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Entre 1519 et 1522, la flotte du navigateur portugais Fernand de Magellan réalisa le premier tour du monde de l’histoire. Deuxième volet du récit de cette expédition : pour rejoindre l’Orient par l’Occident, Magellan promet qu’il trouvera passage à travers l’Amérique et qu’il réussira à rejoindre les Indes, là où Christophe Colomb avait échoué.
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00:24Fernando de Magellan a um sonho.
00:26Atteindre les îles des Molucs, un petit archipel fait de cônes volcaniques où poussent les girofliers.
00:33Là-bas, vers les Indes orientales, de l'autre côté du monde.
00:43Il y a cinq siècles, il n'existait aucun autre endroit sur le globe où l'on pouvait trouver ces boutons de fleurs aux arômes puissants.
00:50Cet épice qui valait de l'or en or.
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00:57Alors, le portugais Magellan a trahi son pays.
01:00Il a promis au roi d'Espagne d'aller remplir ses cales de la précieuse girofle en passant par une route nouvelle.
01:07Une route qui serait espagnole, à l'ouest de l'Europe.
01:11Rejoindre l'Orient par l'Occident.
01:14Il a promis qu'il trouverait un passage à travers l'Amérique pour atteindre les Indes.
01:19Et réussir là où Christophe Colomb a échoué.
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01:41Parti le 20 septembre 1519 d'Espagne avec cinq navires chargés à ras bord, entouré de quatre capitaines espagnols méfiants envers le traître portugais, Magellan n'a qu'une idée en tête.
01:54Trouver une route maritime qui lui permettra de franchir le rempart de l'Amérique.
01:59Les cartes de l'époque s'arrêtent au sud du Brésil.
02:04Personne n'a encore navigué au-delà de ce point.
02:08Et c'est là que Magellan veut entraîner son armada.
02:12C'est là qu'il espère passer de l'autre côté.
02:15Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il a probablement convaincu tout le monde.
02:43Regardez, il y a un sud à l'Afrique, donc il y a probablement un sud à l'Amérique.
02:48C'était un marin expérimenté.
02:52Il a réalisé que si vous avez un certain système circulatoire dans l'Atlantique, il est probable qu'il en soit de même de l'autre côté.
03:03C'est comme ça qu'il a fait son plan et c'était intelligent.
03:06Pour atteindre le bord du monde connu, Magellan plonge vers le sud.
03:13Il doit traverser l'Atlantique pour rejoindre le Brésil qui vient d'être découvert, avant de se lancer sur la partie vierge des cartes marines.
03:21Il faudra six jours à l'armada des Molucs pour rejoindre d'abord les îles Canaries.
03:35Seule escale avant la traversée.
03:37Un dernier morceau de terre espagnole avant le saut dans l'inconnu.
03:41C'est une route qu'ils connaissent bien. Là, en fait, c'est une mise en train.
03:46Comme tout commandant, à cette époque-là, ça allait aussi servir de tester un peu l'équipage,
03:50tester un petit peu si on a bien chargé le bateau, etc.
03:54Donc c'est phase d'observation. On voit comment ça fonctionne.
03:57On met les cas en place. On voit que les officiers sont plus nerveux que d'autres.
04:01C'est une partie facile.
04:11L'armada a longé ces falaises de l'île de Ténérife pour aller s'abriter dans la baie de la Montagne Rouge.
04:21C'est là que l'équipage embarque encore quelques dernières caisses de vivres et quelques tonneaux d'eau douce.
04:28Mais c'est ici aussi que Magellan aurait reçu un message venu d'Espagne dans le plus grand secret.
04:41Le beau-père de Magellan, haut fonctionnaire de l'arsenal de Séville,
04:45souhaite l'avertir avant sa traversée que les capitaines espagnols préparent une mutinerie.
04:52Juan de Cartagena, surintendant et capitaine du San Antonio,
04:56aurait pour mission de reprendre le commandement.
05:01Sans tarder, Magellan donne l'ordre de quitter les îles en pleine nuit pour aller au Brésil.
05:06Quand Magellan quitte les îles Canaries, les épées sont de sortie.
05:15Magellan savait parfaitement que les capitaines espagnols allaient se liguer contre lui.
05:21Donc les nerfs sont à vif et tout le monde est attentif à ce jeu d'échecs.
05:26C'est parti de l'argebre.
05:28Pour aller au Brésil en partant des Canaries, il y a en particulier l'archipel des îles du Cap Vert,
05:35qui est portugais. Magellan est portugais, mais il est sous pavillon espagnol.
05:40Et c'est une guerre économique, on peut dire sans merci, entre ces deux empires-là,
05:45au sujet des îles des épices.
05:47Donc ils décident de passer entre l'archipel des îles du Cap Vert et l'Afrique.
05:51Météorologiquement parlant, ce n'est pas le meilleur endroit.
05:53Au-delà du Cap Vert, Magellan pénètre dans une large zone instable.
05:59Une région où les orages violents succèdent aux grandes périodes de calme.
06:04Pourtant, Magellan ne cherche pas à s'en échapper.
06:08Au contraire, il insiste.
06:12Les capitaines espagnols, dirigés par Juan de Cartagena, veulent juste des explications.
06:18Mais Magellan se comporte comme Magellan.
06:21Magellan ne donne pas d'explications.
