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Entre 1519 et 1522, la flotte du navigateur portugais Fernand de Magellan réalisa le premier tour du monde de l’histoire. Dernier volet : privé de Magellan, qui a succombé aux Philippines le 27 avril 1521, ainsi que de leurs meilleurs officiers, assassinés lors du piège tendu par le chef Lapu-Lapu, les équipages des deux navires restants poursuivent leur route.
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AprendizadoTranscrição
00:00A CIDADE NO BRASIL
00:30Fernand de Magellan, le Portugais, a trahi son pays.
00:45Il a vendu aux Espagnols les îles aux épices que seuls les Portugais connaissaient.
00:53Il a promis à Charles Quint que ces îles où poussent les clous de girofle,
00:57l'archipel des Molucs, étaient dans la partie espagnole du monde.
01:03Mais Magellan s'est trompé.
01:07Son estimation est fausse.
01:10Les îles des Molucs sont portugaises.
01:12Magellan a traversé l'Atlantique.
01:39Il a déjoué une mutinerie et a découvert le moyen de contourner l'Amérique.
01:46Il a traversé l'océan Pacifique pendant 105 jours sans jamais s'arrêter.
01:52Il a perdu 27 hommes.
01:5357 autres ont déserté.
01:55Il n'a plus que trois bateaux sur les cinq au départ
01:58et il est le premier à rejoindre les Indes par l'Ouest.
02:01Le 16 mars 1521, il découvre la côte de l'île de Samar dans l'archipel des Philippines,
02:15qu'il baptise Archipel de Saint-Lazare.
02:17Son équipage est épuisé,
02:23rongé par la faim, la soif et le scorbut.
02:26Usé par 18 mois d'exploration dans un monde inconnu.
02:36Magellan ne sait pas encore qu'il a fait une erreur
02:38et que tous ses efforts sont vains.
02:47Quand Magellan arrive aux Philippines,
02:49il y a un pilote, Francisco Albo,
02:52qui détermine que les Philippines se situent
02:55à 189 degrés
02:58à l'occident de la ligne de démarcation.
03:02Si on lit ce journal,
03:18qui n'est réapparu dans les archives au XIXe siècle,
03:20qui avait complètement disparu à l'époque,
03:24il est très clair que Albo
03:26mesure qu'en arrivant aux Philippines,
03:29eh bien, on est au-delà
03:30de l'antiméridien de Tordésillage.
03:33C'est-à-dire que l'on est dans la zone
03:35portugaise.
03:42Et disons que ça,
03:44c'est le coup fatal.
03:45Parce que son objectif
03:47n'était pas de trouver le passage.
03:49Ce n'était pas de naviguer dans le Pacifique.
03:52Le grand objectif du voyage
03:53est de démontrer que les Molucs
03:55étaient du côté castillan.
03:58Et quand Magellan arrive aux Philippines,
04:00il se rend compte que ce n'est pas le cas.
04:03Les Molucs n'appartiennent pas
04:05au royaume de Castille.
04:07Elles appartiennent au Portugal.
04:12À ce moment,
04:15on peut comprendre
04:16que la détresse mentale
04:17et psychologique de Magellan
04:18est absolue.
04:19Francisco Albo
04:31ne pouvait pas se tromper.
04:35Il ne pouvait pas mentir.
04:36Il avait des données si rigoureuses.
04:38Il savait déterminer
04:40les longitudes grâce aux éclipses de Lune,
04:42aux observations astronomiques,
04:44aux calculs des distances parcourues.
04:46Il parvenait à les déterminer.
04:50Je pense donc
04:51que Magellan a assumé l'erreur.
04:52Et là,
05:01il doit se poser la question
05:02de savoir
05:03qu'est-ce que je fais.
05:04Le qu'est-ce que je fais,
05:05ça a pu être de se dire
05:06que je n'ai peut-être pas envie
05:08d'arriver
05:09en territoire portugais,
05:11au Moluc,
05:11avec un bateau
05:12en mauvais état,
05:13un équipage
05:14en mauvais état,
05:15où là,
05:15ça a très très mal se passé.
05:17Donc,
05:18il ne serait peut-être pas bête
05:19de continuer vers
05:20des îles
05:20pas trop connus
05:21où je pourrais
05:22retaper mon bateau,
05:24retaper mon équipage
05:25et ensuite
05:27aller au Moluc.
05:36Ils sont tombés
05:38sur l'île de Omonon.
05:40Pigafetta
05:41a clairement décrit
05:42que Magellan
05:43s'est senti
05:43assez à l'abri
05:44pour installer
05:45une tente
05:45sur la côte
05:46de cette petite île
05:47de Omonon.
05:48et l'équipage
05:52de Magellan,
05:53les plus en forme,
05:54était chargé
05:55de chercher
05:55des provisions,
05:57de chercher
05:57de la nourriture.
06:03Selon Pigafetta,
06:04les noix de coco
06:06étaient une formidable
06:07source d'alimentation
06:08grâce à leur jus
06:09et à leur très bonne chair.
06:11Nous sommes restés là
06:18pendant huit jours
06:19et le capitaine
06:20allait chaque jour
06:21voir les malades
06:23qu'il avait mis
06:23sur cette île
06:24pour les rafraîchir.
06:30Tous les jours,
06:32de ses mains,
06:33il leur donnait
06:34de l'eau
06:34du fruit de coco
06:35qui les réconfortait fort.
06:37Ils étaient protégés
06:47sur cette île isolée.
06:49Il n'y avait pas
06:50d'indigènes hostiles
06:51qui auraient pu
06:52les attaquer.
06:54Il a décrit
06:54l'île de Omonon
06:55comme une île
06:56de bonne augure.
06:58Il est donc probable
06:59que c'est là
07:00que Magellan
07:01célébra sa première messe
07:03en hommage
07:04au repos
07:04qu'ils ont trouvé
07:05sur cette île.
07:11Huit marins
07:12meurent d'épuisement
07:13dans les premiers jours
07:14aux Philippines.
07:16Mais Magellan,
07:16même s'il sait
07:17qu'il est en territoire portugais,
07:19est attiré
07:20par le potentiel
07:21de l'archipel
07:21qu'il vient de découvrir.
07:27Il décide donc
07:29de quitter
07:29l'île de Omonon
07:30pour s'enfoncer
07:31plus loin
07:32dans l'archipel philippin
07:33à la recherche
07:34des richesses
07:35que ce nouveau territoire
07:36peut lui offrir.
