- il y a 7 semaines
Les clefs d'une vie - Amanda Sthers
La romancière est aussi la femme d’une lettre , la lettre C. Le titre mystérieux de son nouveau roman qu’elle a commencé à écrire au lendemain du 7 octobre 2023
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-11-05##
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PersonnesTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:05Quand vous prenez la plume, ce n'est paradoxalement jamais pour traiter des sujets légers,
00:10même si vous savez parfaitement faire rimer humour avec amour.
00:14Pour votre nouveau roman, inspiré par l'actualité,
00:17la femme de lettre que vous êtes s'est transformée en femme d'une lettre.
00:21Bonjour, Amand Asters.
00:22Bonjour.
00:23Alors, ce nouveau roman, c'est C'est, mon expliquateur, pourquoi ?
00:26Chez Grasset, un titre tout à fait étonnant.
00:28Je crois que c'est la première fois que je vois un livre avec un titre de ce genre.
00:32Le principe des clés d'une vie, vous le savez, vous êtes déjà venu,
00:35c'est d'évoquer votre parcours à travers des dates clés.
00:37Et la première que j'ai trouvée, c'est le 28 mars 2001,
00:41vous présentez au Festival du film de Paris un court-métrage qui s'appelle L'arme de sang.
00:47Ah oui, c'était mon tout premier court-métrage.
00:49Un film de neuf minutes.
00:50Oui, alors je ne l'ai pas présenté,
00:54j'ai été sélectionnée au Festival de Paris pour un scénario que j'avais écrit de long-métrage.
00:59Et donc, j'en ai profité pour montrer ce court-métrage que j'avais réalisé un peu avant.
01:04Ce Festival du film de Paris qui, au départ, était destiné aux collégiens ou lycéens
01:08et qui est devenu pendant des années un rendez-vous de présentation de films en exclusivité.
01:13Exactement.
01:14Et vous avez obtenu un prix pour un scénario ?
01:16Oui, le meilleur scénario junior.
01:19J'étais donc encore un jeune auteur et ils avaient récompensé ce premier scénario
01:25qui était une adaptation de Nouvelle de Borgès, que j'adore,
01:29qui s'appelle L'Évangile selon Mathieu.
01:31Et c'est encore un de mes rêves de réussir à faire ce film qui coûte assez cher.
01:36Mais il faudrait que je trouve un producteur argentin, ça se passe en Argentine.
01:39Mais le scénario est déjà écrit ?
01:41Le scénario est déjà écrit. Je pense qu'il mériterait un peu de retravail,
01:44même s'il y avait une promesse dans ce scénario,
01:47puisqu'ils ont vu, en tout cas, un jeune talent en moi.
01:52Exactement. Et à l'époque, ce court-métrage, vous l'aviez réalisé,
01:55d'ailleurs sous le nom d'Amanda Marouani.
01:58Oui, qui est mon vrai nom, qui est le nom de famille de mon papa, Marouani.
02:03Et puis avec le temps, assez rapidement, j'ai pris un pseudo pour plein de raisons.
02:08D'abord parce que mon père, qui est psychiatre et psychanalyste à l'époque,
02:13continuait à pratiquer. Je trouvais ça compliqué pour lui
02:15d'avoir une sorte d'intrusion de sa vie privée dans l'espace public.
02:22Et puis aussi parce que quand on écrit, j'ai l'impression qu'il faut rester très libre.
02:26Et être libre, ça veut dire être la femme de personne,
02:30la fille de personne et la mère de personne.
02:32Et donc, il n'y a que moi qui ai ce nom de famille que je me suis offerte.
02:36Qui est venu comment ?
02:37C'est mon deuxième prénom, qui est aussi celui de ma grand-mère, Esther,
02:42que j'ai transformé.
02:43Voilà, j'ai enlevé un E, j'ai ajouté un S.
02:45Exactement.
02:46Alors il se trouve que ce court-métrage,
02:48il est annoncé sur Internet, mais il n'y a pas la moindre trace.
02:52Non, mais je l'ai, moi, encore.
02:53Mais c'était à l'époque où vous faisiez des courts-métrages en pellicule.
02:56Moi, j'ai commencé à réaliser des films en pellicule.
02:58Et mon premier film, d'ailleurs, était en pellicule.
03:00À l'époque, il n'y avait pas encore de numérique.
03:02Vous voyez, j'étais dans les derniers dinosaures à faire ça.
03:06Et donc, c'est toujours compliqué de numériser les choses.
03:11Et ensuite, je ne l'ai pas mis en ligne.
03:14Donc, j'ai encore les bandes chez moi, que je garde vraiment précieusement.
03:19À côté de mon premier film aussi, dont j'ai les bandes.
03:23Je trouve ça assez émouvant d'avoir la pellicule.
03:26C'est vraiment une autre sensation.
03:27Exactement.
03:28Et puis, l'expression « larmes de sang », au départ,
03:31c'est une métaphore puissante pour l'intensité de son angoisse et de sa souffrance.
03:35Oui, alors c'était un film d'anticipation, de science-fiction.
03:41Et dans lequel l'amour avait disparu.
03:45Et une légende circulait en disant que si l'amour revenait sur Terre,
03:49la personne qui le ressentirait aurait une larme de sang qui coule sur sa joue.
03:55C'est un film en noir et blanc.
03:56La larme de sang, c'est la seule chose en couleur qu'il y a dans le film.
04:00C'est très charmant, mais c'est encore un film d'étudiante.
04:04Oui, mais il faut encore trouver le budget, les équipes.
04:08Oui, ça, c'est une énorme partie de mon travail.
04:11Souvent, d'ailleurs, quand je vais parler à des étudiants
04:13ou quand on me demande les qualités qu'il faut pour faire un film,
04:17je dis que le talent, l'envie de raconter une histoire, l'imaginaire,
04:23tout ça, c'est très bien, et même la technique.
04:25Mais ça n'est qu'une petite partie de notre travail.
04:29Chaque fois qu'on monte un film, c'est comme si on était...
04:33Il faut des qualités d'entrepreneurs.
04:38C'est comme si on montait à chaque fois une société, une start-up.
04:43Et il faut lever des fonds pour réussir à que les gens aient confiance
04:48et fassent un chèque de souvent plusieurs millions pour faire un film.
04:51Donc, cette partie-là, cette capacité à convaincre,
04:56c'est une partie importante de mon métier dont on parle très peu.
05:00Oui, et puis surtout, vous êtes une autodidacte en la matière.
05:02Vous n'avez pas fait d'école de cinéma et démarché les entreprises ou les producteurs.
05:07Vous avez appris tout seul.
05:08J'ai un peu fait les choses au culot dans ma vie,
05:11ce qui est assez étonnant parce que je suis très timide
05:14et j'ai dû sortir de ma zone de confort.
05:17Et il n'y a vraiment que la passion de ce métier,
05:21l'envie de travailler qui m'a poussée vers ça.
05:25Parce que sinon, si je dois demander pour autre chose
05:29ou si je dois sortir de cette timidité
05:31pour des choses qui sont annexes à mon métier,
05:34je n'y arrive pas.
05:35Oui, mais en même temps, vous avez une qualité très particulière.
05:39Vous observez beaucoup et vous retenez tout ce que vous observez.
05:43Ça vous aide dans votre travail ?
05:45Ça m'aide.
05:46Je pense qu'on est, quand on est artiste en général,
05:50on est en pâte, on a quelque chose de...
05:52En tout cas, il faut essayer de comprendre les gens.
05:54Il faut essayer de les aimer et de les comprendre,
05:57même quand ils sont très différents de nous,
05:59surtout quand ils sont très différents de nous.
06:00et ça aide, évidemment, quand on est dans un rendez-vous professionnel
06:04à comprendre ce qu'on attend en face
06:06ou le discours qu'il faut délivrer pour convaincre.
06:10Mais je pense qu'en plus, lorsque vous étiez petite,
06:13je crois que vous vous cachiez dans le placard
06:15pour observer votre père en train de parler avec ses patients
06:20et que vous observez tout cela.
06:21Oui, je pense que je l'ai fait quelques fois
06:24et je l'ai dit, donc ça a pris beaucoup d'ampleur.
06:27Évidemment, je pense que mon père n'aurait pas laissé ça plusieurs fois,
06:31mais on va dire qu'il y avait une connivence
06:33avec certains patients, parfois,
06:34et qu'ils ont dû trouver ça charmant.
06:36J'étais vraiment une toute petite fille.
06:39Mais oui, il y avait quelque chose de très Woody Allenien
06:41dans cette chose-là.
06:43Et j'ai dû, malgré moi,
06:46non seulement entendre des choses
06:47qui n'étaient pas destinées à une jeune fille de mon âge,
06:50mais aussi, je pense, j'ai compris assez tôt
06:53que mon père, même s'il était psychiatre
06:56et qu'il lui arrivait de prescrire des médicaments,
06:58la plupart du temps, comme psychanalyste,
07:00il soignait les gens avec des mots.
07:02Et donc, je fais un métier assez proche du sien.
