Célibat et solitude en France : «Une société qui a peur de l'engagement et où l'autre est une contrainte», regrette Gauthier Le Bret

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00:00Il est 16h18, on est avec Elisabeth Assaïa, Richard Millet, Georges Fenech, Gautier Lebrette, Olivier Guénac.

00:08Il y a évidemment toute une actualité, l'actualité on est parti sur les quatrinettes,

00:12donc on ne va pas faire toute l'émission là-dessus, mais on va juste terminer.

00:15Je trouvais que le 25 novembre, jadis, c'était les quatrinettes et que la société culpabilisait,

00:21c'était ça le sens de notre conversation, les jeunes femmes qui n'étaient pas mariées,

00:24et que la société aujourd'hui a changé.

00:25Et je rebondis simplement sur ce qu'a dit Gautier Lebrette tout à l'heure,

00:28qui a parlé d'une société individuelle.

00:30Moi je ne dirais pas ça, je dirais que c'est une société où les droits individuels

00:34sont plus nombreux aujourd'hui, prédominent.

00:37Mais ces droits individuels, il faut les entendre,

00:39on peut entendre qu'une société tuée, c'est quoi des droits individuels ?

00:42C'est pouvoir, comment dire, divorcer si on le souhaite,

00:46un droit individuel c'est pouvoir avorter si on le souhaite,

00:48c'est pouvoir se marier si on est un homme avec un autre homme,

00:51c'est aussi ça des droits individuels.

00:52C'est ça les droits individuels.

00:54Le Gautier n'est pas allumé, me semble-t-il.

00:55C'est assez progressiste d'ailleurs ce que je dis là.

00:57On ne parle pas de la même chose.

01:00Moi je parle évidemment que ces droits individuels,

01:02il est hors de question de les...

01:02Parce que c'est quoi une société individualiste ?

01:04Une société individuelle c'est une société qui a peur de l'engagement,

01:07c'est une société où l'autre est une contrainte,

01:10l'autre est une contrainte,

01:12donc je ne me marie pas parce que l'autre peut devenir une contrainte,

01:14donc je ne vis pas avec lui parce que l'autre peut être une contrainte,

01:17donc je n'ai pas d'enfant parce qu'avoir des enfants...

01:18C'est une société ?

01:19C'est une contrainte, avoir des enfants c'est accepter que tout ne tourne plus autour de soi,

01:23mais autour d'une autre personne.

01:25Et donc évidemment, les contraintes, ça peut changer votre mode de vie,

01:28vous n'allez plus au restaurant quand vous avez envie d'y aller,

01:30vous n'allez plus au cinéma quand vous avez envie d'y aller,

01:32vous n'allez plus tel ami quand vous avez envie d'y aller.

01:34Donc oui, au bout d'un moment, vous ne vivez plus pas que pour vous,

01:37mais aussi pour une autre personne.

01:39Et c'est ça, me semble-t-il, lutter contre une société individualiste.

01:43Et je vous vois autour de moi, dans ma génération...

01:46Quelle sagesse !

01:46Parfait ! Alors vous dites sagesse, bon...

01:48Non mais je suis vraiment impressionné par...

01:49Non mais ce qu'il dit, c'est que c'est une société individualiste,

01:52c'est une société qui manque de générosité tout simplement,

01:55de tourner vers l'autre.

01:57D'engagement.

01:57Ben oui, mais l'engagement c'est la générosité aussi.

02:00Il y a quelque chose de moral dans ce que vous dites,

02:00comme si c'était le bien et le mal,

02:02comme si vous trouvez que dans la hiérarchie c'est mieux ce que vous dites là que...

02:06Ah ben si c'est pour tous finir tout seuls dans son coin,

02:09oui, ça me fout les jetons.

02:10Mais si les gens sont très contents de finir dans leur coin tout seul...

02:12Mais justement, on est un animal social, vous aussi je ne crois pas.

02:15Ah oui, vous ne croyez pas qu'il y ait des gens différents de vous ?

