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  • il y a 4 heures
En France, environ 90 000 détenus sortent chaque année de prison. Leur réinsertion devient alors un enjeu majeur pour notre société. À l'heure où près de deux détenus sur 3 récidivent au bout de 6 ans, la sénatrice centriste Dominique Vérien, co-autrice d'un rapport sur l'exécution des peines, souhaite redonner du sens aux sanctions pénales. L'objectif est d'éviter à tout prix les sorties sèches, comme celle vécue par Cédric, aujourd'hui sans abri à Rennes, que la réalisatrice a suivi dans ses galères de l'après prison. La justice essaie de développer les aménagements de peines, avec des formules innovantes, comme la ferme de Moyembrie dans l'Aisne. Dominique Vérien souhaite voir ces solutions se multiplier, face à l'augmentation continue de la population carcérale. Les alternatives à l'incarcération sont aussi une piste. La réalisatrice s'est rendue en Norvège, où ces alternatives représentent plus de la moitié des peines prononcées. Dans le pays scandinave, la mission de la prison a aussi été recentrée sur la réinsertion. Aujourd'hui, le pays affiche l'un des taux de récidive les plus bas du monde. Année de Production :

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00:00...
00:00En France, environ 90 000 détenus sortent chaque année de prison.
00:22Leur réinsertion devient alors un enjeu majeur pour notre société.
00:26Après des années derrière les barreaux, que deviennent-ils une fois dehors ?
00:31Donc moi je vis dans cette tente-là en fait.
00:35Voilà, j'imagine des gens peut-être un peu plus jeunes, plus fragiles,
00:39qui se disent « j'ai plus rien, je peins en toilette, j'ai pas une douche,
00:43autant que je retourne en prison ».
00:45On parle beaucoup du choc de l'incarcération,
00:47mais le choc de la sortie est d'autant plus violent.
00:49Comment se loger, trouver un travail ?
00:53Des solutions existent pour accompagner et favoriser une réinsertion durable.
00:58Mais les moyens sont-ils suffisants quand le nombre de détenus atteint des records ?
01:02Le code de procédure pénale, il impose à ce que la peine est l'œuvre pour la réinsertion,
01:06et aujourd'hui c'est certain qu'on n'y arrive pas.
01:08En France, près de deux détenus sur trois récidivent au bout de cinq ans.
01:12La prison remplit-elle encore sa mission ?
01:16Ces questions, la sénatrice Dominique Vérien tente inlassablement d'y répondre.
01:28L'élu centriste, co-autrice d'un rapport sur l'exécution des peines,
01:32exerce aujourd'hui son droit de visite parlementaire à la prison de Fresnes.
01:36Malgré ses efforts, la prison peine à recruter,
01:50alors que la surpopulation carcérale atteint plus de 150%.
01:54La maison d'arrêt accueille des détenus condamnés à des courtes peines,
02:13mais aussi des prévenus en attente de jugement.
02:16C'est le cas de ce groupe d'hommes.
02:18Aujourd'hui, ils sont invités à échanger sur le thème de la dignité en détention.
02:22Quel est d'ailleurs ce qui est dur ?
02:25C'est la cellule en elle-même ou le fait de vivre à plusieurs
02:28avec des gens que vous ne connaissiez pas et que vous n'avez pas choisis ?
02:32Est-ce que la prison sert à quelque chose ?
02:44Si on est là, c'est parce qu'on a fait quelque chose ou peut-être qu'on nous soupçonne de faire quelque chose.
02:49Des fois c'est dur parce qu'on est en prison, mais des fois on se sent comme des gammes.
02:55On ne parle pas comme des gammes, mais comme des gens qui n'ont jamais travaillé dehors.
03:00Et donc du coup, la dignité, c'est peut-être aussi un problème qui est lié à la relation avec les surveillants
03:07et que ce n'est pas forcément lié à l'enfermement, mais à la façon dont on vous traite.
03:11Oui.
03:12Bon, merci beaucoup.
03:13Je ne sois à vous.
03:13Merci.
03:14Travaillez bien.
03:15Merci.
03:15Dominique Vérien veut redonner du sens aux sanctions pénales.