07:41Il s'est rendu compte
07:43qu'il y avait
07:44beaucoup d'îles là-bas,
07:45qu'il pouvait y avoir
07:46des richesses,
07:47un intérêt.
07:48Et comme il n'y avait
07:49pas de Portugais
07:49sur ces îles,
07:50il n'y avait pas
07:51d'Européens là-bas,
07:52il pourrait dominer
07:53ces îles
07:54dont certaines appartiendraient
07:55à l'empereur
07:56tandis que d'autres
07:56lui reviendraient.
07:57Et tout ce territoire,
07:59s'il était christianisé,
08:01pourrait être un atout
08:02à faire valoir
08:02auprès de l'empereur,
08:03s'il devait revenir.
08:21Ce qui est certain,
08:22c'est que Magellan prête
08:24une attention particulière
08:26au fait de signer des traités
08:28ou de nouer des ententes
08:30politiques et diplomatiques
08:31avec les souverains
08:32des Philippines.
08:38À Nimasawa,
08:40le Raja Kolombu
08:41était probablement
08:42très puissant,
08:43très riche,
08:44car c'était des pirates
08:46très habiles
08:46qui contrôlaient
08:48les mers des Visayas.
08:49D'après Pigafetta,
08:54Kolombu
08:54était un très bel homme.
08:57Il raconte
08:58qu'il avait le corps
08:59bien huilé,
09:00qu'il portait
09:01beaucoup de bijoux.
09:10Apparemment,
09:11Kolombu pensait
09:12que Magellan
09:12voulait engager
09:13des échanges commerciaux
09:14et le meilleur endroit
09:16pour commercer
09:16dans ce groupe
09:17d'îles des Philippines
09:18était Cebu.
09:25Il n'a pas trouvé
09:26de terre
09:26dans le Pacifique.
09:28Donc là,
09:29c'est très important
09:29pour sa fortune personnelle
09:31de faire des alliances
09:32avec des rois
09:33si possible puissants.
09:35Donc il arrive
09:36dans une petite île,
09:37Nima Savoie,
09:37bon,
09:38c'est un petit roi,
09:39mais il lui dit
09:39il y a un roi
09:40encore plus puissant
09:41à Cebu.
09:41Il y va
09:43car il est indispensable
09:44pour lui
09:45de faire des traités
09:46d'alliances
09:46et de toucher
09:47des rentes
09:48sur ses découvertes.
09:49Quand ils sont
10:19arrivés là-bas,
10:20ils ont trouvé
10:20des bateaux
10:21qui venaient
10:21de Thaïlande,
10:22de Chine
10:23et Colombou
10:24allait introduire Magellan
10:26auprès d'autres amis,
10:28le Raja Umabon.
10:35Quand il arrive
10:36à Cebu,
10:36il propose au roi
10:37de se convertir
10:38au catholicisme
10:39qui est une attitude
10:40un petit peu nouvelle,
10:43mais on sait très bien
10:43que pour créer
10:44des alliances,
10:46la religion
10:47est un des éléments
10:48essentiels.
10:53Ni Magellan
10:54ni aucun
10:54a proprement parlé
10:55des membres
10:56de ses équipages,
10:58en particulier
10:58parmi le personnel
10:59religieux,
11:01aucun d'entre eux
11:01n'a véritablement reçu
11:02de mandat d'évangélisation.
11:04Le temps de la mission
11:05n'est pas encore venu.
11:08Et Pigafetta
11:09raconte cette scène
11:10du baptême,
11:11de la conversion
11:11de masse
11:12des habitants
11:13de l'île de Cebu,
11:14800 en un jour.
11:15Le capitaine
11:18commença
11:18à parler au roi
11:19grâce à notre interprète
11:20pour l'inciter
11:21à la foi
11:22de Jésus-Christ,
11:24lui expliquant
11:25qu'ainsi,
11:26il vaincrait
11:27plus facilement
11:27ses ennemis
11:28qu'auparavant
11:28et que bientôt
11:30il ferait de lui
11:31le plus grand roi
11:31de ses îles.
11:34Le roi répondit
11:35qu'il voulait
11:35être chrétien.
11:40Nous baptisâmes
11:41800 personnes,
11:42tant hommes
11:43que femmes
11:43et enfants.
11:46Durant ces jours,
11:47le capitaine
11:48général
11:48allait chaque jour
11:49à terre
11:49pour écouter
11:51la messe
11:51et disait au roi
11:53beaucoup de choses
11:53pour mieux l'instruire
11:54et confirmer
11:55sa foi.
12:00Le simple acte
12:02du baptême
12:03a fait deux
12:03des frères,
12:04non seulement
12:05physiquement
12:05mais spirituellement.
12:09En fait,
12:09le christianisme
12:10pouvait aussi
12:10être utilisé
12:11afin de lier
12:12les peuples
12:12de différentes îles.
12:16Un jour,
12:17la reine
12:18vint en grande pompe
12:19pour écouter
12:20la messe.
12:22Elle était jeune
12:23et belle,
12:24avec la bouche
12:25et les ongles
12:25très rouges.
12:28Elle portait
12:29sur la tête
12:29un grand chapeau
12:30fait de feuilles
12:31de palmier
12:31en manière
12:32de pare-soleil.
12:35Plusieurs femmes
12:36la suivaient
12:36qui étaient
12:37toutes nues
12:38et déchaussées.
12:39Le prêtre
12:42montra
12:42à la reine
12:43un bel enfant
12:43en bois
12:44et une croix
12:45ce qui l'émut
12:46beaucoup.
12:48Elle demanda
12:49le baptême
12:49et le nom
12:51de Jeanne
12:51lui fut imposé
12:52comme la mère
12:54de notre empereur.
12:56Le capitaine,
12:57sachant qu'elle aimait
12:57beaucoup l'enfant
12:58Jésus de bois,
12:59le lui offrit
13:00et lui dit
13:01de le placer
13:02à la place
13:02de ses idoles
13:03car c'était
13:04en mémoire
13:05du fils de Dieu.
13:05En le remerciant fort,
13:15elle l'accepta.
13:22Emporté par sa foi,
13:24Magellan parie sa tête
13:25qu'il peut accomplir
13:26un miracle,
13:27que le baptême
13:28peut guérir
13:29le frère
13:29d'un prince malade.
