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  • il y a 2 jours
Les clefs d'une vie - Nicolas Beuglet

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-12-03##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Le maître du thriller que vous êtes devenu a choisi un décor de neige éternel
00:10pour raconter une histoire à vous glacer le sang.
00:13Les contes vous ont également inspiré une histoire sans doute
00:17de démontrer que les bons contes peuvent aussi faire les bons lecteurs.
00:20Bonjour Nicolas Veuglet.
00:21Bonjour.
00:22Alors vous êtes un des maîtres du thriller en France, on va expliquer pourquoi.
00:25Publié chez XO Éditions Transylvania, qu'on va évoquer aussi.
00:29Et le principe des clés d'une vie, c'est d'évoquer votre parcours
00:31qui est riche en rebondissements à travers des dates clés.
00:35Et la première date que j'ai trouvée ne correspond pas exactement à votre parcours
00:39mais elle est importante dans votre vie.
00:41Le 17 décembre 1986 est sorti ce film.
00:45Ah oui.
00:50Le nom de la rose, un drame médiéval adapté du roman d'Humberto Eco.
00:54Et ce film vous a marqué la vie Nicolas Veuglet ?
00:56Oui, mais même j'ai des frissons rien que d'entendre les cloches encore de ce film.
01:00C'est étonnant parce que je l'ai revu il n'y a pas longtemps pour voir s'il me faisait
01:02toujours le même effet et je le trouve toujours aussi parfait.
01:05Et dans la narration, et dans l'ambiance, et dans le propos philosophique qu'il y a
01:08derrière, qui est quand même accessible.
01:10Et j'avais eu la chance de rencontrer Jean-Jacques Hanot en plus pour lui poser des questions
01:13sur le film et j'ai appris beaucoup de choses très très intéressantes sur la réalisation
01:16qui pour moi est le meilleur film que j'ai jamais vu.
01:20Voilà.
01:20En même temps, il a engagé Sean Connery.
01:23Il ne voulait pas au départ d'acteur célèbre.
01:25Et Sean Connery lui dit « Je veux faire ce rôle ».
01:26Il a insisté et Hanot l'a écouté.
01:28Oui, il l'a écouté.
01:29Et Humberto Eco ne voulait pas Sean Connery.
01:31Il disait « James Bond dans mon film, pas du tout, ça n'a rien à voir ».
01:34Et après il a reconnu, il a dit « Non, mais c'est Guillaume de Baskerville ».
01:38Alors, il se trouve que vous avez 15 ans, Nicolas Beuglet, et que vous découvrez ce film
01:42et que c'est un véritable choc à la sortie du cinéma.
01:45Oui, parce que c'était la première fois que je pense que j'ai été confronté
01:48à quelque chose d'aussi intense et d'aussi cru également.
01:52Parce que l'histoire, c'est quand même ce moine qui va avec son apprenti
01:57dans cette abbaye perdue au fin fond de l'Italie
02:00et qui va enquêter sur des crimes très étranges qui se déroulent là-bas
02:03où il y a une espèce de pacte du silence.
02:05Personne n'ose dire quoi que ce soit.
02:07On sent bien qu'il y a des gens qui savent mais qui se cachent.
02:10Donc il va y avoir une véritable enquête et qui tient bien la route en plus.
02:13C'est-à-dire que les indices sont cohérents, ça nous fait progresser dans l'histoire,
02:17les personnages sont inquiétants.
02:19Et puis il y a de l'amour aussi.
02:22Il y a de l'amour et je pense que c'est ça aussi cette scène-là qui m'avait marqué.
02:24Cette scène entre Hadzo, qui est jouée par Christian Slater à l'époque,
02:27qui est à mon âge, il a 15 ans,
02:28et qui va reconnaître l'amour charnel avec cette « souillonne »
02:34parce que c'est comme ça qu'elle est présentée dans le film.
02:35Et cette scène était très crue pour l'époque.
02:39Oui, d'autant plus que Jean-Jacques Hanot n'avait absolument pas prévenu ce jeune garçon
02:42de ce qu'il allait lui arriver.
02:43Exactement, il avait demandé à l'actrice dont j'ai oublié le nom de lui dire
02:46« Écoute, Christian Slater n'a pas, entre guillemets, connu de femme jusqu'ici,
02:53il va falloir que tu prennes tout en main.
02:55Je ne lui ai pas dit jusqu'où vraiment ça allait.
02:57Sa maman est là sur le plateau au cas où il y a un souci. »
02:59Et en fait, ils ont tourné la scène.
03:01Et là où c'est absolument extraordinaire,
03:03c'est que Jean-Jacques Hanot racontait dans l'interview que j'avais faite
03:05que la scène terminée, qui a été prise en une fois,
03:09il n'était que lui dans la salle des cuisines
03:12avec son chef opérateur et son camarade.
03:14Et il dit donc aux comédiens « C'est bon, merci, coupez, on a ce qu'il faut. »
03:17Et en fait, les comédiens ne bougent pas.
03:19Il dit « C'est bizarre, qu'est-ce qui se passe ? »
03:21Ils sont enlacés l'un et l'autre.
03:23Et donc, il répète « C'est terminé, vous pouvez vous lever, revenir,
03:27et ne bougent toujours pas. »
03:28Et là, il s'est tué et il a compris qu'il s'était passé quelque chose
03:31certainement de plus fort encore que ce que la caméra avait capté
03:33entre ces deux êtres.
03:34Il y a quelque chose qui vous a marqué aussi dans ce film, Nicolas Beuglet,
03:38c'est la philosophie à travers l'histoire.
03:40C'était la première fois que je voyais un film qui,
03:43au-delà de l'enquête, au-delà du suspense,
03:46au-delà de l'atmosphère, me délivrait un message profond
03:49sur une question qui était celle, en l'occurrence, du rire
03:52dans « Le nom de la rose ».
03:54Moi, ça m'a marqué.
03:55Et c'est marrant que vous me le disiez maintenant.
03:56Et en le disant, je me rends compte que c'est ce que j'essaye de faire
03:58dans tous mes livres aujourd'hui.
04:00C'est raconter une bonne histoire, si possible,
04:03mais en ayant une valeur ajoutée, peut-être un peu scientifique,
04:06historique, philosophique, je ne sais pas.
04:07Oui, mais en même temps, les questions,
04:09ça fait partie de votre quotidien depuis toujours.
04:11Vous avez toujours recherché le pourquoi du pourquoi.
04:14Oui, je suis, je pense, né comme plein d'enfants
04:17avec cette envie de toujours le comprendre, le pourquoi du pourquoi.
04:19La dernière question, la première question du pourquoi dont je me souviens,
04:23c'est qu'on avait un ami qui travaillait au CNES,
04:25donc qui s'occupait des fusées Ariane.
04:27Et j'avais dit, j'aimerais te poser une question,
04:30il y a quoi après l'espace ?
04:32Et ça avait fait rire tout le monde autour de la table
04:33parce que forcément, cette question n'avait a priori pas de sens.
04:37Et pourtant, si.
04:38Et aujourd'hui, je maintiens qu'elle a du sens.
04:40Ça posait la question de l'infini, de l'univers et autres.
04:43Et on ne m'a pas répondu.
04:44Mais je me souviens que très tôt, oui,
04:46j'ai voulu savoir le pourquoi du pourquoi du pourquoi.
04:47Ce n'est pas forcément un avantage tous les jours.
04:49Non, ce n'est pas facile.
04:51Et puis, il y a le passé aussi qui vous intéresse.
04:53Et le passé, vous l'avez cultivé en passant une partie de votre enfance
04:56dans le Périgord, en découvrant les grottes.
04:58Exactement.
04:59J'ai grandi dans le Périgord, pendant mes vacances en tout cas,
05:02au Bug, exactement.
05:03Donc, à côté des lieux historiques de châteaux forts,
05:08mais aussi de grottes.
05:09Et c'est vrai que dans quasiment tous mes livres,
05:11on va parler de grottes.
05:12Et pourquoi on en parle ?
05:13Parce que vous disiez tout à l'heure que mon obsession,
05:15c'était de connaître le pourquoi du pourquoi.
05:16Donc, l'origine.
05:18Et l'origine de notre humanité,
05:20elle est passée par les grottes à un moment ou à un autre.
05:23Et donc, ça m'intéresse de questionner ce lieu-là.
05:25Oui, il y a des peintures dans les grottes du Périgord
05:27dont on ne peut pas donner la date
05:29parce qu'il n'y avait pas de charbon.
05:30Et sans le charbon, on ne peut pas identifier
05:32exactement la date de la peinture.
05:34Non, on ne pouvait pas les dater.
05:35Mais là, il y a une grotte à laquelle je pense
05:38qui est encore plus intéressante.
05:39Ce ne sont pas des peintures, ce sont des gravures.
05:41Ça s'appelle la grotte au Saint-Mammouth,
05:43ou la grotte de Ruffignac.
05:43On y rentre avec un petit train
05:45et on s'enfonce pendant je ne sais pas combien de minutes
05:47dans les entrailles de la terre.
05:49Et puis, tout d'un coup, le train s'arrête.
05:50On est à moitié dans le noir.
05:51On allume quelques lumières.
05:53Et puis là, il y a le guide qui nous dit
05:54« Regardez sur votre droite ou sur votre gauche. »
05:56Et là, on voit des mammouths qui sont gravés, etc.
05:58On va plus loin dans la grotte.
05:59Et c'est là pour vous dire à quel point c'est fascinant.
06:02On descend du petit train, on chemine,
06:04on voit encore quelques gravures.
06:06Et puis là, une espèce de terrain un peu vague,
06:10sous terre, avec des trous dans le sol.
06:12Il nous dit « D'après vous, qu'est-ce que c'est que ces trous dans le sol ? »
06:14On se dit « Je ne sais pas. »
06:15Il dit « En fait, ça sont les beauges des ours,
06:18des cavernes qui vivaient là. »
06:19Et si vous regardez maintenant sur les murs,
06:21à côté des mammouths, vous allez voir des grosses griffes.
06:23Et c'est les griffes que les ours faisaient
06:26au réveil de leur hibernation.
06:28Et c'est toujours fascinant pour moi
06:30de pouvoir toucher du doigt
06:31ces époques qui furent les nôtres,
06:34je dis les nôtres en tant qu'espèce.
06:36Vous avez un côté historien, journaliste,
06:38et déjà l'imagination est née dans votre enfance
06:41avec ces jeux de rôle que vous faisiez avec vos copains.
06:44Oui, des jeux de rôle.
06:45On était pris pour des gens un petit peu bizarres à l'époque.
