- il y a 17 heures
Chaque week-end, l’émission pilotée par Philippe Gaudin avec à ses côtés Dominique Rizet, consultant police/justice BFMTV, traite d’un événement majeur de la semaine, ainsi que d’autres affaires qui sont revenues sur le devant de la scène.
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00:00Un rapte, un enlèvement en plein jour. C'était lundi à Aubonne, en région parisienne.
00:03Un homme, père de famille de 53 ans, a été kidnappé par plusieurs individus et jeté dans une camionnette.
00:09La suite s'avère être un calvaire. Des vidéos ont été tournées demandant une rançon au fils de la victime.
00:15Et d'abord roué de coups, l'homme a finalement été relâché. Il est très grièvement blessé et il est toujours hospitalisé.
00:20Les kidnappeurs, eux, sont activement recherchés.
00:23J'accueille sur ce plateau avec grand plaisir Christian Flèche, ancien directeur de la police judiciaire.
00:27Le général d'Aoust, ancien directeur de l'IRCGN.
00:30Et Jean-Alphonse Richard, journaliste présentateur de l'heure du crime sur RTL.
00:34Ravi de vous avoir, Jean-Alphonse.
00:36Que vous inspirent d'abord tous les trois, messieurs, cette affaire d'Aubonne ?
00:41Écoutez, c'est moi qui commence.
00:44Malheureusement, si on fait un peu une vision historique sur les enlèvements avec demande de rançon,
00:48c'est quelque chose qui commence depuis fort longtemps, notamment dans la région parisienne, ce que je connais le mieux.
00:53Donc, sans doute inspiré de l'épisode italien où, pendant de nombreuses années,
00:59les Italiens ont subi, avec la Dangueta et tout ce qui est tourné autour,
01:06des dizaines d'enlèvements qui rapportaient.
01:09On a vu, et ça c'était ma période avant que je rentre même dans la police,
01:12on a vu la région parisienne qui était le théâtre d'enlèvements.
01:17On peut citer le baron Ampin, on en parlera sans doute.
01:19On peut citer Révéli Beaumont, qui était le président de Fiat France, je crois.
01:24On peut citer Maury Laribière aussi, président...
01:27La région parisienne, c'est une zone privilégiée parce que ça concentre quoi ?
01:30Plus de richesses et plus d'individus ?
01:32Bien sûr, bien sûr.
01:33Ça concentre plus de richesses, plus d'individus.
01:35Mais il y a la police judiciaire parisienne qui était là et qui a fait face
01:38et qui, en 1976, a décidé, c'était Pierre Ottavioli qui était à ce moment-là
01:45le chef de la brigade criminelle, qui a décidé que la police contrôlerait
01:50les demandes de rançons et en tout cas interviendrait dès qu'il y aurait
01:52le versement d'une rançon.
01:54Et ça concerne aussi les sièges des grosses sociétés, la région parisienne.
01:58Parce que vous disiez Maury Laribière, patron d'entreprise,
02:00Ampin, patron d'entreprise.
02:01Il y avait Louis Hazan, le PDG de Phonogramme, qui avait été enlevé.
02:04Et puis, il y avait Lyon aussi.
02:05Lyon, le petit Mérieux, le petit Peugeot.
02:07Des familles qui ont beaucoup d'argent.
02:11Mais là, ça n'est pas quoi ?
02:12Mais cette histoire d'Aubonne, est-ce qu'elle ressemble aux précédentes ?
02:14En quoi est-ce qu'elle se différencie, cette affaire-là ?
02:17Je vais même élargir.
02:19Et élargir historiquement, parce que là, on se concentre sur les grosses fortunes.
02:24Mais depuis les chauffeurs de Paturon qui attaquaient les gens chez eux pour...
02:30C'est quoi les chauffeurs de Paturon ?
02:31Ça marchait. C'était des plans organisés au XVIIIe siècle, après la Révolution française,
02:36que c'est vrai que nous n'avons pas connu.
02:37Christian n'était pas encore plus.
02:39Il n'était pas né, surtout.
02:41Qui faisaient, en gros, des home-jacking, c'est-à-dire qui rentraient chez les gens
02:45pour voler leurs biens.
02:48Et pour les faire avouer où est-ce qu'ils avaient caché leurs économies,
02:51ils mettaient les pieds dans le foyer de la cheminée.