13:30Et comme par miracle,
13:36le frère du prince
13:37guérit
13:37et retrouve
13:38l'usage
13:39de la parole.
13:43Il accomplit
13:44le miracle
13:44de guérir
13:45un malade
13:45aux Philippines
13:46presque comme
13:46s'il était
13:47le Christ
13:47qui accomplit
13:48des miracles
13:48et a des pouvoirs
13:49de guérison.
13:51Il se dit
13:52j'y vais
13:52parce que je suis
13:53illuminé,
13:54protégé,
13:55je suis invincible.
13:58C'est ce qui
13:58pourrait expliquer
13:59le basculement
14:00de Magellan
14:01dans quelque chose
14:02qui ne lui ressemble
14:03pas,
14:03c'est-à-dire
14:03une espèce
14:04de frénésie,
14:05de mouvement,
14:06de discussion
14:07avec les souverains
14:08locaux.
14:11Magellan
14:11dit au roi
14:12Oumabon
14:12de faire venir
14:13tous ses principaux
14:14et que s'il
14:15n'obéissait pas
14:16de roi
14:16pour se faire
14:17convertir,
14:18il les ferait
14:18tous tuer
14:19et brûlerait
14:19leur village.
14:23Oumabon
14:23voulait que
14:24tous les autres
14:24chefs acceptent
14:25le baptême
14:25comme Lapoulapou
14:26mais Lapoulapou
14:28a refusé.
14:30Sur la petite île
14:33de Mactan,
14:34il y a
14:34un vassal
14:35du roi de Cebu,
14:36Lapoulapou,
14:37qui ne veut pas
14:38se convertir
14:39et qui est hostile
14:40à son souverain.
14:42Et à ce moment-là,
14:42se passe cet épisode
14:43tout à fait curieux
14:44où Magellan
14:46décide d'aller
14:47combattre
14:47ce rebelle.
14:49Pourquoi ?
14:49Normalement,
14:55les principaux
14:56responsables
14:57des batailles
14:57et des expéditions
14:58ne participent
14:59pas au combat.
15:02Ils ne pouvaient
15:02pas mettre
15:03leur vie en jeu
15:03car ça mettait
15:05le projet en péril.
15:06Si je devais
15:07mettre une hypothèse,
15:08je dirais sans doute
15:09que cette décision
15:10si maladroite
15:11et si erronée
15:11que Magellan
15:12prend à ce moment-là
15:13vient du fait
15:14que son esprit,
15:16sa psychologie
15:16est complètement décalée.
15:26Magellan a attendu
15:29jusqu'au petit matin
15:30qu'il y ait de la lumière.
15:32Mais le problème
15:32est le suivant.
15:34Les bateaux,
15:34les navires de Magellan
15:35ne pouvaient pas
15:36aller directement
15:37sur la côte de Mactan.
15:39Ça aurait été
15:40un grand avantage
15:41tactique pour Magellan
15:42car il aurait pu
15:43tirer avec ses canons.
15:43Mais ils étaient
15:47si loin
15:47que les canons
15:48des bateaux
15:49ne pouvaient pas
15:49les atteindre.
15:51Je ne pense pas
15:52que ça signifie
15:53qu'il était fou.
15:54Magellan y a réfléchi.
15:56Mais malheureusement,
15:57il n'était pas familier
15:58avec les marées
15:59dans la baie de Mactan.
16:04Le jour venu,
16:06nous avons sauté
16:06dans l'eau
16:07qui nous arrivait
16:07jusqu'aux cuisses.
16:10Avec 49 hommes,
16:11nous avons marché
16:12sur plus de 3 traits
16:13d'arbalète.
16:13avant de pouvoir
16:14arriver au bord.
16:19Ils étaient
16:19plus de 1500 personnes
16:21et dès qu'ils
16:22nous ont aperçus,
16:24ils sont venus
16:24tout autour de nous
16:25en hurlant.
16:28Magellan a probablement
16:31sous-estimé
16:31le nombre de guerriers
16:32que Lapoulapu aurait.
16:34Les arcs-buses
16:41et les arbalètes
16:42tiraient de loin,
16:43en vain.
16:45La peur ne les arrêtait pas,
16:47protégés par leurs
16:47boucliers en bois.
16:50Ils nous ont tiré
16:51tant de flèches,
16:52de lances,
16:52de cannes ferrées,
16:53de pales brûlées
16:54et de cailloux
16:54que l'on pouvait
16:55à peine se défendre.
16:56Alors,
17:00il nous a commandé
17:00de nous retirer
17:01peu à peu.
17:06Voyant cela,
17:08le capitaine général
17:09a envoyé ses hommes
17:10brûler les maisons
17:10de ses gens
17:11pour les épouvanter.
17:12Nous avons brûlé
17:19au moins 30
17:19de leurs maisons.
17:21Mais ils sont devenus
17:22au contraire
17:23plus courageux
17:23et plus âpres encore.
17:31Ils étaient devenus
17:32si furieux
17:33contre nous
17:33qu'ils ont réussi
17:35à planter une flèche
17:36en bonimée
17:36à travers la jambe
17:37du capitaine.
17:42Alors,
17:49il nous a commandé
17:50de nous retirer
17:51peu à peu.
17:52Et eux,
17:53nous suivaient.
17:57Comme ils connaissaient
17:58le capitaine,
17:59ils se sont tournés
18:00vers lui,
18:01si bien qu'à deux reprises,
18:02ils lui ont planté
18:03deux flèches
18:04tout près de la tête.
18:07Mais lui,
18:08comme bon capitaine
18:09et chevalier,
18:11se tenait toujours
18:11aussi fort
18:12avec tous les mains.
18:12comme les autres,
18:14combattant ainsi
18:14pendant plus d'une heure,
18:16de l'eau jusqu'aux genoux.
18:26Alors,
18:27tous se sont jetés sur lui
18:28avec des lances
18:29et des javelots.
18:31Tellement
18:32qu'ils tuèrent
18:33le miroir,
18:35la lumière,
18:36le confort
18:37et notre vrai guide.
18:38Quand les gens
18:53le poignardaient,
18:54plusieurs fois,
18:55il se tourna vers nous
18:55pour voir que nous étions
18:57tous au navire.