07:05Et puis, les mots, justement, en français et en anglais,
07:07ça vous a servi ?
07:08Vous avez fait vos études à l'école bilingue
07:10sans imaginer que ça vous servirait autant aujourd'hui,
07:13à Mernasterz.
07:14Oui, alors, j'étais juste cursée à l'école bilingue.
07:17Ça m'a permis d'avoir la chance
07:19d'avoir accès à l'anglais plus tôt,
07:21en tout cas d'avoir la capacité
07:23à structurer mon esprit aussi en anglais.
07:26C'est toujours une chance d'apprendre une langue
07:27en plus de la sienne.
07:30Et non, à l'époque,
07:31je ne rêvais pas du tout
07:32d'aller vivre aux Etats-Unis.
07:34Vous étiez d'ailleurs quelqu'un
07:35qui faisait parfois l'école buissonnière,
07:37vous observiez les gens dans la rue.
07:39Oui, j'ai un physique de bon élève
07:41et j'avais plutôt des notes assez honorables.
07:44Et pourtant, j'ai souvent séché les cours
07:48et j'étais pas...
07:50Oui, j'ai fait des bêtises, on va dire.
07:52Ça arrive tout le temps, quand on est jeune.
07:54Je pense qu'il y avait une sorte de profond malaise
07:59qui est partie par la suite,
08:00mais j'avais l'impression
08:01de ne pas toujours être à ma place
08:03dans les communautés, dans les groupes.
08:07J'ai toujours eu une sorte de mal-être.
08:12Je parlais de ma timidité,
08:13mais ça allait avec cette chose-là.
08:14J'étais un enfant beaucoup plus grave
08:16que l'adulte que je suis aujourd'hui.
08:17Oui, et en même temps,
08:18vous aviez un côté rebelle.
08:20Assez rebelle, oui.
08:22Et c'est pas pour rien d'ailleurs
08:23que quelqu'un a compté
08:25dans votre passion littéraire.
08:26Boris Vian, qui a beaucoup monté notre vie.
08:35Je vous précise que cette chanson,
08:37c'était l'hymne du tabou.
08:38C'est-à-dire le cabaret
08:40où Juliette Gréco a débuté comme ouvreuse
08:43et où sont nés les existentialistes
08:45puisqu'il y a une photo
08:46dans le journal Samedi Soir,
08:48l'ancêtre de France Dimanche,
08:49où on voit au tabou
08:50Roger Vadim et Juliette Gréco
08:52et le mot existentialiste pour la première fois.
08:54Et c'est vrai que Boris Vian, ça a compté ?
08:56Vian, Garry, Sveig, Duras
09:01et je dirais peut-être aussi,
09:08c'est dur de résumer,
09:10mais en tout cas,
09:11dans ces noms que je viens de citer,
09:13soudain, la découverte
09:16que la littérature
09:18peut ne pas être ennuyeuse,
09:20entre guillemets.
09:21C'est-à-dire que soudain,
09:23je me rends compte
09:24qu'il y a quelque chose,
09:25d'une forme de modernité
09:26dans leur texte
09:28que je n'avais pas
09:29vraiment ressenti
09:32dans les lectures
09:34qu'on m'avait données,
09:35un peu
09:36les contesses de Ségur
09:39et compagnie
09:40que je trouvais un peu
09:41plates
09:42où j'avais l'impression
09:43de ne pas être
09:44en accord avec quelque chose de moi.
09:47Et là, soudain,
09:47non seulement
09:48une langue très moderne,
09:51une façon de voir le monde
09:52qui me bouscule
09:54et chez Vian aussi,
09:55le rapport
09:56à l'érotisme,
09:58une forme d'érotisme
09:59qui m'a bousculée
10:00jeune fille
10:02quand je découvre
10:03que tout ce qui peut se passer
10:05entre un livre
10:06et un lecteur.
10:07À tel point
10:08que vous écrivez
10:09un livre à 15 ans
10:10qui est refusé
10:10par Jean-Marc Roberts
10:11mais qui vous encourage,
10:13qu'est devenu ce manuscrit ?
10:15Je l'ai toujours.
10:17Ma grand-mère là,
10:18ma mère là,
10:19je ne sais pas si moi je l'ai,
10:20mais en tout cas,
10:20il est quelque part
10:21dans la famille.
10:22Oui, c'est Jean-Marc Roberts
10:25qui est un éditeur brillant
10:28mais aussi un immense auteur
10:30et scénariste
10:31qui me lit
10:32pour la première fois,
10:33ne sait pas que j'ai 15 ans,
10:36m'encourage vivement
10:38mais surtout me dit
10:39j'ai jamais vu un sens
10:40du dialogue comme le vôtre
10:41aller écrire pour le cinéma.
10:43Et honnêtement,
10:43avant lui,
10:44je n'y avais pas du tout pensé.
10:45C'est lui qui ouvre
10:46cette porte-là
10:47dans ma vie.
10:48C'est fou.
10:49Ça, c'était le point de départ
10:50justement de votre parcours.
10:52Et puis,
10:52il y a une autre date importante
10:54dans votre parcours,
10:55une date internationale,
10:56c'est le 8 septembre 2008.
10:58On en parle dans quelques instants
10:59sur Sud Radio
11:00avec Amanda Sterz.
11:02Sud Radio,
11:03les clés d'une vie,
11:04Jacques Pessis.
11:05Sud Radio,
11:05les clés d'une vie,
11:06mon invité Amanda Sterz
11:08pour ce nouveau roman
11:09C'est chez Grasset.
11:11On expliquera pourquoi tout à l'heure
11:12le mot C est sur la couverture.
11:15On a évoqué vos débuts.
11:16Et si je parle
11:17du 8 septembre 2008,
11:19c'est-à-dire que la plus grande
11:20université américaine
11:21qui est Harvard,
11:22ouvre ses portes
11:23pour la saison.
11:23Et cette année-là,
11:25vous allez figurer
11:25pour la première fois
11:26au programme
11:27avec le vieux juif blonde.
11:29Ah oui,
11:29j'ignorais la date précise,
11:31mais oui,
11:31c'est l'année
11:32où le vieux juif blonde
11:33est étudié
11:34dans cette université
11:35incroyable.
11:36qui est la première université
11:37au monde.
11:38Oui,
11:39et puis qui fait rentrer
11:42le texte au programme,
11:43c'est-à-dire qu'il va être étudié
11:45pour 100 ans,
11:47et donc me survivre,
11:48c'est assez vertigineux
11:50pour un auteur de se dire
11:51je sais déjà
11:52que je serai étudié,
11:53que mes textes
11:54seront étudiés après moi.
11:56C'est quelque chose
11:57de troublant, oui.
11:58Et d'ailleurs,
12:00si vous êtes étudié,
12:01vous le devez en partie
12:02à celui dont on va
12:03entendre la foi.
12:05Je m'en voulais,
12:05comme je m'en veux souvent,
12:07d'être encore en vie.
12:09Elie Wiesel,
12:10qui a eu le prix Nobel de l'Abbé
12:12en 1986,
12:14et qui a un jour suggéré
12:16à l'oreille de quelqu'un
12:17que ce texte
12:19pourrait être à Harvard.
12:20Oui, c'est Elie Wiesel
12:21qui donne mon texte
12:22à une professeure Harvard
12:24qui s'appelle Clara Guilla-Quesous,
12:25et ensemble,
12:26ils la soumettent
12:27au comité de l'université,
12:30et puis c'est comme ça
12:31que ça a commencé, oui.
12:32Et Clara Guilla-Quesous,
12:34c'est à la fois
12:34une femme de théâtre,
12:36d'ailleurs,
12:36elle a mis en scène
12:37une pièce d'Elie Wiesel,
12:38Le Choix, à Paris.
12:39Elle a fait entrer
12:40le théâtre à Harvard,
12:42et elle a eu le coup
12:42de foudre pour ce texte.
12:43Oui, elle est assez remarquable.
12:45Cette femme,
12:45elle fait des choses
12:46que je vous encourage
12:47à aller voir.
12:48Elle travaille avec
12:49des rescapés,
12:52souvent de génocide.
12:54Elle a travaillé au Rwanda,
12:55par exemple,
12:56pour essayer
12:56de faire survivre
12:59les gens
12:59à travers le théâtre,
13:00de leur permettre
13:01d'extérioriser
13:03leur trauma.
13:04Et je crois
13:05qu'elle est donc
13:05professeure invitée
13:06dans ce qui est quand même
13:07la première université
13:09au monde.
13:09Oui.
13:10Quand vous apprenez
13:11que votre pièce
13:12va être étudiée à Harvard,
13:14qu'est-ce que vous ressentez
13:15à Monde Asters ?
13:16À l'époque,
13:17j'ai à peu près
13:18l'âge des étudiants,
13:19j'étais pas loin.
13:20J'ai pas eu ce sentiment,
13:24souvent on dit,
13:24un sentiment d'imposture.
13:26Non, mais j'ai eu l'impression
13:27d'être quand même dépassée
13:29par cette œuvre.