02:54Ils les brûlaient jusqu'à ce que...
02:55Donc, on voyait bien, il y avait les chauffeurs de Paturon qui étaient connus
02:58qui étaient dans le nord de la France.
03:00Il y en a eu dans la région lyonnaise, ça s'est étendu.
03:03Il y en a eu jusqu'au début du XXe siècle sur toute la France.
03:06Mais au-delà de ça, les enlèvements ont été...
03:11Presque continuent à être démocratisés, en plus des grandes fortunes.
03:14Il y a eu la vague d'enlèvements des gérants de succursales bancaires
03:19pour ouvrir les coffres avec leur famille prise en otage.
03:22Il y a eu dans les années 2000, les dabistes qui viennent alimenter les dabs
03:30qui étaient enlevés, et leur famille aussi, pour pouvoir ouvrir tous les dabs.
03:35Donc, c'est un phénomène qui a toujours existé de criminels,
03:44mais qui s'adapte en fonction de la disponibilité des fonds.
03:47Je rajoute aussi une période où c'était la façon de récupérer des dettes.
03:52Donc, il y avait les dettes liées au trafic de stupes,
03:55il y avait les dettes liées au trafic de migrants.
03:58Et moi, je me souviens très bien d'une affaire à la brigade criminelle,
04:00c'était en 84 ou 85, où un enfant chinois avait été enlevé
04:04pour que ses parents payent la dette qu'ils avaient avec le passeur.
04:08Et là, pareil, séquestration, rançon ?
04:11Bien sûr.
04:11Même méthode.
04:13On se posait cette question.
04:14Est-ce qu'il y a des histoires dont on n'a jamais entendu parler ?
04:16Est-ce que vous croyez qu'il y a des histoires,
04:17surtout dans ces milieux-là, les milieux chinois, asiatiques ?
04:21Est-ce qu'il y a des histoires ?
04:23On paie, la rançon est payée.
04:25Après, vous en avez entendu parler de trucs comme ça ?
04:27Sans doute, parce que c'était assez curieux.
04:30D'abord, parce qu'on a été prévenu par un membre éloigné de la famille.
04:33Enfin, la brigade criminelle, à l'époque où j'étais,
04:36a été prévenu par un membre éloigné de la famille,
04:38mais pas par les parents.
04:39Et quand on a commencé à surveiller les parents,
04:41on a vu qu'ils étaient en discussion dans un restaurant chinois
04:44avec les ravisseurs,
04:46qui avaient amené une gourmette de l'enfant
04:47pour prouver que c'était bien eux, les ravisseurs.
04:50Et donc, il y avait des discussions,
04:51il y avait un arrangement qui essayait de se faire.
04:54Donc, en fait, il y avait des négociations parallèles hors police
04:56pour essayer de régler l'affaire.
04:58Et quand ils se sont sentis débordés, à ce moment-là, ils reviennent vers vous.
05:00Dans ce milieu-là, c'est extrêmement compliqué,
05:01dans la mesure où il y a une partie de la famille qui est en Chine
05:03et une partie qui est en Europe.
05:06Ce qui est intéressant,
05:07alors, aucun de vous n'a répondu à ma question sur Aubonne.
05:10Qu'est-ce qu'elle a de particulier, cette affaire d'Aubonne,
05:12par rapport aux autres ?
05:12Si, le général l'a dit aussi, c'est une évolution.
05:15Écoutez, Pauline, s'il vous plaît.
05:16C'est la forme moderne,
05:17c'est la forme la plus moderne de l'enlèvement.
05:19Je vous rappelle que votre papa est en Régie,
05:21donc écoutez les réponses à vos questions.
05:24Nous sommes tout à fait d'accord.
05:25En fait, on se reporte
05:27sur la disponibilité rapide des fonds.
05:30Maintenant, si vous avez
05:32quelqu'un qui a un gros compte en banque,
05:34pour pouvoir débloquer et transférer une rançon,
05:38c'est beaucoup plus compliqué.
05:39Il faut du temps.
05:40Il faut que les banques soient ouvertes.
05:41Il faut faire sauter le plafond.
05:42Et on demande très souvent
05:43à ce que la personne titulaire du compte soit là
05:46pour pouvoir faire la transaction.
