- il y a 11 heures
Regardez « On refait le monde » avec François-Xavier Ménage, grand reporter TF1, et auteur du livre « Les oubliés - Enquête aux racines de la colère française » (Édition Robert Laffont), Jean-Laurent Cassely, essayiste, co-auteur de "La France sous nos yeux", Olivier Dauvers, spécialiste conso à RTL et Isabelle This Saint-Jean, économiste, professeure à Sorbonne Paris Nord.
Regardez On refait le monde avec Anne-Sophie Lapix du 28 octobre 2025.
Regardez On refait le monde avec Anne-Sophie Lapix du 28 octobre 2025.
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00:00Jusqu'à 20h, on refait le monde sur RTL, avec Anne-Sophie Lapix.
00:08Plus de 30 milliards d'efforts sur le budget 2026, 14 milliards d'impôts en plus, 17 milliards de dépenses en moins.
00:16C'était le projet de Sébastien Lecornu, alors vu ce qu'il se passe à l'Assemblée en ce moment, ce sera sans doute un petit peu moins ambitieux, mais ce sera quand même un effort.
00:23Quelles seront les conséquences sur notre propre budget, sur notre pouvoir d'achat, si on rembourse moins les médicaments, si on n'indexe pas les prestations sociales, les retraites sur l'inflation ou si les mutuelles augmentent ?
00:34On va vous répondre avec nos invités François-Xavier Ménage, grand reporter de TF1 et auteur du livre « Les oubliés, enquête aux racines de la colère française » aux éditions Robert Laffont, bonsoir.
00:45Bonsoir.
00:45Jean-Laurent Casselli, essayiste et co-auteur de « La France sous nos yeux », bonsoir.
00:50Bonsoir.
00:51Isabelle Thys-Saint-Jean, économiste et professeure à la Sorbonne Paris-Nord, bonsoir.
00:57Bonsoir.
00:58Et Olivier Dauvert, spécialiste conso à RTL, parce qu'il a décidé de dormir dans le studio.
01:04Je sors mon sac de couchage, vous n'êtes pas marqué.
01:06Je ne sais pas quand vous allez cuisiner notre petit repas.
01:09Je vous invite au resto, vous l'avez dit.
01:10Ok, c'est le plus simple, on dépassera le budget de 12 euros.
01:15On refait le monde sur RTL.
01:21Ah oui, c'est obligatoire, forcément.
01:26On sort toujours ce petit monnaie des Pink Floyd pour poser le décor.
01:30Alors, on précise que toutes les mesures contenues dans le budget 2026 peuvent sauter.
01:34Elles ont d'ailleurs commencé à le faire, puisque l'examen du budget a débuté vendredi dans l'hémicycle.
01:38Et le projet du budget de la Sécu est examiné en commission, toujours à l'Assemblée.
01:43D'abord, Isabelle Thys-Saint-Jean, je vous propose de voir où on est en matière de pouvoir d'achat, où on en est.
01:49L'inflation est maîtrisée depuis l'an dernier.
01:53En septembre, les prix à la consommation sont en hausse de 1,2% sur un an.
01:58C'est peu, on est même dans les plus faibles d'Europe.
02:00Comment l'expliquer ?
02:01Si on regarde ce qui s'est passé sur l'inflation, il y avait deux facteurs principaux,
02:12qui étaient, un, les suites du Covid et la désorganisation de toutes les chaînes de production.
02:18Du coup, il n'y avait pas de bien produit, si vous voulez.
02:22La demande était là, il n'y avait pas de bien produit, ça fait monter les prix.
02:27Ça, c'est le premier facteur.
02:28Et puis, deuxième facteur très important, c'est les prix de l'énergie, la guerre en Ukraine, etc.
02:35Et à partir du moment où vous avez une inflation qui s'installe, c'est un peu mécanique,
02:41tout suit d'une certaine manière, petit à petit.
02:45Et puis, les prix de l'énergie ont fortement baissé.
02:49Et puis, par ailleurs, on a quand même une production qui a un peu ralenti.
02:56Donc, on a un effet qui a joué sur l'inflation avec des taux d'intérêt directeurs de la Banque centrale
03:06qui ont été, donc, qui ont servi d'instrument pour faire baisser l'inflation.
03:12Alors, pourquoi c'est moins élevé en France qu'ailleurs ?
03:16Donc, spécifiquement là-dessus, pourquoi c'est moins élevé en France qu'ailleurs ?
03:22Alors, c'est compliqué parce qu'il faut regarder pays par pays.
03:27Dans l'ensemble, c'est quand même, il y a un gros effet sur l'énergie, le prix de l'énergie.