03:45Au-delà des conditions de détention, c'est la place de la réinsertion au sein de la prison que la sénatrice veut mesurer.
03:52Bonjour.
03:53À l'intérieur ?
03:53Oui, à l'intérieur.
03:56C'est la première fois que vous passez par la prison, par la case prison, ou c'est quelque chose que vous aviez déjà vécu ?
04:04Non, moi j'ai déjà été en détention il y a quelques années de ça.
04:08Et voilà, donc du coup, c'est la deuxième fois.
04:11Et est-ce que vous réfléchissez déjà à votre sortie et à ce que vous allez faire après ?
04:15Ça, c'est tous les jours.
04:16Ça, c'est matin, midi et soir.
04:17Et le CEPIP, vous le voyez régulièrement ?
04:20Alors ça, c'est à la demande.
04:21On doit écrire tout ce qui est entretien avec un chef, avec un...
04:25Y compris pour le conseiller de probation et l'insertion, c'est pas lui qui vient vous voir pour essayer de travailler avec vous sur...
04:31Ceux qui ont préparé à leur sortie doivent écrire pour avoir un entretien et pour pouvoir présenter leur projet pour ce plan des projets ou pour ceux qui veulent faire des choses.
04:41D'accord.
04:41Merci beaucoup.
04:44Merci beaucoup.
04:47Le CEPIP est un agent de l'administration pénitentiaire peu connu du grand public.
04:53Pourtant, il a une mission clé pour la société, éviter la récidive.
04:57En prison, c'est personne qui aide à la réinsertion s'il n'y a pas un conseiller d'insertion et de probation qui prend en charge la personne.
05:08Alors ça peut être le fait de faire une formation à côté, etc.
05:12Mais en fait, l'idée, c'est mettre à profit la prison pour pouvoir étudier son projet de vie d'après et tant qu'à faire un projet de vie qui ne vous ramène pas à la casse-prison.
05:2963% des détenus français récidivent cinq ans après leur libération.
05:34Ce chiffre, parmi les pires d'Europe, Estelle Caro, CEPIP depuis 16 ans, a bien du mal à le supporter.
05:41Aujourd'hui, elle a fait plusieurs centaines de kilomètres pour dire son ras-le-bol.
05:48C'est à tout un moment que je constate qu'on a toujours les mêmes difficultés au sein de la profession.
05:53Ce n'est pas quelque chose de nouveau.
05:55C'est un constat qui est partagé.
05:56On parle de clochardisation de la justice depuis il y a quelques années encore.
06:01On voit, on peut comparer avec d'autres pays européens.
06:03On met moins d'argent en France que dans d'autres pays européens dans la justice.
06:06Et avec de plus en plus d'attentes, de plus en plus d'exigences pour les agents.
06:10Depuis trois ans, Estelle Caro a décidé de se consacrer pleinement à la lutte syndicale.
06:16Aux côtés de ses collègues venus des quatre coins de la France,
06:19elle prépare aujourd'hui leur troisième journée de mobilisation en moins d'un an.
06:23Alors, on en est où ?
06:28L'inspiration ?
06:29J'ai décidé de mettre justice nulle part à coup sûr.
06:34Très bien.
06:35L'esprit casse la pipe des moyens dignes pour le service public.
06:39Ok, bah nickel.
06:41Est-ce qu'il y a un marqueur, Cyril ?
06:42On a les mêmes débats qu'il y a 20 ans sous Sarkozy.
06:45Alors qu'on était revenus dessus.
06:46C'est ça qu'elle dit, c'est dingue quoi.
06:47On constate que la population pénale, elle continue d'augmenter, mais pas en proportion de nos effectifs.
06:54Et on est encore loin des objectifs qu'on nous avait donnés à l'époque des règles européennes de probation,
07:02où on nous disait, il faut 60 usagers suivis par agent.
07:06Aujourd'hui, en moyenne, on est à 100 personnes suivies pour un agent.
07:13Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est que les budgets sont plutôt mis prioritairement sur la construction de nouveaux établissements.
07:18Donc, il y a un choix qui est fait.
07:19C'est des arbitrages politiques qui ont été faits et en défaveur de la filière insertion-probation.