02:18Non mais si, on peut vivre différemment de moi, je ne suis pas un modèle,

02:21je ne prétends pas être un modèle.

02:23Je dis que les gens qui sont tout seuls à la fin,

02:26s'ils disent qu'ils sont...

02:29Ben justement, justement, j'espère pas, j'espère pas...

02:33Vous vous reconnaissez dans l'analyse ou pas du tout ?

02:35Non, pas du tout.

02:37D'accord, d'accord.

02:37Et souvent quand l'autre est une contrainte,

02:50ça peut être l'enfant, ça peut être le mari ou la femme,

02:53et après ça peut être le patron.

02:54Moi je vois très bien aussi dans les carrières,

02:56sans citer de nom de ceux qui peuvent m'entourner,

02:59qui seront ravis de ce que je dis,

03:00qu'au bout d'un moment, quand il n'y a pas de conjoint, pas d'enfant,

03:04et souvent le patron on ne l'aime pas non plus,

03:06donc la carrière elle est morcelée,

03:08elle est morcelée parce qu'on a démissionné,

03:10parce qu'on ne supporte pas.

03:11Richard Millet, il a 30 ans,

03:12et nous quand on avait 60, il est plus vieux.

03:15Beaucoup plus, beaucoup plus.

03:16Mais c'est intéressant ce qu'il dit.

03:17C'est très intéressant, c'est une analyse sociologique,

03:20mais on peut faire une analyse plutôt philosophique.

03:21On pourrait le renvoyer en Chine,

03:22parce qu'avec les pendipendins,

03:24c'est vraiment une espèce en voie de disparition aussi.

03:26Je pense qu'à côté, je pense qu'il y a plus de pendipendins

03:33que de...

03:33C'est moi le pendant.

03:36Allez-y, allez-y.

03:36Je veux dire qu'il y a une analyse philosophique qu'on peut faire,

03:38c'est celle de Lévinas, pardonnez-moi d'être prétentieux.

03:40L'altérité.

03:41C'est-à-dire l'irruption de l'autre,

03:43la responsabilité pour autrui,

03:44ça recoupe d'ailleurs une partie de ce que vous dites,

03:46mais le bouleversement qu'introduit l'autre dans une vie,

03:49ça c'est irremplaçable.

03:50Et ce n'est pas une question de sociologie,

03:51c'est la réaction de la rencontre.

03:53Et ça c'est magnifique.

03:54Donc ça, ça ne peut pas être...

03:56C'est impossible, ça c'est vraiment.

03:57Il y a des bouleversements dans la vie quand quelqu'un arrive,

04:00je vous le dis.

04:01Mais oui, mais c'est très bien.

04:02Mais encore faut-il être ouvert à la rencontre.

04:05Exactement, moi je suis bien ouvert.

04:06Encore faut-il être ouvert à la rencontre.

04:08Il y a aussi un engagement dans la solitude

04:11qui m'intéresse beaucoup.

04:14Continuez ça, ça veut dire quoi l'engagement ?

04:15Ça veut dire qu'il faut accepter,

04:18par exemple, moi, j'ai 72 ans,

04:19je suis foutu, je suis fini.

04:21Je vous interdit de dire ça.

04:23C'est insupportable, ce discours.

04:26On ne doit jamais dire du mal de soi.

04:29Absolument.

04:29Parce que c'est comme ça.

04:30Parce que les autres s'en chargent.

04:32Je sais, les autres s'en chargent.

04:33On ne doit jamais dire du mal de soi.

04:36Je fais un constat,

04:37puisqu'on parle de solitude,

04:38c'est fini, 72 ans,

04:39parce que vous voulez que je...

04:40Mais vous êtes plus jeune que...

04:42Je suis le plus vieux d'ici.

04:45Non, non, c'est moi le plus vieux.

04:46Il est plus vieux d'où ?

04:46Il a 82 ans, moi.

04:47Et lui, quand le guillot d'où ?

04:4982 ?

04:4982 ? Non, Georges !

04:51Terminé, Terminé, Georges...

04:53Richard Millet.