18:59Puis,
19:00le voyant mort,
19:01ce que nous avions
19:02de mieux à faire
19:03était de nous sauver
19:04en embarquant les blessés.
19:06de l'eau jusqu'à la fin.
19:07C'est la fin.
19:08C'est la fin.
19:08Amém.
19:38Il est difficile d'expliquer la fin dramatique de ce marin extraordinaire, qui avait démontré son expérience, sa capacité stratégique, par cette décision aussi maladroite, aussi erronée.
19:57Il s'est dit, soit je gagne, soit je meurs au combat, et donc je suis anobli.
20:03Il a donc risqué sa vie parce qu'il ne croyait plus, je pense, à sa mission.
20:07C'est malheureusement la tragédie de la fin du plus grand navigateur de tous les temps.
20:17On a l'impression que c'est un acte manqué, au fond.
20:21Il cherche à en finir d'une manière glorieuse, au combat. Pourquoi ?
20:25Alors là, c'est là où l'hypothèse du journal d'Albo est très intéressante.
20:29Si vraiment il sait qu'il a échoué dans son expédition, il sait aussi que quand il retournera en Espagne,
20:35il aura échoué dans la mission que lui a confiée le roi d'Espagne.
20:40Et donc il sera vilipendé, mis au fer, etc.
20:43D'autre part, il sait que s'il retourne dans sa patrie, il sera un traître, qui sera sans doute exécuté.
20:48On dirait que ce combat contre des indigènes, c'est une manière d'en finir, une manière glorieuse, et puis de tourner la page.
20:54Quand on regarde le détail de l'expédition, son débarquement, avec très peu de bateaux, les canons des gros navires à distance, impossible d'intervenir,
21:06on a l'impression vraiment qu'il suicide d'une certaine manière.
21:10Jusqu'à aujourd'hui, Magellan n'a pas été considéré comme un héros, mais comme un vilain par de nombreux nationalistes philippins.
21:23Mais ce n'est pas la meilleure façon de comprendre Magellan.
21:25Voilà un homme qui était prêt à tout miser et à laisser derrière lui sa précieuse famille pour poursuivre son ambition,
21:35que nous l'appelions ambition ou mission, juste pour réaliser ce dont il avait toujours rêvé, trouver le chemin.
21:50On pourrait dire que c'est un perdant magnifique.
21:52Il a réalisé quelque chose de grandiose dont il ne touchera jamais les fruits.
21:57Même son corps disparaîtra, puisque après sa mort, le chef Lapoulapou refuse de rendre le corps de Magellan,
22:03donc il est enterré nulle part.
22:08Évidemment, une fois Magellan mort, l'entreprise se poursuit et tous ces gens-là produisent leur propre récit, leur propre version du voyage.
22:16Et tous ont un intérêt, un intérêt objectif à minimiser les talents et les accomplissements de Magellan.
22:25Trois jours après la mort de Magellan, le San Antonio, le plus gros navire de la flotte qui avait déserté dans le Détroit,
22:45arrive à Séville après sept mois de navigation.
22:47Les marins, à bord, sont des déserteurs.
22:56Et chacun a préparé son discours pour éviter la peine de mort qui peut les attendre.
23:07Magellan est décrit comme un tyran, un maniaque égocentrique qui n'avait aucune chance de réussir.
23:12Il faudra six mois d'audience et d'interrogatoire pour que la cour d'Espagne décide de libérer les mutins.
23:24Seul le portugais Mesquita ne sera pas libéré tout de suite.
23:28Sa parole est mise en doute.
23:30Ce fidèle de Magellan qui tenait le navire jusqu'au soulèvement des mutins
23:34sera assigné à résidence jusqu'au retour du capitaine général.
23:37Personne ne sait que Magellan est mort
23:42et qu'il laisse derrière lui trois navires et 139 hommes dans les îles Philippines.
23:51C'était une catastrophe.
23:54Tout est bouleversé.
23:56Car non seulement Magellan est mort, mais il se retrouve sans capitaine.
24:00Et Magellan, comme le dit Pigafetta, était le guide et il disciplinait l'équipage.
24:05Après la mort de Magellan, bien sûr, les membres de l'équipage étaient en deuil, tendus
24:16et avaient peur de ce qui allait arriver, car ils avaient perdu leur guide.
24:22Duarte Barbosa est devenu leur chef.
24:25Et c'est la cause de leurs ennuis à ses bouts.
24:28Parce que Duarte Barbosa a commencé à s'en prendre à Enrique, l'esclave de Magellan.
24:33Notre interprète, Enrique, était légèrement blessé d'une flèche empoisonnée reçue à la bataille de Mactan.
24:50Et il restait toujours enveloppé d'une couverture de laine sans vouloir aller à terre.
24:54Duarte Barbosa, le gouverneur du principal navire, lui dit tout haut que si son maître le capitaine était mort,
25:03lui n'était ni affranchi, ni libéré.
25:06Duarte Barbosa était très en colère et lui a dit « Tu es un chien, eres un perro ».
25:16On sait que dans le testament de Magellan, rédigé le 26 août 1519, avant le départ des nefs,
25:24Magellan accordait la liberté à Enrique.
25:26Donc Enrique, passé la mort de Magellan, se considère libéré de toute servitude,
25:33alors qu'un certain nombre des membres d'équipage vont très violemment,
25:36et même de manière parfois injurieuse, lui rappeler que tel n'est pas le cas,
25:40et qu'il continuera à servir, et qu'on le ramènera en Espagne,
25:44et que revenu en Espagne, il continuera à être esclave au profit de la veuve de Magellan.
25:50En le menaçant s'il n'obéissait pas, l'esclave se leva,
25:58et feignant de ne pas tenir compte de ses paroles,
26:01il alla à terre dire au roi chrétien Oumabon que nous voulions partir soudainement.
26:09Mais que s'il voulait faire selon son conseil,
26:12il gagnerait tous nos navires et nos marchandises.
26:16C'est ainsi qu'ils ont organisé une trahison.
26:20Oumabon leur a dit,
26:24« Vous allez partir, alors je vais vous inviter à dîner avec nous. »
26:29Et il a dit, « J'ai déjà préparé une couronne, je la donnerai en hommage au roi Charles.
26:33Donc quand vous retournerez en Espagne, vous pourrez la donner à Charles.
26:37Mais vous devez venir la récupérer pendant le banquet. »
26:43Le roi Oumabon a invité tous les meilleurs hommes de l'armada à son banquet.