06:48Faire des jeux de rôle, c'était suspect,
06:49parce que souvent c'était associé à ce que nous,
06:51aujourd'hui, on associe le jeu vidéo,
06:53c'est-à-dire des gens qui sont un peu perdus dans leur imaginaire,
06:56qui sont capables d'inventer des choses terribles.
06:58Et puis il y avait eu forcément des histoires un peu bizarres
06:59avec certaines personnes déviantes, effectivement.
07:01Mais le jeu de rôle est un exercice formidable
07:03qui est même repris par les entreprises aujourd'hui
07:05pour se mettre à la place d'un personnage que l'on n'est pas
07:08et jouer autour d'une table,
07:10à vivre une aventure ensemble
07:11avec ce qu'on appelle un maître du jeu
07:12qui, au fur et à mesure de ce que nous, on décide,
07:14lui nous raconte ce qui se passe
07:15et nous emmène dans du mystère,
07:18de l'action, de l'amour
07:19et nous fait vivre une deuxième vie en réalité.
07:22Donc ça, ça a été quelque chose de très très très fort chez moi.
07:25Oui, parce qu'en plus, vous étiez souvent, Nicolas Beugler,
07:27le maître du jeu.
07:28Alors, j'étais le maître du jeu,
07:28mais je n'étais pas le meilleur.
07:29J'avais un ami qui était bien meilleur que moi,
07:31mais j'étais joueur
07:32et je jouais toujours des magiciens, en fait.
07:34C'était ça qui m'intéressait déjà,
07:35je pense, ce côté le plus, on va dire,
07:38imaginaire, de l'imaginaire du jeu de rôle.
07:41Mais comment c'est venue cette passion des jeux de rôle ?
07:44C'est venu parce que, je me souviens très bien,
07:46je crois que j'étais en CE2
07:47et vous saviez, je ne sais pas si ça se fait toujours à l'école,
07:50si mes filles m'ont dit que ça se faisait toujours,
07:51mais le dernier jour de l'école,
07:53après, avant les grandes vacances,
07:53on avait le droit d'amener des jeux de société
07:55ou des choses comme ça.
07:56Et puis, il y en a un...
07:56Et il y en a un qui était venu avec des livres
08:00dont vous êtes le héros.
08:01Moi, j'ai entendu parler de ça,
08:02mais j'étais déjà un gros lecteur.
08:03Donc, je me suis forcément intéressé.
08:05J'ai vu ça pendant l'heure de cours.
08:08J'ai découvert qu'on pouvait lire une histoire
08:09et choisir nous-mêmes la suite de ce qui allait se passer.
08:12Et en fonction de notre choix,
08:14on n'avait pas la même histoire
08:15que celle du copain d'à côté avec le même livre.
08:17Le soir même, je suis foncé jusqu'au supermarché
08:20qui n'avait pas loin de chez nous
08:22parce qu'on n'avait pas de librairie.
08:23Et j'en ai acheté je ne sais combien.
08:25Et c'est comme ça qu'est venue l'envie ensuite
08:27de découvrir la version exponentielle
08:29ou on va dire expansive du livre
08:31dont vous êtes le héros,
08:31c'est-à-dire le jeu de rôle avec les copains.
08:34Et puis, votre talent d'écrivain, Nicolas Beuglet,
08:37vous le devez principalement à une maîtresse
08:39qui en classe de cinquième
08:40a repéré une rédaction sur un sujet libre.
08:43Oui, oui.
08:45Ils ont moins ça, là, les méfis,
08:47des sujets libres en rédaction
08:48où on avait le droit de raconter ce qu'on voulait finalement.
08:50Ce qui comptait, c'était la manière dont on le disait,
08:52la qualité de la narration,
08:53la qualité de l'écriture.
08:56Et alors, c'est un peu à double tranchant,
08:59c'est-à-dire que cette maîtresse
09:00qui m'avait fait adorer la lecture,
09:02qui m'avait fait comprendre
09:02qu'au-delà des mots,
09:04il y avait aussi des émotions
09:06et qu'on pouvait les nommer
09:07et qu'on pouvait les vivre, les éprouver,
09:09tout ça, c'était extraordinaire.
09:11Et elle avait quand même eu une inquiétude un jour
09:14parce que j'avais fait une rédaction
09:16qui a priori était partie très loin dans l'imaginaire.
09:18Elle avait convoqué mes parents
09:19en leur disant, écoutez, j'ai lu la rédaction de Nicolas,
09:21je ne suis pas inquiète,
09:22mais je me demande quand même
09:23s'il a quand même bien les pieds sur terre
09:24parce que son histoire va quand même très très loin.
09:28Et mes parents, ma mère notamment,
09:29avaient eu la gentillesse et l'intelligence
09:31de me faire confiance et de dire,
09:32non, on sait qu'il a de l'imagination,
09:33mais il a les pieds sur terre, tout va bien.
09:35Et cette maîtresse m'avait ensuite énormément appris
09:37et beaucoup encouragée.
09:38Et je l'ai remercié déjà par téléphone
09:40parce que je l'ai eu il n'y a pas longtemps.
09:41C'était une dame qui était maintenant assez âgée,
09:43mais dans un livre aussi
09:44qui était l'être à ce prof qui a changé ma vie.
09:47Et elle avait vraiment changé ma vie
09:48parce qu'elle m'a montré
09:50que oui, je pouvais créer quelque chose
09:52chez quelqu'un en écrivant.
09:53Elle vous a aussi appris à faire des exposés.
09:55Et je crois que l'un des premiers
09:56que vous avez préparé à l'école,
09:58c'était sur Rabelais.
09:58Voilà, mais vous savez plein de choses.
10:00Effectivement, c'était sur Rabelais.
10:01Mais ce Rabelais qui utilise la langue française
10:04de façon vraiment très originale,
10:08même si ce mot ne veut pas dire grand-chose,
10:09mais il a une manière très presque...
10:12J'ai envie de dire que c'est un cuisinier de la langue, Rabelais.
10:15Parce qu'il aime la nourriture aussi.
10:16D'ailleurs, Penta-Gruel, etc.
10:17Tout ça, il aime la nourriture,
10:19il aime le côté paillard.
10:20Donc c'était un peu étrange pour un enfant de 15 ans
10:22d'aller explorer ce personnage-là.
10:24Mais je me suis rendu compte
10:25qu'on pouvait peut-être être homme d'église
10:29parce qu'il l'a été.
10:30Et puis aussi écrire des histoires
10:32complètement perchées
10:33avec ces géants
10:35qui nous faisaient passer dans un autre monde.
10:38Mais le plus important,
10:40c'était d'être devant la classe
10:41et de devoir raconter ce que j'avais appris
10:43pour le transmettre.
10:44Et j'ai adoré ça.
10:45Vous avez adoré.
10:47Parce qu'en général,
10:47les enfants ont toujours peur devant eux.
10:49Mais moi, j'ai adoré
10:50comprendre des choses que je ne savais pas
10:52et me dire, c'est génial,
10:54je vais pouvoir le diffuser
10:55et l'apprendre aux autres
10:56ou en tout cas,
10:56leur proposer de l'apprendre.
10:58Et ce sentiment-là,
10:58je l'ai toujours aujourd'hui.
11:00La preuve, vous êtes à ce micro très à l'aise.
11:02Et on va continuer à parler de votre parcours
11:04à travers une autre date,
11:05le 7 décembre 2000.
11:06A tout de suite sur Sud Radio
11:07avec Nicolas Beuglet.
11:09Sud Radio, les clés d'une vie.
11:11Jacques Pessis.
11:12Sud Radio, les clés d'une vie.
11:13Mon invité Nicolas Beuglet.
11:15Nous évoquerons tout à l'heure
11:16chez XO Éditions
11:17votre nouveau thriller,
11:19Transylvania,
11:20absolument passionnant
11:21et qui vous glace le sang,
11:22si j'ose dire.
11:23On l'expliquera pourquoi.
11:24On en revient à votre parcours.
11:25On a évoqué vos débuts.
11:27Et le 7 décembre 2000,
11:28alors je crois que c'est
11:29votre première apparition
11:30à la télévision publique
11:31dans cette émission.
11:35Un envoyé spécial consacré
11:37à la Portomania.
11:38Et vous êtes interviewé.
11:40Ah oui, oula,
11:41j'avais complètement oublié.
11:42Alors je travaillais effectivement
11:43déjà en télévision
11:44à Fun TV.
11:46Fun TV qui était
11:46une petite chaîne de télévision
11:48qui appartenait en partie
11:49à M6.
11:50Et on faisait de la télé.
11:51Et j'avais une émission
11:52consacrée aux jeux vidéo,
11:53effectivement.
11:54Donc j'étais un des spécialistes
11:55du jeu vidéo
11:56avec mes équipes.
11:57Et l'envoyé spécial
11:59était venu nous voir
11:59pour parler de
12:01la fascination
12:03qu'il y avait autour
12:04des Pokémon.
12:04Voilà.
12:05Oui, ça a existé
12:06depuis quelques années,
12:074 ans.
12:08Et je crois qu'on avait vendu
12:0956 millions d'exemplaires
12:10dans le monde.
12:11C'était extraordinaire.
12:12Et vous évoquez les Pokémon
12:14en disant
12:14attention à la dérive
12:16mercantile du phénomène.
12:17Oui, parce qu'en fait,
12:18on avait à la base
12:19on va dire
12:21un jeu,
12:23des jeux de cartes.
12:24Et puis forcément,
12:25la licence a explosé.
12:27Donc il y a eu
12:28des jeux vidéo,
12:28il y a eu des peluches,
12:29il y a eu des films,
12:30il y a eu etc.
12:32Et moi,
12:32qui étais un petit peu
12:33impuriste,
12:34je n'aimais pas trop
12:35ce côté réappropriation
12:37sur tous les médias
12:37pour ne pas raconter
12:38quelque chose de plus.
12:39C'était juste
12:40réutiliser l'image.
12:41Après,
12:42ce dont je me souviens
12:42et qui a un petit clin d'œil
12:43peut-être un peu acide
12:45à l'égard de mes confrères
12:46qui étaient venus me voir,
12:47je me souviens
12:47qu'on avait passé
12:48je ne sais pas combien de temps
12:48à faire l'interview
12:49et on m'avait fait marcher
12:52dans un couloir
12:53pour que...
12:54etc.
12:56Et je crois qu'on avait gardé
12:5710 secondes
12:58de mon propos.
12:59Ce que j'ai découvert
13:00plus tard était pas mal.
13:02C'est Claude Darget
13:03qui était un des pionniers
13:04de la télé
13:04qui disait
13:05la télévision
13:05c'est 8 heures de travail
13:07et d'attente
13:07pour une minute de génie.
13:09Oui, oui.
