- il y a 5 minutes
Marschall Truchot, du lundi au jeudi de 17h à 19h avec Olivier Truchot & Alain Marschall. Deux heures pour faire un tour complet de l’actualité en présence d’invités pour expliquer et débattre sur les grands sujets qui ont marqué la journée.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00On va revenir maintenant sur la lutte contre le narcotrafic.
00:03Alors c'est vrai qu'elle est relancée, cette lutte, même si elle n'a jamais arrêté,
00:08elle est toujours en cours, avec le meurtre d'un des frères d'Amine Kessassi.
00:12Il dit Kessassi, vous savez, c'est ce militant antinarco à Marseille,
00:16dont les deux frères ont été tués d'ailleurs.
00:18Il a appelé à une marche blanche samedi, il dit qu'il faut se lever, se lever ensemble,
00:23il dit qu'il faut dire stop, il faut entrer dans une révolte durable contre le narcotrafic.
00:27Et là, c'est le président de la République qui estime que le consommateur,
00:30aujourd'hui, a sa part de responsabilité, notamment les petits bourgeois,
00:34parfois d'ici les bourgeois des centres-villes qui achètent.
00:37Propos rapportés aujourd'hui par Maude Bréjean, la porte-parole du gouvernement.
00:42Il a souligné que ce narcotrafic irriguait la déstabilisation de petites villes jusqu'aux grandes métropoles.
00:49Et appuyait également l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation,
00:55puisque, et je reprends ces mots, c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiques.
01:02Et on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail.
01:09Nous sommes avec le docteur William Loewenstein.
01:12Bonsoir, vous êtes psychiatre, addictologue, président de SOS Addiction.
01:16C'est vrai ? Ce sont les bourgeois des centres-villes qui financent le narcotrafic, selon vous ?
01:21Non, c'est maintenant, vous le savez, tout le monde, ou presque, avec encore un peu plus d'hommes que de femmes.
01:29Donc, je ne vais pas dire que ça s'est démocratisé, parce que ce ne serait pas gentil pour la démocratie,
01:36mais ça s'est terriblement banalisé.
01:39Donc là, j'imagine qu'il y a une réflexion pour faire de la com', pour faire réagir, pour disserter sur cette forme de com' ou cette petite phrase.
01:48Mais franchement, elle n'a que très peu d'intérêt.
01:52Et vu la nécessité de lutter contre les méfaits terribles de ces narcotrafiques,
02:00et je crains qu'on en soit qu'au début, comme beaucoup d'autres personnes le craignent,
02:05ça mérite mieux qu'une petite phrase comme ça.
02:08Mais acheter de la cocaïne, est-ce être complice de ces criminels ?
02:13Parce que c'est ce que dit le chef de l'État.
02:14Est-ce qu'il faut culpabiliser, en quelque sorte, le consommateur ?
02:17Est-ce que ça peut fonctionner ?
02:18Est-ce que l'intention de culpabiliser peut être utile ?
02:22Alors d'informer, de responsabiliser, oui, c'est un truisme.
02:27Il n'y aurait pas de trafic s'il n'y avait pas d'acheteurs.
02:30On est bien d'accord là-dessus.
02:32C'est enfoncer une porte ouverte.
02:34Mais derrière la porte ouverte, il y a une impasse qu'on connaît déjà depuis des années.
02:39C'est-à-dire que c'est insuffisant pour beaucoup de personnes de dire ce genre de choses,
02:46soit parce qu'elles sont déjà en souffrance, dans quelque chose de dépendance.
02:56Et là, c'est aussi idiot que de demander à quelqu'un de dépressif de faire un effort,
03:00de bien vouloir se secouer, soit parce que ce sont des usagers occasionnels,
03:06comme peut-être il en existe dans l'entourage du président,
03:10et que c'est pour ça, en gros, qu'il en parle, qu'il voit ça et qu'il le regrette
03:15et qu'il demande, au fond, de les responsabiliser.
03:18Mais alors là, moi, je voudrais poser une question à tous les politiques
03:22qui sont impliqués dans ces histoires, en quelque sorte, ces recherches de solutions.
03:32Qu'est-ce qu'on fait de notre déclaration, de notre propre PIB,
03:38de 3 à 4 milliards d'euros par an ?
