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  • il y a 2 jours
Ce mardi 9 décembre, Nabil Milali, gérant/stratégiste Multi-Asset & Overlay Edmond de Rothschild Asset Management, s'est penché sur le message d'Isabel Schnabel sur les taux et sa candidature à la tête de la BCE, dans l'émission BFM Bourse présentée par Guillaume Sommerer. BFM Bourse est à voir ou écouter du lundi au vendredi sur BFM Business.

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Transcription
00:00Nabil Milali nous rejoint, Edmond Rothschild, Asset Management, bonjour Nabil, bienvenue.
00:04Bonjour bien.
00:04Vous allez rendre votre verdict, ce moment qu'on va vivre ensemble, cette instance, ce verdict.
00:08Est-ce que vous l'assumez ?
00:10Je l'assume.
00:10On vous écoute.
00:12Alors je pense qu'en essayant de candidater pour le succéder à Christine Lagarde,
00:16Isabelle Schnabel fait fausse route.
00:23Pour succéder à Christine Lagarde, Isabelle Schnabel qui a dit qu'elle voyait peut-être
00:26des hausses de taux à venir ici en Europe.
00:28Des hausses de taux, vous avez bien entendu, en candidatant ainsi pour succéder à Christine
00:31Lagarde, elle fait fausse route.
00:33Pour vous, elle démarre mal sa campagne de succession de Christine Lagarde ?
00:36Alors tout à fait.
00:36Avant même de rentrer dans le fond et dans la dynamique économique de la zone euro, ne
00:40serait-ce qu'en termes de candidature, se positionner comme étant la banquière centrale
00:44la plus haut quiche maintenant au sein de la BCE, c'est clairement un point négatif
00:49pour sa candidature.
00:51Il paraît compliqué pour les autres États membres, notamment les pays du Sud, d'accepter
00:56une personnalité aussi haut quiche aujourd'hui à la tête de la BCE.
01:00Pour rappel, Isabelle Schnabel était considérée comme une personnalité plutôt centriste
01:03il y a encore quelques années.
01:05Aujourd'hui, elle est sur le spectre des gouverneurs de la BCE, elle est clairement la plus haut quiche
01:10encore plus que le gouverneur de la Banque d'Allemagne, M. Nagel.
01:13Et ensuite, si on rentre vraiment dans le fond du sujet, il paraît quand même incongru
01:17aujourd'hui de parler de hausse de taux directeur en zone euro, alors même qu'on a déjà des
01:23conditions financières qui sont plus restrictives qu'ailleurs dans le monde, par rapport aux
01:27États-Unis par exemple, que l'impulsion positive qui était liée au crédit est en train de
01:33s'estomper, les volumes de crédit ne progressent plus aussi vite en zone euro, un peu partout.
01:39Quand on regarde aussi les conditions auxquelles se financent les entreprises, le taux moyen
01:44a même eu tendance à légèrement progresser ces derniers mois et pour les ménages, ils
01:49se stabilisent tout au mieux.
01:51Et ensuite, quand on regarde vraiment le détail dans le crédit, ce ne sont vraiment que les
01:55prêts immobiliers qui continuent de progresser alors que les prêts aux entreprises sont en train
01:59de clairement s'estomper. Et enfin, quand on regarde vraiment la croissance économique
02:05qui a été générée en zone euro depuis le début de l'année, alors effectivement on
02:07regarde ça facialement, 1,4% depuis le début de l'année, ça paraît positif, sauf que
02:12quand on regarde dans le détail, 40% de cette croissance de la zone euro est liée à un
02:18seul pays qui est l'Irlande, qui pèse 4% du PIB mais qui contribue à hauteur de 40%
02:24de la croissance économique depuis le début de l'année. Ça paraît tout simplement être considérable
02:28sans même rajouter...
02:30C'est nos 7 magnifiques à nous quoi, l'Irlande.
02:32Tout à fait, si ce n'était pas lié à de l'optimisation fiscale, on aurait pu s'en
02:35rejouir. Et ensuite, enfin un dernier chiffre, là aussi quand on élimine les éléments
02:41plus volatiles de la croissance liée à l'exportation, on sait que ça a été fortement perturbé
02:46par la guerre commerciale avec les Etats-Unis. Quand on regarde vraiment la demande domestique
02:50privée en zone euro, son rythme a été divisé par deux par rapport à l'année dernière.
02:54Et pourtant Isabelle Schnabel, qui donc est une voix forte au sein de la Banque Centrale
02:57Européenne, qui candidate à la succession Christine Lagarde, explique que lorsqu'il
03:00y aura un prochain mouvement de taux de la BCE, ce ne sera probablement pas une baisse
03:03mais une hausse des taux. Parce que c'est vrai que dans certains pays, l'inflation est
03:07quand même largement au-delà de l'objectif. On pense aux pays d'Europe du Sud et que
03:09quand on regarde comme ça le chiffre global de la croissance européenne, elle est au
03:13potentiel. Elle est au potentiel. On ne pourra pas la tirer beaucoup plus haut, même
03:15en baissant les taux.