13:09Je ne sais pas
13:10si c'était du génie
13:11mais en tout cas
13:11moi,
13:12ce n'est pas ça
13:12que j'aurais pris
13:13dans l'interview
13:13si j'avais fait le reportage.
13:15Mais ça,
13:15c'est autre chose.
13:15C'est autre chose.
13:16Alors il se trouve
13:16qu'à l'époque
13:17les Pokémon étaient célèbres.
13:22pensées,
13:23plusieurs dizaines d'euros
13:23et le commerce
13:24vous connaissez bien
13:25puisque au départ
13:26Nicolas Beuglet
13:27vous avez fait
13:27une école de commerce.
13:28Oui,
13:28j'ai fait l'EDEC
13:29effectivement.
13:31Je voulais absolument
13:32travailler
13:32dans la création
13:34publicitaire,
13:35la communication
13:36etc.
13:38Donc j'ai fait
13:39une prépa
13:39et puis je suis rentré
13:40dans cette école
13:41j'étais sur le site
13:43de Nice
13:43et en fait
13:44au bout de
13:45je ne sais pas
13:46une semaine,
13:46deux semaines
13:47je me suis dit
13:48mais en fait
13:48ce n'est pas du tout
13:49ce que je veux faire.
13:51C'est un peu tard.
13:52Oui c'est un peu tard
13:53sauf que
13:53en fait
13:54mais j'avais quand même
13:55un plan B
13:55c'est-à-dire que
13:56pour l'anecdote
13:57comme je m'ennuyais
13:58beaucoup dans les cours
13:59parce que ça ne m'intéressait pas
14:00j'écrivais des petits mots
14:02aux filles en fait
14:02c'est le truc à l'ancienne
14:03de CP
14:04mais moi j'avais gardé ça
14:05même en prépa
14:06etc.
14:06Et il se trouve
14:07qu'à la fin d'un cours
14:08il y a une de ces filles
14:09qui vient me voir
14:09qui me dit
14:10ouais j'ai reçu
14:10un de tes mots
14:11et tout
14:11moi j'étais tout content
14:12parce que je la trouvais jolie
14:13je me dis super
14:13ça a marché
14:14on trouve
14:16je trouve que t'écris pas mal
14:18je fais partie d'une association
14:19on cherche quelqu'un
14:20avec une plume
14:20pour pouvoir écrire
14:21les communiqués de presse
14:22est-ce que ça t'intéresse ?
14:22Bon c'est pas du tout
14:23ce que je voulais faire
14:23mais je lui ai dit
14:24écoute
14:24pourquoi pas
14:26je veux bien essayer
14:27et en fait j'ai adoré écrire
14:28j'ai adoré
14:29ensuite voir
14:31mon communiqué de presse
14:32passer dans le journal
14:33repris texto
14:34signé par un journaliste
14:35qui n'était pas moi
14:36et que j'ai appelé
14:36en lui disant
14:37mais dites donc
14:37c'est moi qui ai écrit
14:39pourquoi c'est signe de votre nom
14:40ah mais le prochain
14:41si vous voulez on le fera
14:42et c'est comme ça
14:42que c'est né
14:43en parallèle des exposés
14:45que j'ai continué à faire
14:46en école
14:46et en fait je m'éclatais
14:48qu'en faisant des exposés
14:49mais pas sur la compta
14:51pas sur le marketing
14:52tout ça
14:52ça m'intéressait pas en fait
14:53et tout en faisant
14:55cette école
14:55vous avez commencé
14:56à travailler
14:57au Figaro étudiant
14:58qui était à l'époque
14:59un supplément
14:59du lundi du Figaro
15:00destiné aux parents
15:02aux futurs élèves
15:02et le bureau
15:03était rue du Louvre
15:04dans l'immeuble
15:05où Emmanuel Dacier
15:07de la Vigerie
15:08s'est installé
15:08pour créer libération
15:09au lendemain de la guerre
15:10et ensuite
15:11où il y a eu
15:11Hit Magazine
15:12et c'est vrai
15:13comment vous êtes arrivé
15:14au Figaro ?
15:15mais parce qu'en fait
15:15c'était ce journal-là
15:16qui avait repris
15:17mon communiqué de presse
15:18et que j'ai appelé
15:19et qui a eu
15:20cette super intelligence
15:21quand même
15:21parce que maintenant
15:22aujourd'hui
15:22on peut même pas
15:23appeler le journaliste
15:23en question
15:24on l'a pas au téléphone
15:25il répond pas
15:26là je l'ai eu
15:27et il m'avait dit
15:27bah ouais
15:28écoute si tu veux
15:29le prochain
15:29on pourra le publier
15:30de ton nom
15:31et comme ils ont vu
15:32que l'écriture
15:32que je proposais
15:34leur convenait
15:34ils m'ont dit
15:35tu deviens
15:36si tu le souhaites
15:36notre correspondant
15:37au Figaro étudiant
15:38à Nice
15:38et en fait
15:39je faisais mes cours
15:41la journée
15:41je m'occupais
15:42de l'association
15:43d'un raid étudiant
15:44dans une autre partie
15:45de la journée
15:46et le soir
15:46souvent j'écrivais
15:47pour me dire quoi
15:48pour me dire
15:49écoute Nicolas
15:49voilà
15:50t'as envie d'être journaliste
15:51sauf que tu vas pas
15:52arriver le bec enfariné
15:53au bout de 3 ans
15:54de tes écoles
15:55parce que tu vas quand même
15:56finir ton école
15:56et dire je veux être journaliste
15:58non tu vas dire
15:59je veux être journaliste
15:59mais regardez
16:00j'ai déjà écrit ça
16:00j'ai écrit ci
16:01j'ai écrit ça
16:01je suis capable de faire ci
16:02de faire ça
16:03donc en fait
16:03j'ai fait deux travaux
16:05en parallèle
16:05et un troisième ensuite
16:07qui est les flash radio
16:08à Europe 2
16:09qui a été vos débuts
16:10à la radio
16:10absolument
16:11qui ont été aussi
16:12mes débuts à la radio
16:13alors c'était Europe 2
16:14en fait en local
16:15tout à fait
16:16et puis je suis rentré
16:17ensuite à Fun Radio
16:19ça a été plus gros encore
16:21comment c'est arrivé ?
16:22en fait Fun Radio
16:23c'est encore une histoire
16:25un peu d'escroquerie
16:25que je peux révéler aujourd'hui
16:26c'est que
16:27escroquerie je parle
16:28de mon point de vue
16:28c'est que mon école
16:31voulait qu'on fasse
16:31un stage de fin d'année
16:32forcément de troisième année
16:33et moi j'ai dit
16:34mais en fait
16:34si je peux pas faire
16:35mon stage dans une rédaction
16:36je suis cuit
16:37donc il faut absolument
16:38que je trouve
16:39dans un média
16:40par le Figaro étudiant
16:42je passe les détails
16:44je trouve un contact
16:45chez Fun Radio
16:45et je leur dis
16:46en fait moi
16:47je veux venir travailler
16:47chez vous
16:48ils me disent
16:48ok on va se voir
16:50donc j'ai vu le rédacteur
16:51en chef et tout
16:52tout est bon
16:53sauf que mon école
16:54me dit
16:54ah bah non
16:54mais nous on te refuse
16:55une convention de stage
16:56pour aller faire
16:57le journaliste
16:59nous on veut que tu travailles
16:59dans le marketing
17:00comme ta majeure
17:01j'ai fait
17:03mais là vous êtes en train
17:04de me ruiner mon parcours
17:05quoi c'est pas possible
17:06ouais mais c'est comme si
17:07c'est comme ça
17:07sinon tu vas ailleurs
17:08et donc j'ai fait ok
17:09je vais le faire dans la communication
17:11et donc j'ai menti
17:13et voilà
17:13mais ça vous a porté bonheur
17:14puisqu'ensuite
17:15il faut savoir qu'à l'époque
17:16M6 est encore artisanal
17:18et que vous avez pu faire
17:19votre chemin
17:20et commencer à devenir
17:21animateur et producteur
17:22Nicolas Beuglet
17:23oui parce qu'en fait
17:23à Fun Radio
17:24ce qui s'est passé
17:25c'est que pendant ce stage
17:26à la fin du stage
17:27on m'a dit
17:27ah bah on va faire des tests
17:29pour la rentrée
17:29pour cet été
17:30trouver des remplaçants
17:31et tout
17:31donc on a fait tous des tests
17:33les stagiaires
17:33et j'ai eu la chance
17:34d'être pris
17:35et ils m'ont dit
17:36bah tu fais les cet été
17:38tu fais les flash infos
17:39en national
17:40pour moi c'était impensable
17:41d'être directement projeté là
17:43et à la fin de l'été
17:44ils m'ont dit
17:45on est hyper content
17:45de ce que t'as fait
17:46on t'embauche
17:46donc j'ai été embauché
17:47avant même d'avoir fini
17:49mes études en réalité
17:50pour être journaliste
17:51à Fun Radio
17:51faire des flash infos
17:53faire des rubriques
17:53sur les jeux vidéo
17:54et après c'est créer
17:55Fun TV et M6
17:57oui et là Nicolas Beuglet
17:58vous êtes devenu un pionnier
18:00parce qu'à l'époque
18:01ça ne se faisait pas
18:01des émissions de nostalgie
18:02qu'on voit encore aujourd'hui
18:03à la télévision
18:04oui alors ça c'est
18:05quand je suis arrivé
18:05après Fun TV
18:07quand je suis arrivé à M6
18:08évidemment
18:09effectivement
18:10et c'était des émissions
18:12sur les années 80
18:13les années 70
18:14les années 90
18:14on revenait sur les grands succès
18:16musicaux
18:17cinéma
18:17séries
18:18sauf que
18:18et on revient à mon obsession
18:20on racontait
18:21l'histoire
18:21de ces événements
18:22artistiques
18:24mais on apprenait
18:25quelque chose aux gens
18:25on disait
18:25mais ça vous croyez
18:26tout savoir
18:27sur ce film
18:27cette chanson
18:28mais en fait
18:28vous ne saviez pas
18:29que etc
18:29et l'émission
18:30a été diffusée
18:31en quotidienne
18:32à 17h
18:33et j'ai co-animé
18:34avec Valentine Arnault
18:35à l'époque
18:35et on a réussi
18:37à faire des scores
18:37qui étaient
18:38très très très bons