03:42Est-ce qu'on appelle ça de la complicité ?
03:44Comment ça se passe ?
03:45Il y a une hypocrisie avec laquelle il faut arrêter,
03:49une recherche d'efficacité.
03:51Des petites phrases comme ça ne sont pas à la hauteur
03:54pour lutter contre la menace du narcotrafic,
03:57même si j'entends bien qu'il faille responsabiliser les gens.
04:00Mais William Lohenstein, vous avez plus de 35 ans, 40 ans maintenant,
04:04en tant qu'addictologue.
04:05Vous observez les comportements.
04:07Pourquoi est-ce qu'au fil des années,
04:08on s'est mis à fumer ou à consommer de plus en plus de drogue ?
04:11– Alors, il y a plusieurs choses.
04:14D'abord, rappelons qu'une société sans drogue, ça n'existe pas.
04:18Mais en effet, pourquoi, j'ai envie de dire,
04:22le problème du narcotrafic est plus important aujourd'hui qu'avant-hier ?
04:27C'est parce qu'il y a eu une politique de prohibition
04:31où on pensait qu'il suffisait d'interdire.
04:33Ça n'a fait qu'enrichir Mafia sans frontières.
04:37Ça a fait tout ce qu'on entend aujourd'hui.
04:40Ça ne veut pas dire qu'il ne faille pas de répression.
04:43Mais il faut que cette répression fasse baisser le prix du gramme
04:47à des périodes où le Covid a changé totalement le marché,
04:52à des périodes où les États-Unis étant saturés,
04:55le marché s'est déplacé sur l'Europe,
04:58à des périodes où l'ubérisation est la reine aussi sur ces trafics.
05:04Donc si on ne s'adapte pas à des modifications aussi massives que ça,
05:09qu'on reste avec des petites phrases encore de comme,
05:12qu'on mesure à la fois la menace,
05:15mais qu'on y répond par une insuffisance de moyens ajoutés à la répression,
05:20c'est-à-dire à la fois du soin, de la réduction des risques,
05:25de la prévention et qu'on dose tout ça en efficacité.
05:29Je vous donne l'exemple pour la répression.
05:31Je ne vais pas dire « regardez Marseille, regardez les horreurs partout,
05:35c'est terrifiant » et bientôt on dira « regardez la corruption ».
05:39Je vais dire juste « regardez dans l'évaluation d'une stratégie,
05:44le prix du gramme ».
05:46Jamais le prix du gramme de coke, de cannabis et même d'héroïne
05:50n'a été aussi bas.
05:52Ça favorise le marché de la consommation.
05:54Ils ont changé de méthode et là, les méthodes,
05:58elles doivent être adaptées à notre pays et étudiées par tous.
06:03Docteur Leveshteyn, on va donner maintenant la parole aux politiques.
06:06Ils sont réunis sur ce plateau, nous sommes avec Antoine Léoman,
06:08qui est député de la France Insoumise de l'Essonne,
06:10qui a rédigé un rapport de mission d'information sur la lutte
06:12contre le trafic de stupéfiants.
06:14Bonsoir, vous l'avez avec vous ce rapport.
06:16Anan Mansour est avec nous, député Union des Droites pour la République de l'Isère.
06:20Et puis Frédéric Saliba, qui a travaillé et écrit sur les cartels
06:23« Voyages au pays des narcos » aux éditions du Rocher.
06:26Monsieur Léoman, on se trompe en fait dans la stratégie de lutte contre ces narcotrafiques ?
06:31Oui, complètement.
06:33D'ailleurs, on a le résultat sous les yeux.
06:35Elle est inefficace.
06:3550% de la population en France a déjà consommé du cannabis,
06:3910% a déjà consommé de la cocaïne,
06:4210% a déjà consommé de l'ecstasie.
06:43Donc on n'est pas sur des petits chiffres,
06:45on est sur des chiffres qui sont extrêmement importants.
06:47Et la répression du consommateur ne fonctionne pas.
06:49Il faut au contraire mettre en place des politiques de prévention,
06:52d'abord pour éviter l'entrée dans la consommation,
06:54ensuite pour faire diminuer la consommation de ceux qui consomment déjà,
06:57et puis pour faire sortir de la dépendance
06:59ceux qui sont entrés dans des logiques de dépendance.