03:33Donc, ça, ça a fortement joué.
03:35Et puis, une économie qui tourne au ralenti et un effet qui commence à jouer sur ce qui s'est passé
03:46sur la réduction du déficit budgétaire.
03:49Ça commence à avoir des effets.
03:51Donc, tout ça, ça fait un cocktail où effectivement, on a une inflation plus basse
03:55qui d'ailleurs nous pose problème étant donné la politique de la BCE.
03:58Ça ne nous aide pas du tout.
04:00La Banque centrale européenne.
04:01Oui, pardon, la Banque centrale européenne.
04:03Ça ne nous aide pas du tout.
04:07Sachant que l'année prochaine, ça devrait un petit peu remonter.
04:12Ce qui, oui, ça aura un effet, notamment sur les mesures qui sont là inscrites dans le budget
04:17en termes d'années blanches, par exemple.
04:19On y reviendra.
04:21Oui.
04:21Donc, voilà, c'est difficile d'identifier précisément,
04:25mais c'est tout cet ensemble économique qui peut jouer avec une inflation, effectivement,
04:30qui est plus basse.
04:32Mais elle a été presque tout le temps plus basse que le reste de l'Europe
04:36pendant toute la période inflationniste.
04:38Une faible inflation, Olivier Dauvert, ça veut dire une petite hausse des prix.
04:42Il y a concrètement des prix qui baissent et des prix qui montent.
04:46Qu'est-ce qui baisse et qu'est-ce qui monte ?
04:47Si on regarde sur l'année qui vient de s'écouler sur les produits de consommation courantes,
04:51on est entre plus 1 et plus 2% d'inflation.
04:54C'est-à-dire, honnêtement, on revient dans des niveaux qui, en théorie,
04:57devraient être imperceptibles.
05:00Sauf qu'on adore voir les marqueurs qui nous montrent quelque chose qui grossit une réalité.
05:06En ce moment, on en a deux.
05:07On a le chocolat, on a le café et on est sur des hausses sur un an qui sont entre 20 et 40%.
05:14Donc, quand votre bocal de café lyophilisé a pris 30 à 40%, même si tout le reste n'a pas bougé, voire même a baissé,
05:23forcément, vous avez le sentiment qu'il y a toujours de l'inflation.
05:26Et il faut bien distinguer le ressenti de la réalité.
05:29Je me suis amusé, il y a quelques semaines, à comparer des tas de produits de consommation courante
05:33avec leur même prix en 1995.
05:37Vous imaginez ? 30 ans.
05:38Alors, évidemment, tous les prix ont augmenté, mais beaucoup moins que les salaires.
05:42Et donc, en réalité, voyez, je vous en cite un, par exemple.
05:45Un pot de sauce bolognaise, eh bien, le prix l'a fait 22% en 30 ans, ce qui n'est pas beaucoup.
05:50Mais comme les salaires sur la période ont à peu près doublé, je fais simple,
05:53eh bien, en réalité, le pouvoir d'achat du smicard sur le pot de sauce bolognaise,
05:56il a presque été multiplié par deux.
05:58Sauf que ça, on ne le voit pas.
06:00Il y a des tas de produits comme ça qui, quand on les ramène au temps de travail,
06:03coûtent aujourd'hui objectivement moins cher qu'il y a 30 ans.
06:07Sauf que ça, on ne veut pas le voir.
06:09C'est tellement plus agréable, malheureusement, de voir les prix qui augmentent.
06:11Mais pour le logement, c'est tout autre chose.
06:13Je peux donner juste un sus, parce qu'il y a un moment aussi, c'est vrai,
06:15vous avez mille fois raison, mais ceux qui nous écoutent vont se dire
06:17« Merde, c'est quand même tellement compliqué pour nous ».
06:19Le logement, le poids du loyer a plus que doublé dans le budget des Français
06:23en l'espace de, allez, 40 ans.
06:25Et il fallait 10 ans pour être proprio dans les années 70.
06:28Il faut 23 ans aujourd'hui.
06:29Donc, ce poids-là est considérable.
06:31On parlera peut-être de la santé aussi tout à l'heure.
06:33Moi, c'est un gros, gros chapitre dans le bouquin,
06:34et ça fait très, très mal aux dents pour beaucoup de Français.
06:38Mais moi, juste d'un mot, et là, c'est le terrain qui va parler,
06:40c'est le cœur du bouquin, moi, que j'ai appelé « Les oubliés » colère.
06:43Pourquoi le sous-titre, c'est colère ?
06:45Parce qu'il y a quand même énormément de Français
06:46qui, aujourd'hui, n'ont pas digéré cette hausse inflationniste qu'il y a eue.
