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  • il y a 2 jours
Les clefs d'une vie - Gilles Laporte

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-12-01##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Vos parents étaient ouvriers dans le textile,
00:08mais vous avez choisi de tisser votre propre toile
00:11en tirant les fils de moments de l'histoire
00:13pour les transformer en romans.
00:15Défendre votre région, les Vauzes,
00:18ne vous a pas empêché de devenir un écrivain national.
00:20Bonjour Gilles Laporte.
00:21Bonjour cher Jacques.
00:23Alors, il y a ce nouveau roman, Le Rouet de Jeanne,
00:25qui paraît chez Terre de France, on va en parler tout à l'heure.
00:28Mais vous êtes un écrivain très particulier,
00:30avec un parcours très particulier,
00:32et qu'on va évoquer dans les clés d'une vie,
00:34puisque c'est le principe de l'émission,
00:36évoquer le parcours à travers des dates clés,
00:37vous connaissez l'émission.
00:39Alors, la première que j'ai trouvée,
00:41elle ne se rapporte pas à vous, je vous rassure,
00:44le 16 janvier 1605.
00:47C'est le jour où est paru le premier tome de Don Quichotte,
00:50de Cervantes, et je crois que ça a de l'importance dans votre parcours.
00:53Une importance considérable,
00:55parce que dans ma famille d'ouvriers d'une textile,
00:58vous le rappeliez, cher Jacques,
01:01il n'y avait pas de livre, pas de livre, pas de disque.
01:03J'étais complètement isolé dans un monde
01:04complètement coupé de la culture
01:07et de l'accès à la connaissance.
01:09Et puis, je suis arrivé à l'école primaire,
01:11et là, j'ai eu une maîtresse d'école,
01:12comme on disait encore autrefois,
01:14j'aime beaucoup cette expression,
01:15je préfère celle-là, professeur des écoles
01:17et tout ce qu'on a pu inventer depuis.
01:19Ma première maîtresse d'école,
01:20qui s'appelait Madame Jungan,
01:22j'aime rappeler son nom,
01:23parce que là, pour moi, c'est lui rendre hommage,
01:25et toujours un vrai plaisir,
01:26qui m'a si bien fait aimer la langue française,
01:31que j'ai décroché le prix de lecture
01:32au cours élémentaire première année.
01:34J'avais six ans, six ans et demi,
01:36et j'ai reçu pour prix de lecture,
01:37ça ferait dresser les cheveux sur la tête,
01:39à bien des bibliothécaires,
01:41libraires et je ne sais qui,
01:42spécialistes de la chaîne du livre,
01:44qui diraient, mais ce n'est pas possible.
01:45Si, j'ai reçu à cet âge-là,
01:47le Don Quichotte de Cervantes,
01:48que j'ai lu et relu,
01:50des dizaines, des centaines de fois,
01:51que je relis encore de temps en temps,
01:53en y trouvant à chaque fois quelque chose de différent.
01:55Oui, je crois que c'est l'un des trois livres
01:57les plus dans le monde,
01:58il y a cinq ans de traduction,
02:00et il y a eu un plagiat,
02:01avec une seconde partie écrite
02:02par un certain Alfonso Fernandez,
02:05sous un pseudonyme,
02:06on n'a jamais su,
02:07qui était l'auteur de ce faux Don Quichotte.
02:09Oui, oui.
02:10Alors, il se trouve que ce livre est important,
02:13mais vous n'êtes pas le seul,
02:15Gilles Laporte,
02:16qui a été marqué par Don Quichotte.
02:26Et c'est vrai que quand il a vu Don Quichotte à Broadway,
02:29Jacques Vray,
02:29il a voulu acheter des droits,
02:30et les producteurs ont dit,
02:31ok, à condition que vous jouiez le spectacle,
02:34ce qu'il ne voulait pas faire au début.
02:35Et c'est vrai que ça a marqué une époque.
02:38Alors, vous êtes né loin de l'Espagne,
02:40c'est-à-dire que Igné,
02:41c'est un village de la vallée de la Moselle.
02:43Oui, à mi-chemin entre Epinal et Charme,
02:45Charme qui est la patrie de Maurice Barès,
02:48donc entre Epinal et Nancy,
02:49dans la vallée de la Moselle,
02:51et là où s'était développé
02:53l'empire textile Boussac.
02:54Je suis un enfant Boussac.
02:56Oui, car Marcel Boussac,
02:57il ne faut pas l'oublier,
02:57a créé un empire textile.
02:59Et il a commencé en 1919
03:02en achetant à bas prix
03:04des tissus dont il a fait le pyjama.
03:07Il a inventé le pyjama
03:08qu'il a vendu dans des boutiques
03:09qui s'appelait la toile d'avion, je crois.
03:11C'est ça, la toile d'avion.
03:12Il en a fait des chemises,
03:13il en a fait des pyjamas.
03:14Voilà.
03:14Et il se trouve que vos parents
03:15travaillaient dans son usine.
03:17Ils étaient ouvriers de filature
03:18dans ces usines-là.
03:20Mais oncle, tente, cousin, cousine,
03:22grand-père, grand-mère,
03:23tout le monde travaillait
03:24dans ces usines de Boussac.
03:25Oui, parce qu'on n'imagine pas
03:26aujourd'hui ce que c'était.
03:27Il y avait 600 salariés.
03:28Ah oui.
03:29C'était énorme.
03:30C'était énorme.
03:31Et il se trouve que vous êtes né
03:32dans la maison paternelle.
03:34Je suis né dans la maison paternelle
03:35et j'habite toujours,
03:36non pas dans la maison paternelle,
03:37mais à vol d'oiseau,
03:38à 500 mètres de la maison paternelle.
03:40Et une autre femme à compter
03:41dans votre vie,
03:42Gilles Laporte,
03:42à cette époque-là,
03:43c'est votre grand-mère
03:44qui avait une bibliothèque cachée.
03:46Ah oui.
03:47Voulez-vous que je vous raconte
03:48une anecdote ?
03:48Oui, bien sûr.
03:50Ma grand-mère est morte en 1959,
03:52j'avais 14 ans,
03:54et j'avais jamais eu accès
03:57à quoi que ce soit
03:58de culturel chez elle.
03:59Alors, elle n'était pas ouvrière textile,
04:01elle était éclusière
04:02sur le canal de l'Est.
04:04Et évidemment,
04:05comme partout ailleurs,
04:06les livres étaient interdits chez elle.
04:08Donc, quand j'étais confié
04:08à la garde de ma grand-mère,
04:09elle me confiait
04:10pour m'aider à passer le temps
04:12le fameux catalogue
04:13de la Manufacture des armes
04:14et cycles de Saint-Étienne,
04:16le volumineux catalogue
04:17de la Manu.
04:18Et j'ai découvert
04:19le monde entier
04:20dans ce catalogue.
04:21Et puis un jour,
04:21quand elle est morte,
04:22maison que l'on décidait
04:23de vendre la maison.
04:24Donc, ils l'ont ouverte
04:25à tout vent
04:25pour en faire l'inventaire.
04:27Et j'ai profité
04:27de cette ouverture
04:28pour inspecter cette maison
04:30que je ne connaissais pas complètement.
04:32Et dans une petite pièce,
04:33je suis tombé
04:33sur une petite armoire
04:35que j'ai ouverte
04:35et je suis tombé
04:36devant la bibliothèque secrète
04:39de ma grand-mère.
04:41J'étais en train
04:42de découvrir les livres
04:42qu'elle avait recouverts
04:43de papier craft,
04:44dont elle avait repéré
04:46le nom de l'auteur
04:47et le titre
04:48d'une belle écriture violette,
04:51comme on le faisait
04:52à l'école autrefois.
04:53Quand j'ai repris
04:53un violent coup de pied
04:54au derrière,
04:55un oncle est arrivé
04:55et m'a dit
04:56« Tu n'as rien à faire ici,
04:56tu dégages,
04:57tu vas voir dehors
04:57si j'y suis. »
04:58Je suis allé voir dehors,
04:59il n'était pas évidemment.
05:01Et le soir même,
05:01je voyais cet oncle
05:02charger dans une brouette
05:05les livres de ma grand-mère,
05:07mener cette brouette
05:07dans le verger.
05:08C'était un soir d'octobre,
05:09la nuit tombait,
05:10c'était,
05:10je n'oublierai jamais
05:11ces images,
05:12les vider sous un mirabellier,
05:14les arroser des sens
05:15et y mettre le feu.
05:17Et j'ai hurlé à mon oncle
05:18parce que je n'osais pas
05:19m'approcher.
05:20J'ai hurlé à mon oncle
05:21« Ce n'est pas bien
05:21ce que tu fais.
05:23Un jour,
05:23j'écrirai des livres
05:24pour remplacer tout cela. »
05:25Et c'est ce que vous avez fait.
05:27Et Gilles Laporte,
05:27vous avez aussi été marqué
05:29par des vacances,
05:30en colonie de vacances
05:30à Dinard, je crois.
05:31Ah oui,
05:32quels souvenirs.
05:33C'était les fameuses
05:34colonies de vacances
05:35organisées par l'Empire Boussac
05:37qui louaient tous les sites
05:39les plus beaux,
05:40les plus prestigieux de France
05:42pour y envoyer
05:42les enfants de son personnel.
05:43Et j'allais en vacances
05:45au château de Port-Breton
05:46à Dinard,
05:47qui était face à la ville
05:48du Priory,
05:49face à Saint-Malo.
05:50C'était extraordinaire,
05:50c'était magique.
05:51Et en même temps,
05:52on a oublié,
05:53mais Marcel Boussac
05:53était dans les années 50
05:55propriétaire du journal
05:56L'Aurore de Paris-Torff
05:57et c'était l'homme
05:57le plus riche de France.
05:58Oui, oui, bien sûr.
06:00Bien sûr.
06:01Mais qui mettait sa richesse
06:03à disposition
06:03de tout son personnel ouvrier.
06:05Et il avait raison.