04:55Terminé, Richard Millet.

04:56C'est intéressant.

04:57Non, mais je veux dire

04:57que cet engagement dans la solitude

04:59peut être aussi extrêmement intéressant.

05:00Et on voit beaucoup de choses

05:01de ce point de vue-là.

05:02Voilà.

05:03Simplement, l'engagement que je peux avoir

05:04de la solitude n'est pas le même

05:05que celui de Gauthier

05:06ou d'Olivier.

05:07Mais pourquoi vous dites

05:08que c'est fini, 72 ans,

05:09c'est le bel âge ?

05:10Vous avez droit de rencontrer une personne ?

05:14Sérieusement, vous pensez

05:16que vous ne pouvez pas tomber amoureux

05:18de quelqu'un ?

05:18Moi, je connais des gens

05:19qui tombent amoureux à 90 ans,

05:2080 ans, j'en ai connus.

05:21Des gens qui tombent amoureux

05:22à 90 ans ?

05:23Oui, oui.

05:24Jean, je suis en train de mentir.

05:26Il a 71, il a pas 82.

05:28Ah, il a 71 ?

05:28Jean, je suis en train de mentir.

05:30Jean, vous, vous ne pensez...

05:31Vous, couragez.

05:32Moi, je ne suis jamais seul

05:33avec ma solitude.

05:35Oui, bon, d'accord,

05:35mais ça, c'est des phrases,

05:36c'est des mots.

05:37Non, c'est des chansons.

05:38Oui, je suis jamais bon d'accord,

05:39mais ce n'est pas la meilleure.

05:40Serge, je vous en prie.

05:42Il n'y a pas...

05:43Aujourd'hui, on parle encore

05:44de vieilles filles,

05:45mais le concept de vieux garçons,

05:47l'équivalent, n'existe plus.

05:48On n'en parle plus.

05:49Si vous avez Olivier Génèque

05:50à côté de vous.

05:51Non, mais ça existe.

05:53Mais dans le temps,

05:53on disait un vieux garçon...

05:55On ne le vit plus.

05:55La vie s'en partage,

05:56ça n'a pas de sens.

05:57Mais je suis d'accord.

05:58Mais je vous le dis

05:58avec la plus grande sincère.

05:59Et jusqu'au bout ?

06:00Être seul, ça n'arrive à rien.

06:03Je suis d'accord.

06:03Si vous partagez,

06:04alors que vous ne soyez pas

06:05que c'est marié,

06:06peu importe,

06:07il faut partager.

06:08Et quel que soit l'âge.

06:09Et je rajoute un élément.

06:12Je vois de plus en plus

06:12un mouvement.

06:14Il y a même eu un livre

06:15écrit là-dessus

06:15qui compare le fait

06:17de devenir parent

06:18au fait de prendre un chien

06:20avec une auteure

06:21qui a vendu un livre,

06:23qui a fait de la promo, etc.

06:25J'essaie de t'en parler

06:25à chaque fois.

06:26Et quand je vois au parc

06:27les dames appeler leur chien

06:31entre mon fils,

06:33viens voir maman, etc.

06:34Comme si c'était la même chose.

06:36Franchement, ça m'effraie.

06:37Moi, je suis un peu plus tolérant

06:39que vous

06:39dans ce sens

06:41qu'il y a des gens, par exemple,

06:42qui ne veulent pas s'engager

06:42parce qu'ils ont peur de souffrir,

06:44tout simplement.

06:44Et je peux comprendre

06:45parce que l'amour les détruit.

06:47Parce que l'amour peut détruire.

06:48Parce qu'ils sont trop sensibles.

06:50Parce qu'ils sont à fleur de peau.

06:52Parce que leur cœur peut être brisé.

06:55Parce qu'ils ont été aussi parfois brisés

06:57et qu'ils ne veulent pas retourner

06:59dans une histoire d'amour.

07:00Donc, tout cela,

07:01il y a autant d'individus

07:03et je me garderais bien

07:04de juger les destins individuels

07:05des uns et des autres.

