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  • il y a 14 heures

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Éducation
Transcription
00:00Alors sur la question de la publication des jeunes chercheurs en fait je pense que justement j'ai été en thèse pendant ce moment de transition
00:08où en fait des gens qui étaient en thèse avec moi étaient plutôt incités par leur directeur ou directrice à ne surtout pas publier pendant leur thèse
00:18et inversement d'autres, moi compris, qui avaient eu plutôt tendance à vouloir publier assez tôt et avoir intégré en fait ces normes là.
00:28Mais donc voilà, je pense qu'aujourd'hui il n'y a plus beaucoup de directeurs ou de directrices qui freinent leur doctorant ou doctorante
00:35alors que c'était encore quand même pas mal le cas quand moi j'étais en thèse.
00:41Alors c'est une évolution que du coup j'ai vue en tant que jeune chercheuse en thèse ou en sortie de thèse
00:48et c'est une évolution qu'on voit aussi du coup dans le comité notamment pour les articles qui nous arrivent.
00:56Alors je pense qu'à la fois c'est une bonne chose d'inciter des jeunes chercheurs à publier
01:03parce que je pense que ça contribue aussi, enfin c'est très formateur en fait de publier des articles quand on est en thèse
01:09parce qu'on est relu de façon extrêmement approfondie avec tout ce qu'Etienne a décrit tout à l'heure
01:13moi je trouve que moi ça m'a beaucoup apporté en tout cas pendant que j'étais en thèse.
01:16être relu aussi par des gens en fait qui n'ont rien à voir avec son propre champ de domaine
01:21qui sont parfois d'écoles historiographiques très différentes, enfin voilà c'était une forme de confrontation
01:26qui était aussi vraiment intéressante.
01:31Après le problème aussi c'est que pour réussir à publier de bons articles il faut du temps
01:35et que probablement que dans certains cas il y a aussi une incitation à publier des choses beaucoup trop vite
01:42et ça pas seulement pour les jeunes chercheurs mais aussi en fait pour n'importe quel chercheur, chercheuse
01:47voilà avec cette incitation à publier, alors publish or perish je pense qu'en France on est encore un peu en deçà
01:53de ce qui peut se passer aux Etats-Unis par exemple
01:55mais on voit bien dans les carrières de chercheurs que le but c'est de publier extrêmement vite, de publier beaucoup d'articles par an
02:06alors même que dans certains cas trois articles pourraient n'en faire qu'un et ça serait vachement mieux quoi
02:12ça aurait beaucoup plus de sens, l'article serait beaucoup plus intéressant, beaucoup plus dense
02:16et certes il aurait pris cinq ans à écrire mais en même temps ça aurait été un article beaucoup plus important
02:22et peut-être beaucoup plus lu, beaucoup plus cité avec beaucoup plus d'impact quoi
02:26donc voilà et ça c'est une évolution sur laquelle je pense que
02:32alors nous en tant que membres de comité éditorial ou en tant que chercheurs ou chercheuses en fait on n'a pas trop la main
02:39si ce n'est à essayer de freiner un peu peut-être nos propres envies de publication
02:45enfin moi je suis vraiment plutôt passé du côté de
02:48il faut donner un quota d'articles à publier
02:51par an voire par vie dans une carrière de chercheuse
02:55je pense qu'il faudrait avoir une limite d'articles
02:57parce que sinon en fait ça n'a plus aucun sens et on voit bien en fait on n'a déjà pas le temps de lire en fait ce qui se publie
03:02donc si on commence à saucissonner les choses sur la lancée actuelle en fait vraiment la publication scientifique aura plus beaucoup de sens à mon sens
03:12alors moi je nuance un tout petit peu ce point en tant que graphomane un peu pathologique donc je ne peux pas dire que je vais limiter trop mon nombre d'articles à publier parce que sinon ça va me mettre dans une position psychique
03:30donnez-vous donc voilà c'est à titre personnel c'est vrai que je publie assez régulièrement mais pas du tout enfin disons la question du publish or perish arriver à un certain âge ou à un certain point de ma carrière est tout de même un peu moins décisive que telle que vous la posez sur la question des jeunes carrière donc de fait je pourrais publier plus ou moins il s'agit plus d'une thérapie personnelle que d'une nécessité institutionnelle
03:44en revanche c'est vrai qu'il y a une croissance forte de la publication y compris quantitatif c'est à dire que dans les dix dernières années on estime il y a eu un certain nombre d'études là dessus parce qu'il y a beaucoup d'études sur les questions d'édition scientifique donc c'est intéressant que le volume global d'articles
