- il y a 2 jours
Affiches, lithographies, mais aussi bougies ou magnets : peu de galeries ont entrepris de développer des produits dérivés autour de leurs artistes. La galerie Perrotin fait figure d’exception en ouvrant plusieurs boutiques dédiées, appelées Perrotin Store, dont la plus récente est située en plein cœur de Paris. Ce choix traduit une volonté affirmée de développer un véritable département d’éditions dans différentes villes, pas forcément à proximité immédiate de leurs galeries, afin de toucher une clientèle plus large et diversifiée.
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00:00Peu de galeries ont fait le choix de développer des projets dérivés des oeuvres d'art de leurs artistes.
00:10Et au sein de la galerie Perrotin, plusieurs boutiques ont ouvert, et une récemment, le Perrotin Store, en plein centre de Paris.
00:16Et pour parler de ce développement, je suis ravie d'être en compagnie de Vanessa Clairé.
00:19Bonjour.
00:20Merci beaucoup d'être avec nous. Alors vous êtes directrice du développement chez Perrotin.
00:23Est-ce que d'abord, vous pouvez nous dire depuis quand cette idée de parler des multiples, de projets dérivés, depuis quand ça date, Perrotin ?
00:32J'ai un peu l'impression que ça date depuis le début, parce que je n'y étais pas.
00:36Mais quand Emmanuel a imaginé sa galerie en 1990, il avait déjà dans l'idée de promouvoir de la plus large manière possible le travail des artistes, sous quelque forme que ce soit.
00:47Et donc finalement, les multiples, l'édition, les livres, les objets, on pourra en parler, c'est un des moyens aussi de faire connaître l'art au-delà des murs d'une galerie, et puis peut-être à un public différent.
01:00Donc déjà plusieurs années que c'est en tout cas effectif, et là ça se développe d'autant plus.
01:06Quels sont les objets, en fait, tout simplement, qu'on peut trouver au Perrotin Store ?
01:10Alors déjà, effectivement, dans la structuration de notre activité d'édition, on peut dire que ça fait déjà plusieurs dizaines d'années qu'on édite des livres, des objets, des multiples.
01:20Mais là, on a renforcé l'équipe et le département avec le recrutement vraiment d'une directrice des éditions il y a six ans,
01:26et donc de la création d'un département édition au sein de Perrotin, qui travaille avec tous nos artistes, où qu'ils soient dans le monde.
01:33Et donc finalement, ça sert, ce département produit autant des livres, des éditions en deux dimensions, des objets, des projets spéciaux, des figurines,
01:43peut travailler en lien aussi avec des marques ou d'autres producteurs pour des collaborations exclusives.
01:48Donc on ne s'interdit finalement aucun médium.
01:51Il y a à la fois des propositions qu'on peut faire aux artistes, des rêves qu'ils peuvent avoir de créer tel type d'objet,
01:57mais aussi finalement des savoir-faire dont on a pris connaissance et qui peuvent aussi être en lien avec le travail de l'artiste.
02:06C'est vraiment du sur-mesure.
02:08Oui, justement, comment est-ce que vous réalisez ces objets ? Comment se passe la collaboration avec l'artiste ?
02:13Est-ce que déjà, ce ne sont que des artistes que vous représentez au sein de Perrotin ?
02:16Alors aujourd'hui, oui. C'est vraiment les artistes de la galerie et surtout ceux et celles qui ont envie, qui ont une appétence, qui ont un projet.
02:22Alors ça peut être des esthètes dans ces cas-là. Donc c'est des artistes décédés dont on représente les droits.
02:28C'est les ayants droit qui peuvent avoir justement l'envie, l'idée ou nous-mêmes qui amenons par exemple le projet.
02:35On a en ce moment une exposition de Lynn Chadwick à la galerie. C'est un esthète qu'on représente depuis une bonne année.
02:41Et donc on vient de sortir un livre sur le travail de Lynn Chadwick.
