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Entre 1519 et 1522, la flotte du navigateur portugais Fernand de Magellan réalisa le premier tour du monde de l’histoire. Troisième volet du récit de cette expédition : longeant la côte sud-américaine au-delà du Brésil, Magellan découvre au sud de l’Argentine un passage qui lui permet de s'enfoncer dans le continent américain.
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00:00A CIDADE NO BRASIL
00:30A CIDADE NO BRASIL
01:00A CIDADE NO BRASIL
01:02A CIDADE NO BRASIL
01:04Magellan a juré d'offrir au roi d'Espagne les îles des Molucs.
01:26Le seul endroit au monde où poussent les clous de girofle.
01:30Une épice qui vaut de l'or en Europe.
01:37Parti le 20 septembre 1519 d'Espagne,
01:40après 13 mois de navigation en Atlantique,
01:42la perte d'un bateau, la mort de 16 hommes,
01:45une mutinerie sanglante et la rencontre avec le peuple té-welche,
01:49la flotte est au sud de l'Argentine.
01:55Elle cherche désespérément un passage pour franchir l'Amérique
01:59et rejoindre l'océan Pacifique.
02:02Une mer immense, que Magellan devra traverser
02:05s'il veut atteindre les îles des Molucs.
02:08Les îles aux épices.
02:10Je dirai les choses en reprenant les paroles d'un savant extraordinaire,
02:27le grand historien et économiste Adam Smith.
02:30Il dit, les deux événements historiques que l'économie considère
02:33comme les plus importants de toute l'histoire de l'humanité sont
02:36la découverte du détroit de Magellan et la traversée du Pacifique.
02:45C'est sans doute l'expédition la plus significative de l'histoire de l'humanité.
02:52Qu'est-ce qui a été le plus difficile ?
02:53Le voyage de Apollo 11 à la découverte de la Lune
02:56ou le voyage de Magellan ?
02:58J'ose dire que c'est le voyage de Magellan,
03:02car ils n'avaient aucune connaissance.
03:04Ils allaient vers l'inconnu.
03:04Ils n'avaient aucun soutien.
03:10Armstrong, Aldrin et Collins étaient constamment contrôlés
03:13depuis le centre spatial.
03:15Ils n'ont eu aucune opposition, aucune mutinerie,
03:18ils n'avaient pas faim.
03:20Je pense que ce à quoi Magellan et son expédition ont été confrontés
03:24était quelque chose d'impressionnant,
03:26d'une audace, d'une valeur, d'une persévérance
03:28dans l'accomplissement de leur objectif très importante.
03:34C'est seulement par 52 degrés de latitude sud
03:37que Magellan et son équipage découvrent enfin une baie différente des autres.
03:42Une ouverture qui pourrait être la porte d'entrée tant espérée pour franchir l'Amérique,
03:53pour gagner l'autre océan et rejoindre les Indes.
03:56Devant la pointe de sable qui marque l'entrée de la baie,
04:05les couleurs des eaux se mêlent.
04:07Elles s'enroulent,
04:08comme si deux océans se rencontraient.
04:14Magellan passe ce cap si lointain
04:15le 21 octobre 1520,
04:18jour de la Sainte Ursule,
04:19et, en hommage à sa légende,
04:22il le baptise Cap des 11 000 Vierges.
04:41Il s'agit peut-être d'une nouvelle impasse,
04:44mais il se passe quelque chose de différent ici.
04:48Le chroniqueur de l'Armada,
04:50Antonio Pegafetta,
04:52témoigne de nombreuses carcasses de baleines échouées
04:55qui jonchent le rivage.
04:58Les groupes de cétacés
04:59qui viennent se nourrir dans le mélange des eaux
05:01se font piéger ici
05:03sur les bancs de sable à marée basse.
05:05Le cap des 11 000 Vierges
05:15ouvre une nouvelle voie
05:16dans l'aventure maritime.
05:19L'Armada des Molucs
05:20s'engage donc dans l'exploration,
05:23sans avoir aucune idée
05:24de son issue.
05:25Ce qui est intéressant,
05:33c'est que Magellor,
05:34ayant trouvé un détroit
05:34qui portera son nom,
05:36l'abri,
05:37on sait que s'il était allé plus au sud,
05:40il aurait pu passer aussi,
05:41mais lui ne le savait pas.
05:43Il a trouvé ce détroit
05:44et il s'est dit,
05:45je dois l'inspecter,
05:46voir à quoi ça ressemble.
05:47Il fallait qu'il y aille.
05:48Et il a dû persuader ses hommes
05:50parce que le temps est vraiment mauvais là-bas,
05:51mais il a persévéré
05:52et il l'a fait.
05:53C'est une remarquable qualité de marin.
05:59Immédiatement,
06:00lorsque vous entrez
06:01dans le détroit de Magellan,
06:03vous rencontrez
06:04deux grandes difficultés
06:05de navigation
06:05qui sont le premier goulet
06:07et plus tard,
06:08le second goulet,
06:10qui est un canal
06:10encore plus étroit
06:11et cela présente
06:12une certaine difficulté
06:13en gardant en tête
06:15qu'il s'agissait
06:15de bateaux à voile.
06:23Le problème du détroit
06:25à ce stade,
06:26ce sont les contre-courants.
06:28On sait qu'ils pouvaient
06:29naviguer
06:30à 7 ou 8 nœuds maximum,
06:32mais si vous avez des courants
06:33qui sont autour
06:34des 12, 13 nœuds de face,
06:36ça devient très compliqué.
06:39Il est très difficile
06:40de comprendre
06:40comment Magellan
06:41a pu remonter
06:42ces deux goulets.
06:43Ils sont entrés
06:49avec un courant favorable,
06:51mais seulement
06:52après l'avoir observé.
06:53Ce n'était pas
06:54« Allons-y, traversons,
06:56parce qu'ici,
06:56il y a un passage ».
06:57Non, c'est « Attendons,
06:59regardons,
07:00voilà le moment opportun,
07:02alors maintenant,
07:03allons-y ».
07:05Les courants vont dans un sens
07:06et en une heure,
07:07ils vont dans l'autre.
07:08Il y a beaucoup
07:08de conditions compliquées.
07:11Les vents,
07:12nous parlons du printemps,
07:13en octobre,
07:14les vents à cette saison
07:15atteignent 100 nœuds
07:17et même au-delà.
07:20La température à cette saison
07:21est comprise
07:22entre moins 5
07:22et plus 15 degrés
07:24et il y a aussi
07:25des jours de pluie
07:25et même de neige.
