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  • il y a 10 minutes
Matthias Renault, député RN de la troisième circonscription de la Somme, a déposé un amendement proposant la suppression du CNC, le centre national du cinéma. Bien que rejeté, il dénonce l'argent "gaspillé dans une vaste entreprise de propagande" que serait le CNC. Le président du CNC, Gaëtan Bruel, répond pour la première fois au Rassemblement national.
Regardez L'invité d'Anne-Sophie Lapix du 02 décembre 2025.

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Transcription
00:00Oui, point SNCF
00:01Anne-Sophie Lapix, RTL Soir
00:04Notre grand invité dans RTL Soir est le patron du CNC, le Centre National du Cinéma, Gaëtan Breuil, bonsoir.
00:10Bonsoir.
00:11Le CNC attaqué, remis en cause par le RN, un député, Mathias Renaud, a déposé un amendement en octobre réclamant la suppression du CNC.
00:21Du moins, dans un premier temps, une ponction de la moitié de ses recettes,
00:24parce qu'il finance, selon lui, des films gauchistes en décalage avec les attentes de nos concitoyens.
00:30D'abord, pouvez-vous nous expliquer comment le CNC récolte de l'argent ?
00:34Le modèle du CNC, c'est de prélever des taxes sur les billets de cinéma, sur les abonnements streaming,
00:41c'est-à-dire sur ceux qui diffusent des œuvres.
00:43Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que l'argent du CNC, ce n'est pas l'argent de nos impôts, c'est l'argent du public.
00:48Pour être totalement clair, même si vous n'avez pas de voiture, vous contribuez à l'entretien des routes par les impôts que vous payez.
00:56Si vous n'allez pas au cinéma, si vous n'avez pas un abonnement Canal+, ou Netflix, vous ne contribuerez pas d'un euro au soutien du cinéma.
01:04Et je vais être encore plus clair, en réalité, dans notre modèle, ce sont en bonne partie les entreprises américaines qui payent pour le cinéma en France.
01:10Oui, parce qu'on voit beaucoup de films américains, donc forcément, quand on achète un billet, ça permet de financer le CNC,
01:16mais vous financez aussi la production audiovisuelle, les jeux vidéo aussi.
01:20Alors, les jeux vidéo, c'est une part minime.
01:22On finance d'abord le cinéma et la création audiovisuelle, mais pas simplement les œuvres.
01:27Le fait qu'en France, 90% des Français vivent à moins de 30 minutes d'une salle de cinéma,
01:31et que pour les 10% restants, on a 120 circuits itinérants,
01:35qui fait qu'en France, il n'y a aucun désert cinématographique, ça, c'est aussi le CNC.
01:38Vous récoltez quelle somme ?
01:40800 millions d'euros, mais c'est à la mesure d'une filière qui fait 260 000 emplois.
01:45C'est autant que l'hôtellerie, presque autant que l'automobile.
01:48Alors, qu'en faites-vous de cet argent ? Quels sont les critères pour attribuer les aides ?
01:52Est-ce que ça a un caractère automatique, si on coche les cases ?
01:56Ou est-ce qu'il y a un comité chargé de donner un avis sur le fond, sur un projet cinématographique ?
02:00Votre question, c'est ce qu'au fond, on ne donne pas toujours au même.
02:03Est-ce qu'il ne faudrait pas moraliser un peu ces aides ?
02:05Ce n'est pas du tout ma question.
02:06Je veux savoir si c'est automatique, ou s'il y a quand même une décision en fonction du projet.
02:11C'est les deux à la fois. Le CNC soutient tous les films français, notamment avec, vous y faites allusion, ce qu'on appelle le soutien automatique.
02:17C'est-à-dire le fait qu'un producteur, à proportion du succès qu'il remporte pour son film, et donc des taxes qu'il rapporte au CNC,
02:24va avoir droit, mécaniquement, à un soutien ensuite pour son prochain film.
02:27Je vous prends un exemple au hasard.
02:29Sacré-Cœur, dont les producteurs ont eu un très grand succès, avec près de 500 000 entrées en salle,
02:34eh bien, ils ont maintenant au compte au CNC, et pour leur prochain film, ils auront droit à un soutien.
02:39Ça veut dire...
02:39On n'est pas ce film au hasard, parce que ce n'est pas un film gauchiste, c'est ça que vous voulez dire ?
02:43Ce que je veux dire, c'est que le CNC, ni de droite ni de gauche, il soutient tous les films en France,
02:48et notamment par le soutien automatique, il récompense le succès.
02:51Les œuvres que nous soutenons le plus, il faut le dire, c'est Plus belle la vie, c'est Un si grand soleil,
02:56ce sont les feuilletons des chaînes de télévision, c'est aussi HPI, c'est le Bureau des légendes.
03:00En réalité, nous soutenons toutes les œuvres, et en particulier celles qui rencontrent le succès auprès des Français.
03:06Sacré-Cœur, puisque vous le nommiez, vous l'avez financé ?