02:44Donc c'est aussi une façon de faire un point sur la carrière d'un artiste,
02:48de remettre en perspective aussi son oeuvre à différents moments de sa carrière.
02:54Et un livre, c'est vraiment encore une fois un moment clé dans la carrière d'un artiste.
02:58Je peux citer également le livre de Claire Tabouret.
03:00On a édité une monographie il y a quelques années qui en est déjà, je crois, à sa troisième réédition.
03:04Et c'était un moment clé aussi pour l'artiste au moment où elle a rejoint la galerie,
03:08d'avoir vraiment un livre qui fasse le point sur son oeuvre à un instant T de sa carrière.
03:13Et pour les plus petits objets comme des bougies, parce qu'on retrouve aussi plein de petits objets
03:18qui semblent un peu plus gadgets, comment ça se passe ?
03:21C'est l'artiste qui dit, tiens, je verrais bien cette toile-là ou une partie de cette toile sur cette bougie.
03:27Comment ça se passe ?
03:27Alors les bougies, c'est un projet assez particulier parce que nous, à la Galerie Perrotin,
03:30on a une identité olfactive qu'on a créée avec Givaudan, donc avec un parfumeur français.
03:35C'est vraiment une envie qu'avait Emmanuel Perrotin de retrouver une odeur très particulière dans toutes les galeries,
03:42donc où que vous alliez, que ce soit à Tokyo, à Los Angeles, à Paris, vous avez cette même identité olfactive.
03:48Et donc l'idée a été de créer ensuite les bougies qui reprennent cette odeur qui s'appelle Cap Ferret,
03:54qui est une odeur propre à Perrotin.
03:57Et pour habiller ces bougies, on a eu envie de lancer une collection.
04:00Et donc on fait une proposition tout simplement à l'artiste d'utiliser une de ses œuvres,
04:06de reprendre finalement un extrait, par exemple, et d'habiller cette collection de bougies qui sont éditées.
04:12Il y a des collections, il y a des drops à un certain moment de l'année.
04:16Et là, on a lancé justement une des deuxièmes éditions de ces bougies.
04:21Après, dans des objets un peu plus décalés, ça peut aussi être une idée d'un artiste.
04:25Je pense à Izumi Kato, qui est un artiste japonais, qui est un artiste qui est peintre, sculpteur,
04:31qui a une pratique aussi de l'installation, mais qui par ailleurs a une collection personnelle de figurines et de jouets anciens.
04:37Et notamment des figurines en plastique des années 60-70, qui a vraiment cette passion, on va dire.
04:45Et quand il est arrivé au sein de notre département édition, on avait envie de faire quelque chose d'assez original.
04:49Et il a eu l'idée de faire un wakua, qui est une petite figurine articulée, un petit jouet en bois.
04:56Et donc, avec Raphaël Pitanceli, qui dirige les éditions de la galerie, ils ont commencé un dialogue comme ça.
05:01Et elle lui a soumis une idée.
05:02On a trouvé le fabricant, il a répondu.
05:04Ça a été un ping-pong créatif.
05:06Et aujourd'hui, il y a une petite figurine, un petit jouet Izumi Kato qu'on vend dans nos Perrotin Store.
05:11Et j'imagine que ça, du coup, c'est beaucoup plus grand public en termes de prix.
05:16C'est beaucoup plus accessible.
05:17Oui, absolument, absolument.
05:19Donc, il y a effectivement, comme vous le soulignez, plusieurs aspects.
05:21C'est à la fois, effectivement, créer des éditions qui permettent de rendre accessible l'œuvre d'un artiste, d'une artiste qui est, par exemple, très rare.
05:29On a peu d'œuvres.
05:30Je pense à Claire Tabouret, par exemple.
05:32Quand on a des éditions en série limitée, elles sont déjà un tout petit peu plus accessibles, en effet, que ces œuvres originales.