06:07Alors, il y a ensuite
06:07un moment où vous vous êtes
06:08trouvé une seconde famille,
06:09je crois, Gilles Laporte,
06:11en vous retrouvant
06:12au collège de Thaon-les-Vosges,
06:14la ville natale
06:14de Marcel Boussac.
06:16Oui.
06:16Ce n'est pas la ville natale
06:18de Marcel Boussac,
06:19mais c'est une ville
06:20dans laquelle il a vraiment
06:21creusé un...
06:24La ville natale professionnelle.
06:26Professionnelle,
06:27exactement.
06:27Oui, c'est ça.
06:28Donc, il s'est développé.
06:31Je suis allé au collège
06:32de cette ville,
06:33collège,
06:34dans laquelle j'ai eu affaire
06:35à des professeurs,
06:36là encore une équipe
06:37pédagogique extraordinaire,
06:38des professeurs
06:38qui ont poursuivi
06:40le travail fait
06:41par ma première maîtresse
06:42d'école
06:42et qui m'ont mené
06:43là où je suis aujourd'hui.
06:44C'est grâce à eux.
06:45Mais c'est assez exceptionnel
06:46parce que quand on voit
06:47l'enseignement aujourd'hui,
06:48c'était une autre époque,
06:49Gilles Laporte.
06:50C'était une autre époque.
06:51On avait une autre relation
06:52avec le personnel enseignant.
06:54On avait une autre ouverture,
06:55un autre regard sur le monde
06:56qui était alimenté
06:58par les grands classiques.
06:59Aujourd'hui,
07:00ils sont un peu oubliés quand même.
07:01Oui, je crois.
07:01Alors, il y a le certificat d'études,
07:03il y a le brevet,
07:04ce qui à l'époque
07:04n'est pas si courant
07:05de l'obtenir,
07:06Gilles Laporte.
07:07Non, c'était un véritable examen.
07:08C'était une sorte
07:10de rite initiatique aussi,
07:11comme le certificat d'études
07:13et puis un peu plus tard,
07:14le bac, oui.
07:15Et je crois que vos parents,
07:16pour vous récompenser
07:17de ce brevet,
07:20vous ont offert une mobilette,
07:21ce qui était très cher à l'époque.
07:23C'était très cher,
07:24la fameuse mobilette bleue,
07:25oui,
07:25avec laquelle j'ai exploré ensuite.
07:28Là, il faut que j'ai fait
07:29un tour de France à mobilette.
07:30Et la mobilette, en fait,
07:31elle est née en 1949.
07:32C'est un directeur technique
07:35de moto-bécane
07:36et son oncle,
07:37qui dirigeait la maison,
07:39qui ont imaginé
07:40ce qui est devenu
07:41le moyen de transport
07:41le plus courant
07:42avec le Solex à l'époque.
07:43Ah oui, oui.
07:45Alors, il se trouve
07:45que vous gagnez déjà
07:46votre vie à l'époque
07:47parce que vous allez à l'école,
07:49mais en même temps,
07:50vous allez gagner votre vie
07:52pour poursuivre vos études
07:53où vous êtes ouvrier esclave,
07:54entre autres.
07:56Oui, en quelque sorte.
07:57Je suis quelquefois
07:59livreur de caisses de bières.
08:01Je n'étais pas chauffeur-livreur,
08:02je n'avais pas le permis poids lourd,
08:04mais le chauffeur s'arrêtait
08:05devant le bistrot
08:06et je déchargeais
08:06les caisses de bières
08:07et de vin.
08:08Ou alors,
08:08quand je ne travaillais pas là,
08:09je travaillais dans une conserverie.
08:11Une conserverie
08:11et c'était quasiment là
08:12que j'allais toujours,
08:14qui me ramassait au village
08:16sur la place principale
08:17dans un camion,
08:19le matin à 3h, 4h.
08:20J'allais y passer la journée,
08:22je rentrais au village le soir,
08:23alors avec des vêtements
08:24qui étaient durcis
08:25par le sucre des confitures.
08:27Mais c'était une conserverie,
08:28confiturerie,
08:29et j'y ai travaillé
08:30pendant tous mes congés scolaires.
08:31Oui, parce que ça vous permettait
08:32justement de payer vos études ensuite,
08:34ce que vos parents
08:34ne pouvaient pas faire.
08:35Bien sûr, bien sûr.
08:36Et puis vous avez aussi été chasseur
08:38dans un grand hôtel
08:39à Contrexville,
08:40l'hôtel des Sources, je crois.
08:41L'hôtel des Sources,
08:42où j'ai pu fréquenter
08:43des personnalités remarquables
08:45dont je portais les bagages
08:48et dont je servais,
08:50j'apportais les journaux
08:51en chambre.
08:51Enfin, c'était des expériences
08:54très, très enrichissantes,
08:55celle-là.
08:56L'hôtel des Sources
08:57était très, très, très important
08:58pour moi.
08:58Oui, parce qu'on n'imagine pas
09:00un lieu comme ça aujourd'hui.
09:01On venait avec des mâles
09:02passer plusieurs semaines
09:04pour suivre une cure.
09:05Bien sûr, bien sûr.
09:07Contrexville,
09:08tout le monde connaît l'eau,
09:09mais en même temps,
09:09on ne sait pas que la source
09:11a été découverte
09:12par le docteur Agargue,
09:13qui était le premier médecin
09:14du roi Louis XV.
09:16Oui.
09:17Oui, elle avait des racines
09:18gallo-romaines.
09:18Oui, exactement.
09:19Mais elle a été, oui, évidemment,
09:21mise en valeur et relancée,
09:23en tout cas lancée même peut-être,
09:24par ce médecin.
09:25Donc, si vous poursuivez
09:26vos études,
09:27c'est que vous avez décidé,
09:28Gilles Laporte,
09:29de ne pas avoir
09:29l'avis de vos parents.
09:31Vous voulez travailler ailleurs
09:32que dans les filatures familiales.
09:35J'avais envie de découvrir
09:36le monde par les livres,
09:38par tout ce que l'enseignement
09:40pouvait m'offrir
09:41et ne pas m'enfermer
09:42dans une usine.
09:43Et donc, vous vous retrouvez
09:44à la faculté de Nancy,
09:45là aussi,
09:46parce que vous avez
09:46beaucoup travaillé avant
09:47pour vous payer vos études.
09:48Oui, oui.
09:49Et là, vous allez découvrir
09:50les lettres de la philosophie.
09:52Et avec un maître
09:52absolument extraordinaire
09:53dont j'aime là aussi
09:54répéter le nom,
09:55il s'appelait Raymond Rieur,
09:56un des plus beaux esprits
09:58du XXe siècle,
09:59oublié aujourd'hui,
09:59mais qui est en train
10:00de refaire surface.
10:02On est en train
10:02de le redécouvrir.
10:03Et d'ailleurs,
10:04je crois que son oeuvre
10:05évoque la physique quantique,
10:07la biologie,
10:07la psychologie.
10:08Tout à fait.
10:09Et ce sont vraiment
10:10des gens qui vous ont formé,
10:11qui vous ont donné
10:12envie d'écrire.
10:13Ah oui, bien sûr.
10:14Raymond Rieur,
10:14la curiosité
10:15qu'il a instillée en moi
10:16est toujours très vive.
10:17Et puis, il y a eu
10:18mai 68 à Nancy.
10:19Ça, ça a été un autre souvenir,
10:21Gilles Laporte.
10:21Un autre souvenir.
10:22C'était pas Paris,
10:22mais c'était pas loin.
10:23Non, non, c'était pas loin.
10:25Et la place Léopold
10:27était tout aussi animée,
10:28certainement,
10:29que les Champs-Élysées
10:29à Paris,
10:30ou que le boulevard Saint-Michel,
10:31le boulevard Saint-Germain.
10:32Il y avait des barricades aussi.
10:34J'y ai participé
10:36parce que je contestais
10:37à cette époque-là
10:38la naissance
10:39de la société de consommation,
10:41dite de consommation.
10:42Et puis,
10:42vous avez croisé
10:43quelqu'un
10:44qui quittait la France,
10:45qui était expulsé
10:46vers l'Allemagne.
10:49C'est Daniel Cohn-Bendit.
10:50Oui,
10:50j'y ai croisé,
10:51Daniel Cohn-Bendit
10:52et quelques autres.
10:53Daniel Cohn-Bendit,
10:54à l'ingesma aussi,
10:55entre autres.
10:55Qui étaient, eux,
10:56complètement à la main,
10:57enfin,
10:58qui quittaient la France.
10:59Ah bah oui, oui,
11:00là,
11:00ils étaient vraiment
11:01dans la contestation totale
11:02et absolue et radicale.
11:03Voilà.
11:03Et ça vous amusait ?
11:05Ça vous surprenait ?
11:06J'avais l'impression
11:07de vivre un moment important
11:09de convulsion sociale
11:10et qui laisserait des traces.
11:12Et je ne me suis pas trompé,
11:14les traces sont encore vives.
11:15Un autre moment fort
11:16aussi de votre parcours,
11:18on va l'évoquer
11:18à travers la date
11:19du 25 avril 1973.
11:21A tout de suite
11:22sur Sud Radio
11:23avec Gilles Laporte.
11:25Sud Radio,
11:26les clés d'une vie,
11:27Jacques Pessis.
11:28Sud Radio,
11:28les clés d'une vie,
11:29mon invité Gilles Laporte.
11:31Nous parlerons tout à l'heure
11:32de votre nouveau roman
11:33Le Rouet de Jeanne
11:33aux éditions Terre de France.
11:35On évoque votre parcours
11:37un peu trop méconnu
11:38qui a commencé
11:38dans les Vosges,
11:40dans la filature
11:41tenue par Marcel Boussac
11:42où vos parents travaillaient.
11:44Puis vous avez fait
11:44vos études.
11:45Et puis,
11:46le 25 avril 1973,
11:48c'est votre première télévision.
11:49Écoutez.
11:50La mer
11:50au champ du monde
11:53à l'étiage
11:56perdait.
11:56poésie et musique
11:57en Lorraine.
11:59Et on vous voit
11:59avec la compagnie
12:00de la guitare
12:01dire un poème.