05:48Qu'est-ce qui s'est passé ?
05:49D'abord, il y a une évolution sur les cibles.
05:51On s'attaquait aux gens qui avaient des richesses.
05:53On s'attaquait à leur famille directe.
05:55Après, on s'attaquait à leur famille un peu plus éloignée.
05:58Et puis ensuite, il y avait une évolution
06:00effectivement sur les financements.
06:02Avant, c'était de l'argent liquide.
06:04Il y avait une rançon.
06:05Ça représentait des sacs avec de l'argent.
06:07Et on intervenait au moment
06:08où le type commençait à toucher le sac.
06:11Maintenant, il y a des virements.
06:13On a eu des épisodes avec Western Union.
06:16C'est déjà un peu plus compliqué.
06:18Et puis maintenant, il y a la crypto-monnaie
06:19parce qu'on pense, à tort,
06:21que la crypto-monnaie ne laisse pas de traces
06:22et qu'on n'arrivera pas à en monter.
06:24C'est faux.
06:25C'est faux.
06:25Et donc, ils vont être payés.
06:28Ceux qui sont déjà arrêtés
06:30et ceux qui vont être arrêtés plus tard
06:32vont être payés pour comprendre
06:34et pour montrer aux autres
06:35que c'est un sujet qu'il faut cesser d'aborder.
06:38Et ils évolueront ailleurs.
06:39Jean-Alphonse ?
06:39L'unité de temps.
06:41C'est important ce que dit Christian Flech
06:42parce qu'effectivement,
06:43l'unité de temps en matière de rapte
06:44et d'enlèvement, elle a changé aujourd'hui.
06:46Il faut aller très vite.
06:47Il faut avoir l'argent très vite.
06:49Il faut savoir qu'on parlait tout à l'heure
06:50des raptales italiennes.
06:52L'Andra Guetta, la Mafia, la Camorra, etc.
06:54a été grand spécialiste dans les années 70
06:56de ces raptes qui ont fait d'ailleurs floresse.
06:58Ils ont donné l'exemple.
07:01Sauf qu'un rapt et un enlèvement,
07:04ça suppose une organisation
07:05très précise, très difficile.
07:09Il faut des lieux,
07:09il faut une logistique,
07:10il faut du temps,
07:11il faut de la patience,
07:12il faut des véhicules,
07:13il faut beaucoup de personnes.
07:14Donc, il y a des personnes qui peuvent parler.
07:16Aujourd'hui, c'est fini ça.
07:17On n'a plus le temps de loger quelqu'un.
07:20On n'a plus le temps, etc.
07:21Il y a les téléphones portables,
07:22il y a beaucoup de choses,
07:22il y a la vidéosurveillance.
07:24Donc, il faut aller très vite.
07:25Et ça, c'est, à mon avis,
07:27la principale différence
07:28avec les raptes à l'ancienne.
07:30Alors justement,
07:31les enlèvements,
07:31les kidnappings,
07:32on a compris,
07:33ce n'est pas nouveau,
07:33du barou en pain au fils Peugeot
07:34en passant par d'autres cibles fortunées.
07:37On replonge dans ces anciens cas
07:38avec Pierre-Louis Bousset.
07:39Regardez.
07:4012 avril 1960,
07:43Eric Peugeot,
07:44le fils de la prestigieuse famille d'industriels,
07:46est enlevé en plein jour près de Paris.
07:48Une affaire d'ampleur
07:49qui mobilise de nombreux moyens
07:50et suscite une ample médiatisation.
07:53Il devait par la suite
07:54au jardin d'enfants du golfe de Saint-Cloud
07:55reconstituer avec les policiers
07:57les étapes du rap.
07:59Le garçon de 4 ans est libéré
08:00deux jours plus tard
08:01contre 50 millions de francs.
08:03Les ravisseurs sont finalement arrêtés
08:05puis envoyés en prison.
08:06En 1976,
08:08nouvelle affaire de rap.
08:09Cette fois-ci,
08:10c'est le jeune Philippe Bertrand,
08:117 ans,
08:12qui est enlevé près de 3
08:13dans le but d'en tirer une rançon.
08:15Sa famille implore alors
08:16la pitié des responsables.
08:18Vous qui avez enlevé Philippe,
08:19ressaisissez-vous,
08:20redevenez des êtres humains,
08:22pensez à votre propre mère
08:23et à vos enfants si vous en avez.