07:06À partir du moment

07:07où ils ne font de mal à personne.

07:08Bien sûr, on ne la juge pas

07:09les individus.

07:10Je juge l'individualisme

07:12qui gagne du terrain.

07:13Je réponds à l'ami,

07:14à l'ami, comment dire,

07:16Georges, qui dit

07:17ne pas partager.

07:19Je ne vois pas l'intérêt.

07:20C'est une mort sociale.

07:21C'est une question d'intérêt.

07:22Parfois, il y a des gens

07:22qui en sont incapables.

07:24Je crois, alors,

07:24Schopenhauer disait,

07:26là aussi, c'est comme Lévinas,

07:27sans faire le malin,

07:29il disait, conseil de sagesse

07:30dans la vie,

07:31n'aimer et ne haïr personne.

07:33C'est bien, Schopenhauer.

07:33Quelle vie horrible, ça.

07:34Quelle vie horrible.

07:35Mais je suis d'accord avec vous.

07:38Il faut haïr des gens,

07:39il faut en aimer d'autres.

07:40Mais on est l'exact contraire.

07:42Nous, on est vivants, bien sûr.

07:43Tout ça, je me fais.

07:44Et qu'est-ce qu'on nous déteste ?

07:45Mais voilà.

07:46Parce que nous sommes passionnés.

07:47En revanche, il y a des gens

07:48qui ne m'aiment pas trop.

07:49J'ai remarqué.

07:49Il est 16h26,

07:51on marque une solitude.

07:54Ça n'existe pas.

07:55Oui, M. Guenek,

07:56c'est que moi, ça fait 7 ans

07:58que je vous connais,

07:59je vous promets que c'est vrai.

08:00Depuis peu,

08:00ça me pèse sincèrement

08:02d'être seul.

08:02Depuis peu.

08:03Alors ça m'était...

08:04C'est un sentiment

08:05que je n'avais jamais travaillé.

08:05Et quel est le lien avec Pascal ?

08:07C'est normal.

08:08C'est normal, Olivier.

08:09Pourquoi ?

08:09Parce que vous étiez...

08:10Quel âge vous avez ?

08:1126.

08:12Eh bien, c'est normal.

08:13C'est-à-dire que...

08:14En fait,

08:15je ne veux pas dire

08:15que tout le monde

08:15a la même histoire.

08:16Vous vous apercevez

08:17que tout le monde

08:18à grands traits

08:20fait des enfants

08:20entre 25 et 30 ans.

08:22Tout le monde se met

08:22en couple autour de 25 ans.

08:24Tout le monde fait des enfants

08:25entre 25 et 35 ans.

08:27Et beaucoup retrouvent

08:28leur liberté

08:28à partir de 35 et 40 ans

08:30parce qu'ils n'en peuvent plus.

08:32Voilà.

08:33Parce qu'on divorce

08:33pour un oui, pour un non.

08:34Non mais je vois

08:35se dessiner à grands traits

08:37ce qui se passe

08:39dans cette société.

08:40Et je m'aperçois

08:40que beaucoup de gens

08:42à 35-40 ans

08:43reviennent sur le marché,

08:44entre guillemets.

08:45Pardonnez-moi,

08:46c'est un peu trivial.

08:47Mais en revanche,

08:48c'est presque la nature

08:50leur a demandé

08:51de faire des enfants,

08:52de se reproduire.

08:53On est aussi là pour ça.

08:54Je sens que la nature

08:54me parle en ce moment.

08:56La nature, elle parle.

08:57C'est la pub, moi,

08:57qui me parle.

08:58Parce qu'il est 16h27.

08:59Bon, on a terminé

09:00mais vous voyez,

09:01ce n'est pas précieux.

09:02C'est génial, Pascal.

09:03Mais bien,

09:04c'est bien,

09:04on peut en faire tous les jours.

09:05A tout de suite.

09:06Pascal Praud et vous,

09:0716h-18h sur Europe 1

09:08dans un instant,

09:09Émilie Dès

09:09pour le rappel des titres.

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