07:24Là, parfois, on sent que, en fait, on va identifier les choses qu'il faudrait mettre en place,
07:28mais les moyens en face n'existent pas.
07:30Donc, on va mettre des personnes suivies dans une situation d'échec et on en est conscient dès le début.
07:35Bon, on se retrouve sur place, du coup.
07:38Ouais, à tout à l'heure.
07:40Le budget de la justice a augmenté progressivement ces dernières années.
07:44Plus 5,3% par exemple, entre 2023 et 2024.
07:50Darmanin, t'es foutu ! Le type est dans la rue !
07:54Mais cette hausse ne profite pas assez à la réinsertion pour Dominique Vérien.
07:58Darmanin, t'es foutu !
08:00Dans son rapport, la sénatrice pointe des moyens faméliques accordés au suivi des détenus
08:05et le manque de CEPIP face à l'augmentation continue de la population carcérale.
08:11C'est ce paradoxe qui est très gênant.
08:13C'est que, d'un côté, on va dire qu'il faut sanctionner un maximum.
08:15Et la sanction, la seule peine existante, c'est la prison.
08:17C'est le discours qu'on entend, alors que nous, on est contre ce discours.
08:19Et dans le même temps, on va dire, ah, surpopulation carcérale, il faut absolument que vous les fassiez sortir.
08:22Donc déjà, c'est des injonctions contradictoires.
08:26Mais en fait, quand quelqu'un rentre en détention, souvent, s'il avait un emploi, il va le perdre.
08:29S'il avait un logement, il ne va pas pouvoir payer parce qu'il n'a plus de revenus.
08:32Donc, il va perdre son logement.
08:33Et aujourd'hui, quand on prépare la sortie avec une durée de peine et la fin de peine aussi qui manque de lisibilité aujourd'hui,
08:41on va se retrouver avec quelqu'un qui, de jour au lendemain, peut ressortir sans logement, sans travail.
08:45Et à qui on va dire, bon, maintenant, t'es bien gentil, mais t'arrêtes de commettre des infractions.
08:49Et il faut que tu te réinsertes.
08:50En fait, ça ne marche pas comme ça.
08:52À Rennes, Cédric lutte au quotidien pour se réinsérer après 3 ans et demi passé en détention.
09:07Sorti il y a 9 mois, il vit aujourd'hui à la rue.
09:12C'est sous un sol pleureur.
09:14Et c'est un endroit qui est plutôt caché.
09:16Donc, voilà, c'est histoire de ne pas ennuyer les gens dans le côté visuel.
09:21Voilà, on fait ce qu'on peut.
09:24Donc, moi, je vis dans cette tente-là, en fait.
09:27C'est un taux d'humidité qui est quand même énorme, quoi.
09:31C'est un peu limite comme vie.
09:33Ce n'est pas, voilà, je ne le souhaite à personne.
09:34J'ai eu une compagne pendant le temps d'incarcération, mais elle n'a pas supporté mon incarcération, donc elle a décidé de faire autre chose de sa vie.
09:44Ce qui est son droit, quand même.
09:46Et puis, voilà, ce qui me laisse un peu orphelin à tout niveau, d'ailleurs, parce que je n'ai plus de lien sur l'extérieur, hormis les associations qui sont autour de moi.
09:56Mais je n'ai pas de famille, donc à proprement parler, qu'ils puissent, par exemple, me proposer un hébergement ou autre, quoi.
10:01Je n'ai pas ça.
10:03Comme lui, selon Emmaüs et le Secours catholique, 26% des détenus déclarent n'avoir aucune solution d'hébergement en prévision de leur sortie.
10:12À 56 ans, Cédric doit s'organiser pour survivre.
10:17On a un quotidien qui demande des habitudes, de connaître certaines associations pour rester propre, pour pouvoir se nourrir aussi un peu.
10:27Cédric a fait ce que l'on appelle dans le jargon une sortie sèche, une libération sans réel accompagnement.
10:34On fait une forme d'état des lieux, des affaires qu'on a.
10:37Puis, on vous met, si vous avez un pécule libérable, c'est-à-dire un peu d'argent, on vous remet ce pécule-là, puis vous sortez.
