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  • il y a 20 heures
Dans son édito du 13/10/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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00:00Nous sommes probablement plusieurs dans la même situation, dans cette analyse, à faire le choix du faux sérieux ou du vrai burlesque.
00:06J'entends par là qu'on peut faire semblant de dire dans ce gouvernement, vous voyez telle sensibilité et représenter d'ailleurs la présence de cet anonyme qu'on ne connaissait pas hier change tout.
00:15Ou de l'autre côté, on peut se dire, c'est une blague, c'est une immense blague qui ne cesse de se répéter et il faut décrire le burlesque, il faut décrire la farce.
00:25C'est une farce tragique parce que le pays en souffre, mais nous sommes ici devant l'ultime désagrégation d'une classe politique sans envergure,
00:33avec des ministres qui sont des nains politiques ou technocratiques interchangeables et qui sont chacun heureux d'avoir un Marocain pour une journée, deux journées, trois journées,
00:42mais qui sont globalement nuls, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas un ou deux individus qui s'en tirent là-dedans.
00:46Et ce sera le point de départ, je pense qu'il faut nommer la farce.
00:49Deuxième élément, il faut voir qu'eux qui sont rassemblés dans ce nouveau conseil des ministres.
00:56Alors, il y a un ou deux piliers de la Macronie historique, Gérald Darmanin par exemple,
00:59qui, dans les circonstances, j'ai déjà été assez sévère envers lui, il n'en demeure pas vrai que c'est le seul vrai politique à peu près dans ce conseil des ministres.
01:07Donc, il y en avait d'autres dans le précédent gouvernement, Manuel Valls, on peut le critiquer, apprécier, la question n'est pas là,
01:13il y avait François Béroux en tant que premier ministre, on était avec des vraies politiques, au moins quelques-uns.
01:17Là, on a une figure politique pour l'essentiel, sinon on se retrouve essentiellement avec des figures secondaires,
01:23des personnes récemment promues, des hauts fonctionnaires, donc je donne quelques exemples.
01:28On a quelques macronistes idéologiques, Roland Lescure.
01:30Roland Lescure qui arrive là, qui était partisan de mémoire au fait que la France partage son siège au Conseil des Sécurités des Nations Unies
01:37avec d'autres puissances européennes.
01:38Donc, une capitulation de souveraineté à l'ONU pour la France, eh bien, un homme qui porte ce discours est aujourd'hui ministre.
01:44De la même manière, on a des hauts fonctionnaires, inconnus au bataillon, Édouard Geoffrey,
01:49qui est le nouveau ministre de l'Éducation nationale, sorti de nulle part et probablement condamné à y retourner très bientôt.
01:55Je ne doute pas que ce soit un homme de grande qualité technique.
01:57Il n'en demeure pas moins que c'est, avec son arrivée au Conseil des ministres,
02:01c'est la technostructure qui prend le pouvoir.
02:04Auparavant, la technostructure cherchait à se cacher derrière des politiques.
02:07Il dissimulait son pouvoir.
02:09Maintenant, la technostructure, la technocratie prend le pouvoir directement et ne fait même pas semblant de porter un masque politique.
02:15Laurent Lunez était déjà dans un entre-deux à certains égards,
02:18mais là, c'est le technocrate qui devient clairement politique avant de redevenir technocrate demain.
02:21Il y a aussi des retails venus de LR, donc des figures pour l'essentiel qui ne comptaient pas,
02:27mais qui valent par leur étiquette.
02:28Donc, aucun d'entre eux, sauf exception, ne se distingue par une grande qualité politique,
02:33mais puisqu'ils arrivent avec l'étiquette LR, ils sont dès lors cooptés dans le gouvernement
02:42et apparemment, ça chamboule les équilibres du pays.
02:45Autre chose, et vous l'avez dit, la seule fonction de ce gouvernement est toute simple,
02:49c'est être capable de voter un budget.
02:52On n'est même pas certain qu'il va tenir trois jours.
02:53Il faut bien comprendre qu'on est devant la possibilité que 72 heures,
02:57on ne sait pas si le tiendra.
02:58Si le tiendra deux semaines...
02:59Excusez-moi, j'ai un petit rhume, elle me donne des cliniques.
03:01On est à la maison d'enfer.
03:02Mais il n'y a pas de souci.
03:03Ça nous arrive, je veux dire, sans...