12:03Vous vous en souvenez
12:04de cette télévision ?
12:04Ah oui,
12:05quelle émotion,
12:05je n'avais jamais réentendu ça.
12:07Merci, cher Jacques.
12:08Là, ça me touche
12:09vraiment profondément.
12:11C'est-à-dire que
12:11c'est vraiment,
12:12c'est de la poésie
12:13en direct à la télévision
12:14avec une simple guitare,
12:15ce qui était tout à fait
12:16inattendu à l'époque.
12:17Et ça passe dans
12:18Lorraine Soir
12:19et vous évoquez
12:20les spectacles musicaux
12:21et poétiques
12:22que vous donnez
12:23dans la région,
12:23en particulier
12:24dans les églises.
12:25Oui, on a tourné
12:26un peu partout.
12:27J'avais une petite équipe,
12:28un guitariste
12:29qui m'accompagnait,
12:30un violoniste aussi
12:32et on tournait partout.
12:35On voulait bien
12:35nous accueillir.
12:36Les églises faisaient partie
12:37de ces lieux d'accueil.
12:39Comment vous êtes passé
12:40de la fac de Nancy
12:40aux églises
12:42pour dire de la poésie ?
12:44J'ai toujours été passionné
12:45par la poésie
12:45et j'en ai toujours écrit.
12:47Et j'ai toujours eu l'impression
12:50que la poésie
12:50était destinée
12:51à pénétrer le corps
12:53par l'oreille,
12:54et elle pénètre directement,
12:58elle atteint directement
12:59l'esprit par l'oreille.
13:01Donc il fallait la dire
13:01et la dire en musique
13:03si possible.
13:04Oui, mais ce n'était pas évident.
13:05On a connu
13:05le Club des Poètes
13:06qui a été à la télévision
13:07de 67 à 82
13:09avec Jean-Pierre René
13:10et son beau-frère
13:12qui vendait des livres
13:12pour lui
13:13qui était Georges Moustaki,
13:14débutant.
13:15Mais là,
13:15il faut trouver un public.
13:16Ce n'est pas évident
13:17en plus dans les régions
13:18de trouver quelqu'un
13:19qui va voir des spectacles
13:20de poésie dans les églises.
13:21Mais ça marchait.
13:22Ça marchait.
13:24Le public était là.
13:25On avait des églises
13:27quasiment pleines
13:27à chaque fois
13:28ou des salles de spectacle
13:29quasiment pleines
13:29à chaque fois.
13:30Avec des poèmes
13:31que vous écriviez
13:32et que vous avez publiés
13:33à compte d'auteurs
13:34au départ,
13:34vos livres de poésie.
13:35Oui.
13:35C'est-à-dire que personne
13:37ne voulait éditer
13:38ce genre de choses.
13:38Ah ben non.
13:39Non,
13:40mis à part les éditions
13:41Seguer,
13:41il n'y avait pas
13:42grand d'autres
13:42maisons d'édition
13:43pour la poésie.
13:45Et c'est vrai
13:45qu'à l'époque,
13:46il y avait Poésiens
13:46qui avaient été lancés
13:47par Michel et Jean Breton
13:48qui sont devenus
13:49les éditions
13:50Saint-Germain-des-Prés
13:50et Cherchemilly.
13:52Mais ça touchait
13:52un public très limité
13:53comme Marcel Julien
13:54qui a essayé aussi.
13:55Car il y a un public
13:56mais il est toujours
13:56très limité.
13:57Oui, c'est vrai.
13:58Mais un public attentif.
13:59Très attentif
14:00et qui lorsqu'il est
14:01pris par l'ambiance poétique
14:03se laisse porter complètement
14:04et les échanges
14:05après nos petites soirées,
14:07nos petits spectacles
14:07étaient d'une vivacité
14:09et d'une profondeur étonnante.
14:11Parce que justement
14:11écrire des poèmes
14:13ça prend quelquefois
14:14des heures
14:15et des semaines
14:16et des mois.
14:17Oui,
14:17oui,
14:18mais c'est une écriture
14:20qui permet d'oublier
14:21le temps qui passe.
14:23Et vous avez toujours
14:23pratiqué la poésie ?
14:24Toujours.
14:24Depuis vos jeunes années ?
14:26Toujours.
14:26Et ça fait partie
14:27de votre enseignement
14:28à Nancy ?
14:28Ça fait partie
14:29de mon enseignement
14:30à Nancy,
14:31puis à Epinal
14:31et elle alimente toujours
14:33mes écrits aujourd'hui
14:34même si j'ai changé
14:35un peu de registre
14:36et que je suis maintenant
14:36davantage dans le roman historique.
14:38Alors ça,
14:39c'est effectivement
14:39vos chansons
14:40si j'ose dire
14:41à la télévision
14:42mais la première chanson
14:43que vous avez interprétée
14:44en public
14:45Gilles Laporte
14:46c'était celle-ci.
14:47Contre ma plus belle chèvre
14:49veux-tu la trotter ?
14:50C'est-à-dire ?
14:51C'est-à-dire ?
14:52On a peur du Basile ?
14:54C'est-à-dire ?
14:54C'est-à-dire ?
14:55Et Basile est un dégournit.
14:57Ouva-tu Basile d'Ide Renaud ?
14:58Une chanson de Loulou Gasté ?
15:00Et d'ailleurs,
15:00ce qui est étonnant
15:00c'est qu'il y a un petit film
15:02qui évoque cette chanson
15:03et il a été tourné
15:04dans les Vosges,
15:04votre région.
15:05Je ne sais pas si vous le savez.
15:06Je ne le savais pas
15:07mais où avez-vous trouvé
15:08toutes ces archives ?
15:08Ah ben,
15:09je suis néoïque.
15:10C'était à l'école
15:11que j'ai chanté ça
15:12lorsque j'ai reçu
15:13mon prix de lecture d'ailleurs.
15:14La maîtresse nous avait appris
15:16cette chanson
15:16Ouva-tu Basile ?
15:18Et c'est vrai ?
15:19Pourquoi cette chanson ?
15:20Ben,
15:20j'en sais rien.
15:20C'était son choix à elle
15:22mais je l'avais trouvé
15:22tellement marrante
15:23cette chanson
15:24que ça m'a fait plaisir
15:24de la chanter.
15:25On croit que c'est un conte
15:26pour enfants,
15:27un vieux conte
15:27alors que c'est une chanson
15:28de Loulou Gasté ?
15:28Mais bien sûr, oui.
15:30Alors,
15:30il se trouve qu'il y a aussi
15:31à propos des églises
15:32un lieu qui a marqué
15:34vos jeunes années
15:34et qui a été déterminant.
15:35Gilles Laporte,
15:36c'est votre communion solennelle.
15:38Oui.
15:39Oui, oui,
15:40parce que là,
15:41j'ai eu l'impression
15:42d'entrer dans une vie
15:43d'adulte,
15:44dans une vie de promesses,
15:45de promesses
15:46qu'il faudrait tenir.
15:50C'était une étape
15:51dans mon existence
15:52très importante.
15:53Pour quitter justement
15:54ce monde un peu miséreux
15:56de la filature
15:57pour aller vers autre chose.
15:59Oui.
16:00Oui,
16:00je me suis antipropulsé
16:02quelque part ailleurs
16:02dans un monde
16:03qui n'était plus
16:03le monde des joviers
16:06de filature
16:06dont je faisais partie,
16:07dont j'étais issu.
16:08Il y a quelqu'un
16:08qui a compté à ce moment-là
16:09dans votre vie
16:10et très vite ensuite,
16:11c'est votre parrain
16:12car il vous a offert
16:13une montre
16:13et ensuite un voyage.
16:15Oui.
16:16Oui, oui.
16:17Il était...
16:18Il avait quitté, lui,
16:20le textile vaugien
16:21pour aller prendre
16:22la direction
16:22d'un atelier
16:26de tissage
16:27en Afrique,
16:29en Côte d'Ivoire
16:29et un jour,
16:30il était venu en congé
16:32et il me dit
16:32alors où en es-tu
16:33de ton bac ?
16:33Je lui dis
16:34écoute, c'est pour l'an prochain
16:35et alors tu le sens comment ?
16:37J'ai l'impression que...
16:39T'as l'impression ou c'est sûr ?
16:40Oui, je suis presque sûr
16:43que ça va aller.
16:44Écoute, si tu as ton bac,
16:45la semaine qui suit,
16:46tu prends l'avion,
16:46tu viens en Afrique.
16:48Et là en Afrique,
16:48vous avez découvert
16:50un monde
16:50qui vous a touché.
16:52Profondément touché.
16:53J'ai découvert
16:53l'animisme africain,
16:55j'ai découvert
16:55cette espèce
16:56de panpsychisme
16:57dont tous nos écolos
16:59actuels
17:00feraient bien
17:00de s'inspirer.
17:01Et il se trouve aussi
17:02qu'au retour
17:04sur le bateau,
17:05vous avez rencontré
17:06la fille
17:06de la secrétaire
17:07du docteur Schweitzer.
17:09Vous savez tout !
17:10Oui, oui, c'est vrai.
17:12La rencontre s'est faite
17:13de manière un peu fortuite.
17:14J'étais sur le pont
17:15du bateau
17:16et je vois arriver
17:18une jeune fille
17:18très très belle d'ailleurs
17:19qui vient vers moi
17:20et qui me propose
17:21des billets de tombola
17:22en américain.
17:25Je lui fais
17:25celui qu'il ne comprenait pas
17:27pour avoir le plaisir
17:29de l'entendre encore
17:29me parler.
17:31Et je lui dis
17:32bon, en anglais,
17:34ça va, j'ai compris.
17:36Et là,
17:36il s'est passé quelque chose.
17:37On est restés
17:38pendant les 11 jours
17:39de traversée,
17:40côte à côte.
17:41Elle était la fille
17:42de la secrétaire particulière
17:42du docteur Schweitzer
17:44et pendant 11 jours,
17:45elle m'a parlé
17:46de l'embaréné
17:46et de la philosophie
17:48de Schweitzer.
