Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 semaines
Retrouvez les émissions en intégralité sur https://www.france.tv/france-2/telematin/toutes-les-videos/
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Gilles Bornstein revient sur les questions qui font l’actualité avec l'ancienne ministre Ségolène Royal.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Bonjour Maya, bonjour à tous, bonjour Ségolène Royal, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
00:09Vous publiez donc « Qui va garder les enfants ? », un constat des écueils que peuvent rencontrer les enfants dans cette société fracturée
00:15et une ébauche de solutions pour les aider à devenir des citoyens.
00:19Mais d'abord dans ce livre, vous revenez longuement sur votre défaite à la présidentielle de 2007.
00:26Vous semblez être toujours convaincue que vous avez perdu parce que vous êtes une femme,
00:31que c'est à cause d'attaques sexistes que vous avez perdu.
00:34Vous en êtes toujours convaincue 18 ans plus tard ?
00:37Oui, je pense que c'était difficile pour une femme de se faire entendre.
00:41C'était la première fois d'ailleurs qu'une femme arrivait au second tour de la présidentielle.
00:45Mais ce qui compte, c'est qu'est-ce qui se passe aujourd'hui dans la politique ?
00:48Qu'est-ce qui se passe ? Au fond, la question que nous nous posons tous, c'est quel monde allons-nous laisser à nos enfants ?
00:54Quel monde allons-nous leur laisser ?
00:56On a aujourd'hui une génération qui est extrêmement anxieuse.
01:00Vous savez, un enfant sur dix a eu des pensées suicidaires.
01:04Ce nombre d'enfants et d'adolescents qui ont des pensées suicidaires a doublé en l'espace d'une dizaine d'années.
01:10Et puis en même temps, un effondrement de la natalité.
01:12Donc tous ces signes montrent aujourd'hui que la nouvelle génération,
01:17qui est finalement l'essentiel de ce qui devrait préoccuper la politique,
01:20que la nouvelle génération a perdu confiance en l'avenir, qu'elle est déstabilisée, qu'elle titube.
01:25Et notre responsabilité, c'est de lui donner à nouveau confiance en l'avenir
01:29pour qu'à son tour, elle puisse transformer le monde dans lequel elle naît.
01:34Et s'il y avait une façon de résumer la politique, qui est celle que je défendais en 2007,
01:37mais ça paraissait secondaire au fond,
01:40puisque ce dénigrement « mais qui va garder les enfants » qui m'a été lancé à la figure
01:44lorsque j'étais candidate à la présidentielle, c'est de se dire
01:47« mais finalement une femme avec sa tendresse, avec son amour maternel, ça n'a aucun sens. »
01:51Mais si justement, et ce livre retourne ce stigmate en disant
01:54« mais finalement, aujourd'hui, de quoi a-t-on besoin si ce n'est de tendresse,
02:00d'amour du peuple, de sécurisation de ce peuple, de le protéger contre l'anxiété ? »
02:05Et donc qui va garder les jeunes contre l'anxiété ?
02:08Qui va garder leur planète ? Qui va garder leur avenir ?
02:10Est-ce que c'est forcément une femme ? Parce que vous écrivez « les qualités que l'on prête à l'amour maternel,
02:14vigilance, patience, constante, sont celles que les citoyens inquiets attendent de leurs dirigeants ».
02:21Est-ce que vous voulez dire que seule une mère, donc une femme, est capable de bien diriger ?
02:27Oui, c'est une bonne question.
02:28C'est-à-dire que le sujet, ce n'est pas une femme ou homme, c'est le système même.
02:35C'est le système politique qui dénigre les vertus traditionnellement accordées à l'amour maternel,
02:42parce que c'est un amour faible, parce qu'il n'est pas dans le virilisme toxique que je décris.
02:46C'est le contraire du virilisme toxique dont on souffre énormément aujourd'hui,
02:51dans cette surenchère, dans cette brutalité de la politique,
02:54dans cette course à l'armement, dans cette incapacité d'apaiser.
