«Ce sera un lieu où toutes les victimes qui ont perdu la vie le 13 novembre seront identifiées. Ce sera aussi un lieu, où tous les survivants se retrouvent» : Philippe Duperron, président de l'association 13onze15, inaugure le jardin mémoriel en hommage aux victimes du 13-Novembre, place Saint-Gervais, à Paris.
00:00Il fait consensus qu'il ne peut en aucun cas s'agir d'un monument aux morts de plus dans le paysage parisien.
00:08Le lieu ne doit pas faire oublier que les attentats ont touché le Stade de France à Saint-Denis d'abord,
00:16le Carillon et le Petit Cambodge ensuite, puis le Casa Nostra, la Bonne Bière, la Belle Équipe,
00:24le Comptoir Voltaire et le Bataclan enfin. Mais l'accord était plus difficile à dégager quant à la nature même de la réalisation envisagée.
00:35Deux lieux sont même évoqués un temps, l'un pour les morts, l'autre pour les vivants.
00:41L'introduction dans la réflexion du Labo des idées et la présence de Sarah Gainsburger, sociologue de la mémoire,
00:48ont permis de remettre le chantier sur les rails qui le mèneraient à bonne fin.
00:54En effet, pour les associations de victimes qui ont toujours reçu l'écoute la plus attentive et la plus bienveillante de la part de tous les acteurs,
01:04plusieurs demandes sont essentielles.
01:07Il doit s'agir d'un lieu où tous les sites des attentats sont représentés et traités à égalité entre eux, sans que l'un ou l'autre prévale.
01:17D'un lieu central dans Paris, d'un lieu facilement identifiable et accessible.
01:23Ce sera un lieu où toutes les victimes qui ont perdu la vie le 13 novembre seront identifiées.
01:30Mais ce sera aussi un lieu où les survivants se retrouvent, tout à la fois de déambulation et de recueillement.
01:37Ce sera un lieu où la vie est présente par les symboles de lumière, d'eau, de végétation.
01:46Ce sera un jardin.
01:50Ce sera un lieu où la vie est renée à chaque printemps.
01:52Et alors, je fais volontiers mienne la parole de Robert Badinter.
02:00Oui, la vie est plus forte que la mort.
02:05Mais, Dieu qu'il nous manque.
02:10Au cours de ces dix années passées, nous nous sommes relevés.
02:16Nous avons fait face, debout.
02:18La colère s'est apaisée, les plaies ont été pensées, celles du corps et celles de l'âme.
02:28Mais les cicatrices demeurent indélébiles.
02:32Au cours de ces dix ans, le temps du deuil s'est écoulé.
02:36Et après la tristesse, l'acceptation s'est imposée.
02:40Nous avons vaillamment traversé notre douloureux mais nécessaire procédé 13,
02:47au cours duquel tant de larmes ont coulé.
02:50Mais où, comme le dit Madame la Procureure Camille,
02:54dans ses réquisitions,
02:56ici, c'est la justice et le droit qui ont le dernier mot.
03:02Ces témoignages, ils nous ont bouleversés par la violence
03:04de ce qu'ont vécu ceux qui sont venus le dire à la barre.
03:08Ils nous ont ainsi, ils nous ont aussi permis d'appréhender la réalité
03:14de ce qu'ont vécu ceux qui ne sont plus là.
03:19Si ce procès a apporté des réponses à la question du comment,
03:23il laisse en revanche encore largement sans réponse la question du pourquoi.
03:28Alors, au jour où débute le procès du cimentier Lafarge,
03:34nous devons persévérer dans notre quête de vérité.
03:40Il y a dix ans, c'est la société qui a fait front.
03:45Tous unis.
03:47Ce sont des milliers de témoignages,
03:49de fleurs, de dessins, de messages
03:52qui étaient déposés sur tous les lieux des attentats
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