13:31Je pense qu'il y a toujours
13:32cette chose
13:33dont on a du mal
13:34à parler,
13:36nous, auteurs,
13:36mais cette idée
13:37qu'il y a un moment donné
13:39où on n'est pas
13:40complètement seul
13:41à écrire.
13:42Ce qu'on appelle
13:42l'inspiration,
13:43ça peut être aussi
13:44quelque chose
13:45en étant un peu mystique.
13:48J'ai l'impression
13:48de quelque chose
13:49qu'on capte
13:50et qui ne nous appartient
13:52pas complètement.
13:53Il faut rappeler
13:54que cette pièce
13:54que le monde entier a vue,
13:56c'est l'histoire de Sophie,
13:57une jeune fille de 20 ans
13:58qui affirme à ses parents
13:59bourgeois catholiques
14:01qu'elle n'est pas
14:02leur fille,
14:04mais Joseph Rosenblatt,
14:06un vieux rescapé
14:07des camps.
14:08L'idée est venue,
14:09je crois,
14:09quand vous étiez enceinte
14:10de votre deuxième fils.
14:12Alors, j'ai écrit...
14:14Oui,
14:14je ne sais pas
14:15si c'est entre les deux
14:16ou au moment
14:17où je suis enceinte
14:17de Léon,
14:18mais ce qui est certain,
14:20c'est que j'ai écrit
14:22entre-temps
14:23pour les 20 ans
14:23du texte
14:24une préface
14:25pour essayer
14:26d'expliquer
14:28pourquoi,
14:29comment est arrivé
14:30ce texte.
14:31Et je pense
14:31que je le portais
14:32en moi
14:33depuis très longtemps.
14:35Et comme j'ai...
14:36Avant d'accoucher
14:37de mon deuxième fils,
14:38j'ai accouché aussi
14:39de ce texte
14:40que j'écris
14:41en un souffle
14:42très très rapidement
14:43et pourtant
14:44qui était
14:44en fait
14:46une espèce
14:47de cristallisation
14:48de tout ce que j'étais
14:50et de tout ce que je ressentais.
14:53Et je pense
14:53que c'est très particulier
14:55quand on écrit
14:56quelque chose
14:56d'aussi singulier.
14:59On se demande
15:00qui ça peut toucher.
15:02Et en fait,
15:03ça a été
15:03une des premières leçons
15:05que j'ai apprises
15:07dans mon métier.
15:08c'est que la singularité
15:09en fait touche
15:10à l'universel
15:11et qu'il faut être singulier
15:13pour être un artiste
15:16qu'on remarque.
15:17Donc ça m'a autorisé
15:19une part d'étrangeté
15:20dans toute la suite
15:21de ma carrière.
15:22Oui,
15:22mais il se trouve
15:23que lorsque vous écrivez
15:24cette pièce,
15:24vous êtes convaincue
15:25Amanda Sterz
15:26qu'elle va intéresser
15:27personne et qu'au bout
15:28de trois jours
15:28elle ne sera plus à l'affiche.
15:29Ah oui.
15:30J'étais jouée
15:31dans une toute petite salle
15:33au Mathieu 1
15:34et à l'époque
15:35Mélanie Thierry
15:36n'est pas du tout
15:36la star qu'elle est aujourd'hui.
15:38C'est moi qui l'impose.
15:39J'ai écrit le texte
15:40pour elle.
15:41Je l'ai croisée
15:42dans un ascenseur.
15:43Je lui ai dit
15:44j'écris un texte pour vous.
15:45Elle s'est dit
15:46c'est qui cette dingue.
15:48Et vraiment
15:49c'est une révélation commune.
15:54Il y a quelque chose
15:55qui se passe
15:55entre mes mots
15:56et qui elle est.
15:59Et voilà
16:00je pense que
16:01toutes les deux
16:01on a touché
16:02à quelque chose de magique
16:03qui est à la fois formidable
16:05quand on est si jeune
16:06et en même temps
16:07un peu enfermant.
16:09C'est-à-dire que
16:10je suis devenue
16:10l'auteur du Vieux Juve Blonde.
16:12C'est mon tube
16:14et j'ai du mal
16:15parfois
16:15à ce qu'on ouvre
16:18à autre chose.
16:20Oui mais en même temps
16:21vous savez que
16:21dans ce théâtre des Maturins
16:22un auteur très célèbre
16:23a aussi fait jouer
16:24sa première pièce.
16:25Florian ?
16:26Non, Sacha Guitry.
16:27Sacha Guitry
16:27et Florian Zeller aussi
16:28figurez-vous.
16:29Sacha Guitry en 1902
16:30sa première opérette
16:32contre la vie de son père
16:33c'est Thomas Thurin.
16:34Donc voyez
16:35vous êtes en bonne compagnie.
16:36Une belle bande.
16:37Et finalement
16:38le succès
16:39que vous n'attendiez pas
16:40a dépassé
16:41tout ce que vous pouviez imaginer.
16:44Ben oui
16:44quand on commence
16:45dans une salle
16:46de je ne sais plus combien
16:47à 90 places
16:48une toute petite salle
16:50à 19h
16:51et ensuite
16:52on passe
16:52dans la grande salle
16:53à 21h
16:54de 400 places
16:55et ensuite
16:55à Édouard VII
16:56et ensuite
16:57le texte est traduit
17:00et puis comme vous le disiez
17:01on va jusqu'à Harvard.
17:03Oui c'était
17:03évidemment inattendu.
17:05J'aurais déjà été heureuse
17:07de remplir la petite salle.
17:08Mais en même temps
17:10avec le recul
17:11vous vous dites
17:12que finalement
17:12ce texte
17:13du vieux juif blonde
17:14était en avance
17:15sur son temps.
17:18En tout cas
17:19il a raisonné
17:20à ce moment-là
17:20mais je pense
17:21qu'il continue à raisonner
17:22parce qu'il évoque
17:23des sujets
17:24qui sont devenus
17:25à la mode
17:26entre temps
17:27on va dire
17:27puisque ça parle du genre
17:29par exemple
17:29c'est quelque chose
17:30dont on parlait
17:31très peu avant
17:32et d'ailleurs
17:32je pense que ça n'a pas été relevé
17:34tant que ça
17:34au moment de la sortie
17:36et c'est drôle
17:38parce que je vois
17:39avec les étudiants
17:40justement
17:41les questions
17:42qui sont posées
17:43se transforment
17:44avec le temps
17:46et chaque année
17:47on voit le texte
17:48d'une façon différente
17:49moi-même
17:50je commence à avoir
17:52des choses
17:52que je ne regardais pas
17:54exactement
17:55sous cet angle
17:57donc je pense
17:59qu'un texte
17:59ça vous échappe
18:00surtout quand on l'a écrit
18:01il y a 20 ans
18:02il y a des choses
18:03qui sont encore moi
18:04des choses
18:04qui sont
18:05c'est comme si
18:08les mots
18:08évoluaient
18:09d'ailleurs
18:10si vous recevez
18:10une lettre
18:11de quelqu'un
18:12qui vous est cher
18:13elle ne résonne pas
18:14de la même façon
18:15si vous la lisez
18:16au moment
18:17où vous la recevez
18:18ou 20 ans après
18:19quand c'est un amour perdu
18:20ou quand
18:21si c'est la lettre
18:22de quelqu'un
18:23qui a disparu
18:23en fait
18:24les mots
18:24continuent
18:25à vivre
18:26leur vie
18:27sans vous
18:27et ils se transforment
18:29et il y a
18:29ce sentiment
18:30très fort
18:31pour le travail
18:32d'un auteur
18:33aussi
18:33moi je ne lis
18:33évidemment
18:34pas mes textes
18:35mais quand la pièce
18:36est jouée
18:37je la revois
18:37puisque je viens
18:38saluer
18:39les nouveaux comédiens
18:40les nouvelles comédiennes
18:42et donc je redécouvre
18:45un texte
18:45qui n'est plus
18:46complètement à moi
18:47oui en même temps
18:48je sais qu'à Los Angeles
18:49dans le questionnement
18:50aujourd'hui
18:51sur le genre
18:52elle est considérée
18:53comme un modèle
18:54cette pièce
18:54oui il y a beaucoup de gens
18:56qui ont revient
18:58à en parler
18:58c'est fou hein
18:59vous l'auriez jamais imaginé
19:01c'était pas votre but
19:02quand vous l'avez écrit
19:02je pense qu'on n'écrit
19:04jamais pour
19:05entre guillemets
19:05pour la gloire
19:06et puis je trouve ça super
19:08si ça permet aux gens
19:09de parler
19:10de leurs
19:12de leurs doutes
19:13de leurs peurs
19:14de leurs émotions
19:15j'ai plus vraiment
19:16l'impression
19:16comme je vous disais
19:18que ça m'appartient
19:19complètement
19:19donc à eux
19:20d'en faire ce qu'ils veulent
19:21et tous les sujets
19:22que vous avez traités
19:23il y a toujours
19:23un angle actuel
19:24je pense à la dernière pièce
19:26que vous avez écrite
19:26qui est Ami
19:27avec David Falkininos
19:28où vous parlez
19:30des réseaux sociaux
19:31pour trouver une âme sœur
19:32ou un ami
19:32là aussi
19:33vous êtes dans l'air du temps
19:34Amanda Sters
19:35oui
19:35on s'est bien amusé
19:37avec David Falkininos
19:38à écrire cette pièce
19:38et oui
19:40c'était sur
19:41on parle de trouver
19:43l'amour en ligne
19:43et puis dans notre pièce
19:44il fallait trouver
19:45l'amitié en ligne
19:46et oui
19:47c'est assez
19:48c'est un traitement
19:50humoristique
19:52et en même temps
19:52c'est glaçant
19:53de se dire
19:54que maintenant
19:55tout est transformé
19:56ou codifié
19:58par un algorithme
19:59quand mythique
20:01a commencé
20:01personne n'y croyait
20:02je crois que l'idée
20:03est venue un lundi matin
20:04Marc Simoncini
20:05dans sa cuisine
20:06il a engagé
20:07trois personnes
20:07et on sait
20:08ce que ça donnait ensuite
20:09mais cette évolution
20:10de la société
20:11vous en êtes une observatrice
20:12et ça vous inquiète
20:13ça vous parle ?
