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Jeudi 6 novembre 2025, retrouvez David Benamou (Associé Gérant - Directeur des Investissements, Axiom Alternative Investments) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:00Le dernier quart d'heure de SmartBourse, chaque soir c'est le quart d'heure thématique.
00:13Le thème ce soir, c'est celui des banques, du secteur financier, du secteur bancaire et notamment avec un focus particulier sur le secteur des banques en Europe.
00:20Nous en parlons avec David Benhamou, associé, cofondateur et directeur des investissements d'Axium Alternative Investment.
00:26Bonsoir David.
00:27Bonsoir.
00:27On ne se voit pas tous les trimestres, mais plusieurs fois par an quand même.
00:31Et depuis quoi ? Quatre ou cinq ans maintenant ? Chaque trimestre c'est la même histoire, c'est le fameux beat and raise.
00:38C'est le secteur bancaire en Europe qui bat les attentes et dont les analystes, après chaque trimestre publié, relèvent les attentes pour le trimestre suivant.
00:47Est-ce que c'est encore la même histoire sur ce trimestre ?
00:49Alors c'est encore la même histoire sur ce trimestre.
00:52Alors moins spectaculaire que les précédents, il y a un peu plus d'hétérogénéité.
00:55Mais ce qu'on voit sur ce trimestre-là, c'est quand même encore une progression des revenus.
01:02Alors d'abord en fait les banques ont battu les attentes des analystes, à peu près 1%, 1,5%.
01:07Et puis on relève en fait les perspectives pour 2026-2027, pareil 1,5% à 2%.
01:16Alors là aujourd'hui on en est à peu près 60-70% en fait des résultats publiés.
01:22Donc il y a encore, mais les grandes banques en fait en majorité ont publié.
01:25Donc on a quand même une assez bonne visibilité.
01:27Alors ce qui a marché sur le trimestre, on a la marge nette d'intérêt qui se tient très très bien.
01:36Elle continue même à s'améliorer au cours du troisième trimestre.
01:40Alors c'est assez unique parce que là on est dans un contexte de taux baissier.
01:45Généralement dans un contexte de taux baissier, il y a des pressions sur la marge nette d'intérêt.
01:49Et là bon, on voit deux phénomènes.
01:54D'abord en fait sur la partie marge sur les dépôts qui est beaucoup plus compliquée à défendre quand les taux baissent.
01:58Là on voit une très bonne discipline, une très bonne gestion des banques.
02:04Donc évidemment celles qui sont les plus sensibles aux taux, les banques d'Europe du Sud, ça baisse quand même pas mal.
02:08Et puis là on se rapproche un petit peu de chez nous, notamment les banques françaises.
02:12Donc la marge sur les crédits qui dépend finalement des grands stocks de prêts, des gros stocks de prêts et de la durée de ces stocks de prêts.
02:20Et donc ceux-ci chez nous ont été originés il y a longtemps.
02:24Avec des taux très bas, bien sûr.
02:26Donc là ça se renouvelle petit à petit.
02:28Et donc on voit sur le dernier sondage BCE, la hausse de marge nette d'intérêt la plus élevée c'est sur les banques françaises.
02:35Ah ouais.
02:37Vous disiez, alors deux points, ils battent les attentes mais un peu moins que précédemment.
02:42Parce qu'il y a quand même une forme d'essoufflement du momentum.
02:45Et vous dites une dispersion aussi plus importante autour des résultats, c'est ça le vide ?
02:52Alors le quantum global en fait il est je dirais dans la même fourchette.
02:56C'est-à-dire qu'on est toujours 1 à 2%.
02:58Donc ça, ça n'a pas changé.
03:00Par contre ce qui change beaucoup sur ce trimestre, c'est que là on a plus d'hétérogénéité.
03:05On a des banques en fait qui ont fait délivrer des super résultats.
03:09Si on prend par exemple la France, on voit Société Générale qui brille lors du troisième trimestre.
03:14Des revenus au-dessus des attentes de manière massive.
03:19Des capitales en capital encore en hausse.
03:21Donc là on est à 13,7% au-dessus de ce qu'attendent les analystes.