10:45J'aurais aimé voir quelqu'un, au niveau des suivis, que ce soit le SPIP ou une assistante sociale, qui me fasse un dernier rendez-vous en me disant
10:56« Voilà, vous repartez sur Rennes, voilà l'endroit, voilà quel bus prendre pour aller à la gare. »
11:01Et non, on m'a lâché un peu comme ça, du jour au lendemain, comment survivre, comment projeter quelque chose sans accompagnement réel dans le cadre du logement.
11:12Il y a trois mois, Cédric a entendu parler de Permis de Construire, une association qui offre un accompagnement global aux détenus sortis de prison.
11:21Bonjour Cédric.
11:21Bonjour Séverine, comment vas-tu ?
11:23Ça va et toi ?
11:23Assieds-toi, vas-y.
11:25Je te remercie.
11:27Aujourd'hui, il a rendez-vous avec Séverine. Elle a trouvé une piste de logement chez l'habitant.
11:33D'accord.
11:33Il faudrait qu'on la recontacte pour qu'elle puisse te rencontrer et voir s'il y a une possibilité d'aller chez elle.
11:39D'accord, très bien.
11:40Parce que la dernière fois, tu me disais que tu avais eu ton acceptation à la commission demande de CHRS.
11:46Oui. Je suis content que la commission ait accepté ma demande de CHRS, vu les conditions de vie que j'ai, mais il y a quand même 20 mois d'attente, donc c'est énorme.
11:56J'ai une écoute que j'ai nulle part ailleurs. La qualité de cette écoute-là est très importante. Elle me pose, elle me rassure aussi.
12:04Elle me permet d'avoir une petite projection, même si c'est le temps d'un rendez-vous, ce que je n'ai pas quotidiennement.
12:10Il faut que je lutte un peu contre moi-même pour ne pas lâcher les rênes et continuer mon chemin tout en espérant de retrouver une vie somme toute classique, au même titre que n'importe quel citoyen.
12:25Donc voilà, ça aide beaucoup.
12:28Dans le témoignage de Cédric, ce qu'on entend, c'est qu'il a rencontré Permis de se construire que cinq mois après sa sortie, parce qu'on vient d'arriver aussi sur le territoire.
12:36Mais que peut-être que si ça avait été anticipé avant, si on avait pu avoir des rencontres en détention, ça aurait pu aussi rassurer Cédric sur sa sortie.
12:44Se dire qu'il n'était pas tout seul et qu'il y avait une structure qui était là pour l'écouter, pour l'accompagner dans son parcours de réinsertion.
12:52C'est pour ça qu'on essaye de faire le lien dedans-dehors qui est important pour pouvoir se réinsérer durablement.
12:58À la semaine prochaine, Cédric.
13:00Merci beaucoup à toi.
13:01Merci.
13:01Et on se tient au courant.
13:03D'accord, merci beaucoup.
13:04Au revoir, Séverine, à bientôt.
13:05Permis de construire, suit actuellement 13 personnes à Rennes et 38 autres sont sur liste d'attente.
13:14Pour éviter les sorties sèches, la justice développe les aménagements de peine.
13:19Une sorte de sas avant la libération qui peut prendre plusieurs formes.
13:25Actuellement, moins d'un détenu sur deux en bénéficie.
13:28Un chiffre que la sénatrice Dominique Vérien souhaite voir augmenter.
13:32Oui, alors je suis Dominique Vérien.
13:34V-E-R-I-E-M.
13:36Aujourd'hui, l'élu au Sénat et membre de la commission des lois vient constater le fonctionnement du quartier de semi-liberté de Frennes.
13:43La nuit, les 150 détenus dorment dans leurs cellules.
13:54Ils sont nombreux à avoir chez soi ou beaucoup ici n'ont pas de...
13:59On a beaucoup de semi-libres qui sont considérés comme étant SDF parce qu'ils ont une interdiction de ne pas arrêter à leur lieu de domicile.
14:04Donc finalement, ils ne peuvent pas retourner chez eux.
14:07Ou alors, on a des semi-libres qui n'ont pas de logement.
14:09La journée, selon les profils, les détenus doivent se prendre en main, soigner leurs addictions, chercher un travail ou encore poursuivre une formation.
14:18Bonjour, vous acceptez de nous répondre ?
