00:00Ce budget est plus largement la question des budgets. Alors, qu'est-ce qu'on voit dans la présente séquence?
00:05On voit, c'est comme si des évidences accumulées au fil des décennies s'effondraient devant nous.
00:10Rien n'allait autant de soi dans nos sociétés depuis, on pourrait dire, les années, le lendemain de la guerre, mais même bien avant ça, que le budget.
00:17Le budget était presque une opération technique, c'était réglé, donc globalement l'idée était la suivante.
00:23Nos sociétés étaient globalement d'accord sur leurs grands objectifs, leurs grands objectifs sociaux, leurs grands objectifs économiques.
00:30Il y avait des désaccords sur les moyens, mais il allait de soi que le budget concrétisait ces grands objectifs sociaux et économiques.
00:38Donc dès lors, c'est une question purement tactique, on avait oublié que différentes philosophies économiques pouvaient s'affronter.
00:45Alors, c'est ce qui est en train d'arriver aujourd'hui. Pourquoi?
00:47Parce que ce modèle, qui était apparemment universel, le modèle de l'État social libéral, l'État provident, s'effondre sous nos yeux aujourd'hui.
01:02L'État qui est responsable de votre sécurité, de la mienne.
01:04L'État avec lequel on fait une poste de troc.
01:06Donc je lui donne beaucoup de ma liberté et en échange, il assure ma sécurité.
01:10Un État qui n'est plus capable d'assurer ni la sécurité physique, ni la sécurité des biens, est un État qui rompt le pacte fondamental qui fait en sorte que nous lui obéissons.
01:20Premier élément.
01:21Deuxième élément, l'État social fait faillite lui aussi.
01:24Et c'est une faillite considérable parce qu'il prend votre argent, il en prend encore, il va fouiller dans mon poche pour voir s'il ne reste pas quelques piécettes.
01:30Et à la fin, cet argent, il ne vous rend pas en service comme il le prétend, il le donne pour alimenter une bureaucratie métastatique qui ne fait que se déployer.
01:41Une bureaucratie qui aujourd'hui est en fait au cœur d'une nouvelle lutte des classes.
01:45Mais la lutte des classes, ce n'est pas les bourgeois contre les prolétaires, c'est en fait la classe bureaucratique contre tous ceux qui l'alimentent.
01:52Et par ailleurs, on est devant un État destructeur, ne l'oublions pas, qui s'est emparé de toutes les fonctions sociales.
01:58Toutes les fonctions sociales en disant « je vais m'en occuper », la société civile, non, les écoles, non, la famille, non, je m'occupe de tout.
02:04Mais au terme de tout cela, il a détruit les fonctions sociales, il ne reste que l'individu dans sa solitude bureaucratique, un individu qui est aujourd'hui désincarné, impuissant devant tout cela.
02:15Donc pourquoi est-ce que je rappelle la chose ? Parce que le budget ne va plus de soi aujourd'hui.
02:20On en a déjà parlé sur ce plateau, ressurgit une question qui n'existait plus, celle du consentement à l'impôt.
02:25ressurgit aujourd'hui, on le voit aussi, on redécouvre en fait le fait que nous ne vivons pas, contrairement à ce qu'on dit en économie libérale.
02:31On vit en économie semi-planifiée, donc un espèce de deal un peu étrange.
02:35Un État qui se dit « je prends tout » et en échange « je vous rends ensuite en service »,
02:40ce qui n'empêche pas, soit dit en passant, qu'il y a une oligarchie qui, elle, s'amuse très bien, selon les codes de capitalisme privé, qui sort ses intérêts.
02:46Donc on est, le budget aujourd'hui incarne en quelque sorte toutes les impuissances de l'État.
02:52Il y a une forme de débat qui n'avait pas eu lieu depuis longtemps sur les paramètres budgétaires.
02:57Donc qu'est-ce qu'on voit ? On voit des gens en politique, Marion Maréchal qu'on recevra aujourd'hui,
03:01d'autres figures, David Lissnard, Sarah Knafo, on pourra nommer plusieurs,
03:05qui aujourd'hui remettent en question, finalement je dirais, le modèle du socialisme mental qui était le nôtre.
03:11Certains disent « cet État a échoué », il faut le remettre en question.
03:14Dès lors, la question du budget surgit devant nous comme le symbole d'une incapacité totale de l'État.
03:19Alors on n'a pas encore abordé les recettes dans cette partie budget,
03:24mais les députés ne semblent plus assumer un budget fondé sur la multiplication des taxes et des impôts.
03:31Comment l'expliquer ? Pas des recettes, mais je vais dire des dépenses.
03:34Alors j'aimerais dire, mais aussi pour les impôts, en fait j'aimerais dire parce qu'ils ont honte.
03:38Peut-être qu'ils se disent « ce budget n'a aucun sens ».
03:40Peut-être qu'ils se disent globalement « nous avons poussé jusqu'au bout le budget Frankenstein ».
03:45Parce que c'est de ça dont on parle, il faut voir l'ensemble.
03:47Nous sommes au terme de… tout le monde se dit « chacun a mis sa contribution, chacun a mis sa taxe, chacun a mis son impôt ».
03:52Donc c'est la séquence qui est la nôtre.
03:54Et ce qu'on constate finalement, c'est au visage de tous ceux qui ne sont pas dans la machine,
03:59eh bien j'ai parlé d'impuissance, mais on parle ici aussi de démence.
04:02C'est-à-dire une forme de démence fiscale qu'il faut nommer comme telle.
04:05Et, oui je l'ai dit, l'Assemblée est en panique, et j'ajoute un élément à travers cela,
04:11on voit aussi à quel point, au nombre d'impôts, de taxes qu'on veut faire, de règlements,
04:16puis ajoutez toute la réflexion sur l'État,
04:18on voit à quel point l'État s'est emparé de tous les domaines de l'existence aujourd'hui.
04:22J'aimerais dire que pour l'État, rien de ce qui est humain ne lui est étranger.
04:25C'est-à-dire que l'État voit quelque chose, veut un règlement, une norme, une taxe, un impôt,
04:30considère que si ce n'est pas réglementé, c'est imparfait.
04:33Il considère que tout ce qui n'est pas étatisé est en manque de sa présence.
04:38Donc il veut se donner librement, il veut s'emparer de tout, croyant par là nous civiliser.
04:44Cela dit, le résultat des cours, j'y reviens, c'est que le budget,
04:47le PLFS, le projet de loi sur le financement de la sécurité sociale,
04:51mais plus largement le budget, on se dit, mais qu'est-ce qui sera adopté,
04:54est-ce qu'il est possible d'adopter cela ?
04:56Donc là, il y a un appel au 49.3.
04:57Un point avant, un point en arrière.
04:59Une déresponsabilisation.
05:00Si on dit finalement, utilisez ce 49.3 que vous avez promis de ne pas utiliser,
05:04qu'est-ce qu'on se dit à travers cela ?
05:05C'est qu'on est encore une fois dans les solutions techniques au cœur du régime
05:09pour faire aboutir, encore une fois, ce que je le dis,
05:12et normalement, la tâche de base de n'importe quel État, son fonctionnement élémentaire.
05:17J'aimerais dire, de ce point de vue, on s'est souvent demandé
05:19sur la grande crise politique qui nous traverse aujourd'hui,
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