06:24C'est Magellan et c'est lui qui dirige la flotte.
06:27Il a le droit de vie et de mort sur tout l'équipage.
06:32Sur la nef amiral, le jeune vénitien Antonio Pigafetta
06:36est en charge d'écrire la chronique du voyage.
06:39Les notes qu'il prend lors des premiers jours de navigation
06:42s'intéressent plus aux mauvais temps qu'aux tensions qui règnent entre les capitaines.
06:46Avant de rejoindre la ligne équinoxiale, par 14 degrés, nous avons eu beaucoup de mauvais temps.
07:01Des coups de vent et des courants qui nous venaient de face.
07:05De telle manière que nous ne pouvions plus avancer.
07:07Pour que le navire ne périsse pas, nous amenions les voiles en bas.
07:14Et de cette manière, nous allions avec la mer, ça et là, jusqu'à ce que le bon temps revienne.
07:19C'est quand même des orages dont on n'a pas l'habitude chez nous, avec des phénomènes électriques importants.
07:26Les gros cumulonabus à forte extension verticale, le sommet monte à 14 000 mètres, 15 000 mètres.
07:32Là, ça va générer de la grêle, ça va dégénérer des précipitations et des éclairs.
07:36Tout l'environnement du bateau est saturé d'électricité statique.
08:00Et sur chacun des petites pointes, il va se former un petit arc électrique qui va affoler les marins.
08:06Parce qu'on a d'un seul coup un petit arc électrique qui se forme, qui est plus ou moins bleuté, plus ou moins jaune, qui s'arrête, qui repart, qui grisit, ça fait du bruit.
08:12Et on prie Saint-Elme. On prie Saint-Elme pour qu'il arrête le cirque.
08:17Pendant l'une de ces nuits d'orage, une nuit qui était très obscure, le corps de Saint-Elme est apparu en forme de feu allumé au plus haut de la Grande Une.
08:31Il est resté là plus de deux heures et demie, ce qui nous a tous réconfortés, car nous étions en pleurs, attendant seulement l'heure de périr.
08:45Et quand cette sainte lumière a décidé de nous quitter, elle envoyait une si grande clarté aux yeux de chacun que nous avons été aveuglés pendant près d'un quart d'heure en criant miséricorde.
08:57Personne ne pensait échapper à cette mauvaise fortune, quand soudain, la mer s'est calmée.
09:15Quand vous voyez ça pour la première fois, c'est terrifiant.
09:19Pigafetta a dû lui dire, est-ce qu'on va y survivre ?
09:23D'après les instructions, les bateaux, le soir, doivent rejoindre la nef capitane, celle de Magellan, et saluer Magellan avec une formule qui est « Dieu vous garde, capitaine, général et maître, et en vous souhaitant bonne compagnie ».
09:41Un soir, le marin, qui est sur le bateau dirigé par Juan de Cartagena, dit la formule, mais refuse de donner le titre de capitaine général.
09:50Magellan prend ombrage, demande à Cartagena de venir le saluer lui-même en gardant cette formule.
09:56Cartagena s'y refuse et, à la première occasion, Magellan va mettre au fer son capitaine en second, Juan de Cartagena.
10:05Magellan sait parfaitement que, pour gagner un combat, il faut frapper le premier.
10:16Dans les calmes de l'équateur africain, entre deux orages et en pleine mer, Magellan fait venir à son bord Juan de Cartagena,
10:23pour participer au procès d'Antonio Salomon, pris en flagrant délit de péché contre nature, sur le jeune mousse Antonio Vareza.
10:38Le sicilien Salomon, reconnu sodomite, est enfermé et risque la peine capitale.
10:43Mais Magellan profite de cette opportunité pour sanctionner aussi l'attitude de Cartagena pendant la navigation et le fait mettre aux arrêts.
10:56Il a mis Juan de Cartagena sous bonne garde. Il doit être stratégique, petit à petit, gagner des pions comme dans une partie d'échec.
11:05C'est là que Magellan commence à montrer qu'il est un stratège extraordinaire et qu'il domine les situations mieux que quiconque.
11:19Sorti de la zone d'instabilité météo, Magellan met enfin le cap au sud-ouest, vers le Brésil.
11:25Porté par des vents favorables, les cinq nefs traversent l'Atlantique sans difficulté avant de longer les côtes brésiliennes.
11:33Et c'est avec un équipage toujours au complet que le 13 décembre 1519, l'Armada entre dans la baie de Rio.
11:40C'est la première fois que Magellan voit le Brésil.
11:55Et c'est la première fois que son chroniqueur Pigafetta rencontre les habitants du Nouveau Monde.
12:00Les Indiens Tupinamba, un peuple qui va rapidement être décimé par les maladies, condamné pour avoir été les premiers au contact des Européens.
12:18Le regard que porte Antonio Pigafetta sur ces Indiens est un des précieux témoignages auxquels on peut avoir accès aujourd'hui.
12:24Les hommes de ce lieu ont presque tous trois trous dans la lèvre inférieure, qui portent de petites pierres rondes et longues d'environ un doigt.
12:37Les habitants, tant hommes que femmes de ce pays, ont l'habitude de se peindre avec du feu sur tout le corps et le visage.
12:44Les hommes sont tondus et n'ont pas de barbe.