14:21Bien sûr.
14:22Ça fait longtemps que vous êtes ici ?
14:23Ça fait quoi ? 6 mois je crois ?
14:26Donc euh...
14:26C'était utile ?
14:27C'est utile, c'est vraiment utile.
14:29Là j'ai l'examen du code qui m'attend là juste après.
14:32Ah ouais ?
14:32Ouais, et j'ai eu une formation déjà, là je travaille en ce moment.
14:36Une formation de quoi ?
14:37Euh... KSS R482, ça vous parle ?
14:40Pas du tout.
14:41KSS c'est pour une conduite d'engin ?
14:44D'engin, ouais.
14:44Mais c'est plus du coup les engin tractopellement.
14:48D'accord.
14:49Et du coup, vous nous faites visiter votre cellule ?
14:52Pourquoi pas ?
14:53C'est mon chili, ça c'est mon co qui dort ici et mon deuxième co.
14:58D'accord, vous êtes trois.
14:58Les deux ils sont pas là, il y en a un qui dort, le petit travaille.
15:02Merci, et puis je croise les doigts et je touche du bois.
15:05Merci, pareil.
15:06Pour le code.
15:08C'est vrai que la semi-liberté c'est un peu le moment charnière entre la maison d'arrêt et la liberté.
15:13Et c'est là où on voit, nous, rapidement, si la personne est dans une bonne dynamique,
15:17s'il a besoin d'un accompagnement soutenu,
15:19si on sera plus sur de la probation pour vraiment vérifier ce qu'il fait,
15:22ou plus sur un accompagnement plus réinsertion sur des activités culturelles, sportives,
15:27ou vraiment simplement un accompagnement parce que la personne est autonome.
15:30Donc très intéressant.
15:32La semi-liberté concerne moins d'un détenu sur trois en aménagement de peine.
15:39Beaucoup poursuivent leur incarcération sous bracelet électronique à domicile.
15:42Une mesure qui exclut les détenus les plus précaires.
15:51Alors, pour rendre l'accès à la réinsertion plus égalitaire,
15:55une poignée d'associations propose des solutions innovantes.
16:00À moyen bris dans l'Aisne, cette ferme accueille une dizaine d'hommes,
16:04toujours sous écrou, venus purger ici la fin de leur peine.
16:07Là, je viens d'arriver et franchement, ça a été un grand soulagement quand ils m'ont accepté.
16:32Quand j'ai eu la réponse avec la spipe, la juge, ça change tout.
16:37On ne va pas se mentir.
16:39On revit, il n'y a pas d'autre mot.
16:41Je ne sais pas comment vous l'expliquez mieux que ça.
16:43C'est comme quand ton collègue Olivier m'a proposé de conduire la voiture.
16:46Quand vous n'avez pas conduit pendant 12 ans et quelques minutes,
16:52toi, tu vous le proposes avant de passer dans la voiture.
16:55Il y a une petite approvision quand même.
16:58Aux côtés de ce détenu, Geoffrey, cuisinier professionnel.
17:03Il est aussi l'un des huit encadrants de la ferme.
17:05Je trouve que la cuisine, c'est un bel outil pour retrouver goût au travail,
17:11pour retrouver goût à des tas de choses.
17:15Les résidents qui sont ici à l'atelier cuisine,
17:18ils sont responsables de nourrir tous les autres.
17:22Donc l'accompagnement, c'est ça aussi, c'est la responsabilisation.
17:27Ici, pas de barreaux, fenêtres ou de miradors.
17:31Les détenus, que l'on nomme des résidents, sont tous salariés.
17:35Le matin, il se consacre au travail à la ferme,
17:39élevage, fromagerie et surtout maraîchage.
17:45Un quotidien qui a attiré Pascal, arrivé il y a 10 mois.
17:50Le maraîchage, du fait, j'ai grandi dedans déjà.
17:54En étant jeune, mes grands-parents, ils avaient une grosse exploitation.
17:58Donc du coup, j'ai cherché une enseigne ou une association,
18:03quelque chose qui pourrait me faire sortir.
18:04Mais pour aller directement en nature.
18:08Pascal a passé 12 ans et demi en détention.