08:25Un appel vain.
08:26Patrick Henry, le ravisseur,
08:27finit par tuer le petit garçon
08:29avant d'être arrêté
08:30et condamné à la prison à vie.
08:32Deux ans plus tard,
08:33c'est un riche homme d'affaires belge
08:34qui est enlevé en plein Paris.
08:36Édouard Jean-Hampin
08:37est séquestré pendant 63 jours.
08:39Les ravisseurs lui sectionnent
08:40l'auriculaire
08:41et exigent de la famille
08:4280 millions de francs.
08:44Un épisode sur lequel
08:44le baron reviendra
08:45des décennies plus tard.
08:48Ils ont été très cruels.
08:49Ils ont été...
08:51Mais...
08:53Il ne faut pas oublier
08:55qu'ils ne m'ont pas tué.
08:57D'autres cas de rap
08:58ont récemment fait la une
08:59de l'actualité
09:00avec, dans certains cas,
09:02des demandes de rançon
09:03en crypto-monnaie.
09:03Alors, on va revenir sur ces cas
09:06avec vous, Dominique Rizet.
09:08Patrick Henry,
09:08vous connaissez bien.
09:10Cette époque,
09:11vous connaissez bien
09:11et vous la connaissez
09:12d'autant bien
09:13que vous avez recueilli
09:14les confidences
09:15de Patrick Henry
09:16en détention.
09:17Racontez-le.
09:17Absolument, j'allais voir
09:18un prisonnier, un braqueur
09:19et son voisin de cellule,
09:20c'était Patrick Henry.
09:21De l'autre côté,
09:21c'était Jean-Claude Romand
09:22à la centrale de Saint-Maur.
09:24Et donc, quand je passais
09:25le dimanche
09:26à voir ce prisonnier,
09:27Patrick Guillemin,
09:28j'ai discuté avec Patrick Henry
09:30qui avait la visite
09:31de sa vieille maman
09:32qui est venue le voir
09:33jusqu'au bout
09:34et de sa sœur
09:36qui habitait à Troyes,
09:37une famille de Troyes.
09:39Et en fait,
09:39ce qui était terrible,
09:40c'est que celui-là,
09:42Patrick Henry,
09:43ensuite,
09:43je suis allé le voir
09:43jusqu'à sa mort.
09:44Il était transféré à un melun
09:46et j'allais lui rendre visite
09:47au parloir à Melun.
09:48Je passais une trentaine
09:49de minutes avec lui.
09:50C'est qu'il n'avait
09:50aucune raison de faire ça.
09:52Pourquoi il l'a relevé ?
09:53Pourquoi il l'a rançonné ?
09:54Et pourquoi il l'a tué ?
09:55Il était représentant.
09:56Il avait une voiture.
09:57Ses parents lui avaient
09:58acheté une DS Citroën à l'époque.
10:00C'est comme une belle voiture.
10:01Et il n'avait aucune raison
10:02de faire ça.
10:03Je ne sais pas.
10:03Il avait une espèce de...
10:04Alors, il arrivait.
10:05Il disait,
10:06moi, je voulais de l'argent.
10:07Je voulais de l'argent.
10:08Je voulais avoir de l'argent
10:10devant moi.
10:12Il était heureux avec ses parents.
10:16Ça ne lui suffisait pas.
10:17L'amour qu'on lui donnait,
10:17ça ne lui suffisait pas.
10:18Et l'amour qu'on lui a donné
10:19jusqu'au bout,
10:19parce que sa soeur
10:20est allée le voir
10:20jusqu'à sa mort en prison.
10:22Et alors, on a parlé
10:24du petit Philippe Bertrand.
10:25Moi, je lui ai posé la question.
10:26Je lui ai dit,
10:27mais pourquoi est-ce que
10:27tu l'as tué ?
10:28Pourquoi tuer cet enfant ?
10:30Pourquoi à un moment ?
10:31Et il n'avait pas d'explication.
10:33Et un jour, il m'a dit,
10:34je ne peux pas, je ne peux pas.
10:36J'y pense tout le temps.
10:37Et regarde mes mains.
10:38Elles ont étranglées un enfant.
10:40Et c'est vrai que c'était terrible
10:41ce personnage
10:43à qui on a redonné une chance.