18:39comme on dit
18:40sur la ménagère
18:40de moins de 50 ans
18:41c'est comme ça
18:42qu'elle s'appelait
18:42à l'époque
18:42et donc on nous a gardé
18:44pendant je ne sais plus
18:45combien d'années
18:45et on a changé d'émission
18:46et ça a duré
18:47plus de 10 ans
18:48oui vous évoquiez
18:49les débuts de Goldorak
18:50de Supercopter
18:51tous les secrétiers d'émission
18:52Goldorak
18:53je rappelle que personne
18:54n'en voulait
18:55la télévision
18:56que Jacqueline Joubert
18:56a insisté en 78
18:58pendant l'été
18:58de mettre quelques épisodes
19:00dans le récréadeur de Dorothée
19:01et que ça a cartonné
19:02oui alors après
19:03il y a eu plein de reproches
19:04c'est-à-dire qu'aujourd'hui
19:05ce qui était diffusé
19:06à notre époque
19:06serait quasi indiffusable
19:08sur le service public
19:09ou sur TF1
19:10mais on peut quand même dire
19:12que grâce à Dorothée
19:13on a découvert
19:14les mangas en France
19:14c'est elle qui a importé ça
19:16en fait sur le territoire français
19:17alors certes
19:18en tant que parent
19:18aujourd'hui
19:19il y a des dessins animés
19:20que j'aurais dit
19:22à mes filles
19:22tu ne peux pas regarder ça
19:23bon moi il se trouve
19:24que j'adorais à l'époque
19:25et que je pense que mes parents
19:26ne se rendaient pas compte
19:27exactement
19:27je suis équilibré
19:28tout va bien
19:29mais alors en plus
19:31vous découvrez les séries télé
19:32il y a une série
19:33qui vous a marqué à l'époque
19:34et ça a été important
19:35dans votre parcours
19:36Nicolas Beuglet
19:37c'est 24h chrono
19:38je pense que tout le monde
19:40les gens de mon âge
19:42à peu près
19:42ont dû la voir
19:43cette série avec
19:44Kiefer Sutherland
19:45qui a été une révolution
19:46dans la manière
19:47de raconter une histoire
19:48c'est-à-dire que le projet
19:49c'était de dire
19:50vous allez voir un épisode
19:51et tout se passe
19:51en temps réel
19:52chaque minute que vous regardez
19:54c'est une minute
19:54qui se déroule
19:55dans l'histoire en vrai
19:56ça c'était le projet
19:58et la réalisation
19:59était basée
20:00sur le concept de
20:01et c'était les réalisateurs
20:02qui disaient
20:02more surprises
20:03more surprises
20:04more surprises
20:05toutes les 10 minutes
20:06on avait une espèce
20:07de retournement de situation
20:08tout en gardant
20:09une cohérence
20:10avec l'ensemble
20:11donc c'était ultra addictif
20:14même si parfois
20:15ça partait hyper loin
20:16c'était d'une intensité
20:19qui je pense
20:19n'a jamais été égalée
20:20aujourd'hui
20:21en fait cette série
20:22a eu 9 saisons
20:23de 24 épisodes
20:23et c'est la série
20:25d'actions dramatiques
20:26comportant le plus d'épisodes
20:27devant Mission Impossible
20:28Les Chapeaux Blancs et Bote de Clive
20:29j'ignorais
20:30il se trouve que finalement
20:32vous auriez pu faire
20:33votre carrière
20:33devenir directeur
20:34à M6
20:35on me l'a proposé
20:37d'ailleurs
20:37quand j'étais à Fun TV
20:38de devenir directeur
20:40de la chaîne
20:40pas de la chaîne
20:42M6
20:42ça m'a dit de Fun TV
20:43et en fait
20:43j'ai beaucoup réfléchi
20:44et je me suis dit
20:45ouais c'est tentant
20:46c'est flatteur
20:47c'est peut-être agréable
20:48mais est-ce que c'est vraiment
20:50ce qui te ferait plaisir
20:52et ce que t'as envie de faire
20:52en fait là
20:53ce que t'es en train de faire
20:54c'est ce que tu rêves de faire
20:55t'es rédac chef
20:55d'une équipe de journalistes
20:56que t'adore
20:57t'arrives toi-même
20:59à faire des reportages
21:00quand t'as le temps
21:00et quand tu peux le faire
21:01tu touches
21:02t'as les mains dans le cambouis
21:03tu fabriques
21:04tu crées
21:04est-ce que c'est ce que tu vas faire
21:06quand tu seras patron
21:07ça m'étonnerait
21:07je pense que tu vas plus gérer
21:09des problèmes qu'autre chose
21:09et donc j'avais refusé
21:11et sans aucun regret aujourd'hui
21:13et votre destin a changé
21:15et on va l'évoquer
21:16à travers une autre date
21:17le 25 septembre 2018
21:19à tout de suite sur Sud Radio
21:20avec Nicolas Beuglet
21:22Sud Radio
21:23les clés d'une vie
21:24Jacques Pessis
21:25Sud Radio
21:26les clés d'une vie
21:26mon invité Nicolas Beuglet
21:28nous parlerons tout à l'heure
21:29de Transylvania
21:30ce roman
21:31chez Exposition
21:32qui n'est pas véritablement
21:33un conte de fées
21:34même si les contes sont présents
21:35une date importante
21:37dans votre parcours
21:37le 25 septembre 2018
21:39ce soir-là
21:41vous recevez un prix
21:42à la BNF
21:43les nouvelles voix du Polar
21:45pour le cri
21:45effectivement
21:47c'est le lancement
21:49de ma vie d'écrivain
21:51officielle
21:52parce que j'avais écrit
21:53sous pseudo avant
21:53au moins un livre
21:54mais celui-ci
21:55c'était vraiment
21:55celui que j'écrivais sous mon nom
21:57et ça
21:57il s'est passé quelque chose
21:59d'extraordinaire
21:59parce que j'avais quitté
22:00M6 et mon CDI
22:02parce que j'avais fait
22:03vraiment le tour
22:04de ce que je voulais faire là-bas
22:05et je m'étais lancé
22:06un peu sans certitude
22:07dans l'écriture
22:09avec ce manuscrit
22:10qui est le cri
22:10je vous passe les détails
22:13mais ça a été
22:13assez compliqué
22:14d'arriver jusque là
22:15où je voulais aller
22:16je voulais absolument
22:16aller chez XO Éditions
22:17parce que je me suis dit
22:18si tu veux vivre de ta plume
22:20s'il y a un éditeur
22:21qui est capable
22:21de te donner ça
22:22c'est XO
22:23et donc je me suis dit
22:24c'est le Graal
22:25c'est eux
22:25donc c'est eux
22:26que j'avais ciblés
22:27l'entrée a été complexe
22:29mais une fois qu'ils m'ont dit oui
22:30ils m'ont déroulé
22:31vraiment le tapis rouge
22:32et puis le livre
22:33a très très bien marché
22:35et effectivement
22:35il a été couronné
22:36de ce prix
22:37du Nouvelle Voix du Polar
22:39oui le parcours du combattant
22:41c'est-à-dire que
22:41vous êtes allé le voir
22:42le manuscrit a été refusé
22:44on a travaillé plusieurs fois
22:46ça a été un aller-retour
22:47si vous voulez
22:47je peux vous raconter vite fait
22:48mais c'est que
22:49j'ai envoyé mon manuscrit
22:51chez XO
22:52et puis comme d'habitude
22:53on espère avoir un retour
22:54très rapidement
22:55un mois se passe
22:56deux mois se passe
22:57trois mois se passe
22:58et puis je ne sais plus
23:00au bout de quatre mois
23:01magique
23:02on m'appelle
23:03on m'appelle
23:03je ne reçois pas une lettre
23:04on m'appelle
23:05on dit oui
23:05Bernard Fixot
23:06Edith Leblond
23:07les directeurs de chez XO
23:09voudraient vous voir
23:10venez
23:11donc je me rends
23:12à la tour Montparnasse
23:12au 47ème étage
23:14et je vois en fait
23:15ces deux personnages
23:16qui me disent
23:17très gentiment
23:18écoutez on a adoré
23:19votre histoire
23:20mais Bernard Fixot
23:21me dit
23:22le problème c'est que
23:22vous ne savez pas écrire
23:23j'ai des détails
23:24donc là
23:25je me prends ça
23:26effectivement en pleine figure
23:27et je me dis
23:28mais qu'est-ce qu'il me dit
23:29mais pourquoi il me dit ça
23:30pourquoi il me fait venir
23:30mais qu'est-ce que je fais
23:31donc on est un peu effondré
23:34parce que là
23:34on croyait qu'on avait
23:35enfin décroché la timbale
23:37et je leur dis
23:39ok
23:39qu'est-ce que vous voulez
23:40que je fasse
23:41qu'est-ce que vous voulez
23:41que je vous réécrive
23:4150 premières pages
23:42mieux
23:43et puis on verra
23:44si vous voulez
23:45essayez ça
23:46mais en l'étant
23:46on ne peut pas vous publier
23:47donc je reviens chez moi
23:49et puis ce manuscrit
23:50que j'avais travaillé déjà
23:50pendant 5 ans
23:51je me retape les 50 pages
23:52et j'essaye d'écrire mieux
23:53donc je ne sais pas
23:54ce que ça veut dire
23:55mais j'essaye d'écrire mieux
23:56et je ne mets pas un mois
23:57à réécrire à ça
23:58et je leur renvoie
24:00et puis là
24:00on ne me prend plus au téléphone
24:02on ne me répond plus
24:03ça dure un mois, deux mois, trois mois, quatre mois
24:06j'en sais rien
24:06j'étais dans un état
24:07je leur disais
24:08mais dites-moi non
24:08mais dites-moi quelque chose
24:09et on me rappelle
24:12on me dit
24:13on veut vous revoir
24:13enfin merci
24:15j'en avais presque les larmes aux yeux
24:17donc je retourne dans cette tour mon parnage
24:18j'arrive là-haut
24:19je m'assois sur le siège
24:20j'attends presque
24:21avec le stylo dans la main
24:22pour signer le contrat
24:23et on me dit
24:23on a relu votre manuscrit
24:24c'est pire
24:25donc là j'étais effondré à l'intérieur
24:29il faut vraiment imaginer