18:12Aujourd'hui, il redécouvre le bonheur d'avoir un logement à lui.
18:15Donc, ici, c'est ma chambre.
18:22Donc, comme vous pouvez le voir, c'est pas énorme.
18:26Mais c'est déjà quelque chose quand on sort de 2 mètres carrés ou même 4 mètres carrés
18:32et que vous arrivez ici, vous avez carrément l'impression d'être au paradis.
18:36Vous pouvez voir la vue que j'ai, c'est vraiment une vue sur la forêt.
18:40Des choses que quand vous êtes en prison, vous ne voyez plus.
18:42Le fait d'arriver ici et d'avoir tout ça et d'être libre d'avoir mon four, d'avoir ma table, mon lit qui est à moi,
18:48que je suis sûr que voilà ça, j'ai acheté, c'est à moi.
18:50Mon armoire avec mes linges que j'ai achetés par moi-même, c'est vraiment quelque chose, quoi.
18:56C'est par l'un de ses co-détenus que Pascal a entendu parler pour la première fois de la ferme.
19:02Sans son suivi, 4 années d'attente avant que sa demande d'aménagement de peine ne soit exécutée.
19:09Ces années-là d'observation, c'est pas on va te pousser.
19:14Je dis bien pousser, les surveillants vont te pousser pour voir.
19:17À bout, hein, moi, jusqu'au dernier jour.
19:23Parce que pourquoi ils n'arrivent pas à croire au changement ?
19:28Vous voyez ?
19:29Le changement qu'un détenu peut montrer, c'est quelque chose.
19:33Mais ils se disent toujours qu'il y a quelque chose de caché, on va aller chercher pour voir
19:37est-ce que vraiment ce gars-là, ce qu'il nous présente et ce qu'on voit, est-ce que c'est vraiment ça ?
19:42On est vraiment ancré dans le délit ou le crime qu'on a fait.
19:47Jusqu'à la fin, il y a des personnes, c'est à un an de leur fin de peine.
19:53Il y a des autres, c'est à trois mois de leur fin de peine qu'on va parler de réinsertion.
19:58Tandis que non, la réinsertion, elle doit commencer depuis le jour qu'on rentre en prison.
20:01Ici, l'après-midi, Pascal, comme les autres résidents, se consacre aux tâches administratives
20:09et à l'élaboration de son projet de sortie, avec l'aide de cette assistante sociale.
20:16Parce que du coup, on peut peut-être renouveler sa demande pour qu'ils aient les dernières fiches de paix,
20:24les attestations CAF en cours.
20:28La peine de Pascal prend fin dans quelques semaines.
20:32Et la ferme a une règle d'or.
20:34Ici, personne ne sort sans logement.
20:37Tu étais vraiment à la recherche active d'un logement.
20:40Il faudrait que tu me donnes aussi le contact de Maxime pour qu'on puisse avancer sur l'immersion.
20:48Pascal espère aussi bientôt retrouver un emploi, grâce à un stage en boulangerie.
20:53De formation.
20:54Il attend de s'envoler.
20:57La ferme a donné ce qu'elle avait à donner.
21:00L'administration pénitentiaire finance ses associations une quarantaine d'euros par jour et par détenus,
21:12quand une journée en cellule lui coûte plus de 100 euros.
21:16Pourtant, chaque année, malgré l'utilité de ces structures, des dizaines de places restent vacantes.
21:22La faute notamment a un manque de données précise, selon Dominique Vérien.
21:28Je souhaiterais que la justice, enfin, ait des chiffres.
21:32Effectivement, récidive et quel type de récidive ?
21:35Après aménagement de peine, après peine de prison, après quel type d'aménagement de peine ?
21:40Pour pouvoir mieux affiner les vrais résultats derrière de ce qu'on a mis en place.
21:47Ça permettrait au moins d'avoir une vraie base de réflexion, pour savoir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
21:53D'autres pays ont déjà tranché cette question.
21:57C'est le cas de la Norvège, qui a aujourd'hui un taux de récidive d'environ 25%, l'un des plus bas d'Europe.
22:04Pour y parvenir, le pays a opéré un virage radical dans les années 90.
22:14Aujourd'hui, plus de la moitié des peines prononcées sont des peines alternatives.