10:45En 2001, il ressort de prison
10:46et il recommande.
10:47Enfin, il fait autre chose.
10:48Il va passer 10 kilos de drogue
10:49de l'Espagne vers la France.
10:51C'est-à-dire qu'il ne récidive pas.
10:52La récidive, c'est le même crime.
10:53Mais il réitère.
10:54Il réitère
10:55et sa conditionnelle tombe.
10:58Sa libération conditionnelle tombe
11:01et il repart sur sa perpétuité.
11:02Mais il n'a jamais mis
11:03de mots précis sur cet assassinat.
11:06Et pourquoi est-ce qu'il l'a étranglé ?
11:07C'est terrible
11:08parce qu'il y a tout un tas de personnes
11:09y compris ma rédactrice en chef
11:11à l'époque qui mène Goli
11:11on faisait une émission ensemble
11:13au Mémoire du crime
11:13qui disait
11:14mais comment tu peux aller voir ce type ?
11:15Qu'est-ce que tu trouves ?
11:16Eh bien moi,
11:17j'avais envie de l'entendre
11:20me parler.
11:20De comprendre.
11:21Oui, me parler de...
11:22Je ne comprends pas
11:23qu'un homme ordinaire
11:24parce que c'est un homme ordinaire
11:26puisse faire des choses
11:27en dehors de l'ordinaire.
11:28Et j'imagine que vous,
11:30policiers et gendarmes,
11:30vous posez aussi
11:31les mêmes questions souvent.
11:33Pourquoi est-ce que ces personnes
11:34ont parlé dans l'émission
11:35de Jean-Alphonse
11:36de Mme Conce-Bout-de-Boule ?
11:38Christian Flèche,
11:39c'est vous qui avez mené cette enquête.
11:41Comment ça bascule ?
11:43Quelqu'un, voilà,
11:44qui est...
11:45Elle est avocate,
11:46elle va faire des trucs
11:48mais qui sont en dehors
11:49de l'entendement.
11:49Mais là, sur nos cas de séquestration
11:51et d'enlèvement,
11:53sur ce sujet-là,
11:54on voit par exemple
11:54le cas du barou en pain
11:55qui est peut-être
11:56le cas le plus emblématique.
11:57On le rappelle,
11:5763 jours de séquestration,
11:59un auriculaire coupé
12:00et au final,
12:01une libération.
12:02Qu'est-ce que ça dit
12:03de l'époque
12:04et qu'est-ce que ça dit
12:05des méthodes à l'époque ?
12:07Alors, ça dit que
12:08les voyous avaient quand même
12:09effectivement
12:10ne l'ont pas tué
12:10parce que c'était leur garantie
12:12d'essayer d'avoir de l'argent,
12:14qu'il fallait avoir
12:14de l'argent liquide,
12:15il fallait réussir
12:16à convaincre
12:17et en coupant le petit doigt,
12:19ils essayaient de convaincre
12:20et d'accélérer un peu les choses.
12:21Ça dit aussi
12:22que la police avait décidé
12:23de ne pas laisser
12:24le paiement de la rançon
12:24se faire
12:25et donc il y a eu
12:26une fusillade
12:26parce que les voyous
12:27en face étaient
12:28extrêmement déterminés.
12:29Il y a eu une intervention
12:30à la fois de la brigade criminelle
12:31et de la baillerie
12:32sur l'autoroute.
12:35Ils ont essayé
12:36de s'échapper
12:36mais en tout cas,
12:39les gens,
12:40une partie a été récupérée.
12:41Ça a permis
12:42de connaître le lieu
12:43de détention
12:43du baron Ampin
12:44et qu'il soit libéré
12:46et qu'il puisse rentrer.
12:47En général ?
12:48Eh bien,
12:49je reviens
12:50quelques mois en arrière.
12:51Le cofondateur
12:53de la société Ledger,
12:55Ballant,
12:55enlevé,
12:56s'accompagne aussi
12:57de lieux différents.
12:59On lui sectionne
12:59le petit doigt
13:00également
13:01pour un...
13:02Donc on retrouve
13:02les mêmes...
13:03Donc là,
13:03on parle de 2025.
13:05On parle de 2025.