07:37Donc on sent
07:37qu'il y a dents
07:38tout doucement,
07:39tout doucement,
07:39tout doucement.
07:40Alors en plus,
07:40contre les vents d'ouest,
07:41selon qu'on tire un peu
07:42des bords,
07:42on attend que le vent
07:43se devienne plus maniable,
07:44si c'est du nord ou du sud,
07:45on arrive à faire route,
07:46si c'est de l'ouest,
07:47on attend.
07:48Il y a du courant très fort,
07:49très fort.
07:51Donc,
07:51bon,
07:52essayez de ne pas se faire
07:52foutre au plein dans le courant,
07:54etc.
07:54Donc,
07:54il y arrive quand même.
07:55Il faut se rappeler
07:56que ces gars-là,
07:56c'est très,
07:57très bon marin quand même.
07:58Après avoir franchi
08:09les deux rétrécissements
08:10dangereux de l'entrée
08:12en quelques jours seulement,
08:14Magellan débouche
08:15sur une large mer intérieure
08:17qui s'oriente vers le sud.
08:18Jamais il n'était rentré
08:26si profondément
08:27dans la terre d'Amérique.
08:29Mais plutôt que de se lancer
08:30immédiatement
08:31dans la brèche
08:31qu'il venait d'ouvrir
08:32avec un équipage éprouvé
08:34par une année de navigation
08:36dans les mers australes,
08:38Magellan décide de s'arrêter
08:39sur la première île
08:40qu'il rencontre.
08:41Sur l'île Isabelle,
08:54c'est intéressant
08:55parce que là,
08:55Magellan se réunit
08:56avec ses capitaines
08:57et il leur dit
08:58« Bon,
08:59que fait-on ?
09:00On continue ? »
09:03Ils avaient trouvé un passage
09:09mais ils ne savaient pas
09:10s'il aboutirait
09:11réellement à l'océan.
09:13Nous devons nous mettre
09:13à la place de ces hommes.
09:15Que va-t-on trouver ensuite ?
09:17Que va-t-il se passer ?
09:19Est-ce qu'on va avoir
09:20assez de vivres ?
09:21Va-t-on mourir de faim,
09:22de froid ou de soif ?
09:37Et là, Estevão Gomez s'oppose.
09:39Il était l'un des pilotes
09:41les plus expérimentés.
09:43Il a une opinion respectée
09:44et il s'oppose.
09:45Il dit « Non,
09:47partons,
09:47retournons nous ravitailler
09:48pour repartir en expédition. »
09:51Magellan dit
09:52« Comment ?
09:53Comment vais-je expliquer
09:54au roi que j'ai trouvé
09:55un passage
09:56et que je n'ai pas osé continuer ? »
09:58Non,
09:59c'est impossible
10:00de penser cela.
10:01« Effectivement,
10:05on aurait pu imaginer
10:06qu'il y ait une barrière
10:07qui aille jusqu'à l'Antarctique.
10:08Pourquoi pas ?
10:09Ou jusqu'au...
10:10Au moins jusqu'aux glaces.
10:11Mais effectivement,
10:13il y croit.
10:15Il y croit.
10:15Il n'a pas le choix.
10:16Il n'a pas le choix.
10:16Il est parti pour faire ça. »
10:19Magellan choisit donc
10:25de continuer
10:26sans écouter
10:26l'opposition
10:27de son pilote portugais,
10:29Estevão Gomes.
10:31Le mot passe
10:32entre chaque navire
10:33que le voyage
10:34et l'exploration
10:34doivent continuer,
10:36qu'il faut lever l'encre
10:37une fois de plus,
10:39déployer les voiles,
10:40reprendre les quarts de veille
10:41et s'enfoncer
10:42vers les montagnes
10:43qui barrent l'horizon.
10:50Il ne pouvait pas reculer.
10:53Il devait avancer
10:54aussi loin
10:55qu'il le pouvait.
10:56Il a même déclaré
10:57que jusqu'à 75 degrés sud,
11:00ce qui est inimaginable,
11:01il ne renoncerait jamais
11:02à trouver le passage
11:04vers le Pacifique.
11:09Les dimensions gigantesques
11:11du décor
11:12offrent plusieurs possibilités.
11:15Les bras de mer
11:16se perdent
11:16derrière les montagnes.
11:19L'armada descend
11:20dans une première baie
11:21qu'elle nomme
11:21San Juan.
11:25Ils sont quand même
11:27plusieurs bateaux.
11:28Alors, on en envoie
11:29un dans un sens,
11:29on en envoie un dans l'autre
11:30qui revient,
11:31qui envoie un coup de canon,
11:32je n'ai rien vu,
11:32deux coups de canon,
11:33j'ai vu quelque chose.
11:34Tout le monde y va,
11:34ah ben non, finalement,
11:35ça ne le fait pas.
11:36On revient.
11:36Il éparpille la flotte
11:37de façon à un petit peu
11:38voir où est-ce que ça passe.
11:39Et on continue comme ça
11:40vers le sud.
11:42Vers le sud,
11:42il y a de la montagne,
11:43on la voit bien.
11:44À droite,
11:45il y a de la montagne aussi.
11:48On continue quand même.
11:48Magellan envoie la Concepcion
12:07et le San Antonio
12:08en reconnaissance
12:09depuis la baie de San Juan
12:10avant de décider
12:11de continuer vers le sud.
12:12Les quatre navires
12:15s'engagent ensemble
12:16au pied des montagnes
12:17qui sont de plus en plus hautes.
12:20La Concepcion,
12:21le San Antonio,
12:23la Victoria
12:23et la Trinidad de Magellan
12:25découvrent un nouveau cap
12:27qui marque un changement radical
12:28dans le décor.
12:30Un cap autour duquel
12:32un large bras de mer
12:33tourne à angle droit
12:35vers l'ouest.
12:42Le Cap Froward
12:45est le point
12:47le plus austral
12:48du continent.
12:50D'un point de vue continental,
12:52c'est la fin
12:53du continent américain.
13:02Là,
13:03la direction change
13:05et on entre
13:06dans ce qui semble
13:06être un large canal.
13:08Mais il y a aussi
13:09d'autres variantes,
13:10d'autres canaux.
13:11Il y a toujours
13:14l'incertitude
13:14de savoir
13:15quel sera
13:15le plus important,
13:16lequel de ces chemins
13:17va nous mener
13:18au passage finalement.
