albain Michel
36:10donc une histoire
36:11qui se passe dans le limousin
36:13et une histoire
36:14qui se passe autour des loups
36:15pourquoi ce sujet ?
36:17parce que quand j'étais enfant
36:18justement j'ai lu
36:20Cro-Blanc
36:20de Jack London
36:21qui avait beaucoup
36:22beaucoup marqué
36:23et depuis je suis fasciné
36:24par les loups
36:25et deuxièmement
36:26le situer en limousin
36:28le plateau limousin
36:29c'est parce que c'est une région
36:30que je connais très très bien
36:31et donc pour moi
36:31si vous voulez
36:32c'était très facile
36:33d'inclure les loups
36:34dans ce territoire là
36:36et je l'écris
36:37avec beaucoup de plaisir
36:38il se trouve que
36:39Cro-Blanc au départ
36:40c'est un roman
36:41de Jack London
36:42qui a profité
36:43de son expérience
36:44de chercheur d'or
36:45au Clondic
36:46pour imaginer cette histoire
36:47on ne sait d'ailleurs pas
36:48si Cro-Blanc existait ou non
36:50c'est un mystère
36:51qui n'a jamais été élucidé
36:52oui moi aussi
36:53je ne sais pas
36:53il y a eu beaucoup de films
36:55sur le sujet
36:55et là l'histoire au départ
36:57ce sont deux couples
36:59il y a ceux
37:00qui craignent le retour
37:01des loups
37:01pour leurs troupeaux
37:02et ceux
37:03qui veulent défendre
37:04les loups
37:05et veulent que les loups
37:06continuent à vivre
37:07dans les terres
37:08ou dans les terriers
37:10c'est ça
37:10il y a deux couples
37:11un couple de défenseurs
37:13de la biodiversité
37:14et un couple d'éleveurs
37:15et au milieu
37:16il y a les loups
37:16un couple de loups justement
37:17et donc c'est devenu
37:19aujourd'hui un problème
37:20très très aigu
37:21sur le plateau
37:22du Limousin
37:23parce que
37:24effectivement
37:24il y a beaucoup d'attaques
37:25de troupeaux
37:27beaucoup de dégâts
37:28et donc les éleveurs
37:29sont dans une
37:30grande grande colère
37:32mais enfin si vous voulez moi
37:33je suis un défenseur
37:35de la biodiversité
37:36parce que je crois
37:37que l'humanité
37:37n'a pas le droit
37:38ni éthique
37:39ni moral
37:40d'éradiquer une espèce
37:41mais je crois aussi
37:42qu'elle a le droit
37:43de la réguler
37:44c'est à dire que
37:45je comprends la colère
37:46des éleveurs
37:46parce que moi
37:47j'ai vu des brebis
37:48dégorgés
37:48non pas par des loups
37:49mais par des chiens errants
37:50et je peux vous dire
37:51que quand on a vu ça
37:52une fois
37:52on n'a pas envie
37:53de le voir deux fois
37:54donc la colère
37:54des éleveurs
37:55je la comprends
37:56mais en même temps
37:57vous avez imaginé
37:58ce sujet
37:58alors qu'il n'était pas
38:00encore dans l'actualité
38:00comme aujourd'hui
38:01c'était il y a deux ans
38:02Christian Seigneur
38:03c'est vrai
38:03quand j'ai commencé
38:03à l'écrire
38:05il y a deux ans
38:05la situation n'était pas
38:06aussi aiguë qu'aujourd'hui
38:07alors qu'aujourd'hui
38:08elle est devenue violente
38:09c'est à dire que
38:10quand il y a des manifestations
38:10là-haut sur le plateau
38:12le préfet est obligé
38:14de mettre
38:14les éleveurs
38:15d'un côté de la ville
38:16et les défenseurs
38:19de la biodiversité
38:20de l'autre
38:20il met les gendarmes
38:21au milieu
38:21et puis dernièrement
38:23les éleveurs
38:24ont déposé
38:24des cadavres de brebis
38:25devant la préfecture
38:26les rapports sont
38:27très très tendus
38:28mais vous ne l'imaginiez pas
38:30au départ
