Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 9 minutes

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Europe 1
00:02Pascal Prouet-vous ?
00:03Nicolas Paine Pagnol qui nous rend régulièrement
00:06visible, qui nous rend
00:07visible, je dis n'importe quoi,
00:09qui nous rend régulièrement visite
00:11les serments de Marcel Pagnol, c'est un très
00:13beau livre, très bien édité chez Fayard
00:15et qui peut être d'ailleurs un livre, pourquoi pas
00:18de Noël. Quel est
00:19je ne connaissais pas ce livre, Marcel
00:22Pagnol, l'agnostique, fils d'un instituté
00:24en tri anticlérical, qui n'a
00:25jamais mis les pieds à l'église et a vécu dans l'adultère
00:28pratiquement toute sa vie, dites-vous.
00:30Oui, oui, c'est vrai, c'est vrai, il ne faut pas confondre
00:32Joseph, son père, dont il nous parle
00:34dans les souvenirs d'enfance, qui lui était
00:36vraiment un bouffeur de curé, un hussard noir
00:38de la République, et puis
00:40Marcel, baptisé en secret par
00:42sa mère, Augustine, sur une église du
00:44Vieux-Port. Il ne faut pas oublier
00:46non plus que dans l'œuvre
00:48de Marcel, il y a beaucoup de curés
00:50qui se confrontent
00:52aux instituteurs, la foi
00:53contre la raison. Moi, je pense
00:56que Marcel avait beaucoup de respect pour
00:58l'instituteur, beaucoup de tendresse et de
01:00considération pour le curé, et
01:02qu'il savait qu'il fallait des deux pour faire
01:04une société, la connaissance
01:06et l'apaisement. Il ne prend
01:08jamais partie, tout simplement,
01:10dans son œuvre, et puis par la suite,
01:12en vieillissant, il deviendra très ami avec
01:14Norbert Kalmel, ce qu'il va rencontrer en
01:151954 sur le tournage des lettres
01:18de Montmoulin, et avec qui
01:20il va y avoir une magnifique
01:21relation épistolaire, qui va aussi beaucoup
01:23l'aider dans ses travaux de recherche,
01:25et qui le confessera, il donnera la dernière
01:27onction au soir de sa vie.
01:30Il a eu ce qu'on appelle
01:32le sacrement des malades, Marcel Pagnol,
01:34et l'extrême onction.
01:35Tout à fait, par son ami,
01:38il a eu une grande, grande confession,
01:40et une fois que celle-ci
01:42était terminée, il dira à ma grand-mère, je me sens
01:44beaucoup plus propre, je me sens comme neuf.
01:46Bon, quel est le...
01:48Alors, ses sermons, qui les a...
01:50J'allais dire, qui les a écrits,
01:51et quelle utilité ont-ils ?
01:53Alors, ses sermons, c'est Marcel qui les a écrits,
01:56ils sont issus de
01:57certaines de ses œuvres, comme Manon des Sources,
02:00ou le curé de Cucugnan, ou encore...
02:02Qui était joué par Fernand Sardou, le curé de Cucugnan ?
02:04Tout à fait.
02:04Et il cheminait, il cheminait.
02:06Tout à fait.
02:07Et encore la femme du boulanger.
02:10Il y a un petit serment très court dans la femme du boulanger.
02:13Tout à fait, c'est ça.
02:13C'est étonnant d'ailleurs, et qui est joué par
02:15ce comédien qui joue également, M. Brun ?
02:17Vatier, Robert Vatier.
02:18Qui est formidable.
02:19Oui.
02:21Mais Marcel s'en explique, il dit,
02:23lorsque l'on veut convoquer tout le village,
02:26on le convoque soit au café, soit à l'église.
02:30Là, c'est à l'église, parce qu'il est question
02:32d'âmes, de péchés, d'erreurs.
02:36Et donc, Marcel, dans toutes ses œuvres,
02:37convoque l'Assemblée, l'Agora, à l'église.
02:40Et là, on expose, en fait, le problème,
02:43le pitch, la faute aux spectateurs.
02:49Et dans les films de Pagnol, effectivement,
02:50on voit ses curés régulièrement.
02:52On les voit également dans le village,
02:53qui sont habillés comme on était habillés jadis
02:55lorsqu'on était curés.