13:25Quand ils sont
13:26au Cap Froward,
13:27on ne voit pas le bout.
13:28Et au début,
13:29d'ailleurs,
13:29ils envoient des gars
13:30qui partent
13:31dans des balinières.
13:32Ils ne bougent pas
13:33le bateau tous les jours.
13:34Ils envoient des gars
13:35dans des balinières
13:35qui partent à l'aviron
13:36ou avec des petites voiles
13:37et qui vont explorer un peu
13:38et on fait avancer
13:40le bateau
13:40que si les balinières
13:42on dit
13:42apparemment
13:43on peut faire
13:44une vingtaine de mille
13:44là, allons-y,
13:45donc on va les faire.
13:46On remouille,
13:47on se trouve une planque
13:48quelque part
13:48et on recommence
13:49on y va en balinière,
13:50etc.
13:50Je me souviens
14:08qu'une fois passé
14:09le Cap Froward
14:10apparaît un autre détroit
14:12complètement différent.
14:14C'est un paysage
14:14absolument accidenté.
14:16Vous avez un mur au nord,
14:17des murs
14:18qui sont finalement
14:18les contreforts
14:19ou la fin
14:20de la chaîne andine.
14:22On parle de montagnes
14:24de près de 2000 mètres,
14:26totalement noires.
14:29Ce sont des pics noirs,
14:30seulement tachetés
14:31de quelques zones
14:31blanchâtres de neige,
14:33avec la mer
14:34absolument noire aussi.
14:36L'eau est noire
14:37et n'a pas un soupçon
14:38de bleu ou de vert.
14:39Les marins arpentent
14:50le dédale
14:50de ce monastère géant,
14:53à 12 000 kilomètres
14:54de leur port d'attache,
14:55de leurs racines
14:56et de leur famille.
14:59Aucun Européen
15:00n'avait jamais navigué
15:01dans une si haute
15:02cathédrale de roches
15:03et de glaces.
15:09Magellan avance
15:16pas à pas
15:16dans ces canaux
15:17où le vent tourne,
15:19s'arrête,
15:19repart,
15:20accélère.
15:23Il n'a aucun moteur
15:24pour l'aider,
15:26aucune carte.
15:28Il navigue
15:28à la voile seulement
15:29et à l'estime.
15:30Et au milieu de ça,
15:39de ce climat-là
15:40et de cette géographie
15:41si complexe,
15:43il y a des fjords
15:43et des petites baies
15:45pour se réfugier.
15:46Et on se dit,
15:48en lequel est-ce
15:48parmi tout ça ?
15:50Cela illustre bien,
15:51très bien,
15:52le flair marin
15:54qu'avait Magellan
15:56pour prendre des décisions
15:59et définir
16:00ce qui est juste
16:01de ce qui ne l'est pas.
16:14On ne navigue pas
16:15de nuit
16:15dans le détroit
16:16de Magellan.
16:17C'est trop dangereux,
16:17vous savez.
16:19On navigue
16:19deux jours.
16:20Et si on ne peut pas
16:21naviguer aujourd'hui,
16:22on attendra demain
16:23ou le lendemain.
16:24Et puis on y va,
16:25on trouve un autre
16:26mouillage abrité
16:27et on y reste
16:27jusqu'à ce que les vents
16:28soient favorables.
16:41Ils observent de nuit
16:43du feu,
16:43de la fumée.
16:45Ce sont des feux de camp
16:46qu'allument les aborigènes.
16:51Immédiatement,
16:52l'idée vient de nommer
16:52cette île
16:53la terre des feux
16:55qui finalement
16:56est devenue
16:56la terre de feu.
16:58Mais c'est seulement
16:59le feu
17:00que l'expédition observe
17:01sans jamais voir
17:02les habitants.
17:07Deux semaines
17:08pour explorer
17:08tous les bras de mer,
17:10toutes les alternatives
17:11et pour avancer
17:12vers l'ouest
17:13dans un détroit
17:14qui n'offre toujours
17:15aucune certitude.
17:17Les navires
17:17continuent de s'éparpiller.
17:19La Trinidad
17:21de Magellan
17:22accompagnée
17:23de la Victoria
17:23jette l'ancre
17:24dans une baie
17:25parfaitement abritée
17:26qui réunit
17:27tous les avantages
17:28pour devenir
17:29un point de ralliement
17:30des navires
17:30en exploration.
17:42Le chroniqueur
17:43Antonio Pigafetta
17:44décrit le lieu
17:45avec précision.
17:46Nous arrivâmes
17:50à une rivière
17:51que nous appelâmes
17:52la rivière des sardines
17:53car nous en avons
17:54trouvé en grande quantité.
17:58Nous trouvons ici
17:59de bonnes eaux
17:59pour y boire,
18:01du bois tout de cèdre,
18:03du poisson aussi,
18:04des moules
18:04et une herbe
18:06fort douce
18:07appelée apio
18:08dont il y en a
18:09de la même sorte
18:10qui est amère.
18:13Cette herbe croît
18:14près des sources
18:15et pour nous trouver
18:16autre chose.
18:17Nous en mangeâmes
18:18pendant plusieurs jours.
18:22Ainsi,
18:22nous sommes restés
18:23pour attendre
18:23le retour
18:23des deux autres nefs.
18:33En attendant
18:34la Concepcion
18:35et le San Antonio,
18:37Magellan décide
18:37d'envoyer une chaloupe
18:38pour explorer
18:39la possibilité
18:40d'aller plus loin.
18:40car au-delà
18:43de la baie des sardines,
18:45le large canal
18:45qui s'ouvre
18:46vers l'ouest
18:47semble boucher.
18:49Les montagnes
18:49ferment
18:50ce qui pouvait être
18:51un passage évident.
18:52Il m'est arrivé
19:01de dire
19:02comme une sorte
19:03de parabole
19:04ou de métaphore
19:05que le détroit
19:07n'existait peut-être pas
19:09et que c'était
19:11la volonté
19:11de Magellan,
19:12son énorme effort
19:13et son courage
19:14qui ont fini
19:15par briser
19:15ces énormes murs
19:17de granit
19:17des Andais
19:18et créé
19:19ce détroit.
19:23Comme un Moïse
19:24qui ouvre
19:25ces murs de granit
19:26pour laisser courir
19:27les eaux
19:27d'une nouvelle mer,
19:29d'un nouveau fleuve
19:29qu'il a appelé
19:31curieusement
19:31le détroit
19:32de tous les saints.