03:26En efficacité de coût, donc en cost-income ratio, on est à 61%.
03:30Donc encore une super performance, donc vraiment un trimestre absolument fabuleux pour la Société Générale.
03:36BNP, Crédit Agricole, en dehors en fait pour BNP de l'histoire du Soudan,
03:43on a un trimestre qui est un peu plus mitigé, qui est un petit peu moins bon avec une petite déception.
03:50C'est trois banques françaises là.
03:51Qu'est-ce qui fait la différence entre la qualité de la publication d'une Sockgen et les points de faiblesse qu'on peut avoir chez l'agricole ou BNP ?
04:00Alors ce qui sort vraiment du lot, c'est la qualité de la publication de Sockgen,
04:04c'est la reprise en main par Slavomir Krupa de la banque,
04:07avec un plan avec énormément d'énergie mis dans la transformation.
04:14Donc là il a la confiance du marché là ?
04:16Ah oui, ça on l'a vu sur le cours de bourse, il a la confiance du marché, mais ce qui est, voilà, il la mérite.
04:22Mais surtout ce qui est le plus intéressant, c'est qu'il délivre trimestre après trimestre.
04:26Il a commencé sur une note compliquée, qui était sa décision d'augmenter le capital réglementaire,
04:31qui était de notre point de vue une bonne décision, puisque les banques françaises lorsqu'on regarde,
04:36elles ont en général un capital réglementaire qui est un peu plus faible que les autres banques européennes.
04:42Les investisseurs l'acceptent depuis longtemps, parce qu'on considère que les français sont moins risqués,
04:46beaucoup plus diversifiés.
04:48Mais aujourd'hui, on est dans un contexte de marché où il faut distribuer,
04:53donc il faut avoir un bon rendement, il ne faut pas oublier que le rendement du secteur globalement c'est 9%,
04:57dividendes plus rachat d'actions, et puis l'excès de capital, ça sert aussi à pouvoir faire de la consolidation.
05:03Donc c'est dans l'esprit des investisseurs...
05:06C'est énorme, c'est un atout, c'est un asset.
05:07Exactement.
05:08Donc de ce point de vue-là, Slavomir Krupa a été assez visionnaire,
05:12il se risque, c'est une décision très tôt, mais c'était une très bonne décision.
05:15Ça a fait mal tout de suite, mais aujourd'hui ça paie.
05:18Tiens, à propos de ratio de capital, comment vous regardez, alors de l'autre côté de l'Atlantique,
05:25mais ces petits incidents de crédit, on en parlait d'ailleurs dans la première partie de l'émission,
05:29c'est vrai que dès qu'on voit des...
05:31En plus dans le marché privé, du crédit privé,
05:34dès qu'on voit des petits incidents, des cafards, comme les appelle Jamie Dimon, sortir,
05:38tout de suite, oulala, qui est exposé à quoi ?
05:41Et est-ce que ce sont juste les premiers cafards de toute une série qui vont ressortir ?
05:47Enfin, voilà, c'est des cycles, évidemment, et c'est des histoires qui reviennent régulièrement.
05:52Qu'est-ce que vous tirez comme enseignement à ce stade,
05:55de ce qu'on a pu observer dans les marchés de crédit privé,
05:58des expositions ou des banques ou des grands gestionnaires d'actifs américains ?
06:03Et est-ce que là, il y a une poche de risque, au moins à suivre, à monitorer ?
06:08Et qu'est-ce qu'on peut dire de ce risque des marchés privés, de crédit privé,
06:12qui, encore une fois, n'existait pas il y a 10 ou 15 ans ou 20 ans, a fortiori, David ?
06:18Alors, bon, il y a une série incroyable.
06:22Septembre, en 3-4 semaines, on a 4 fraudes.
06:26Donc, 3 fraudes sur des boîtes et puis une fraude sur un fonds, le fonds Cantor,
06:30qui avaient pledgé deux fois les mêmes actifs chez Zion et Western Alliance,
06:37qui sont deux banques régionales américaines.
06:40Donc, le marché s'est dit, on a une série de fraudes dans la dette privée qui est inquiétante.
