00:00Vous êtes la maman de combien d'enfants, vous, Sophie ?
00:01Je suis maman de cinq enfants.
00:04Et donc, ça fait combien de temps que vous êtes séparée d'eux ?
00:06J'ai un enfant d'une première union qui n'a rien à voir avec la procédure.
00:11Et mes quatre enfants, ça fait 32 mois qu'ils m'ont été arrachés avec extrême violence.
00:16Ils ont quel âge ?
00:17Aujourd'hui, mon aîné a 11 ans, mon autre fils a 9 ans, ma fille a 7 ans et ma petite dernière, elle a 4 ans.
00:24Ils sont où aujourd'hui ?
00:26Chez la réagresseur dénoncée, leur père.
00:30Et vous n'avez plus aucun contact ?
00:32Alors, cet été, ils m'ont enlevé mon autorité parentale, mes visites médiatisées, ils me les ont enlevées.
00:37Alors que normalement, il y a une obligation de maintenir les liens.
00:40Ils m'ont mis une simple heure de téléphone par semaine avec mes enfants, comme une détenue.
00:47On va reprendre un peu le fil de votre histoire.
00:49Tout a commencé avec une rupture.
00:52Oui, tout à fait.
00:52Est-ce que tout de suite, ça a été…
00:55Déjà, en fait, il faut savoir que moi, j'ai assigné un divorce et j'ai mis du temps.
00:59Parce qu'il faut savoir que le mécanisme d'emprise, c'est très difficile à expliquer.
01:03Seuls, je dirais, les psychologues, les psychothérapeutes savent très bien l'exprimer.
01:08Et moi, je me suis prise d'empathie déjà pour cet homme qui a 13 ans de plus que moi.
01:12Quand il m'a rencontrée, il avait 40 ans et donc j'avais la vingtaine.
01:18Donc, j'ai agi comme ce qu'on appelle le syndrome du sauveur dans mes relations romantiques.
01:25J'ai toujours eu ça.
01:26Et donc, il faut savoir que je lui donnais toujours des chances de se remettre en cause, de se remettre en question.
01:32J'ai parlé de psychothérapie familiale pour savoir pourquoi il utilisait tout le temps la violence pour éduquer les enfants.
01:40Vous aviez déposé plainte à l'époque parce qu'il s'était montré violent avec vos enfants.
01:44Oui, oui.
01:45Et il avait eu quoi ?
01:46Alors, en fait, j'ai déposé plainte suite à un conseil des gendarmes qui venait souvent chez nous parce qu'il avait des crises de violence assez extrêmement graves.
01:54C'est ce que j'ai fait.
01:55Le procureur, à l'époque, lui a demandé de quitter le domicile conjugal pendant deux mois.
02:00C'est ce qu'il a fait.
02:01Comment ça s'est passé au moment de la séparation ? Qui a eu la garde des petits ?
02:04Alors, quand il y a eu l'assignation du divorce, on est passé devant un premier juge aux affaires familiales qui a du coup posé les questions au père à ce moment-là.
02:15Est-ce que c'était bien lui l'auteur des violences ?
02:16Parce qu'en fait, il y avait des photos que j'avais produites, donc des coups, des bleus, des échymoses, des griffures.
02:22Il a dit oui, c'est bien moi qui ai fait ça, je reconnais, mais je regrette, voilà, je suis triste maintenant.
02:29Et en fait, à ce moment-là, aucune démarche thérapeutique n'a été faite de son côté, donc j'ai eu la garde principale de mes enfants.
02:38Il les voyait quand même le week-end ?
02:39Voilà, j'ai respecté le droit de visite et l'hébergement classique qu'il avait, donc jamais fait entrave à son droit de visite.
02:45Sauf que quand je récupérais les enfants le dimanche soir dans un état vraiment catastrophique, c'est-à-dire qu'ils étaient négligés, donc ils n'étaient pas lavés.
02:54Donc de tout le week-end, ils n'étaient pas lavés.
02:56Et puis ils étaient affamés, c'est-à-dire que j'ai appris par mes enfants qu'en guise de punition, il y avait des privations de repas.
03:06Donc mes enfants me disaient, comme on a été puniés, on n'avait pas le droit de manger.
03:10Donc moi, j'ai continué à déposer des plaintes et alerté en disant que moi, je veux bien respecter cette ordonnance,
03:16mais en fait, mes enfants me relèvent des faits très très graves.
03:19Et sachant que là, moi, je ne suis plus là au domicile pour les protéger, ils se retrouvent tout seuls dans la maison avec lui.
03:25Donc j'ai très peur qu'il arrive un drame.
03:28Il y a eu d'autres faits dramatiques qui ont été relatés ?
03:31À cette époque, ma fille a 4 ans, elle explique avec ses mots d'enfant,
03:37il faut savoir qu'à cet âge-là, les enfants n'ont aucune notion vraiment de la sexualité et de l'interdit.
03:42elle explique que son père lui a fait ça, mais qu'elle a refusé, mais que ça a recommencé.
03:48Et j'ai demandé à ses frères aînés, je leur disais, mais vous n'entendez rien, vous ne voyez rien,
03:55parce que la chambre de votre soeur n'est pas très loin de la vôtre, donc est-ce que la nuit, vous n'entendez pas ?
04:00Et puis en fait, je voyais bien que mes garçons, ils étaient très mal à l'aise, ils se tordaient les doigts,
04:05ils disaient, je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas.
04:08Puis ils partent jouer directement, enfin ils sont dans l'évitement.
04:11Et comment vous avez fait pour essayer de rassembler des preuves alors ?
04:14J'ai décidé de commander un enregistreur espion, un type de mouchard que j'ai cousu dans le doudou de ma fille.
04:22Donc c'est un enregistreur qui se déclenche au bruit et au mouvement et qui est imperceptible,
04:26sans le dire à personne, ni à mes enfants, ni à qui que ce soit.
04:30Histoire de me dire, je crois à mes enfants, je pense que c'est sûr qu'ils subissent ça,
04:35parce que leur corps parle, ils reviennent quand même avec des bleus, etc.
04:38Mais j'ai besoin, en fait, je me dis que s'il y a une enquête en cours,
04:42j'ai besoin d'apporter des preuves matérielles aux enquêteurs.
04:46Donc quand ils reviennent de séjour chez leur père,
04:51le soir quand mes enfants sont au lit, je découvre cet enregistreur
04:54et je vois ce qu'il a capté.
04:57Et là, ça a été la maison des horreurs.
05:00Vous avez fait retranscrire tout ce qu'il y avait sur cet enregistreur.
05:03Oui.
05:04Et là, vous avez porté plainte ?
05:06Oui, je n'ai pas pu tout retranscrire,
05:08mais j'ai retranscrit une partie,
05:10parce que c'est des frais conséquents du vissier pour retranscrire.
05:13Et j'ai fait écouter ces enregistrements aux gendarmes en charge de l'enquête.
05:20Donc ils ont vraiment tout écouté,
05:21ils ont tout remis dans les procès verbaux,
05:23tout ce qu'ils écoutaient en termes de violence, de sévice.
05:25C'est ce qu'on appelle des compléments de plainte.
05:29On ne peut pas refaire des plaintes, mais c'est un complément de plainte.
05:32Et je dis, là, ça suffit, je ne peux plus continuer,
05:35parce que mes enfants me suppliaient à chaque fois qu'ils savaient
05:37que le week-end approchait ou les vacances approchaient.
05:41Ils se rendaient malade.
05:42Ils développaient tous les symptômes,
05:44c'est-à-dire, non, je n'ai pas envie, j'ai mal au ventre,
05:46j'ai mal à la tête.
05:47Oui, ils ne voulaient plus y aller.
05:48Et vous avez décidé que pour vous, c'était insupportable d'aller les rendre aussi.
05:51Oui, et puis il y avait des comportements très régressifs de mes enfants.
05:55De l'inurésie, sachant que ma fille, qui a révélé les violences sexuelles,
06:02elle a été propre à ses deux ans.
06:04Donc là, à quatre ans, ça a été des comportements...
06:06Vous avez été entendue auprès du juge des Affaires familiales ?
06:10Alors, nous, ce qu'on fait avec mon avocate,
06:14et après ses conseils,
06:15elle va saisir le juge des Affaires familiales par incident,
06:18parce qu'on a des nouveaux éléments graves,
06:19et qu'il y a une enquête de nouveaux faits de violence
06:24et de viol incestueux par incident qui est en cours.
06:28Une enquête préliminaire qui est en cours.
06:30Donc, on arrive devant ce JAF-là.
06:35Avant qu'on arrive devant le JAF,
06:38il y avait cette psychologue qui avait été désignée.
06:41Et cette psychologue était censée faire une expertise médico-psychologique de la famille.
06:45Sauf qu'à l'époque, moi, je me suis extraite du domicile conjugal,
06:50et je suis partie avec mes enfants en accord avec le père.
06:53Je me suis séparée de corps, à plus de 400 kilomètres,
06:55et en fait, cette personne, quand elle m'appelle,
06:58elle me dit que je suis chargée de faire l'expertise.
06:59Je lui ai dit, écoutez, madame, je ne dois pas quitter la région,
07:01parce qu'il y a une enquête à la brigade des mineurs,
07:04et je dois me rendre aux UMJ,
07:06je dois me rendre au rendez-vous auquel mes enfants doivent être présents.
07:11En revanche, on peut commencer l'expertise par visio si cela est OK pour vous.
07:17Elle me dit, non, moi, je ne fonctionne pas comme ça,
07:19je vais donc dire à la juge aux affaires familiales que vous refusez l'expertise.
07:23Je lui dis, ne me faites pas dire ce que je ne vous ai pas dit,
07:24je ne vous ai pas dit que je refusais.
07:26Et en fait, à ce moment-là, je n'entends plus parler de cette psychologue,
07:30je la relance par SMS, elle ne me répond pas,
07:33jusqu'au jour où, quand on arrive devant le juge aux affaires familiales,
07:36on voit qu'elle a rendu une expertise sans m'avoir expertisé.
07:41Et donc, dans son expertise, elle a expertisé visiblement mon fantôme,
07:45puisqu'elle met « Madame est très dangereuse, instable, fragile,
07:50elle invente des faits qui n'existent pas,
07:52elle invente des faits de violence,
07:55elle est partie faire une plainte pour je ne sais quoi,
07:57il y a une enquête contre le père,
07:59et en fait, on voit que dans cette expertise,
08:01ce n'est même pas une expertise,
08:02elle retranscrit mot pour mot ce que le père lui a dit,
08:05puisqu'elle n'a reçu que le père.
08:07Alors qu'elle vous avait eu une demi-fois au téléphone.
08:09Oui, plein de fois.
08:10Et elle va dire, donc elle va faire un examen clinique sans m'avoir expertisé.
08:14Sans vous avoir même rencontré, quoi.
08:15Sans vous avoir même expertisé.
08:17Et ça a été quoi, les conséquences ?
08:19Les conséquences, c'est que mon avocate,
08:22donc elle dit à la juge,
08:23attention, cette psychologue n'a jamais rencontré Madame Abida,
08:26et donc on fournit les pièces des échanges,
08:29comme quoi ce n'était pas de ma mauvaise volonté,
08:31ou de ma mauvaise soie,
08:32que je l'ai relancée à plusieurs reprises pour dire
08:34quand est-ce que vous êtes disponible,
08:35que je puisse me rendre à votre rencontre pour l'expertise.
08:38Et elle n'a jamais plus répondu.
08:40On lui dit, cette personne n'a plus jamais donné de nouvelles,
08:43jusqu'au jour, elle rend une expertise contre Madame à charge.
08:47Et elle fait un examen clinique,
08:49mais elle ne l'a jamais rencontré ni rencontré ses enfants.
08:51Et donc la juge a dit, oui, oui, écoutez, je verrai,
08:54mais apparemment, c'est Madame qui n'y est pas allée.
08:56Elle s'est confortée dans ça.
08:57– Mais vous avez gardé la garde de vos enfants pendant cette période-là ?
09:02– Oui, jusqu'au jour où tombe cette horrible ordonnance,
09:10vraiment, c'est la porte des enfers,
09:11c'est-à-dire qu'on voit qu'elle a transféré la résidence des enfants chez lui
09:15sous enquête en cours, et sous cette expertise fallacieuse.
09:20– Donc vous avez dû remettre vos enfants ?
09:21– Alors moi, j'ai fait une déposition à la gendarmerie,
09:24comme quoi je ne pouvais pas respecter cette ordonnance,
09:26qui était très dangereuse pour mes enfants,
09:28qu'il y a une expertise qui a établi un examen clinique
09:32alors que je n'étais pas présente,
09:34et qu'il y a surtout l'enquête préliminaire en cours.
09:38Et j'ai eu la très mauvaise idée de me dire que
09:41je peux saisir dans la foulée un juge des enfants
09:44qui va peut-être être plus lucide et protéger mes enfants.
09:48Pour moi, en fait, j'idéalisais un juge des enfants.
09:51Pour moi, c'est le juge des enfants, ça doit protéger les enfants.
09:54Et je vais donc à cette audience,
09:56mes enfants ont relaté les violences à nouveau,
10:00ils ont relaté les agressions sexuelles de leur père.
10:03Et en fait, cette juge des enfants me dit
10:05« Je ne sais pas pourquoi vous m'avez saisi,
10:07mais d'une violence extrême,
10:09il y a un transfert de résidence d'un JAF,
10:12je ne vois pas pourquoi vous m'avez saisi. »
10:14Donc, après cette audience,
10:17les enfants, ils doivent repartir avec leur père.
10:19Et là, en fait, elle va appeler les policiers,
10:22la sécurité du tribunal,
10:24pour m'arracher avec extrême violence mes enfants.
10:26Et mes enfants supplient de leur dire « S'il vous plaît,
10:29on ne veut pas partir. »
10:30Et en fait, on leur dit « Arrête de pleurer. »
10:32« Je pleure parce que je ne veux pas aller chez papa. »
10:34Et puis mon fils, il dit comme ça.
10:35Et puis en fait, personne ne les écoute.
10:36Et en fait, en m'arrache, on me bouscule.
10:38Je n'ai pas réfléchi.
10:39J'ai pris mon téléphone.
10:40Je n'ai pas filmé les visages des avocats
10:42ni de la magistrate.
10:44J'ai dit « Regardez, ils sont en train de m'arracher mes enfants. »
10:46Je suis sous le choc.
10:47Je dis « Regardez, mes enfants supplient.
10:49Ils sont victimes de violences, d'incestes.
10:50On me les arrache à extrême violence. »
10:52Et on a essayé de m'arracher mon portable plusieurs fois.
10:54Et en fait, on me dégage comme il ne manque rien du tribunal.
10:58Et je suis en total état de choc
11:00sur les marches du palais de justice.
11:03Je me dis « Mais là, ils m'ont arraché mes trois aînés
11:07d'une extrême violence.
11:08Je ne comprends pas ce qui m'est arrivé. »
11:10Je dis « Ces vidéos, il faut que je les poste sur les réseaux sociaux
11:12pour voir s'il y a d'autres parents qui ont subi la même chose. »
11:15Et là, il y a mon cerveau qui était en alerte
11:18qui me dit « La petite dernière qui a deux ans,
11:21il faut que j'aille la... »
11:22Parce qu'elle était dispensée d'audience, elle avait deux ans.
11:25Il faut que j'aille la retrouver.
11:27Ils vont partir me l'arracher aussi.
11:28Et alors, vous êtes allée où avec cette petite, alors ?
11:31J'ai pris quelques affaires.
11:32J'ai pris mon bébé.
11:34Vous êtes partie en cavale ?
11:35Oui, voilà.
11:36Je n'ai pas pris de smartphone.
11:37Et puis, je suis partie, oui, pendant plusieurs mois.
11:41Et c'est ça qui vous a conduit à être incarcérée ?
11:44J'ai fait 48 heures de garde à vue, où j'ai été assez maltraitée.
11:48Et en fait, au bout de 48 heures, j'ai été déférée en comparution immédiate.
11:53Savoir que mon avocate, elle a obtenu la nullité de cette comparution immédiate.
11:57Il n'y avait pas à lui à ce que je sois en comparution immédiate.
11:59Parce qu'ils avaient fait un pseudo-mandat d'arrêt contre moi.
12:04Pareil, mon avocate, elle a obtenu une nullité contre ce mandat d'arrêt.
12:07Et puis, à ce procès qui a duré pratiquement 10 heures, ils décident de me mettre en détention provisoire.
12:17Ils m'ont placée à l'isolement.
12:19Et moi, je dis, mais ce n'est pas une cellule normale.
12:21Et on m'a dit, écoutez, c'est comme ça, vous êtes à l'isolement.
12:23Mais je dis, mais je n'ai pas été agressive.
12:25Je n'ai frappé personne.
12:27Pourquoi vous me mettez à l'isolement ?
12:29Écoutez, c'est comme ça, on a des consignes du parquet de vous placer à l'isolement.
12:33Et donc, moi, j'ai fait une grève de la faim.
12:34Voilà, pendant les trois semaines, j'ai dit, ça suffit.
12:37Je fais une grève de la faim.
12:38Donc, j'ai protesté et j'ai dit, vous alertez mon avocate que je suis en grève de la faim.
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