02:58Et donc cette question de l'amour inconditionnel qui est l'amour maternel,
03:02c'est une valeur fondamentale.
03:05Mais il peut y avoir des hommes qui ont de l'amour maternel, si vous voulez.
03:08C'est le système en lui-même.
03:10Et ces valeurs ont été tellement dénigrées,
03:12et aujourd'hui on voit qu'elles manquent tellement,
03:14par rapport à cette comparaison que je fais
03:17entre la réussite de l'éducation d'un enfant,
03:19qu'il faut encourager, qu'il ne faut pas isoler,
03:22qu'il ne faut pas dénigrer, qu'il ne faut pas fragiliser.
03:25Mais un homme est capable de tout ça, on est d'accord.
03:26Oui, mais l'important c'est que c'était considéré comme secondaire.
03:30Oui, mais maintenant.
03:31Maintenant, je pense que les jeunes pères sont plus dans cette logique-là.
03:35Mais ce n'est pas le sujet.
03:36Le sujet, c'est que le système politique,
03:38que le système institutionnel dénigre ces valeurs,
03:41alors que ces valeurs aujourd'hui,
03:43on pourrait faire accomplir des progrès considérables,
03:48et surtout protéger les peuples et les jeunes
03:52de cette angoisse qu'ils subissent.
03:54Regardez ce qu'on a subi entre la gestion des gilets jaunes.
03:57Vous ne croyez pas qu'une mère de famille
03:59aurait embêté comme ça ses enfants pendant neuf mois,
04:03à les harceler, à les réprimer.
04:06Qu'est-ce que vous voulez dire ?
04:06Une mère de famille n'aurait pas essayé de contrer les manifestations ?
04:12Qu'est-ce que vous voulez dire ?
04:13Ce que je veux dire, c'est que, par exemple,
04:15si j'avais de responsabilités,
04:16en 24 heures, la taxe carbone était retirée.
04:19C'est insupportable de voir un peuple souffrir.
04:22C'est inadmissible.
04:23Comment est-ce que des dirigeants peuvent voir un peuple souffrir
04:26du fait de mauvaises décisions politiques
04:28et laisser traîner cette souffrance ?
04:31C'est inadmissible.
04:31Mais une politique doit aussi avoir des convictions.
04:35Parce que retirer une mesure dès qu'elle ne plaît pas,
04:38c'est du populisme.
04:39Non, ce n'est pas qu'elle ne plaît pas,
04:40c'est qu'elle fait souffrir.
04:41La politique, ce n'est pas faire souffrir.
04:43La politique, c'est émanciper un peuple.
04:46C'est donner du bonheur à un peuple.
04:47C'est donner envie d'avancer,
04:48envie de travailler,
04:49envie de se donner.
04:50C'est donner aux jeunes générations
04:52l'envie de travailler, de s'investir,
04:54la sécurité pour s'épanouir.
04:56C'est ça, la politique, aujourd'hui.
04:58Mais peut-on retirer tous les impôts
05:01au motif qu'ils ne plaisent pas ?
05:03Non, mais ils ne font pas souffrir, les impôts.
05:05Ils font du bien aussi,
05:06puisque la dépense publique,
05:07elle permet aussi de faire du bien.
05:08Ça n'a pas de sens.
05:09Ce que vous dites, par exemple,
05:11les 49.3, la réforme des retraites,
05:12dès lors que les peuples se jettent dans la rue
05:15pour crier leur souffrance...
05:17Il faut les écouter.
05:18Il faut non seulement les écouter,
05:19mais anticiper les problèmes.
05:21Une bonne politique,
05:22un pays bien gouverné, bien présidé.
05:25D'ailleurs, présider, c'est aimer.
05:26Et ça, ça nous manque cruellement aujourd'hui.
05:29Pourquoi ?
