00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h10h, Patrick Roger.
00:068h08, soyez libre et ce matin, Françoise Degoy, bonjour Françoise.
00:09Bonjour mon chat Patrick.
00:10Le 13 novembre, on vient de l'évoquer largement dans le journal et on y reviendra tout à l'heure,
00:14et le 13 novembre est partout aujourd'hui, à la une de toute la presse et à la une aussi, évidemment, dans le cœur des Français.
00:20Ah bah bien sûr, oui Patrick, car le 13 novembre c'est une scélération, c'est une douleur encore plus grande, je pense, que celle de Charlie.
00:26Pourquoi ? Parce que c'est la jeunesse, c'est nos modes de vie qui sont fauchés, c'est nos modes de vie que les terroristes islamistes tentent de briser.
00:34C'est une douleur collective, on se souvient tous de ce qu'on faisait ce jour-là, quand on apprend le 13 novembre,
00:39et de ce silence de mort qui planait sur la ville au petit matin du 14 novembre.
00:44Pas d'immense manif, vous en souvenez Patrick, comme pour Charlie, mais une réaction très forte des Parisiens qui reviennent s'asseoir au terrasse,
00:51je sais que vous l'avez fait, moi aussi, dès le surlendemain, pour montrer que le pays de la liberté n'est pas à genoux.
00:57Ce qui est puissant aussi, c'est la capacité de résilience des Français.
01:01Ce pays qu'on dit grognant, colérique, égotiste même, eh bien, ce pays encaisse, fait la part du feu,
01:07ne met pas les musulmans dans le même sac que les terroristes islamistes.
01:10On n'a pas vu de vengeance, on n'a pas vu de haine, on n'a pas vu de mosquée attaquée en forme de représailles.
01:16Il y avait une union nationale qui a tenu le coup, vraiment, autour de François Hollande.
01:21Et qu'est-ce qui a changé depuis dix ans ?
01:23Eh bien d'abord, Patrick, j'en parlais avec le procureur François Moulins,
01:26qui, lui, a essuyé toute la vague terroriste française.
01:30Nous sommes habitués à vivre d'abord avec l'état d'urgence.
01:33On l'a oublié, mais après Charlie, et plus encore après le Bataclan,
01:36l'état d'urgence est déclaré et devient quasiment permanent.
01:39Rentre dans nos vies, sans que cela nous dérange, c'est tout à fait logique.
01:43Pourquoi ? Parce que les Français...
01:44Certains avaient été dérangés.
01:45Oui, mais c'est des épiphénoménales.
01:48Globalement, les Français acceptent parce qu'ils prennent conscience qu'ils sont une cible,
01:51l'une des cibles privilégiées des islamistes,
01:54et que la menace terroriste est toujours aussi forte dix ans après.
01:57Ce qui a changé aussi, c'est le mode d'action terroriste.
01:59Est-ce qu'une opération commando pilotée de l'extérieur, comme le 13 novembre,
02:03serait encore possible aujourd'hui ?
02:05Eh bien la plupart des spécialistes du terrorisme disent beaucoup moins,
02:09car désormais, la radicalisation se fait autrement,
02:12à travers les réseaux sociaux notamment,
02:13et se montent en quelque sorte des auto-entreprises du terrorisme,
02:18avec des passages à l'acte solitaire,
02:20comme à Nice le 14 juillet,
02:21ou bien les meurtres sauvages de Samuel Paty ou Dominique Bernard.
02:24Voilà, ça c'est vraiment ce qui a changé.
02:26Et sur le plan politique, est-ce que ça a changé ?
02:29Ah bah oui, en dix ans, la société française s'est radicalisée, j'ai envie de le dire.
02:32Souvenez-vous, polarisée en tout cas.
02:34Il y a dix ans, il y avait une polémique extrêmement forte,
02:37sur la présence ou pas, de Marine Le Pen.
02:39Vous vous en souvenez ?
02:40Dans les cortèges d'hommages à Charlie.
02:42Dix ans plus tard, Patrick, entre vous et moi,
02:45est-ce que la question se poserait,
02:46pour la leader du Rassemblement National ?
02:49Absolument pas.
02:50Elle s'est notabilisée.
02:52Deux finales de présidentielle,
02:53un discours plus polissé,
02:55et un discours surtout sur l'immigration et l'islam,
02:57toujours le même,
02:58mais moins gros sabot que son père.
03:00Eh bien, ça a fait son chemin dans les esprits.
03:02Aujourd'hui, il n'y aura aucune discussion
03:04sur la présence ou pas de Marine Le Pen.
03:06D'abord, il y en a eu très peu
03:08sur sa présence à la marche contre l'antisémitisme.
03:11Radicalité aussi de la gauche extrême,
03:13avec en miroir, vous voyez,
03:15la tension permanente imposée dans le débat public
03:17par Jean-Luc Mélenchon et son équipe.
03:20Ses charges répétées sur la police.
03:21La police tue sa condamnation très molle
03:24du Hamas depuis le 7 octobre,
03:25et cet antisionisme radical
03:27qui flirte trop souvent avec l'antisémitisme.
03:30Et puis, entre les deux,
03:31ces deux tours jumelles, comme je les appelle,
03:33eh bien, vous aviez un président de la République,
03:35Emmanuel Macron,
03:35qui est assez terne sur ces questions.
03:38Il n'a jamais fait de grands discours sur la laïcité.
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