06:47Et surtout, dans le cas de Cantor, ce qui était assez inquiétant, c'est que ça prouvait une chose,
06:52c'est que les due diligence avaient été mal ou pas faites, à la fois côté fonds et côté banque.
06:58Donc, tout ça, ça a beaucoup inquiété le marché.
07:02Ça a, je dirais, quasiment éclipsé, en totalité, mais en partie, en fait, les bons résultats des banques américaines.
07:09Le marché, c'est un petit peu inquiété.
07:12Alors, quand on prend un peu de recul,
07:14les investisseurs disent souvent, mais est-ce que c'est les nouveaux subprimes, etc.
07:19Bon, c'est très différent.
07:22Chaque crise est différente.
07:23Chaque crise est différente, mais il y a, d'abord, en fait, on va mettre les pieds dans le plein, l'ampleur.
07:28D'accord.
07:28Les subprimes, on parle de dizaines de trillions.
07:32D'accord.
07:34L'aide d'être privée...
07:36Au mieux, c'est quelques trillions dans le monde.
07:37C'est quelques trillions dans le monde, au mieux.
07:39Donc, la magnitude, la taille des marchés n'a rien à voir.
07:44Ensuite, les subprimes, c'est une surévaluation des actifs immobiliers massives, totales et complètes.
07:52Donc, l'impact a été digital.
07:55C'est à peu près 4 points de PIB d'effondrement.
07:58Là, c'est plein de boîtes qui ont leurs histoires idiosyncratiques, plein d'investissements.
08:03Certains, ils n'ont pas été très bien faits.
08:05Certains ne vont pas marcher.
08:06Il y a peut-être une fraude ici et là.
08:08Mais on va avoir, en fait, ces petits événements idiosyncratiques qui vont créer des pertes.
08:16Alors, évidemment, principalement dans les fonds de dette privée.
08:18Il y aura un reliquat qui est lié à l'exposition du secteur bancaire dans le financement des fonds de dette privée.
08:25Alors, souvent, en fait, ce que les banques font, c'est qu'elles mettent en place des lignes de financement,
08:31notamment pour le change, les couvertures de change ou autre.
08:35Donc, voilà, c'est des expositions qui sont bien inférieures, qui sont secondaires.
08:42Et il n'y a pas cet effet de domino.
08:44Oui, je comprends.
08:45On peut avoir des dominos qui tombent sans forcément entraîner toute la chaîne derrière.
08:49Absolument.
08:50Et c'est un risque très américain avant tout ?
08:53Ou est-ce que c'est quelque chose que vous regardez quand même du côté des banques européennes aussi ?
08:56Alors, c'est un risque qui est avant tout américain pour une raison simple, c'est le taux de croissance des actifs.
09:03En fait, ce qu'on voit, c'est qu'aux Etats-Unis, les financements d'aides privées ont un taux de croissance du vingtaine de pourcents par an.
09:10Et c'est aussi ça, ce qui a un peu inquiété, parce que ça rappelle un peu le subprime.
09:15Tout le monde voulait financer les subprimes, etc.
09:17En Europe, c'est un business qui a un taux de croissance plutôt faible.
09:22On parle de 2 à 2,5%.
09:24Bon, c'est stable depuis toutes ces années.
09:28On regarde les cafards, mais ce n'est pas ça qui vous empêche d'avoir toujours une vue constructive, j'imagine, sur le secteur des banques européennes.
09:40Qu'est-ce qu'on peut dire d'ailleurs à ce stade, après 4 ou 5 ans de surperformance ?
09:43Et quand je dis surperformance, parfois stellaire pour certaines banques en Europe.
09:47Force et faiblesse du thème à ce stade.
09:50Quels sont les moteurs qui restent allumés ?
09:51Quels sont les moteurs qui le sont peut-être moins aujourd'hui ?
09:53Alors, d'abord, en fait, ce qu'il faut regarder, c'est la dispersion dans le secteur.
09:56Parce qu'on pense toujours, les banques ont monté, etc.
09:59Mais en fait, les banques qui ont fait des performances incroyables, elles sont en Italie et en Espagne.