13:07Et là,
13:08il y aura eu,
13:09comme il y avait eu
13:09la BRI pour Soca,
13:11là,
13:11il y aura eu le GIGN
13:12pour la libération
13:13des deux.
13:15Mais on voit bien
13:16que finalement,
13:17le mode opératoire
13:18est le même,
13:20le but recherché
13:21est le même.
13:22La différence,
13:23c'est qu'on travaille
13:24sur de nouvelles liquidités
13:25et c'est plus récent.
13:26Oui,
13:26mais du coup,
13:27les durées de séquestration,
13:28elles se réduisent
13:28puisque regardez,
13:2963 jours pour le baron Ampin,
13:31David.
13:31Là, c'est l'immédiateté
13:32avec même,
13:33par rapport à ce qu'on disait
13:34tout à l'heure,
13:35ce sont souvent,
13:36maintenant,
13:36on s'aperçoit
13:37qu'on a des équipes
13:38constituées
13:39de dernière minute.
13:40C'est-à-dire,
13:41elles ont été payées
13:42individuellement
13:43pour faire
13:44l'enlèvement.
13:46Ça,
13:46c'est les petites mains,
13:47on appelle ça les...
13:47Donc il y a des cerveaux,
13:48il y a des petites mains,
13:49c'est l'ubérisation
13:50du crime organisé.
13:51Oui,
13:51et ça,
13:51c'est lié à cette affaire.
13:53Mais à d'autres secteurs.
13:54Jean-Alphonse,
13:55vous,
13:55vous avez pu recueillir
13:57les confidences du baron Ampin.
13:58On rappelle qu'il a été libéré.
14:00Moi,
14:00je l'ai longuement rencontré,
14:01le baron Ampin,
14:02dans sa maison du Vexin.
14:03Je me souviens
14:03de plusieurs interviews.
14:05Et il était encore,
14:06des années après,
14:07très traumatisé
14:08par ce qui s'est passé.
14:09Parce qu'il faut bien savoir
14:10qu'à travers ces enlèvements,
14:12il n'y a pas uniquement
14:12l'organisation,
14:14la technique,
14:15le fait des équipes constituées.
14:16Il y a aussi la douleur
14:18des otages
14:19qui sont là
14:20et qui vont parfois
14:21jamais se remettre
14:22d'une agression pareille.
14:23Alors le baron Ampin,
14:24il est tombé
14:25dans un état de sidération
14:27lors de son enlèvement.
14:28Il a changé trois fois
14:29de lieu de détention.
14:32Alors le lieu le plus connu,
14:33c'est dans une espèce
14:34de fermette
14:35un petit peu en ruine
14:36où il faisait très froid
14:37sous une tente.
14:40Il va être heureux
14:41le jour où on va lui emmener
14:42une lampe de poche
14:43parce qu'il n'avait pas
14:44de lampe de poche.
14:44Il ne savait même pas
14:45où il était.
14:46Alors là, c'était
14:46vraiment Noël.
14:48C'était extraordinaire.
14:49Et puis, il y a le jour
14:50où on lui coupe le doigt.
14:51Alors on lui coupe
14:52le petit doigt
14:53avec un massico.
14:54C'est quoi un massico ?
14:55Un massico,
14:56c'est une espèce de levier
14:57qui permet de couper
14:59des énormes rames de papier.
15:01Ah oui, ça,
15:02ça doit faire mal quand même.
15:03Un appareil d'imprimer.
15:03Un appareil d'imprimer.
15:04Donc ça, c'est tranchant.
15:05On lui a posé rapidement le doigt.
15:07On lui a mis de l'éther
15:08ensuite, etc.
15:09Et on a coupé net le doigt.
15:11Alors il dit
15:11je n'ai pas tellement eu mal
15:13mais j'étais très heureux
15:15quand on me coupe le doigt.
15:15C'est-à-dire ?
15:16J'étais très heureux
15:17quand on me coupe le doigt.
15:18Ça voulait dire
15:18qu'on ne voulait pas me tuer.
15:19Ça voulait dire
15:20que j'avais encore
15:20à vivre.
15:23Et qu'il y avait un espoir
15:24que j'arrive à la sortie.
15:25Et puis après,
15:25il m'a raconté plein de choses.
15:27Il y a un événement,
15:28je vais vous le donner
15:33on lui dit
15:34c'est fini pour toi, etc.