07:01Ça c'est pour la partie consommation,
07:03mais sur la partie répression, c'est-à-dire lutte contre l'offre,
07:06parce qu'en fait c'est un marché capitaliste des réguliers
07:08dans lequel vous pouvez tuer vos concurrents,
07:10c'est littéralement de ça dont on parle,
07:11il faut prendre le problème à la racine,
07:14d'abord à la production de ces drogues,
07:16et faire de la coopération internationale.
07:18Je vous donne un exemple très concret.
07:20Il y a une agence de l'ONU qui lutte contre la drogue,
07:22l'ONU-DC.
07:23C'est un budget de 40 millions d'euros.
07:25Vous savez quelle est la contribution de la France
07:27au budget de l'ONU-DC ?
07:28C'est 200 000 euros.
07:29C'est rien du tout, c'est peanuts.
07:30Donc un, la coopération.
07:32Deux, il faut empêcher l'import.
07:34Là, il faut renforcer les moyens des douanes,
07:36mettre en place des scanners pour les douaniers.
07:37Contrôler, faire plus de contrôle sur les ports français.
07:39Faire plus de contrôle sur l'entrée.
07:40Et dans les ports, il y a le phénomène de corruption qui joue,
07:43mais le phénomène de corruption, il joue dans tous les niveaux.
07:46Il y a encore eu des affaires récentes de policiers
07:47impliqués dans la corruption.
07:49Parfois, c'est des magistrats.
07:51La question se pose aussi dans le monde politique,
07:52évidemment, de la corruption.
07:54Et donc lutter contre la corruption de manière efficace.
07:57Et puis enfin, concentrer les moyens de police,
07:59de police judiciaire, dans la lutte.
08:02À la fois contre le haut du spec, c'est-à-dire les grands trafiquants,
08:05de lutte contre le blanchiment.
08:07Quand même, juste une information,
08:09il y a sept policiers qui sont spécialisés
08:11sur la lutte contre le blanchiment
08:12à l'Office central de lutte contre le trafic de stupéfiants.
08:16Je ne sais pas, augmenter les moyens de la lutte contre le blanchiment.
08:18La nouvelle loi prévoit un parquet qui sera dédié, justement,
08:21à la lutte contre cette criminalité.
08:23Mais moi, j'étais contre dans mon rapport sur la lutte contre la...
08:26Parce que pourquoi un parquet, c'est un problème ?
08:28Le parquet, ça donne le pouvoir au ministre de la Justice.
08:30Quand vous avez quelqu'un comme M. Darmanin,
08:32qui vient mettre une politique et qui fait un peu les gros bras,
08:34en gros, sur la lutte contre le trafic de stupéfiants,
08:37le parquet, il va davantage répondre à des objectifs politiques
08:39qu'à des objectifs sur le long terme.
08:41Et je termine juste sur ça.
08:42Mais par exemple, les opérations PlaceNet,
08:44qui sont des opérations où on va lutter contre les petits trafiquants
08:47en bas de l'échelle, c'est inefficace.
08:49Ce qui est plus efficace, c'est d'essayer de démanteler les réseaux.
08:51Parce que vous attrapez les gens qui sont dans le supermarché de la drogue.
08:55Très bien.
08:55Le lendemain, les trafiquants, ils vont mettre des nouveaux vendeurs
08:57dans le supermarché de la drogue.
08:59Ce qu'il faut, c'est lutter contre les capitalistes de la drogue,
09:01les frapper au portefeuille.
09:02Et enfin, il y a un dernier point, je termine par là.
09:04Il va falloir se poser la question de la légalisation du cannabis spécifiquement.
09:08parce que là, vous avez un moyen de frapper directement au portefeuille les trafiquants.
09:12Et je m'étonne qu'on ne débattre pas de cette partie-là
09:14de la lutte contre le trafic de stupéfiants.
09:16Anan Mansouri, que pensez-vous de ce que cherche à faire Emmanuel Macron ?
09:22Culpabiliser en quelque sorte le consommateur de drogue.
09:25Est-ce que c'est la bonne méthode ?
09:26Moi, je m'interroge déjà sur le bilan d'Emmanuel Macron.