04:14par an publié dans le monde a augmenté de 50% c'est beaucoup toutes disciplines confondues et d'ailleurs c'est une tendance qui vient très largement des sciences de la nature donc mais c'est quand même gigantesque comme augmentation donc on a des augmentations quantitatives qui sont gigantesques et qui sont corrélées à la fois à un marché du travail qui est très dégradé donc avec des formes de conférencialité qui sont évidemment toujours dans ces cas là assez malsaines et qui produisent une dégradation à la fois des jeunes carrières et de la qualité des publications
04:44quand elles sont obligées par exemple à être hyper fragmentées pour pouvoir dire qu'on a trois papiers pour pouvoir se présenter à tel ou tel poste d'autre part c'est aussi lié à une évaluation globale des carrières scientifiques qui donne pour simplifier disons les choses qui donne l'avantage au quantitatif par rapport au qualitatif
05:1470% elle est meilleure que lui ou il est meilleur qu'elle bon voilà ça ça pose un problème en même temps c'est d'immédiateté on nous demande tout le temps de remplir des tableaux avec des données et il y a une sorte de quantification de ces données qui évidemment incite encore à ça donc par rapport à ça il y a des pratiques de recherche qui comme Catherine l'a dit nécessite du temps nécessite parfois des articles longs
05:44longs dans leur gestation donc il faut arriver à équilibrer ces différents aspects
05:51quand on reconstitue les carrières au cours du 20e siècle
05:55il y a évidemment une explosion gigantesque récente
05:58de notre côté
06:00on voit bien aussi qu'il y a toujours eu des gens
06:02qui
06:04occupaient des positions scientifiques très importantes
06:06en ayant finalement assez peu publié
06:08c'est à dire qu'on voit très bien que
06:11dire Marc Bloch
06:12notre saint patron
06:14Marc Bloch 41 articles enfin après tout début on rencontre les notes critiques etc
06:19disons c'est relativement
06:20peu par rapport à des chiffres de publication d'aujourd'hui en même temps
06:23il y a des auteurs du 19e et du 1er 20e qui publiaient déjà 200 articles enfin
06:27donc
06:28il y a une variété de modèles et je pense que là la clé c'est le rapport entre l'édition scientifique
06:34et la hiérarchie et l'évaluation
06:39c'est à dire je pense que c'est aux gens
06:41qui occupent les grades les plus élevés et en particulier ceux qui sont en position d'évaluation des carrières
06:45de dire
06:47on s'en fout d'avoir 50 articles s'il y en a trois très bons c'est déjà
06:51important
06:52donc là il y a une responsabilité collective du métier je dirais mais qui ne se limite pas à l'édition
06:57qui a à voir avec la gestion globale
07:00des carrières, des élections, de l'attribution des postes et des ressources
07:04parce que tant qu'on fera dépendre évidemment directement l'un de l'autre
07:07on arrivera à des résultats qui seront au final tout à fait contre-productifs
07:11on continue sur la base une croissance de 50% tous les 10 ans
07:17c'est sûr que ça va le finir
07:19mais si l'accroissement des tâches bureaucratiques du monde universitaire continue à augmenter de 5% de temps de travail
07:26à un moment donné ça va devenir l'histoire de Zénondélé mais on va arriver à un moment où il n'y aura plus que des dossiers à remplir
07:32d'un côté et où par ailleurs on va produire un nombre gigantesque d'articles
07:37alors si le monde va bien grâce à l'intelligence artificielle
07:40il y a des intelligences artificielles qui vont écrire des articles scientifiques pendant qu'on remplira des tombeurs Excel
07:44et ces intelligences artificielles vont les envoyer dans des revues où elles seront évaluées
07:49par un certain nombre de nouveaux logiciels disposant eux-mêmes d'intelligences artificielles
07:54et produisant des travaux pendant qu'à côté au lieu d'aller par ailleurs boire un coup
08:00on sera en train de vérifier si le 32ème rapport de l'HCRS a été fini
08:06s'il fait bien 1200 pages si les virgules sont en place
08:11et j'imagine qu'en l'envoyant à l'HCRS là encore une intelligence artificielle pourra évaluer ce dossier
08:17sans qu'à un vrai moment il y ait eu une intervention humaine qui évidemment subjectiviserait ce rapport
08:23à la science telle qu'elle s'écrit
08:24ça c'est une possibilité
08:26il y en a d'autres

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