19:38La minuscule balénière
19:40envoyée en éclaireur
19:41est partie
19:41pour plusieurs jours.
19:43Elle navigue seule
19:44pour trouver le moyen
19:45de contourner
19:45l'île Carlos III
19:46qui fait barrage.
19:50Mais ce n'est pas
19:51à hauteur de barque
19:52que les hommes
19:53pouvaient prendre
19:53réellement connaissance
19:55du labyrinthe
19:55dans lequel ils progressaient.
20:00Pour trouver leur chemin,
20:02ils ont dû monter
20:03sur les collines de pierre
20:04sorties d'anciens glaciers
20:05poncés par le vent,
20:07la pluie
20:07et la grêle.
20:11Ils sont montés
20:12pour voir
20:13si le mirage
20:14de Magellan
20:14existait vraiment.
20:16si les navires
20:17pouvaient un jour
20:18sortir vers le soleil
20:19couchant.
20:30Une fois l'île
20:31Carlos III passée,
20:32depuis cette colline
20:33qu'on appelle aujourd'hui
20:34la cloche de Roldan,
20:36les hommes
20:37de la chaloupe
20:37de la baie des Sardines
20:38ont vu un détroit
20:40qui continuait
20:40vers l'ouest.
20:43Une percée rectiligne
20:44à travers les montagnes.
20:54Là, ils se disent
20:55qu'il y a un passage.
20:57Ils disent « ce passage,
20:58c'est toujours
20:58de l'eau salée,
20:59il y a de la houle
21:00toujours,
21:01c'est toujours très profond,
21:02il y a un passage.
21:03Ils sont quasiment sûrs
21:03qu'il y a un passage.
21:04Après tant de souffrances,
21:16après tant d'épreuves
21:17durant le voyage,
21:18il était tout près du but,
21:20très proche de la victoire.
21:24On peut imaginer
21:25quel a été son soulagement
21:26quand il a su
21:27qu'il était sur le point
21:28de voir la lumière
21:29au bout du tunnel.
21:30Magellan est à la porte
21:39d'un grand succès
21:39et fait planter
21:40une croix
21:41dans la baie des Sardines
21:42au retour de la chaloupe.
21:46Mais dans le même temps,
21:48une attente terrible
21:49ronge le capitaine général.
21:52Un navire
21:53manque à la belle.
21:54Le San Antonio
21:56ne revient pas
21:57de son exploration.
22:03Une surprise
22:05si triste,
22:08si négative,
22:10c'est justement
22:11le navire
22:11le plus important
22:12après la nef amirale,
22:14la Trinidad.
22:16C'est le San Antonio,
22:17celui qui transporte
22:18le plus de provisions,
22:21qui disparaît.
22:24Six jours après
22:28l'arrivée
22:29dans la baie des Sardines,
22:30Magellan ordonne
22:31au capitaine
22:32de la Victoria
22:32de partir
22:33à la recherche
22:34du San Antonio,
22:35jusqu'à l'entrée
22:36du détroit
22:36s'il le faut.
22:37Et s'il ne le trouve pas,
22:39il devra planter
22:39un drapeau
22:40sur un point remarquable
22:41et enterrer à son pied
22:42une lettre,
22:43enfermée dans une jarre
22:45qui donnera
22:45la position
22:46du reste de la flotte.
22:47Pendant une semaine entière,
22:58la Victoria revient
22:59sur ses pas
22:59et remonte
23:00tout le détroit
23:01pour chercher
23:01le San Antonio.
23:04Malgré la force
23:05du courant,
23:06elle repasse
23:06les deux goulets d'entrée
23:07dans un sens,
23:09puis dans l'autre,
23:10enterre plusieurs lettres
23:11et plante plusieurs drapeaux.
23:12Mais l'équipage
23:17de la Victoria
23:17ne trouve rien.
23:19Aucune trace,
23:20aucune épave,
23:22aucun naufragé.
23:23Le San Antonio
23:24a déserté.
23:36Le pilote protestataire
23:38Estevao Gomez
23:39a repris
23:40le commandement
23:40de force.
23:42Il a mis au fer
23:43le commandant
23:44du navire
23:44Alvaro de Mesquita,
23:46cousin de Magellan.
23:49Gomez rentre
23:51vers l'Espagne
23:51et condamne
23:52le projet
23:53de l'armada.
24:00Si le San Antonio
24:02n'avait pas déserté,
24:03ils auraient continué
24:04tout droit
24:05sans s'arrêter.
24:06Ils sont obligés
24:07de s'arrêter.
24:08Ils sont désœuvrés.
24:09Les hommes à terre,
24:10qu'est-ce qu'ils font ?
24:11Ils arpentent
24:12la colline
24:13et ils découvrent
24:13une plante très importante.
24:16C'est du céleri sauvage
24:17qui pousse là-bas
24:18en abondance.
24:19Ils reconnaissent le céleri.
24:21C'est comestible.
24:22Ils se mettent à en manger
24:23et comme il y en a beaucoup,
24:24ils en font aussi
24:25des conserves
24:25dans du vinaigre.
24:26La vitamine C.
24:37La vitamine C se conserve
24:37bien dans l'acide.
24:39Les gens ne connaissaient pas
24:40les vertus anti-scorbutiques
24:42du céleri.
24:43Ils en mangent
24:43tout simplement
24:44parce que c'est un légume frais
24:45et qu'ils en manquent.
24:46Ils le sentent.
24:47La victoria va revenir
24:53et Magellan va prendre
24:55la décision
24:55avec les trois bateaux
24:56qui lui restent
24:57de repartir.
24:58Mais il prend cette décision
25:00avec l'avis de l'équipage
25:02parce qu'en effet,
25:03ils ont moins de vivres,
25:04ils ont moins d'hommes,
25:05c'est extrêmement dangereux.
25:06Inévitablement,
25:10les vivres vont manquer
25:12maintenant que le San Antonio
25:13a déserté.
25:15Magellan ne peut pas risquer
25:16de chercher une sortie
25:18à ce détroit
25:18et se lancer
25:19sur l'océan Pacifique
25:20sans avoir l'équipage
25:22avec lui.
25:23Il doit le rallier
25:24à sa cause.
25:26Il existe un témoignage
25:28de Magellan
25:28à ce moment précis
25:29du voyage.
25:31Une lettre qu'il a dictée
25:32depuis la baie des Sardines
25:34et dont les mots
25:35ont traversé les siècles.