09:29Je me demande pourquoi il n'a pas mis en place un quoi qu'il en coûte sécuritaire
09:32sur ces trafics de drogue qui existent depuis un certain temps,
09:35qui ne font que ça que s'en tuer.
09:36Il y a eu des opérations XXL.
09:38de démantèlement des points de deal.
09:40Le fait est que c'est encore d'actualité
09:42et qu'on a des événements récents qui le prouvent,
09:44à la fois à Marseille, à Grenoble aussi ce week-end.
09:47Donc, je crois qu'il faut sortir véritablement aussi de l'émotion
09:49de ces événements qui sont absolument dramatiques
09:52pour tous les Français,
09:54mais aussi engager une véritable guerre contre le narcotrafic
09:57en mettant en place une politique qui soit ferme,
09:59à la fois sur les gros réseaux, c'est vrai, pour les démanteler.
10:02C'est important puisque c'est le gros du travail,
10:04mais c'est aussi une procédure qui est longue.
10:05Il faut s'attaquer aussi aux petits points de deal,
10:07les points de deal du quotidien
10:09que les Français voient régulièrement dans leur rue,
10:11dans leur centre-ville,
10:12et maintenir une présence policière
10:15avec des checkpoints à certains endroits,
10:17dans des communes, sur les points de deal.
10:18Certains réclament l'état d'urgence à Marseille.
10:20Je crois que ça aurait été une bonne idée, oui.
10:23Moi, j'attends de voir quel est véritablement
10:25ce qui ressort du projet d'Emmanuel Macron.
10:27Pour l'instant, c'est que de la communication.
10:28Pourtant, il a souvent été à Marseille.
10:29Le ministre de l'Intérieur qui a quand même expliqué
10:32qu'on avait affaire à un véritable crime d'intimidation,
10:35pourquoi est-ce qu'il n'y a pas eu une descente de police,
10:37une grosse action, coup de poing au lendemain
10:39de ce crime abominable ?
10:41Alors, le ministre de l'Intérieur sera sur place à Marseille.
10:44Vous qui travaillez sur les cartels,
10:46quand on essaye de culpabiliser les usagers de drogue,
10:49est-ce que ça inquiète la DZ mafia et les autres ?
10:54Alors, la réponse, elle est un peu dans votre question.
10:56C'est qu'en gros, ça fait quand même...
10:59En effet, il n'y a pas de société sans drogue
11:02et on s'est drogué et les gens se sont drogués
11:04depuis des années.
11:05Donc, c'est vrai que cette lutte frontale
11:06contre le consommateur est un peu aberrante.
11:09Moi, ce que j'observe là surtout,
11:10c'est qu'on s'aperçoit quand même
11:11que le narcotrafic devient une question politique
11:13où il y a quand même deux politiques
11:14qui sont radicalement différentes.
11:16Vous, vous parlez de guerre, chère madame.
11:18Il se trouve que moi, j'ai travaillé au Mexique.
11:19J'ai passé 15 ans au Mexique.
11:20Au Mexique, la guerre a été déclarée
11:22contre les cartels de la drogue.
11:23Ça a été une catastrophe totale, une spirale.
11:25On parle de 20 000 homicides liés au narcotrafic par an
11:28pour une population qui est juste le double de la France, vous voyez.
11:31Donc, c'est une folie.
11:32Mais si on ne met pas la guerre, on fait quoi alors ?
11:34Alors, attendez, le narcotrafic fait partie de nos sociétés.
11:37Ces dealers dont vous parlez, ces gens,
11:38ils font partie de nos sociétés.
11:39Donc, en fait, il faut un débat de société.
11:41Et ça, je m'en félicite.
11:42C'est-à-dire que le gouvernement s'empare du sujet.
11:44Et c'est très bien.
11:45Le problème, c'est comment ?
11:46C'est-à-dire que si vous employez des termes comme guerre, police, etc.,
11:50ce n'est qu'une partie du spectre.
11:51Ce n'est qu'une partie du problème.
11:53Et figurez-vous que ça empire tout.
11:54C'est un problème global.
11:55Et d'ailleurs, vous interviewez un addictologue.
11:57C'est un problème sanitaire, c'est un problème éducatif,
12:00c'est un problème urbain, c'est un problème social.