12:49Et pour tout habillement, ils n'ont rien d'autre qu'une ceinture de grandes plumes de perroquets qui couvrent leur cul et leur parti, ce qui est une chose ridicule.
12:57Les habitants d'ici ne sont pas chrétiens et n'adorent rien.
13:03Ils vivent selon l'usage de la nature, plus bestialement qu'autrement.
13:09Les hommes et les femmes sont de bonnes dispositions corporelles.
13:13Ils ne sont pas vraiment noirs, mais tirent sur le tanné.
13:20Selon ce qu'on dit, les femmes de ce lieu ne font jamais le devoir à leur mari de jour, mais de nuit seulement.
13:27Ce qui est assez amusant, c'est que Pigafetta note toujours les parties du corps, et notamment toutes les parties sexuées chez l'homme et chez la femme d'une manière très précise, ainsi que l'acte de faire de l'amour.
13:43Ce qui montre d'abord le goût de Pigafetta pour tout ce qui est lié au sexe et aux activités sexuelles.
13:49Mais aussi, en effet, que tous les marins, dès qu'ils arrivaient à terre, ils se livraient à deux choses, le commerce, le troc, mais aussi trouver des femmes.
14:00Il faut imaginer un groupe d'hommes en haute mer depuis plusieurs semaines, qui arrivent dans un endroit où il y a des femmes autochtones, qui ne portent qu'un pagne, elles sont en grande partie dénudées.
14:12Il y a une curiosité humaine pour l'autre. Elles aussi sont curieuses, et ça, il faut l'accepter.
14:21Curieuses et intéressées, un bracelet ou un gros lot peuvent leur paraître intéressants.
14:26Tous les chefs d'expédition de ce siècle, et je dirais de n'importe quel siècle, ont toujours eu deux types de manières pour s'accorder les faveurs d'un équipage mécontent.
14:43La première est l'argent, une autre est le vin et de la bonne nourriture, et enfin, les femmes.
14:53Ils se rendaient dans des endroits reculés, et là, ils prenaient celles qu'ils voulaient. Ils les utilisaient. C'était le terme, les utiliser.
15:01Pour eux, ils ne faisaient rien de mal. C'était dans la logique de la mentalité de cette époque.
15:06Et que fait Magellan quand il arrive à Rio de Janeiro ?
15:10Il interdit strictement les abus sur les autochtones, sous peine d'arrestation et de peine de mort.
15:15Je ne veux pas oublier de dire que par deux fois, la messe fut dite à terre.
15:28Beaucoup de gens du pays se tenaient à genoux, les mains jointes et en grande révérence pendant la messe.
15:34C'était un plaisir et une compassion à voir.
15:45Il faut savoir qu'il n'avait pas plu depuis deux mois avant notre arrivée.
15:49Et le jour où nous arrivâmes, il commença à pleuvoir.
15:54C'est pourquoi les gens dirent que nous venions du ciel et que nous avions amené la pluie avec nous.
15:59C'est d'une grande simplicité et il est certain que ce peuple se convertirait facilement à la foi chrétienne.
16:06Dans la baie de Rio, Magellan troque avec les toupines en bas des vivres frais, des poules, du poisson et des patates douces.
16:24Mais avant de prendre le départ, le capitaine général fait exécuter le Sicilien Antonio Salomone par strangulation pour ses actes contre nature sur le Mus Vareza.
16:39Il est le premier mort de l'expédition.
16:54Magellan agit d'une manière absolument normale.
16:57C'est le crime le plus odieux qui puisse être commis après le meurtre.
17:00Magellan ne s'attarde pas au Brésil.
17:05Le 27 décembre 1519, quatorze jours seulement après leur arrivée,
17:09les cinq navires avec un homme de moins quittent la baie de Rio pour descendre vers le sud,
17:15rejoindre le bord du monde, la limite des cartes connues.
17:19Quand Magellan quitte la baie de Rio de Janeiro, il est anxieux, il est fou à l'idée d'atteindre ce passage,
17:39parce que son objectif est encore très loin.
17:42La côte sud du Brésil a déjà été explorée et n'ouvre aucun passage.
17:56La forêt tropicale qui déborde sur l'Atlantique laisse rapidement la place à un long cordon de dune
18:02qui suit la côte sur un millier de kilomètres.
18:07L'Armada va donc directement au-delà du Cap Santa Maria,
18:19à cet endroit précis où l'Amérique semble avoir une fin.
18:23Là où Magellan a promis de pouvoir passer dans l'autre mer, de l'autre côté de l'Amérique.
18:29Il entre dans ce qu'on appelle aujourd'hui le Rio de la Plata.
18:33Il était convaincu que là il trouverait. Il était plus ou moins à la latitude du Cap de Bonne Espérance.
19:02Il pourrait enfin entrer facilement dans le Pacifique.
19:07Deux grands fleuves amazoniens se jettent ici et se mêlent dans un labyrinthe de canaux d'eau douce,
19:14de rivières peu profondes, de bancs de sable, de lagunes et de marais.
19:20Il n'y avait pas de profondeur. Ce n'était pas là, c'était certain. Magellan avait compris qu'il ne pourrait pas rejoindre le Pacifique par là.
19:30Ce n'était qu'un fleuve d'eau douce.
19:32Mais les autres capitaines voulaient explorer davantage le Rio de la Plata.