10:05Je rappelle juste que les plus grosses capitalisations boursières bancaires aujourd'hui en Europe,
10:10c'est deux banques espagnoles, deux banques italiennes.
10:12Alors, je mets HSBC un petit peu à part, parce que c'est une banque qui est hybride.
10:16Mais bon, Unicrédit, dont on se moquait il y a encore quelques trimestres,
10:21ça fait plus de 100 milliards de capitalisations boursières.
10:23Quand au BNP, on doit en faire 65 aujourd'hui.
10:26Et qui était la première banque européenne, bien sûr.
10:29Donc, tout ça pour dire que les banques qui ont fait des résultats stellaires
10:33sont des banques qui étaient très sensibles aux taux,
10:35c'est-à-dire qui ont gagné beaucoup d'argent quand les taux ont monté.
10:40Là, on est dans un contexte de marché qui est très différent.
10:43Les taux baissent.
10:44Donc, ça va défavoriser ces banques qui sont sensibles aux taux,
10:47et qui sont déjà très chères.
10:48Et en revanche, ça va être beaucoup plus favorable pour les banques
10:54qui ont des stocks de prêts qui sont très très longs.
10:59Pourquoi ? Parce que les stocks de prêts se renouvelent petit à petit,
11:02avec des marges plus intéressantes.
11:04Donc, on a un effet dans le temps qui est le suivant.
11:07La hausse de taux a profité immédiatement à des banques
11:10qui ont finalement des stocks de prêts plus courts,
11:14qui gardent la plus grande partie de la marge des dépôts pour elles.
11:18Et en revanche, ça va bénéficier au plus grand.
11:20Donc, on a cette dispersion.
11:21Même si les taux ont baissé entre-temps,
11:22vous dites que quand on renouvelle les prêts,
11:24on le fait toujours à des taux qui sont supérieurs
11:26aux taux du prêt précédent qu'on avait originé il y a 10 ans, par exemple.
11:30Oui, parce qu'on était en taux négatif.
11:32Donc, les marges étaient très très compliquées.
11:33À 2% ça reste toujours mieux que ce qu'on avait avant.
11:35Voilà, ça reste très bien.
11:37Alors, ce niveau de 2%, il est aussi très important pour une autre raison.
11:412%, ça permet d'avoir quand même de la marge sur les dépôts.
11:45Donc, ça, c'est bien.
11:46Parce qu'il ne faut pas oublier que la marge sur les dépôts,
11:48c'est 40% de chiffre d'affaires,
11:49enfin de la marge nette d'intérêt.
11:50Donc, ce n'est pas négligeable.
11:52Et puis, en même temps, 2%, ce n'est pas non plus très élevé.
11:56Donc, c'est un taux accommodant qui permet aux entreprises,
11:59on va dire, les moins solides d'arriver à se compenser.
12:03Donc, c'est quand même un sweet spot.
12:05Donc, cette configuration-là, elle est très bonne pour le secteur.
12:09Deuxième chose, sur les taux, on a la pente des taux.
12:12On a les taux qui sont encore pentus,
12:15ce qui permet aux banques de faire de la transformation,
12:18prêter long, se refinancer court.
12:20Donc, pareil, ça, ça continue d'alimenter la marge nette.
12:23Le risque, il ne nous reste plus de temps, David.
12:25C'est quoi le risque, alors ?
12:26Le risque, sur les valorisations, parce qu'il y a encore une décote sur les valorisations,
12:31mais c'est qu'on ait la BCE qui, pour des raisons macroéconomiques,
12:35que les taux baissent.
12:36Si jamais on a les taux qui repassent en dessous de 1,5,
12:39bon, là, on aura...
12:402% pour le secteur, c'est le sweet spot.
12:43Voilà.
12:43Tant qu'on n'est pas en dessous des 1 et quelques, voilà.
12:46Bon, il y a un peu de marge encore.
12:49Merci beaucoup, David.
12:49Merci d'être venu nous éclairer sur les dynamiques qui traversent ce secteur bancaire,
12:53tant sur le plan opérationnel que sur le plan boursier.
12:55En Europe, David Benhamou, Axiom Alternative Investment,
12:59invité de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir.
13:01Sous-titrage Société Radio-Canada
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