20:16tout ne m'inquiète pas
20:17c'est-à-dire que je pense
20:17qu'on a tendance
20:19à noircir le tableau
20:20et il y a aussi
20:21des choses formidables
20:22qui arrivent
20:23avec le progrès
20:23comme à chaque fois
20:24dans toutes les grandes
20:25révolutions industrielles
20:27les gens ont eu peur
20:28je pense que
20:30le seul problème
20:32aujourd'hui
20:32c'est que
20:34on va plus vite
20:36que la législation
20:38c'est-à-dire
20:38qu'on n'a pas anticipé
20:39les problèmes
20:40qui peuvent
20:41découler
20:43de ces révolutions
20:45ce qui m'inquiète le plus
20:46sont sans doute
20:47les fake news
20:50l'incapacité
20:51des gens
20:52à savoir
20:55quel est le vrai
20:56quel est le faux
20:57et comment on retrouve
20:58la vérité
20:59je pense que c'est quelque chose
20:59c'est la chose
21:01la plus angoissante
21:02pour moi
21:02aujourd'hui
21:03que les gens
21:04perdent leur boussole
21:05et n'aient plus
21:06de référent
21:07en tout cas
21:08vous ne perdez pas
21:09votre boussole
21:09si j'en juge
21:10par votre parcours
21:11et il y a une autre date
21:13importante
21:13dans votre vie
21:14c'est le 16 janvier
21:162019
21:17à tout de suite
21:17sur Sud Radio
21:18avec Amanda Sterz
21:19Sud Radio
21:21les clés d'une vie
21:22Jacques Pessis
21:23les clés d'une vie
21:24mon invité
21:24Amanda Sterz
21:26ce livre
21:26c'est
21:27une lettre mystère
21:29chez Grasset
21:29qu'on évoquera tout à l'heure
21:30on a invoqué
21:31bien sûr
21:32vos débuts
21:33ce succès
21:35international
21:36et puis le 16 janvier
21:382019
21:39est sorti
21:39un film
21:40qui a compté
21:41dans votre vie
21:41vous êtes
21:44le rabbin Catan
21:45oui
21:46je viens vous dire
21:47que si vous n'arrêtez pas
21:48de planter
21:49ça c'est une aventure
21:50incroyable
21:51parce qu'au départ
21:51c'est un roman
21:52les terres saintes
21:53que vous avez écrit
21:54sans imaginer
21:56que ce serait un film
21:56au départ
21:57oui alors
21:58d'autant plus
21:58que c'était un roman
21:59épistolaire
22:00assez doux amer
22:03qui avait
22:04beaucoup
22:04beaucoup de
22:05difficulté
22:08à être imaginé
22:09directement
22:09comme un film
22:10parce que
22:10c'était dur
22:11à mettre
22:11dans une case
22:12c'est-à-dire
22:12un juif
22:13cardiologue
22:13à la retraite
22:14qui va s'établir
22:15comme éleveur
22:16de porcs
22:16à Nazareth
22:17oui
22:17et l'idée
22:18je crois
22:18vous est venue
22:19en lisant
22:19le monde diplomatique
22:20oui j'ai lu
22:21qu'on élevait
22:22des cochons
22:22en Israël
22:23mais qu'il fallait
22:23les mettre
22:23sur des planchers
22:24pour pas qu'ils
22:25touchent la terre sainte
22:26et ce qui m'amusait
22:27c'était que pour une fois
22:28les imams
22:30donc les musulmans
22:31et les rabbins
22:32et donc la communauté
22:33juive
22:33étaient d'accord
22:35ils avaient trouvé
22:36un accord
22:37contre quelque chose
22:38donc l'élevage
22:39de cochons
22:40et je me suis dit
22:41que d'imaginer
22:42un type
22:43qui partait élever
22:44des cochons
22:44en Israël
22:45et qui se retrouvait
22:45face à ces communautés
22:48alliées contre lui
22:49c'était vraiment
22:50assez drôle
22:51il faut voir le déclic
22:52au départ
22:53un sujet
22:54ça vient comme ça
22:55sur un déclic
22:56en fait
22:57je suis très sincère
22:58c'est juste que
22:58je lis ça
22:59et je ris toute seule
23:00je suis dans le train
23:01et je me rappelle
23:02de rire
23:03en train d'imaginer
23:04toutes les scènes
23:04qui peuvent découler
23:05de ça
23:06et puis voilà
23:07en tout cas
23:08c'est le noyau
23:09qui commence à créer
23:11des idées
23:11puis mes personnages
23:12viennent
23:12donc il me faut
23:15quelque chose
23:15je me dis
23:16c'est trop drôle
23:17il faut que j'en fasse
23:18quelque chose
23:19donc vous avez fait
23:19un roman
23:20et à votre grande surprise
23:21des producteurs
23:22vont proposer
23:23d'acheter les droits
23:23ce que vous refusez
23:25au début
23:25oui j'ai refusé
23:27finalement j'ai accepté
23:28et puis
23:29quelqu'un
23:30je finis par accepter
23:31d'adapter
23:32moi
23:32le texte
23:34et c'était
23:35une formidable réalisatrice
23:38québécoise
23:39qui voulait le faire
23:40on attache du casting
23:42en France
23:43etc
23:43et puis on n'arrive pas
23:44à monter le film
23:45personne ne veut
23:46mettre d'argent dedans
23:47elle n'y arrive pas
23:49je finis par traduire
23:50le texte
23:51en anglais
23:52en me disant
23:52que peut-être
23:52on aura plus de chance
23:53aux Etats-Unis
23:54et puis elle n'arrive pas
23:56à monter le film
23:57et j'ai fini par
23:58quelques années après
24:00m'en emparer
24:01moi comme réalisatrice
24:02et j'ai réussi
24:04à attacher
24:05un casting
24:06incroyable
24:07puisque c'est
24:07le dernier film
24:08qu'a fait
24:09James Caen
24:10qu'on avait connu
24:11dans Le Parrain
24:13il était
24:14l'un des personnages
24:17clés de la famille
24:18il a été convoqué
24:19quelques années plus tard
24:20je ne sais pas si vous le savez
24:20à New York
24:21pour une sorte de mafieux
24:22car il fréquentait
24:24sans le savoir
24:24un groupe de mafieux
24:25à New York
24:26je ne suis pas si sûre
24:28que ce soit
24:28sans le savoir
24:29parce qu'il aimait bien
24:31les gens sulfureux
24:32il m'a raconté
24:33un nombre d'histoires
24:34vous vous seriez régalé
24:36à l'avoir
24:36à votre micro
24:37après le tournage
24:38on prenait
24:40des verres
24:40avec l'équipe
24:41alors évidemment
24:42il y a souvent
24:43beaucoup d'hommes
24:44dans les équipes
24:45de tournage
24:46donc ils étaient tous
24:47fascinés
24:49par ce type
24:49qui était le parrain
24:50et puis
24:52ils nous racontaient
24:53comment
24:53en pleine gloire
24:55au moment de son divorce
24:56il était allé vivre
24:57dans la Playboy Mansion
24:58et un nombre
25:00d'anecdotes
25:01extraordinaires
25:02il se trouve que
25:03devenir réalisatrice
25:05bon d'abord
25:05vous n'avez pas fait
25:06d'école de cinéma
25:06on l'a dit
25:07et c'est venu instinctif
25:08vous avez appris
25:09sur le terrain
25:09je vais vous dire
25:10la vérité
25:10la première fois
25:11que j'étais sur un plateau
25:12de cinéma
25:13c'était le mien
25:13oui
25:14donc
25:15pour mon court-métrage
25:17mais après
25:18la deuxième fois
25:19aussi
25:19je pense que
25:20j'avais dû voir
25:21un ou deux tournages
25:22et
25:22à chaque fois
25:25je me dis
25:26qu'est-ce qui peut
25:26t'arriver de pire
25:27c'est pas comme
25:29si je faisais
25:29une opération
25:30à coeur ouvert
25:31donc je lis
25:32beaucoup
25:32je renseigne
25:34je fais tout ce que
25:35je peux
25:35pour essayer
25:36d'arriver prête
25:37et en fait
25:38autant maintenant
25:40je suis très
25:40technicienne
25:41et je connais
25:42je sais très bien
25:42de quoi je parle
25:43mais au tout début
25:44je me suis dit
25:45que l'important
25:47c'était de savoir
25:47ce que je voulais
25:48et que je pouvais le dire
25:48avec des mots simples
25:49à mes équipes
25:50et pas avoir peur
25:52de pas avoir
25:53le jargon exact
25:54ou de pas savoir
25:55comment ça se faisait
25:56que c'était pas grave
25:57qu'on avait le droit
25:57d'apprendre aussi
25:58donc je suis très reconnaissante
26:01à la personne
26:02qui m'a donné la chance
26:03de faire mon premier film