26:52Les officiers, les pilotes, les maîtres, les capitaines, le prêtre.
26:56Ils sont 26 à avoir accepté sans hésitation.
27:06Antonio Pigafetta, le chroniqueur, reste à bord pour se soigner.
27:11Il a été touché au front par une flèche empoisonnée pendant la bataille de Mactan.
27:15On peut difficilement comprendre, croire, que le banquet perfide du Radja Oumabon
27:39aurait réussi du vivant de Magellan.
27:44Le capitaine Juan Serrano est amené prisonnier devant les bateaux.
27:48Les sébouans leur demandent d'échanger Serrano contre des pièces d'artillerie.
27:52Serrano leur crie que c'est un piège, il ne venait pas à partir.
27:58Nous savons qu'en vérité, tous les Espagnols qui ont participé au banquet de Sébou
28:04n'ont pas été mis à mort ce jour-là.
28:068 au moins des 26 Espagnols descendus à terre n'ont pas été tués,
28:12mais ont été revendus quelques années plus tard comme esclaves à des marchands chinois de passage.
28:28C'est ensuite João López Carvalho, le pilote en chef de la flotte,
28:32qui prend la tête de l'expédition.
28:34Il était portugais, originaire de Lisbonne,
28:37et il va commander l'expédition d'une manière complètement déconcertante.
28:41López de Carvalho est ce que nous appellerions aujourd'hui un personnage dégénéré,
28:45totalement dégénéré.
28:48Les 113 survivants privés des meilleurs navigateurs
28:51ne sont plus assez nombreux pour manœuvrer trois navires.
28:55Après leur fuite précipitée de Sébou,
28:58le tout nouveau capitaine Carvalho ordonne de brûler la Concepcion.
29:01Le nouveau commandement de João López Carvalho est vraiment chaotique.
29:31Il passe plus de sept mois à naviguer au hasard entre les îles,
29:35dans l'espoir de voler des navires dans une confusion indescriptible.
29:39Ils se transforment en pirates, véritablement.
29:50Perdus, ils sont perdus.
29:53Ils cherchent non seulement des vivres,
29:54mais ils cherchent aussi des otages pour qu'ils puissent les emmener aux Molucs.
29:57Le manque de leadership ne s'est pas seulement traduit dans le manque d'expertise nautique
30:08de ceux qui ont remplacé Magellan.
30:11Aucun d'entre eux n'était au même niveau logiquement de connaissances,
30:14d'expérience en cartographie, d'astronomie, de navigation océanique que celui de Magellan.
30:19C'était donc une pure improvisation.
30:23Mais les valeurs morales faisaient également défaut.
30:32Nous avons trouvé une grande île où poussent le riz et le gingembre.
30:36On y trouve du cochon, des chevraux et des poules.
30:41Il y a aussi des fruits de coco, de la patate douce, des cannes douces
30:45et des racines semblables à des navets.
30:49Nous pouvions vraiment appeler cette terre la terre de promission.
30:54Car avant de l'avoir trouvée, nous avons tellement souffert de la famine
30:58que nous étions prêts à abandonner nos navires pour débarquer et ne pas mourir de faim.
31:06Ils arraisonnent des jonques chargées de noix de coco.
31:18Ils font prisonnier des Philippines.
31:21Ils s'emparent d'un chargement où il y avait des richesses.
31:25Et puis, ils vont gagner la baie de Brunei.
31:29Et là, il va y avoir tout un épisode qui n'est pas très connu,
31:33mais qui est très riche en couleurs, parce que le roi de Brunei est extrêmement riche.
31:40Les Espagnols se rapprochent du cœur historique du monde malais,
31:43qui est aussi un monde musulman.
31:45Ils progressent de société en société de plus en plus sophistiqués.
31:49Lorsqu'on arrive à Brunei, on a le souverain,
31:52on a une classe noble, on a une classe de guerriers,
31:55on a des paysans libres, on a des serfs.
31:57Et donc, évidemment, on se trouve là dans un univers
31:59qui est d'une complexité sociale en particulier considérable.
32:13Nous avons débarqué avec des cadeaux pour le roi.
32:18Arrivé à la cité, on nous a présenté deux éléphants couverts de soie
32:21et douze hommes, chacun avec un plat de porcelaine pour porter nos cadeaux.
32:28Ainsi, nous avons marché de la maison du gouverneur jusqu'au palais du roi.
32:34Toutes les rues étaient pleines d'hommes avec épées, lances et targues,
32:37comme l'avait voulu le roi.
32:40Nous sommes entrés sur les éléphants dans la cour,
32:43avant d'entrer dans une grande salle pleine de plusieurs barons et seigneurs,
32:46où nous avons été assis sur un tapis,
32:49avec les plats remplis de nos présents à côté de nous.
32:54C'est un choc que l'on aime à dire culturel,
32:56entre l'Asie et l'Europe,
32:58mais qui en vérité a d'abord été un choc social
33:01entre des marins et des marchands européens d'un côté
33:04et des aristocrates et des princes
33:07et des érudits asiatiques de l'autre.
33:10Au bout de cette salle, il y en avait une autre, plus petite.
33:18Là, il y avait 300 hommes debout et nus
33:20avec des épées et des lances aiguisées posées sur la cuisse.
33:25Au bout de cette salle, nous avons vu le roi s'asseoir à table
33:27avec un de ses petits-fils
33:29et manger des noix de Béthel.
33:34Derrière lui, il n'y avait que des femmes.
33:40Alors, l'un des principaux nous dit
33:47que nous ne pouvions parler au roi,
33:49mais que si nous voulions quelque chose,
33:52il fallait le lui dire.
33:54Il le dirait à un principal au-dessus de lui
33:56et celui-là à un des frères du gouverneur,
34:00qui le dirait à travers une sarbacane,
34:03par un trou dans le mur,
34:04à l'un de ceux qui étaient avec le roi.
34:07Et nous devions faire trois révérences au roi
34:10avec les mains jointes sur la tête,
34:12en haussant les pieds l'un après l'autre.
34:19Les Européens, de façon générale,
34:22ont été perçus comme des gens sans manière.
34:25Autrement dit, des gens qui ne savaient pas
34:28comment se comporter,
34:30des gens qui étaient sans convenance,
34:33des gens qui multipliaient les gaffes
34:35et les impairs protocolaires.