22:19C'est près de trois fois plus qu'en France.
22:22Et la mission de la prison a été recentrée sur la réinsertion.
22:26En 35 ans, le taux de récidive a chuté de plus de moitié.
22:30Ces deux hommes ne sont pas journalistes, mais des détenus d'une prison de haute sécurité près d'Oslo.
22:50Cette radio est mise depuis la prison, mais on invite des personnalités comme des politiciens, des célébrités.
23:01C'est assez drôle.
23:02Ça me permet de me sentir comme un vrai membre de la société, parce que j'ai une voix en dehors d'ici.
23:08On a des fans qui nous écoutent et ça me permet de me sentir important, au moins un peu.
23:13C'est agréable.
23:14« Rover Radion », traduction « L'émission des bandits », est diffusée sur la radio publique nationale norvégienne.
23:23Et le programme a acquis une petite notoriété dans le pays.
23:30Maintenir le contact avec l'extérieur et une forme de normalité sociale en détention,
23:35c'est justement le pari de ce que l'on appelle ici la sécurité dynamique.
23:39Les gardiens sont proches des détenus, autant surveillants que travailleurs sociaux.
23:48« Je crois que c'est ça mon travail, les aider à sourire un peu plus.
23:57Parce que je ne veux pas les voir revenir ici, je ne veux pas qu'ils soient en prison,
24:02je veux qu'ils soient dehors à vivre leur vie.
24:04Alors je les aide en faisant le lien avec l'extérieur,
24:10je les inscris à des programmes pour qu'ils puissent intégrer progressivement une prison plus ouverte
24:14où on leur réapprendra à mieux vivre dehors. »
24:18En Norvège, un détenu comme Mike coûte 230 euros par jour à l'administration pénitentiaire.
24:29C'est en moyenne deux fois plus que dans l'Hexagone.
24:32Mais le pays nordique compte aussi deux fois moins de détenus par habitant,
24:36car la prison y est vue comme un lieu propice à la création de réseaux entre délinquants.
24:41Les détenus ont un suivi plus individualisé,
24:44et l'idée est de garder un semblant de vie normale, comme dans cette supérette.
24:48« C'est une bonne préparation pour la sortie de venir et faire ses courses,
24:55parce qu'on doit s'organiser.
24:57Depuis notre cellule, on fait une liste de ce que l'on doit acheter,
25:00on prend notre sac de course.
25:05Au début, je ne me sentais plus en prison ici,
25:07mais après, on s'y habitue, ça nous donne une discipline
25:10et des routines pour apprendre à être indépendant.
25:15C'est bien. »
25:17Dans quelques semaines, Mike sera libéré.
25:20Mais avant, il doit passer par le bureau de Christopher,
25:24en charge de sa réinsertion.
25:27« Il n'a pas d'endroit où aller.
25:30J'ai perdu mon appartement en entrant en prison.
25:36Donc on doit trouver une solution pour toi.
25:38Tu as des enfants, donc tu as besoin d'un appartement pour les accueillir.
25:41On peut regarder sur Internet si des logements sont disponibles
25:47dans la zone où tu souhaites vivre.
25:49Généralement, on préfère ne pas dire que tu es en prison, n'est-ce pas ?
25:52Parce que c'est un peu dur à vendre comme histoire.
25:53Donc habituellement, on ment par omission.
26:00Je viens avec toi, je ne mets pas mon costume d'agent pénitentiaire,
26:03je suis juste un ami, on peut faire quelque chose comme ça.
26:05Ça me donne de l'espoir quand je rencontre des gens comme lui, sérieux,
26:15qui veulent le meilleur pour moi.
26:18Ça me donne confiance dans le fait que peut-être je ferai mieux cette fois-ci.
26:22C'est vraiment une bonne opportunité pour moi et je veux la saisir.
26:26Le modèle norvégien qui mise sur la réinsertion et les alternatives à l'incarcération
26:35a inspiré nos voisins européens.
26:38L'Espagne et l'Allemagne lui ont en partie emboîté le pas.
26:42Les deux pays affichent un taux de récidive bien inférieur à celui de la France.
26:47Les deux pays affichent un taux de récidive bien inférieur à celui de la France.
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