38:30non pas ce point là
38:31je savais qu'il y aurait
38:32des problèmes quand même
38:33parce que
38:34les éleveurs
38:35de cette région
38:36sont en grande difficulté
38:37du fait qu'ils sont soumis
38:39à la concurrence
38:39des moutons
38:41néo-zélandais
38:41et du fait aussi
38:42des noms
38:42de plus en plus stricts
38:44que leur impose
38:45Bruxelles
38:45et donc
38:47ils sont en état de survie
38:48donc
38:48ils se défendent
38:50avec les moyens
38:51qu'ils ont
38:51c'est à dire
38:52des moyens
38:53les plus souvent violents
38:54alors ils ont obtenu
38:55l'autorisation
38:56du préfet
38:57de pouvoir tirer
38:59en cas d'attaque
38:59mais ils ont demandé
39:01l'autorisation
39:01de faire des battus
39:02et là le préfet a refusé
39:04et donc
39:04ça a encore tendu
39:05davantage les rapports
39:06c'est devenu très difficile
39:07vous les avez rencontrés
39:08ces éleveurs
39:09et ces représentants
39:10de la biodiversité
39:11les représentants
39:13de la biodiversité
39:13oui
39:14les éleveurs
39:14non
39:14parce que
39:15comment vous dire
39:16ils sont très difficilement
39:19approchables
39:19vous savez
39:20ils sont très très remontés
39:21c'est vrai
39:21ils suspectent tout le monde
39:23par exemple
39:23il existe une association
39:24qui s'appelle
39:25la Ferus
39:26qui forme des bénévoles
39:27pour venir les aider
39:29à surveiller les troupeaux
39:30mais ils prennent
39:31tous ces bénévoles
39:32pour des écologistes
39:34les paysans
39:35ou les éleveurs
39:36il ne faut pas leur parler
39:37d'écologie
39:38c'est impossible ça
39:40le couple d'éleveurs
39:41Jeanne et Damien
39:42que vous avez dans ce roman
39:43qui sont éleveurs
39:44de parents-fils
39:45c'est le couple type
39:46de ces éleveurs
39:47qu'on trouve dans le Libusin
39:48aujourd'hui
39:48oui
39:49bien qu'aujourd'hui
39:49ils sont un peu plus âgés
39:51que ceux-là
39:52mais j'ai voulu justement
39:53un couple plus jeune
39:54de manière à ce qu'ils soient
39:56plus aptes
39:57à comprendre
39:58si vous voulez
39:59ou à raisonner
40:00et à nouer des relations
40:03normales
40:04avec la biodiversité
40:05mais quand même
40:06je me suis aperçu
40:07à l'écriture
40:07et puis en vérifiant
40:09dans les articles
40:10de journaux actuellement
40:11que c'était aussi
40:13quand même
40:13très très compliqué
40:14malgré leur jeunesse
40:16et leur aptitude
40:17davantage
40:18à comprendre
40:18les situations
40:19d'aujourd'hui
40:19en même temps
40:20ils ont travaillé dur
40:21pour entretenir
40:22et sauver leurs troupeaux
40:23très très dur
40:24et puis vous savez
40:25c'est très difficile
40:26de surveiller les troupeaux
40:27la nuit
40:28il faut veiller
40:28ils travaillent la journée
40:29la nuit il faut surveiller
40:30et puis
40:31de toute façon
40:32en Limousin
40:33c'est beaucoup plus difficile
40:34que dans le Mercantour
40:35ou dans les Abrus
40:36qu'en Italie
40:37parce qu'il y a la forêt
40:38et les loups
40:39on ne les voit pas arriver
40:40et on ne peut pas
40:41les débusquer
40:41beaucoup plus difficilement
40:43donc la situation
40:43là-haut
40:44est beaucoup plus difficile
40:45que dans des lieux
40:46où finalement
40:47la cohabitation
40:48est devenue facile
40:49plus facile
40:50alors il y a
40:51Lucas et Mathilde
40:51qui sont le couple
40:53de la biodiversité
40:54et au milieu de ça
40:55il y a vous
40:55l'écrivain
40:56qui à votre façon