05:29Parce qu'un pays bien présidé,
05:31c'est un pays dans lequel
05:31il n'y a pas de révolte sociale.
05:34Il n'y a pas de colère sociale
05:35qui fait souffrir.
05:36Vous voyez que ça ne fait pas souffrir
05:37les agriculteurs d'être obligés
05:38de descendre dans la rue, par exemple.
05:39Et donc, si on ne veut pas faire souffrir
05:41un peuple pour que son énergie
05:43soit donnée au meilleur
05:44de ce qu'il peut apporter au pays,
05:47à ce moment-là,
05:47on règle les problèmes avant.
05:49Et un pays bien présidé
05:51et bien gouverné,
05:52c'est un pays où il n'y a pas
05:53de colère sociale,
05:53parce qu'on aura écouté,
05:55régler les problèmes avant
05:56et travailler en collectif
05:58à des solutions.
05:59C'est ça, la bonne gouvernance
06:00qui nous manque cruellement aujourd'hui.
06:02Les discussions budgétaires continuent.
06:04Est-ce que le PS a raison
06:05de discuter avec le gouvernement
06:08plutôt que de censurer ?
06:10Est-ce que vous pensez
06:11que le PS milite
06:14contre la baisse des dépenses sociales ?
06:15Est-ce qu'aujourd'hui,
06:15pour réduire le déficit,
06:17il faut accepter
06:18une certaine baisse des dépenses ?
06:19Pour réduire le déficit,
06:22il faut lutter contre les gaspillages.
06:24Et c'est ça qui manque
06:25aujourd'hui cruellement.
06:27Il n'y a pas le courage
06:28de lutter contre les gaspillages.
06:29Il y a 1 600 organismes
06:31dans tous les sens
06:31qui font souvent le doublon
06:33de ce que font les ministères.
06:34Donc, il faut baisser les dépenses.
06:36Il faut baisser les gaspillages.
06:38Il ne faut pas baisser
06:38les dépenses essentielles.
06:39Bien sûr.
06:40Il ne faut pas baisser l'éducation.
06:41Il ne faut pas baisser la santé.
06:42Il ne faut pas baisser
06:43la lutte contre le réchauffement climatique.
06:45Il ne faut pas baisser la sécurité.
06:47Mais il faut baisser les gaspillages.
06:48Un euro dépensé doit être un euro utile.
06:51Est-ce que c'est le cas aujourd'hui ?
06:52Non.
06:53Je vais vous donner quelques exemples.
06:54Les aides économiques aux entreprises,
06:56avant de mettre des impôts,
06:57parce que les gens,
06:58ça déstabilise aussi
06:59le fait de se dire
07:01que la fiscalité va être alourdie
07:02alors qu'on est déjà le pays
07:04qui paye le plus d'impôts.
07:06En revanche,
07:06dire les 160 milliards donnés
07:08aux entreprises sans conditions,
07:10là, on peut faire des économies.
07:12Les doublons,
07:13les organismes,
07:14tous azimuts qui coûtent 160 milliards,
07:16là, on peut supprimer
07:17et réintégrer au Conseil économique et social.
07:19La gestion de la santé,
07:21est-ce que vous savez
07:21que la gestion de la santé,
07:23les ARS,
07:24toutes les structures
07:24qui ont été empilées
07:25pour gérer la dépense médicale,
07:28coûtent 6 milliards d'euros.
07:30Vous croyez,
07:30alors qu'avant,
07:31c'était géré par les hôpitaux,
07:32mais il y a quand même
07:33des économies de fonctionnement
07:34à faire
07:35et des prises de responsabilités
07:37à faire.
07:38J'observe que quand on demande
07:39à quelqu'un de gauche
07:40comment on réduit le déficit,
07:41tous disent qu'il faut augmenter
07:42les recettes,
07:43vous vous disent
07:43qu'il faut éviter les gaspillages,
07:46donc baisser les dépenses.
07:47C'est essentiel.