25:36Moi,
25:42Fernand de Magellan,
25:43chevalier de l'ordre
25:44de Saint-Jacques
25:44et capitaine générale
25:45de cette escadre
25:46envoyée par sa majesté
25:47à la découverte
25:49des îles aux épices,
25:51je vous informe
25:52que j'ai compris
25:52combien vous jugiez grave
25:54ma décision
25:54de poursuivre le voyage
25:56en raison du peu de temps
25:57imparti pour l'accomplir.
26:00Je n'ai jamais rejeté
26:01l'avis ni le conseil
26:02d'aucun d'entre vous,
26:03mes décisions ayant
26:04au contraire
26:04toujours été discutées
26:06et soumises à tous
26:07sans que quiconque
26:08ne se vit offensé.
26:10Mais,
26:11en raison des événements
26:12survenus dans le port
26:13de Saint-Julien,
26:14à savoir la mort
26:15de Luis de Mendoza,
26:16de Gaspard de Quesada
26:17et le bannissement
26:18de Juan de Cartagena
26:19avec le prêtre
26:20Pedro Sanchez
26:21de la Reina,
26:22la peur vous a conduits
26:23à vous taire
26:24et à me priver
26:25de vos conseils.
26:26Vous êtes au service
26:29de l'Empereur
26:29et Roi Notre-Seigneur.
26:32C'est pourquoi,
26:33en son nom,
26:34je vous prie
26:35et vous demande
26:36de me dire
26:36si vous jugez
26:37plus profitable
26:38de continuer
26:39ou de faire route arrière
26:41et de me remettre
26:42chacun votre avis
26:43par écrit.
26:44En fonction des raisons
26:46et des avis
26:46que vous avancerez,
26:47je vous rendrai le mien
26:48ainsi que la décision
26:50qui devra être prise.
26:51fait sur le canal
26:54de Tous-les-Seins
26:54en face de la rivière Isléo
26:56à 53 degrés sud
26:58jeudi 21 novembre 1520.
27:06Logiquement,
27:07il joue en sachant
27:08qu'il va gagner.
27:11Il sait parfaitement
27:11que l'équipage
27:12le soutiendra toujours
27:13et il fait valider
27:15cette décision
27:16par les scribes
27:17pour prouver
27:18qu'il est un capitaine
27:19disons aujourd'hui
27:20démocratique
27:23qui savait écouter
27:24les autres.
27:25Mais nous savons tous
27:26qu'il aurait continué
27:27le voyage
27:28dans tous les cas.
27:37Magellan n'a plus
27:38que trois navires
27:39sur les cinq au départ
27:40mais il reprend
27:41la route vers l'ouest
27:42le chemin ouvert
27:44par la chaîne.
27:48Une fois passée
27:49l'île du prince Charles III
27:51et la cloche de Roldan
27:52il s'engage
27:53dans le chenal
27:54que les marins
27:54ont aperçu.
27:57Un chenal large
27:58où le vent de face
27:59forcit
27:59et où la houle
28:01enfle largement.
28:01Il croyait à la victoire
28:07il croyait
28:08qu'il réussirait
28:09mais à ce moment-là
28:12il se trouve
28:12dans un passage
28:13difficile.
28:15Malgré tout
28:15à l'époque
28:16dans le détroit
28:17de Magellan
28:17quand il y naviguait
28:19c'était plus ou moins
28:20l'été
28:20mais en été
28:22la température
28:22ne devait pas dépasser
28:23un ou deux degrés
28:24donc il faisait froid
28:26et il y avait de la neige
28:27un peu partout.
28:28un seul des officiers
28:46a osé émettre un avis
28:47suite à la lettre de Magellan
28:49le meilleur pilote
28:51de la flotte
28:51Andres de Saint-Martin.
28:55Il a signalé
28:56que les longues journées
28:56d'été
28:57allaient rapidement raccourcir
28:58que l'hiver
29:00n'est jamais loin
29:01dans cette région australe
29:02et qu'il serait raisonnable
29:03de trouver une sortie
29:04avant la mi-janvier
29:05sans quoi
29:07il faudra faire demi-tour.
29:09Magellan a donc
29:33un peu plus d'un mois
29:34devant lui
29:34pour trouver la sortie
29:36et il s'enfonce
29:37vers l'ouest
29:38dans un décor
29:38et une météo
29:39qui se durcissent
29:40considérablement.
29:48Dans l'embouchure occidentale
29:52les conditions
29:53sont vraiment extrêmes.
29:55Le vent
29:55rend très difficile
29:57la croissance
29:57de la végétation
29:58dans cette zone.
29:59Donc, ce que vous voyez
30:02ce sont des montagnes
30:03de roches.
30:05Il y a une sensation
30:06d'endroit
30:07très inhospitalier
30:09et vraiment dur
30:11pour la vie.
30:12Vous ressentez la solitude
30:13dans ce secteur.
30:15Vous ressentez la solitude.
30:16Un mois après son entrée
30:44dans le détroit
30:45par le Cap des Vierges,
30:46Magellan envoie
30:47une nouvelle fois
30:48sa chaloupe
30:49en exploration
30:49avec des vivres
30:50pour plusieurs jours.
30:57Et pour stimuler
30:59le courage
30:59de ces hommes,
31:00ils promettent aux marins
31:01une prime
31:02de 4 500 pièces espagnoles
31:04s'ils trouvent
31:04le chemin vers la sortie.
31:054 500 maravées 10.
31:104 mois et demi
31:11de soldes supplémentaires.
31:13On connaît le nom
31:29des deux hommes
31:30qui ont gravi
31:31la dernière montagne
31:32du détroit.
31:32Le premier est un marin
31:41rescapé du naufrage
31:42du Santiago.
31:43Le second
31:44est le barbier
31:45de la Concepción.
31:46Ensemble,
31:54ils sont montés
31:55sur la péninsule
31:56de Cordoba.
31:58Ensemble,
31:58ils ont gagné
31:594 mois et demi
32:00de salaire.
32:02Ensemble,
32:03ils ont vu
32:04pour la première fois
32:05l'océan.
32:06Il s'appelle
32:16Boccaccio Alonso
32:18et Hernando
32:20de Bustamante.
32:21Il y a une phrase
32:49d'Antonio Pigafel
32:51dans sa chronique
32:52qui décrit très bien
32:53ce moment
32:54que vit le capitaine.
32:56Et lié en italien
32:57« Il capitano
32:59generale
33:00lacrimo
33:01per allegres. »
33:03En d'autres termes,
33:04le capitaine
33:05général
33:05pleura de joie.
33:08Une personne
33:08qui s'était montrée
33:09jusque-là
33:10inflexible,
33:11dure,
33:12hermétique,
33:14ne peut contenir
33:15ses larmes
33:15devant son équipage
33:17avec tout ce
33:19que cela suppose.
33:20même de démontrer
33:21une certaine faiblesse.
33:22Il n'hésite pas
33:23à pleurer.
33:23Je crois que Pigafetta
33:34n'a pas inventé
33:35une telle scène
33:36d'un homme si dur,
33:37si sévère,
33:38si austère,
33:39en train de pleurer.
33:40C'est parce qu'il
33:41croyait en la victoire.
33:42Il croyait que
33:43quelle que soit
33:43l'immensité de la mer
33:45sur laquelle il devrait
33:46naviguer,
33:47il réussirait.
33:47Magellan ne savait
33:51rien de l'océan
33:52qu'il avait
33:52devant lui.
33:53Il connaissait
33:54simplement
33:54la distance
33:55considérable
33:56qu'il devait
33:56parcourir
33:57pour rejoindre
33:58les Molucs.
34:00Une mer
34:00si vaste
34:01que l'esprit humain
34:02peut à peine
34:03se la représenter.
34:05Pourtant,
34:05il s'y engage
34:06immédiatement
34:07avec des vivres
34:08limités
34:08et un équipage
34:10fatigué
34:10par plus d'une année
34:11de recherche
34:12et d'exploration.
34:13Il a de la chance
34:16qu'il sort
34:17du détroit
34:17de Magellan
34:18et tombe
34:18sur une période
34:19de temps
34:19moins mauvaise
34:21que ça aurait pu être.
34:22En particulier,
34:23il a du vent
34:24d'ouest
34:24à ouest-sud-ouest
34:25qui lui permet
34:25de monter tout de suite.
34:27Il va quand même
34:27serrer les fesses
34:28parce que
34:28quand on remonte
34:29le long d'une côte
34:31rocheuse,
34:32on voit la montagne,
34:33on voit les Andes,
34:34très découpées,
34:36on se dit
34:36qu'il ne faut pas
34:37qu'il y ait d'avaries,
34:38il ne faut pas
34:39qu'on pète un mât
34:40ou qu'on pète une voile
34:40parce que là,
34:41on est sur les cailloux
34:41en peu de temps,
34:43il ne faut pas
34:43que le vent reparte
34:44au nord-ouest méchamment.
34:45Donc, à mon avis,
34:47il s'arrache.
34:47Il s'arrache
34:48et il monte.
34:49Je pense que là,
34:50les gars,
34:50ils se disent
34:50que ça ressemble
34:52et on sait ce qu'il faut faire.
34:53Il faut remonter
34:54tout droit
34:54pendant un bon moment
34:55avant de repartir
34:56vers le large.
34:58Il faut bien penser ça
34:58quand un navigateur
34:59ou un pilote
35:00comme ça
35:01ne connaît pas des zones,
35:02il se rattache
35:03à ce qu'il connaît.
35:04À quoi ça ressemble
35:05que j'ai déjà vu.
35:06Il a évidemment compris
35:08que s'il y a
35:09un certain système
35:10circulatoire dans l'Atlantique,
35:11il est probable
35:13qu'il en soit de même
35:13de l'autre côté.
35:16C'est comme ça
35:16qu'il a fait son plan
35:17et c'était intelligent.
35:19C'était juste.
35:20Il avait raison.
35:27Personne n'avait jamais navigué ici.
35:29Pourtant,
35:30instinctivement,
35:31Magellan est remonté
35:32le long de l'Amérique du Sud
35:33pour aller chercher
35:34des vents favorables.
35:36Des vents portants
35:37qui pouvaient le pousser
35:38à travers ce gigantesque océan.
35:41Après trois semaines
35:42de navigation vers le nord,
35:44les navires se lancent
35:45dans le vide.
35:51Ils arrivent dans une mer
35:52qui, par chance,
35:55est paisible.
35:55C'est pour ça que Magellan
35:57va la baptiser Pacifique.
35:59Ce nom va lui rester.
36:00Comme il a vu que le temps
36:02était clément
36:03et que la mer s'ouvrait à lui,
36:04il s'est dit
36:05« Espérons ou même croyons
36:07que Dieu me conduise
36:08à la terre de salut,
36:10que sont les Molucs. »
36:13Et là,
36:14j'accomplirai ma mission
36:15et je prouverai
36:15que j'avais raison.
36:17Il ne peut pas faire demi-tour.
36:19C'est vaincre ou mourir.
36:20L'Indien de Patagonie,
36:39capturé pendant leur hivernage
36:41en Argentine six mois plus tôt,
36:43ne supporte pas
36:43l'éloignement de sa terre natale.
36:45Il se laisse mourir
36:51pendant les premiers jours
36:52de la traversée.
36:55Alors,
36:56pour seul réconfort,
36:58un baptême est organisé.
37:02Pour ces derniers jours,
37:04ce natif de la tribu Tewelch
37:06s'est appelé Paul.
37:08Paul l'Indien.
37:10Paul le géant Patagon.
37:13Paul le Tewelch.
37:15Les journées de navigation
37:31s'accumulent lentement
37:33et Magellan découvre
37:35pendant cette traversée
37:36que l'océan
37:37qu'il a nommé Pacifique
37:39est vide.
37:42Il ne trouve aucune terre
37:43pour se ravitailler.
37:45Il est passé juste à côté
37:47des îles Juan Fernandez,
37:49sans les voir.
37:51Un mois plus tard,
37:52Magellan passe à peine
37:53au nord de l'île de Pac,
37:55sans la voir.
37:58Puis, fin janvier,
37:59après deux mois de mer,
38:01sa route l'engage
38:02entre la multitude
38:03d'îles de Polynésie.
38:04Ça dure, ça dure, ça dure.
38:13L'équipage commence
38:14à être décimé par la fin.
38:15Le bateau commence
38:16à être de plus en plus
38:16mauvais état.
38:17Il se forme des coquillages
38:18sous la coque.
38:19Ça ralentit,
38:19ça avance encore moins bien.
38:20Ça va déjà pas trop vite.
38:21Ça va déjà encore
38:22de moins en moins vite
38:23parce que la caragne
38:24est de plus en plus dégueulasse.
38:25Les voiles sont
38:25de plus en plus fatigués.
38:27Donc, les gars sont
38:28de moins en moins aptes
38:29à manœuvrer.
38:29Donc, tout ça,
38:30ça ralentit,
38:30ça ralentit,
38:31ça ralentit.
38:32Il est au milieu
38:32de nulle part.
38:33Ça sent pas bon.
38:35Ça sent pas très bon.
38:36Il savait qu'il y avait
38:38des terres là-bas.
38:39Ce qu'il ne savait pas,
38:40c'est à quelle distance
38:41elles étaient.
38:42Ils étaient assez intelligents
38:43pour se dire
38:44la Terre est ronde,
38:45on est venu jusqu'ici.
38:46On sait que la Chine
38:47est quelque part
38:48à l'est de l'Europe.
38:49Si on continue
38:49à aller vers l'ouest,
38:50on va trouver la Chine.
38:53La différence pour eux
38:54était bien sûr
38:54pas de carte.
38:57Alors,
38:58on doit juste continuer
38:59à bien surveiller
39:00car on ne sait pas
39:00quand on va rencontrer
39:01la Terre.
39:05Christophe Colomb
39:05avait eu exactement
39:06le même problème.
39:07Où est la Terre ?
39:09Le 24 janvier 1521,
39:18l'armada des Molucs
39:19aperçoit une île.
39:25C'est un atoll
39:26au ras de l'eau.
39:29Il fait partie
39:38de l'archipel
39:39des Tuamotous,
39:40un archipel
39:41fait de centaines
39:41d'autres atolls
39:43qui sera appelé
39:43plus tard
39:44l'archipel dangereux,
39:46tellement on ne le voit pas.
39:51Magellan s'approche
39:52de deux d'entre eux
39:53et il les baptisera
39:55les îles infortunées
39:56car il lui a été
39:58impossible
39:58de jeter l'encre
39:59le long
40:00d'une barrière
40:00de corail
40:01où la houle
40:02se brisait.
40:11Une chaloupe
40:12envoyée à terre
40:13ne trouve rien d'autre
40:14que quelques noix
40:14de coco
40:15et de nombreux requins.
40:17Aucun habitant,
40:18aucune source
40:19d'eau douce,
40:20aucune nourriture
40:21consistante
40:21dans cette oasis
40:23malheureuse.
40:39Ça a été une véritable épreuve
40:40parce qu'il faut comprendre
40:41que Magellan pensait
40:42trouver des îles
40:43où faire escale
40:44pour se réapprovisionner
40:46en eau,
40:46en bois de chauffage,
40:47en nourriture,
40:48etc.
40:50Il n'avait pas prévu
40:51de se retrouver face
40:52à un océan
40:53sans îles.
40:53Nous demeurâmes
41:18trois mois
41:18et vingt jours
41:19sans prendre de vivre
41:20ni autre rafraîchissement.
41:23Nous ne mangions
41:31que du vieux biscuit
41:31tourné en poudre,
41:33tout plein de verre
41:34et puant l'urine
41:35que les rats
41:36avaient faite dessus.
41:40Nous mangions
41:40les cuirs
41:41en peau de bœuf
41:42qui était sur le grand mât
41:43et qui était très dur
41:44à cause du soleil,
41:46de la pluie
41:46et du vent.
41:51Un rat
41:52s'achetait un demi-écu.
41:54Car on ne pouvait
41:55en trouver assez
41:56pour tout le monde.
41:59Nous buvions
42:00une eau jaune
42:01et infecte.
42:07Nous étions touchés
42:08par un mal
42:09pire encore.
42:11Les gencives
42:12de la plus grande partie
42:13de nos hommes
42:13enflaient en haut
42:14comme en bas.
42:16Elles enflaient
42:16à tel point
42:17que nos hommes
42:18ne pouvaient plus manger
42:18et ainsi
42:20ils mourraient
42:21de faim.
42:24Si notre Seigneur
42:25ne nous avait pas aidés
42:26en nous donnant
42:27du bon vent
42:27et du beau temps,
42:30nous serions tous
42:30morts de faim
42:31sur cette très grande mer.
42:34Et je crois
42:34que jamais
42:35aucun homme
42:36n'entreprendra plus
42:38de faire
42:39un tel voyage.
42:39Pigafetta a dit
43:07qu'il y a eu 19 morts.
43:09Or,
43:10les sources le prouvent,
43:11il n'y a pas eu
43:1219 morts
43:12mais 9 morts.
43:13Et ce qui est fascinant,
43:14c'est que ces 9 morts
43:15ont tous lieu
43:16sur le même navire,
43:17la Victoria.
43:19Pourquoi sur la Victoria ?
43:20Eh bien,
43:21parce que la Victoria,
43:22on l'a vue,
43:23c'est le navire
43:24qui est allé
43:24chercher
43:26le San Antonio.
43:28Les marins
43:29ne vont rester
43:29que 2-3 jours
43:30à terre.
43:31Ils auront
43:31beaucoup moins de temps
43:32que les autres
43:32de manger du céleri,
43:33d'en faire des conserves.
43:34Et donc,
43:35le scorbut va sévir
43:36sur la Victoria.
43:37Tous les morts
43:38sont sur la Victoria.
43:45Quand on regarde
43:45de plus près
43:46les chiffres,
43:47la liste des morts
43:48du Pacifique,
43:499 morts
43:49sur 166 personnes,
43:51c'est très,
43:52très peu.
43:52C'est même
43:53la traversée
43:53la moins mortifère
43:54de tout le XVIe siècle.
43:56Donc,
43:56c'est un des grands paradoxes
43:58de cette expédition,
44:00c'est que la désertion
44:01du San Antonio,
44:02qui aurait dû vouer
44:04l'expédition de Magellan
44:05à l'échec,
44:07va la sauver.
44:16Les marins,
44:18à cette époque,
44:19ne pouvaient pas déterminer
44:21la longitude,
44:22seulement la latitude
44:23nord et sud,
44:24mais pas est ou ouest.
44:26Alors,
44:26quand on traversait
44:27une étendue d'eau inconnue,
44:28un océan,
44:30on postait toujours
44:31des vigies.
44:32Qu'y a-t-il dans l'eau ?
44:33Oh,
44:33on vient de voir un arbre,
44:34il a dû tomber.
44:35Quelle sorte d'arbre,
44:36d'où vient-il ?
44:39Les oiseaux en particulier
44:40sont très intéressants,
44:42car les oiseaux de mer,
44:43comme les albatros
44:44ou autres,
44:45restent en mer.
44:48Mais les oiseaux terrestres
44:49rentrent chez eux la nuit.
