L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Quand la gauche fascise le RN» - Vidéo Dailymotion

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Dans son édito du 08/10/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

Transcript

00:00Ah, mais c'est passionnant cette séquence.

00:02Alors, quels sont les arguments utilisés par la gauche pour condamner dans ce contexte Bruno Retailleau?

00:08Le premier argument, c'est « Oh là là, la droite n'est plus digne de Jacques Chirac ».

00:12Les gens de gauche qui disent ça oublient que ça peut être reçu par plusieurs comme un compliment.

00:17C'est-à-dire que le chiracisme n'a pas laissé le meilleur souvenir qui soit dans l'histoire des droites,

00:20mais un deuxième argument est utilisé qui est peut-être plus intéressant.

00:24Je l'ai lu à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux,

00:26la politesse m'interdit de dire qu'il l'a mentionné,

00:28mais sachez que ça revient souvent, c'est « Ah, donc pour la droite,

00:32on croit faire référence aux années 30 en disant ça,

00:34mieux vaut Hitler que le Front populaire.

00:37Mieux vaut Hitler que le Front populaire,

00:39donc aujourd'hui ça se traduirait par « mieux vaut le RN que les socialistes ».

00:43Cette argument, c'est un stonant qui ressort depuis plusieurs décennies,

00:47de temps en temps, quand on dit qu'il ne faut jamais en toutes circonstances

00:49voter pour ce qu'ils appellent l'extrême droite parce qu'on perdrait son âme.

00:52Donc qu'est-ce que ça veut dire concrètement?

00:53Il y a deux possibilités ici.

00:55Soit la gauche croit vraiment que le RN et ses alliés, c'est Hitler.

00:59Donc si tel est le cas, si on pense vraiment que le RN et ses alliés, c'est Hitler,

01:03il faut immédiatement interdire ce parti,

01:05il faut immédiatement coffrer ses dirigeants,

01:07il faut immédiatement prendre les mesures de l'antifascisme le plus ardent

01:10pour être capable de le bloquer.

01:11Vous donnez des idées, là.

01:12Ah non, mais si on a vraiment Hitler devant soi, il faut faire des choses, là.

01:15On ne se contentera pas de parler.

01:17Ou alors, mais c'est possible, parce que dans leur esprit,

01:19leur culture politique est tellement tordue, déformée, vidée de toute réalité,

01:23que l'hitlérisation de l'adversaire et tout ce qu'ils savent faire.

01:26La deuxième option, c'est qu'ils ne croient pas à un seul instant que le RN, c'est Hitler.

01:30Mais dès lors, si le RN n'est pas Hitler, mais on n'hésite pas à le dire,

01:32qu'est-ce que ça veut dire?

01:34Que la gauche n'hésite pas à hitlériser, s'il le faut,

01:37pour être capable d'exécuter socialement et politiquement un opposant.

01:40Donc même si elle sait que ce n'est pas Hitler,

01:43on se permet d'utiliser la référence à Hitler,

01:44donc au nazisme, donc à la Shoah,

01:48le Holocauste, ses millions de morts, les chambres à gaz,

01:50tout ça utilisé pour dire, voyez l'adversaire que vous avez devant.

01:54Et ça nous révèle la structure profonde de l'espace public, je crois.

01:58J'entendais Philippe Ballard nous dire que le Front républicain

02:01ne fonctionnera plus demain.

02:03Je n'en suis pas aussi certain.

02:04De son point de vue, je le trouve très optimiste.

02:06Parce que dès lors qu'on utilise le mot extrême-droite

02:09dans l'espace public,

02:11dès lors que les journalistes, dès lors que les médias,

02:13dès lors qu'une partie même des partis de droite dit classique

02:16utilisent le mot d'extrême-droite

02:17pour parler d'une force qui rassemble des millions et des millions de Français,

02:21dès lors que vous utilisez le mot extrême-droite,

02:23vous enclenchez la mécanique du Front républicain.

02:27Dès lors que vous dites extrême-droite,

02:28la suite, c'est que vous expliquez qu'on doit bannir

02:30ce qu'on appelle l'extrême-droite.

02:32Alors, je dirais, en politique, qui dit extrême-droite ment.

02:36Alors, une fois que c'est dit,

02:37le président des LR n'en a pas appelé,

02:39il faut bien le dire, à une union des droites.

02:41Bruno Retailleau s'est retenu de faire cet appel formel à l'union des droites.

02:45Il s'est contenté de dire pas un vote pour la gauche.

02:47Et ça nous en dit beaucoup sur le fait que Bruno Retailleau,

02:49qui est un homme intelligent, construit,

02:51dont tous connaissent les qualités,

02:53au dernier moment, s'interdit lui-même

02:55cette union des droites, entre guillemets.

02:57Pourquoi?

02:58Parce que tout comme Philippe Ballard aussi,

02:59chaque parti se dit, la vraie droite, c'est moi,

03:01ou le vrai camp national, c'est moi.

03:03Il y a une culture à droite, en fait,

03:05qui consiste à ne pas vouloir s'allier avec son prochain

03:07et à considérer que c'est normal que la gauche unise,

03:09ce n'est pas normal que la droite de son côté le fasse.

03:12Et j'y reviens.

03:13Et chaque fois qu'on nous sort ces temps-ci un peu à la logique à Rouchy,

03:16« Ah, je préfère le RN que LFI, le RN que LFI. »

03:20Dans les faits, il faudra poser la question maintenant,

03:22systématiquement à tous ces gens,

03:24le RN et le LPS, le RN et les écolos,

03:27le RN et les communistes, comment voteriez-vous?

03:29Et là, soudainement, ça va être beaucoup plus clair

03:30de savoir dans quel espace mental les uns et les autres s'inscrivent.

03:33Sous-titrage Société Radio-Canada

L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Quand la gauche fascise le RN»

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