40:58tenter de jouer
40:59les médiateurs
40:59à travers votre livre
41:00Christian Signore
41:01j'essaye
41:02mais je me suis aperçu
41:03que ce serait difficile
41:04parce que j'ai déjà eu
41:05quelques réactions
41:08parce que vous savez
41:09d'un côté comme de l'autre
41:10ils sont très très très remontés
41:12avec persuader
41:14les uns et les autres
41:15qu'ils ont raison
41:15et d'une certaine manière
41:17moi je comprends
41:19les deux côtés
41:21et leurs raisons
41:22mais il va bien falloir
41:24quand même
41:24qu'on arrive
41:25à une solution
41:26qui est probablement
41:27l'aide
41:28par exemple
41:29des brigades loups
41:31les brigades loups
41:32ce sont des personnes
41:33de deux ou trois
41:34qui guettent
41:35qui surveillent
41:35les troupeaux la nuit
41:36mais alors
41:37il n'en faudrait pas une
41:38il en faudrait deux ou trois
41:38sur le plateau là-haut
41:40or
41:40il faut les payer
41:42ils dépendent
41:43de l'office
41:44de la biodiversité
41:45et donc des moyens
41:45personne ne les a
41:46le préfet ne les a pas
41:47donc ça c'est difficile
41:48mais
41:48il y a aussi la possibilité
41:50de leur donner
41:51des patous
41:52vous savez
41:53ces grands chiens blancs
41:54des pyrénées
41:54parce qu'une enquête
41:55a montré
41:56que cinq patous
41:57dans un troupeau
41:58suffisait pour
41:58l'éronier une meute
41:59non pas un loup ou deux
42:00mais une meute entière
42:01donc oui
42:02il y a encore
42:02des possibilités
42:03mais il faut que ça
42:04soit intégré
42:05par les uns
42:05et par les autres
42:06oui
42:06et puis c'est pas simple
42:07parce que finalement
42:08ceux de Bruxelles
42:09qui ont décidé
42:09ces normes
42:10ils ne sont jamais
42:11allés dans le limousin
42:12voir un troupeau
42:12jamais
42:13non jamais
42:14et puis avec
42:15encore une fois
42:15un territoire
42:17qui a une végétation
42:18très particulière
42:19avec beaucoup d'arbres
42:20beaucoup de forêts
42:20donc tout ça
42:21est beaucoup plus difficile
42:22que dans le mercantour
42:23où il y a beaucoup moins
42:24de végétation
42:24où dans les abruses
42:26il n'en parle pas
42:26il y a encore moins d'arbres
42:27oui
42:27mais c'est quand même
42:29assez bizarre
42:29même scandaleux
42:31qu'à Bruxelles
42:32on décide de faire les choses
42:33sans voir ce qui s'est passé
42:34sur le terrain
42:34ah oui mais c'est peut-être
42:36pas propre au problème
42:37du loup ça
42:37oui mais le loup
42:39est un problème
42:39voilà
42:40mais je crains
42:40que ce soit un peu le cas
42:42pour bien d'autres sujets
42:43que les loups
42:45en plus ces loups
42:46donc ces deux loups
42:46qui sont dans votre roman
42:48vous les faites réfléchir
42:50et presque parler
42:51Christian Signet
42:51alors j'ai quand même
42:52essayé de ne pas tomber
42:53dans l'anthropomorphisme
42:55mais c'est vrai
42:56que je les ai rendus
42:57vivants
42:59en tout cas
42:59émouvants
43:00avec des pensées
43:02pas humaines
43:04mais presque quand même
43:05parce que
43:07ils sont eux aussi
43:09en état de survie
43:10et donc ils perdent
43:11des loups-veteaux
43:13ils ont du mal
43:14à se nourrir
43:15et pour eux aussi
43:15c'est difficile
43:17donc j'ai essayé
43:17de me mettre à leur place
43:18j'ai pris leur regard
43:20et justement
43:21c'est difficile
43:22parce que bon
43:22pendant l'hiver
43:23les moutons sont enfermés
43:25et il n'y a plus