17:49Et là encore,
17:50c'est une étape importante.
17:51Parce que justement,
17:52ensuite,
17:52vous avez correspondu
17:53peu de temps
17:54avec le docteur Schweitzer.
17:55Très peu de temps.
17:56C'était les derniers mois
17:57de sa vie.
17:58Je me suis permis
17:59de lui écrire.
18:00Il m'a répondu
18:00et la dernière phrase
18:02qu'il m'a écrite,
18:03je lui disais
18:04que je venais d'entrer
18:05en licence de philosophie
18:07à Nancy.
18:08Je vous félicite
18:08d'apprendre la philosophie
18:10car il faut à notre époque
18:11des gens qui pensent
18:11pour nous aider
18:12à trouver le chemin.
18:13Et c'est extraordinaire
18:14de rencontrer,
18:15même par écrit
18:16le docteur Schweitzer.
18:17Oui, extraordinaire.
18:18J'en ai conscience.
18:19Vous n'auriez pas
18:20votre privilège à l'époque
18:21parce qu'il recevait
18:22beaucoup de courriers
18:22et il répondait à tout.
18:23Il recevait beaucoup de courriers
18:24et il répondait à tous les courriers.
18:25Il y a une pièce
18:26qu'on connaît
18:26qui est Il est minu
18:27docteur Schweitzer
18:28de Sibir Césbron
18:29qui se déroule au Gabon
18:30à l'aube
18:31de la Première Guerre mondiale.
18:32Le docteur Schweitzer
18:33c'est l'alsacien
18:34le plus célèbre du monde
18:35finalement.
18:36Et oui, oui,
18:41que même à minuit
18:42il n'hésitait pas
18:43à tenter de sauver un malade.
18:46Mais bien sûr.
18:47Il était en permanence
18:48sur le pont lui aussi.
18:49Alors, il se trouve
18:50que le bac terminé
18:51votre première vie
18:52Gilles Laporte
18:53ça va être
18:53l'éducation nationale
18:54avec différents postes
18:56pions, adjoints
18:58maîtres auxiliaires.
18:59C'est une vie
18:59très particulière.
19:01Oui, j'ai pris plaisir
19:03à enseigner à cette époque-là
19:04mais j'en suis parti très vite
19:06parce que je me sentais
19:06un peu tout de même
19:07à l'étroit
19:07dans ce milieu
19:08si particulier.
19:10Et ensuite
19:10vous allez avoir
19:11une multitude de métiers
19:12parce qu'il faut bien vivre
19:13vous êtes marié
19:14vous allez faire
19:15tout ce qui est possible
19:16et imaginable
19:16et notamment
19:17dans la formation
19:18et la communication.
19:19Ce qui est nouveau
19:20à l'époque.
19:21C'était nouveau
19:22c'était un secteur
19:23d'activité tout à fait
19:24presque révolutionnaire
19:26parce qu'on prenait en compte
19:28dans les entreprises
19:28industrielles
19:29entre autres
19:30on prenait en compte
19:31la qualité
19:32la personnalité
19:33de chacun des membres
19:34du personnel
19:35et on tentait
19:35d'en faire
19:36d'en tirer le maximum.
19:39C'était les RH
19:40avant la lettre
19:40et comment c'est arrivé
19:42comment vous êtes
19:43entré là-dedans ?
19:44Parce que
19:45j'ai rencontré
19:46un jour
19:47un chef du personnel
19:48qui m'a dit
19:49mais tu as le profil
19:50pour venir
19:50chez nous
19:52donc voilà comment
19:53je suis entré
19:53dans cette maison.
19:54Oui et c'était
19:54d'autant plus important
19:55qu'on commençait
19:56à gérer les contentieux
19:57les protocoles d'accord
19:58les plans sociaux
19:59ce qui n'existait pas
20:00avant.
20:00Oui
20:00l'évolution
20:02législative
20:03était telle
20:04qu'on commençait
20:05à entrer
20:05dans cette période
20:07très mouvante
20:07des contrats sociaux
20:09et vous défendiez
20:10le personnel aussi
20:11parce que c'était
20:13presque la résurgence
20:14de 1968
20:15c'était ça
20:17je vivais
20:18je continue à vivre
20:19dans ce milieu
20:20qui était le milieu
20:21industriel
20:22et très très difficile
20:24parce que j'étais
20:24dans une entreprise
20:25dont le siège était
20:26à Chicago
20:26avec des orientations
20:28et des directives
20:30états-uniennes
20:31très très strictes
20:32mais j'ai encore
20:34aujourd'hui
20:34d'anciens ouvriers
20:35d'anciennes ouvrières
20:36dans la rue
20:36ils traversent la rue
20:38pour me sauter au cou
20:39donc c'est une proximité
20:40qui m'a vraiment
20:41profondément
20:42à la fois touché
20:43et nourri
20:44et nourri
20:45nourri c'est-à-dire ?
20:46Elle a développé en moi
20:49ce sentiment
20:51de respect nécessaire
20:52de l'autre
20:53et d'accompagnement
20:54nécessaire de l'autre
20:55tout en étant
20:56moi-même
20:56accompagné par l'autre
20:57parce que
20:58ce que je tentais
20:59de faire passer
21:00eux tentaient
21:01de m'en faire passer
21:01tout autant
21:02voire davantage
21:02Et vous avez un jour
21:03arrêté
21:04parce que c'était
21:05l'heure de la retraite
21:06mais vous n'alliez pas
21:07profiter de votre retraite
21:08pour rester inactif ?
21:10Ah ben non
21:10non non
21:11j'ai toujours écrit
21:11à l'époque où j'étais
21:13dans l'industrie
21:14puis dans l'agriculture
21:15j'écrivais le matin
21:16très tôt
21:17je respectais
21:18le rythme de travail
21:19de mes parents
21:19qui se levaient
21:20à 4h du matin
21:21pour être à l'usine
21:22à 5h
21:22moi je me lève
21:23à 4h
21:24je suis sur ma machine
21:24c'est pas la même
21:25à 4h30
21:25mais j'écrivais
21:26tous les matins
21:27très tôt
21:27ensuite je partais
21:29faire ma journée
21:30de travail à l'usine
21:30ou sur les exploitations
21:32agricoles
21:33et je rentrais le soir
21:34pour relire
21:34ce que j'avais écrit
21:35le matin
21:35et je publiais
21:36à cette époque là
21:37un ou deux livres
21:38tous les 2 ou 3 ans
21:40et dès que j'ai été libéré
21:42des obligations alimentaires
21:43je me suis bien écrit
21:44complètement
21:45ça a été le début
21:46d'une nouvelle vie
21:47et on va l'évoquer
21:48à travers une date
21:49le 26 novembre 1984
21:50à tout de suite
21:51sur Sud Radio
21:52avec Gilles Laporte
21:53Sud Radio
21:54les clés d'une vie
21:55Jacques Pessis
21:56Sud Radio
21:57les clés d'une vie
21:58mon invité Gilles Laporte
21:59nous parlerons tout à l'heure
22:01de ce nouveau roman
22:01Le Rouet de Jeanne
22:02Jeanne c'est Jeanne d'Arc
22:04chez Terre de France
22:05on évoque votre parcours
22:07comment vous êtes sorti
22:08justement
22:08de la vie
22:10dans les Vosges
22:10avec vos parents
22:12qui travaillaient
22:13dans le textile
22:14disons
22:14vous êtes devenu
22:15poète
22:17et puis
22:17écrivain
22:18après votre vie professionnelle
22:20et le 26 novembre 1984
22:22vous recevez
22:23un premier prix
22:24le prix
22:25Erkman-Chatriyan
22:26par cinq voix
22:27contre trois
22:28et une voix
22:29aux autres concurrents
22:30et je crois que le président
22:32a dit jusqu'à la fin
22:33de la matinée
22:33on ne savait pas
22:34quel allait être le lauréat
22:35mais on a choisi
22:36Gilles Laporte
22:37parce que c'est le plus jeune
22:38et c'est le plus
22:39il a un bel avenir
22:41là encore
22:43vous avez trouvé une archive
22:43intéressante
22:44oui c'est vrai que le président
22:45m'a tenu ces mêmes propos
22:47le jour où il m'a remis
22:48ce prix
22:48solennellement
22:50dans mon village natal
22:50d'ailleurs
22:51il se trouve que
22:51Erkman-Chatriyan
22:52ce sont Emile Erkman
22:53et Alexandre Chatriyan
22:54qui ont écrit
22:55des romans nationalistes
22:57d'inspiration régionale
22:59et le moulin de Rouet
23:01je crois que c'est le livre
23:02qui reçoit le prix
23:03c'est un moulin
23:03qui tournait
23:04depuis des décennies
23:05grâce à un meunier
23:06jusqu'à l'arrivée
23:06d'un médecin
23:07depuis le Moyen-Âge
23:08ce moulin tournait correctement
23:11et puis arrivé
23:12dans cette famille
23:13lui il a été victime
23:14d'un problème cardiaque
23:15il a dû être opéré
23:17à Paris
23:17dans le service
23:19du professeur Cabrol
23:20et là
23:20sa femme
23:21qui l'accompagnait
23:22a rencontré
23:22un médecin
23:24qui lui a dit
23:25moi je peux
23:25vous aider
23:26vous accompagner
23:27et vous aider
23:28dans la relation
23:28avec l'équipe médicale
23:29si vous voulez
23:30et voilà comment
23:31il s'est introduit
23:32dans cette famille
23:32et ça a tourné
23:33de façon un peu curieuse
23:34alors il se trouve
23:35que ce prix
23:36vous l'avez obtenu
23:37pour ce livre
23:38et qu'un an plus tôt
23:39vous avez publié
23:40Pierre ou Lahure
23:40et vous étiez passé
23:41à une voix de ce prix
23:42c'est presque de l'ancienneté
23:44presque de l'ancienneté
23:45oui
23:45et c'est vrai
23:46que ces deux livres
23:47vous les avez auto-édités
23:48parce que c'est assez rare
23:49qu'on reçoive un prix
23:50quand on est auto-édité
23:51Gilles Laporte
23:53c'est vrai
23:53mais c'était
23:54tellement difficile
23:55à cette époque-là
23:57ça l'est toujours
23:57de trouver un éditeur
24:00que je m'étais
24:02décidé
24:03à les publier
24:04moi-même
24:04ces romans
24:05oui mais les publier
24:06mais les diffuser
24:07ensuite c'est pas simple
24:08ah bah la diffusion
24:09c'était je prenais ma voiture
24:10et je faisais le porte-à-porte
24:11des libraires
24:12qui voulaient bien m'accueillir
24:13et ça c'était compliqué au départ
24:14parce que
24:15c'était très compliqué
24:16mais le prix
24:17Marc Manchatrian
24:18a beaucoup aidé
24:18par exemple
24:19dans les trois semaines
24:20qui ont suivi
24:20l'attribution du prix
24:22la seule librairie de Metz
24:24en a vendu 600 exemplaires
24:25mais c'est assez étonnant
24:26parce que
24:27quand on veut être écrivain
24:28et qu'on ne trouve pas de solution
24:29il faut avoir le courage
24:30de s'auto-éditer
24:31c'est pas simple
24:32bah oui
24:33mais si on y croit
24:35on le fait
24:35si on croit
24:36en ce que l'on fait
24:37on le fait
24:38sinon si on n'y croit pas
24:39on laisse tomber
24:39et ça veut dire
24:40qu'on n'était pas
24:41on n'était pas fait
24:42pour cette mission-là
24:44il se trouve que
24:45j'ai rencontré
24:45il n'y a pas longtemps
24:46dans un salon
24:47des écrivains régionaux
24:49qui s'auto-éditent
24:50qui sont comme les camelots
24:51sur les marchés
24:52et qui vendent leur livre
24:53et qui s'en sortent très bien
24:53il y en a beaucoup plus
24:55en France qu'on l'imagine
24:55bah oui
24:56il y en a beaucoup
24:57alors si finalement
24:58ce prix vous a permis
25:00de trouver un éditeur
25:01parce que finalement
25:01on vous a remarqué
25:03comme ça
25:03ça s'est passé comment ?