03:16Alors pour commencer par ce dernier élément de la croissance économique, c'est ce que je
03:20viens de dire. C'est l'Irlande et aussi beaucoup d'éléments volatils liés au front
03:26loading, c'est-à-dire à ces achats anticipés de la part des acteurs américains avant même
03:31la mise en place des tarifs. Et le deuxième élément sur lequel mise beaucoup Isabelle
03:36Schnabel, c'est probablement cette relance allemande qui devrait prendre de l'ampleur
03:40l'année prochaine. C'est effectivement quelque chose dont on tient compte. Mais premièrement,
03:44il faut rester de constater que l'implémentation de cette relance allemande prend beaucoup
03:48plus de temps que prévu. Le déficit budgétaire allemand est à peu près sur le même rythme
03:54que l'année dernière. Donc on ne voit pas pour l'instant les effets de ce frein à
03:58l'endettement qui a été allégé. Et le deuxième élément, c'est selon les chiffres
04:01de la Commission européenne elle-même, la position fiscale nette de la zone euro est
04:07attendue à 0% l'année prochaine. Certes, l'Allemagne est attendue en accroissement
04:12de son déficit, mais dans beaucoup d'autres zones géographiques au sein de la zone euro,
04:16la Commission européenne s'attend à ce qu'il y ait de la consolidation budgétaire,
04:19ce qui fait qu'il n'y aura pas d'impulsion positive liée au déficit en zone euro
04:23l'année prochaine.
04:25Et si elle fait monter ses taux à la BCE, qu'est-ce qui se passe ?
04:28Alors, à notre sens, cela constituerait probablement une erreur de politique monétaire.
04:33C'est un scénario extrême, on est d'accord, mais qu'est-ce qui se passe concrètement ?
04:37Clairement, tous les éléments dont je viens de parler seraient probablement aggravés.
04:42Elle viendrait asphyxier finalement cette petite reprise économique qu'on voit depuis
04:46la deuxième partie d'année et viendrait contrecarrer, en fait, ce serait paradoxal,
04:52mais ça viendrait contrecarrer cette accélération de la croissance sur laquelle elle table liée
04:56à la relance fiscale allemande.
04:59Et dernier élément, lié notamment à cette politique monétaire de la BCE, on voit mal
05:07comment cette BCE pourrait durcir sa politique monétaire au moment où, de l'autre côté
05:11de l'Atlantique, on a toujours une Fed qui a un ton résolument d'offiche et pour
05:15laquelle on s'attend à ce qu'il y ait une poursuite des baisses de taux directeurs
05:18en partie.
05:19Oui, mais sauf que la BCE, le message d'Isabelle Schnabel, il s'est inscrit dans une tonalité
05:23générale quand même.
05:23C'est-à-dire que, de la part de la Fed, certes, on attend des baisses de taux, mais peut-être
05:27un peu moins que ce qu'on espérait jusqu'ici.
05:28Pour l'an prochain, le marché tape sur deux baisses de taux, plus vraiment trois.
05:32Et puis la Banque du Japon, la semaine prochaine, elle pourrait relever ces taux.
05:34C'est-à-dire que le discours d'Isabelle Schnabel, il est peut-être un peu extrême,
05:37pourquoi pas une hausse de taux de la BCE, c'est un peu extrême, mais c'est dans
05:40une tonalité générale qui, effectivement, devient un peu plus dure, un peu plus faucon
05:43au quiche, comme vous disiez.
05:44Alors, effectivement, on a d'autres zones géographiques où on est en train de réduire
05:49un petit peu les attentes en termes d'assouplissement monétaire, mais ce sont pour de bonnes raisons.
05:53On voit notamment le cas australien, la croissance économique a clairement surpris positivement,
05:57mais pour de bonnes raisons.
05:58De la même manière, aux États-Unis et au Japon, on a une dynamique inflationniste qui est un
06:03peu plus importante qu'en zone euro, ce qui pourrait justifier de moins assouplir
06:07la politique monétaire.
06:09Parce que dans les deux zones, que ce soit aux États-Unis ou au Japon, on parle de moins
06:12d'assouplissement monétaire, on ne parle pas encore de vraiment durcissement de la
06:15politique monétaire.
06:16Et enfin, un dernier chiffre sur l'inflation en zone euro, on a Isabelle Schnabel qui parle
06:21de hausse de taux directeur, alors même que selon les projections de la BCE elle-même,
06:25on a une inflation qui va rester sous la cible pour 2026, 2027 et potentiellement
06:302028, quand les prochains chiffres seront publiés.
06:34Merci beaucoup d'être passé nous voir.
06:35Voilà, c'est un carton rouge que vous adressez à Isabelle Schnabel en l'occurrence.
06:39Merci d'être venu.
06:40Nabil Milali pour Edmond Rothschild Asset Management.
06:42Merci d'avoir regardé cette vidéo !
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