02:56Parce qu'il y a quelque chose, effectivement,
02:58qui est très important, c'est que le clergé a été
02:59invisibilisé, mais par l'église elle-même,
03:03après Vatican II.
03:04C'est une des erreurs, me semble-t-il,
03:05de l'église, d'avoir mis en civil le clergé.
03:10Donc, on voit, effectivement, dans les films de Pagnol,
03:12les curés tels qu'ils étaient habillés
03:14il y a quasiment un siècle.
03:16Et puis, surtout, lorsqu'ils sont en chair,
03:19ils sont au-dessus des fidèles,
03:21dans, précisément, on disait, montés en chair,
03:24qui existent, qu'on voit toujours dans les églises.
03:26Généralement, c'est fermé, aujourd'hui.
03:28On ne peut pas monter, gravir les 4-5 marches.
03:31Mais, cinématographiquement, c'est toujours très efficace.
03:34Ah oui, ça porte, c'est efficace, ça le place en supériorité.
03:38Il y avait, en fait, 3 figures d'autorité.
03:41Dans le village, il y avait la noblesse,
03:44le curé, l'instituteur,
03:46et parfois le maire.
03:48Et si, seulement, quelqu'un d'entre vous,
03:51ce serait trop beau si je pouvais compter sur tout le monde,
03:53si quelqu'un d'entre vous prenne,
03:55avec eux-mêmes, l'engagement solennel
03:57de faire au moins une bonne action,
03:58de reparer le mal qu'ils ont pu faire,
04:00alors, moi, je suis sûr que le grand fontainier
04:02qui vous a coupé l'eau n'attend que votre repentir
04:05pour vous le rendre.
04:06Et c'est sans doute extrait de Manon des Sources.
04:08Cet extrait de Manon des Sources, oui, il leur dit, en fait,
04:11le but n'est pas de ne pas faire le mal,
04:15le but, c'est de faire le bien,
04:16et de saisir les belles actions
04:18lorsqu'elles se présentent à nous.
04:20Et à partir de ce moment-là, la société ira mieux.
04:24Mais vous posiez la question,
04:25quel est le rapport de Marcel Pagnole
04:27avec l'Église, avec la religion ?
04:31Il était agnostique, il n'a jamais vécu,
04:33enfin, il a vécu tout le temps dans le péché,
04:36plusieurs femmes, des enfants naturels.
04:38Combien d'enfants ?
04:39Cinq.
04:40Et combien de femmes ?
04:42Sept.
04:43Enfin, oui, combien de femmes ?
04:45Avec qui il a vécu, bien sûr.
04:47Quatre.
04:47Quatre mariages ?
04:48Non, pas mariage, non.
04:49Non, non, mariage, un mariage à 18 ans,
04:51et puis un mariage avec ma grand-mère
04:53beaucoup plus tard.
04:54Mais il vivait dans une époque
04:56qui était pétrie de valeurs chrétiennes,
04:59même les laïcs étaient pétris de valeurs chrétiennes,
05:02le rapport que nous pouvons avoir avec la mort,
05:04avec les autres, avec le bien, le mal,
05:08le rapport homme-femme,
05:10tout ça régissait tout de même la société à l'époque.
05:13Bon, vous pouvez, alors, moi j'avais dit une erreur,
05:15j'avais dit que les films de Pagnole souffraient
05:18avec le son et avec l'image,
05:20mais je suis en train de tous les revoir,
05:22pour tout vous dire, par le plus grand des hasards,
05:25et c'est impeccablement restauré,
05:27il y a une magie du noir et blanc,
05:28vraiment, il y a une magie du noir.
05:29Mais je vous remercie.
05:30Mais surtout, le son est absolument formidable,
05:33parce que j'ai vu, sur les deux dernières semaines,
05:36j'ai vu La fille du puisatier,
05:37avec Rémus, que j'ai trouvé, mais extraordinaire,
05:40vraiment extraordinaire,
05:41et la femme du boulanger,
05:42avec un Charpin,
05:43qui est tout à fait,
05:44Fernand Charpin,
05:46qui est tout à fait formidable.