03:09Je crois qu'ils n'ont pas demandé d'aide au CNC, et après, ça aurait été aux commissions de le décéder,
03:13mais on a, depuis la création du CNC, après la Seconde Guerre mondiale,
03:17beaucoup d'exemples, des tontons flingueurs, à récemment Emilia Pérez, ou Vindieu.
03:22Vindieu, ça fait un million d'entrées, par exemple.
03:25Vous choisissez bien vos citations pour montrer que vous ne financez pas que des films gauchistes,
03:29mais peut-être parfois plus conservateurs, ou plus proches de la ruralité, par exemple,
03:34comme vous disiez, Vindieu.
03:35À nouveau, on n'a pas de choix éditoriaux.
03:37Le CNC se retrouve par le double jeu de ce soutien automatique et sélectif
03:41à soutenir l'intégralité du cinéma produit en France.
03:44Mais au-delà du cinéma, la création audiovisuelle, notre réseau de salles,
03:49l'éducation aux images, tout ça, c'est le CNC.
03:50Alors, il y a l'amendement du RN, et puis ses propos tenus ensuite par un autre député RN,
03:54vice-président de l'Assemblée, Sébastien Chenu, on l'écoute.
03:57Moi, je pense qu'il y a des bons films, des mauvais films.
03:58En fait, un bon film se juge au nombre d'entrées qu'il fait.
04:01Un film sans spectateur devant la toile, est-ce qu'il mérite d'être soutenu, financé, etc. ?
04:07Alors, c'était sur France Info, depuis, il a précisé que c'était un critère, mais pas le seul.
04:11Pour vous, ce n'est pas un critère ?
04:13C'est quand même un peu un objet culturel, un film, il faut qu'il soit vu ?
04:17On vient de le dire, c'est les deux.
04:18C'est-à-dire que le soutien automatique récompense le succès, donc effectivement, par le soutien automatique...
04:22Non, mais je ne parle pas des films qui marchent, je parle des films qui ne marchent pas.
04:24Est-ce qu'il faut produire tous les films, quand on sait qu'ils risquent de toucher très peu de gens ?
04:28Je vois une comparaison que j'aime bien, la France et l'Italie.
04:30En France, 180 millions d'entrées l'an passé, l'Italie, 60 millions, trois fois moins.
04:34Combien produit-t-on de films en France ? 300.
04:36En Italie, 450.
04:37Une fois et demi plus.
04:38Et puis enfin, c'est le chiffre intéressant, quelle est la part de marché du cinéma français en France ?
04:4244%.
04:43L'Italie, c'est 22%.
04:44Mais je pourrais vous dire le Royaume-Uni, c'est 50%.
04:47Ça veut dire que le cinéma français...
04:48Si on met l'Italie de côté, on s'intéresse juste à notre système.
04:50Il n'y a pas un autre pays libre, où les spectateurs sont libres d'aller voir ce qu'ils souhaitent,
04:54où à 44%, ils vont voir des films français.
04:56Il y a combien de films que vous financez chaque année qui ne passent pas les 50 000 téléspectateurs ?
05:00Alors, en soi, je pense que ça n'est effectivement pas le seul critère.
05:03Justine Trier, pour son premier film, avait fait autour de 40 000 spectateurs.
05:07Combien de films qui ne passent pas les 50 000 dans ceux que vous aidez chaque année ?
05:11Il y en a quelques dizaines, mais de même qu'on en a un certain nombre qui franchissent la barre des 500 000.
05:16Est-ce que vous dépensez tout l'argent collecté ?
05:19Sur la question d'avant, en un mot, est-ce que dans une librairie,
05:22vous n'allez acheter que les livres qui font plus de 500 000 exemplaires vendus ?
05:25Je crois que le goût du public pour le cinéma, comme pour la littérature, comme pour la musique, repose sur une variété.
05:30La question est de savoir, est-ce qu'on produit des films à perte ?
05:33La réalité, c'est que non.
05:34Le cinéma est un secteur évidemment équilibré, ce qui fait que c'est une grande filière.
05:38Je vous demande si vous dépensez tout l'argent collecté,
05:39parce qu'avant de faire disparaître le CNC, le RN veut donc ponctionner la moitié de son budget
05:43pour le mettre dans le budget de l'État.
05:45Est-ce qu'on peut l'imaginer, puisque le budget de l'État a quelques difficultés ?
05:48Et puis, parce que vous l'avez fait l'an dernier à la demande du gouvernement.
05:51Il se trouve que, pendant la pandémie, l'État a soutenu notre secteur, à proportion...
05:55Les 440 millions, je crois.
05:56Exactement, il se trouve que ça correspond à la somme que l'État a prélevé en ce début d'année.
06:00Ça avait été décédé en cas du PLF l'an passé.