34:36Ils nous ont donné une collation de girofles et de cannelle,
34:41puis nous repartîmes sur les éléphants
34:43jusqu'à la rive de la mer.
34:45Et là, deux grandes pirogues nous ramenaient à nos navires.
34:48Et là, survient l'un des épisodes
34:52les plus sordides de l'expédition,
34:57alors même que le sultan de Brunei
34:59a fait excellent accueil aux Espagnols.
35:01Carvalho, qui est devenu l'un des hommes forts
35:03de l'expédition passée la mort de Magellan,
35:07fait arraisonner une jonque
35:09et enlève les jeunes filles
35:11qui se trouvaient à bord de cette jonque.
35:13Non seulement il les fait prisonnières,
35:16mais nous dites à demi-mot Pigafetta,
35:19bien Carvalho capture ces jeunes filles
35:21pour les offrir plus tard à l'empereur Charles Quint,
35:24mais en vérité, les garde pour lui,
35:27c'est-à-dire les viols.
35:28On peut imaginer le changement que ça a créé.
35:40Magellan disait que celui qui fait monter une femme
35:42sur le bateau sera pendu.
35:44Il l'avait absolument interdit.
35:46Et Carvalho, la première chose qu'il fait,
35:48c'est de s'enfermer avec trois femmes.
35:50Ça a sûrement causé une grande incertitude
35:52au sein de l'équipage.
35:53Les deux navires quittent Brunei
36:02et pillent 30 000 noix de coco sur une jonque
36:04avant de se cacher pendant 42 jours
36:06dans une baie inhabitée pour réparer leur bateau.
36:12Fernand de Magellan est mort depuis cinq mois maintenant
36:15et les valeurs morales de l'expédition
36:17ont fondu sous la chaleur luxuriante de l'Indonésie.
36:23Et à la suite de tous ces agissements
36:30de jouant à l'opèche de Carvalho,
36:32les autres ont décidé de le destituer.
36:34À ce moment-là, il va être remplacé
36:36par un grand personnage de cette histoire,
36:37c'est Gonzalo Gomez de Spinoza,
36:40qui va être le dernier capitaine général de la flotte.
36:43Il va commander la Trinidad.
36:46Gonzalo Gomez de Spinoza
36:48apporte ses qualités pour reprendre le contrôle.
36:51Car c'est une personne de fer
36:53et c'est un bon guerrier.
36:57Et l'autre navire, la Victoria,
36:59va être confié à Elcano,
37:01qui sort de l'ombre.
37:02Après des mois et des mois,
37:04il a dû faire profit.
37:06C'est un ancien mutin.
37:07Mais à ce moment-là, Elcano prend du grade.
37:09D'un autre côté, nous avons Juan Sebastián Elcano,
37:15qui, bien que manquant peut-être de connaissances
37:17en navigation de haut vol,
37:19est un marin expérimenté.
37:21Et disons que les deux forment un bon tandem,
37:24une bonne équipe pour mener à bien le projet jusqu'à la fin.
37:27Ils vont reprendre la mission,
37:37celle d'hommes chrétiens qui partent chercher le chemin des épices.
37:43Là, ils reprennent le droit chemin.
37:45Ils ont des problèmes pour trouver leur route vers les Molucs.
37:51Ils savent en gros où c'est,
37:52mais ils ne savent pas le chemin.
37:54Il y a des dalles d'îles, il y a des récifs, il y a des au fond.
37:56Ils vont capturer, dès que l'occasion s'en présente,
37:59des pêcheurs, des pilotes,
38:01pour essayer de les conduire vers les Molucs.
38:07Il faut penser que l'esclave malais,
38:09celui qui parlait parfaitement la langue, a disparu.
38:13Les conversations devaient être très, très difficiles
38:15avec les pilotes capturés.
38:21Nous arrivâmes vers une île qui était très belle à voir.
38:25L'un de ceux que nous avions pris de force avec son petit-fils
38:28s'enfuir de nuit en nageant vers cette île.
38:33Mais le fils, pour ne pas pouvoir se tenir fermement
38:36sur les épaules de son père, se noya.
38:43Enfin, le 6 novembre 1521,
38:50un mois et demi après avoir quitté leur chantier de réparation,
38:53sept mois après la mort de Magellan,
38:56deux cônes volcaniques identiques
38:58pointaient au-dessus de l'horizon.
39:00Les deux îles jumelles de Ternate et Tidor.
39:04Le but de Magellan est là,
39:06sous les yeux de 103 marins et de quelques prisonniers.
39:09Le pilote qui nous a accompagnés
39:17nous a déclaré que c'était les îles des Molucs.
39:28Nous avons tous remercié Dieu
39:30et pour manifester notre joie,
39:32nous avons tiré plusieurs salves d'artillerie.
39:34Car nous venions de passer 27 mois,
39:38moins deux jours,
39:39à la recherche de ces îles.
39:41Sous-titrage Société Radio-Canada
40:11Les souverains molucois ont conscience
40:26de l'importance de ces épices pour les Européens
40:29parce que les Portugais ont précédé les Espagnols
40:32de quelques années.
40:32Les souverains des Molucs connaissaient parfaitement
40:41le prix ou la valeur, ce trésor des épices
40:44qui leur a permis, dans la durée,
40:46de bâtir tout un réseau de comptoirs et de colonies
40:49dans l'ensemble des mers d'Indonésie orientale.
40:52Ils vident les bateaux, tout ce qu'ils transportent.
40:58Maintenant, tout l'espace est pour mettre
41:00des clous de girofle.
41:02Le reste de là, quelques semaines,
41:04à échanger et charger les clous de girofle.
41:07Ils sont donc très bien reçus.
41:10Une très bonne relation, c'est d'abli.
41:11En ce jour de dimanche, je m'en allais en terre
41:27pour voir comment naissent les clous de girofle.
41:33L'arbre est haut et large comme un homme.
41:36Ses branches s'étendent au milieu,
41:37mais forment une cime vers le haut.
41:41La feuille est comme celle d'un laurier
41:45et l'écorce est de couleur brune, tannée.
41:51Les girofles sont par dix ou vingt
41:53à la cime des branches
41:54et il y en a toujours plus d'un côté que de l'autre,
41:57selon la disposition du climat.
42:02Quand les girofles naissent,
42:04ils sont blancs.