12:02Et c'est un problème sécuritaire.
12:03Et le problème, aujourd'hui, c'est qu'en effet,
12:05il faut répondre de manière répressive aux organisations mafieuses
12:10parce qu'elles se sont armées.
12:11C'est déjà.
12:12On est déjà un peu tard.
12:14Après, on n'est pas du tout comme le Mexique.
12:16Et si on légalise, elles se désarment ?
12:17Comment ?
12:18Si on légalise les drogues, elles se désarment ?
12:19Alors, si on légalise, d'abord, une partie des drogues,
12:22surtout, on coupe un bras, c'est-à-dire qu'on attaque quelque part.
12:26C'est faux.
12:26Il y a plusieurs exemples à l'étranger.
12:27Par exemple, au Québec, le cannabis est tout à fait légalisé.
12:31Non, ça ne fonctionne pas.
12:31Il y a de nombreuses études qui montrent même que ça crée de nouveaux consommateurs
12:35puisque les consommateurs habituels avant la légalisation
12:38continuent d'aller consommer, d'aller acheter leur drogue sur des marchés noirs.
12:43Donc, en fait, c'est dédoubler le problème et en créer un nouveau.
12:46C'est l'inverse.
12:46Alors, en fait...
12:47Est-ce que dans les pays où on a légalisé, le narcotrafic a disparu ?
12:50Non, on n'a pas d'exemple.
12:51Si je peux me permettre, en fait, c'est le comment.
12:52C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de pays qui ont légalisé, mais pas de la même manière.
12:55Alors, par exemple, aux Pays-Bas, ils ne se sont pas occupés de la production.
12:57Et donc, les cartels de la drogue sont infiltrés sur la production
12:59et ils ont créé une mafia.
13:01Très grande erreur.
13:02En Uruguay, par exemple, madame, il se trouve que l'Uruguay produit de la drogue,
13:06produit, en fait, la marijuana.
13:08C'est l'État qui s'en occupe.
13:09Un peu au modèle de la CETA ou un peu au modèle...
13:12Et figurez-vous que ça fonctionne.
13:13Et qu'il y a un...
13:14Donc, il faut que le pays qui légalise soit aussi celui qui produit.
13:17Comment on légalise ? C'est ça, la grande question.
13:18Et justement, c'est un des points de...
13:20Après, c'est compliqué d'assumer qu'on va produire une drogue.
13:25Réfléchissons.
13:25Non, mais c'est déjà le cas.
13:26On produit de l'alcool en quantité considérante.
13:28C'est pas l'État qui s'en occupe.
13:29C'est pas l'État qui s'en occupe.
13:30L'État n'est pas produit par l'alcool.
13:31C'est pas nationaliste.
13:32Je signale quand même que l'alcool est un psychotrope, une drogue
13:35qui est consommée par 47 millions de personnes dans notre pays,
13:3840 millions d'utilisateurs annuels,
13:40et tout le monde a l'air d'être...
13:40Oui, mais là, on parle...
13:41Pardon, mais...
13:41Monsieur Leomond, on parlait de la CETA.
13:43La CETA, c'est une entreprise publique.
13:45Mais justement...
13:45Donc, vous avez assumé qu'une entreprise publique produit du cannabis.
13:48Mais précisément, vous préférez quoi ?
13:49Vous préférez que ça soit...
13:50Je préfère rien, moi.
13:51Est-ce qu'on préfère une entreprise publique
13:55qui peut faire de la prévention,
13:57qui peut alerter les consommateurs,
13:58notamment ceux de moins de 25 ans,
14:00sur les dangers du cannabis ?
14:01Tout en produisant le problème.
14:03Est-ce qu'on préfère ça ?
14:04Ou bien est-ce qu'on préfère la situation à l'heure actuelle ?
14:06C'est-à-dire du cannabis qui est produit par des trafiquants,
14:09qui enrichit des gens qui sont des meurtriers,
14:11des assassins,
14:12qui viennent encore une fois d'en faire la démonstration aujourd'hui,
14:15et qui utilisent cet argent-là,
14:17non pas pour faire de la prévention ou je ne sais pas quoi,
14:19mais pour faire l'inverse.