24:29un échafaudage qui s'effondre à l'intérieur
24:31il reste juste la peau
24:32et je me dis
24:33bon
24:33soit je leur dis
24:35j'en peux plus
24:35je m'en vais
24:36parce que je ne supporte plus
24:37de retravailler ce texte-là
24:39mais je suis tout prêt
24:40tout prêt peut-être
24:41du bol de sangria
24:42comme on dit
24:43et je me dis
24:43bon
24:44tiens bon
24:44mais tu poses une question
24:45et tu oses
24:46je leur dis
24:46ok mais qu'est-ce que ça veut dire
24:47ne pas savoir écrire
24:48et bien non mais là
24:49vous avez mis vos chaussures de plomb
24:50c'est en poulet
24:51vous avez foutu des adjectifs partout
24:52c'est pas ça qu'il faut faire
24:54votre personnage principal
24:56on la connait pas
24:57vous avez le temps
24:58vous n'êtes pas en télévision
24:59avant de vous lancer dans l'enquête
25:01faites-nous découvrir
25:01votre personnage principal
25:02prenez votre temps
25:04et là ça me parle
25:04je me dis
25:05mais oui prenez votre temps
25:05ça me fait du bien même
25:06donc je dis ok
25:07là je comprends
25:08je reviens chez moi
25:09j'envis
25:09je vire les 50 pages
25:10je réécris ex nihilo
25:12le tout le début
25:12en présentant mieux
25:13mon héroïne
25:14en la mettant dans une situation
25:16un peu compliquée
25:16au départ
25:17et puis
25:18elle comprend que son mari
25:19la trompe
25:20elle claque la porte
25:21on l'appelle
25:21on lui dit maintenant
25:22il est 2h du matin
25:23il faut que tu viennes
25:24sur une enquête
25:24etc
25:24qu'est-ce qu'elle va faire
25:25elle est effondrée
25:26bon
25:26et je leur renvoie
25:28et là 3 jours après
25:29il me rappelle
25:29il me disait
25:30écoutez on a lu
25:30c'est formidable
25:31si vous êtes toujours ok
25:32on signe
25:33on vous propose tant d'avaloir
25:34on vous propose tant de tirages
25:35et c'était gros avaloir
25:36des gros tirages
25:37et on va faire un truc formidable
25:39et ils ont obtenu
25:40toutes les promesses
25:41et derrière
25:42on a eu un succès
25:45qui était à la hauteur
25:46de l'investissement
25:47qu'ils avaient mis
25:47et puis moi de l'énergie
25:48que j'avais mis aussi
25:48et en même temps
25:50le premier roman
25:51ce n'était pas si mal passé que ça
25:52vous avez publié
25:53sous le nom de Nicolas Skerz
25:54parce que vous travaillez encore
25:55à M6
25:55et là aussi
25:56ça avait été un périple
25:57parce que le premier éditeur
25:58avait fait faillite
25:59c'était Nicolas Veuglé
26:00exactement
26:00c'était les éditions Gutenberg
26:02et c'était Stéphane Belfont
26:04et aussi mes salutations
26:05parce que c'est quand même
26:06grâce à lui
26:06que j'en suis arrivé là
26:07qui m'avait dit
26:08écoute moi
26:09je ne vais pas y arriver
26:10mais je veux bien devenir ton agent
26:12pour essayer de trouver un éditeur
26:13qui soit à la hauteur de ton texte
26:15et il m'avait aidé
26:16à trouver Michel Laffont
26:17à l'époque
26:18et donc j'avais sorti ça
26:20chez Michel Laffont
26:20après il se trouve
26:21que je leur avais proposé
26:22le manuscrit du cri
26:23et puis ça n'avait pas donné suite
26:24pour X raisons
26:25et donc j'étais parti
26:26et c'est comme ça
26:27qui a démarré l'histoire
26:28et puis le cri
26:29a une caractéristique
26:31qui était celle
26:31de tous vos romans
26:32vous partiez d'un fait authentique
26:34et là c'était le cas
26:36toujours partir
26:37d'un fait réel
26:37d'un fait réel scientifique
26:39historique
26:39si possible
26:40peu connu
26:41mais aux grosses conséquences
26:42sur notre vie
26:43sur notre civilisation
26:44et
26:45tricoter une intrigue
26:48autour de ça
26:49et de telle sorte
26:49que vous
26:50vous lecteur
26:50vous ayez du suspense
26:52vous ayez du mystère
26:53vous ayez de la peur
26:53vous ayez toutes ces émotions là
26:55et qu'en plus
26:55vous puissiez vous dire
26:56ça je ne savais pas
26:57ça j'ai appris quelque chose
26:58ça ça me fait réfléchir
27:00ça je ne suis pas d'accord
27:01mais je vais quand même vérifier
27:02si c'est vrai
27:03etc etc
27:03et le CRI je crois
27:05Nicolas Beuglet
27:05c'était un programme
27:06de recherche scientifique
27:07très important
27:08et le premier titre du livre
27:10c'était
27:11Patient 488
27:12oui exactement
27:13parce que
27:14en fait l'histoire du CRI
27:16elle est basée
27:17sur un projet
27:17qui a été mené
27:18par la CIA
27:19dans les années 60-70
27:20qui s'appelle
27:21le projet MK Ultra
27:22MK pour Mind Control
27:23et qui n'est pas du tout
27:24une invention
27:24complotiste du tout
27:26puisqu'il y a eu
27:27un rapport sénatorial
27:28de 1977
27:30commandé par les américains
27:31et puis que même Clinton
27:32plus tard a demandé pardon
27:34aux américains
27:35d'avoir
27:35entre guillemets
27:37couvert
27:38après coup
27:39ce programme
27:39puisque
27:40la CIA avait fait
27:41en fait des expériences
27:42sur le contrôle du cerveau
27:44sur des personnes
27:45non consentantes
27:46sur des cobayes
27:47non consentantes
27:47dans des hôpitaux
27:48dans mon
27:48chez parfois
27:51des prostituées
27:51sur des personnes
27:53qui avaient des soucis mentaux
27:54etc
27:54et pas qu'aux Etats-Unis
27:56aussi au Canada
27:56et probablement aussi
27:58en Norvège
27:58dans l'hôpital
27:59où se passe le début
28:00de l'histoire du CRI
28:00quoi
28:01donc il y avait
28:02ce phénomène là
28:03qui était quand même
28:04très très très fort
28:05et très documenté
28:06et ce qui était
28:07assez fascinant
28:08c'était de retrouver
28:09toutes les auditions
28:10des personnes de la CIA
28:11qu'on pouvait télécharger
28:12sur le rapport
28:13notamment sur le site
28:15du New York Times
28:16qui avait révélé l'affaire
28:16oui parce que
28:17chaque livre
28:18pour vous
28:19ce sont des recherches
28:20qui durent très longtemps
28:21oui mais c'est un plaisir
28:22les recherches
28:22mais c'est un plaisir
28:23parce que moi
28:23comme je vous le disais
28:24au début tout à l'heure
28:25mon plaisir c'est d'apprendre
28:26et puis de faire comprendre
28:28de transmettre les choses
28:30ça c'est même une excitation
28:32quasi charnelle
28:33donc c'est normal
28:35de creuser le sujet
28:36jusqu'à pouvoir se dire
28:37ok là
28:38je suis allé au max du max
28:39je peux pas faire plus
28:41et qu'est-ce que je fais
28:42pour être sûr
28:42que je peux pas faire plus
28:43c'est que je me fais
28:43l'avocat du diable
28:44c'est-à-dire que
28:45dès que je vois une information
28:46qui va dans le sens
28:46de ce que je pense
28:47ou dans le sens
28:47de ce qui m'arrangerait
28:48dans mon histoire
28:49je me mets en face
28:50et je me dis
28:51non elle est peut-être fausse
28:52vérifie si elle résiste
28:53et donc c'est comme ça
28:55que je travaille
28:55et c'est ça qui prend du temps
28:56c'est la vérification
28:58de l'information
28:58c'est pas tellement
28:59de la trouver
28:59et la deuxième chose
29:01qui prend du temps
29:01c'est une fois
29:02qu'on a appris les choses
29:03c'est de se dire
29:05est-ce que je suis capable
29:06de raconter à un enfant
29:07de 7 ans
29:08tout ce que j'ai appris
29:09si je suis pas capable
29:10c'est que je l'ai pas compris
29:11et c'est que donc
29:12dans mon histoire
29:13dans mon livre
29:13ça va faire tâche
29:14ça va être plaqué
29:15et ça va pas être raconté
29:16oui la vérification
29:18c'est la base du journalisme
29:19même s'il y a
29:20des fausses informations
29:21Pierre Lazarev disait
29:22une information
29:23elles sont démenties
29:24ça fait deux informations
29:25ouais c'est vrai
29:26mais il y a aussi
29:27une chose très importante
29:28vous êtes à la fois
29:29dans chacun de vos livres
29:30Nicolas Beuglet
29:31l'auteur et le lecteur
29:32oui c'est-à-dire qu'il faut
29:34toujours jouer
29:35à une partie d'échec
29:36contre soi-même
29:37c'est-à-dire qu'on doit
29:38moi en tout cas
29:39je n'écris pas que pour moi
29:41ça me fait plaisir d'écrire
29:42ça me fait plaisir
29:43de raconter des histoires
29:44mais je ne cesse
29:45de me demander
29:46quels sont les effets
29:48de chacun de mes mots
29:49dans la tête de la personne
29:50qui va me lire
29:50toujours
29:51et puis vous avez inventé
29:52un personnage de femme flic
29:53qui a servi pendant trois livres
29:54ce qui n'était pas si courant
29:56à l'époque
29:56parce qu'il y en avait
29:58à la télévision
29:58mais pas dans la littérature
29:59non mais étonnamment
30:01je ne l'ai pas fait
30:01par contre-pied
30:02je l'ai fait parce qu'elle
30:03m'est venue comme ça
30:04Sarah Geringen
30:04j'avais envie d'exploiter
30:06ce personnage féminin
30:09peut-être aussi