05:46Mais la femme du,
05:48la fille du puisatier,
05:50je trouve qu'il y a quelque chose de supérieur
05:51dans cette histoire qui nous est racontée,
05:54et d'émouvant,
05:55c'est lorsque Rémus
05:57vient voir Charpin
05:58pour lui dire que sa fille
06:01est sans doute en train de son fils,
06:03qui est parti à la guerre,
06:04et que Charpin ne veut pas imaginer,
06:07parce que la fille n'est pas riche,
06:08la fille du puisatier,
06:09il ne peut pas imaginer que c'est son fils
06:11qui l'a mis enceinte,
06:13la scène de Rémus
06:14et l'émotion qu'elle provoque,
06:17c'est extraordinaire.
06:19Il me fait dire,
06:19je sais maintenant qu'il faut se méfier des gens
06:21qui vendent des outils
06:22et qui ne s'en servent pas.
06:24Tout est dit en quelques mots,
06:25mais ça c'est le grand talent de mon grand-père,
06:26c'est d'arriver à créer une image,
06:31une émotion,
06:32une idée,
06:33avec une économie de mots incroyable.
06:35Mais c'est servi par des acteurs
06:37Charpin et Rémus,
06:40je ne veux pas faire les anciens combattants,
06:42mais tu ne vois même pas comment c'est fait,
06:44ils ne jouent pas,
06:46ils sont.
06:47Ce sont probablement deux grands professionnels
06:49et puis qui avaient l'habitude de jouer ensemble,
06:50parce qu'ils ont créé Marius au théâtre
06:52dès 1929,
06:54Marius ils vont jouer plus de 800 fois,
06:56900 fois,
06:57pareil pour au cinéma,
06:59après puis...
07:00Freinet ?
07:01Freinet, oui,
07:02mais Freinet n'a joué que dans la trilogie,
07:05il ne fera pas partie de la bande,
07:07ce qu'on appelle la bande à Pagnole.
07:08Il joue Marius,
07:09je ne m'appelle pas le pire Freinet.
07:10Oui.
07:11C'est votre meilleur.
07:14C'est mon meilleur.
07:16Mais Charpin,
07:16alors Charpin qui est mort,
07:17vous savez comment il est mort ?
07:18Charpin,
07:19il est mort d'une crise cardiaque
07:20parce qu'il habitait au 7e étage,
07:21l'ascenseur était en panne,
07:23il est monté,
07:23hop,
07:23il est mort.
07:24Il est mort en 44 ou 45,
07:26qui avait 57 ans.
07:27Et Rému,
07:28pareil,
07:28il y meurt au lendemain de la guerre.
07:30Alors,
07:31pourquoi Rému et Pagnole
07:32étaient fâchés régulièrement ?
07:34Parce qu'ils avaient...
07:34Par exemple,
07:35dans La femme du boulanger,
07:37ils étaient très fâchés,
07:38il n'a failli pas le prendre.
07:39Ils étaient très fâchés
07:40parce que Rému se mêlait de tout,
07:42était devenue une très grande star
07:43grâce à Marius,
07:44Fanny,
07:45César,
07:46voilà.
07:48Et il disait à Marcel,
07:50tu es un mauvais metteur en scène,
07:52je veux bien faire ton film,
07:53c'est très beau,
07:53mais alors en plus,
07:54les comédiens que tu veux prendre face à moi,
07:56ce n'est pas possible.
07:57Charles Moulin,
07:59grosse tête,
08:00petit cul,
08:01va planter ton film,
08:02va-t-il,
08:03il n'a pas les épaules,
08:04il n'a pas l'œil,
08:04il n'a pas l'œil.
08:05Il y a une très belle correspondance
08:06qui existe entre Pagnol et Rému
08:09à ce sujet
08:10et ils se sont affrontés
08:12toute leur vie là-dessus
08:13mais ils s'aimaient par-dessus tout.
08:14Il n'a pas l'œil,
08:15c'est Simone Signora
08:16qui disait ça,
08:17pour juger un comédia,
08:18elle disait
08:19il a où il n'a pas les carreaux,
08:20il n'a pas les carreaux.
08:21Et ça,
08:22ça parle des yeux.
08:23Les sermons de Marcel Pagnol
08:25de l'Académie française,
08:26c'était un bonheur
08:27vraiment de vous recevoir.
08:29Merci,
08:29dans une seconde,
08:30Laurence Ferrari,
08:31à demain !
08:32Si vous le voulez bien !
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations