Françoise Degois : "Les propos du chef d’état-major des Armées sont à côté de la plaque !"

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Transcript

00:00Il est 7h48, drôle d'époque avec vous Françoise Degoy.

00:05Bonjour mon cher Patrick.

00:06Drôle d'époque avec cette phrase qui jette un peu le trouble.

00:11Il y en a eu beaucoup qui ont été sur les réseaux sociaux,

00:14mais notamment qui ont été touchés par le chef d'état-major des armées

00:18qui est allé devant les maires au congrès là actuellement, Fabien Mandon,

00:22et qui a lâché, il faut accepter de perdre nos enfants.

00:27Ah oui, alors vous avez vu que c'est tellement violent

00:30que c'est passé des réseaux sociaux directement aux médias maintenant.

00:33Il y a des sujets télévisés, radiophoniques, partout sur cette phrase.

00:37Alors je voudrais quand même d'abord me recaser et recadrer la personnalité de Fabien Mandon.

00:44C'est un aviateur, c'est un général d'aviation,

00:47et c'est aujourd'hui en fait, pour les gens qui ne le savent peut-être pas,

00:50le plus haut gradé de l'armée française, puisqu'il est le chef d'état-major des armées,

00:54l'homme qui est à côté du président Emmanuel Macron sur tous les sujets,

00:57qu'il s'agisse du secret défense, de la dissuasion nucléaire,

01:00et même de la diplomatie parallèle.

01:02Alors avec cette phrase choc prononcée devant des maires sidérées,

01:06ça je peux vous le dire, il y a des gens qui assistaient à la conférence,

01:08il a déclenché une tempête.

01:10Mais que dit-il Fabien Mandon ?

01:11Il dit que la Russie continue de s'armer.

01:13Son armée compte déjà 1,3 million d'hommes,

01:16et elle continue de recruter ce qui pourrait monter à 2 millions en 2030.

01:19Il dit aussi qu'elle fabrique la Russie plus d'armes et de munitions qu'elle ne tire sur le front ukrainien,

01:26et que face aux Etats-Unis qui se désengagent,

01:28l'Europe est nue, seule face à un ogre qui considère finalement l'OTAN comme sa seule menace existentielle.

01:34Et donc, elle pourrait nous attaquer cette Russie,

01:37et nous devrions nous défendre.

01:39– Et c'est là que le bas blesse.

01:41– Bah oui, Patrick, vous êtes dans un moment français particulièrement difficile,

01:45vous avez une crise politique, doublée d'une crise budgétaire,

01:49une France qui est fatiguée psychiquement, on l'entend encore avec votre invité,

01:53qui est fatiguée sur tous les plans.

01:54Il n'y a pas un endroit en fait où elle se sent bien, où ça va bien.

01:57Le front du chômage, le pouvoir d'achat, le logement, etc.

02:01Elle est aussi déchirée par une forme de communautarisme,

02:04des polémiques permanentes.

02:06Et voilà, Fabien Mandon, comme une fleur,

02:09qui dit aux mères, qui fleurissent chaque année leur monument aux morts,

02:12dans toutes les communes de France,

02:14qu'il faudra accepter de perdre ses enfants.

02:16Il n'est pas connu, Fabien Mandon, pour être un vingt-et-en-guerre, pas du tout.

02:19Mais cette phrase, au mieux maladroite, au pire parfaitement pensée,

02:23elle est là pour provoquer un choc,

02:25et elle est donc à côté de la plaque, pour toutes ses raisons.

02:27Ça n'est pas le moment de le dire, et surtout, on ne peut pas le dire comme ça.

02:31Pourquoi ? Parce que, ben non, elle relance tous les pro-Poutine,

02:34et vous savez, ils sont quand même nombreux.

02:35À droite, à l'extrême droite,

02:37qui se déchaînent depuis deux jours,

02:39et puis tous les complotistes,

02:41ceux qui pensent qu'Emmanuel Macron est en train tout simplement

02:43de préparer une guerre pour pouvoir se maintenir au pouvoir.

02:46Ne souriez pas, je vous assure que j'entends ce genre de théories.

02:49– Non, ben moi aussi.

02:50– Et elles sont plus, avec vous aussi d'ailleurs,

02:52et elles sont plus nombreuses que vous le pensez,

02:54genre le Président qui déclencherait la guerre

02:55pour pouvoir rester et contourner la Constitution.

02:57– Parce que quand on regarde l'histoire,

02:58certains se disent, quand on regarde l'histoire,

03:00souvent, c'est ce qui, oui, c'est ça.

03:02– Je l'entends, je l'entends aussi.

03:03Et du coup, vous affaiblissez la cause que vous pensiez servir

03:06en alertant sur le danger russe.

03:07Il est évident ce danger russe dans toutes les ingérences,

03:10pour toutes les démocraties.

03:11Mais en fait, vous relancez une panique atavique, Patrick.

03:14Pourquoi ? Parce que, quand vous dites perdre ses enfants,

03:17eh bien immédiatement, de façon quasiment pavlovienne,

03:20eh bien vous avez quelle image ?

03:21Vos enfants dans une tranchée,

03:23en train de mourir en 14-18 sur le front de la Somme.

03:26– C'est assez inquiétant ou pas ?

03:28– Oui, oui, la parole libre, elle est inquiétante,

03:31parce que l'armée, quand même, franchement,

03:32entre vous, moi, le coin de la table,

03:34Jean-François Aquili et moi, on se le disait tout à l'heure,

03:35c'est la grande maître.

03:37Et on n'a jamais vu un échef d'état-major bavasser autant.

03:41Il jacquasse.

03:42Ce n'est pas la première fois qu'il s'exprime.

03:44Il s'est déjà exprimé devant l'Assemblée nationale,

03:46avec ce genre de petites phrases.

03:47On sait qu'il est très proche d'Emmanuel Macron,

03:49qui lui confie des missions diplomatiques,

03:51ce qui, au passage, fait carrément…

03:54– Ce n'est pas normal, ça ?

03:55– Non, ça n'est pas normal.

03:57Il élargit beaucoup trop ses compétences.

03:59La cellule diplomatique de l'Elysée est littéralement en guerre

04:02avec des sacs de sable contre Fabien Mandon.

04:05Mais on est en droit de se demander, surtout Patrick,

04:07comment le chef de l'État peut laisser passer cela ?

04:10C'est ça, vraiment, le sujet.

04:11– Il l'a laissé passer ou pas ?

04:12– Apparemment, hier soir, il lui a passé une soufflante,

04:16c'est ce que disent les témoins, assez terrible.

04:18Ça a sifflé derrière le képi,

04:20mais c'est quand même la marque d'une faiblesse

04:21et d'une fin de règne, enfin.

04:23Ou alors que c'est concerté, c'est tout aussi grave.

04:25C'est-à-dire qu'il y en a un qui dit,

04:27c'est toi qui vas alerter,

04:28puis moi je continue à négocier.

04:29C'est grave parce que, franchement, la guerre,

04:31ce n'est pas un jeu.

04:32Et ça mérite un débat, un grand débat national.

04:34– Justement, et c'est pour ça que ça mérite un grand débat,

04:36ce matin sur Sud Radio,

04:38que vous en avez parlé avec votre regard,

04:40dans Drôle d'époque,

04:41et qu'Elisabeth Lévy, tout à l'heure aussi,

04:43nous apportera son regard, sa vision,

04:46par rapport à cette phrase.

04:47Pour ça que ce matin, je tenais finalement

04:49à ce qu'on en parle beaucoup.

04:50– Parce que ça choque les gens, vraiment.

04:51– Alors, ça choque, ou alors ça doit réveiller.

04:55Enfin, je ne sais pas.

04:55On verra ce que nous dira Elisabeth Lévy.

04:58Ce que nous dira peut-être aussi

04:59l'invité politique de Jean-François Quilly,

05:02tout à l'heure à 8h15.

05:03Bonjour Jean-François.

05:03– Bonjour Patrick, ce sera Louis Alliot,

05:06le maire rassemblement national de Perpignan.

05:08Je lui poserai la question, effectivement,

05:09sur cette déclaration extravagante du chef d'État.

05:14– Ah, il dit extravagante, vous ?

05:14– Ah, oui, oui, oui.

05:15– Non, mais je ne sais pas.

05:17– Ce qu'il dit, quand on écoute le discours sur le fond,

05:20c'est très intéressant ce qu'il dit,

05:21parce que c'est beaucoup plus large

05:23que la guerre en Ukraine face aux Russes,

05:25mais dit par lui, à cet endroit-là,

05:28en disant au maire, rentrez chez vous

05:30et expliquez ça à vos administrés,

05:32il y a quelque chose d'extravagant, ça va,

05:33on ne va pas partir en guerre,

05:34il n'y a pas les taxis de la Marne.

05:36On n'est pas encore, on n'en est pas encore là.

05:37– On ne le sera jamais, surtout.

05:38– Je questionne Louis Alliot également,

05:40évidemment, sur la lutte contre le narcotrafic

05:43et la visite importante ce matin

05:44de Gérald Damarnin et Laurent Nunez à Marseille.

05:48Nous parlerons aussi de cette annonce

05:49de la hausse de la taxe foncière

05:52et ce petit commencement de frémissement,

05:54de rétropédalage de l'État là-dessus.

05:56– Ah oui, Bercier a dit, bon, on va voir,

05:58mais quand même, on met ça en route.

06:02– Louis Alliot, 8h15, 8h30,

06:04et vous réagirez, bien sûr, 0826 300 300.

06:07Dans un instant, c'est une exclusivité.

06:10Les chevaliers du matin ont reçu les gardiens du lourd.

06:15Voilà.

06:15– Sous-titrage Société Radio-Canada

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