26:04qui était une femme
26:06qui s'appelle
26:06Brigitte Maccioni
26:07qui dirige encore
26:08UGC
26:08et qui a vu
26:10quelque chose en moi
26:11d'abord vous aviez écrit
26:13un scénario
26:13je crois avec Nidia Caron
26:14qui est l'adaptation
26:15d'une pièce de théâtre
26:16qui s'appelait
26:17Je vais te manquer
26:19Ah non alors ça
26:21il y a deux choses
26:22j'ai écrit une pièce
26:23avec Didier Caron
26:25j'ai adapté sa pièce
26:26et lui il l'a réalisé
26:28et je vais te manquer
26:29c'est un scénario
26:30que j'ai écrit toute seule
26:31et qui devait être
26:33pour quelqu'un d'autre
26:34qui devait être pour
26:35en fait on allait chercher
26:37un réalisateur
26:37et c'est au moment
26:38où on cherchait
26:39un réalisateur
26:40que Brigitte Maccioni
26:42me dit
26:42mais pourquoi
26:42tu le fais pas toi
26:43et je me suis dit
26:44bon bah ok
26:45il y avait Pierre Arditi
26:47et Carole Bouquet quand même
26:48et oui alors après
26:49j'ai réussi à avoir
26:50un casting de rêve
26:51Carole Bouquet
26:51Pierre Arditi
26:52Mélanie Thierry
26:53que j'ai ensuite embarqué
26:56avec moi
26:56Cécile Cassel
26:58Patrick Mill
26:58il y a beaucoup
26:59beaucoup de gens
26:59dans ce film
27:00et avant Oliande
27:01il y a eu quand même
27:02un film qui a très bien marché
27:03c'est Madame
27:04car ce film a été sélectionné
27:06dans plein de festivals
27:07et il vous a rapporté des prix
27:08c'était aussi un film étonnant
27:09puisque je crois
27:10que c'était
27:10dans un dîner
27:11ils sont très à table
27:14et puis il manque quelqu'un
27:15et on va utiliser
27:16la femme de ménage
27:18ou la cuisinière
27:19Oui la femme de ménage
27:20qui est incarnée
27:20par Rossi Despalmas
27:21pour faire la 14ème personne
27:23et ce soir là
27:24un des convives
27:25qui ne sait pas
27:25quelle est la femme de ménage
27:26tombe amoureux d'elle
27:27et donc c'est un peu
27:28une sorte de
27:29commentaire social acide
27:32voilà
27:32si un de vos copains
27:34tombe amoureux
27:34de votre femme de ménage
27:35comment vous réagiriez
27:37pas forcément
27:38sur l'écart
27:39social
27:41mais aussi parce que
27:41c'est quelqu'un
27:42qui a accès à votre intimité
27:43une femme de ménage
27:45elle voit un peu
27:45les dessous
27:48au sens propre
27:49comme figuré
27:50et c'était
27:52intéressant
27:54d'avoir une sorte
27:55de comédie sociale
27:56avec plusieurs degrés
27:57de lecture
27:57et puis très à table
27:59c'est une superstition
27:59vous savez d'où elle vient
28:00en fait
28:00c'était le dîner
28:02des apôtres
28:03exactement
28:04ils étaient douze
28:05et puis
28:06il y a eu l'arrivée
28:07de Judas
28:07il y a Judas
28:08qui a un peu semé
28:09la pagaille
28:10alors il se trouve
28:10que ce film
28:11a tellement marché
28:12que vous avez ensuite
28:14décidé de vous installer
28:15aux Etats-Unis
28:15c'est venu comme ça
28:16petit à petit
28:17les Etats-Unis
28:17je crois que c'est
28:18plutôt après
28:18le Bataclan
28:19pour être honnête
28:21j'ai fabriqué
28:22cette chance
28:23de faire un film
28:24en anglais
28:24pour pouvoir
28:25m'autoriser
28:26à partir vivre
28:27aux Etats-Unis
28:28j'avais une envie
28:29professionnelle
28:30mais
28:30c'était lié
28:31à
28:32des choses
28:34en France
28:34qui me faisaient
28:34un peu peur
28:35notamment sur
28:36la sécurité
28:37de mes enfants
28:37et sur
28:38leur avenir
28:39ici
28:39et donc
28:41c'est un petit
28:43mélange des deux
28:44c'est-à-dire que
28:44j'ai fait en sorte
28:46de pouvoir avoir
28:47une carte de visite
28:48en partant aux Etats-Unis
28:49et j'ai réalisé ce film
28:50en anglais
28:50et j'en reviens
28:52à Holy Land
28:52où ça a été quand même
28:53très compliqué
28:53parce que
28:54vous aviez choisi
28:55de faire
28:55trois pays différents
28:57et surtout que
28:57les lumières soient
28:58adaptées à chaque pays
28:59oui
29:00pour une débutante
29:02c'est quand même
29:03oser
29:04après j'ai eu de la chance
29:06de travailler avec
29:07des très bonnes équipes
29:08et Holy Land
29:08c'était déjà
29:08mon troisième film
29:09donc j'étais plus
29:10une débutante
29:11après trois longs métrages
29:12mais oui
29:14c'était ambitieux
29:15on va dire
29:15en plus il y avait
29:16cinq langues différentes
29:17sur le plateau
29:18donc comment on fait
29:20quand on doit diriger
29:21tout ça
29:21c'est pas simple
29:22c'est épuisant
29:23on a choisi l'anglais
29:25pour que tout le monde
29:27se mette d'accord
29:27mais évidemment
29:28il y a toujours
29:28des petits foyers
29:30de langues
29:31sur le côté
29:31j'avais de la chance
29:32j'arrivais à maîtriser
29:34la plupart des langues
29:35donc ça allait
29:35mais oui
29:37c'est vraiment
29:37un travail
29:38de chef d'orchestre
29:40chef d'orchestre
29:41aux Etats-Unis
29:42vous avez choisi
29:43de vous installer
29:43dans un quartier mythique
29:44de Los Angeles
29:45je crois
29:45je suis à Hollywood
29:47je suis juste
29:48à côté du Hollywood sign
29:49donc je m'en remets
29:51pas à chaque fois
29:51pourtant ça fait
29:52dix ans que j'habite là
29:53mais à chaque fois
29:53que je roule
29:54ou que je marche
29:56et que je vois
29:56ce signe de Hollywood
29:57je pense la même chose
29:59que quand
29:59un peu de langues
30:00un Américain
30:01vient vivre ici
30:01qui voit la tour Eiffel
30:02il y a quelque chose
30:03d'un peu mythique
30:05et ça a été compliqué
30:06quand même
30:07d'être là-bas
30:08parce qu'au début
30:08une Française
30:09qui arrive
30:09il y a des codes
30:10c'est pas simple
30:11Amanda Sters
30:11au-delà des codes
30:13je ne suis pas arrivée
30:14enfant
30:15où on se fait des amis
30:16en jouant au football
30:17ou dans la cour de récré
30:19comme ont pu le faire
30:20mes fils
30:22quand ils sont arrivés
30:22moi je n'avais pas
30:23de tissu social
30:24je n'avais pas encore
30:25de position
30:27je n'étais pas reçue
30:29par les producteurs
30:31il a fallu que je refasse
30:33tout ce travail
30:34que j'avais fait
30:34quand j'étais jeune fille
30:36avec un peu de
30:39plus d'humour
30:40parce que j'avais déjà
30:41vécu ça
30:42mais ça m'a obligée
30:44à une forme
30:46d'humilité
30:47retrouvée
30:48et de me dire
30:48ok on va voir
30:50si tu as mérité
30:52ton titre
30:52et tu vas le remettre
30:54en jeu
30:54il y avait ce truc
30:55de recommencer à zéro
30:57oui mais en même temps
30:58une petite Française
30:59qui arrive aux Etats-Unis
31:00les Américains se méfient
31:01on reste toujours
31:04les immigrés
31:06dans un autre pays
31:07en plus je n'ai pas
31:08un accent parfait
31:09j'ai quand même
31:10un petit accent français
31:11on entend que
31:11je ne suis pas américaine
31:13oui mais ça
31:13ça leur plaît toujours
31:14oui ça peut être charmant
31:15mais c'est charmant
31:17quand vous dînez
31:18et qu'on vous sert
31:19de la baguette
31:20c'est moins charmant
31:21quand on doit vous faire
31:21confiance sur un film
31:23il y a quand même
31:24ce rapport un peu étrange
31:26à l'idée que
31:27on n'est pas complètement
31:29de la partie
31:31est-ce qu'on va être
31:32capable de ça
31:33parce que ça
31:34en plus
31:35une femme
31:36c'est des métiers
31:39très misogynes
31:40il y a très peu
31:41de femmes
31:41à Hollywood
31:42en tout cas
31:43dans des sphères
31:44où on réalise
