La ministre de la Culture, Rachida Dati, a indiqué devant l’Assemblée nationale que l’attaque en justice pour dénigrement lancée par les patronnes de France Info et Radio France, Delphine Ernotte et Sibyle Veil, contre CNEWS, le JDD et Europe 1, n’a en «aucun cas été concertée et encore moins approuvée».
00:00Madame la ministre de la Culture, il y a quelque chose de pourri au royaume de l'audiovisuel public.
00:05Les dirigeantes de France Télévisions et de Radio France se sont concertées pour assigner CNews, Europe 1 et le JDD
00:11devant le tribunal de commerce de Paris pour dénigrement, grief constitutif de concurrence déloyale, selon elle.
00:18Cette action en justice contre des concurrents est tout bonnement sidérante.
00:22Elle trahit la fébrilité de l'audiovisuel public, fébrilité devant les futurs travaux de la commission d'enquête
00:28demandée par Éric Ciotti et dont notre collègue Charles Aloncle est le rapporteur.
00:32Fébrilité depuis que l'affaire Le Grand Cohen a exposé au grand jour les liens privilégiés entretenus avec la gauche.
00:39Fébrilité à l'idée de perdre les innombrables privilèges accumulés par la nomenclatura audiovisuelle.
00:46Fébrilité enfin face à l'émergence de lignes éditoriales indépendantes qui remettent en cause
00:51le monopole idéologique qu'entend exercer l'audiovisuel public afin de représenter la France
00:56telle qu'on voudrait qu'elle soit, selon les termes de Delphine Ernotte.
01:00Avec cette action en justice, les présidentes de France Télévisions et de Radio France
01:03confirment être des militantes politiques.
01:07La plainte pour dénigrement ne manque d'ailleurs pas de sel.
01:09Et elle pourrait presque faire sourire si elle n'était pas réalisée aux frais du contribuable.
01:13En effet, France Télévisions et Radio France sont-ils seulement légitimes à se plaindre de ce supposé dénigrement
01:19quand l'audiovisuel public consacre aux frais du contribuable.
01:23Des heures entières à dénigrer et à caricaturer tout média qui ose différer de sa ligne idéologique.
01:30En septembre, Delphine Ernotte désignait ces news comme une chaîne d'extrême droite, une attaque sans précédent.
01:37Aujourd'hui, ne tolérant plus aucune critique, elle se laisse aller au rêve de la censure judiciaire de toute concurrence.
01:43La seule concurrence déloyale pourtant qui existe, c'est celle structurelle de l'audiovisuel public
01:48financé par les Français à hauteur de 4 milliards, tout en captant une part importante des revenus publicitaires.
01:53Cet avantage structurel est mis aujourd'hui au service d'une lutte idéologique.
01:57Elle doit cesser.
01:58Madame la ministre, en qualité d'autorité de tutelle, avez-vous été informée de cette action en justice ?
02:03Avez-vous été consultée ? Avez-vous donné votre accord ? Je vous remercie.
02:06Merci beaucoup. La parole est à Madame Rachida Dati, ministre de la Culture.
02:13Merci Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le député Michelet.
02:20Alors vous avez raison, toutes les chaînes de télévision, privées comme publiques, sont soumises à une exigence de pluralisme dans leur programme.
02:28Mais il y a une exigence supplémentaire pour l'audiovisuel public qui est celle de l'impartialité.
02:34Et c'est tout le sens d'ailleurs de la réforme de l'audiovisuel public que j'ai souhaité porter, fondée sur le texte du président Laffont du Sénat
02:42et qui reste évidemment, sur laquelle il reste une lecture.
02:46Alors certains groupes privés ont pu considérer que cette exigence d'impartialité n'était pas remplie et l'ont fait savoir sur leurs antennes.
02:56Alors les présidents de France Télévisions et de Radio France ont estimé que ce traitement était de l'ordre du dénigrement
03:02et ont souhaité assigner les médias du groupe Bolloré devant le tribunal de commerce.
03:07Alors vous m'avez posé une question sur est-ce que j'étais informée de cette démarche.
03:14Cette démarche n'avait en aucun cas été concertée et encore moins approuvée par les tutelles.
03:20En l'état du droit, c'est leur liberté d'avoir choisi de s'engager dans cette voie.
03:25Mais je peux vous dire que même si l'usage républicain est aussi par respect de l'engagement des deniers publics dans cette procédure,
03:33les tutelles auraient dû être informées, auraient pu être informées.
03:36Plus largement, la réflexion sur ce que signifie l'impartialité, cette exigence d'impartialité du service public
03:44et la façon dont elle est mise en oeuvre est évidemment pleinement légitime et c'est un débat que nous devons avoir.
03:50Mais ce sujet mérite largement mieux que la voie détournée de la judiciarisation.
03:58Merci beaucoup Madame la Ministre.
04:01La parole est à Monsieur Kevin Mauvieux pour le Rassemblement National.
04:06Petite surprise, agréable surprise de la réponse de Rachida Dati qui tacle en fait et qui dit « j'étais pas au courant ».
04:17C'est d'usage quand on engage les données publiques de prévenir son ministère de tutelle.
04:21Et puis sur l'impartialité, elle a fait un petit tacle à Radio France.
04:24Une telle expression de la Ministre de la Culture dans ce contexte-là répondant à une question de parlementaire,
04:30on voit la colère de Rachida Dati qui désapprouve très clairement l'initiative de Mme Ernotte et Veil.
04:37C'est évident.
04:38Elle le désapprouve et elle va même quasiment jusqu'à le condamner quand elle dit « ça n'est pas devant les tribunaux que l'on règle les questions de ligne éditoriale, d'impartialité, etc. »
04:48Donc elle condamne cette action-là et elle reproche également aux présidentes de France Télévisions et de Radio France de ne pas l'avoir prévenue.
04:57Donc c'est un désaveu cinglant pour Mme Ernotte et Veil.
05:00C'est une surprise parce qu'encore une fois, la Ministre de la Culture, je m'attendais à ce qu'elle fasse une réponse un peu convenue
05:05parce que dans ce cadre-là, elle était quasiment obligée de le faire.
05:08Elle sort là vraiment de sa réserve, ce qui montre que la Ministre de la Culture, encore une fois, est très en colère.
05:14Là, c'est une évidence, elle est très en colère contre ce qui s'est produit il y a un peu moins de 24 heures.
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