15:36Parce qu'ils avaient voté la mort.
15:38Il faut savoir,
15:38les ravisseurs avaient voté la mort.
15:40Il y avait un vote, effectivement.
15:40Il n'y avait un qui n'était pas d'accord.
15:42Donc heureusement,
15:43ça a flotté.
15:44Et il va se retrouver,
15:46je ne sais pas où il est,
15:47mais en fait,
15:47on le met dans une cage.
15:49Dans une cage.
15:50Une cage en métal ?
15:51Une grosse cage,
15:51oui, une grosse cage en métal.
15:52On l'assoit.
15:53Il a les yeux bandés.
15:54On va pendre un crochet à la cage.
15:57On va suspendre cette cage
15:58dans le vide.
15:59Et on va balancer
16:00le baron en fin
16:01pendant 10 minutes.
16:03un quart d'heure
16:04où il tombe dans la cage,
16:05il roule dans la cage,
16:07etc.
16:07Et là...
16:08Ça, ça provoque quoi chez lui ?
16:10C'est un traumatisme
16:12terrifiant
16:12lorsqu'il parlait de certains...
16:14Alors, il fanfaronnait un peu
16:15le baron en fin.
16:16Le petit doigt,
16:17il va me dire,
16:17petit doigt,
16:18ça ne sert à rien finalement.
16:19Il fanfaronnait beaucoup comme ça.
16:20Mais il avait les larmes aux yeux
16:21quand il parlait de son affaire.
16:23Alors ça,
16:24voilà,
16:24il ne faut jamais l'oublier ça
16:25parce que derrière ces raptes,
16:27il y a des victimes
16:28et il y a des otages.
16:29Qui ne s'en remettent pas en fait.
16:30Et c'est terrifiant pour des familles.
16:32Il y a plein d'histoires comme ça.
16:33Et il y a des auteurs
16:35puisque nous,
16:35on a eu au téléphone
16:36l'un des ravisseurs
16:37du baron en fin
16:38qui vit encore
16:39et qui s'appelle Alain
16:40qui a écrit un livre
16:41et qui ne veut plus parler aujourd'hui
16:43parce que...
16:44Et qui a parlé quand même.
16:45Et qui a écrit,
16:46qui a parlé.
16:48Qui avait reconnu le courage d'Alain.
16:50Exactement.
16:50D'ailleurs,
16:51il disait,
16:51Alain ne bougeait pas,
16:52il devait gamberger grave
16:53au tout début de la séquestration.
16:55Je pense qu'il avait peur,
16:56l'angoisse devait le ronger
16:57mais il ne le montrait pas digne,
16:59le mec,
16:59dès le début.
17:00Et cette admiration,
17:01elle a scellé un peu
17:02la séquestration effectivement.
17:03Et on aurait bien aimé
17:04qu'il soit là,
17:05qu'il vienne
17:05mais il ne peut pas venir
17:06parce que lui aussi,
17:07sa vie a continué.
17:08Il a des enfants
17:08dont un fils
17:09qui fait une carrière,
17:11belle carrière
17:12et donc,
17:12il ne veut pas mettre en péril
17:14la carrière de son enfant.
17:17Mais c'est-à-dire que
17:18l'avis de tout le monde
17:19dans l'affaire du baron en pain
17:21continue,
17:22ces gens-là continuent à exister.
17:23Mais chez les enquêteurs aussi,
17:24j'imagine,
17:25Christian Flech,
17:26ça a dû,
17:27l'affaire en pain,
17:28c'est quand même un marqueur
17:29dans l'histoire de la police.
17:29L'affaire en pain,
17:30c'est un vrai marqueur
17:31dans la mesure où
17:31ça contribuait
17:32à confirmer la décision
17:34de ne pas accepter
17:35le paiement d'une rançon.
17:37Et d'ailleurs,
17:37si on fait un peu d'histoire aussi,
17:38quelques années plus tard,
17:40à Lyon,
17:40il y a eu le gendre
17:42d'un notaire connu
17:43qui a été enlevé.
17:44La famille a essayé
17:45de négocier
17:46derrière le dos de la police
17:47et ils ont payé une rançon.
17:49On n'a jamais retrouvé
17:50la personne qui a été enlevée.
17:53Donc, note pour plus tard,
17:54si jamais on est enlevé,
17:54ne pas faire de négociation parallèle.