31:45des films
31:46de long métrage
31:47ça change un peu
31:48mais les chiffres
31:50persistent
31:51à dire que
31:51pas suffisamment
31:52donc oui
31:54il y avait
31:54beaucoup de choses
31:56qui étaient compliquées
31:57et en même temps
31:58j'avais déjà fait
31:58des films
31:59il fallait un peu
32:00forcer les portes
32:02il y a un français
32:03aussi scénariste
32:04comme vous
32:04qui est réalisateur
32:05qui a réussi à Los Angeles
32:06c'est Francis Weber
32:07il est arrivé
32:08et puis il est toujours là-bas
32:09très heureux
32:10loin de la France
32:11et lui aussi
32:12c'est un génie du scénario
32:13je sais pas si vous connaissez
32:15j'aimerais bien être comparé
32:16à Francis Weber
32:17pour moi
32:17c'est un génie
32:18du scénario
32:19je sais pas si
32:20je pense pas
32:21pouvoir me mettre
32:22sur un pied d'égalité
32:23j'ai encore beaucoup
32:23de travail
32:24mais c'est
32:25oui
32:26je l'ai rencontré
32:27plusieurs fois
32:28je l'ai rencontré
32:29très jeune
32:29avec quelqu'un
32:31qui lui dit
32:32je te présente
32:34Amanda
32:34elle est scénariste
32:35et j'avais encore
32:35rien fait
32:36et je me rappelle
32:37qu'il m'a dit
32:37vas-y pitch pitch pitch
32:39il fallait que je lui raconte
32:40une histoire
32:40en une minute
32:41avec une
32:42j'avais une forme
32:43de pression
32:44mais il est très
32:45très drôle
32:46dans la vie
32:47comme dans ses films
32:49il m'expliquait un jour
32:51que pour travailler
32:52il se mettait au travail
32:53le matin
32:53pendant une demi-heure
32:54il cherchait des idées
32:55et après il était
32:56tellement épuisé
32:57qu'il appelait le kinésie
32:58directement
32:58ah oui
32:59je sais qu'il fait
33:01beaucoup de sport
33:01mais je l'ai jamais vu
33:03à Los Angeles
33:04je crois peut-être
33:05une fois
33:05il faudrait que
33:06je l'appelle
33:08que je vois
33:08s'il veut bien
33:09aller déjeuner avec moi
33:11je crois qu'il sera très heureux
33:12parce que
33:13il est vraiment ouvert à tout
33:14alors vous avez créé aussi là-bas
33:16une société
33:16de lieu visuel
33:18c'est aussi très risqué
33:20pour une jeune femme
33:20qui arrive de Paris
33:21alors une société
33:22oui de production
33:23de films
33:24ce qui est risqué
33:27c'est surtout
33:27de ne pas prendre de risques
33:28aux Etats-Unis
33:29c'est-à-dire que c'est des gens
33:30qui célèbrent quand même
33:31cette envie
33:33et l'idée justement
33:35c'était de se dire
33:36qu'est-ce que je peux
33:37leur apporter
33:37et c'était probablement
33:39un pont
33:40entre l'Europe
33:41et les Etats-Unis
33:41on a beaucoup de choses
33:43aussi formidables
33:44dans notre cinéma
33:47moi je trouve que
33:48le cinéma français
33:49est assez remarquable
33:50et je pense
33:52qu'il y avait
33:53beaucoup de
33:55partenariats à trouver
33:56et c'est ce que j'ai essayé
33:57de faire
33:57et ça se parait plutôt bien
33:59il y a même eu
33:59je me souviens d'un téléfilm
34:01qui a fait un tabac en France
34:02qui était
34:03coup de foudre à Noël
34:04ah oui ça je l'ai écrit
34:06c'était vrai
34:08alors vraiment
34:09on est dans un cliché
34:10de comédie romantique
34:11à Noël
34:11mais j'adore ça
34:12donc je me suis fait plaisir
34:13et vous avez eu raison
34:14en tout cas pour nous
34:15c'est la fête à Sud Radio
34:16puisque vous êtes avec nous
34:17aujourd'hui
34:18entre deux voyages
34:19aux Etats-Unis
34:19et on va évoquer ce livre
34:21qui est sorti
34:21le 1er octobre 2025
34:23à tout de suite
34:24sur Sud Radio
34:24avec Amanda Sterz
34:26Sud Radio
34:27les clés d'une vie
34:28Jacques Pessy
34:29Sud Radio
34:30les clés d'une vie
34:31Amanda Sterz
34:32mon invité
34:32vous habitez aux Etats-Unis
34:34mais vous êtes aujourd'hui
34:34au micro de Sud Radio
34:35entre deux avions
34:37pour la sortie de ce livre
34:38le 1er octobre 2025
34:40un livre chez Grasset
34:41qui s'appelle C
34:42alors C
34:43on peut tout imaginer
34:44avec ce mot
34:45ça peut être
34:46les cons
34:46ou autre chose
34:47et c'est pas du tout ça
34:48C c'est un champignon
34:50qui est au coeur
34:50de votre histoire
34:51oui
34:52un jour un couple parisien
34:55découvre au plafond
34:56de leur appartement
34:57un champignon
34:58qui pousse
34:58sans qu'il y ait
34:59de raison apparente
35:00il n'y a pas de
35:01pas de fuite
35:02pas de moyen
35:03de l'éradiquer
35:04puisqu'à chaque fois
35:04qu'on l'enlève
35:05il repousse
35:06et voilà
35:07c'est ce champignon là
35:08donc traite
35:10le livre en partie
35:11et pourquoi ce champignon
35:13où vient cette idée ?
35:14ce champignon
35:15c'est un symbole
35:16un peu kafkaïen
35:17de cette France
35:19qui pourrit
35:20de ce monde
35:21qui va mal
35:22et qui se délite
35:23et donc ce couple
35:25est composé
35:27d'une femme
35:28d'origine
35:29juive
35:31une juive de gauche
35:33qui est éditrice
35:34un peu un télo
35:35mais qui au lendemain
35:36du 7 octobre
35:37ne se retrouve plus
35:38dans le parti
35:40pour lequel elle votait
35:41qui se referme
35:43un peu sur elle-même
35:44perd des amis
35:45parce que beaucoup
35:45de gens ne comprennent pas
35:46et ses peurs
35:48qui parfois sont irrationnelles
35:49et son engouement
35:51parfois pour Israël
35:54et en face
35:55son mari
35:57de longue date
35:58lui qui est catholique
36:00non pratiquant
36:01normand
36:02et un petit peu
36:03épuisé
36:04par les discussions
36:05permanentes
36:06de sa femme
36:07et de ses copains
36:08à ce sujet
36:10de cette guerre
36:12à Gaza
36:13il n'en peut plus
36:13et donc
36:15il rencontre une femme
36:17qui va devenir
36:18sa maîtresse
36:19et qui elle vote
36:20Rassemblement National
36:21donc non seulement
36:22il va tromper sa femme
36:23physiquement
36:24mais il va commencer
36:25à la tromper moralement
36:26et donc
36:27ce couple
36:29représente
36:30cette France
36:31polarisée
36:32en fait
36:32qui n'arrive plus
36:33à trouver de centre
36:35qui n'arrive plus
36:35à débattre
36:36qui n'arrive plus
36:36à comprendre
36:38à se comprendre
36:39l'un à l'autre
36:40et ce champignon
36:42représente
36:43ce mal-être
36:43qui peut entre eux
36:44Alors le point de départ
36:45effectivement du livre
36:46c'est le 7 octobre 2023
36:48qui a marqué
36:48le monde entier
36:49qui vous a marqué
36:50et qui est très important
36:52pour ce livre
36:53Oui parce qu'on sent bien
36:55qu'il y a un avant
36:57et après
36:58qu'il y a une sorte
36:59d'accélérateur
37:01de la haine
37:02et de choses
37:03qui étaient enfouies
37:04au lieu de susciter
37:07de la compassion
37:09dès le lendemain
37:11de ce massacre
37:12de civils
37:15en Israël
37:16il y avait
37:16des protections
37:18dans les lieux
37:19de culte juifs
37:19dans le monde entier
37:20parce que
37:21cette haine
37:22a appelé plus de haine
37:23encore
37:24ce qui est totalement improbable
37:25il n'y a aucun
37:26moment dans l'histoire
37:27en dehors
37:28quand ce sont des attaques
37:29contre des juifs
37:30qu'il n'y a pas
37:32d'émotion
37:32autour
37:33autour d'un attentat
37:35puisqu'il s'agit
37:35d'un attentat
37:36plus d'otages civils
37:38enlevés
37:39dans un pays
37:39et ça a
37:41à l'inverse
37:42créé
37:43une sorte
37:44de chaos
37:45social
37:47et surtout
37:48l'idée
37:48que dès le lendemain
37:49on devait prendre partie