14:20C'est-à-dire que quand ils ont des utilisateurs de cannabis,
14:23ils les font ensuite passer à de la cocaïne
14:24en faisant des offres promotionnelles
14:26et en disant, si vous achetez 10 grammes de cannabis,
14:281 gramme de cocaïne offert.
14:29Donc c'est ça la situation dans laquelle on est aujourd'hui,
14:32avec des offres promotionnelles sur les réseaux sociaux.
14:34Donc vous êtes pour la légalisation du cannabis ?
14:35Je vais aller jusqu'au bout.
14:36La production et la légalisation du cannabis
14:39avec des agriculteurs français par exemple ?
14:41Bien sûr, mais il y en a déjà en fait.
14:43Mais pas jusqu'à la cocaïne quand même.
14:44Non, bien sûr que non, pas jusqu'à la cocaïne.
14:46Mais précisément, c'est ça la question qui est posée.
14:48Aujourd'hui, vous avez une augmentation de la consommation de cocaïne
14:51en population générale,
14:54vous avez une augmentation...
14:55Avec des prix qui ont baissé, fortement baissé.
14:56Exactement, il y a une très forte baisse des prix de la cocaïne.
14:59Donc l'objectif pour essayer de faire baisser la consommation de cocaïne,
15:02c'est de faire de la prévention.
15:03Quand vous culpabilisez les consommateurs,
15:05vous pensez que les gens ne sont pas au courant du fait
15:06que s'ils achètent, ils financent le narcotrafic ?
15:08Enfin, c'est prendre les gens pour des imbéciles.
15:09C'est littéralement prendre les gens pour des imbéciles.
15:11Je vais vous dire un truc.
15:11En tout cas, ils s'enlèvent les mains.
15:12Moi, je vais faire de la prévention ce soir sur votre plateau.
15:15Quand on prend un rail de coke,
15:16une des possibilités, c'est de se tuer.
15:18Parce que potentiellement, ça peut être coupé avec d'autres choses
15:20et notamment de plus en plus du fentanyl.
15:23Donc c'est ça la situation qui va arriver dans les années à venir
15:25si on suit la tendance qui est en cours aux Etats-Unis.
15:27Moi, je n'ai pas envie de voir dans quelques années
15:29des gamins se tuer en prenant des rails de coke
15:32parce que justement, on n'aura pas fait de la prévention
15:34sur les risques associés à la douce.
15:36C'est vrai qu'étonnamment, on fait assez peu de campagnes de prévention
15:39alors que la drogue est partout,
15:42comme si ça n'existait pas.
15:44Parce que comme on pense que c'est un produit interdit,
15:45il ne faut pas en parler, il ne faut pas en faire la promotion.
15:47Il y a quand même une hypocrisie.
15:48Là, peut-être qu'il y a un biais qu'on pourrait utiliser
15:51à Manny Nathalaga dans les nouvelles mesures
15:53qu'on va sans doute annoncer pour lutter contre ce trafic de drogue.
15:57Je ne crois pas que ce soit la priorité réellement aujourd'hui
15:59de ces gouvernements ni d'Emmanuel Macron.
16:02Il a énormément droitisé sa position sur le débat
16:06et aujourd'hui, en tout cas dans l'affichage,
16:08il n'a pas de résultat néanmoins.
16:10Il ne change pas comme ça fait dix ans qu'il répète
16:12que le responsable, c'est le consommateur sur son canapé.
16:15Ça n'a pas fait baisser la consommation, bien au contraire.
16:16Il n'a pas de résultat, mais c'est quelqu'un qui a beaucoup évolué.
16:18Je ne sais même pas quelle est sa conviction profonde sur le sujet
16:21parce qu'en 2016, il était ouvert au débat sur la dépénalisation.
16:24Il écrivait même, je crois, dans son livre Révolution
16:26qu'il était vain de pénaliser systématiquement
16:29et qu'il fallait en tout cas avoir le débat.
16:31Il a changé d'avis.
16:32Il a changé d'avis parce qu'il voit bien qu'en France,
16:34il y a une majorité d'électeurs qui sont pour,
16:36et on le voyait précédemment dans le sondage de Bernard Sananès,
16:38qui sont pour des mesures de plus en plus dures
16:40dans la lutte contre le trafic de drogue,
16:43que ce soit sur la justice, sur la répression, sur la police.