43:26de nourriture possible
43:26pour les loups
43:27non à part le gibier
43:28c'est-à-dire
43:29les chevreuils
43:30ou les sangliers
43:31mais c'est très compliqué
43:32pour eux à ce moment-là
43:33parce que c'est beaucoup
43:33plus difficile
43:35à trouver
43:36qu'un troupeau
43:38de brebis
43:38c'est beaucoup plus difficile
43:39pour eux
43:40et puis il y a le mot
43:41compassion
43:41les éleveurs
43:42s'en fichent complètement
43:43parce que c'est leur vie
43:44et la biodiversité
43:46ne s'en fiche pas
43:46et oui
43:47donc on en est toujours là
43:48encore une fois
43:49au même point
43:49j'espère que la situation
43:51est en train
43:52d'évoluer
43:53mais je ne suis pas persuadé
43:54parce que depuis que le préfet
43:55a refusé les battus
43:56les éleveurs manifestent
44:00l'avos
44:00violemment
44:02mais bon
44:03on va bien y arriver
44:04quand même
44:04un jour ou l'autre
44:05parce que
44:06ce qui est étonnant
44:07Christian Signol
44:07c'est que vous en parlez
44:09dans ce roman
44:09et c'est un problème d'actualité
44:10on n'en parle pas
44:11dans les jours
44:12où on n'en parle pas
44:12à la radio
44:12on n'en parle pas à la radio
44:14mais on en parle
44:15dans le journal
44:15La Montagne
44:16qui est le journal
44:17du Limousin
44:17je peux vous dire
44:18qu'il y a un article
44:18tous les jours
44:19ou presque
44:19où on voit des photos
44:21des éleveurs qui manifestent
44:22on voit des photos
44:22de brebis égorgés
44:24on voit des choses
44:25on voit des choses terribles
44:26je dirais qu'il y a au moins
44:27deux articles par semaine
44:28sur ce problème
44:29il est très très aigu
44:30en Limousin
44:31ça va très mal
44:32ce point de vue là
44:33et votre roman
44:33arrive à point nommé
44:35je l'espère
44:36pour aider justement
44:38oui je l'espère
44:39c'est un peu comme ça
44:39que je l'ai conçu
44:40au fil de l'écriture
44:42mais vous savez
44:42j'en suis pas tout à fait
44:43persuadé encore une fois
44:44parce que là-haut
44:45les conditions
44:46ne ressemblent pas celles
44:47qu'on retrouve ailleurs
44:49notamment dans les Abruz
44:50en Italie
44:51où la cohabitation
44:53est devenue naturelle
44:54ça se fait tout à fait
44:55naturellement
44:56et raisonnablement
44:57les pouvoirs publics
44:58n'ont pas fait appel à vous
44:59à travers ce roman
45:00pour essayer d'arranger les choses
45:01non pas encore
45:01mais j'y tiens pas
45:02le loup en plus
45:05c'est une légende
45:06et dans la mémoire collective
45:07il est lié à plusieurs chansons
45:09dont la plus célèbre
45:10c'est celle-ci
45:11celui des trois petits cochons
45:22est quand même
45:22beaucoup plus rigolo
45:23que ceux
45:24qu'on peut croiser
45:25dans les forêts
45:26ah beaucoup plus
45:27je peux vous le dire
45:27ça vous a marqué
45:28les trois petits cochons
45:30quand vous étiez enfant
45:31pas vraiment
45:32mais quand je l'entends
45:34aujourd'hui
45:34ça me revient
45:35tout à fait
45:36naturellement
45:37voilà
45:37et il faut savoir
45:37que les trois petits cochons
45:38c'est pas Disney
45:39qui les a inventés
45:40en fait c'est un livre
45:41qui s'appelle
45:41Les Nurseries Rhyme of England
45:43de James Alliwell
45:44de 1886
45:46qui ont parlé
45:47des droits du cochon
45:48qui serait en fait
45:50un conte
45:50qui remonterait
45:51au début du 18ème siècle
45:52oui
45:53donc c'est
45:53autre chose
45:55mais oui
45:56le 18ème