05:38Mais on a aussi des œuvres, alors pour le coup, très accessibles, très grand public, qui sont des posters qu'on vend à partir de 20, 30 euros dans nos galeries, dans nos différents stores.
05:49Et donc, finalement, ça permet aussi d'amener un petit bout de l'œuvre chez soi ou de l'offrir, de rentrer par une certaine porte, on va dire, dans l'univers d'un artiste.
05:57Moi, je dis souvent qu'il n'y a pas de mauvaise manière de commencer à s'intéresser à l'art et donc d'avoir, ne serait-ce qu'un poster qui représente une œuvre de Libé, de Lionel Estève, Laurent Grasso, Sophie Kalle.
06:08C'est déjà avoir un petit peu de son univers, en fait, avec soi.
06:12Et ça, on pourrait dire que ça rentre un peu dans le marché des collectibles.
06:16Est-ce qu'on peut s'imaginer que dans 20, 30 ans, un peu à l'image des iPod Nano ou des cartes à jouer, ça sera après qu'il y aura des échanges plus tard ?
06:27En tout cas, dans une vraie collection ?
06:29Il y a déjà du second marché pour certaines éditions, absolument.
06:32Alors, on parle d'édition limitée ou open édition.
06:35Donc, open édition, c'est des éditions qui ne sont pas ni numérotées ni signées.
06:38Ensuite, il y a des éditions qui sont signées, il y a des éditions qui sont numérotées, il y a des éditions qui sont numérotées et signées.
06:44Et donc, en fonction de ces différents critères, évidemment, il peut y avoir une offre, une demande, une rareté.
06:50Comme vous mentionnez Collectibles, nous, ça fait à peu près deux ans qu'on est sur la plateforme eBay.
06:54C'était assez innovant, finalement, pour une librairie d'art, un Perrotin Store comme nous, d'aller sur cette plateforme.
07:02Mais justement, eux avaient aussi, eBay, une proposition, finalement, de toucher une audience beaucoup plus large.
07:07Et on s'est rendu compte, c'était assez intéressant, qu'il y avait déjà des échanges et de la revente de certaines éditions de nos artistes
07:13qu'on pouvait, nous, finalement, vendre en premier marché, c'est-à-dire neufs.
07:17Et finalement, le public qui va sur eBay, qui peut être amateur de l'œuvre, je ne sais pas, par exemple, de Takashi Murakami ou de JR,
07:24n'avait pas connaissance qu'à la galerie Perrotin, la librairie Perrotin, on vendait des éditions, justement, de ces artistes,
07:31et souvent moins chères, puisque c'était le premier marché.
07:34Donc, c'est aussi une façon, finalement, de faire un peu de pédagogie, aussi, quelquefois, de réexpliquer notre rôle.
07:39Et c'est tout à fait complémentaire de notre travail de galerie, puisque ça n'empiète pas, c'est un segment différent.
07:46Ça ne veut pas dire que les audiences sont différentes.
07:48Il peut y avoir des croisements, il y a des amateurs d'art qui achètent aussi, évidemment, des livres, des posters, des éditions,
07:54puisqu'il y a différents usages, finalement, différentes typologies d'usages et d'amour pour ces objets.
08:01Oui, j'allais dire, justement, est-ce que vous savez à qui vous vendez ?
08:05Qui sont ces personnes ? Est-ce qu'il y a des croisements ?
08:07Est-ce que c'est des premiers collectionneurs qui, vous pensez, peut-être, dans 20 ans, seront les clients de la galerie Perrotin ?
08:15Je dirais que c'est un mélange un peu de tout ça.
08:17Là, typiquement, on a ouvert une nouvelle librairie rue Turène.
08:20On était déjà accolés à la galerie aux 76 rue Turène, mais il fallait rentrer dans une cour intérieure.
08:25Là, désormais, depuis septembre, on a Pignon sur rue.