42:06Les murs sont rouges
42:07et ils deviennent noirs en séchant.
42:09Ils se cueillent deux fois par an,
42:13à Noël et à la Saint-Jean-Baptiste.
42:17Il n'y a pas au monde d'autres bons girofiliers.
42:19Mais au bout d'un mois, apparaît la question
42:27comment rentrer.
42:30Le capitaine général de la flotte,
42:31Gonzalo Gomez de Espinosa,
42:34décide, en accord avec Elcano,
42:35de diviser les risques.
42:37Un va repartir vers l'ouest,
42:38l'autre vers l'est
42:39et il y a bien des deux navires qui vont arriver.
42:43La Victoria, menée par Elcano,
42:44va prendre une route très étonnante
42:46parce que c'est la voie portugaise,
42:48c'est la route vers l'ouest
42:48qui va permettre de contourner
42:50le Cap de Bonne-Espérance.
42:52Mais Elcano,
42:53sur instruction certainement
42:55d'Espinoza,
42:57prend la décision
42:58d'aller très au sud.
43:00Pourquoi ils le font ?
43:00C'est parce qu'ils veulent prendre une route
43:02où ils ne trouveront pas
43:03de navires portugais.
43:04Pigafetta part sur la Victoria
43:11avec Elcano vers l'ouest
43:13et les cales pleines de tonnes de girofles,
43:16ils se lancent dans un retour à haut risque.
43:20Les hommes doivent traverser
43:21les eaux portugaises
43:22sans se faire repérer.
43:24Ils ne pourront donc faire
43:25aucune escale sur le trajet.
43:29Après trois mois de mer
43:31sur l'océan Indien,
43:32la Victoria doit faire face
43:33au Cap de Bonne-Espérance.
43:37Et là, on arrive
43:38au sud de l'Afrique,
43:39dans ce qu'on appelait
43:39le Cap des Tempêtes.
43:40Ça s'appelait comme ça au début.
43:41Il s'appelait Cap de Bonne-Espérance
43:42un peu plus tard.
43:43C'est un coin pourri
43:44qui reste maintenant
43:45encore un coin considéré
43:46comme dangereux.
43:49La route logique voudrait
43:50qu'ils partent
43:52au long de la côte Afrique.
43:52Sauf que toute la côte
43:53Mozambique et compagnie,
43:55elle est tue par les portugais.
43:56Donc en fait,
43:57ils restent un peu au large.
44:03La Victoria subit
44:0711 jours de tempête
44:08pour passer le Cap
44:09de Bonne-Espérance
44:10et perd son mât de misaine.
44:16Au même moment,
44:17aux îles Moluc,
44:18la Trinidad, elle,
44:20s'apprête à partir vers l'est.
44:21Les deux navires
44:25ne reviennent pas
44:25par la même route.
44:27La Trinidad essaye
44:28de revenir par le Pacifique.
44:30Elle tente de retrouver
44:31le même chemin.
44:35Revenir par la même route,
44:36ça voulait dire quoi ?
44:37Ça voulait dire
44:38repartir vers le nord.
44:40Le problème,
44:41c'est qu'à l'époque
44:42de l'année,
44:44quand on remonte comme ça,
44:46donc on monte plein nord,
44:48on fait le tour d'anticipé,
44:49on arrive dans les zones tempérées
44:50et entre-temps,
44:50on rencontre la saison des typhons.
44:58Il est possible,
44:59d'ailleurs,
44:59il y a des rapports
44:59de la Trinidad
45:00disant qu'il a
45:01des tempêtes extraordinaires,
45:03c'est probablement
45:03des typhons ou des queues de typhons
45:04et là,
45:05qui sont au-delà
45:06des possibilités d'une Carmel.
45:07Et ça paraît d'ailleurs
45:09incroyable que les gars,
45:11ils sont tenus assez longtemps
45:13quand même avant de dire
45:13qu'on n'y arrivera pas
45:14en fin de mi-tour.
45:16Les compétences nautiques
45:18de Spinoza
45:18ne sont pas à mettre en cause
45:20puisqu'ils n'en avaient
45:21aucune dans une mer
45:22complètement inconnue,
45:23on ne connaissait rien
45:24du régime des vents.
45:26Cet échec
45:27de la Trinidad
45:28les oblige à revenir
45:29au Moluc.
45:31Il n'y a que
45:3120 survivants
45:32sur ce bateau,
45:34épuisés,
45:35qui sont faits
45:35prisonniers
45:35par les Portugais,
45:37qui les mettent
45:38aux travaux forcés.
45:39Ils les mettent
45:39à la construction
45:40de la forteresse portugaise
45:42sur l'île de Ternat,
45:44au Moluc.
45:46Ironie du sort,
45:48le navire amiral
45:49de Magellan,
45:50capturé au Moluc,
45:51est démantelé
45:52pour construire
45:53la forteresse portugaise.
45:5624 hommes
45:56de la Trinidad
45:57sont déjà morts
45:58du scorbut
45:59et d'épuisement en mer.
46:0115 autres meurent
46:01au Moluc
46:02sous les ordres
46:03des Portugais.
46:03Cinq hommes seulement
46:08réussiront à survivre
46:10pour rejoindre l'Europe.
46:12Le destin tragique
46:13de la Trinidad
46:14termine sa course folle
46:16au fond de la baie
46:17de Ternat.
46:25Dernier navire
46:26de cette expédition,
46:28la Victoria
46:28se traîne
46:29dans l'Atlantique.
46:32Les cales
46:33prennent l'eau
46:33et les hommes
46:34sont touchés
46:35par le scorbut.
46:36Ils doivent pourtant
46:37pomper jour et nuit
46:38pour maintenir
46:39le bateau à flot.
46:42La litanie
46:43de tous ces voyages
46:44océaniques au long cours
46:45quand on les relie,
46:46c'était les bateaux pourris,
46:47la flotte inconsommable,
46:49la faim,
46:50le scorbut,
46:52tout le matériel
46:53qui part en...
46:54qui part en n'importe quoi.
47:00Après six mois en mer
47:01sans jamais toucher terre,
47:0213 marins sont morts.
47:05Et le 9 juillet 1522,
47:07une poignée d'hommes
47:08à bout de force
47:09décident de débarquer
47:10au Cap Vert
47:11en territoire portugais
47:12pour mendier
47:13quelques vivres.