45:56le loup en France
45:57a été éradiqué
45:58en 1883
46:00le jour
46:02où le gouvernement
46:03a décidé
46:04que ceux qui tueraient
46:06un loup
46:07recevraient une récompense
46:08il suffirait
46:09de le porter
46:09à la sous-préfecture
46:10pour toucher une récompense
46:12ça a commencé là
46:12en 1883
46:13et puis finalement
46:14il a disparu
46:15quasiment
46:16de toutes les provinces françaises
46:18le dernier loup
46:19a été tué en France
46:19en 1934
46:21et en Dordogne
46:22en 1917
46:23et aujourd'hui
46:25il y a
46:25je crois
46:251013 loups
46:27en France
46:27il y en a
46:281013
46:29il y en avait
46:291003 en 2023
46:31il y en a
46:311013 en 2024
46:32et les éleveurs
46:34prétendent qu'aujourd'hui
46:35là-haut
46:36il n'y a pas seulement
46:38un couple de loups
46:39mais il y a une meute
46:39et il y a une deuxième coupe
46:41qui vient d'arriver
46:41donc il s'insurge
46:43d'autant plus
46:44qu'il pense
46:45que l'année prochaine
46:46il peut y avoir
46:46avec les loups-veteaux
46:47une douzaine
46:49de loups
46:50sur le plateau
46:51mais c'est quand même
46:52un sujet important
46:53au-delà du roman
46:54oui absolument
46:55c'est un sujet
46:56très important
46:56oui
46:57et en même temps
46:59ces loups
47:00est-ce qu'ils seront
47:01un jour capables
47:01d'être autrement
47:03autre que des tueurs
47:04non je crois pas
47:06pas du tout
47:06ils ont toujours
47:08un instinct
47:08très
47:10ils sont en état
47:13de survie aussi
47:13donc chaque fois
47:15qu'ils trouvent
47:15un troupeau
47:15ils attaquent
47:16systématiquement
47:17et dans ce livre
47:18ce qu'on remarque
47:19Christian Signol
47:20c'est que vous alternez
47:21les moments de calme
47:22et l'affrontement
47:22les scènes d'affrontement
47:23sont particulièrement dures
47:24c'est pas facile à écrire
47:25non c'est pas facile à écrire
47:27mais en même temps
47:28ça permet de respirer un peu
47:29les moments calmes
47:31mais il n'y en a pas beaucoup
47:32dans le livre
47:32il y en a quelques-uns
47:33quand même
47:33mais les moments durs
47:34c'est pas facile à écrire
47:35non plus
47:36non plus
47:36mais vous savez
47:37quand j'ai écrit le passage
47:38où Mathilde je crois
47:40se trouve face à face
47:42avec une louve
47:42pour moi ça a été très
47:44très intéressant
47:46très passionnant
47:47d'écrire ce passage
47:48le regard
47:49les yeux dans les yeux
47:50entre Mathilde et la louve
47:51oui parce que
47:52on prétend
47:54et même on assure
47:55que lorsqu'on croise
47:56un louve
47:56ce que je ne souhaite pas
47:57il faut le regarder
47:58dans les yeux
47:59sans bouger
48:00oui en fait
48:01il faut courir très vite
48:03oui il faut courir très vite
48:04non en fait
48:04un loup il sent l'homme
48:05à 300 mètres
48:06donc s'il sent
48:08qu'il ne s'agit pas
48:09d'une proie possible
48:10il n'attaque pas
48:11d'ailleurs ce sujet
48:13je raconte souvent
48:13l'anecdote
48:15qu'a écrite
48:16comment elle s'appelle
48:17Hélène Grimaud
48:19vous savez
48:19qui a créé un refuge
48:20de loups dans le Colorado
48:21et bien elle raconte
48:22qu'un matin
48:22elle allait saluer la louve
48:24son amie
48:25par le baiser matinal
48:28et que la louve
48:29ce matin là
48:30la saisie à la gorge
48:31la serrer pendant
48:335 ou 6 secondes
48:35à ras de l'artère
48:38et qu'au bout de 5 ou 6 secondes
48:41elle l'a relâchée
48:42pourquoi ?