25:05bah c'était l'objectif
25:06oui
25:06un éditeur m'a remarqué
25:07a pris contact avec moi
25:09et m'a dit
25:09j'ai bien aimé
25:10ce que vous avez fait là
25:11est-ce que vous avez
25:11quelque chose sous le coude
25:12je serai éventuellement preneur
25:14j'ai envie de lire
25:15ce que vous avez sous le coude
25:16est-ce que vous m'envoyez ?
25:17et voilà comment c'est parti
25:18et vous devenez comme ça
25:19Gilles Laporte
25:20une catégorie qu'on connaît peu
25:22ce sont les écrivains régionaux
25:23dans tous les sens du terme
25:24oui je suis attaché à ma région
25:26j'y suis très enraciné
25:27et j'essaie de mettre ma plume
25:30au service de son patrimoine
25:31de son histoire
25:32de son esprit
25:33oui parce que finalement
25:34il y a une grande histoire
25:35dans votre région
25:36les Vosges
25:36qu'on ne connaît pas forcément
25:38sur le plan national
25:39c'est vrai
25:39une histoire très particulière
25:41aux Vosges
25:42mais aussi à la Lorraine
25:43les Vosges faisant partie
25:44de la Lorraine
25:44une histoire très très compliquée
25:46mon premier roman historique
25:48d'ailleurs s'intitulait
25:48Les dernières violettes de la motte
25:50et racontait
25:51ce qu'a été la relation
25:52très très difficile
25:53entre la France et la Lorraine
25:54au XVIIe siècle
25:55oui et à chaque fois
25:56vous publiez aussi bien
25:59des biographies
25:59que des romans
26:00que des essais
26:01tout y passe
26:02oui tout ce qui permet
26:04de mettre un coup de projecteur
26:05sur le patrimoine
26:05de cette belle région
26:06et en même temps
26:07vous avez attendu
26:08votre retraite
26:09pour commencer à publier
26:10des livres
26:10c'est ça qui est étonnant
26:11pour commencer à publier
26:12des livres d'autres natures
26:14oui notamment
26:15les romans historiques
26:15alors justement
26:16les romans historiques
26:17qui sont publiés
26:18quelquefois
26:19il y a des personnages
26:20très célèbres
26:21et on a oublié
26:22parfois
26:23qu'ils étaient
26:24de votre région
26:24comme celui-ci
26:25le nocturne numéro
26:34dans le mi-bémol majeur
26:36de Chopin
26:37car Chopin
26:38ses ancêtres
26:39son grand-père
26:39et son père
26:40venaient de Lorraine
26:41ils étaient Lorraine
26:43d'un petit village
26:43qui s'appelle
26:44Marinville-sur-Madon
26:45un village de quelques
26:46200 âmes
26:47qui a donné naissance
26:49au père de Frédéric
26:50Nicolas Chopin
26:51Frédéric l'a quitté
26:53il avait 17 ans
26:54pour aller s'installer
26:55en Pologne
26:56à Zélazovavola
26:57mais il y a encore
26:59des traces de Chopin
26:59en Lorraine
27:00oui
27:00c'est ça qu'on ne sait pas
27:02il faut les trouver
27:03ces traces-là
27:03il en reste encore
27:04il y a beaucoup de Chopin
27:05en Lorraine encore
27:06qui sont des collatéraux
27:07bien sûr
27:07mais il y a aussi
27:09des lieux qu'il a fréquentés
27:10et qui sont toujours visibles
27:11et c'est vrai que
27:13le grand-père je crois
27:14était en Lorraine
27:16et il s'était lancé
27:17dans la contrebande
27:18du tabac
27:18oui
27:19ce qui est assez étonnant
27:20oui il a failli
27:21être arrêté d'ailleurs
27:22il a failli être écartelé
27:23en place publique
27:23à Nancy
27:24parce que
27:25ça coûtait cher
27:26de faire de la contrebande
27:27du tabac
27:28à cette époque-là
27:28le duc de Lorraine
27:29n'appréciait pas beaucoup
27:30Frédéric Chopin
27:31d'ailleurs on ne connait même pas
27:32sa date de naissance
27:33puisqu'on dit que c'est le 22 février 1810
27:35alors que la famille Chopin
27:37célèbre cet anniversaire
27:38le 1er mars
27:39oui
27:39on n'a pas éclairci le mystère
27:41voilà
27:42mais c'est pourquoi
27:43pour vous des choses importantes
27:44de raconter des personnages comme ça
27:45sous un angle
27:46qu'on ne connait pas
27:47oui
27:47j'ai voulu
27:49j'ai fait avec aussi
27:50la première bachelière
27:51je veux montrer à quel point
27:53ces personnages étaient en racine
27:55Chopin par exemple
27:56qui
27:56il a traversé la Lorraine une fois
27:59en venant à Paris
28:00mais
28:01Frédéric Chopin
28:02qui ne connaissait pas
28:04notre pays lorrain
28:05je crois pouvoir dire
28:07que sa musique
28:08en est toute entière inspirée
28:09toute entière inspirée
28:11autant de la musique lorraine
28:13traditionnelle
28:14que de la musique masovienne
28:16de ses racines polonaises
28:18son père
28:19quand il a quitté la Lorraine
28:20il l'a quitté
28:21il avait dans ses bagages
28:22un violon
28:23un violon de Mirkour
28:24et tous les soirs
28:27là-bas
28:28il jouait du violon
28:29alors que sa mère
28:30se mettait au piano
28:31et son père
28:32lui jouait
28:33des airs traditionnels
28:34lorrain
28:34donc il a été nourri
28:36à la fois
28:36de cette musique
28:38traditionnelle lorraine
28:39et de la musique masovienne
28:41qu'interprétait
28:42sa mère au piano
28:42donc c'est d'où l'origine
28:44la descente
28:45c'est pas du tout
28:45les musiciens ne savent même pas
28:46souvent que ces airs traditionnels
28:48viennent de lorraine
28:49c'est vrai
28:49donc vous faites un travail utile
28:51pour votre région
28:51et pour la culture
28:52je le crois
28:53et Gilles Laporte
28:54je crois donc
28:55effectivement
28:55que cette
28:56première bachelière de France
28:58en 1861 à Lyon
28:59Julie Victoire
29:01elle a été également
29:01la première licenciée
29:03S-lettre en France
29:04pourquoi vous êtes intéressé
29:06à ce personnage ?