37:50comme si on arbitrait
37:51un match de foot
37:52et que
37:53les choses étaient
37:54si simples
37:55qu'on pouvait
37:55résumer
37:56sur Instagram
37:57sa pensée
37:58en une image
38:01en un drapeau
38:02toute la nuance
38:04toute la profondeur
38:05tout ça a disparu
38:06au profit
38:07d'algorithmes
38:08qui nourrissaient
38:09les idées préconçues
38:11que chacun avait
38:11et moi
38:13en tant qu'être humain
38:14j'ai été
38:16terrifiée
38:17par tout ça
38:17par cette incapacité
38:19à pouvoir
38:19parler
38:20poser des mots
38:20sur les choses
38:21et comme écrivain
38:22je me suis dit
38:23qu'est-ce que je fais
38:24de cette situation
38:25et ça a donné
38:28naissance
38:31à quelque chose
38:31que je sais faire
38:34pour résister
38:35c'est-à-dire
38:35à durer
38:36c'est une satire sociale
38:37à un moment
38:39où a priori
38:40on peut tout faire s'offrir
38:41en même temps
38:43vous êtes à Los Angeles
38:44lorsque vous apprenez
38:45ce qui se passe
38:47le 7 octobre
38:48vous êtes très surprise
38:49parce que vous n'imaginez
38:50pas ça un seul instant
38:51personne ne pouvait
38:53vraiment imaginer ça
38:54mais j'ai toujours
38:54j'ai toujours su
38:56que c'était possible
38:57mais j'imaginais pas
38:58en fait ce que j'imaginais pas
39:01c'était
39:01c'est la suite
39:02des choses
39:03pas l'événement en soi
39:05même s'il est atroce
39:06c'est de se dire
39:07que cet événement-là
39:08comme je disais
39:09mène à plus
39:11de désolation encore
39:12et
39:13des prises de position
39:16extrêmement violentes
39:17extrêmement
39:18en fait clivantes
39:22à un moment
39:23où j'aurais souhaité
39:24que les gens
39:25se mettent à parler
39:26de paix
39:27de trouver un moyen
39:28d'apaiser
39:29cette situation
39:30au Proche-Orient
39:32non soudain
39:33ça a remis
39:34de l'huile sur le feu
39:34et puis dans ce côté
39:36satire social
39:37avec de l'humour
39:37Amanda Sterse
39:38il y a aussi
39:39vos colères
39:40en filigrane
39:40qui exposent
39:41parce que
39:42ces colères
39:43vous vous dites
39:43mais comment
39:44on n'arrive pas
39:44à trouver de solution
39:45à tout ça
39:45oui il y a quelque chose
39:47il y a quelque chose
39:48d'absurde
39:50parce que
39:52il y a un refus
39:54pour les gens
39:55de penser
39:55comme être humain
39:56et que tout le monde
39:58s'enferme
39:58dans sa posture
39:59et c'est un livre
40:02sur ces
40:03ces nationalismes
40:05qui sont même
40:06devenus
40:06encore plus petits
40:07on resserre
40:09à chaque fois
40:10nos identités
40:11chacun
40:12est enfermé
40:13dans une identité
40:13qui lui est propre
40:14et des sous-divisions
40:16d'identité
40:17que ce soit
40:18on parlait tout à l'heure
40:19de genre
40:20que ce soit le genre
40:21que ce soit
40:21les religions
40:22les nationalités
40:24les partis politiques
40:28et j'ai grandi
40:29dans une époque
40:30où on a tous lutté
40:33pour avoir
40:33ne plus avoir
40:35de couleur de peau
40:36ne plus avoir
40:36une religion
40:37ne plus être tous
40:38traités à égalité
40:39et l'effet inverse
40:42est arrivé
40:42ces dernières années
40:43et je trouve
40:44que c'est extrêmement
40:45dangereux
40:45puisqu'on n'est plus
40:47définis que par
40:48ce qu'on est censé
40:49représenter
40:49et ce qu'on est censé
40:50représenter
40:51est censé nous dire
40:52ce qu'on pense
40:53c'est-à-dire que
40:53les gens ont
40:54un présupposé
40:55de ce que vous
40:56pensez en fonction
40:58de ce à quoi
40:59vous ressemblez
40:59puis l'antisémitisme
41:01est présent
41:02il y a une scène
41:03dans le livre
41:04le prix Goncourt
41:05va être attribué
41:06et il n'est pas question
41:07de l'attribuer
41:07à une juive
41:08alors dans le livre
41:10si quand même
41:11mais il n'est pas question
41:12d'attribuer à une juive
41:13qui serait pro-Israël
41:15en fait celle qui est
41:16censée la voir
41:17à un moment dans le livre
41:17c'est une sorte de parodie
41:20d'un personnage existant
41:22aux Etats-Unis
41:23qui s'appelle
41:23Judith Butler
41:25et qui s'appelle
41:26Judith Servante
41:26dans mon livre
41:27et qui est une des personnes
41:28qui a créé
41:28le wokisme
41:29et qui
41:31et qui parle
41:32du pinkwashing
41:34en Israël
41:35et qui a inventé
41:36tout ça
41:37tout en étant
41:38fille de rabbin
41:39donc c'est assez
41:40marrant
41:41c'est
41:41c'est-à-dire que
41:43c'est toujours plus
41:43absurde dans la vie
41:44que tout ce qu'on peut
41:45bien vouloir imaginer
41:46et justement
41:47on est atteint
41:49de tels niveaux
41:50de fantaisie
41:52et d'absurdité
41:53dans l'actualité
41:54elle-même
41:54que ce champignon
41:56était nécessaire
41:57puisqu'il fallait
41:58rajouter un degré
41:59à l'étrangeté
42:00tellement
42:01c'est
42:02si on arrive
42:04à apprendre les choses
42:05avec du recul
42:06et du second degré
42:06il n'y a presque
42:07rien à faire
42:08ça s'écrit tout seul
42:09exactement
42:09non mais c'est vrai
42:10quand on regarde
42:11la télévision aujourd'hui
42:12les débats
42:12c'est des feuilletons
42:13permanents
42:14mais surtout
42:15ce qui est étonnant
42:15c'est que
42:16vous avez actualisé
42:17ce livre en permanence
42:18que vous ne pensiez pas
42:19au début
42:19Amanda Sters
42:20c'est-à-dire que
42:21le livre se déroule
42:24grosso modo
42:26entre
42:26on parlait du 7 octobre
42:28mais ça arrive
42:29un peu plus tard
42:30le 7 octobre
42:31est déjà arrivé
42:32on est un peu
42:32avant les européennes
42:34entre les européennes
42:35et les législatives
42:36inattendues
42:38donc oui
42:39quand je commence à écrire
42:39je crie
42:40à les européennes
42:41je ne m'attends pas
42:42à ce que les législatives
42:43arrivent
42:43donc merci
42:45Emmanuel Macron
42:45de m'avoir donné
42:47plus de travail
42:48et plus de rire
42:49mais voilà
42:50je suis dans
42:51cette dynamique
42:53où j'utilise
42:54l'actualité immédiate
42:55c'est quelque chose
42:56qui est rarement fait
42:57en littérature
42:58en France
42:58c'est-à-dire
42:59c'est assez anglo-saxon
43:00et il y a un mélange
43:02entre mes personnages
43:04inventés
43:05les personnages existants
43:07parce que dedans
43:08il y a le nom
43:08de vraies personnalités
43:10tout ce qui se passe
43:11autour est réel
43:12je les implante
43:13dans un monde réel
43:14et ils réagissent
43:16à des choses
43:16qui arrivent réellement
43:17donc c'était assez excitant
43:20chaque jour
43:21l'actualité
43:22va influer
43:24sur les personnages
43:25que j'ai inventés
43:26je savais
43:27où j'allais
43:27vous emmener
43:28mais je ne savais pas
43:29exactement comment
43:30l'actualité
43:31vous l'avez fait
43:31ça ne vous empêche pas
43:33Amanda Sterz
43:33de parler du passé
43:34puisque vous évoquez
43:35les Jeux Olympiques
43:36de 1936 à Berlin
43:37malheureusement
43:39il y a des échos
43:40dans l'histoire
43:41et l'histoire
43:42qui se répète
43:43et donc
43:44je trouvais ça
43:45dans cette période
43:47qui me semble
43:48pré-apocalyptique
43:51et alors qu'on était
43:52en train de traverser
43:53les Jeux Olympiques
43:53justement
43:54puisqu'on était
43:55entre ces européennes
43:56et législatives
43:57j'ai rappelé
43:59quelques faits historiques
44:00et en plus
44:02on sait maintenant
44:02que ces Jeux Olympiques
44:03de 1936
44:04n'auraient jamais dû