03:04Ça nous arrive tous.
03:05Si vous permettez...
03:06Vous ne pleurez pas sur la situation.
03:08Aussi, aussi, je pleure la libération.
03:10On peut rire et pleurer tout en même temps.
03:12Et se moucher.
03:15Sans bruit.
03:16Mais 72 heures, ça sera un gouvernement qui va tenir longtemps.
03:19Deux semaines, pour certains, ça relève de l'inimaginable.
03:21Donc, moi, je retiens sur une chose fondamentale ici.
03:24Quel que soit le détail de la composition du Conseil des ministres,
03:27dégradation du politique, perte d'importance du politique,
03:30prise de contrôle de la technostructure,
03:32et un président qui, lorsqu'il commente la situation,
03:35même pas de parole solennelle,
03:36il commente la situation, que dit-il?
03:38Il dit, je ne suis responsable de rien.
03:40Que les partis s'entendent.
03:42Je ne suis pas le responsable du présent chaos.
03:45Et aucune réflexion sur le fait que le fameux Front républicain
03:47qui consiste à chasser la moitié du pays de la représentation légitime
03:50aurait quelques responsabilités dans cette Assemblée gouvernable.
03:54Mathieu, vous avez évoqué le sort des LR.
03:56Est-ce qu'ils sont en train d'exploser devant nous?
03:59Puisque, au même moment, un sondage de Valeurs Actuelles
04:03confirme le profond désir de l'électorat d'une union des droites.
04:07Ça, c'est très intéressant, ce sondage, dans les circonstances présentes.
04:10Parce qu'effectivement, que sont les LR?
04:12On ne sait plus qui sont les LR.
04:13Et les LR, est-ce que c'est le parti parlementaire de Laurent Wauquiez?
04:16Est-ce que c'est le parti anciennement ministériel de Bruno Retailleau?
04:18Est-ce que c'est David Listard qui veut ficher le camp?
04:21Est-ce que c'est le parti militant de droite qui est quelquefois idéologiquement aligné
04:24sur Reconquête, mais il y a une différence d'âge entre les deux?
04:27Est-ce qu'on est devant le parti macrono-compatible des nouveaux ministres
04:30qui ont été exclus, Vincent Jambrun, par exemple?
04:33Je ne sais pas s'il est encore exclu, mais à tout le moins,
04:34il est celui qui proposait la loi sur le délit d'anti-républicanisme.
04:38Est-ce que c'est le parti municipal et régional,
04:40donc le parti ancré, mais n'a plus de vocation nationale?
04:44Donc, qui sont les LR?
04:46Cela dit, le pays est en attente d'une droite forte.
04:49Et le sondage de Valeurs Actuelles auquel vous avez fait référence
04:51est très intéressant, parce qu'on voit que dès lors qu'on quitte les appareils,
04:55le peuple de droite, que ce soit RN, Reconquête, LR,
05:00et même une partie de Renaissance,
05:02le peuple de droite lance un appel, un cri de détresse,
05:05un appel programmatique.
05:06Entendez-vous, entendez-vous.
05:08Alors, je note, 52 % des Français,
05:11au sens large, se disent favorables à la formation
05:12d'un gouvernement de coalition des droits,
05:16avec des ministres qui viendraient des républicains,
05:18du RN, de Reconquête.
05:20Donc, on comprend, ils n'ont pas tous la même priorité,
05:22parce que, par définition, dans une coalition,
05:24certains disent que l'immigration, c'est le plus important.
05:26D'autres vont dire que c'est la dépense publique.
05:29Mais ils sont capables de se dire que ces gens-là doivent s'entendre.
05:33Ils sont même capables d'identifier des premiers ministres potentiels.
05:35C'est intéressant. Donc, voilà la liste telle qu'elle est présentée
05:38par Valeurs Actuelles.
05:39Le premier, spontanément, on s'en doute,
05:41serait Jordan Bardella, à 42 %.
05:43Marine Le Pen, en deuxième, 36 %.
05:47Troisième, Bruno Retailleau, 32 %.
05:50Quatrième, Marion Maréchal, 26 %.
05:53Cinquième, Laurent Wauquiez, 20 %.
05:55Sixième, Philippe de Villiers, 20 %.
05:58Et Sarah Cnafau, 16 %.
06:00Donc, qu'est-ce qu'on voit?