19:45Je pense qu'ils refusaient de croire que ce n'était qu'un fleuve.
19:49Magellan ne leur a pas facilité la tâche parce qu'il ne pouvait pas leur en dire beaucoup plus finalement.
19:55Il ne savait pas vraiment vers où il pouvait aller et par conséquent, il se taisait, ce qui les rendait encore plus furieux.
20:08Magellan reste deux semaines entières pour explorer les environs.
20:12Il envoie le Santiago, le plus petit des navires, en exploration dans les canaux.
20:17Mais rien ne veut s'ouvrir.
20:19Le passage vers les Indes à cette latitude est un mirage.
20:27Rio de la Plata n'est qu'un gigantesque estuaire.
20:31Une gigantesque désillusion pour Magellan et le reste de la flotte.
20:35La vérité, c'est qu'il n'y avait pas d'alternative au fleuve.
20:46C'était bien une impasse.
20:48Mais c'était difficile d'accepter ce désastre.
20:53Le Rio de la Plata, le plus vaste estuaire du monde,
20:57qui accueille aujourd'hui sur ses rives la capitale de l'Argentine, Buenos Aires,
21:01est un mur infranchissable.
21:03Magellan n'a pas d'autre choix que de revenir sur ses pas.
21:08Il n'a pas d'autre choix que de s'enfoncer vers le sud,
21:11dans l'inconnu des cartes vierges,
21:13pour espérer trouver un passage et contourner l'Amérique.
21:26La flotte de Magellan a perdu près de trois semaines dans cette recherche vaine.
21:31Mais elle a aussi perdu deux hommes.
21:33Un jeune mousse portugais s'est noyé après être tombé par-dessus bord.
21:38Et huit jours plus tard, suite à une dispute entre marins,
21:41c'est un basque qui a perdu la vie.
21:43Le grand voyage, l'épopée du premier tour du monde,
21:54commence au moment où Magellan quitte le Rio de la Plata.
21:58À partir de ce moment, la flotte des Molucs est confrontée à des événements,
22:03des paysages, des géographies et des mers,
22:06qui n'avaient jamais été parcourus par les Européens ou personne d'autre dans ce monde.
22:16Sorti du Rio de la Plata, Magellan continue et longe la côte.
22:22Pour progresser dans cet environnement qu'ils ne connaissent pas,
22:25les marins naviguent à vue et à l'estime.
22:31Donc ce qu'il fallait faire, c'est avoir de très bons guetteurs tout le temps,
22:35des gens qui regardent.
22:38Et ils voulaient garder la côte en vue parce qu'on est à la recherche de ce canal.
22:41La seule mesure de temps qu'ils ont à bord est un sablier de 30 minutes ou d'une heure
22:56que des pages retournent jour et nuit depuis le jour du départ.
23:02Magellan a embarqué 18 sabliers sur ses navires.
23:06Cette horloge de sable annonce le changement de quart des équipages.
23:09Elle permet d'estimer la vitesse du bateau, la distance parcourue,
23:13et ces données sont constamment reportées dans le journal de bord par le pilote,
23:17le navigateur le plus expérimenté.
23:20La tenue du livre de bord, à la fois pour le temps, les heures et ce qui se passe,
23:26c'est la survie mentale et puis technique de l'expédition.
23:30Donc ils font très attention à ça.
23:32Et ça, même s'ils sont faibles, ils vont noter l'heure, noter la date,
23:35noter ce qui se passe et ils s'y tiennent.
23:37C'est vraiment une discipline. En plus, il faudra rendre des comptes quand même.
23:41Si c'est pas au roi, ça sera à Dieu, mais on rendra des comptes.
23:44Ils avaient des tables pour le mouvement du soleil.
23:47Donc ils pouvaient mesurer la latitude, ils avaient les instruments pour le faire.
23:52Donc ils pouvaient savoir à quel point ils descendaient vers le sud.
23:54Les pilotes notent la hauteur du soleil au zénith pour estimer leur position vers le sud.
24:02Ils notent la date, les détails sur la côte, les repères, les amers, la direction du vent,
24:09celle des navires et leurs changements.
24:10Avec les bateaux qu'ils avaient, les moyens qu'ils avaient, mais c'est des...
24:17Il faut avoir un sens marin incroyable et puis une organisation irréprochable,
24:21savoir quand est-ce qu'il faut être audacieux, quand est-ce qu'au contraire, il faut être très réservé.
24:25Parce que là-dedans, si on est très réservé, on ne fait rien.
24:27Il faut savoir être audacieux, mais il ne faut pas être trop audacieux,
24:29parce qu'on emmène tout le monde au casse-pipe.
24:31Donc ces gens-là avaient un jugement.
24:33Ce qu'on appelle le sens marin, en fait, souvent avec des gros guillemets et des majuscules,
24:37c'est simplement d'avoir un très bon jugement.
24:39Et ces gens-là, très expérimentés, avaient beaucoup de jugement.
24:42Au niveau maritime, c'était exceptionnel.
24:54Les navires sont mis à la cape de nuit, à l'arrêt.
24:57Les voiles sont pliées et les bateaux dérivent lentement pour ne pas rater un éventuel passage
25:04et pour ne pas heurter un danger invisible.