17:56Oui, j'ai un autre exemple.
17:57J'en parlais avec
17:58Dominique Rizet l'autre jour.
18:00Un entrepreneur
18:00a été enlevé
18:02quand j'étais à la brigade criminelle.
18:03Il a été séquestré
18:05et la BRI,
18:07la criminelle,
18:07a enquêté.
18:08On est intervenu
18:09au moment du paiement
18:10d'un rançon
18:10et les gens
18:11qui ont été arrêtés
18:12avaient une peine
18:13et une pioche
18:13dans le coffre
18:14de leur voiture
18:15tout simplement
18:15parce qu'un des ravisseurs
18:17était un ancien employé.
18:19Et donc,
18:19il savait que
18:20s'il le laissait vivre,
18:22il finira en prison.
18:24Il a fini en prison
18:25mais l'entrepreneur
18:27a été sauvé.
18:28Mais ça peut aller
18:28jusqu'à la mort.
18:29Il y a des cas quand même
18:29qui se terminent très très mal.
18:31Le baron en pain est libéré
18:31avec un petit doigt en moins.
18:33Mais ce jeune garçon
18:34a été retrouvé mort,
18:36tué par Patrick.
18:36Bien sûr,
18:37parce qu'il y a aussi
18:38des gens
18:39pour lesquels
18:39la valeur de la vie
18:43n'est plus
18:43une valeur marchande
18:44et qu'à ce moment-là
18:45il la traite autrement.
18:47Mais dans la mesure
18:48où on arrive à avoir
18:49chez des ravisseurs
18:51l'idée
18:51qu'en les maintenant vivants
18:52ils arriveront
18:53à faire payer quelqu'un,
18:55les gens restent vivants.
18:57Et puis derrière l'enlèvement,
18:58il y a aussi
18:58pour le baron en pain,
19:00toute sa vie secrète.
19:01il jouait au jeu,
19:03il dépensait beaucoup d'argent,
19:04il allait dans des salles
19:05de jeu.
19:05Il a explosé le baron.
19:06C'est fini.
19:07Disons que pendant
19:08qu'il était séquestré,
19:09les enquêteurs ont tiré le fil
19:10et ils se sont rendus compte
19:11d'abord qu'il jouait
19:13beaucoup au poker
19:13et qu'il perdait beaucoup d'argent
19:14et puis qu'il avait
19:15une double voire
19:16une triple vie.
19:16Les femmes,
19:17le jeu,
19:18les amis,
19:19etc.
19:20Ils géraient
19:21un des plus gros groupes
19:22qu'ils soient,
19:22en pain,
19:22en pain,
19:23Schneedre,
19:23c'était un groupe énorme.
19:25Il a tout perdu en pain.
19:26Il est sorti de là
19:27ruiné sûrement
19:29mais surtout
19:30psychologiquement détruit.
19:32Toute sa vie déballée
19:32dans la presse people
19:34de l'époque.
19:35Plus de famille.
19:35Sa femme est venue le chercher
19:36à la station de métro
19:37Opéra
19:38quand il est libéré.
19:39Parce qu'il part,
19:40il est en jogging.
19:41On lui donnait 10 francs
19:42de l'époque.
19:43Il le jette au métro.
19:44Les ravisseurs.
19:45Non, non,
19:45il est parti tout seul.
19:46Il a trouvé le métro.
19:47Il était en banlieue parisienne
19:48perdu.
19:49Il a trouvé une bouche de métro.
19:50Il s'est engouffré dans la bouche.
19:52Il est sorti à Opéra.
19:52Il était porte d'ivrie.
19:53Vous avez raison.
19:53Et il s'est dit
19:54qu'est-ce que je fais ?
19:56Je vais téléphoner.
19:58Et personne ne le reconnaissait.
19:59Il avait une barbe.
20:01Son jogging Adidas.
20:03Et puis voilà.
20:04Donc c'était extraordinaire.
20:06Bon, restez avec nous.
20:07On fait une courte pub.
20:08On se retrouve
20:09et on parlera effectivement
20:10de ce colis
20:11qui avait été mis
20:12dans une consigne
20:13de la gare de Lyon.
20:13C'était le petit doigt
20:14du baron en pain
20:15et puis la demande de rentrée.
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