06:01Des gens qui viennent de différents partis,
06:03des gens qui ont différentes trajectoires politiques,
06:05peut-être même des imaginaires différents,
06:07le commun des mortels, à droite, voit ces gens-là
06:09et leur dit « Mais pourquoi vous ne vous entendez pas? »
06:12Pourquoi? Qu'est-ce qui fait en sorte que vous soyez incapables de vous entendre?
06:14On connaît la réponse de la plupart de ces gens, pas tous.
06:17Il faut l'union des électeurs, mais pas des appareils.
06:20Ce qui est probablement la phrase la plus bête qu'on peut entendre aujourd'hui.
06:23À gauche, l'union des appareils, il n'y a pas de souci.
06:25Au centre, l'union des appareils, il n'y a pas de souci.
06:27À droite, apparemment, l'union des appareils serait un scandale.
06:29Et on oublie qu'en démocratie, même si on n'est pas en Italie,
06:32la coalition des partis, la coalition des appareils,
06:34c'est la norme souvent.
06:36Alors, je ne dis pas que ça doit arriver,
06:37mais je dis que le peuple de droite manifestement l'espère.
06:40Et imagine une forme de coalition ici,
06:42qui rassemblerait tout à la fois.
06:44L'ERN version Bardella-Le Pen,
06:45l'UDR de Ciotti,
06:47l'LR Canal-Retailleau,
06:48IDL avec Marion Maréchal,
06:50Reconquête, Zemmour-Knaffo,
06:52Debout la France avec Nicolas Dupont-Aignan.
06:56Imaginez que ces gens soient capables de s'entendre.
06:57Il y aurait probablement quelque chose
06:59comme une véritable vague politique dans le pays,
07:02mais je compte, quant à moi, sur des appareils,
07:04justement, pour pratiquer l'IVC,
07:06c'est-à-dire l'interruption volontaire de coalition.
07:09Revenons à Mathieu Boccoté.
07:11Interruption volontaire de coalition.
07:13Oh non, Mathieu,
07:15la notion de stabilité dont nous parlons de plus en plus,
07:19qu'est-ce qu'elle recouvre, cette notion?
07:21Et est-ce désormais l'horizon indépassable
07:23de la politique française?
07:24Vous avez raison de m'y conduire,
07:25parce qu'on n'entend que ce mot, stabilité, stabilité, chat.
07:28Tous ceux qui prennent aujourd'hui un ministère
07:30disent que c'est au nom de la stabilité.
07:31Mon pays exige, de ma part, de contribuer à la stabilité.
07:34Alors, il y a trois définitions possibles de la stabilité.
07:37Un, c'est le maintien à tout prix du bloc central au pouvoir.
07:39Globalement, je pense que c'est la stabilité dont on nous parle.
07:42Donc, c'est l'expression de la technostructure
07:44qui dit ne bougez rien, laissez les interchangeables passer.
07:47La technostructure commande, l'État profond commande.
07:50Deuxièmement, c'est surtout pas de nouvelle classe politique.
07:53Donc, c'est le blocage du RN et du camp national au sens large.
07:57Donc, ils sont apparemment des fascistes et des incompétents.
07:59Donc, la stabilité, c'est cette part du pays ne doit pas gouverner.
08:02La troisième définition, c'est la définition formelle,
08:05la continuité juridique, administrative et financière du pays.
08:08Mais je renverserai la question et je terminerai avec cela.
08:10Est-ce qu'on n'est pas dans un moment où,
08:12quand la stabilité, ce qu'ils appellent la stabilité,
08:14a conduit le pays à l'insécurité généralisée,
08:16à la submersion migratoire, à la perte de contrôle des finances publiques,
08:19à la perte de souveraineté,
08:20est-ce qu'on n'est pas dans un moment d'instabilité relative nécessaire?
08:23Par instabilité, j'entends l'arrivée d'une nouvelle classe politique,
08:26j'entends la prise des décisions nécessaires
08:28qui semblent pour l'instant inimaginables parce que tout bloqué,
08:31tout est débloqué, dis-je.
08:32Quand la stabilité, c'est l'autre nom du blocage,
08:35c'est l'autre nom de l'impuissance,
08:36c'est l'autre nom de l'incapacité,
08:38eh bien cette stabilité est-elle aussi désirable qu'on le dit?
08:40Sous-titrage Société Radio-Canada
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