06:50Donc, elle n'est pas, entre guillemets, sédimentée pour beaucoup.
06:54Et qu'est-ce que ça crée derrière aussi ?
06:55Cette angoisse considérable, qui est un débat politique aujourd'hui,
06:59c'est que le gâteau ne grossit plus.
07:00Et donc, dès l'instant, ça crée un sentiment de colère diffus,
07:05difficile à définir, mais qui, malheureusement,
07:07tapisse une grande partie de la population française aujourd'hui.
07:09Vous dites que les Français n'ont pas digéré l'inflation.
07:11La crise de l'inflation, elle était de 4,9% en 2023.
07:13Elle était de 5,2% en 2022.
07:16Alors, même si ça se stabilise et si c'est un peu plus haut,
07:19ça n'a pas été digéré, ça.
07:21Et cette inflation alimentaire, elle a été très injuste socialement
07:25parce que les prix alimentaires en deux ans ont progressé d'à peu près 25%,
07:29pour faire simple.
07:31Les salaires, d'à peu près la moitié seulement.
07:33Or, le problème, c'est que l'alimentaire pèse plus lourd
07:36chez ceux qui gagnent peu.
07:38Donc, c'était la double peine.
07:39C'est-à-dire, il y avait de l'inflation alimentaire
07:41et chez eux, pour se nourrir, ça prend une part de budget plus importante.
07:45Donc, en ce sens, ça a été mal vécu parce que socialement très injuste.
07:48Jean-Laurent Casselli, il y a des Français qui ont basculé dans la précarité
07:51à l'occasion de cette crise de l'inflation ?
07:54Oui, parce que moi, ce que j'entends et ce que je vois aussi beaucoup,
07:57c'est que dans ce qu'on appelle les classes moyennes,
08:00faute de mieux pour définir tous ces gens qui sont au-dessus de la pauvreté,
08:04qui sont souvent des couples d'actifs avec deux salaires,
08:07qui peuvent être des retraités aussi modestes,
08:09en fait, les gens qui n'avaient pas de problème de pouvoir d'achat
08:12parlent de pouvoir d'achat.
08:13Et de même que les gens qui n'habitaient pas dans la région parisienne
08:16ne parlaient pas de logement il y a 20 ans, maintenant, tout le monde vous parle
08:18de la crise du logement.
08:20Donc, l'exemple d'Olivier sur la sauce bolognaise est très bon
08:22parce que c'est pour ça que les experts ne sont jamais d'accord sur ces sujets.
08:25On pourrait prendre les produits les uns après les autres
08:27et tous dire, regardez, l'aviation, grâce aux compagnies low cost,
08:32prendre un billet d'avion, ça coûte parfois moins cher
08:33que les déplacements de chez vous à l'aéroport.
08:36La sauce bolognaise n'a pas tant augmenté que ça.
08:39Mais en même temps, le chocolat, qui est un produit plaisir très symbolique,
08:43a peut-être quoi de plaît.
08:45Il est redevenu difficile de se chauffer, de se déplacer.
08:48Oui, après l'énergie, on en a parlé dans le journal,
08:51effectivement, de plus en plus de Français
08:53qui ont du mal à payer leur facture d'énergie.
08:55Eh bien oui, et donc, il y a vraiment les besoins, je dirais,
08:57de base primaire, donc se loger, se nourrir, se chauffer,
09:01se déplacer, sont remis en question.
09:02Et puis, vous avez aussi des nouveaux besoins qui sont apparus.
09:05Je cite quelques exemples.
09:07La communication.
09:08La plupart des Français aujourd'hui ont un smartphone.
09:10J'ai regardé les chiffres, 91% des gens ont un smartphone.
09:13Or, ça coûte cher.
09:14Les abonnements Internet ont baissé,
09:16mais ça coûte cher d'avoir un smartphone.
09:18Or, tout le monde a un smartphone.
09:19Les loisirs, les vacances, le temps libre.
09:21Et puis, on a parlé de la santé,
09:23mais on pourrait parler de l'éducation.
09:24On a tous cette idée qu'en France, l'éducation est gratuite.
09:26Mais ce n'est pas vrai, en fait,
09:28parce que la part du privé dans le primaire et le secondaire a explosé
09:31et que, maintenant, les jeunes, ils font des études supérieures.
09:33Et les études supérieures,
09:34il faut loger les étudiants dans les villes loin de chez eux.
09:37Et puis, souvent, ils font des écoles privées, maintenant.
09:39Et ça coûte très, très cher.
09:40Donc, ce n'est pas que du ressenti,
09:42le sentiment de perdre le pouvoir d'achat.