07:48Évidemment, ce livre,
07:48est-ce que vous venez de dire,
07:49résonne comme un programme ?
07:51Tout le monde le relèvera
07:53pour une juste autorité
07:54qui va garder la planète.
07:56Vous avez plein de propositions.
07:57Est-ce que vous avez
07:58un désir d'avenir pour vous ?
08:00Est-ce que vous voulez revenir
08:01dans la vie politique ?
08:02Ça dépendra du contexte,
08:04mais c'est évident,
08:05si vous voulez que je veux
08:07qu'à la prochaine présidentielle,
08:08ces idées-là soient portées
08:10parce que c'est l'essentiel
08:11de la politique.
08:12Pourquoi pas ?
08:13La dette générationnelle,
08:15c'est inadmissible.
08:16Donc, il faut de l'ordre générationnel juste.
08:18Vous pourriez participer
08:19à une primaire de la gauche ?
08:21Vous pourriez participer
08:21à une primaire de la gauche ?
08:23Oui, je pourrais participer
08:24à une primaire de la gauche.
08:25Bien sûr.
08:26Bien sûr.
08:27Bien.
08:28Dernière question.
08:30Votre livre est édité
08:31chez Fayard,
08:31qui est une maison d'édition
08:32qui appartient à Vincent Bolloré.
08:34Vous avez été chroniqueuse
08:35chez Cyril Hanouna.
08:37D'une certaine manière,
08:37vous faites gagner de l'argent
08:38à Vincent Bolloré
08:39et vous dépendez en partie
08:41de lui pour vos revenus.
08:43Est-ce que ça ne vous pose
08:44pas un problème ?
08:46Je ne dis pas
08:46pas un parti de lui.
08:47Non, mais vous êtes édité
08:49chez Vincent Bolloré.
08:50Il est dangereux,
08:51Vincent Bolloré.
08:51Non, ça ne me pose pas
08:52de problème.
08:53Je vais vous dire pourquoi.
08:54C'est que mon précédent livre
08:56était édité chez Fayard.
08:57Donc, c'est la suite.
08:58Ce que je peux enfin vous dire,
08:59il était chez Fayard.
09:01Ce n'est pas parce que
09:02le patron de Fayard change
09:03que moi, je dois sanctionner
09:04les salariés de Fayard.
09:06Et d'ailleurs,
09:07c'est la même équipe
09:08qui suit mon livre.
09:09Et au nom de quoi
09:10je vais moi sanctionner
09:12les salariés ?
09:12Il y a une liberté d'opinion
09:14dans ce pays,
09:14il y a une liberté d'expression,
09:16il y a une liberté d'entreprise
09:17dans le cadre des règles.
09:19Dès lors que les règles
09:20et les lois sont respectées
09:22par les uns et par les autres,
09:23il n'y a aucune raison
09:24de faire de la discrimination.
09:27Voilà.
09:27Au contraire,
09:28c'est sur le fond des idées
09:29qu'il faut lutter.
09:30On pourrait même faire
09:30le reproche inverse.
09:32D'ailleurs,
09:32ceux qui sont édités
09:33chez Fayard pourraient dire
09:34« Mais pourquoi vous prenez
09:35Ségolène Royal ? »
09:35Peut-être l'ont-ils dit d'ailleurs.
09:37Vous n'avez pas à prendre
09:37Ségolène Royal,
09:38elle ne pense pas comme nous.
09:39Eh bien justement,
09:40je ne pense pas comme eux,
09:41mais j'affirme la justesse
09:44de ma pensée
09:44et j'espère qu'elle sera utile
09:46aux Français.
09:46Ségolène Royal,
09:48invitée des 4 vérités
09:49qui n'excluent pas
09:49de revenir en politique,
09:51voire de participer
09:52à une primaire de la gauche.
09:53Merci infiniment
09:54d'être passée
09:55par les 4 vérités.
09:56Bonne journée à tous.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations