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  • il y a 15 heures
Anxiété, dépression, troubles bipolaires...Que faire pour les 13 millions de Français touchés par un trouble psy ? Dans son deuxième épisode, « Et la santé, ça va ? » s'intéresse à la santé mentale, grande cause nationale 2025.

Nous entendrons la parole de celles et ceux qui vivent au quotidien avec un trouble psy. Errance médicale, poids du tabou, urgence d'aider les jeunes... Que faire face à cette épidémie silencieuse ? Pourquoi manquons-nous de psychiatres ? Quelles sont les initiatives qui ont fait leurs preuves à l'étranger et dont nous pourrions nous inspirer ?

Axel de Tarlé reçoit Céline Brulin, sénatrice de Seine-Maritime et co-rédactrice du sénatorial "Santé mentale et psychiatrie : pas de "grande cause" sans grands moyens", et Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l'Alliance pour la Santé mentale qui fédère plus de 3000 acteurs opérants dans ce domaine.

Invités : Cécile Brulin, sénatrice de la Seine-Maritime (Normandie) CRC et
Angèle Malatre, présidente de l'alliance pour la santé mentale regroupement des associations santé mentale. Année de Production : 2025

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Transcription
00:00Prévention, solidarité, accès aux soins, innovation.
00:08La Mutualité française présente
00:10Et la santé, ça va ?
00:12Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Et la santé, ça va ?
00:16C'est le sujet qui s'est invité dans l'actualité, la santé mentale.
00:20Il faut dire que les chiffres sont alarmants.
00:2213 millions de Français seraient touchés par des troubles psychologiques.
00:26Un Français sur cinq, dont 3 millions avec des troubles sévères.
00:31Autre chiffre, 67 jours d'attente en moyenne pour un rendez-vous en centre médico-psychologique.
00:37Ça fait donc plus de deux mois d'attente.
00:39Résultat, beaucoup de Français renoncent à se faire accompagner psychologiquement
00:44parce que trop cher, trop compliqué.
00:47Question, comment sortir de l'impasse, améliorer la prise en charge en cette année
00:52où la santé mentale a été décrétée grande cause nationale ?
00:56Et puis comment expliquer ce qui ressemble à une épidémie silencieuse ?
01:00On en parle avec nos invités.
01:15Céline Brulin, vous êtes sénatrice de Seine-Maritime.
01:18Vous êtes rapporteuse, bonjour, du rapport du Sénat sur la santé mentale.
01:21Et Angèle Malâtre-Lansac, vous êtes très engagée sur les questions de santé mentale
01:25dont vous avez fait un combat.
01:26Vous êtes déléguée générale de l'Alliance pour la santé mentale.
01:29C'est 3000 acteurs.
01:31Votre objectif, prévenir, sensibiliser et démocratiser le sujet.
01:36C'est vrai que la santé mentale, alors j'ai regardé la définition de l'OMS.
01:39C'est quoi la santé mentale ?
01:40C'est un bien-être qui nous permet, un, de faire face au stress de la vie,
01:45de réaliser son potentiel, de bien apprendre, bien travailler,
01:50de contribuer à la vie, à la communauté.
01:52C'est vrai qu'autant la santé physique, on voit très bien ce que c'est,
01:54avoir mal quelque part.
01:56La santé mentale, c'est plus compliqué au point qu'il faut faire
01:58une petite définition avant d'en parler.
02:01Exactement, c'est vrai que ce sujet-là, il est encore très méconnu.
02:04En fait, la santé mentale, ça fait pleinement partie de la santé.
02:07Et on a toutes et tous une santé mentale.
02:09Elle peut se dégrader, elle s'altère, elle bouge tout au long de la vie.
02:12Et vous l'avez dit, il y a chaque année une personne sur cinq
02:15qui est touchée par des maladies, des maladies psychiatriques.
02:18Et dans ces maladies-là, on a énormément de maladies.
02:20C'est comme dans les maladies physiques, on a beaucoup de maladies.
02:23Sur les maladies psychiatriques, vous avez des dépressions,
02:25des troubles anxieux, la schizophrénie, les TOC,
02:28les troubles du comportement alimentaire.
02:30Donc c'est vraiment très, très hétérogène,
02:31avec des maladies qui sont plus légères et ponctuelles,
02:34et d'autres qui vont être vraiment chroniques
02:35et s'installer tout au long de la vie avec des effets très sévères
02:37et des effets très forts sur la vie des personnes concernées,
02:40mais aussi sur leurs proches.
02:42Céline Brulin, c'est vrai que c'est un sujet dont on parle de plus en plus.
02:45Est-ce que c'est parce que c'est…
02:46J'ai parlé d'épidémie silencieuse.
02:49Est-ce que c'est parce que c'est une épidémie qu'on ne voit pas,
02:52mais qui malheureusement s'étend au sein de la population ?
02:55Ça s'étend, et effectivement, il y a de plus en plus de gens
03:00qui sont victimes de ces problèmes de santé mentale.
03:04Vous disiez, c'est un peu différent de la santé physique,
03:08mais pas tout à fait,
03:09parce qu'y compris l'Organisation mondiale de la santé
03:12a défini la santé comme pas seulement le fait de ne pas être malade,
03:16c'est-à-dire qu'on se donne l'objectif collectivement d'un bien-être
03:21qui est peut-être une quête…
03:23– Physique et mentale.
03:24– Et mentale.
03:24– Et je vous rejoins sur le fait que ce qui est très bien,
03:27c'est que de plus en plus, on prend conscience
03:29que la santé mentale fait partie intégrante de la santé,
03:33alors que c'était un peu à part jusqu'à présent.
03:36Mais on voit effectivement, depuis à peu près le milieu des années 2010,
03:41des phénomènes qui s'accentuent terriblement,
03:43notamment parmi la jeunesse, et…
03:47– C'est parmi la jeunesse, et c'est depuis 2010,
03:49parce qu'on a l'impression que c'est le Covid qui est un avant et un après.
03:54– Alors, moi, les gens que j'ai pu, les spécialistes,
03:57les scientifiques qui se sont penchés sur le sujet,
04:01disent que oui, c'est à peu près au milieu des années 2010
04:04que le Covid a eu un effet catalyseur,
04:07mais que ce n'est pas forcément le Covid qui a généré.
04:10Il y avait déjà un accroissement d'un certain nombre de pathologies au préalable.
04:15– Angèle Malatre-Lensac, vous êtes très engagée
04:17sur ces problématiques de santé mentale.
04:20Quand on se casse une jambe ou quand on a une maladie,
04:22on n'a pas honte de le dire.
04:23En revanche, la santé mentale, ça reste un sujet tabou.
04:26Il y a ce chiffre, une personne sur deux concernés n'ose pas en parler.
04:30– Oui, c'est un tabou, ça fait peur en fait.
04:33C'est un sujet qui est dans l'image…
04:35C'est vraiment un imaginaire collectif.
04:36Les maladies psychiatriques, ça évoque la folie, la violence, la faiblesse.
04:42Il faut vraiment sortir de ça parce qu'effectivement,
04:44encore une fois, ça touche énormément de personnes.
04:47Et comme une maladie physique, on peut aller consulter.
04:50Alors il y a une question d'accès au soin, on en parlera je crois.
04:52Mais vraiment, il faut agir le plus tôt possible,
04:55comme pour toutes les maladies.
04:56Le plus tôt, on va pouvoir consulter, prendre conscience qu'on a une maladie.
04:59Le plus tôt, on va pouvoir aussi être soigné et puis se rétablir.
05:03Et puis en plus de ça, il y a des grosses difficultés pour accéder au soin.
05:06Donc tout s'accumuler, ça fait qu'on perd parfois énormément de chance.
05:09C'est ce qu'on appelle la perte de chance.
05:11Je prends les troubles bipolaires, par exemple, dont nous a parlé Nicolas Demorand,
05:14en racontant vraiment son histoire.
05:16Entre le moment où il a les premiers symptômes,
05:18le moment où on lui pose un diagnostic, c'est 10 ans.
05:20Et bien ça, c'est la moyenne en population générale.
05:22Il se passe 10 ans.
05:23Quand vous savez que ces troubles démarrent à la fin de l'adolescence,
05:25au début de l'âge adulte,
05:27à des moments où vous commencez vos études,
05:29vous construisez votre vie de famille,
05:30à ces moments-là, ne pas savoir que vous êtes malade,
05:32resté comme ça, avec cette souffrance-là, et ne pas pouvoir en parler.
05:36Mais il ne veut pas le savoir parce qu'il ne le sait pas,
05:37ou bien parce qu'il le tait, il le cache, il ne veut pas en parler.
05:41Les deux, on ne comprend pas ce qu'on a.
05:43On a des signaux qui font peur.
05:45On se dit, mais je ne suis pas fou, je ne suis pas faible.
05:47Et donc, on ne comprend pas que ça peut être soigné.
05:49Ça peut tout à fait être des maladies avec lesquelles...
05:51Alors, soit on vit au long cours, soit même on guérit.
05:53Donc, il faut vraiment avoir ça en tête.
05:55Ce sont des pathologies avec lesquelles on peut vraiment vivre.
05:59Donc, il faut vraiment avoir cette idée-là
06:00qu'il n'y a pas de honte, il n'y a pas de tabou.
06:03Et dans les familles aussi, pouvoir en parler,
06:04dans les écoles, dans le monde du travail,
06:06il y a vraiment un sujet à démocratiser.
06:08Et aujourd'hui, ce qui est intéressant,
06:09avec cette année toute particulière,
06:11mais ça avait démarré avec le Covid,
06:13et puis dans les pays anglo-saxons,
06:14ça avait démarré bien avant,
06:16on en parle beaucoup plus.
06:17Il y a des séries, il y a des livres,
06:18il y a des témoignages,
06:19il y a des sportifs qui prennent la parole,
06:21il y a des artistes qui prennent la parole.
06:23Si vous voulez, à libérer la parole et à se dire,
06:25bon, peut-être que moi aussi, finalement,
06:27je suis touchée par une de ces maladies
06:29et je peux peut-être faire quelque chose.
06:31Ce n'est pas une fatalité.
06:33– Alors, justement, la question du diagnostic
06:36dont vous parlez, précisément,
06:37je vous propose de voir ce reportage
06:39d'un jeune homme de 40 ans qui est atteint de schizophrénie,
06:42mais vous allez le voir, pendant une bonne partie de sa vie,
06:44le problème, c'est qu'il ne le savait pas,
06:45qu'on ne le lui avait pas diagnostiqué.
06:48Reportage.
06:48– En vrai, j'adore mes plantes
06:55et j'avoue que ça fait partie du bien-être
07:00de s'en occuper aussi.
07:01– David est un des 600 000 schizophrènes
07:04diagnostiqués en France.
07:06Aujourd'hui, il a un traitement,
07:07un logement et un travail.
07:10Mais ce chemin lui a pris 14 ans.
07:13Personne n'a détecté les prémices
07:14de sa maladie à l'adolescence.
07:16– Là, je suis là.
07:18J'étais un peu différent des autres,
07:19mais je n'étais pas trop différent
07:22pour que ça pose problème.
07:23Et malgré tout, ça s'est déclaré quand même
07:25au bout d'un moment, quoi.
07:26– C'est quelque chose dont on parlait, non ?
07:28Votre famille ?
07:29– Non, on parlait très peu de santé mentale
07:30dans ma famille, et encore maintenant,
07:32on n'en parle pas assez à mon goût.
07:33– Et pour le coup, je parle de ma famille,
07:35mais je pense que c'est pareil
07:36pour tout le monde dans la société.
07:38Entre les personnes qui ont un trouble psy
07:39et les personnes qui n'en ont pas,
07:40il y a 10 000 personnes
07:42qui se situent entre ces deux extrêmes, quoi.
07:43– Il aura fallu que David traverse
07:49des épisodes traumatisants,
07:51seul, à plusieurs reprises,
07:53sans traitement, sans diagnostic,
07:56avant d'être enfin pris en charge.
07:57– Moi, les premières manifestations
08:01que j'ai vécues de la schizophrénie,
08:03je ne savais pas que c'était de la schizophrénie
08:04à l'époque, puisque j'étais un adolescent
08:06un peu reclus, j'avais 14-15 ans,
08:08j'ai commencé à moins voir mes amis,
08:10à rester chez moi, peut-être avoir
08:11des difficultés un peu de concentration,
08:13des choses comme ça.
08:14Après, quand j'ai eu 18-19 ans,
08:16j'ai eu des premiers épisodes psychotiques,
08:19donc j'ai eu des hallucinations et des délires.
08:21J'en ai eu pendant une dizaine d'années,
08:22de temps en temps,
08:23mais ça s'est résolu un peu tout seul à chaque fois,
08:26jusqu'à ce que j'ai eu un épisode psychotique
08:27beaucoup plus fort,
08:28où j'ai terminé dans un arbre,
08:29où j'ai grappé dans un arbre,
08:30parce que j'étais pour le coup
08:31en pleine crise de paranoïa.
08:33Et là, du coup, j'ai dû aller à l'hôpital,
08:35j'ai eu un traitement,
08:36on ne m'a pas donné un diagnostic précis
08:37dès le début,
08:38on m'a surtout dit
08:39que j'avais fait des épisodes psychotiques
08:40et qu'il fallait que ce soit traité.
08:42Malgré son hospitalisation,
08:44David estime qu'il a continué
08:46à affronter sa maladie
08:47de façon très solitaire,
08:49comme si l'errance se poursuivait
08:50même après le diagnostic.
08:53Après un premier épisode psychotique,
08:55on considère en effet
08:56que plus d'un patient sur deux
08:57rechutent dans l'année.
08:59Vous sortez de l'hôpital
09:00alors que vous êtes réduit à néant,
09:02parce que traumatisme d'avoir appris
09:04que vous aviez un trouble
09:04d'une manière ou d'une autre,
09:06traumatisme de l'hospitalisation
09:07qui s'est souvent mal passée,
09:08traumatisme du stigma de la société.
09:11Donc vous sortez,
09:12vous êtes moins que rien.
09:13Vous avez l'impression d'être vraiment...
09:14D'ailleurs, souvent,
09:15vous avez des idées suicidaires en plus
09:16à cause de tout ça,
09:19puis l'estime de soi, etc.
09:20Et là, on vous dit juste
09:21une ordonnance,
09:23vous allez chercher vos médicaments
09:24et vous revenez dans un mois.
09:27Il n'y a rien.
09:28Il n'y a aucun support,
09:29aucune aide.
09:32Donc c'est hyper compliqué.
09:33Je comprends que beaucoup de gens
09:34rechutent derrière.
09:35Sur l'ensemble des 13 millions de Français
09:38atteints de troubles de la santé mentale,
09:41on estime que 40 à 60 %
09:43sont peu ou pas pris en charge,
09:46avec des conséquences importantes
09:48sur le quotidien.
09:48Ma maladie a eu pas mal d'impact
09:51sur mon métier.
09:52Déjà parce qu'au début,
09:53j'étais genre indigné
09:55avec des patrons.
09:58Donc un patron qui perd son employé
09:59pendant deux mois l'été
10:00parce qu'il est hospitalisé
10:01et qui a du mal quand il revient
10:03à reprendre le travail.
10:04C'est compliqué.
10:06Après, j'ai eu des rechutes
10:07dans des moments où j'étais
10:08mon propre patron
10:09et j'ai perdu des clients.
10:10Parce qu'évidemment,
10:11le client est là
10:12parce qu'il veut que son jardin
10:13soit tendu tous les 15 jours.
10:14Quand on fait un trou de trois mois
10:15parce qu'on va moins bien,
10:16ça ne marche pas.
10:19Céline Brulin,
10:20ce que montre ce reportage,
10:21c'est d'abord 40 à 60 %
10:23ne sont pas pris en charge.
10:24Et quand ils sont pris en charge,
10:26on le voit, il va à l'hôpital,
10:27on lui donne des médocs
10:28et hop, tu rentres chez toi.
10:29Il n'y a pas plus d'accompagnement
10:31de psychiatres ?
10:32Non, on manque terriblement
10:34de soignants
10:35et notamment de psychiatres.
10:37Et puis je crois qu'il faudrait
10:38que dans ce qu'on appelle
10:39la première ligne des soignants,
10:41par exemple les généralistes,
10:43il y ait une formation
10:44sur justement les maladies
10:46psychiatriques parce qu'on dit
10:47qu'il y a sans doute à peu près
10:4830 % des patients
10:50d'un médecin généraliste
10:51qui souffrent de troubles psychiques.
10:54Mais le médecin lui-même,
10:55qui est généraliste,
10:57qui n'a pas ou peu fait
10:58de formation psychiatrique
11:00lors de son cursus,
11:02il n'est pas forcément lui-même
11:04à même de détecter ça
11:05et d'orienter.
11:06Parce qu'il ne s'agit évidemment pas
11:07que le généraliste traite tout,
11:09mais qu'il puisse conseiller
11:10un psychiatre.
11:10Ce qu'on propose, par exemple,
11:12nous, dans le rapport
11:13qu'on a produit,
11:14c'est qu'il y ait autour
11:16des soignants de première ligne,
11:18notamment des généralistes,
11:20des équipes pluridisciplinaires
11:21qui les aident
11:22à détecter ce genre de maladies.
11:24Ça peut être un psychiatre
11:26auquel le médecin va pouvoir
11:27confier son questionnement
11:30sur un patient.
11:31Ça peut être des infirmiers
11:33en pratique avancée
11:34spécialisés dans la santé mentale.
11:36– Qui savent repérer,
11:37qui savent poser des questions,
11:38accompagner, orienter.
11:40– Exactement,
11:40mettre dans des centres de santé,
11:42dans des maisons de santé
11:42pluridisciplinaires
11:43pour qu'on puisse mieux détecter.
11:46– À l'école ?
11:46– À l'école,
11:47parce qu'évidemment,
11:48quand on identifie
11:49qu'il y a un tel problème
11:50dans la jeunesse,
11:51il faut absolument s'emparer
11:54des questions de santé scolaire.
11:56On manque terriblement
11:57de médecins scolaires,
11:59on manque aussi
11:59d'infirmières scolaires
12:00et eux aussi,
12:01il faut les former
12:02à toutes ces problématiques,
12:03ce qui n'est pas forcément
12:04le cas aujourd'hui.
12:05– Angèle Malatre-Lensac,
12:06on ne va pas accuser
12:07la génération précédente,
12:08mais est-ce qu'on n'était pas
12:09dans une société ?
12:10On disait,
12:10arrête de t'écouter,
12:11arrête d'être reclus
12:12dans ta chambre,
12:13sors un peu,
12:14va voir tes amis.
12:15– Malheureusement,
12:15c'est toujours le cas.
12:16On le disait,
12:17aujourd'hui,
12:17une personne sur trois
12:18serait gênée de travailler
12:19avec une personne
12:20qui a des troubles psychiques,
12:21même de déjeuner
12:22avec une personne
12:22qui a des troubles psychiques.
12:24Ça fait peur,
12:24effectivement,
12:25ça continue à faire peur
12:26et aussi,
12:27on est très démunis
12:28parce qu'on n'a pas
12:29l'information.
12:29et je pense que je rejoins
12:31tout à fait
12:31ce que disait
12:31Madame la Sénatrice,
12:32c'est-à-dire qu'il faut
12:33qu'on remonte un peu la chaîne
12:34et qu'on agisse
12:35le plus en amont possible.
12:37– Les parents,
12:37la famille, l'école ?
12:38– Dès l'école,
12:39déjà, vous apprendre
12:40ce que sont les émotions,
12:41les compétences psychosociales,
12:42on appelle ça,
12:43c'est-à-dire vous apprendre
12:44à gérer les émotions,
12:45à identifier les signes
12:47qui peuvent alerter,
12:49à essayer de comprendre
12:50un peu ce que c'est
12:51que d'aller pas bien
12:51et que, non,
12:52vous n'êtes pas tout seul,
12:53en fait,
12:53vous pouvez en parler
12:54avec des gens,
12:54apprendre un petit peu
12:55les premiers gestes
12:56et après,
12:57dans l'ensemble de la société,
12:58il y a des formations
12:59qui existent pour ça,
13:00je pense par exemple
13:01au secourisme en santé mentale,
13:02comme le secourisme,
13:03vous savez,
13:03vous passez deux jours
13:04à vous former
13:04sur qu'est-ce qu'on fait
13:05si quelqu'un se sent pas bien,
13:07il y a du secourisme
13:08en santé mentale,
13:08deux journées de formation
13:09pour identifier les signaux
13:10et savoir comment orienter,
13:12comment réagir
13:13et ne plus avoir peur
13:13et ça,
13:14c'est les familles,
13:15les écoles,
13:16le monde du travail,
13:17les centres d'action sociale,
13:18il faut vraiment
13:19que toute la société
13:20ait un niveau de compréhension
13:21plus élevé
13:24par le mot épidémie,
13:25qu'est-ce qui s'est passé
13:26depuis les années 2010
13:28pour que de plus en plus,
13:30alors je ne sais pas,
13:31on vous dirait
13:31si c'est une question d'âge,
13:32d'adolescents
13:33ou de citoyens en général
13:35soient rattrapés
13:36par ces problèmes
13:37de santé mentale,
13:38il parlait d'une enfance reclue,
13:40je ne sais pas,
13:41est-ce que les jeux vidéo,
13:43les écrans font
13:44qu'on vit de plus en plus
13:46dans sa bulle
13:47et que ça accouche
13:49de problèmes de santé mentale ?
13:50Il y a incontestablement
13:51le rôle des réseaux sociaux
13:52qui n'ont de sociaux
13:54ou de social
13:54que le nom
13:55puisque justement
13:56ils contribuent
13:57à un isolement
13:57de plus en plus important
13:58et au fait
13:59que les interactions sociales
14:01qu'on peut connaître
14:01dans la vraie vie,
14:03dans des associations,
14:04dans des groupes,
14:05etc.
14:06C'est aussi des lieux
14:07où il y a des phénomènes
14:08de harcèlement
14:09qui se développent
14:10et qui sont
14:10de plus en plus intrusifs,
14:12c'est-à-dire qu'on connaît
14:14le harcèlement à l'école
14:15par exemple
14:15de tout temps,
14:17mais lorsqu'on rentrait
14:17chez soi,
14:18on était un peu protégés.
14:19Les réseaux sociaux
14:20font que vous êtes attrapés
14:22à n'importe quel moment
14:23et n'importe où
14:24dans votre vie.
14:25– Et quand on est un peu fragile,
14:26quand on est ado,
14:27ça peut vous casser ?
14:28– Quand on est ado,
14:29on est en pleine construction.
14:30Donc fragile ou pas,
14:31on cherche,
14:32on se questionne
14:32et effectivement,
14:33ça peut créer
14:34des terreaux plus propices.
14:36Mais il n'y a pas que ça.
14:38Il y a aujourd'hui,
14:39ce que ma génération
14:40ne connaissait évidemment pas,
14:41ce qu'on appelle
14:41l'éco-anxiété,
14:43des jeunes qui sont
14:43extrêmement inquiets
14:44du devenir de la planète
14:46et de eux
14:47sur la planète.
14:48il y a aujourd'hui
14:49des conflits,
14:49des guerres
14:50qui questionnent.
14:52Et puis,
14:53on voit aussi
14:54qu'il y a quand même
14:55une corrélation
14:56entre les problèmes
14:57de santé mentale,
14:58voire les maladies
14:59psychiques ou psychiatriques,
15:01avec la précarité
15:03des familles,
15:04des individus.
15:05C'est-à-dire que…
15:06– L'impression
15:07d'avoir raté sa vie ?
15:08– Pas seulement.
15:09Les difficultés du quotidien,
15:10des difficultés à se loger,
15:12des difficultés financières,
15:13le fait que chaque chose
15:15qui peut paraître banale
15:16pour chacun d'entre nous
15:18soit un parcours du combattant
15:19parce qu'on n'a pas les moyens,
15:21parce qu'on vit dans un logement
15:23qui n'est pas adapté
15:23ou qui est insalubre,
15:25parce qu'on s'inquiète
15:26pour l'avenir
15:26et celui de ses enfants.
15:28Tout ça crée aussi…
15:29Enfin, il y a des raisons aussi
15:32sociales à ces maladies.
15:35– Angèle Malâtre-Lansac ?
15:36– Peut-être pour dire
15:37qu'on n'a pas attendu 2025
15:40pour avoir une urgence,
15:40ni même 2020.
15:42La psychiatrie est en crise
15:43depuis toujours,
15:45j'ai envie de dire,
15:45et la question de la santé mentale.
15:47Moi, ça fait une quinzaine d'années
15:48que je travaille dessus,
15:49mais c'était déjà un énorme sujet.
15:50D'ailleurs, les acteurs
15:51du champ de la santé mentale
15:52avaient déjà demandé
15:53à ce que ce soit
15:53une grande cause nationale
15:54en 2013.
15:55À l'époque, je pense
15:56que la société n'était pas prête.
15:57On n'était pas prêts à en parler
15:58parce qu'effectivement,
15:59la période du confinement
16:00a levé le voile
16:01sur quelque chose qui existait.
16:02Il s'est passé un phénomène
16:03très particulier sur la jeunesse.
16:05On a eu un doublement quand même
16:06des troubles anxieux
16:07et dépressifs
16:08chez les 18-24.
16:09Et là, on voit un phénomène
16:10chez les très jeunes
16:12et notamment
16:12chez les très jeunes filles
16:13qui est particulièrement inquiétant.
16:15Si vous regardez, par exemple,
16:16l'enquête en classe
16:16de Santé publique France,
16:18elle vous dit
16:18les lycéennes,
16:19c'est 25% d'entre elles
16:20qui ont déjà pensé
16:22à la mort dans l'année,
16:22enfin, qui ont pensé
16:23à mettre fin à leur jour.
16:2525%, 10% chez les garçons.
16:28Donc, on voit bien
16:28que chez les jeunes filles...
16:28Le suicide,
16:29première cause de mortalité
16:30chez les jeunes âgés
16:31de 15-35 ans.
16:32C'est incroyable.
16:33C'est très, très fort.
16:35Et on voit bien
16:35ce phénomène-là
16:36de plus en plus jeunes,
16:38beaucoup chez les filles.
16:39Alors, je rejoins,
16:39c'est très multifactoriel
16:41la santé mentale.
16:42Précarité,
16:43les violences,
16:45la question, évidemment,
16:46des écrans,
16:46vous en avez parlé,
16:47mais les incertitudes,
16:48ce qui se passe dans le monde,
16:49tout ça, en fait,
16:50mêlé,
16:50va, en fait,
16:51entraîner
16:51et pouvoir entraîner
16:52des pathologies.
16:53Donc, il faut être
16:54très vigilant là-dessus.
16:55Est-ce qu'il y a un âge
16:56à surveiller ?
16:56On a vu dans le reportage,
16:57bon, depuis tout petit,
16:59je me sentais un petit peu différent
17:00et à 17, 18 ans,
17:01ça a basculé.
17:02Et je suis jusqu'à monter
17:03dans l'arbre
17:04parce que j'ai fait
17:04une crise de paranoïa.
17:05Très impressionnant,
17:06ce témoignage,
17:07il est très révélateur
17:08et je le trouve,
17:09voilà,
17:10il est émouvant aussi
17:11parce qu'on voit bien,
17:12en fait,
17:12la difficulté de ce jeune.
17:14C'est 75% des troupes
17:15se développent
17:16avant l'âge de 25 ans.
17:18Il faut absolument
17:19faire un focus
17:19très, très fort
17:20sur la question des jeunes
17:21et effectivement,
17:23encore une fois,
17:23le plus tôt,
17:24on va agir.
17:25Alors, c'est vraiment
17:25cet âge un peu charnière,
17:2715, 25,
17:27qui est vraiment un âge
17:29sur lequel il faut être
17:30très, très, très vigilant
17:31pour repérer les premiers signes
17:32et avoir un accès
17:34beaucoup plus facilité
17:35au système de soins.
17:37Aujourd'hui,
17:38c'est quand même
17:38un peu le brouillard.
17:39La première ligne,
17:40c'est-à-dire vers qui je m'oriente
17:41et il le raconte très bien,
17:42sa première orientation,
17:43c'est les urgences psychiatriques.
17:45Les urgences psychiatriques,
17:46c'est pas,
17:47voilà, c'est pas...
17:48C'est comme il l'a dit,
17:48on vous fait une prescription,
17:49vous allez à la pharmacie,
17:50vous prenez vos médicaments,
17:51et puis même,
17:51c'est les urgences,
17:52bon, ben voilà,
17:53vous êtes dans les urgences,
17:54c'est très dur,
17:54souvent c'est des conditions
17:56qui sont quand même pas simples
17:57et donc le rapport à la psychiatrie
17:59va pas être simple pour la suite.
18:00Donc, comment est-ce qu'on arrive
18:01à avoir des premières lignes
18:02qui vous accueillent plus tôt
18:04et dans de meilleures conditions ?
18:05Je vous propose précisément
18:07de retrouver David
18:08qui, du coup, s'est dit,
18:10eh bien, je vais,
18:11de mon expérience,
18:12je vais l'utiliser
18:13pour aider les autres,
18:14c'est ce qu'on appelle
18:14être père aidant.
18:16Alors, David travaille
18:17à l'hôpital de Roy-et-Malmaison,
18:19il travaille également
18:19dans une structure associative,
18:21la Maison Percher,
18:22au reportage.
18:29Par là ?
18:30Ouais, on peut s'asseoir là.
18:33Ouais, vas-y, vas-y.
18:34Depuis 2022,
18:36David a un nouveau travail.
18:37Il est médiateur
18:38de Santé Père.
18:40Merci.
18:41Merci.
18:43Oui, d'ailleurs,
18:44la dernière fois
18:44qu'on s'était vu,
18:45du coup,
18:45tu venais de trouver
18:46un nouveau boulot.
18:47Ouais, ouais,
18:47j'ai commencé
18:48dans cette boîte
18:49en avril dernier
18:50et ça se passe très bien.
18:52j'ai éveillé ma période
18:53d'essai,
18:53juste un peu nerveux,
18:55mais j'ai une maladieuse
18:56qui est vraiment adorable.
18:58David intervient
18:59à la Maison Percher
19:00à Paris,
19:01un lieu où les personnes
19:02avec un trouble
19:03de la santé mentale
19:04s'épaulent.
19:05Il accompagne Alexandre
19:06depuis plusieurs mois,
19:07schizophrène comme lui.
19:08souvent, en fait,
19:09je m'imagine
19:10ce que les autres
19:12pensent
19:13ou imaginent de moi,
19:13en fait.
19:15Peut-être
19:15que ça pourrait se travailler.
19:17David a suivi
19:17un cursus
19:18de médiateur
19:19de Santé Père
19:19à l'université.
19:21Pour les personnes
19:21qui l'accompagnent,
19:22il incarne surtout
19:23une forme d'espoir
19:24qui leur permet
19:25de se projeter.
19:26Dans ton parcours
19:27du rétablissement,
19:28là où tu...
19:28là, tu en es aujourd'hui.
19:32Et en fait,
19:34c'est l'aisance,
19:35en fait.
19:36Moi, j'ai encore
19:36des fluctuations,
19:37comme je peux en parler
19:38là maintenant.
19:39Mais ce que j'aime
19:40beaucoup chez toi,
19:41c'est ta douceur
19:42et que tu choisisses
19:44les bons mots,
19:44en fait,
19:45et t'es vraiment
19:45quelqu'un d'inspirant.
19:47Merci, merci beaucoup.
19:49Comme ça, je pense.
19:49C'est comme ça ?
19:50Oui, alors je pense
19:51que j'ai l'énoncé
19:51de cet exercice.
19:54David intervient aussi
19:55à l'hôpital de jour
19:56de Rueil-Malmaison
19:57où il anime des ateliers.
19:59Son approche est devenue
20:00une ressource indispensable
20:02pour les psychologues
20:03avec qui ils travaillent,
20:04comme Peggy Leborg.
20:06Dans tes participants,
20:07j'ai pas mal de mes patients
20:08et ils m'en ont fait un retour
20:09et ils avaient beaucoup
20:10de plaisir à m'expliquer.
20:13Ça fait du bien
20:14de voir qu'ils peuvent
20:15se projeter.
20:17Pour moi, David,
20:18c'est aussi la personne
20:20sur laquelle je vais m'appuyer
20:22pour lui parler
20:23d'une situation que j'ai
20:24avec un patient
20:25où je me dis,
20:26là, je sens mes propres limites
20:28et finalement,
20:28il faudrait peut-être
20:29qu'il puisse m'apporter
20:32sa vision à lui,
20:33sa perception.
20:35Et maintenant,
20:35je m'autorise
20:36à lui poser des questions
20:37en disant,
20:37mais quand je fais ça,
20:39je me représente
20:40certaines choses
20:41sur les personnes
20:42de ce que vivent,
20:43les personnes concernées,
20:44mais est-ce que je suis
20:45à côté de la plaque ?
20:46Et ça fait du bien
20:47de pouvoir
20:48en discuter librement aussi.
20:51Et c'est parfois nous
20:52qui nous mettons
20:53des barrières.
20:53Pour David,
20:56la paire aidance
20:57est une victoire
20:58face à ces dizaines
20:59d'années d'errance médicale.
21:01Ça donnait un sens
21:02à mon vécu,
21:02ça donnait un sens
21:03à ma vie.
21:04Le fait d'être passé
21:05par des moments
21:06de grande souffrance
21:07à cause de la maladie
21:08et de se dire
21:08que j'allais en faire
21:09quelque chose d'utile
21:10pour les autres,
21:12donc ça,
21:12c'est important.
21:13Après,
21:13c'est vrai qu'avoir
21:15un travail comme ça
21:16où on se dit
21:17qu'on aide les gens,
21:18qu'on fait le bien,
21:18il y a un peu de ça aussi.
21:20Donc c'est quelque chose
21:21qui me tient à cœur, oui.
21:21C'est quelque chose
21:22à un métier vraiment passion.
21:24Depuis 2023,
21:25la Haute Autorité de Santé
21:27recommande de développer
21:28le recours
21:29au père aidant.
21:32Angèle Malatlan-Sac,
21:33ce qui est frappant
21:33dans ce reportage,
21:34c'est qu'on a l'impression
21:34qu'il s'aide autant lui-même,
21:36David,
21:37qu'il aide les autres.
21:38Quand il a dit
21:38« j'ai trouvé un sens
21:39à ma souffrance,
21:40elle permet d'apporter
21:41du bien-être aux autres ».
21:42Utiliser son savoir,
21:43son savoir expérientiel,
21:45en fait, c'est très fort
21:45parce qu'à la fois
21:46ça va aider les autres,
21:47on le voit,
21:48à la maison perché,
21:49il aide quelqu'un aussi
21:50à se projeter,
21:51la personne va lui poser
21:52plus facilement des questions
21:53qu'on va poser à son médecin,
21:55on est plus à l'aise
21:55avec quelqu'un
21:56qui a vécu la même chose
21:57et puis aussi
21:58ça va transformer les pratiques.
21:59C'est des nouveaux métiers
22:00dans un service,
22:01le médecin, l'infirmier,
22:03la psychologue,
22:03on le voit,
22:04tout d'un coup,
22:05elles vont pouvoir discuter
22:06des patients
22:07avec quelqu'un
22:08qui a vécu ça
22:08et là ça change tout
22:09en termes de pratiques,
22:11de soins,
22:11c'est vraiment quelque chose
22:12de hyper intéressant,
22:13la paire aidance,
22:14on a vraiment à évoluer là-dessus,
22:15il n'y en a pas assez
22:16aujourd'hui en France,
22:17il faut vraiment essayer
22:17de démultiplier ça
22:18parce qu'on sait
22:19à quel point c'est utile
22:20et toute la recherche scientifique
22:21nous montre aussi
22:22que c'est efficace aussi cliniquement
22:23et ça aide énormément.
22:25Ce que disent ces deux reportages
22:27et ce dont nous fait part David,
22:30c'est le besoin d'accompagnement,
22:32c'est-à-dire qu'on ne peut
22:33effectivement pas
22:34renvoyer quelqu'un
22:35avec ses médicaments chez lui
22:36en lui disant
22:37débrouille-toi.
22:38Alors est-ce qu'il y a des structures
22:39pour ça,
22:39les fameux centres médico-psychologiques ?
22:41Alors il y a les centres
22:43médico-psychologiques
22:44qu'il faut renforcer
22:45parce que les délais d'attente
22:47qu'on a évoqués.
22:4767 jours ?
22:48Oui, ça peut même être
22:49parfois plus d'un an.
22:51Donc je vais mal,
22:52rendez-vous dans deux mois et demi ?
22:54Quand vous avez,
22:55moi j'ai des parents
22:56qui m'ont expliqué
22:56qu'ils avaient été orientés
22:58vers un CMP,
22:58un centre médico-psychologique
23:00et qu'on leur avait dit
23:01on ne pourra pas vous accueillir
23:03avant un an,
23:03c'est insupportable
23:04pour les familles,
23:05pour les patients
23:05et pour les gens
23:06qui travaillent
23:07dans ces centres médico-psychologiques
23:09qui ne travaillent pas
23:11pour dire aux patients
23:12revenez.
23:14Mais besoin d'accompagnement,
23:15ça veut dire aussi
23:16que par exemple
23:17les hôpitaux
23:17devraient pouvoir
23:18mettre en place
23:19des équipes mobiles
23:20qui aillent au devant
23:22des patients,
23:23qui aillent à leur domicile
23:24voir si ça va,
23:26voir s'il y a des patients
23:27qui à un moment donné
23:28se disent
23:28je ne prends plus
23:29mes médicaments
23:29parce que de toute façon
23:30ça ne sert à rien,
23:31qu'il faut essayer
23:32de raccrocher.
23:33Il y a vraiment
23:33la notion je pense
23:34d'accompagnement
23:35est très très importante
23:37beaucoup plus
23:37que dans toute autre maladie.
23:39Angèle Malâtre-Lancac,
23:40on parlait des familles,
23:41on imagine la détresse
23:42des parents
23:42face à une maladie
23:44qui fait peur,
23:46deux,
23:46qu'on ne comprend pas
23:47et trois,
23:48à laquelle on ne trouve
23:48pas de solution
23:49quand on appelle
23:49un centre médico-psychologique
23:51qui vous dit
23:52rendez-vous dans trois mois.
23:54Extrêmement difficile.
23:55Déjà d'accepter
23:57que son enfant
23:58soit mal,
24:00alors souvent
24:00on est très culpabilisé
24:01en tant que parent
24:02donc ça c'est très difficile.
24:03Qu'est-ce que j'ai fait ?
24:05Est-ce que c'est de ma faute ?
24:05Il y a parfois
24:06un peu cette culture-là
24:07en France de dire
24:07que c'est la faute des parents
24:08si les enfants sont malades.
24:10Il faut vraiment sortir de ça.