25:07Le fanal, la grande lampe allumée à l'arrière du bateau et dont le feu est entretenu toute la nuit,
25:13leur permet de ne jamais se perdre de vue, même dans le noir et le mauvais temps.
25:17L'armada découvre le ventre de l'Argentine, cette rondeur de plus de 2000 km qui s'oriente progressivement vers l'ouest
25:33et laisse croire une fois encore à la fin du continent américain.
25:39Mais une fois encore, c'est une impasse.
25:41Un dédale de bancs de sable qui sont autant de pièges pour les marins sans aucune carte à leur disposition.
25:51La trinidade de Magellan, la nef amirale, s'échoue pendant plusieurs jours.
26:00Le moral de l'équipage était intéressant en ce moment-là.
26:11Où va-t-on ? Est-ce sans danger ?
26:15Existe-t-il un passage ? Est-ce une folie furieuse ?
26:18Il n'y a rien là-bas. Nous risquons nos vies en allant dans cette étrange région.
26:22Dieu seul sait ce qu'il y a là-bas.
26:24Les marins les plus raisonnables, des gens qui ne voulaient rien de mal à Magellan ou à l'expédition,
26:33lui conseillent avec ferveur de faire demi-tour et de rentrer à la maison.
26:37Que peut-être, à un autre moment, ils pourront revenir.
26:40Qu'ils sont déjà bien avancés, qu'une autre fois sera la bonne.
26:44Magellan continue. Il continue vers le sud.
26:49Ce que Magellan pressent, c'est que le passage est sûrement très proche.
26:54Tout entrer dans la terre vers l'ouest, n'importe quel golfe.
26:59Toute fente dans la terre est une excuse suffisante pour s'y faufiler immédiatement.
27:09Après l'échouage dans les bancs de sable de Baia Blanca,
27:12quelques jours plus au sud, une autre baie s'ouvre devant les étraves.
27:19Un autre espoir. Sans issue.
27:23Une hanse si profonde que Magellan lui donne le nom de la baie sans fond.
27:28A force de descendre vers le sud, chaque matin, la température est un peu plus basse.
27:44Le ciel a changé. La mer a une nouvelle couleur.
27:48Le décor est un nouvel inconnu.
27:53Magellan s'engage dans un monde différent de tout ce qu'il connaissait jusqu'à présent.
27:56Le chroniqueur Pigafetta, candide et curieux de ce nouveau paysage, écrit ses premiers mots de naturaliste.
28:09Nous avons trouvé deux îles pleines d'oies et d'oisillons et de loups marins.
28:19On ne saurait estimer la grande quantité qu'il y avait de ces oisillons.
28:23Car nous avons chargé les cinq navires en une heure seulement.
28:29Ces oisillons sont noirs.
28:31Ils ont des plumes sur tout le corps d'une même longueur et d'une même façon.
28:35Ils ont le bec comme un corbeau, ils ne volent pas et vivent de poissons.
28:39Ils étaient si gras qu'on ne les plumait pas, on les écorchait.
28:46La zone tempérée dans l'hémisphère sud est beaucoup plus étroite que chez nous.
29:04C'est-à-dire qu'on passe assez vite de la zone tropicale à la zone presque subpolaire.
29:09C'est-à-dire que vous passez d'un temps, comme chez nous, de l'Afrique du Nord, à un temps qui semblera l'Écosse.
29:14Donc là, d'un seul coup, ils se font agresser par les coups de vent, des coups de vent d'Ouest, des tempêtes certaines sérieuses et toujours, toujours, toujours cette navigation côtière.
29:24Les marins, il n'y a pas de chose qui redoute plus que de faire de navigation côtière dans le mauvais temps.
29:28Que dit navigation côtière, dit écueil, surtout un coin qu'on ne connaît pas du tout.
29:32Donc du temps qui vient de plus en plus mauvais, de plus en plus froid et la côte devient de plus en plus hostile.
29:44On les appelle les 40e rugissants parce que la mer rugit.
29:57Elle rugit comme un monstre. Toujours, à tout moment, 24 heures par jour.
30:03Les vents sont des vents contraires. Ce sont des vents de face.
30:06Si vous allez au sud, le vent vient du sud, mais il vous frappe aussi de l'est, mais il vous frappe aussi de l'ouest.
30:13Et sur ces navires, c'était terrible. En d'autres termes, vous êtes dans un endroit bien pire que l'enfer.
30:19En ce dit lieu, nous avons passé une très grande tempête et nous avons failli périr.
30:43Mais les trois corps sains, à savoir Saint-Elme, Saint-Nicolas et Sainte-Claire, nous sont apparus.
30:53Et immédiatement, la tempête cessa.
30:56La tempête cessa.
30:57Ils ont été très surpris par le froid de l'air qui vient d'Antarctique. Ils ne savaient pas que c'était l'Antarctique, mais le frigo est en bas là-bas.
31:07Ils vous montent de l'air bien gelé et qui va arriver là. Et eux, ils le sentent.
31:12Et ils comprennent que continuer à progresser dans ces conditions-là, c'est l'enfer.
31:16« Oui, c'est misérable. Il fait froid. Vos vêtements sont tout le temps humides. Votre neigeait. Vous devez frapper vos mains pour travailler. Vous devez vous faire mal aux mains et les taper contre le bateau pour que le sang circule. »
31:33Évidemment, l'angoisse monte parce que l'hiver austral arrive. Il voit bien que la nécessité va être de s'arrêter pour laisser passer l'hiver et repartir plus tard.
31:41Les vêtements étaient amples pour sécher rapidement, mais avec le froid, l'humidité est permanente.
31:51Leurs peaux s'abîment de maladies cutanées dues aux sel, aux puces, aux poux et aux autres insectes qui grouillaient dans le bateau depuis le départ et qui s'embarquaient aux escales.
32:11Toujours plus au sud, Magellan entraîne son équipage toujours plus bas, plus froid, plus inconfortable.
32:20Aucun passage ne peut s'ouvrir vers les Molucs.
32:23Pour preuve des doutes inévitables qui ont pu envahir Magellan, il nomme la baie où ils se sont fait surprendre par l'orage, la baie des tourments.
32:31Où allait-il ? Où se dirigeait l'armada des Molucs lorsqu'elle dépasse le 40e sud ?
32:43Deux mois de mer sont passés depuis Rio de la Plata.
32:54Et le 31 mars, par 49 degrés sud, la flotte des Molucs trouve une entrée étroite qui donne accès non pas à un passage, mais à une baie fermée.
33:04Un lieu parfaitement protégé de la mer du large.
33:07Les fonds de sable permettent aux encres d'assurer un bon mouillage pour les bateaux.
33:13La baie est baptisée Saint-Julien, car le 31 mars est le jour de Saint-Julien l'Hospitalier.
33:24Les navires jettent l'encre la veille du Dimanche des Rameaux.
33:31Et Magellan annonce qu'ils passeront l'hiver austral ici.
33:39C'est une période très difficile.
33:43Et c'est pourquoi Magellan donne à l'équipage le temps de récupérer, notamment psychologiquement.
33:49Nous sommes pratiquement, disons, à 10 mois de navigation dans ces conditions.
33:54Les gens sont très fatigués, épuisés.
34:01Le jour de leur arrivée, la veille de Pâques, Magellan a une autre annonce à faire.
34:09Contre toute attente, pour sauvegarder les vivres, chaque homme devra se rationner de moitié pendant tout l'hiver dans ce désert gelé.
34:16Le jour suivant, Magellan reçoit le signe annonciateur de la révolte qui gronde.
34:29Il déjeune seul pour le repas de Pâques.
34:32Aucun capitaine espagnol ne veut se joindre à lui.
34:35Ils savent qu'ils sont là pour hiverner.
34:53Cartagena et les Espagnols veulent reprendre le commandement, destituer Magellan.
34:58Eh bien, la mutinerie éclate.
34:59Le soir du 1er avril 1520, les trois capitaines espagnols, menés par Juan de Cartagena libérés de ses fers et accompagnés d'une trentaine d'hommes armés,
35:24glissent dans la nuit vers le plus gros navire de la flotte.
35:35Le quartier maître Juan de Luriaga refuse de soutenir la rébellion.
35:40Il est poignardé à six reprises par le capitaine espagnol Quesada et mourra quelques semaines plus tard.
35:45Le capitaine du San Antonio, lui, un Portugais fidèle à Magellan, est maîtrisé.
35:58Un Basque qui répond au nom de Juan Sebastián Elcano prend le commandement des armes.
36:06Trois navires sont ainsi aux mains des capitaines mutins.
36:08Au petit matin du jour suivant, les Espagnols envoient leur message à Magellan pour lui signifier qu'il n'est plus maître de sa flotte.
36:23Sa personnalité ne s'adapte pas bien à la négociation et aux compromis,
36:29avec ceux qui lui ressemblent ou ceux qui lui sont de rang supérieur.
36:33A son tour, Magellan envoie sa réponse par courrier avec deux chaloupes de 15 hommes armés.
36:46Mais il donne aussi l'ordre secret au porteur de la lettre de tuer par surprise le capitaine Luis de Mendoza.
36:59Magellan vient de retourner la situation à son avantage.
37:03En quelques heures seulement, ces couleurs sont hissées en haut du grand mât de la Victoria.
37:17La révolte des capitaines espagnols est due au fait qu'ils ont douté de la capacité de Magellan à continuer le voyage.
37:23Il voulait rentrer, il voulait se révolter, retirer le commandement à Magellan parce qu'il ne le croyait plus capable d'avancer vers l'inconnu.
37:37Il reste deux navires à récupérer aux mains des Espagnols.
37:41Magellan déplace alors la Victoria pour bloquer la sortie de la baie.
37:44La nuit suivante, il envoie une chaloupe couper la ligne de mouillage de la Concepcion pour que le bateau dérive vers les siens.
37:54La Concepcion est capturée, maîtrisée et les hommes se rendent rapidement.
38:16Il ne reste alors qu'un seul navire mutin, le San Antonio, commandé par Juan de Cartagena, qui n'a pas d'autre choix que de se rendre à Magellan.
38:34En deux jours seulement, Magellan a repris le contrôle de ses hommes et de ses navires.
38:46Comment agir en tant que capitaine générale pour sanctionner un tel acte de trahison et garder son équipage avec soi ?
38:56Magellan est devant un dilemme, c'est qu'il doit châtier, être sévère, mais il ne peut pas exécuter 40 personnes.