09:45Ça a aussi des vraies causes.
09:46Et on va voir ceux qui, dans le budget,
09:47pourraient coûter cher aux Français.
09:48On va commencer par une des principales préoccupations des Français.
09:51C'est, après le pouvoir d'achat, c'est la santé.
09:53Ce sera après le rappel étit de Nathalie Nichet.
09:56Jusqu'à 20h,
09:58Anne-Sophie Lapix refait le monde sur RTL.
10:01RTL.
10:05Il est 19h30.
10:07Anne-Sophie Lapix.
10:08On refait le monde sur RTL.
10:10Le rappel des titres de l'actualité de ce mardi avec Nathalie Nichet.
10:13Fin de la trêve dans la bande de Gaza.
10:15Théâtre ce soir d'au moins trois frappes israéliennes
10:18d'après la défense civile palestinienne.
10:20Israël avait accusé un peu plus tôt le Hamas
10:22d'avoir attaqué ses troupes
10:24et d'avoir violé l'accord de cesser le feu
10:26concernant le retour des corps des otages.
10:28Le parquet de Paris réclame trois à douze mois de prison avec sursis
10:32contre les cyber-harceleurs de Brigitte Macron
10:35ainsi que des amendes allant jusqu'à 8000 euros.
10:38Les réquisitions les plus fortes concernent trois prévenus
10:41considérés comme les instigateurs de la fausse information
10:44sur l'identité de genre de Brigitte Macron.
10:46Un constat d'échec neuf jours après le cambriolage du musée du Louvre.
10:51Devant la commission de la culture au Sénat,
10:53Rachida Dati a reconnu cet après-midi des failles sécuritaires
10:56au sein du plus grand musée du monde.
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11:02de l'enquête administrative.
11:03Le numéro un mondial du tennis sur le cours central
11:06de l'Adidas Arena à Paris.
11:08Carlos Alcaraz affronte Cameron Nori ce soir
11:11et le vainqueur retrouvera en huitième de finale
11:14soit Valentin Vacherot, soit Arthur Rinderknecht.
11:17Les deux cousins, eux, se retrouvent demain matin
11:19pour un remake de la finale du tournoi de Shanghai.
11:23Merci Nathalie, nous on vous retrouve à 20h.
11:25A tout à l'heure.
11:25Anne-Sophie Lapix, on refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
11:31Sur les 14 milliards d'économies que compte faire l'État,
11:35celle devrait venir de la Sécu.
11:37Pour cela, le gouvernement a fixé un objectif de progression
11:40des dépenses de santé très faible, plus 1,6%,
11:42alors qu'on considère que ces dépenses augmentent naturellement
11:46chaque année de près de 4%.
11:48Alors on va voir comment ça se traduit
11:49et quels sont les risques pour les Français avec nos invités.
11:52François-Xavier Ménage, grand reporter RTF1
11:54et auteur du livre « Les Oubliés, enquête aux racines de la colère française »,
11:57Jean-Laurent Casselli, essayiste et co-auteur de « La France sous nos yeux »,
12:01Olivier Douvert, spécialiste conso à RTL
12:03et Isabelle Thys Saint-Jean, économiste-professeur à Sorbonne-Paris-Nord.
12:08Oui, bonjour, c'est Stéphane Dunord.
12:09Je viens d'apprendre que les franchises de médicaments
12:12vont être augmentées, voire même doublées.
12:15Ça devient de la folie de se soigner déjà en France.
12:16Si on nous augmente les tarifs et les mutuels qui remboursent de moins en moins,
12:20on n'aura plus les moyens de se soigner
12:22ou alors on va partir se soigner à l'étranger.
12:24Ça devient vraiment dramatique.
12:26Merci à vous, à très bientôt.
12:27C'est le message de l'un de nos auditeurs.
12:30Les mesures qui pourraient disparaître car elles suscitent un certain malaise.
12:33Il y a notamment ce doublement des franchises
12:35pour le remboursement des médicaments et pour les consultations.
12:38Ça touche les Français de classe moyenne,
12:40surtout quand ils ont une maladie chronique.
12:43Olivier Douvert.
12:44Ça a comme conséquence de faire baisser ce qu'on appelle le reste à vivre.
12:47Parce qu'en réalité, se soigner, c'est une obligation.
12:49Donc évidemment que si ça passe, on paiera les 2 euros, peut-être demain 3 euros en plus, que sais-je.
12:55Et donc au final, ce qu'on a dans notre portefeuille est diminué d'autant.
12:59Et en fait, ce sentiment d'appauvrissement, il prend sa source pour une part du fait que pour nos dépenses discrétionnaires,
13:06ça veut dire là où on pense avoir le choix, la liberté, on a de moins en moins de possibilités.
13:10Et c'est ça, à mes yeux, le sentiment d'appauvrissement principal, au-delà de la réalité comptable des choses.
13:15Parce que ces euros-là, de toute façon, on les a, sauf qu'ils vont aller ailleurs que dans des dépenses qui nous font plaisir.
13:20Alors c'est plafonné, mais ça peut représenter 200 euros par an entre les médicaments et les consultations.
13:26Et c'est énorme, c'est loin d'être négligeable, François-Xaïeuw.
13:29Il y a quand même un petit problème dans tout ça.
13:30C'est-à-dire que certes, ça va augmenter, mais il y a un autre problème qui est aussi celui...
13:35Et c'est pour ça que, probablement, la colère diffuse des Français commence quand même à augmenter sur le front de la santé.
13:41C'est que vous n'avez pas de médecin.
13:42Moi, je suis frappé, c'est un gros chapitre du bouquin, de voir à quel point, quand vous allez voir les élus locaux,
13:47et que tous, vous leur demandez quelle est l'urgence aujourd'hui.
13:50On ne vous parle pas d'insécurité, on ne vous parle pas d'immigration, on ne vous parle pas de pouvoir d'achat.
13:54On dit, il faut que mes administrés y trouvent un médecin.
13:58J'ai des exemples d'élus même, des élus dans le Morbihan, qui depuis 10 ans, eux-mêmes, n'arrivent pas à trouver de généralistes.
14:03Et donc, ça crée une insécurité médicale assez importante.
14:07Et ceux que l'on voit qui, aujourd'hui, justement, pour réussir à avoir un médecin,
14:11eh bien, ils vont puiser dans leur porte-monnaie, mais à des niveaux incalculables.
14:15Je prends l'exemple d'un homme qui a un problème au niveau du cœur, il est en Bretagne,
14:19il est obligé de se faire soigner à Paris.
14:21Trois allers-retours de train, tous les deux mois, pendant trois ans.
14:24Imaginez le coût que ça représente.
14:26Je prends l'exemple aussi d'une femme qui, elle, va avoir un médecin hors convention.
14:30Ça veut donc dire qu'elle paye tout la mutuelle, rembourse, je crois, 0,3%.
14:35C'est quelque chose comme ça.
14:36Donc, ce sont parfois des dépenses contraintes dans des territoires où, de toute façon, il n'y a pas de solution.
14:41Donc, j'imagine que les annonces d'aujourd'hui ne vont pas rassurer ceux qui se disent que c'est déjà compliqué.
14:46Et pour les autres, ils se diront, mais rien à foutre, puisque de toute façon, je n'ai pas de médecin.
14:50Il faut préciser quand même qu'il y a 18 millions de personnes, les mineurs, les femmes enceintes et les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire,
14:57qui ne sont pas concernées par ces hausses, puisqu'ils ne paient pas de ticket modérateur du tout.
15:03Alors, on ne peut pas nier, malgré tout, qu'il faut trouver des solutions pour financer la sécu, parce que le déficit est considérable.
15:09Est-ce que là, on tape juste à côté ?
15:11Encore une fois, je suis frappé par le fait que l'essentiel et le superflu sont mélangés dans le porte-monnaie des gens et dans leur esprit.
15:22Je vous donne un exemple concret.
15:23Il y a un terme qui est très à la mode en ce moment, qui est le terme de longévité,
15:26qui consiste, y compris pour les gens jeunes ou d'âge moyen, de vivre le plus longtemps possible en bonne santé.
15:33C'est-à-dire pas uniquement d'aller chez le médecin ou chez un spécialiste quand ils sont atteints d'une maladie,
15:38mais de prévenir les maladies, ce qu'on appelle aussi les maladies de civilisation.
15:42Et donc, il y a un budget conséquent qui est mis sur l'alimentation, sur le sport, sur l'entretien de soi.
15:48Et ça, c'est totalement nouveau.
15:50Quelqu'un me disait encore récemment, avant tout le monde fumait, buvait quasiment quotidiennement.
15:57Aujourd'hui, tout le monde va à la salle de sport entre midi et deux.
16:00Les attentes aussi des gens ont évolué.
16:03Et paradoxalement, on a l'impression que les services de base, en tout cas, des choses comme la médecine, l'éducation nationale, la sécurité, la justice, sont remises en question.
16:13Et je pense que c'est cette percussion entre deux logiques très différentes qui est aussi difficile à accepter pour beaucoup de nos concitoyens.
16:20Isabelle Thyssen-Jean, est-ce que le budget tape à côté quand il choisit justement de restreindre ses dépenses qui touchent à la santé, à ce qu'on a de plus précieux ?
16:31Alors, le problème, c'est qu'on est une population vieillissante.
16:36La différence avec d'autres pays en Europe, si on ne le dit jamais, c'est qu'on a jusqu'à présent, même si le taux de natalité baisse, une population jeune très importante.
16:44On est en deuxième position en part de jeune.
16:47Mais il est vrai qu'on a une population vieillissante.
16:50Qui dit population vieillissante dit, oui, effectivement, alourdissement du coût de la santé.
16:56Ça, c'est plus une dimension technique d'évolution de la santé qui fait que, oui, ça pèse de plus en plus lourd dans le budget de l'État.
17:05Alors, donc là, le gouvernement a décidé quand même de taper assez fort.
17:11Vous l'avez rappelé dans les chiffres par rapport à la dynamique que devraient suivre normalement les dépenses de santé.
17:18Bon, ils font des grosses économies, à peu près 5 milliards sur les dépenses de santé.
17:23Comment ça va frapper, effectivement, le portefeuille de nos concitoyens ?
17:32C'est effectivement avec les franchises.
17:34Ça, ça va être un énorme...
17:36Mais il va y avoir des effets indirects.
17:37Alors, pardon, sur les franchises, vous disiez, vous rappeliez qu'il y a 18 millions d'exemptés.
17:43Ça, c'est les chiffres du gouvernement.
17:44Attention, là-dedans, il y a plein de gens qui, normalement, ont droit à la mutuelle.
17:49Ils ne se saisissent pas forcément de ce droit, c'est ça.
17:51Ils n'exercent pas ce droit-là, comme souvent.
17:53Il y a beaucoup de droits qui ne sont pas exercés.
17:56Je referme la parenthèse, mais donc, il y a cet élément-là.
18:00Il y a aussi des économies qui vont être faites sur l'hôpital public.
18:03Or, on a beaucoup parlé de l'état de l'hôpital public pendant la crise Covid.
18:09Oui, il n'est déjà pas très en forme.
18:11Et on a surtout promis qu'il y aurait de l'argent en plus sur la table.
18:13Ça ne va pas du tout s'arranger.
18:15Or, attention, les services publics, dans le processus de redistribution, ça joue une part absolument fondamentale.
18:24Pas seulement pour les dépenses de santé, un peu pour tout.
18:28Et donc, ça aussi, ça va venir fragiliser la situation des plus vulnérables d'entre nous.
18:33Alors, une autre préoccupation importante des Français, c'est l'énergie.
18:37On a commencé à l'évoquer tout à l'heure.
18:38Le prix du carburant a baissé ces derniers temps.
18:41Mais le budget envisage, enfin, dans le projet de budget,
18:43on envisage de retirer le coup de pouce fiscal du superéthanol E85.
18:47Attention, sujet sensible.
18:49On en parle après la paume.
18:52On refait le monde sur RTL.
18:55Avec Anne-Sophie Lapix.
18:57Anne-Sophie Lapix.
18:58On refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
19:01Bruno Cardo, planteur de betterave agriculteur dans le département de l'Aisne.
19:06J'ai deux questions.
19:06La première, c'est que je suis utilisateur d'éthanol pour ma voiture.
19:10Et en tant que producteur de betterave sucrière,
19:12je vais être impacté sur mon revenu d'agriculteur
19:14parce que ça fera sûrement un débouché en moins pour mes betteraves.
19:18Alors, combien ça va me coûter à moi, Bruno, concrètement ?
19:21Franchement, c'est la petite mesure qui peut mettre le feu aux poudres.
19:24Le gouvernement prévoit dans son budget de supprimer l'avantage fiscal au biocarburant
19:28pour les professionnels.
19:30C'est tout d'un coup.
19:30Pour les particuliers, c'est progressif.
19:32Un million de Français utilisent le super-éthanol E85.
19:36On en parle avec nos invités.
19:37François-Xavier Ménage, grand reporter TF1
19:39et auteur du livre Les Oubliés, enquête aux racines de la colère française.
19:43Jean-Laurent Cassélier, essayiste et co-auteur de La France sous nos yeux.
19:47Isabelle Thys Saint-Jean, économiste et professeur à Sorbonne-Paris-Nord.
19:50Et Olivier Daouvert, spécialiste conso à RTL.
19:53400 000 véhicules sont équipés d'un boîtier qui permet de rouler au E85,
19:59qui est fabriqué à partir de betterave.
20:00On l'a compris avec ce témoignage de Bruno.
20:04C'est bon pour la planète.
20:05Ça fait un débouché aussi pour les producteurs de betterave.
20:08C'est un vrai faux pas de s'en prendre vos biocarburants.
20:10C'est un sujet hautement inflammable, sans mauvais jeu de mots,
20:13parce que les carburants ont tout pour déclencher quelque chose de social derrière.
20:18Pour s'en convaincre, moi je prends toujours cette image-là.
20:21Vous savez, quand il y a des opérations prix-coutant sur les carburants dans toutes les enseignes,
20:25il y a là que des automobilistes qui viennent attendre un quart d'heure
20:28pour gagner 1 à 2 centimes par litre.
20:30On est dans l'irrationnel total, parce que quand on réfléchit,
20:34en réalité les opérations à prix-coutant, c'est pas si intéressant que ça.
20:36C'est pas moins 30 ou moins 40% comme ça le serait sur des yaourts ou sur du jambon.
20:41Non, non, c'est très modeste.
20:42Donc il y a déjà cette dimension symbolique très forte du carburant.
20:45Pourquoi ? Parce que c'est un produit contraint.
20:47On n'a pas le choix, on est obligé,
20:49donc on le vit comme une contrainte et pas comme une dépense choisie.
20:53A chaque fois, c'est une grosse somme.
20:55Quand vous faites un plein, c'est 50-60 euros.
20:57Ça veut dire qu'il vous en coûte autant en quelques minutes de remplir votre réservoir
21:03que de faire les courses pour la semaine pour 2 ou 3 personnes.
21:06Et puis ensuite, ça revient souvent.
21:09Et donc en fait, c'est pour ça que c'est socialement aussi inflammable,
21:12parce que c'est contraint, parce que c'est cher et parce que c'est fréquent.
21:15Là, pour le coup, il ne faut évidemment pas toucher à ça.
21:17Et en plus, c'est une promesse non tenue.
21:19Évidemment.
21:19On a incité les gens à investir dans ce moitié.
21:21Et évidemment, on revient sur une direction qu'on a donnée en disant
21:24qu'en fait, ce n'était pas une aussi bonne direction que ça.
21:27Donc c'est terrible comme signal, évidemment.
21:29François-Xavier Ménage, évidemment, ça rappelle la crise des gilets jaunes.
21:31Ça n'a pas changé.
21:32C'est un sujet aussi ultra sensible qu'avant.
21:34Nucléarisée.
21:35Parce que l'essence, par ailleurs, on le sait tous, c'est aussi,
21:38et probablement plus ailleurs que dans les grandes villes,
21:41c'est aussi un bien extrêmement taxé, où tout le monde a un point de vue.
21:45Vous savez bien que quand on a tous un point de vue sur quelque chose,
21:47et qu'ensuite le gouvernement appuie précisément sur le produit lié au point de vue,
21:51en général, ça ne se passe pas toujours très très très bien.
21:53Il faut ajouter, par ailleurs aussi, je ne veux pas du tout faire mon misérabiliste,
21:56et je veux encore moins faire mon populiste.
21:57Mais vraiment, pour être toutes les semaines sur le terrain,
22:00le nombre de personnes que je crois, ce qui, franchement, sans lever le doigt,
22:04c'est parce que je discute avec ces personnes,
22:05et me disent, je suis obligé aujourd'hui de rationaliser des déplacements.
22:11C'est-à-dire que pour un week-end, parfois, je ne vais pas le faire.
22:13Pour des vacances, on va passer peut-être aux vacances d'après,
22:17et on ne prendra pas le véhicule pour aller à l'endroit où on aurait voulu aller
22:19parce qu'on nous a prêté tel appartement.
22:21Je veux dire, ce type de déplacements qui sont rationalisés,
22:25ça a évidemment un impact important dès l'instant où on touche au prix de l'essence,
22:29qui est par ailleurs un bien symbolique, avec tout ce que ça signifie.
22:32Donc, je ne suis pas sûr que les choses se passent très très bien,
22:34si ça va au bout, mais c'est toujours la même histoire.
22:36C'est-à-dire que ce qu'on dit à 19h45 et 43 secondes,
22:38il n'est pas sûr que dans 10 minutes, ça ne change pas.
22:40Oui, dans un jour, dans deux jours, enfin, avec la discussion.
22:43Jean-Laurent Casselli, c'est encore ce qui crée le fossé, en fait, l'essence,
22:48parce qu'il y a des gens qui peuvent se déplacer sans leur voiture,
22:51et d'autres qui ne peuvent pas, et qui se sentent piégés.