24:11Il y a aussi
24:12de l'accompagnement,
24:13on parlait de la paire-aidance
24:13pour les malades,
24:14pour les parents,
24:15pour les proches,
24:16il y a une association
24:16qui s'appelle l'UNAFAM
24:17qui est formidable
24:18et qui permet aussi
24:19d'avoir des ressources,
24:20d'échanger,
24:20d'avoir des groupes aussi
24:21pour comprendre
24:23vers qui je peux m'orienter
24:24etc.
24:24Et c'est vrai que pour les parents
24:25cette grande difficulté
24:26une fois que j'ai accepté
24:27c'est vers qui je me tourne
24:28et pour les jeunes
24:29vous avez des maisons
24:30des adolescents
24:31mais très hétérogènes
24:32sur le territoire
24:33vous avez des points d'accueil
24:34écoute jeunes
24:34vous avez des consultations
24:36de psychologues
24:37qui peuvent être remboursées
24:38ou pas
24:38alors c'est un peu fouillis
24:39c'est-à-dire qu'on ne sait pas vraiment
24:40alors certaines sont remboursées
24:42quand vous passez
24:42par le dispositif
24:43mon soutien psy
24:44d'autres ne le sont pas
24:44donc vous avez comme ça
24:46c'est très hétérogène
24:47vous avez des lignes d'écoute
24:48donc vers qui je me tourne
24:50c'est pas très clair
24:51et ça plus le tabou
24:53plus le fait
24:55qu'on ne sait pas trop
24:55si c'est une maladie
24:56ou pas une maladie
24:57plus les difficultés
24:58à trouver des soignants
24:59tout ça fait qu'effectivement
25:01on perd beaucoup de temps
25:02et finalement
25:02tout ce temps-là
25:03c'est des moments
25:04où on aurait pu
25:05soigner plus tôt
25:06arriver plus tôt
25:07mettre en place
25:07des traitements plus tôt
25:08pour que la personne
25:09elle puisse continuer sa vie
25:10normalement
25:11Céline Brulin
25:12Royaume-Uni
25:13ils ont eu cette initiative
25:15c'est le programme
25:15Improving Accurations
25:17Access to Psychological Therapies
25:19pardon pour mon accent
25:20ce qui fait qu'on peut passer
25:22par son médecin
25:23par un médecin généraliste
25:24pour avoir accès
25:25à une aide
25:26ou même par un questionnaire
25:29en ligne
25:30et du coup
25:31ça fonctionne
25:32ça fonctionne
25:32soi-disant très bien
25:33taux de rétablissement
25:3550%
25:351,5 million de Britanniques
25:37sont traités par an
25:38avec ce système
25:39il faut effectivement
25:39qu'on puisse avoir
25:40un accès
25:40le plus direct possible
25:42mais vous disiez
25:43par son médecin traitant
25:44il y a quand même
25:456 millions de nos concitoyens
25:46qui n'ont pas
25:46un médecin traitant
25:47et donc il faut
25:49qu'on forme
25:50beaucoup plus
25:51qu'on ne le fait aujourd'hui
25:52de médecins
25:53et parmi ces médecins
25:55des psychiatres
25:56des psychiatres
25:57spécialisés
25:58dans l'enfance
25:59et la jeunesse
26:00puisque
26:00on a une crise terrible
26:02en termes de pédopsychiatrie
26:04on en manque terriblement
26:05il y a des hôpitaux
26:07qui n'en ont plus
26:08il y a des départements
26:09qui sont complètement
26:10indigents
26:11de ce point de vue là
26:13et il faut vraiment
26:14que la grande cause nationale
26:16débouche
26:17sur un plan d'action
26:18ambitieux
26:19et très concret
26:20parce que sinon
26:22et ce n'est pas le cas
26:23pour l'instant
26:23parce que c'est une grande cause nationale
26:24c'est insuffisamment le cas
26:25ça a été
26:26oui
26:26ça a été réglé
26:27en grande cause nationale
26:28ce qui est très bien
26:29parce que ça a notamment permis
26:31qu'on ait ce genre
26:32de discussion
26:33d'échange
26:34et que des personnes
26:35connues ou moins connues
26:36permettent
26:38la déstigmatisation
26:40de ces maladies
26:41et du coup
26:42permettre à des gens
26:43qui peuvent en être victimes
26:44de se dire
26:44ah bah c'est peut-être ça
26:45dont je souffre
26:47mais on ne peut pas
26:48s'en tenir à ça
26:49je crois qu'il y a
26:49vraiment un effort
26:51en termes de formation
26:53de recrutement
26:55on ne peut pas
26:57après tout ce qu'on se dit
26:59sur la santé des jeunes
27:00laisser la médecine
27:02et la santé scolaire
27:02dans l'état
27:03où elle est aujourd'hui
27:04un infirmier scolaire
27:05il doit suivre
27:061500 ou 2000 élèves
27:07que peut-il faire
27:08les médecins scolaires
27:11on doit en avoir
27:12850
27:13c'est-à-dire
27:14même pas 60%
27:15des postes
27:16qui sont pourtant
27:16ouverts
27:17merci beaucoup
27:18je vais quand même donner
27:19deux numéros
27:19bon à savoir
27:20un numéro d'aide
27:21pour les problèmes
27:22psychologiques
27:23c'est le 3114
27:24il y a également
27:25le fil santé jeune
27:260800 235 236
27:28site internet également
27:29filsantéjeune.com
27:32merci beaucoup
27:33et la santé ça va
27:34c'est terminé
27:35on se retrouve
27:36pour un prochain numéro
27:37sur Public Sénat
27:38à bientôt
27:39prévention
28:01solidarité
28:02accès aux soins
28:04innovation
28:06c'était
28:09et la santé
28:09ça va
28:10avec la mutualité française
28:11Sous-titrage Société Radio-Canada
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