16:46Quoi qu'il en soit, son analyse aujourd'hui à Emmanuel Macron
16:49lui vaut un manque de confiance extraordinaire des Français.
16:52Il est dans le sondage que nous présentait Bernard Sananès
16:55à 15% de confiance pour régler le problème de la sécurité
17:00au même niveau que Jean-Luc Mélenchon et Marine Tondelier,
17:03les trois derniers du classement.
17:04Anna de Mansoury, la répression pour l'instant est un échec.
17:09Mais elle n'a pas été mise en place, pardon.
17:10Quelles sont les mesures répressives qui ont été mises en place ?
17:12Là, vous nous faites croire que soit on reste dans la situation actuelle
17:15avec des narcotrassions, les policiers sont mobilisés,
17:18les policiers sont mobilisés et ils font très bien leur travail
17:20et du mieux qu'ils peuvent avec les moyens qu'on leur donne.
17:22Mais en revanche, il n'y en a pas de résultat.
17:25Donc il faut bien aussi se poser la question des politiques qui sont venaient
17:28et de la politique pénale.
17:28En fait, il n'y a pas assez de répression.
17:30Il faut durcir les noirs.
17:31Il n'y a que ce désespé d'annonce.
17:33Et je suis désolée.
17:34Mais ce que vous disiez tout à l'heure, votre discours,
17:36je suis désolée, mais ça contribue à banaliser
17:38la consommation de drogues en France.
17:40Parce qu'aujourd'hui, vous nous parlez de cannabis.
17:42En nous disant, la coke, c'est non, c'est interdit,
17:45je n'ai pas envie de vivre dans ce monde-là.
17:47Mais en fait, demain, une fois qu'on aura banalisé le cannabis
17:49et qu'on voudra passer aussi à des drogues plus fortes.
17:51Parce que le marché noir, lui, va continuer.
17:53Et vous aurez beau légaliser le cannabis,
17:57le marché noir continuera avec la cocaïne.
17:59Donc la vraie question, c'est déjà,
18:01les Français veulent un système qui soit beaucoup plus ferme,
18:03beaucoup plus répressif.
18:04Et ne pas se dire, on se couche face aux narcotrafiquants
18:07qui existent et qui font un trafic illégal.
18:11Donc la France se couche en disant,
18:12bon, on va le légaliser puisque ça existe.
18:16Mais non, ce n'est pas l'inverse.
18:16Vous pensez que les trafiquants de cannabis,
18:20ils ont intérêt à ce qu'on légalise ?
18:21Bien sûr que non.
18:22Vous allez leur prendre une partie du marché.
18:24Ils continueront.
18:24Ils continueront.
18:25Parce que vous allez réglementer.
18:26C'est ce qui se passe au Québec.
18:27Précisément, ils continueront.
18:29Et d'ailleurs, sur l'exemple que vous avez utilisé du Québec,
18:31sur l'exemple que vous avez utilisé du Québec,
18:33pourquoi ça a planté au début ?
18:34Parce qu'ils ne se sont pas rendu compte d'un point,
18:36c'était qu'il fallait,
18:37je vais entrer dans le détail de la technique,
18:39qu'il fallait un commerce de proximité
18:40pour être compétitif par rapport au marché illégal.
18:42Et que l'entreprise québécoise qui s'est mise en place
18:45obtient des résultats qui sont extrêmement bons,
18:47notamment sur la diminution de la consommation de cannabis,
18:49après une petite hausse,
18:51hausse qui est due à deux choses.
18:52Un, la sous-déclaration qui n'existe plus,
18:54parce que d'un seul coup, comme ça devient légal,
18:56il n'y a plus de sous-déclaration.
18:57Mais bien sûr que si, puisque le marché noir continue.
18:59Vous avez une hausse qui est une hausse dans les déclarations,
19:00puisque toutes les enquêtes qui sont faites sur la consommation de drogue
19:03sont des enquêtes qui sont basées,
19:04puisque c'est illégal,
19:05sur simplement la déclaration.
19:07Donc quand vous allez être interrogé dans un sondage,
19:09si vous êtes honnête,
19:10vous allez dire oui, oui, j'ai déjà consommé.