47:14Donc, ils sont obligés
47:30de s'arrêter
47:32et de tenter
47:33de négocier
47:34quelques vivres.
47:36Alors, qu'est-ce qu'ils ont ?
47:37Des girofles
47:38à échanger ?
47:39Ils n'ont plus grand-chose.
47:40Ils font croire aux Portugais
47:42qu'ils viennent
47:43des Antilles,
47:45mais ça ne prend pas
47:45parce que les Portugais
47:46au Cap Vert
47:47voient les girofles,
47:48comprennent qu'ils viennent
47:49de leur zone à eux
47:51qui est interdite.
47:53Et donc,
47:53les hommes qui sont chargés
47:54de rapporter des vivres
47:55et de l'eau douce
47:56sont faits prisonniers au Cap Vert.
47:57Il y a douze hommes
47:58qui sont faits prisonniers
47:58au Cap Vert.
48:00Et donc, encore une fois,
48:02le navire de l'expédition,
48:05celui d'El Cano,
48:06est obligé de repartir
48:07à la hâte
48:08et il va regagner Séville
48:10sans avoir pris
48:11beaucoup de vie.
48:13Et ce sont 18 Européens
48:14qui vont arriver
48:16à Sandlouka,
48:17au port de Séville,
48:18quasiment trois ans
48:19après leur départ.
48:20Samedi 6 septembre 1522,
48:42nous entrâmes
48:43en la baie de Saint-Loukart
48:44et n'étions que 18 hommes,
48:46la plupart malades,
48:48sur les 60
48:49qui étaient partis
48:49des Molucs.
48:50Depuis le jour
48:54où nous sommes partis
48:54de cette baie,
48:56jusqu'à aujourd'hui,
48:57nous avons fait
48:5814 460 lieux
49:00et accompli
49:01le cercle du monde
49:02du Levant au Ponnon.
49:10Lundi 8 septembre,
49:12nous jetâmes l'encre
49:13près du Môle de Séville
49:14et tous,
49:16en chemise et pieds nus,
49:17alâmes chacun
49:18une torche à la main,
49:19visiter le lieu
49:20de Santa Maria
49:22de la Antigua.
49:23et puis,
49:24on dit que quand ils sont arrivés
49:28à Séville,
49:29une fois la stupeur passée,
49:34parce qu'ils ont dû arriver
49:35comme des morillons,
49:36ce bateau en un état de déliquescence,
49:52les gens,
49:53et après,
49:54tout le monde s'est rendu compte
49:55qu'ils avaient fait quelque chose d'extraordinaire.
49:56d'une image
49:58vraiment tragique
50:01de retour de survivants
50:03où les gens doivent être partagés
50:05entre l'horreur de voir ces gens,
50:07l'horreur de constater
50:08qu'ils sont si peu,
50:10l'effroi,
50:11puis en même temps,
50:11l'émerveillement
50:12de voir ce navire apparaître
50:14qu'on n'attendait plus.
50:15On n'attendait plus du tout,
50:16on n'avait plus de nouvelles
50:17de l'expédition de Magellan
50:18depuis trois ans.
50:19En arrivant, bien sûr,
50:27à Elcano,
50:28l'ancien mutin,
50:29le traître.
50:31On reçoit tous les honneurs
50:32du voyage à juste titre.
50:33C'est vraiment lui
50:33qui a fait le premier tour du monde.
50:36Le tour du monde
50:37n'a jamais été projeté.
50:39Mais une fois qu'il a été fait,
50:41évidemment,
50:41tout le monde s'est dit
50:42c'était extraordinaire.
50:43C'est la première fois
50:44qu'un navire
50:46circuit le monde.
50:48La Terre est circumnavigable.
50:50C'est ce qu'a prouvé
50:51le voyage de Magellan.
50:55La création d'une route
50:57qui fut à partir de ce moment
51:00inscrite en lettres d'or
51:02dans l'histoire de l'humanité
51:03pour avoir découvert
51:05le détroit de Magellan,
51:06pour avoir navigué
51:07et traversé
51:08le plus grand océan
51:09de la planète,
51:10pour avoir démontré
51:11non pas la sphéricité
51:12de la Terre
51:13connue depuis plus de 2000 ans,
51:15mais le fait que le monde
51:16était un élément,
51:17un espace
51:17délimité
51:18qui se perdait
51:19dans l'espace,
51:21fait apparaître
51:22pour la première fois
51:24la naissance
51:25de la vision
51:25de la première mondialisation.
51:29Et c'est ce que l'héritage
51:30du voyage de Magellan
51:32nous laisse avec tout
51:33ce que cela englobe
51:34de positif
51:35comme de négatif.
51:38Ce qui est extraordinaire,
51:40c'est que le chroniqueur
51:41du voyage
51:41fait partie des 18 marins
51:43arrivés à Séville.
51:44et son récit
51:45à la gloire
51:46de Magellan
51:47a survécu.
51:49Mais Antonio Pigafetta
51:50n'a jamais connu
51:52la notoriété
51:52qu'il cherchait,
51:54car ni les Espagnols
51:55ni les Portugais
51:56ne pouvaient faire
51:58de Magellan
51:58un héros.
51:59En réalité,
52:06ce voyage a été
52:07un désastre.
52:09Le détroit de Magellan
52:10n'a jamais été emprunté,
52:11ce n'est que plus tard
52:12qu'il a été utilisé.
52:13Le détroit de Magellan
52:14n'était pas un cap
52:15de bonne espérance
52:16comme il le voulait.
52:17Et si nous honorons
52:18son nom aujourd'hui,
52:19c'est pour la connaissance
52:20du monde
52:20qu'il nous a apporté.
52:22Voilà toute sa gloire.
52:24Il n'est pas arrivé
52:25au Moluc
52:26parce qu'il est mort avant.
52:27Il n'a pas prouvé
52:28que les Moluc
52:29et les Philippines
52:30étaient espagnoles.
52:31On peut donc dire
52:32que sa mission a échoué,
52:33mais lui,
52:33il nous a aidé
52:34à connaître la Terre.
52:35Donc, il n'a pas échoué.
52:36Non, il n'a pas échoué.
52:59Sous-titrage Société Radio-Canada
53:04Sous-titrage Société Radio-Canada
53:09Sous-titrage Société Radio-Canada
53:14Sous-titrage Société Radio-Canada
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