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00:00Madame la maire de Paris, mesdames, messieurs les représentants d'États étrangers, mesdames, messieurs les élus, mesdames, messieurs, chacun en vos grades des qualités, chers amis,
00:13« La mémoire n'est pas pour ressasser mais pour agir », décrit Paul Ricoeur.
00:19Merci, monsieur le Président, de votre présence en ce jour et en ce lieu, marquant ainsi votre attention jamais prise en défaut pour toutes les victimes.
00:28Par votre présence, c'est toute la nation qui aujourd'hui se souvient, c'est toute la nation qui aujourd'hui se recueille.
00:39C'est à vous, Madame la maire de Paris, que nous le devons ce jardin qu'aujourd'hui nous inaugurons.
00:46Dès 2016, au nom de la ville de Paris, victime elle aussi, vous preniez devant les associations envers les victimes
00:53l'engagement de l'édification d'un lieu de mémoire dédié à toutes les victimes des attentats du 13 novembre.
01:02Il fait consensus qu'il ne peut en aucun cas s'agir d'un monument aux morts de plus dans le paysage parisien.
01:10Le lieu ne doit pas faire oublier que les attentats ont touché le Stade de France à Saint-Denis d'abord,
01:18le Carillon et le Petit Cambodge ensuite, puis le Casa Nostra, la Bonne Bière, la Belle Équipe, le Comptoir Voltaire et le Bataclan enfin.
01:30Mais l'accord était plus difficile à dégager quant à la nature même de la réalisation envisagée.
01:38Deux lieux sont même évoqués un temps, l'un pour les morts, l'autre pour les vivants.
01:44L'introduction dans la réflexion du Labo des idées et la présence de Sarah Gainsburger, sociologue de la mémoire,
01:51ont permis de remettre le chantier sur les rails qui le mèneraient à bonne fin.
01:55En effet, pour les associations de victimes qui ont toujours reçu l'écoute la plus attentive et la plus bienveillante de la part de tous les acteurs,
02:06plusieurs demandes sont essentielles.
02:10Il doit s'agir d'un lieu où tous les sites des attentats sont représentés et traités à égalité entre eux,
02:17sans que l'un ou l'autre prévale.
02:20D'un lieu central dans Paris, d'un lieu facilement identifiable et accessible.
02:25Ce sera un lieu où toutes les victimes qui ont perdu la vie le 13 novembre seront identifiées.
02:33Mais ce sera aussi un lieu où les survivants se retrouvent, tout à la fois de déambulation et de recueillement.
02:41Ce sera un lieu où la vie est présente par les symboles de lumière, d'eau, de végétation.
02:49Ce sera un jardin.
02:51Ce sera un lieu où la vie renaît à chaque printemps.
02:56Et alors, je fais volontiers mienne la parole de Robert Badinter.
03:02« Oui, la vie est plus forte que la mort.
03:08Mais Dieu qu'il nous manque. »
03:13Au cours de ces dix années passées, nous nous sommes relevés.
03:18Nous avons fait face, debout.
03:20La colère s'est apaisée, les plaies ont été pensées, celles du corps et celles de l'âme.
03:30Mais les cicatrices demeurent indélébiles.
03:35Au cours de ces dix ans, le temps du deuil s'est écoulé.
03:39Et après la tristesse, l'acceptation s'est imposée.
03:42Nous avons vaillamment traversé notre douloureux mais nécessaire procédé XIII au cours du temps duquel tant de larmes ont coulé.
03:52Mais où, comme le dit Mme la procureure Camille Hennetier dans ses réquisitions,
03:59« Ici, c'est la justice et le droit qui ont le dernier mot. »
04:04Ces témoignages, ils nous ont bouleversés par la violence de ce qu'ont vécu ceux qui sont venus le dire à la barre.
04:11Ils nous ont ainsi, ils nous ont aussi permis d'appréhender la réalité de ce qu'ont vécu ceux qui ne sont plus là.
04:22Si ce procès a apporté des réponses à la question du « comment »,
04:26il laisse en revanche encore largement sans réponse la question du « pourquoi ».
04:31Alors, au jour où débute le procès du cimentier Lafarge, nous devons persévérer dans notre quête de vérité.
04:42Il y a dix ans, c'est la société qui a fait front, tous unis.
04:49Ce sont des milliers de témoignages, de fleurs, de dessins, de messages
04:54qui étaient déposés sur tous les lieux des attentats et partout en France.
04:59Qu'en serait-il aujourd'hui, alors que nombre de politiciens ici et en Europe
05:06et au-delà de présidentes irresponsables s'emploient à semer les graines de la discorde et de la désunion,
05:15alors que les réseaux sociaux inondent les esprits de nos plus jeunes,
05:19les envahissent de contenus haineux ?
05:23À cette question, point de réponse, et formons le souhait que nous n'ayons jamais à l'éprouver.
05:32Nous devons résister à ces tentatives de fracturation, et nous résisterons.
05:38Nous résisterons par notre engagement à vos côtés, M. le Président, M. le ministre de l'Intérieur,
05:47pour construire la sécurité sans sacrifier les libertés.