29:07parce que c'est l'école
29:08qui a fait de moi
29:09ce que je suis
29:10et je lui dois
29:12donc tout
29:13et je pense que
29:14je dois lui rendre hommage
29:16en permanence
29:16à cette école
29:17or Julie Victoire Daubier
29:18cette première bachelière
29:20a toujours été enseignante
29:22elle était
29:23pas dans une école
29:24mais elle était préceptrice
29:25dans des familles
29:26dans lesquelles elle faisait passer
29:27cet amour de la connaissance
29:29et elle a aussi
29:31développé un combat
29:32permanent
29:33pour que les femmes
29:34puissent tenir
29:35leur rang dans la société
29:37à l'égal des hommes
29:38personne n'interdisait
29:40aux filles
29:40de se présenter
29:41au baccalauréat
29:41mais en Sorbonne
29:42quand elle s'est présentée
29:43on lui a dit
29:43dehors
29:44c'est pas pour les filles
29:45circulaires
29:46il n'y a rien à voir
29:46c'est pour les garçons ici
29:47elle s'est battue
29:49elle a réussi
29:50à se faire inscrire
29:51sur une liste
29:52de candidatures
29:53au bac à Lyon
29:53elle a décroché
29:54son bac à Lyon
29:55puis elle a enfin réussi
29:56à se faire inscrire
29:57en liste d'aptitude
29:58à la licence
29:59à la Sorbonne
30:01ce qu'elle a décroché
30:03oui
30:03et en même temps
30:04quand elle a passé le bac
30:05il y a une chose
30:06qui s'est passée
30:06qu'on ne peut pas imaginer
30:07aujourd'hui
30:08le jury avait des boules
30:09de plusieurs couleurs
30:10oui
30:10d'où l'expression
30:12se faire blackbouler
30:12quand on avait une
30:13ou plusieurs boules noires
30:14on pouvait prévoir
30:16de repasser l'examen
30:17l'année suivante
30:17il y avait la boule blanche
30:18c'était positif
30:19la boule rouge
30:20c'était l'abstention
30:21et il n'y avait que des hommes
30:23dans le jury à l'époque
30:24il n'y avait que des hommes
30:25et quand elle a présenté
30:27son bac en août 1861
30:28il n'y avait que des hommes
30:29candidats aussi
30:30exactement
30:30et là ça a été une révolution
30:32mais ça c'est le sujet
30:33cette évolution de la femme
30:34ça vous a toujours passionné
30:35Gilles Laporte
30:36oui je ne supporte pas
30:37les injustices
30:38quelle que soit l'injustice
30:39et celle-là
30:39qui est l'une des plus vieilles
30:41du monde
30:41mais insupportable
30:42donc je fais en sorte
30:44que mes écrits
30:45proposent des voies
30:47qui permettent de la corriger
30:48et là vous avez trouvé
30:49cette femme
30:50qu'on connaissait peu
30:50finalement qu'on connaissait
30:51dans votre région
30:52oui
30:52une région très particulière
30:54parce qu'elle est aussi
30:55la région de Louis-Michel
30:56oui
30:57à quelques dizaines
30:58de kilomètres près
30:59elles sont toutes les deux
31:00issues de ce même berceau
31:01géographique et social
31:03donc il y a une proximité
31:05très très importante
31:05entre elles
31:06oui puis finalement
31:07vous faites un travail
31:08que peu de gens font
31:09c'est-à-dire s'intéresser
31:10à l'origine
31:11et dans les régions
31:12c'est un travail
31:13très méticuleux
31:14très compliqué
31:14oui oui
31:16ça suppose pas mal
31:17de recherches documentaires
31:18de visites aussi des lieux
31:19parce que je ne peux pas écrire
31:20décrire un paysage
31:22si je ne le vois pas moi-même
31:23je ne peux pas décrire
31:24la manière dont respirent
31:26mes personnages
31:27si je ne respire pas
31:28là où ils ont respiré
31:29j'ai besoin de ressentir
31:31les ondes telluriques
31:31les ondes cosmiques
31:32de ces lieux
31:32dans lesquels ils ont vécu
31:34lorsque j'ai publié
31:36écrit mon Chopin
31:37j'allais partout
31:38dans les pas de Chopin
31:39de Zélazova
31:41voilà son lieu de naissance
31:41je le prononce à la française
31:42en Pologne
31:43il y a son lieu de mort
31:44Place Vendôme à Paris
31:45en passant par évidemment
31:47Vienne, Stuttgart
31:48Nohans
31:50évidemment
31:50Mayork, Angleterre et l'Écosse
31:52oui partout
31:53partout
31:54je m'efforce
31:55d'aller vivre
31:56ce qu'ont vécu
31:57mes personnages
31:58dans leur espace particulier
31:59oui et puis il y a aussi
32:01la télévision
32:02car vous avez réalisé
32:03des documentaires
32:03c'est une autre facette
32:04de votre activité
32:05des documentaires régionaux
32:07parce qu'à l'époque
32:07il y avait des régions
32:08qui avaient de l'argent
32:09pour faire de la télévision
32:10et l'un des premiers documentaires
32:11qui a marqué
32:12votre carrière
32:14c'est un docu-fiction
32:15sur la cristallerie
32:16de Pacara
32:17oui
32:17c'était
32:18Les Verts du Tsar
32:19c'était un docu-fiction
32:21qui mettait un coup
32:23de projecteur
32:23sur là encore
32:24l'origine
32:25essentiellement
32:27lorraine
32:27de cette cristallerie
32:29qui vit toujours
32:29qui est toujours
32:30en exploitation
32:31aujourd'hui
32:32et sur
32:33son caractère particulier
32:35en matière de production
32:36qui est là aussi
32:37inspiré de la culture
32:38lorraine
32:39qui est très très
32:40très très malade
32:42en ce moment
32:42oui mais justement
32:43la cristallerie de Pacara
32:45est connue
32:45dans le monde entier
32:46mais on ignore souvent
32:47qu'elle vient de lorraine
32:48j'ai de la porte
32:49oui c'est vrai
32:49c'est vrai
32:50et je crois qu'elle a fait
32:52construire un dépôt
32:53aux rues de paradis
32:55à Paris
32:55et savez-vous
32:56qui était le directeur
32:57après la guerre de ce dépôt
32:58le grand-père
32:59de Chantal Goya
33:00et quand Chantal Goya
33:01est arrivé à Paris
33:02venant de Saigon
33:03elle s'est installée
33:04chez son grand-père
33:05et elle allait régulièrement
33:06dans cette christerie
33:08rue de paradis
33:09magasin d'exposition
33:11de Bacara
33:12oui
33:12et c'est vrai que
33:13la télévision aussi
33:14ça se faisait
33:15avec des moyens rudimentaires
33:16c'était une grande recherche
33:17et il fallait se débrouiller
33:18comme on pouvait
33:19Gilles Laporte
33:19oui bien sûr
33:20bien sûr
33:21c'était très très
33:21c'était une aventure
33:24une aventure
33:24d'amis
33:25et passionnés
33:26et passionnels
33:27et puis il y avait
33:28le théâtre aussi
33:28car vous avez écrit
33:29des pièces de théâtre
33:30mais elles ont été
33:31peu jouées
33:32très très peu
33:34parce que vous considérez
33:35que c'est aussi autre chose
33:36c'était plus un amusement
33:38qu'un véritable travail
33:39de littérature
33:40et puis il y a eu aussi
33:41des émissions de télévision
33:42et de radio littéraire
33:43régionales
33:44on sait peu que ça existe
33:45mais non seulement ça existe
33:47mais ça met en valeur
33:48un patrimoine
33:48et ça touche
33:49un large public
33:50oui
33:51un public très intéressé
33:53très intéressant aussi
33:54qui renvoie
33:55des informations
33:56qui sont très utiles
33:57à la création à venir
33:58mais il y a des écrivains
34:00régionaux dans toute la France
34:01et vous êtes l'un des rares
34:03à être mis en valeur
34:04parce que souvent
34:05sur le plan national
34:05on ne les connait pas
34:06Gilles Laporte
34:07oui c'est vrai
34:08le monde du livre
34:09est fait de telle manière
34:10qu'aujourd'hui
34:11on est davantage au courant
34:14de ce qui se passe à Paris
34:15de ce qui sort
34:15du cinquième arrondissement
34:17mais pas beaucoup
34:19de ce qui se passe
34:20dans le Languedoc
34:21en Provence
34:22ou en Lorraine
34:23et même en Lorraine
34:24vous animez je crois
34:25des dîners littéraires
34:27vous faites des manifestations
34:29il y a plein de choses
34:30qui touchent
34:31un large public
34:32oui
34:32oui
34:33oui
34:34on a un public
34:36très très intéressé
34:37et passionné
34:38mais
34:39ça n'est pas relié
34:41au niveau national
34:42hélas
34:42ça ne vous empêche pas
34:43d'exister
34:43pas du tout
34:44au contraire
34:45peut-être pas au contraire
34:46mais en tout cas
34:46pas du tout
34:47en tout cas
34:48vous vous exprimiez
34:49aujourd'hui sur le plan national
34:50et on va continuer
34:51à parler avec vous
34:52et merci de m'y inviter
34:53c'est une joie
34:54pour parler de ce livre
34:55le 28 août 2025
34:57à tout de suite
34:58sur Sud Radio
34:58avec Gilles Laporte
34:59Sud Radio
35:01les clés d'une vie
35:02Jacques Pessis
35:03Sud Radio
35:03les clés d'une vie
35:04mon invité Gilles Laporte
35:06on vous connait maintenant
35:07parce que vous êtes
35:08un écrivain régional
35:09de Lorraine
35:10des Vosges
35:11on connait votre parcours
35:12qui vous a mené
35:13des filatures
35:15de votre région
35:15à la littérature
35:17filature
35:17littérature
35:18ça rime
35:19avec des livres
35:20des films
35:22de télévision
35:23et des romans
35:24et le 28 août 2025
35:26est sorti
35:27Le Rouet de Jeanne
35:28qui est un livre
35:30qui évoque
35:31Jeanne d'Arc
35:32bien sûr
35:32mais qui est aussi
35:33un livre hommage
35:35à votre région
35:36encore une fois
35:36Gilles Laporte
35:37oui je m'efforce
35:38dans mes romans historiques
35:39de mettre un coup de projecteur
35:40sur ces éléments
35:41de patrimoine
35:41qui sont un peu ignorés
35:43aujourd'hui
35:43pour ne pas dire
35:43totalement ignorés
35:44et là je voulais
35:45mettre en relief
35:47ce qu'est le travail
35:49des ouvriers du bois
35:50dans l'extrême sud
35:52une région
35:53qui est un peu
35:54oubliée aujourd'hui
35:54à l'écart
35:55de tous les grands axes
35:56et où exactement
35:58la région
35:58de Neuf Châteaux
35:59qui confine
36:02à la Haute-Marne
36:02oui
36:03et là encore
36:05c'est le pays
36:06des Goncourt
36:06le pays
36:08encore une fois
36:09de Louise Michel
36:09donc là
36:11les travailleurs
36:12sont des travailleurs
36:13du bois
36:13des ébénistes
36:14des sculpteurs
36:14sur bois
36:15depuis le Moyen-Âge
36:16et ils s'étaient
36:17spécialisés autrefois
36:18dans la fabrication
36:19de rouets
36:19les rouets
36:20qui venaient de l'Iffole-le-Grand
36:22entre nous
36:23enfin l'Iffole-le-Grand
36:24et le berceau
36:26de cette belle activité
36:27étaient réputés
36:28en France entière
36:29le rouet
36:30qu'est-ce que c'est exactement
36:31pour celles et ceux
36:32qui ne le savent pas
36:32c'est le bel instrument
36:33qui permet de filer la laine
36:35on part de la touffe de laine
36:38et on en fait du fil
36:39c'est un instrument
36:40qui est très très délicat
36:42qui doit être montré
36:44avec précision
36:44et qui est manipulé
36:45avec beaucoup de dextérité aussi
36:47et qui existe encore aujourd'hui
36:49qui existe encore aujourd'hui
36:50et qu'on connaît peu
36:50parce que finalement
36:51il faut le manier
36:52il y a des vêtements plus modernes
36:54on file la laine autrement maintenant
36:55donc vous imaginez
36:56dans ce rouet de Jeanne
36:58les manjons
36:59qui ont un rouet
37:00qui aurait appartenu
37:01à Jeanne d'Arc
37:02c'est la légende
37:03oui
37:03on prétend que ce rouet
37:04était celui de Jeanne d'Arc
37:06et parce que
37:07quand elle tissait la laine
37:08à ses débuts
37:10oui
37:10quand elle gardait ses moutons
37:12là encore légende
37:13mais quand elle gardait ses moutons
37:15elle emportait son rouet
37:16c'est sa laine
37:17et elle filait la laine
37:18pour occuper le temps
37:20donc vous imaginez au départ
37:21une histoire
37:22c'est-à-dire que ce rouet
37:23qui est dans cette famille
37:24va du jour au lendemain disparaître
37:26ce qui est une catastrophe
37:27parce que ce rouet
37:29est le symbole
37:29de la liberté
37:30des batailles
37:31et oui
37:31et puis on le considère
37:32comme une relique
37:33c'est une relique
37:34c'est un objet sacré
37:35quasiment
37:36que ce rouet
37:37et il disparaît
37:38qu'est-il devenu
37:39où est-il allé
37:40qu'en a-t-on fait
37:41voilà
37:42et l'héroïne
37:43est encore une femme
37:44bien sûr
37:44Hermans
37:45va demander
37:46à un sculpteur
37:47de le reconstituer
37:48à l'identique
37:49mais surtout
37:49elle va demander
37:50à contribuer
37:51à sa réalisation
37:52ce qui est totalement inattendu
37:54pour une femme à l'époque
37:55c'est très inattendu
37:56elle va se demander
37:57à se former
37:58elle-même
37:58au travail du bois
38:00pour participer
38:01à la restauration
38:03à la construction
38:03de ce rouet de remplacement
38:05et ce rouet
38:06ça fonctionnait
38:06il y avait une roue
38:07il y avait des pédales
38:08comment ça marchait ?
38:09des pédales
38:09qui actionnent une roue
38:10qui actionnent
38:11une sorte de peigne
38:12qui tourne
38:13et qui torsade
38:14les fibres de laine
38:15et c'est compliqué
38:16à fabriquer
38:17parce que ça demande
38:17une extrême précision
38:18c'est très compliqué
38:19c'est très précis
38:20ça demande
38:21un agencement
38:24très particulier
38:25c'est-à-dire ?
38:26c'est un outil
38:29qui est fait
38:29de pièces
38:30très très précises
38:31tout doit tourner
38:33sans accroc
38:34le rythme
38:36de torsion
38:37de la fibre
38:37doit être
38:38en permanence
38:39le même
38:39donc c'est très délicat
38:41et c'est encore
38:42utilisé aujourd'hui
38:43par certaines personnes ?
38:45oui
38:45on trouve encore
38:46des fileuses de laine
38:48aux rouets
38:48alors vous rendez
38:49hommage en même temps
38:50non seulement
38:50aux fabricants de rouets
38:52mais à ces fabricants
38:53qui fabriquent
38:53et on ne le sait pas
38:54des meubles qui sont
38:55dans les palais présidentiels
38:56dans les grands palaces
38:57qu'est-ce que c'est exactement ?
38:59on ne le sait pas ça
39:00à Paris
39:01non on ne le sait pas
39:02le talent de ces ouvriers
39:04du bois
39:05dans cette région
39:06de l'Ifol-le-Grand-Neuf-Château
39:07donc l'extrême-sud des Vosges
39:09l'extrême-sud Lorrain
39:10est un talent
39:12qui n'est pas reconnu
39:13il est reconnu
39:13par les clients bien sûr
39:15qui achètent ces meubles
39:16des meubles
39:17qui sont
39:17à la Maison Blanche
39:20à New York
39:20à Washington
39:21au Kremlin
39:23à Moscou
39:23à l'Elysée
39:24à Paris
39:25dans les très grands palaces
39:26du monde
39:26les meubles
39:27viennent de l'Ifol-le-Grand
39:28donc ils sont là
39:29mais les marques
39:31qui les commandent
39:33tiennent à ce que
39:34seules leurs marques
39:35soient connues
39:36voilà
39:36mais en même temps
39:37ces meubles sont fabriqués
39:38qu'est-ce qu'il y a
39:38comme meubles ?
39:39tout est possible
39:40le bureau quand même
39:41du président américain
39:42ne vient pas
39:43de l'Ifol-le-Grand
39:44je ne sais pas
39:45voilà
39:45mais les sièges
39:46oui
39:46les sièges oui
39:48ils sont surtout spécialistes
39:49en sièges
39:50et à l'Elysée aussi ?
39:51ah oui
39:51et dans les palaces aussi ?
39:53dans les palaces aussi
39:54qu'est-ce qu'ils font ?
39:54quel genre de sièges ?
39:56c'est un bois très précieux ?
39:57c'est un être très particulier ?
39:58c'est le être et le chêne
40:00qui sont particuliers
40:01à cette région
40:02parce que c'est une région
40:03dont la forêt
40:04est une forêt magnifique
40:05les arbres sont
40:07d'une qualité rare
40:08donc c'est ce qui fait
40:09la réputation
40:09de ces meubles
40:11et le savoir-faire
40:14il remonte au Moyen-Âge
40:15donc c'est un savoir-faire
40:16qui est multiséculaire
40:17et qui permet
40:19une maîtrise remarquable
40:20de ce travail
40:21oui parce qu'on parle toujours
40:22du Faubourg Saint-Antoine
40:23à Paris
40:23les fabricants de meubles
40:24d'ailleurs Jean Divoux
40:25a réalisé une trilogie
40:27qui a été un triomphe littéraire
40:29mais il n'y a pas que cela
40:30le Faubourg Saint-Antoine
40:32achète des carcasses
40:33de meubles
40:35et les tapisses ensuite
40:37et vous évoquez aussi
40:38une basilique
40:39qui est historiquement connue
40:40qui est la basilique
40:41du bois chenu
40:42oui
40:42qu'est-ce que c'est ?
40:44c'est une basilique
40:44dont la construction
40:45a été décidée
40:46à la fin du 19ème siècle
40:47et qui voulait
40:49rappeler que
40:51le berceau
40:52de l'histoire
40:53de Jeanne d'Arc
40:54est là
40:54et là dans cette forêt
40:55le bois chenu
40:56qui se trouve
40:56à quelques kilomètres
40:58de Don Rémy
40:59et là
41:00l'église
41:02en même temps
41:02que la république
41:03parce qu'il y avait
41:04cette collusion
41:04église-république
41:06à la fin du 19ème siècle
41:07ont voulu
41:08rappeler
41:09par un
41:10édifice
41:11l'origine
41:13de la
41:14de la grande épopée
41:15de Jeanne d'Arc
41:16et vous situez
41:17justement
41:17votre héroïne
41:19et sa famille
41:20à Greux
41:21à un kilomètre
41:22de Don Rémy
41:22le village natal
41:24de Jeanne d'Arc
41:24ce village natal
41:27finalement
41:27on le connait peu
41:28d'autant plus
41:28que l'orthographe
41:29de Greux
41:30je le suis un peu
41:30renseigné
41:31il y a 18 versions
41:32différentes
41:33dans l'écriture
41:33de Greux
41:34entre 1175
41:35et 1740
41:36comment ça se fait ?
41:37il y a plein de noms
41:38qui changent
41:38dans la région
41:39l'orthographe
41:39des noms propres
41:40était très très variable
41:41à cette époque-là
41:41mais Greux
41:43était intéressant
41:44parce que c'est un village
41:45dans lequel se trouve
41:46un hermitage
41:47l'hermitage de Bermont
41:48où Jeanne d'Arc
41:50allait
41:50là c'est avéré
41:51c'est historique
41:52elle allait tous les samedis
41:54se recueillir
41:54près de la Vierge
41:55de l'hermitage de Bermont
41:56donc pour moi
41:58c'était très important
41:59d'enraciner mon histoire
42:01dans ce village de Greux
42:02oui et Jeanne d'Arc
42:02et Jeanne d'Arc
42:02étant filigrane
42:03dans votre histoire
42:04car Hermance
42:05l'héroïne
42:06elle a été marquée
42:07par sa révolte
42:07et elle a ce côté révolté
42:09c'est une rebelle
42:11c'est une rebelle
42:13et comme l'était
42:14Jeanne d'Arc
42:14d'ailleurs
42:15qui n'acceptait pas
42:16l'ordre imposé
42:17l'ordre imposé
42:18par l'Angleterre
42:19à cette époque-là
42:20l'ordre imposé
42:21par la structure sociale
42:24du moment
42:24à la fin du 19ème siècle
42:26et mon héroïne
42:27Hermance
42:28va se revolter
42:30avec bienveillance
42:30toujours dans l'esprit
42:32de Jeanne
42:32oui mais en même temps
42:33la résistance
42:34en Lorraine
42:34est très précise
42:35car la résistance
42:36elle a existé
42:37même en particulier
42:38après le traité de Sedan
42:39qui a vu les Prussiens
42:41s'emparer de l'Alsace-Lorraine
42:42et oui
42:42et oui
42:43et ce rouet
42:44qui était une relique
42:45est devenu le symbole
42:46de la résistance
42:47alors votre histoire
42:48est très particulière
42:49Gilles Laporte
42:50car elle se déroule
42:51sur un demi-siècle
42:52pourquoi ?