19:12Mais donc, il y a une sous-déclaration
19:13qui existe sur ces phénomènes-là.
19:15Plus, deuxième cause d'augmentation quand on légalise,
19:18c'est les gens qui se sont toujours dit
19:19bon, moi j'aimerais bien essayer, mais c'est illégal,
19:21qui essayent, et qui essayent une fois et qui arrêtent.
19:23Donc là, à l'heure actuelle,
19:24après une petite augmentation, il y a une baisse.
19:27Prenons un exemple.
19:27Je vais aller jusqu'au bout.
19:29Prenons un exemple.
19:30Il y a un État qui a fait un choix,
19:32qui est un choix totalement différent de tous les autres,
19:34qui est le Portugal.
19:35Le Portugal, ils ont fait une politique de dépénalisation
19:37sur l'ensemble des stupéfiants,
19:39parce qu'ils avaient un problème de personnes qui se tuaient
19:41à cause de l'héroïne.
19:42Ils ont parmi les meilleurs résultats d'Europe
19:44sur la consommation.
19:46Oui, je suis désolé.
19:47Une politique plus efficace,
19:48c'est une politique de prévention.
19:49Vous voulez donc un modèle de société
19:50basé sur la drogue ?
19:51Non, précisément.
19:52Mais en fait, ce modèle, il existe déjà.
19:54Un dernier mot, d'abord.
19:55Ce modèle existe déjà,
19:56puisque l'alcool est une drogue
19:58qui est consommée en large population,
19:59qui fait 41 000 morts par an,
20:01et tout le monde s'en fout.
20:02C'est responsable, en partie,
20:03des violences intrafamiliales.
20:04Tout le monde s'en fout.
20:05On ne parle jamais de la place de l'alcool
20:07dans notre société.
20:08Vous avez vu des fusillades ?
20:09Tout simplement, une information pour vous dire
20:10que Gérald Darmanin, le ministre de la Justice,
20:12et Laurent Inès, le ministre de l'Intérieur,
20:13seront demain à Marseille.
20:15Ils rencontreront la famille de M. Kessassi,
20:18la famille Kessassi, demain.
20:20Mais un dernier mot,
20:21parce qu'il y a un pays d'Amérique centrale
20:23qui, lui, a mis la répression à fond.
20:26C'est le Salvador, avec le président Bukele,
20:28avec des arrestations par milliers.
20:30On interpelle aussi les familles des trafiquants,
20:32on met tout le monde au trou, en prison.
20:34Est-ce que ça, ça marche ?
20:35Alors, ça marche sur le court terme.
20:37C'est-à-dire que c'est une bombe à retardement.
20:38C'est-à-dire qu'un jour ou l'autre,
20:39ces gens vont sortir.
20:40Et c'est assez périlleux.
20:42Moi, ce que je veux juste partager,
20:43moi, je ne suis pas du tout homme politique.
20:45Je suis journaliste.
20:45J'ai été sur le terrain.
20:46J'ai été 15 ans au Mexique.
20:48J'ai très peur en France,
20:48parce qu'en fait, le sujet devient politique.
20:50On s'affronte.
20:51Alors qu'en fait, le sujet est de société.
20:54Il est multifacette.
20:56C'est-à-dire qu'il y a le répressif,
20:57mais il y a aussi la consommation,
20:57mais il y a aussi, je vous disais,
20:59l'éducation, l'urbain.
21:01On devrait avoir un débat de société.
21:03Et qu'aujourd'hui, en fait,
21:04quand vous dites qu'il faut enlever l'émotion, etc.,
21:06excusez-moi, on franchit des étapes
21:08tous les 3-4 mois en ce moment.
21:09Il y a une accélération que je vois.
21:11On n'est pas du tout au Mexique.
21:12Ce n'est pas la même situation.
21:13Mais il y a une accélération.
21:14Et la réponse que je vois des hommes politiques
21:17est simplement partielle.
21:19Et moi, je m'inquiète,
21:20parce que le Mexique a 15 ans d'avance sur nous.
21:22Et je n'aimerais pas que la France
21:23devienne comme ça un jour.
21:24Merci à tous.
Recommandations
1:17
|
À suivre
18:47
4:16
1:51
1:32
1:52:53
Écris le tout premier commentaire