39:05Ce qui s'est passé à San Julien était un acte de désobéissance absolue,
39:11qui mettait non seulement toute l'expédition en péril, qui mettait les navires et l'équipage en danger,
39:16mais qui mettait aussi en péril le plus important, le projet.
39:20Le capitaine espagnol Luis de Mendoza est démembré pour être exposé aux yeux de tous sur la plage de la baie.
39:36Le pilote royal Andrés de San Martín subit la torture de l'estrapade.
39:53Magellan propose la vie sauve au valet Luis del Molino s'il décapite lui-même son capitaine, Gaspard de Quesada.
40:00Quesada est lui aussi écartelé et démembré pour rejoindre Mendoza sur les pics de la plage.
40:11Mais le chef de file des capitaines espagnols et de la mutinerie n'est pas mis à mort.
40:27Juan de Cartagena, le premier ennemi de Magellan, est remis au fer.
40:31Il va devoir attendre tout l'hiver sa prochaine condamnation.
40:36Les autres mutins, eux, sont amnistiés.
40:41Dans le monde de la mer, la mutinerie est passible de la peine de mort.
40:47C'est pourquoi il punit d'une manière si cruelle.
40:50On peut le percevoir comme étant cruel avec notre mentalité du 21e siècle.
40:55Mais ça ne l'est pas dans la mentalité du début du 16e.
41:01Il faut encore passer tout l'hiver dans la triste baie de Saint-Julien.
41:12Et Loisiveté, dans cette atmosphère pesante, est le pire ennemi des marins.
41:16Un mois après la mutinerie, le jeune Mouss Faresa, humilié par l'équipage depuis l'exécution de Salomone,
41:29se jette par-dessus bord et meurt noyé.
41:31Trois jours plus tard, Magellan décide d'envoyer son navire d'exploration, le Santiago, en reconnaissance vers le sud.
41:49L'obsession du capitaine général de découvrir un passage à travers l'Amérique est intacte.
41:53Juste avant d'entrer dans l'hiver, le Santiago longe seule cette côte toujours inconnue.
42:06Le bord de l'Argentine est un rempart vertical, une falaise nette, tranchée dans la cendre des Andes.
42:12Et après plusieurs jours de navigation sans résultat, une tempête soudaine rabat le navire et son équipage sur la côte.
42:35En quelques heures seulement, la nef est détruite.
42:38L'esclave africain Juan Negro meurt noyé.
42:54L'équipage se retrouve rejeté sur la terre ferme et déserte, naufragé à 150 kilomètres au sud des autres navires.
43:02Les 33 marins du Santiago remontent alors courageusement à pied vers le nord,
43:11emportant avec eux ce qu'ils ont pu sauver du navire pour survivre.
43:17Bloqués par un large rio, les hommes installent un campement de fortune sur cette vaste langue de sable.
43:23Deux marins, dont l'histoire a oublié les noms, vont partir seuls tenter de rejoindre l'abbé de Saint-Julien et prévenir la flotte de Magellan.
43:35Pendant onze jours, les deux hommes vont marcher dans la steppe déserte au milieu des buissons remplis d'épines.
43:52Ils vont manger les moules de la côte et les racines des plantes,
43:56boire l'eau de rosée sur les feuilles et résister aux nuits glacées balayées par le vent permanent.
44:01Grâce à cet exploit de survie,
44:31les deux marins inconnus rejoignent l'abbé de Saint-Julien et sauvent tout l'équipage du Santiago.
44:48Dans cette région du monde toujours aussi sauvage, l'histoire du Santiago reste dans les mémoires.
44:54Dans la ville qui porte le nom de Rio Santa Cruz,
44:59les objets retrouvés sur la plage sont jalousement gardés et analysés,
45:04pour espérer découvrir un jour que l'un d'eux a appartenu au Santiago.
45:08Le Santiago reste dans les îles a appartenu au Santiago.
45:13Le Santiago reste dans les îles a appartenu au Santiago.
45:15Amém.
45:45Amém.
45:47Amém.
45:49Le reste de l'hiver à Saint-Julien va éveiller les fantasmes du monde européen,
45:54grâce au témoignage du chroniqueur Antonio Pigafetta.
45:59Nous sommes restés deux mois entiers sans jamais voir personne.
46:03Mais un jour, sans que personne n'y pense,
46:07nous vîmes un géant qui était sur la rive.
46:11Tout nu, il dansait, sautait et chantait.
46:17En chantant, il mettait du sable et de la poudre sur sa tête.
46:21Quand il s'est trouvé devant nous, il s'est étonné et a eu peur,
46:25levant un doigt vers le haut, croyant que nous venions du ciel.
46:31Son visage était large et teinté de rouge.
46:34Les yeux étaient entourés d'un cercle jaune
46:36et il y avait deux traits en forme de cœur sur les joues.
46:39Ses quelques cheveux semblaient blanchis avec de la poudre.
46:43Pigafetta était très habile pour écrire.
46:47Le récit qu'il a des premiers contacts à Saint-Julien avec l'été welsh,
46:53l'idée du géant a à voir avec la taille moyenne de l'espagnol de l'époque,
46:58qui est de 1m50, et l'été welsh, pour ceux qu'on a connus plus tard à travers les photographies,
47:04faisait 1m85 ou 90 en moyenne.