30:10parce que c'est plus facile
30:11de mettre dans un personnage
30:12qui ne nous ressemble pas du tout
30:13plein de choses de nous
30:14comme ça on ne nous pose pas
30:14la question
30:15on ne nous dit pas
30:15mais il y a quoi de vous
30:16chez le personnage
30:16puisque c'est une femme
30:17en même temps
30:19beaucoup ont comparé
30:20votre personnage
30:21à Martine Monteil
30:22qui a été la première
30:23majeure d'une promotion
30:24de commissaire
30:25première à la tête
30:26de la brigade criminelle
30:27première femme
30:28à la direction
30:29de la PJ parisienne
30:30et première femme
30:31à la tête
30:31de la PJ française
30:32oui alors après
30:34Sarah Geringen
30:35n'a pas un palmarès
30:36aussi décoré que ça
30:38et ce qui m'intéressait
30:40au-delà de sa compétence
30:41et de ses réussites
30:42c'était
30:43c'était ses émotions
30:47sa manière de gérer
30:48les situations
30:48ce que j'aime bien
30:49chez Sarah
30:50c'est qu'elle est
30:50très très froide
30:51c'est une femme
30:53par exemple
30:53qui ne serre jamais
30:54la main
30:54des gens
30:55avec qui
30:55elle va avoir
30:57une discussion
30:58parce qu'elle se dit
30:58serrer une main
30:59c'est déjà créer un lien
31:00et moi je dois rester
31:01absolument
31:01je ne dois pas
31:04me mettre
31:05émotionnellement
31:05dans une relation
31:06donc il y a ça
31:07il y a le fait
31:08qu'elle ne supporte pas
31:08que ses collègues
31:09fassent des blagues
31:09pour se détendre
31:10sur une scène de crime
31:11parce qu'elle se dit
31:12mais non
31:12mais la victime
31:12mérite mieux que ça
31:13donc voilà
31:13ça c'est des choses
31:14qui m'intéressaient
31:15à raconter chez elle
31:15oui et puis
31:16vous avez une caractéristique
31:17aussi qui est très complexe
31:18à assurer
31:19c'est que chaque fin de chapitre
31:21doit être un suspense
31:22pour vous amener
31:22au chapitre suivant
31:23le fameux cliffhanger
31:24oui
31:25ça
31:2624 heures m'y a aidé
31:28la série
31:29mais je l'ai aussi
31:30l'air de rien
31:31si on regarde bien
31:32c'est un défaut
31:34ou une qualité
31:35qu'on apprend en télévision
31:36qui est la crainte du zapping
31:38c'est à dire que nous
31:38quand on construit une émission
31:39on construit une émission
31:40en télévision
31:41on sait qu'on est soumis
31:42en permanence
31:43à une personne
31:44qui a une télécommande
31:44dans les mains
31:45et qu'ici il y a
31:46une demi-seconde
31:46qui ne l'intéresse pas
31:47ça s'en va
31:47donc moi il m'est resté
31:49cette espèce d'urgence
31:50dans l'écriture
31:51et puis globalement
31:53c'est ce que j'aime
31:53moi aussi lire
31:54après il faut faire
31:55hyper attention au cliffhanger
31:56parce que c'est facile
31:57de créer un suspense
31:58mais si la réponse
32:00est déceptive
32:00ou si le cliffhanger
32:01est perçu comme artificiel
32:03pour le lecteur
32:03c'est à dire
32:04oui mais bon
32:04on s'en fiche un peu
32:05d'avoir la réponse
32:06il ne nous suit pas
32:08il s'arrête
32:08donc c'est ça qui est difficile
32:10oui mais c'est un principe
32:11que connaissaient bien
32:12les éditeurs de Tintin et Spiro
32:14dans les jeunes années
32:15car à chaque planche
32:16se terminaient par un suspense
32:18pour qu'on ait envie
32:19d'acheter le journal
32:19la seule suivante
32:20mais c'est comme
32:21Crime et châtiment
32:21de Dostoyevsky
32:22il a été
32:23moi c'est un des rares
32:24que j'ai lu
32:25de Dostoyevsky
32:26et je me disais
32:27mais quelle intensité
32:28quel suspense
32:29c'est bizarre pour son époque
32:30et en fait
32:31c'était un des rares
32:31qu'il avait écrit en feuilleton
32:32ce que j'ai découvert plus tard
32:34donc effectivement
32:34pour que les gens
32:36lui achètent
32:36la suite de l'histoire
32:37il devait créer
32:38ce suspense
32:39et cela vous l'avez remarqué
32:40dès vos jeunes années
32:41en vous plongeant
32:43après l'école
32:43dans un roman
32:44qui est devenu
32:46une série de films
32:46Le Seigneur des Anneaux
32:53dont les trois volets
32:54d'ailleurs ont été tournés
32:54en même temps
32:55ce qui était un risque
32:56pour des questions d'économie
32:57et c'est vrai que
32:57Le Seigneur des Anneaux
32:58ça a marqué vos jeunes années
33:00Nicolas Beuglet
33:00Oui mais ça rejoint
33:01les jeux de rôle
33:02ça rejoint les histoires impossibles
33:03ça rejoint l'imaginaire
33:04ça rejoint le monde
33:05des possibles
33:06moi il faut savoir
33:08quelque chose
33:09c'est que
33:09on va dire
33:10de 13 à 17 ans
33:12j'ai vécu deux vies
33:13en fait
33:14c'est à dire que
33:14j'ai vécu
33:14ma vie normale
33:15d'humain dans la vraie vie
33:16dans le vrai monde
33:17et j'ai vécu
33:18ces grands moments
33:19dans des mondes imaginaires
33:20dans lesquels je me suis investi
33:21dans lesquels j'ai cru
33:22alors je faisais la différence
33:24mais
33:25quand on lit
33:27Le Seigneur des Anneaux
33:27moi je me souviens
33:28je l'ai commencé à lire
33:29je faisais un stage
33:30de natation
33:31où on nageait
33:323h le matin
33:333h l'après-midi
33:34et j'en pouvais plus
33:35et j'en avais marre
33:36la seule chose que j'attendais
33:37c'était pas de me faire des copains
33:38c'était de rentrer
33:39au dortoir
33:40et de prendre
33:41Mon Seigneur des Anneaux
33:41alors que je l'ai relu
33:44aujourd'hui
33:44je me dis
33:45mais j'étais courageux mon gars
33:47parce que
33:47c'est quand même
33:48ça se mérite
33:50Le Seigneur des Anneaux
33:51et il y a aussi
33:51L'Histoire sans fin
33:52qui vous a marqué
33:53bien sûr
33:53mais ça c'est le premier
33:54c'est le premier
33:55L'Histoire sans fin
33:55c'est le premier livre
33:56qui a été sacré pour moi
33:59au sens où
33:59quand je tenais le livre
34:00de L'Histoire sans fin
34:01vous savez
34:01il y a une histoire
34:02dans l'Histoire
34:02dans L'Histoire sans fin
34:03et donc le héros
34:04a un livre
34:04qui est un peu magique
34:05et moi j'avais l'impression
34:06que je tenais ce livre
34:07un peu magique
34:07parce qu'en plus
34:08sur la couverture
34:09ils avaient reproduit
34:14notamment dans le bus
34:15qui m'emmenait à l'école
34:16et je peux vous dire
34:17que quand j'ouvrais les yeux
34:18le matin
34:19je ne pensais ni à l'école
34:20ni au bus
34:20je pensais juste à me dire
34:21c'est génial
34:22je vais repartir dans ce monde
34:23L'Histoire sans fin
34:25elle continue
34:25avec ce livre Transylvania
34:27qu'on va évoquer
34:28à travers la date de sa sortie
34:30le 18 septembre 2025
34:31à tout de suite
34:32sur Sud Radio
34:33avec Nicolas Beuglet
34:34Sud Radio
34:35les clés d'une vie
34:36Jacques Pessis
34:37Sud Radio
34:38les clés d'une vie
34:38mon invité Nicolas Beuglet
34:40on a évoqué
34:40votre parcours
34:41entre le journalisme
34:43les études
34:44la télévision
34:45et les débuts du thriller
34:47et le 18 septembre 2025
34:50est sorti votre huitième roman
34:51votre huitième thriller
34:52Transylvania
34:53dont le titre
34:54fait naturellement penser
34:55à Dracula
34:56qui a été rendu immortel
34:58par les romans
35:00et par le cinéma
35:01pourquoi cette idée ?
35:03parce que moi
35:03j'ai été marqué
35:04pareil dans mon enfance
35:06par Le Nom de la Rose
35:07et puis par un autre film
35:08qui s'appelle
35:09Le Bal des Vampires
35:10de Roman Polanski
35:11et je sais
35:12qu'il n'y a plus de bon ton
35:12de citer
35:13cette personne aujourd'hui
35:14n'empêche que son film
35:15moi m'avait beaucoup marqué
35:16et avait façonné
35:17une partie de mon imaginaire
35:18de ce que c'était que
35:19comment on crée
35:21un peu la peur
35:22en fait
35:22parce que ce film
35:23il est burlesque
35:24mais en fait
35:24il fait très peur
35:25moi dans mes souvenirs
35:26il faisait très peur
35:27et donc j'ai eu envie
35:28plus tard
35:30de retranscrire
35:30cette atmosphère
35:31dans un livre
35:31voilà
35:32et Dracula
35:32en fait
35:33c'est un écrivain irlandais
35:34Bram Stoker
35:35on l'a un peu oublié
35:36qui a mis 10 ans
35:36à écrire ce livre
35:37en s'inspirant
35:38pour son personnage
35:39d'un comédien
35:40Henri Irving
35:41qui était son meilleur ami
35:42et qui avait un théâtre à Londres
35:43et ce qui est marrant
35:44c'est que c'est un roman
35:45essentiellement épistolaire
35:46donc c'est très dérangeant
35:48au départ
35:48c'est-à-dire qu'on lit
35:49des lettres
35:49de gens qui se racontent
35:51leur vie
35:52ou qui ne savent pas
35:53si les lettres sont arrivées
35:54et qui est quand même
35:55assez loin
35:57de ce qu'on en connaît
35:59en termes cinématographiques
36:01en cinéma