44:04exister à Berlin
44:05il y a beaucoup de pays
44:06qui ont essayé
44:07de le boycotter
44:07ils ont préparé
44:09des contre-gées olympiques
44:10en Espagne
44:11mais il y a eu
44:12la guerre d'Espagne
44:12et donc
44:13j'avais pu avoir lieu
44:13sinon Berlin
44:15n'aurait jamais existé
44:16en 1936
44:16et vous faites rimer aussi
44:18humour avec amour
44:19car pour vous
44:20la solution
44:21Amanda Sterz
44:21c'est l'amour
44:22ça a l'air d'être
44:25un peu nunu
44:25je dis comme ça
44:26mais en tout cas
44:27oui
44:27l'amour au sens
44:28christique du terme
44:29on va dire
44:30pour ne pas dire
44:31judéo-chrétien du terme
44:33mais oui
44:33en tout cas
44:34l'amour filial
44:35fraternel
44:36et puis comprendre l'autre
44:37pour moi
44:38l'amour c'est
44:39comprendre l'autre
44:40c'est dire
44:40qu'on n'est pas tous pareil
44:42on ne sera jamais tous pareil
44:43on ne pense pas tous pareil
44:45mais comment on fait
44:46pour vivre
44:47avec ces façons
44:48de penser différentes
44:49et l'amour
44:50est tellement important
44:51aux Etats-Unis
44:52que j'ai retrouvé
44:53une chanson
44:54de 1935
44:55qui a été un succès
44:56aux Etats-Unis
44:57une chanson française
44:58ce qu'on a oublié
45:05c'est que
45:05cette chanson
45:06de Lucienne Boyer
45:07elle était tellement célèbre
45:08aux Etats-Unis
45:08que Lucienne Boyer
45:09a descendu
45:09la cinquième avenue
45:11entourée de milliers
45:12de fans
45:13comme un président
45:14des Etats-Unis
45:15c'est dire
45:15si l'amour était important
45:16déjà aux Etats-Unis
45:17l'amour sous toutes ses formes
45:19je connaissais la version
45:20de cette chanson
45:20que Patrick Bruel
45:21a reprise
45:22mais je ne savais pas
45:24que ça avait été
45:24un succès
45:25à ce point-là
45:25il se trouve
45:28qu'en même temps
45:29derrière votre récit
45:30vous cherchez
45:30à comprendre
45:31les motivations
45:31de chacun
45:33Mandasterz
45:34évidemment
45:36pour construire
45:39ce récit
45:39il fallait
45:40que j'aime
45:42mes personnages
45:43même ceux
45:43qui pensent
45:44complètement
45:44différemment de moi
45:46surtout eux
45:46d'ailleurs
45:47je pense
45:47et donc
45:49je ne me moque
45:50de personne
45:50il y a même
45:51les personnages
45:52qui votent
45:53aux antipodes
45:54de ce que je peux penser
45:55j'essaye de comprendre
45:57pourquoi ils en arrivent là
45:58donc ça veut dire
45:59leur motivation
46:00leur colère
46:01leur peur
46:01et dans ce travail
46:03d'empathie
46:04dont on parlait
46:05je déroule
46:08leurs pensées
46:09et j'arrive à faire ça
46:10avec des personnages
46:11qui sont contradictoires
46:12entre eux
46:13pour essayer de me dire
46:14est-ce qu'il n'y a pas
46:16quelque chose
46:17à apprendre
46:17ou à comprendre
46:18de chacun d'entre nous
46:19parce qu'aujourd'hui
46:21ce qui manque
46:22c'est dans un débat politique
46:24entendre quelqu'un
46:25qui dirait
46:25vous avez raison
46:26sur ça
46:27mais peut-être que
46:28en fait
46:28c'est parti
46:30complètement
46:30on est
46:31tellement clivant
46:32aujourd'hui
46:33être modéré
46:36c'est disruptif
46:38je me rends compte
46:39que
46:40et je vois même
46:41dans les invitations
46:42que je reçois
46:43ou pas
46:43à la télévision
46:45c'est compliqué
46:47de ne pas pouvoir
46:47mettre quelqu'un
46:48dans une case
46:49de façon assez claire
46:51en disant
46:51cette personne
46:52va être aimée
46:52par un tel
46:53et haïe par les autres
46:54et je ne pense pas
46:56représenter ça
46:57et donc c'est compliqué
46:58où est-ce qu'on me met
46:59puisque je trouve
47:00des bémols partout
47:01puisque je me moque
47:02de tout le monde
47:02et que j'essaye
47:04de comprendre
47:04tout le monde aussi
47:05c'est complexe
47:07aujourd'hui
47:07d'avoir ce discours
47:08modéré
47:09oui
47:10en même temps
47:10c'est bien d'être ailleurs
47:11parce qu'au moins
47:12vous êtes tranquille
47:12il n'y a personne
47:13oui
47:13il y a aussi un déclic
47:15dans ce livre
47:16c'est que
47:16votre meilleur ami
47:18était musulmane
47:19qui a eu une discussion
47:20entre vous
47:21après ce 7 octobre
47:22elle l'est toujours
47:23d'ailleurs
47:23Taouz
47:25ma meilleure amie
47:26elle est d'origine
47:28algérienne
47:29musulmane
47:30elle vit en France
47:31et oui
47:32post-7 octobre
47:33il y a des choses
47:34sur lesquelles
47:34on était en désaccord
47:35et son premier réflexe
47:37pour épargner notre amitié
47:38ça a été de dire
47:39mais n'en parlons pas
47:40comme ça
47:41on est sûr
47:41de ne pas se fâcher
47:42et moi j'ai au contraire
47:43dit mais non
47:44parlons-en
47:45parce que
47:45si nous on n'arrive pas
47:46à se parler
47:47personne ne pourra
47:48se mettre d'accord
47:49et elle m'a ouvert les yeux
47:52sur certaines choses
47:53et inversement
47:53je pense que
47:54il y a un chemin à faire
47:56pour essayer de se comprendre
47:57c'est la première chose
47:58c'est pas toujours simple
47:59on n'est pas d'accord sur tout
48:01et c'est pas ça
48:02d'ailleurs
48:03l'amitié
48:03c'est respecter
48:04qu'on soit pas d'accord sur tout
48:06la seule chose
48:07qui doit nous unir
48:08c'est en tout cas
48:08des valeurs morales communes
48:09et une idée
48:10commune du bien
48:12et après
48:14ça fait partie
48:16je pense
48:16de l'intelligence
48:17d'être capable
48:17d'écouter
48:19quelqu'un d'autre
48:19les critiques
48:20que j'ai lues
48:21disent que ce livre
48:22est un acte de courage
48:23d'Amanda Sterse
48:24ce qui est fou
48:26c'est-à-dire que
48:27c'est être courageux
48:28aujourd'hui
48:28de pouvoir
48:30ouvrir
48:32son coeur
48:33à plein de façons
48:34de penser
48:34là où c'est un acte
48:36de courage
48:36c'est parce que
48:37c'est un coup de pied
48:38dans la fourmilière
48:39je pense
48:39c'est assez corrosif
48:41et que je me moque
48:42de tout
48:42et de tout le monde
48:43et qu'on est dans
48:44une période
48:45très très rapide
48:47post-7 octobre
48:48juste après
48:49des événements
48:49qui sont graves
48:50entre guillemets
48:51donc mettre
48:52de la légèreté
48:55en tout cas
48:55de l'humour
48:55plus que de la légèreté
48:56dans de la gravité
48:57c'est assez inattendu
48:59même quand
49:00Benigny l'a fait
49:0140 ans après
49:0350 ans après
49:03on lui a un peu
49:04reproché
49:05sur la vie est belle
49:06donc là
49:07c'est vraiment
49:07on est dans
49:07l'immédiat
49:08l'immédiateté
49:10le récit
49:13suit
49:13presque
49:14l'actualité
49:16donc c'est
49:17assez inattendu
49:18et en même temps
49:19je pense que
49:20c'est la chose
49:21la plus juive
49:22de mon livre
49:23puisqu'on parle
49:25de ça
49:25c'est vraiment
49:26cet humour
49:26qui est un humour
49:28de survie
49:28exactement
49:29vous moquez de tout
49:30mais pas du lecteur
49:31parce que je pense
49:32qu'il appréciera
49:33ce livre
49:33chez Grasset
49:35qui est un événement
49:37parce qu'il n'y a pas
49:37beaucoup de livres
49:38comme ceci
49:38et merci
49:39évidemment de Serre
49:40de l'avoir écrit
49:40merci Jacques
49:41et puis à bientôt
49:42pour d'autres livres
49:42j'en suis sûre
49:43j'espère
49:44les clés d'une vie
49:45c'est terminé
49:45pour aujourd'hui
49:46on se retrouve bientôt
49:47restez fidèles
49:48à l'écoute de Sud Radio
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