06:03Et il se trouve que le CNC, à la demande de notre ministre, et je pense qu'on a eu raison,
06:09a proposé, dans le débat parlementaire actuel, de faire une contribution supplémentaire
06:13qui est au maximum de ce que l'on peut faire sans fragiliser notre dispositif,
06:17qui est une nouvelle contribution de 50 millions d'euros.
06:19Oui, mais on remarque quand même que, quand vous avez des difficultés,
06:21vous êtes tourné quand même vers l'État, vers le gouvernement, au moment du Covid.
06:25Donc, voilà, on peut imaginer des vases communicants.
06:29C'est le seul moment dans l'histoire du CNC.
06:31A posteriori, on constate qu'on aurait pu l'éviter.
06:33Et en tout cas, dès que le secteur est revenu à meilleure fortune,
06:36on a rendu à l'État ce qu'il avait donné.
06:37Vous avez donné la moitié de vos recettes l'an dernier.
06:39Est-ce que vous avez aidé moins de films ?
06:42Il se trouve que c'était un prélèvement qui s'est fait sur la trésorerie.
06:44Et donc, l'an passé, on n'a pas aidé moins de films, mais pas davantage non plus.
06:47Mais ça veut dire que vous aviez quand même des réserves.
06:50Absolument.
06:51Et c'est pour ça que cette année, où on a encore, en gros, 50 millions de réserves,
06:54on a proposé, solidarité du secteur à l'égard de l'État et de l'assurance de notre pays,
06:58de donner l'intégralité de ces réserves.
07:00Vous décollez ce soir pour la Chine.
07:02Vous accompagnez Emmanuel Macron en visite d'État.
07:04La Chine diffuse assez peu de films français.
07:07Alors, c'est une situation qui est très intéressante.
07:10C'était même moins l'an passé.
07:11Il y en a eu, je crois, cinq.
07:12Mais ils ont fait comme Anatomie d'une chute, Justine Trier,
07:1540 000 spectateurs pour son premier film,
07:17plusieurs millions pour celui qui a eu la palme d'or.
07:20Ce qui est très intéressant avec la Chine,
07:21c'est qu'au fond, il y a trois domaines où la France est dans le top 3 mondial
07:24avec la Chine et les États-Unis.
07:26Le nombre de réacteurs nucléaires,
07:28les exportations de défense et le marché du cinéma.
07:31La France est le troisième box-office mondial après la Chine et les États-Unis.
07:34Et est-ce qu'on achète plus de films chinois qu'ils n'achètent de films français ?
07:37Est-ce que là aussi, il y a un déséquilibre de la balance commerciale,
07:39comme dans tout le reste ?
07:40Ça, c'est clair.
07:41Mais ce qui est très intéressant avec la Chine,
07:43c'est que la Chine, comme la France,
07:44a une conviction très forte dans l'avenir de la salle de cinéma,
07:46au point qu'ils ont créé 100 000 écrans de cinéma ces 15 dernières années.
07:50On en a 6 000 en France, pour comparer.
07:52Et en même temps, la Chine, à la différence de la France,
07:55a un peu moins su diversifier son offre.
07:57Et les spectateurs qui partent en nombre,
07:59hors des salles de cinéma en Chine,
08:00conduisent la Chine à se tourner vers la France,
08:02à dire, est-ce que vous n'auriez pas un peu plus de films pour nous ?
08:05Et c'est ce qu'on va essayer de pousser,
08:06à l'occasion de la visite du président de la République.
08:07Et quel est le film français qui a mieux marché en Chine, cette année ?
08:10Anatomie d'une chute, mais on va avoir dans les prochains mois
08:14le De Gaulle d'Antonin Baudry, qui est extrêmement attendu.
08:18Et au fond, à nouveau...
08:18Oui, De Gaulle, la Chine, forcément.
08:21Moi, ce qui me frappe, dans le regard que la Chine porte sur nous,
08:23mais en fait, dans la manière dont le monde entier regarde la France,
08:25on ne nous voit pas simplement comme le pays
08:27qui a inventé le cinéma il y a 130 ans,
08:28on nous voit comme le pays qui a su en faire, aujourd'hui,
08:31sa plus belle réussite.
08:32Et donc, moi j'entends tout à fait toutes les questions qui se posent,
08:34mais moi, la question que je me pose, c'est pourquoi,
08:36dans ce moment-là, va-t-on taper sur ce qui marche aussi bien ?
08:39Merci beaucoup, Gaëtan Bruel.
08:41Merci à vous.
08:41On est dans RTL Soir.
08:43Dans un instant, on ouvre la deuxième case
08:45du calendrier de l'Avent des Tentations du Soir.
08:47Et la case du 2 décembre vous propose
08:49d'offrir la bande dessinée RTL de l'année.
08:52Et puis, Florian Gazan a repêché l'info
08:53qu'en a failli manquer un bûcheron des Vosges
08:55devenu l'un des Pères Noël les plus célèbres de Chine.
08:58A tout de suite.
08:58Anne-Sophie Lapix, RTL Soir.
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