36:02moi je me souviens avoir
36:03un soir où je travaillais
36:04avec Philippe Bouvard
36:05on était en retard
36:06à la télévision
36:06j'ai été dîner
36:07avec Christopher Lee
36:08et je l'ai vu avec ses dents
36:09manger de la viande
36:10et j'ai pensé à Dracula
36:12alors l'univers
36:13que vous évoquez
36:14une chanson
36:15l'évoque aussi
36:16cette chanson a été
36:22interprétée par Coluche
36:23en scène
36:23qui avait des problèmes
36:24d'amour à ce moment-là
36:25et qui a fait la tournée
36:26du Grand Orchest du Splendide
36:27ouais mais c'est marrant
36:28parce que ces chansons-là
36:29elles sont juste
36:30pas possibles
36:30la diffusées aujourd'hui
36:31ni dans le clip
36:32à peine dans les paroles
36:34alors que nous
36:35on n'y était
36:36pas exposés
36:38mais bon
36:38on les regardait
36:39comme quelque chose
36:39de hyper divertissant
36:40joyeux
36:40moi j'ai chanté ça
36:41à tue-tête
36:42alors que je devais avoir
36:448-10 ans
36:44donc c'est intéressant
36:46de voir ce que c'est
36:47que la transgression
36:48d'époque en époque
36:49alors le départ
36:51le départ de votre roman
36:51Transylvania
36:52c'est le château
36:53de Bran ou Bran
36:54je n'ai jamais su
36:54Bran en Transylvanie
36:56qui aurait été
36:58la propriété
36:58du conte Dracula
36:59et que vous évoquez
37:02largement
37:02dans votre livre
37:03alors c'est bien
37:04aura été
37:04parce que ça fait
37:05plus partie de la légende
37:06et d'ailleurs
37:06Mina Dragan
37:07qui est l'héroïne du livre
37:08a questionné
37:09la tenancière du château
37:10en lui disant
37:11oui vous entretenez
37:12un peu la légende
37:13pour le tourisme
37:14mais en fait
37:14bon il n'y a pas de preuve
37:15alors il se trouve
37:16que là dans le livre
37:17moi j'en ai fait en plus
37:17un hôtel
37:18dans lequel
37:19il n'y a plus personne
37:20sauf un cadavre
37:21et la tenancière
37:22de l'hôtel
37:23alors justement
37:24vous êtes allé sur place
37:25alors moi je ne vais jamais
37:26sur les lieux de mes livres
37:28avant de les avoir écrits
37:29c'est par conviction
37:31je suis convaincu
37:33que si je vais sur place
37:34je vais me dire
37:34ah bah il suffit juste
37:36que je raconte ce que j'ai vu
37:36pour que les gens se disent
37:37qu'ils y sont
37:38alors qu'en fait
37:38ça ne marche pas comme ça
37:39selon moi
37:40donc en fait
37:41je me renseigne
37:41je me documente
37:42et à un moment je dis stop
37:43là j'en ai assez
37:44maintenant place à l'imaginaire
37:46si j'y étais
37:47si je m'imaginais y être
37:49quel mot j'aurais
37:50et je trouve que je les trouve mieux
37:51en faisant comme ça
37:52alors donc dans ce roman
37:53il y a une inspectrice qui arrive
37:55il y a un cadavre
37:56une malle à côté
37:57et des inscriptions mystérieuses
37:58bah ouais
37:58sur les doigts en fait
37:59de la victime
38:01dont elle reconnaît le visage
38:03assez vite en réalité
38:05parce que c'est pas n'importe qui
38:06il y a
38:07il y a quatre lettres en fait
38:08qui sont inscrites
38:09sur les phalanges
38:10et ça a été tatoué
38:12très récemment
38:13parce qu'il y a des petites
38:13gouttelettes de sang
38:14donc probablement fait par
38:15l'assassin
38:16ou les assassins
38:17et Mina va se dire
38:18mais pourquoi l'assassin
38:19a fait ça
38:20qu'est-ce qu'il veut me dire
38:21est-ce qu'il veut cacher
38:23ou est-ce qu'il veut me montrer
38:24quelque chose
38:25qu'est-ce qu'il y a dans la malle
38:26pourquoi elle est fermée
38:27cette malle
38:27elle appartient à la victime
38:29mais on sait pas
38:29ce qu'il y a dedans
38:30et elle va commencer
38:31à fouiller
38:32dans tous ses domaines
38:34pour essayer
38:34de trouver une piste
38:35et en plus elle a intérêt
38:36à trouver une piste
38:37parce que c'est une jeune femme
38:38qui veut devenir inspectrice
38:39encore un nouveau personnage
38:40ouais Mina
38:41qui est une femme
38:42qui est officière de police
38:43et elle qu'est-ce qu'elle veut
38:44en fait
38:44elle est officière de police
38:45elle a envie de devenir inspectrice
38:46et son commissaire le sait
38:48il lui dit
38:49écoute
38:49j'ai pas assez d'inspecteurs
38:51pour aller sur une affaire
38:53qui vient d'arriver
38:53c'est en plus paumé
38:55en Transylvanie
38:55dans le château de Bran
38:56il y a personne
38:58il y a de la neige partout
38:59je suis même pas sûr
39:00qu'on puisse y accéder
39:01mais si t'arrives
39:02elle va relever le défi
39:02de boucler cette affaire
39:03je te nommerai inspectrice
39:05donc pour elle
39:06l'enjeu est énorme
39:07mais alors les obstacles
39:08vont être à la hauteur
39:08et vous avez construit
39:09à partir de cela
39:10Nicolas Beuglet
39:11un véritable jeu de piste
39:12pour retrouver la solution
39:14ouais
39:15j'avais envie que
39:17vous savez
39:17comme le livre va parler
39:19on en parlera après
39:20peut-être des contes de Griméo
39:21mais il y a l'histoire
39:22du petit pouceau là-dedans
39:23et j'avais envie
39:24de créer une piste
39:26où tout le temps
39:26le lecteur se demande
39:27mais est-ce que
39:28c'est Mina
39:29qui trouve la piste
39:30et qui va se rapprocher
39:31de l'assassin
39:32ou est-ce que c'est l'assassin
39:33qui amène Mina jusqu'à lui
39:34petit à petit
39:35voilà
39:35alors l'univers des contes de fées
39:37justement
39:37est au coeur de ce livre
39:39pourquoi ?
39:39parce que c'est quand même
39:40un univers très différent
39:41des romans en thriller
39:42non en fait
39:43c'est que c'est pareil
39:44c'est pareil
39:44c'est à dire que
39:46les contes de fées
39:47si vous les relisez
39:49notamment ceux de Grim
39:50ils sont terrifiants
39:52ils sont terrifiants
39:52c'est des histoires
39:53de gens
39:54qui se mangent entre eux
39:56ce sont des histoires
39:56de gens qui se trucident
39:58des histoires de gens
39:59qui s'abandonnent
39:59des histoires de gens
40:01qui meurent de faim
40:02et il y a toujours
40:04des méchants
40:05comme dans un thriller
40:06et il y a toujours
40:07des innocents
40:08qui sont victimes
40:09de cette personne là
40:10et il y a quelque chose
40:12qui n'offre pas
40:13toujours les thrillers
40:13mais globalement
40:14c'est l'idée
40:15il y a une justice
40:16et je pense que
40:17la fonction première
40:18moi des contes
40:19qui ont été imaginés
40:20probablement à une époque
40:21qui était très dure à vivre
40:22où il y avait
40:23beaucoup de malheurs
40:24beaucoup de crimes
40:25et très peu de justice
40:26je pense qu'ils étaient là
40:27pour dire aux gens
40:27là ce soir
40:29on va se raconter
40:30une histoire
40:31qui ressemble
40:31à ce dont on a peur
40:33mais à la fin
40:33et bien ça se terminera bien
40:35et il y a je crois
40:36un conte
40:37qui vous a traumatisé
40:38dans vos jeunes années
40:39c'est le joueur de flûte
40:40de Hamelin
40:40mais pourquoi
40:42vous vous souvenez
40:42de cette histoire
40:43qui est je pense
40:44la plus épouvantable
40:45ce joueur de flûte
40:46dans cette petite ville
40:47de Hamelin
40:48donc en Allemagne
40:48qui est appelé
40:49par les villageois
40:50du Moyen-Âge
40:50pour lui dire
40:52débarrasse-nous des rats
40:53avec ta flûte
40:54fais quelque chose
40:55et lui joue de sa flûte
40:56entraîne les rats jusqu'à la rivière
40:58il les noie
40:58et puis la ville est ravie
41:00il vient pour être payé
41:01on lui dit
41:01ah mais non
41:01mais t'as rien fait
41:03allez va-t'en
41:04laisse-nous tranquille
41:04il dit
41:05mais vous devriez pas faire ça
41:06parce que je pourrais me venger
41:07oui oui bien sûr
41:08avec ta flûte
41:08et le joueur de flûte s'en va
41:10sauf qu'il revient en fait
41:11quelques jours plus tard
41:12et cette fois
41:13il joue d'une autre mélodie
41:14et au même moment
41:14tous les parents sont où ?
41:16ils sont à la messe
41:17en tout cas c'est ce qui est dit
41:18dans le conte
41:18et là ce sont les enfants
41:20qui sortent des maisons
41:21les uns à la suite des autres
41:22et qui sont entraînés
41:23par le joueur de flûte
41:24en dehors de la ville
41:25et plus jamais
41:26on a revu ses enfants
41:27moi déjà cette histoire là
41:29elle est terrible
41:30parce que c'est carrément
41:31c'est entre guillemets
41:33une tuerie de masse
41:34et en plus
41:36elle fait très peur
41:37parce que le joueur de flûte
41:38à la base
41:38il est pas méchant
41:39et donc il a un double visage
41:42il le devient
41:42et là où ça devient encore pire
41:43c'est que lorsqu'on écrit
41:45sur ce sujet là
41:46et bien comme vous disiez tout à l'heure
41:47on fait des recherches
41:48on enquête
41:49et on découvre quoi ?
41:50et bien on découvre
41:51que ce conte du joueur de flûte
41:52est très probablement
41:53basé sur un fait réel
41:54qui s'est déroulé à Hamelin
41:57parce que la ville de Hamelin
41:59qui est donc
42:00comme je vous le disais
42:00en Allemagne
42:01a un registre
42:02qu'elle a mis en place
42:03je sais plus en quelle année
42:04mais il y a des centaines d'années
42:05et les premiers mots
42:06de ce registre
42:07qu'on a retrouvé
42:08c'est
42:08voilà 100 ans
42:09que nos enfants ont disparu
42:11moi je trouve ça glaçant
42:12de se dire
42:13qu'il s'est passé
42:14quelque chose de terrible
42:14on sait pas quoi
42:15et dans les pierres de la ville
42:16notamment de la porte d'entrée
42:18de la ville
42:18il y a une commémoration
42:20et une référence
42:21à la disparition
42:21de ces enfants
42:22et on sait pas
42:23ce qu'il s'est passé vraiment
42:24mais on sait qu'il s'est passé
42:25quelque chose
42:26de façon très probable
42:27et dans Transylvania
42:28alors il y a quelqu'un
42:29qui nous a fait rêver
42:29grâce à Walt Disney
42:30qui est Blanche-Neige
42:31et vous interprétez
42:33à votre façon
42:33le personnage de Blanche-Neige
42:34Nicolas Veuclé
42:35je l'interprète
42:36en fait
42:37Blanche-Neige
42:38c'est pareil
42:39c'est pas joyeux joyeux
42:40en fait
42:41je vous donne juste un détail
42:42mais Blanche-Neige
42:44quand elle est dans la forêt
42:45et qu'elle s'est enfuie
42:45le chasseur
42:46vous savez gentiment
42:47lui dit
42:47bon écoute
42:48j'ai peine pour toi
42:48va-t'en
42:49je vais tuer un marcassin
42:51et puis j'apporterai la preuve
42:53de ta mort à la reine
42:53et donc il apporte quoi à la reine
42:54il apporte un foie
42:56et des poumons à la reine
42:57pour dire regardez
42:57c'est ceux de Blanche-Neige
42:58et qu'est-ce que dit la belle-mère
42:59imaginez dans Walt Disney
43:02mais en vrai
43:03dans le conte
43:03elle dit
43:04cuisinez-les-moi
43:04et elle les mange
43:05donc déjà ça
43:07quand je vous parlais
43:08de cannibalisme
43:09c'est pas rien
43:09et à la fin de l'histoire
43:11lorsque Blanche-Neige
43:12réussit à gagner
43:13parce qu'il y a cette justice
43:14la belle-mère
43:15ne meurt pas de folie
43:17face à son miroir
43:18parce qu'on lui dit
43:19qu'elle n'est plus la plus belle
43:20on la condamne
43:21à porter des chaussures
43:23en métal
43:23chauffées à blanc
43:24et à danser
43:25jusqu'à ce que mort s'en suive
43:26donc
43:27c'est déjà
43:28voilà
43:28c'est pas ma réinterprétation
43:29c'est que
43:30le vrai conte
43:31est raconté ainsi
43:32après ce que moi
43:33ce qui m'a intéressé
43:34c'est qu'une fois encore
43:35j'ai enquêté
43:36et là j'ai trouvé
43:36un faisceau d'indices
43:38fort troublant
43:38sur le fait que
43:39l'histoire de Blanche-Neige
43:40était probablement inspirée
43:41d'une histoire réelle
43:42qui s'est dépassée encore
43:43en Allemagne
43:43dans un petit village
43:44à une petite cinquantaine
43:46de kilomètres
43:47de là où les frères Grimm
43:48ont vécu
43:49les frères Grimm
43:50que vous évoquez
43:50à travers leurs descendants
43:51d'un certain
43:52Alphonse Grimm
43:53qui est présent dans le livre
43:54ouais je trouvais ça
43:55excessivement excitant
43:57de me dire
43:58qu'il y avait
43:58un descendant vivant
44:00des frères Grimm
44:01aujourd'hui
44:02quel serait son héritage
44:04et surtout
44:04qu'est-ce qu'il dirait
44:06aujourd'hui
44:07de la narration
44:09de la lecture
44:10de l'écriture
44:11des livres
44:11et qu'est-ce qu'il ferait
44:13s'il constatait
44:14que les choses
44:15n'allaient pas
44:15dans le bon sens
44:16oui les frères Grimm
44:17d'ailleurs n'oubliez
44:17qu'ils s'appelaient
44:18Jacob et Willem
44:19qui étaient au-dessus
44:19par des linguistes
44:21et des collecteurs
44:22de contes allemands
44:23populaires
44:23qu'ils ont transformés
44:24tout simplement
44:24oui c'est-à-dire
44:25qu'en fait
44:25le projet des frères Grimm
44:26c'est hyper intéressant
44:27c'était
44:28non pas de raconter
44:29des histoires
44:30mais de collecter
44:31la culture narrative
44:33des récits populaires
44:35donc ils allaient
44:36chez des gens
44:36ils allaient aussi
44:37chez des vieilles dames
44:38ou des vieux messieurs
44:39ils allaient entendre
44:41X personnes
44:42ils récoltaient peut-être
44:42certains textes
44:43et ils voulaient en faire
44:44une somme
44:44pourquoi ?
44:45parce qu'ils voulaient
44:46redorer le blason
44:48de leur pays
44:50qui avait été malmené
44:51et redorer en fait
44:53le sentiment
44:54nationaliste
44:56du pays
44:56mais dans le sens où
44:57regardez
44:59c'est chez nous
45:00que sont nés
45:01les plus grandes
45:02moments d'histoire
45:04et de la culture
45:05européenne
45:06c'était ça leur projet
45:07et que je trouve
45:08intéressant
45:08alors ce qui est intéressant
45:09c'est qu'ils ont réussi
45:11et raté
45:11ils ont réussi au sens
45:13où les contes de grippe
45:14sont traduits
45:14dans 130 pays
45:15je crois
45:16160 pays
45:17y compris dans des pays
45:19où il n'y a pas de loup
45:20par exemple
45:20mais personne
45:23je pense
45:23ne sait que
45:24ce sont
45:25des productions
45:27dites allemandes
45:28voilà
45:28donc c'est ça
45:29que je trouve intéressant
45:30et il y a un autre thème
45:31que vous évoquez
45:31et qui est cher
45:32à nos cœurs
45:33Nicolas Beuglet
45:34dans ce Transylvania
45:35c'est la défense
45:36du livre
45:36et des libraires
45:37parce que
45:38qu'est-ce qui se passe
45:39en ce moment
45:39et alors je sais
45:40que ça va vous paraître
45:41un peu facile
45:41mais je pense
45:42qu'il y a quelque chose
45:42d'intéressant à dire
45:43là-dessus
45:44c'est qu'on sait
45:45qu'en Occident
45:47en tout cas
45:47on lit
45:48de moins en moins
45:49et en plus
45:50de moins en moins bien
45:51c'est-à-dire qu'on lit
45:51moins de livres
45:52et on les comprend
45:54moins bien
45:55quand on les lit
45:55surtout chez les plus jeunes
45:57et ce n'est pas
45:57une invention de ma part
45:58ce sont toutes
45:59les données statistiques
46:00qui disent ça
46:01et vous pouvez les vérifier
46:02sur beaucoup de sites
46:03et notamment ceux
46:04que je donne
46:04à la fin de mon livre
46:05donc déjà
46:06il y a un état d'effet
46:06qui est clair
46:07mais ce qui est intéressant
46:08c'est que ça
46:09ça dure depuis des années
46:10et moi ma question
46:11c'est est-ce qu'une civilisation
46:13qui lit
46:14est la même
46:15qu'une civilisation
46:16qui lit de moins en moins
46:17ou qui lit presque plus
46:18qu'est-ce que la lecture
46:20fait de nous
46:20en tant qu'humain
46:21et quand on enlève
46:22cette lecture
46:23qu'est-ce qu'elle fait de nous
46:25c'est-à-dire
46:25est-ce qu'on est autant
46:26capable d'empathie
46:27parce que lire
46:28c'est aussi se mettre
46:29à la place des autres
46:30c'est se mettre
46:30dans la tête
46:30d'un autre personnage
46:31c'est de comprendre
46:32les sentiments
46:32de quelqu'un
46:34lire c'est quoi aussi
46:35c'est aussi différer
46:36une espèce de récompense
46:38c'est-à-dire que oui
46:38un livre ça demande
46:39un petit effort
46:40mais quel bonheur
46:41quand on est dedans
46:41et qu'on a cette récompense là
46:43sauf que là aujourd'hui
46:44on sait très bien
46:45que la récompense
46:45elle doit être immédiate
46:47via on le sait
46:48les réseaux
46:48les réels etc
46:49avec la dopamine etc
46:50mais sauf que ça nous mène
46:52à quoi en fait
46:52quand on ne diffère pas ça
46:54est-ce qu'on est capable
46:54de construire quelque chose
46:56parce que quand même
46:56on est capable
46:56de construire sa vie
46:57je sais que je vais loin
46:58en disant ça
46:58mais si on n'est pas capable
47:00de différer une récompense
47:01donc la lecture
47:04elle emporte quand même
47:04pas mal de choses
47:05qui structurent
47:06je trouve l'humain
47:07les civilisations
47:08dans leur bon sens
47:10et si on se dit
47:12ouais ok ça baisse
47:13mais en réalité
47:14non ça baisse
47:14depuis suffisamment longtemps
47:15pour que ça soit peut-être
47:16plus les mêmes personnes
47:17avant et maintenant
47:18en même temps
47:19pour aller dans votre sens
47:20vous travaillez chez Ixo
47:21qui est un artisan
47:22et aujourd'hui
47:23les éditeurs sont des consortiums
47:24qui voient le bénéfice
47:25avant le livre
47:26ça aussi c'est important
47:27oui mais je pense
47:28qu'ils seraient d'accord
47:29avec quand même
47:30ce qu'on vient de dire
47:31et après
47:33je ne vais pas leur jeter la pierre
47:34je sais que c'est compliqué
47:35parce que comme il y a
47:35de moins en moins
47:36de lecteurs
47:37et bien peut-être
47:37qu'ils essayent
47:38de quand même
47:39maintenir à flot
47:40les entreprises
47:40en sortant peut-être
47:41plus de livres
47:42il y a peut-être ça
47:42ce que ne fait pas trop
47:44et pas presque pas Ixo
47:45qui a toujours eu comme politique
47:46de sortir peu de livres
47:47mais bien
47:47donc voilà
47:49et c'est pour ça
47:50que je suis très content
47:50d'être là où je suis
47:51et finalement
47:52vous prenez aussi
47:53la défense des libraires
47:54qui vous accueille
47:55dans les salons
47:55et où vous constatez
47:57que le public est présent
47:58et toujours intéressé
47:59à la lecture
48:00Nicolas Beuglet
48:01mais en salon
48:02c'est tout autre chose
48:03c'est-à-dire qu'on est face
48:04à des gens
48:05qui déjà
48:07viennent vous dire
48:07des choses absolument
48:09extraordinaires
48:09parce qu'on se rend compte
48:10qu'en fait
48:10ils disent
48:11bah ouais mais faites-vous
48:12ce dont vous ne vous rendez pas compte
48:13c'est que moi en fait
48:13vous vivez avec moi
48:14depuis dix ans
48:15effectivement je ne peux pas
48:16me rendre compte
48:17ou je m'endors avec vous
48:19tous les soirs
48:20vous êtes dans ma tête
48:22dans la journée
48:22parce que j'ai envie
48:23de vous relire
48:23quand je rentre chez moi
48:24et donc on mesure
48:26alors déjà ça fait très plaisir
48:27mais surtout
48:28on mesure
48:29et on se rappelle
48:30à quel point
48:30en fait le livre
48:31apporte quelque chose
48:32que rien d'autre
48:33ne pourra apporter
48:34pourquoi ?
48:35parce qu'en fait
48:35je pense que
48:37quand on regarde
48:38une série télé
48:38on regarde un film
48:39ok on est spectateur
48:40un livre
48:41on est spectateur
48:42mais en réalité
48:42non on est acteur
48:43parce que tout
48:44tout se fabrique
48:45dans notre tête
48:45et je pense que c'est ça
48:46qui fait que c'est si puissant
48:48la lecture
48:48c'est parce qu'on est artisan
48:50comme vous le disiez
48:51on fabrique
48:52les choses en nous
48:53et ça nous apporte
48:54une satisfaction
48:55que rien d'autre
48:55ne pourra vraiment
48:56nous apporter
48:56je pense
48:57et vous avez vraiment
48:57fabriqué ce livre
48:58pendant des mois
48:59et je veux dire
48:59que la lecture
49:00est puissante
49:00je le recommande
49:01à celles et ceux
49:01qui nous écoutent
49:02comme vos livres précédents
49:03ça s'appelle
49:04Transylvania
49:05chez XO Éditions
49:06et continuez à travailler
49:07autant pour nous faire rêver
49:08Merci
49:09Merci
49:10Les Clés d'une vie
49:11c'est terminé pour aujourd'hui
49:12on se retrouve bientôt
49:13restez fidèles
49:14à l'écoute de Sud Radio
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