08:27Et ce qui est très rigolo, c'est de voir que la clientèle se partage entre des amateurs, effectivement,
08:33qui fréquentent la galerie régulièrement, et aussi des passants qui, simplement, voient dans la vitrine des objets,
08:39des livres qui les interpellent et qui peuvent ne pas connaître la galerie Perrotin.
08:43Et donc, rentrer par le biais des éditions, par le biais de la librairie, dans notre univers, rencontrer le travail des artistes.
08:50Donc ça, c'est vrai à Paris.
08:51Et c'est vrai qu'à Paris, la galerie est implantée depuis 35 ans.
08:54Mais par exemple, on a un Perrotin Store à Las Vegas, où il n'y a pas de galerie.
08:59Oui, ce n'est pas forcément les lieux de galerie.
09:02Voilà, et c'est un petit peu la prochaine étape sur laquelle, justement, on travaille actuellement.
09:06C'est de décorréler, en tout cas, de développer le réseau de nos Perrotin Store indépendamment,
09:10ou dépendamment d'ailleurs, les deux peuvent fonctionner, de nos galeries.
09:15Et donc, finalement, en effet, je citais l'exemple de Las Vegas.
09:17On est dans la galerie marchande du Bellagio, du Casino.
09:20Là, ça a été vraiment une demande du Bellagio de venir nous chercher, d'avoir une offre culturelle au sein de leur galerie.
09:26Et donc, c'est très intéressant, parce que depuis deux ans, on a ce Perrotin Store,
09:30dans lequel, finalement, une audience tout à fait différente vient acquérir des livres, des objets, des multiples de nos artistes.
09:38Et donc, finalement, découvre aussi cet univers-là.
09:40Et potentiellement, vont ensuite fréquenter la galerie de New York, de Los Angeles ou autres.
09:45En tout cas, pour l'instant, vous êtes dans le monde entier, déjà, Perrotin Store.
09:48Oui, en tout cas, nos galeries sont déjà dans neuf villes et dans huit pays.
09:52Et nos stores, effectivement, commencent à se développer, on va dire, par leur propre...
09:57De leur propre zèle.
09:57De leur propre zèle, voilà.
09:59Mais oui, oui, on est déjà pas mal implantés, mais il y a évidemment encore beaucoup de marge.
10:04Oui, est-ce qu'il y a déjà des projets d'avenir ?
10:07Est-ce que vous savez déjà dans quelle direction vous souhaitez développer ce département ?
10:10On est pas mal en discussion sur d'autres pays européens, d'autres pays, voilà, internationaux au sens large.
10:18Et c'est vrai que c'est aussi des opportunités, des rencontres.
10:22Perrotin, c'est une marque aujourd'hui, c'est un label, donc c'est une galerie, c'est un univers.
10:27Ce sont un nombre, une centaine d'artistes qu'on représente de quasiment 30 nationalités.
10:32Et donc, finalement, c'est devenu aussi attractif pour des acteurs du monde entier,
10:35qui ont envie effectivement de nous proposer, alors soit de façon très ponctuelle,
10:39et on a pu le faire, par exemple à l'ouverture de la Samaritaine ou à Isétane à Tokyo,
10:44d'avoir finalement un Perrotin Store et on se rend compte qu'on rencontre vraiment une audience très friande.
10:49Et justement, vous le soulignez, des jeunes aussi, une jeune génération qui s'intéresse à l'art,
10:55qui a peut-être envie de faire un premier achat,
10:56et qui finalement rentre par ce biais dans le fait de collectionner ou de démarrer une collection d'art.
11:04Merci beaucoup Vanessa Cléret.
11:06Je rappelle que vous êtes directrice du développement de Perrotin.
11:09Merci beaucoup d'avoir été avec nous pour nous parler de ce développement justement des Perrotin Store.
11:14Merci à vous toutes et tous de nous avoir suivis.
11:16C'était Arrêt Marché.
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