05:53Nous, victimes de ces attentats, nous continuerons de porter témoignage devant les jeunes générations
05:58pour la raison que la mémoire doit être incarnée et non seulement portée par des proclémations solennelles.
06:07Nous entretiendrons la mémoire par des gestes, par des créations, par des rencontres, par des initiatives
06:14pour que toutes les générations se souviennent.
06:17Nous poursuivrons la réflexion, nous chercherons à comprendre pourquoi,
06:23pourquoi des jeunes gens, pourtant souvent normalement intégrés, s'engagent sur ces voies mortifères.
06:32Nous résisterons pour montrer que toutes les générations sont liées à ces victimes,
06:37parce que l'on doit se battre pour la liberté, pour la démocratie, pour les valeurs qui sont les nôtres,
06:44pour que l'on puisse être les vainqueurs.
06:49Enfin, alors qu'aujourd'hui nous dévoilons la plaque inaugurale de ce nouveau lieu de mémoire,
06:56je renouvelle ici le vœu, et vous nous avez, M. le Président, il y a peu rassuré à cet égard,
07:04je renouvelle le vœu qu'à de ces jours prochains nous puissions pareillement inaugurer
07:09le Musée mémorial des sociétés face au terrorisme.
07:13Ce musée qui a une autre vocation, ce musée qui a une autre ambition,
07:18non seulement de cultiver la mémoire, mais aussi l'ambition de transmettre,
07:24l'ambition d'éduquer, pour éveiller les consciences,
07:28pour que les lumières de la connaissance éclairent les ténèbres de la barbarie.
07:34Ainsi l'exprime Henri Rousseau, le président de la mission de préfiguration,
07:41lorsqu'il nous dit « ça ne sert à rien de commémorer des événements si on ne les connaît pas,
07:48et surtout si on ne les comprend pas ».
07:52Pour conclure, une fois encore, M. le Président, merci pour votre présence.
08:00Merci pour avoir gravé sur le calendrier de la nation la journée nationale d'hommage aux victimes du terrorisme
08:08qui honore toutes les victimes en France et françaises à l'étranger, sur tous les lieux.
08:14Merci à vous, Mme la maire de Paris, chère Anne.
08:20Merci aux élus du Conseil de Paris pour votre engagement, votre soutien,
08:25votre émotion sincère pendant ces dix années et tout au long du parcours qui aura mené à cette réalisation.
08:34Merci pour cette cérémonie.
08:37Pareillement, mes très sincères remerciements aux membres de l'équipe de Wagon Landscaping
08:45et à tous les maîtres artisans, à tous les compagnons, tailleurs de pierre, paveurs, paysagistes, jardiniers
08:52qui ont mis tout leur cœur à cet ouvrage, à l'ombre de la maison des compagnons du devoir.
08:59Merci à Thierry Reboul et à Victor Le Mans,
09:02à tous ceux qui, autour d'eux, ont contribué à la réalisation de ce moment
09:07où l'émotion le dispute à la beauté.
09:12Merci d'avoir sublimé ce lieu de mémoire par la lumière et la musique.
09:17Merci pour cette cérémonie d'hommage où le rock prend sa place si symbolique.
09:23Cette cérémonie dont les victimes forment le cœur dans les deux orthographes du mot.
09:30Merci pour l'infinie délicatesse du choix des textes.
09:36Merci à vous tous.
09:38Merci pour eux.
09:41Dans ce jardin fleuri ce soir,
09:43ils sont présents avec nous.
09:46Philippe Duperron a perdu son fils au Bataclan,
09:58Madame Hélène Romano.
10:00Un mot juste sur cette mémoire pour agir,
10:03finalement, ce dont il parle,
10:04il parle du deuil, puis de l'acceptation et de la quête de la vérité.
10:07Surtout, il faut entretenir cette mémoire pour les générations futures.
10:10Ça fait partie de cette reconstruction collective.
10:14Alors, collective, c'est encore très compliqué
10:16parce que les personnes ont des vécus différents,
10:19des histoires différentes,
10:20qui n'ont pas forcément les mêmes attentes.
10:21On l'a beaucoup entendu chez les plateaux cette semaine
10:23avec le témoignage des rescapés.
10:25Ils ne sont pas tous à la même temporalité.
10:27Mais l'idée principale d'avoir un espace pour se rappeler,
10:31pour ne pas oublier,
10:32c'est fondamental face à l'horreur que sont les attentats,
10:36face à la mort.
10:37La mort, quand quelqu'un meurt, on ne l'oublie pas.
10:40C'est aussi ça que vient de nous rappeler
10:42le témoignage de ce papa qui a perdu son fils.
10:46Disant que les cicatrices, elles, sont indélébiles.
10:50Oui, c'est-à-dire qu'il y a cette idée
10:51que le traumatisme, ça se répare.
10:52Ce n'est pas vrai.
10:53Ceux qui disent ça, ils mentent.
10:55Ça s'apprivoise.
10:56Les troubles s'apprivoisent.
10:57Là, on voit les portraits des victimes
11:00dont les familles ont accepté, justement,
11:01qu'elles soient projetées sur cette...
11:05Sur l'arbre de justice.
11:08Sur l'arbre de justice.
11:09Oui.
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