48:43parce que ce jour là
48:44Hélène Grimaud
48:45était en état de fragilité
48:47c'est à dire qu'elle était malade
48:48et qu'elle avait pris le médicament
48:50ça veut dire que la louve
48:50avait compris
48:52son ancien s'était réveillé
48:53et lui avait enseigné
48:54qu'il y avait là
48:55une proie possible
48:56heureusement
48:57au bout de quelques secondes
48:58l'accoutumance
48:59à la personne humaine
49:00et au lien qu'elles avaient
49:01a repris le dessus
49:03et s'est passé
49:04à un demi centimètre
49:05vous avez croisé des loups
49:06déjà Christian Signol ?
49:08non mais je les cherche
49:09oui je les cherche
49:11parce que bon
49:11je vous dis encore une fois
49:12j'ai pas peur
49:13parce que
49:14il fuit l'homme à 300 m
49:16mais
49:16je ne vais pas dans les bois
49:18ni dans les forêts
49:19quand je suis en état de fragilité
49:20c'est à dire
49:21quand je prends des médicaments
49:22ou que je me sens malade
49:23il ne faut pas
49:24mais alors
49:24vous qui aimez les livres
49:27qui sont positifs
49:28qui apportent du bonheur
49:29c'est un sujet
49:29beaucoup plus dur
49:30que d'habitude
49:30Christian Signol
49:31c'est vrai
49:34que c'est un sujet
49:35beaucoup plus
49:36un peu plus difficile
49:37un peu plus dur
49:37mais en même temps
49:38j'ai essayé
49:40de garder
49:41la dimension
49:42poétique
49:44notamment
49:44sur ce territoire là
49:46vous savez
49:46je nous disais
49:47il n'y a pas de grand roman
49:49sans dimension poétique
49:50et c'est toujours
49:51ce que j'ai essayé de faire
49:51et peut-être encore plus
49:52dans ce roman là
49:53parce que j'étais dans un milieu
49:54qui me plaît beaucoup
49:55c'est à dire
49:56le milieu de la forêt limousine
49:57et puis vous prêchez
49:59un mot
50:00qu'aujourd'hui
50:01on rêve d'entendre
50:02dans l'actualité
50:03c'est cohabitation
50:04oui
50:05cohabitation
50:06mais toute cohabitation
50:07c'est toujours difficile
50:08à la fois dans l'actualité
50:09et dans le plateau limousin
50:11en tout cas
50:11ce livre
50:12d'une beauté sauvage
50:13est un roman de plus
50:14qui sera traduit en 15 langues
50:16c'est certain
50:17comme les autres
50:17j'espère
50:18oui parce que vous le méritez largement
50:19et c'est un sujet passionnant
50:21et passionné
50:22merci d'avoir écrit
50:23Christian Signol
50:24merci à vous
50:24et continuez ainsi
50:25parce que vous n'allez pas
50:26vous arrêter comme ça
50:27je vais essayer de continuer
50:28un tout petit peu
50:28même beaucoup
50:29et on se retrouve bientôt
50:30dans l'écriture d'une vie
50:31merci les clés d'une vie
50:32c'est donc terminé pour aujourd'hui
50:33on se retrouve bientôt
50:35restez fidèles
50:35à l'écoute de cette radio
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