44:51Donc,
44:52quand on voit
44:52beaucoup d'oiseaux terrestres
44:53ou des oiseaux
44:54que l'on ne reconnaît pas
44:55se diriger
44:55dans une même direction,
44:57on se dit
44:57qu'il y a de la terre là-bas.
44:58Ils ne doivent pas être
45:00très loin,
45:00car ils y volent
45:01pour y passer la nuit.
45:03Donc,
45:04immédiatement,
45:04ils ont des informations
45:05et ils cherchent tout le temps
45:07ce genre de choses.
45:08Ces oiseaux sont partis
45:09par là,
45:10il doit y avoir
45:10des terres là-bas.
45:11À force d'avancer
45:18sur le vide
45:18de l'immense océan pacifique,
45:21Magellan s'approche
45:22de la vérité
45:23et du dénouement.
45:30Le monde est divisé
45:32en deux
45:32entre l'Espagne
45:33et le Portugal,
45:34selon le traité
45:35de Tordesillas.
45:37Et Magellan
45:37va bientôt pouvoir déterminer
45:39si les îles aux épices
45:40sont dans la partie
45:42espagnole du monde
45:43comme ils l'avaient projetée.
45:46Mais juste avant
45:47d'atteindre les Indes,
45:49les navires découvrent
45:50un nouvel archipel.
45:57Après 7000 milles
45:59parcourues en 105 jours,
46:01soit la plus longue navigation
46:02jamais accomplie
46:03d'une traite,
46:05les trois navires
46:06observent la silhouette
46:07d'une île haute
46:08sur l'horizon.
46:10Terre.
46:17L'armada des Molucs,
46:19épuisée,
46:20agonisante et affamée,
46:22jette l'ancre
46:23à l'abri
46:23de la plus grande île
46:24de l'archipel des Mariannes
46:25et de Micronésie.
46:26Ce ne sont pas encore
46:33les îles aux épices.
46:35Elles sont habitées
46:35par les Indiens
46:36Chamorros
46:37qui n'ont jamais vu
46:38d'hommes blancs
46:39et qui n'ont même
46:40aucune idée
46:40de leur existence.
46:41Quand ils ont vu Guam,
46:51ils étaient ravis.
46:52Ils étaient heureux
46:53parce que ça leur épargnait
46:54une mort certaine.
46:56Il faut comprendre
46:57que l'équipage de Magellan
46:58souffrait déjà terriblement
47:00de diverses maladies
47:01et beaucoup mourraient.
47:03Donc, trouver enfin une terre
47:05où ils pourraient probablement
47:07se reposer,
47:08trouver des provisions,
47:09les Espagnols étaient très contents.
47:12Ils s'attendaient
47:13à être chaleureusement accueillis
47:14par les Indigènes.
47:28L'une de ces îles
47:29était plus grande
47:30et plus haute que les autres.
47:32Et le capitaine général
47:33voulait aborder la grande île
47:35pour se rafraîchir de vivre.
47:39Et ça n'a pas été possible
47:44car les habitants
47:45de ces îles
47:46sont entrés sur notre navire
47:47et nous ont volé
47:48avec beaucoup d'adresse
47:49et de rapidité.
47:52Ils nous ont volé
47:53la barque qui était attachée
47:54à l'arrière du navire
47:55du capitaine.
47:58Alors,
47:59fort courroussé,
48:01notre capitaine
48:01est allé sur l'île
48:02avec 40 hommes armés.
48:05Ils ont brûlé 50 maisons
48:06ainsi que plusieurs pirogues.
48:09Ils ont tué 7 hommes
48:10et ont pu récupérer
48:11leur chalet.
48:11Constatant qu'il y avait
48:25une réelle hostilité
48:26entre les membres
48:27de l'équipage de Magellan
48:28et les habitants de Guam,
48:30ils ont finalement décidé
48:31de quitter Guam.
48:33Mais avant de partir,
48:35ils ont donné
48:36un très très mauvais nom
48:37à l'île.
48:38Ils l'ont appelé
48:39Islas de los Ladrones
48:40ou l'île des voleurs.
48:58Trois jours seulement
48:59après leur arrivée,
49:01les trois navires
49:01reprennent la mer
49:02vers l'ouest.
49:03Il est difficile
49:08d'imaginer
49:09la frustration
49:09des hommes
49:10après cette escale,
49:12un peu plus affaiblie
49:13par la faim
49:13et la maladie.
49:18Le jour du départ,
49:20le maître Andres,
49:21seul anglais
49:22de l'équipage,
49:23meurt d'épuisement.
49:24A bout de force,
49:31l'armada des Molucs
49:32se dirige pourtant
49:33sans le savoir
49:34vers la plus terrible
49:36épreuve de leur aventure.
49:38Incapables de mesurer
49:39leur position exacte
49:41dans l'ouest
49:41tant qu'ils sont en mer,
49:43Magellan et son équipage
49:44ne savent pas encore
49:45qu'ils franchissent
49:46l'anti-méridien
49:47de Tordesillas,
49:49la frontière
49:50entre les domaines
49:51espagnols
49:52et portugais.
49:54Définir la position
49:57de l'anti-méridien
49:58était quelque chose
49:59de si difficile
50:00à démontrer
50:01que l'élite scientifique,
50:03les cosmographes,
50:05concluent qu'ils ne sont
50:05pas capables
50:06de localiser
50:07la ligne de l'anti-méridien.
50:11Ils n'ont pas
50:11une connaissance exacte
50:13de la dimension
50:13de la planète,
50:15du globe.
50:16Par conséquent,
50:17ils ne savent pas
50:18exactement
50:18à quel degré
50:19fixer cette ligne.
50:20Il pénètre
50:24en territoire
50:25interdit,
50:26dans les eaux
50:26portugaises.
50:32Magellan
50:33a vendu
50:33au roi d'Espagne
50:34Charles Quint
50:35que les îles aux épices
50:36où poussent
50:37les clous de girofle,
50:38les Molucs,
50:39étaient dans la moitié
50:40du monde espagnol.
50:42Il ne sait pas encore
50:43qu'il s'est trompé,
50:44que ses calculs
50:45sont faux,
50:46que son projet
50:47est un échec.
50:48Il sait seulement
50:50que pour être
50:51bien accueilli
50:51en Espagne
50:52à son retour,
50:53il doit revenir
50:54en héros.
50:55et le sait seulement
50:57qu'il s'est trompé,
50:57qu'il s'est trompé,
50:58qu'il s'est trompé.
50:58Sous-titrage
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