47:10Les habitants de Patagonie décrits par Pigafetta ont stimulé l'imagination du monde.
47:20Pendant des décennies, les Européens ont cru que des géants fantastiques
47:24vivaient dans cette région inaccessible.
47:27Ces rares images du peuple des welsh, prises au tout début du 20ème siècle,
47:35montrent les Indiens enrôlés dans les fermes et les exploitations européennes en Patagonie.
47:40Magellan était le tout premier à les rencontrer.
47:45Il leur a offert des miroirs, des clochettes, des peignes, des morceaux d'étoffe.
47:52Et ensemble, ils ont chassé le guanaco dans la baie de Saint-Julien.
48:08Avec quoi comparez-vous ce que vous ne savez pas nommer ?
48:11Avec les choses qui ressemblent à ce que vous connaissez en Europe ?
48:14Et c'est le cas du guanaco.
48:17La description est parfaite, elle est très belle.
48:21Animal étrange, cet animal a la tête et les oreilles d'une mule,
48:27un corps de chameau, des pattes de cerf et une queue de cheval.
48:32Il est nid comme ce dernier.
48:35La mule, le chameau, le cerf et le cheval sont des animaux reconnaissables par leurs contemporains.
48:44Les premières rencontres ont montré qu'entre Espagnols, Portugais, Tewelche ou quiconque, il n'y avait pas de conflit.
48:57Le problème a été quand vous, Européens, comme dans toute politique de conquête, vous avez profité de nous.
49:04Quand ils ont vu qu'on frappait d'un marteau sur la cheville qui traverse les fers et éviter qu'on ne les ouvre, ces géants ont eu peur.
49:16Quand ils ont compris la finesse qu'on leur avait faite, ils commencèrent à bouffer et à écumer comme des taureaux, en criant fort haut le grand diable pour qu'il leur vienne en aide.
49:28Dans le cas de Pigafetta, c'était toujours très paisible.
49:37Ils ne racontent ni les meurtres ni les décès.
49:40Pour autant, ils racontent qu'ils ont voulu emmener deux Tewelche sur les navires, mais ça n'a pas fonctionné.
49:49Ils se sont rebellés, l'un est mort, et selon lui, il a demandé à être baptisé avant de mourir.
49:56Et on lui a donné le nom de Paul.
49:59Pigafetta s'attache aux géants prisonniers et à leur langue.
50:08Il échange avec eux pour constituer le premier lexique des géants patagoniens.
50:13Il note la traduction pour des mots comme les yeux, le nez, les mains, la bouche ou les oreilles, les cuisses, les fesses, le membre, le sperme, les testicules et le vagin.
50:26L'eau, le feu, le vent, les étoiles et le diable.
50:39Magellan fait planter une croix en haut de la plus haute colline de la baie de Saint-Julien.
50:44Et après avoir passé cinq mois au total dans la baie, à peine l'hiver terminé, la flotte appareille pour un nouveau départ.
50:56Il ne reste qu'une seule affaire à régler pour Magellan avant de quitter les lieux.
51:04Le sort de Juan de Cartagena, leader de la mutinerie.
51:08C'est sur un banc de sable au milieu de la baie que le destin du capitaine espagnol va se sceller.
51:21Cartagena, c'est un problème. Il ne peut pas le garder à bord. Sinon, une mutinerie nouvelle éclate. Il ne peut pas l'exécuter en raison de son rang.
51:39Donc il choisit une solution intermédiaire. Il l'abandonne sur la côte, dans la baie déserte de Saint-Julien.
51:47On le laisse avec un prêtre, Sanchez de la Reina, qui est un des meneurs aussi.
51:52Ils sont abandonnés tous les deux avec du pain, une épée et un peu de vin.
51:57Ils sont promis à une mort certaine, mais Magellan n'a pas de sang sur les mains et on n'aura plus jamais de nouvelles de Cartagena.
52:07Il est très important de comprendre que si Magellan n'avait pas pris cette décision, qu'aurait-il pu arriver ?
52:19Sans doute une autre mutinerie.
52:21Lorsque vous quittez l'ennemi, vous devez le laisser pour mort, dit Machiavel.
52:25Ne sous-estimez jamais votre ennemi. Il faut le laisser pour mort, parce que sinon, il vous tuera.
52:30Magellan, quand il abandonne Cartagena et le prêtre à Saint-Julien, il savait qu'il devait revenir en vainqueur.
52:48Parce qu'il ne pourrait justifier ni la mort des capitaines, ni l'abandon de Juan de Cartagena s'il n'arrivait pas à son but, c'est-à-dire trouver le Pacifique et rejoindre les Molucs.
53:03Il a dû faire preuve d'un énorme courage, parce qu'il était arrivé à un point de non-retour.
53:09Il ne pourrait plus justifier sa défaite devant le roi en disant que finalement, il n'y avait pas de route.
53:15Il est réellement désespéré. Il est pris par l'angoisse. Je ne peux même pas imaginer les souffrances que ça a dû être pour lui quand il avance vers le sud de Saint-Julien.
53:26Les cales pleines des manchots et des lions de mer qu'ils ont chassés dans la baie,
53:47L'armada repart une fois de plus en mer pour progresser inexorablement et invariablement vers le sud à la recherche du détroit.
53:57...
54:01...
54:10...
54:16Legenda Adriana Zanotto
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