42:54c'est l'époque
42:55qui couvre
42:56la fin de la guerre
42:57de 70
42:57la première guerre mondiale
42:59et la seconde guerre mondiale
43:00je voulais qu'on aille
43:01jusqu'à la résistance
43:03de la seconde guerre mondiale
43:04parce que ce sont
43:05des moments clés
43:06en Lorraine ?
43:07oui
43:07oui
43:08très très important
43:09qui marquent encore
43:11les populations
43:12en Lorraine
43:12c'est-à-dire ?
43:13les tragédies
43:14ne sont pas éteintes
43:15toutes les familles
43:16ont été touchées
43:17profondément
43:18c'est pareil
43:19dans d'autres régions
43:20de France
43:20mais la plus particulièrement
43:22c'est peut-être
43:22la région la plus riche
43:23en monuments aux morts
43:25et en cimetières militaires
43:26oui car il y a eu
43:27des batailles
43:28il y a eu le STO
43:29il y a eu beaucoup de choses
43:30qu'on a vu dans toute la France
43:31mais qui sont très particuliers
43:32en Lorraine
43:33oui
43:33et pourquoi ?
43:35parce que la région
43:36justement
43:37il y avait plus de résistants
43:39ou des résistants
43:40plus menacés
43:41ou plus découverts
43:42que d'autres ?
43:43la Lorraine
43:43est le dernier état
43:46souverain et indépendant
43:47annexé par la France
43:48il a été annexé
43:50à la fin du XVIIIe siècle
43:51à la mort de Stanislas
43:52Zezinski
43:52qui était devenu
43:53duc de Lorraine
43:53par remplacement
43:57du duc de Lorraine
43:59qui avait été chassé
44:00de ses états
44:00par le roi Louis XIV
44:01donc la Lorraine
44:03a gardé cet esprit
44:05un peu frondeur
44:06d'un état
44:07qui souhaitait
44:08rester indépendant
44:09et souverain
44:10donc cet esprit
44:12a alimenté
44:13les résistances
44:14de 1970
44:15de 1914 à 1918
44:17et de 1939 à 1945
44:19et vous faites un détour
44:21par le Tarn
44:22par Albi
44:23car le frère
44:24de l'héroïne
44:25va se retrouver
44:26dans cette région
44:26là on n'est plus
44:27dans les Vosges
44:27on n'y est plus
44:29mais on n'y est
44:29par l'esprit
44:30il a travaillé
44:31dans la cristallerie
44:32de Baccarat
44:33mon héros
44:33et puis un jour
44:34il en a eu assez
44:35de cet esprit
44:36un peu particulier
44:37ce paternalisme
44:38il a voulu aller voir
44:39ailleurs ce qui se faisait
44:40comment on respirait
44:41dans le monde ouvrier
44:43et il est allé à Albi
44:44parce que Albi
44:44c'est la patrie de Jaurès
44:46c'est le pays
44:47dans lequel est née
44:48la nouvelle pensée ouvrière
44:50je dirais
44:50et il a travaillé
44:53il a trouvé du travail
44:54dans une verrie
44:55qui existe encore
44:56une verrie coopérative
44:57une verrie qui est tenue
44:58administrée
44:59propriété
44:59de ses propres ouvriers
45:01et il y a Albi
45:02la cathédrale Sainte-Cécile
45:03qui est très particulière
45:04parce que c'est la seule
45:05en France
45:06à porter ce prénom
45:06c'est assez particulier
45:08je trouve aussi
45:09qu'au fil des chapitres
45:10vous évoquez
45:10Victor Hugo
45:11vous évoquez
45:12Benoît XV
45:13on a oublié
45:14qui a canonisé Jeanne d'Arc
45:15oui c'est vrai
45:16oui
45:17ça a été quelque chose
45:18de très important
45:19dans le reste
45:19oui très important
45:21bien sûr
45:21et puis Victor Hugo
45:22oui parce que
45:23il est dans tous mes romans
45:25je cite Victor Hugo
45:26partout
45:26le grand défenseur de l'école
45:28je rappelle en permanence
45:29sévère
45:30chaque enfant qu'on enseigne
45:31est un homme qu'on gagne
45:3290 voleurs sur 100
45:34qui sont au bagne
45:34ne sont jamais allés
45:35à l'école une fois
45:36ils ne savent pas lire
45:37et signe d'une croix
45:38donc il invitait
45:39à ouvrir des écoles
45:40il a fermé des prisons
45:41et il y a aussi
45:43le Tour de France
45:44qui passe à Metz
45:45ça aussi
45:46c'est une chose
45:46très particulière
45:47oui
45:48oui j'ai voulu
45:49que mes héros
45:49aient assisté
45:50à une arrivée
45:51du Tour de France
45:51à Metz
45:51parce que le Tour de France
45:53a marqué mon enfance
45:54et il continue
45:55à me passionner
45:55c'est à dire
45:56à Metz
45:56vous alliez voir
45:57en Lorraine
45:57le Tour de France
45:58passer
45:58il passait devant
45:59chez mes parents
45:59il passait devant
46:00la maison familiale
46:01donc j'ai vu
46:02j'ai vu Darigat
46:03j'ai vu Robic
46:04et puis vous évoquez
46:07mais en une ligne seulement
46:08les Jeux Olympiques
46:09de 1924
46:10que vos héros
46:11ne vont pas les voir
46:13oui parce que
46:15ils n'étaient pas encore
46:17tellement ouverts aux femmes
46:18peu de femmes
46:20étaient sélectionnées
46:21pour les Jeux Olympiques
46:21à cette époque là
46:22d'ailleurs mes héros
46:23dénoncent
46:23ce constat
46:26de la quasi-absence
46:28de femmes
46:28dans les épreuves
46:29mais les Jeux Olympiques
46:30de Paris 1924
46:31quand même
46:32ont ouvert une voie
46:32c'est la première fois
46:33qu'il y a un village olympique
46:34il y a un peu d'eau courante
46:37il y a un bureau de poste
46:38d'un restaurant
46:38ça s'arrête là
46:39mais c'est le premier village olympique
46:41avant tout ce qu'il s'en fait ensuite
46:42c'est vrai
46:43il a jeté les bases
46:44de la modernité
46:46en olympisme
46:47et dans ce roman
46:48qu'on suit
46:48puisqu'on suit le destin d'Ermance
46:50jusqu'à 1950
46:52on remarque des personnages
46:54qui ont une force de caractère
46:55les Lorrain
46:56ont une force de caractère
46:57qui ne se dément jamais
46:58oui
46:59et qui est l'héritage
47:00de ce dont je parlais tout à l'heure
47:01cette volonté
47:02de vivre dans un
47:04dans un pays
47:05encore souverain
47:06pas indépendant
47:07mais encore souverain
47:08et ils sont
47:09jaloux de leur culture ancestrale
47:12et la Lorraine d'aujourd'hui
47:13oui
47:14est-ce qu'elle ressemble
47:17à cette Lorraine
47:17que vous décrivez dans ce roman
47:19le rouet de Jeanne
47:20de moins en moins
47:21parce qu'elle est de plus en plus oubliée
47:23l'école ne transmet plus
47:27beaucoup cette histoire
47:29si particulière
47:31la plupart de nos jeunes
47:34en Lorraine ignorent
47:36ce qu'ont été les ducs de Lorraine
47:39ce qu'ont été leur pouvoir
47:40ce qu'ils ont apporté
47:41ignorent que l'école
47:43l'école de la république française
47:45est née en Lorraine
47:45elle est née de Julie Victor Doppier
47:48de Louise Michel
47:49qui s'est battue toute sa vie
47:51pour l'école
47:51de Jules Ferry
47:52qui n'était pas bordelais
47:53que je sache
47:54mais on a tendance à l'oublier
47:57comme on oublie que Chopin
47:58avait des racines Lorraine
47:59donc votre travail consiste justement
48:01Gilles Laporte
48:02à tenter de sauver ce patrimoine
48:04et ce passé pour préparer le futur
48:07pour préparer le futur
48:08oui c'est exactement ça
48:10pour qu'il réalimente notre réflexion
48:12concernant les sujets
48:13les plus importants
48:14comme on vient d'évoquer
48:15oui parce que finalement
48:16dans ce livre
48:16le rouet de Jeanne
48:17on trouve des sujets
48:18qui concernent le monde d'aujourd'hui
48:20et de demain
48:20bien sûr
48:21bien sûr
48:22Victor Hugo parlait pour l'avenir
48:23Jules Ferry parlait pour l'avenir
48:25Louise Michel se battait pour l'avenir
48:26et votre avenir ?
48:29je ne sais pas
48:29continuez à écrire des romans ?
48:31j'écris toujours des romans
48:32oui je suis en train de préparer
48:33le roman qui va sortir en 2026
48:35et je n'arrêterai pas d'écrire
48:38je crois que j'écrirai jusqu'à
48:41mon dernier souffle
48:42si j'en ai encore la possibilité
48:44oui et en défendant encore une fois
48:46cette région que vous aimez
48:47et que vous voulez faire connaître
48:48au-delà de ses frontières
48:50cette région et ses gens surtout
48:52ses gens
48:53que vous en faites partie
48:54et continuez ainsi
48:56ça s'appelle le rouet de Jeanne
48:58Gilles Laporte
48:59aux éditions Terre de France
49:00votre terre c'est la Lorraine
49:01et je recommande à celles et ceux
49:03qui nous écoutent de le lire
49:04parce qu'ils découvriront une région
49:06qui fait partie de la France
49:07cette douce France
49:08pas seulement de notre enfance
49:10mais de notre grande jeunesse
49:13et ses femmes
49:14et ses femmes
49:14et ses femmes également
49:16merci Gilles Laporte
49:17et puis le rouet de Jeanne
49:18j'espère que ce sera
49:19comme les livres précédents
49:20un succès couvert de prix
49:22merci
49:23merci beaucoup
49:23les clés d'une vie
49:24c'est terminé pour aujourd'hui
49:25on se retrouve bientôt
49:26restez fidèles
49:27à l'écoute de Sud Radio
49:28on se retrouve à l'écoute
49:29on se retrouve à l'écoute
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