22:53Oui, c'est vrai que si on résume cette situation à une sorte d'opposition un peu caricaturale,
22:58même s'il y a du vrai là-dedans, il y a les gens qui ont des trottinettes électriques
23:01et des TGV pour se déplacer, et les gens qui ont besoin d'une voiture,
23:04voire de deux voitures par foyer.
23:06Et en fait, ce qui est assez fou dans cette histoire,
23:08c'est que la voiture, le déplacement, c'est aussi le reflet d'un mode de vie,
23:12d'un aménagement du territoire, d'un urbanisme, en fait,
23:15qui s'est développé pendant plus d'un demi-siècle,
23:18et dans lesquels les gens, vous parliez, Olivier, de dépenses contraintes,
23:21en fait, les gens se sentent un peu pris au piège aujourd'hui dans un certain nombre de lieux
23:25qui sont périphériques, dans le sens où ils sont éloignés des centres-villes,
23:28ils sont éloignés des centres d'emploi,
23:29et les gens sont obligés de prendre leur voiture pour se déplacer,
23:32parce que tout le monde n'est pas en télétravail,
23:34il y a plein de métiers qui sont postés, comme on dit,
23:36c'est-à-dire pour lesquels il faut prendre sa bagnole pour aller voir le client,
23:39les infirmières, par exemple, qui travaillent à domicile,
23:40il y a beaucoup de métiers dans lesquels il faut se déplacer,
23:43et donc c'est un vrai sujet, et ce qui est très mal vécu,
23:44c'est que dans les années 80-90, même le Parisien avait une voiture,
23:47il en avait moins que les provinciaux, mais il râlait pour des questions de bagnole,
23:51aujourd'hui, plus personne ne râle pour des questions de voiture,
23:53parce que c'est devenu presque un non-sujet,
23:56c'est quelque chose qu'on a vu s'effacer un peu de nos paysages,
23:58au profit des mobilités douces, des transports collectifs,
24:02or, ça correspond encore à une réalité qui est vécue parfois comme,
24:07je ne sais pas si c'est un déclassement,
24:08mais le signe qu'encore une fois, un style de vie qu'on a proposé,
24:11qui était celui de la société de consommation, à son apogée,
24:14aujourd'hui, c'est transformé en une contrainte,
24:16personne n'envie de faire le plein d'essence,
24:17enfin, personne ne prend de plaisir à faire le plein d'essence,
24:20et voire peut-être un piège.
24:21Je fais une comparaison avec les Gilets jaunes,
24:23mais est-ce que, parce qu'on se souvient,
24:25il y avait un contexte aussi pour les Gilets jaunes,
24:28il y avait une zone inflammable, quelque chose qui était pendant,
24:32est-ce que là, la situation aujourd'hui,
24:35elle est comparable à celle d'il y a 5 ans ?
24:37Est-ce que c'est prêt à partir ?
24:39Est-ce qu'il y a une colère qui monte,
24:40et qui est prête à exploser à la moindre mesure ?
24:42Un groupe qui définit, à mes yeux, la société,
24:44alors je ne suis pas sociologue de formation,
24:45mais juste d'expérience à observer la conso,
24:47c'est cette notion de contrainte.
24:49Personne n'aime la contrainte,
24:50et on la subit tous,
24:52et on en voit par moments à l'injustice.
24:54Ceux qui vivent à l'extérieur des villes,
24:56qui sont à 30 km des métropoles,
24:58ils sont allés là par contrainte,
25:00parce qu'ils ne pouvaient plus accéder au logement
25:02dont ils rêvaient pour eux, pour leur famille,
25:04et il fallait qu'ils s'éloignent.
25:05Donc ils l'ont vécu déjà comme une première contrainte.
25:07Et une fois qu'ils sont installés dans ces maisons de lotissement à 30 km,
25:11maintenant il y a le sujet du coût de l'essence
25:13qui devient une contrainte,
25:14parce que oui, je suis contraint, puisque j'habite là,
25:16de remplir ma voiture 2-3 fois par semaine,
25:18et donc en fait, les contraintes s'additionnent,
25:21et c'est comme une cocotte minute.
25:22À un moment donné, ça finit par exploser.
25:24La contrainte n'est pas l'état naturel dans lequel on aime être.
25:27Donc quand la contrainte devient trop forte,
25:29c'est quasiment un cours de physique chimie,
25:31ça finit par exploser.
25:32Voilà, une cocotte minute, c'est une contrainte.
25:34François-Alsélie ?
25:35Moi, je vous donnerai juste une anecdote.
25:37Parce que c'est les vérités du terrain.
25:39Récemment, je parlais justement dans le cadre d'un tractage,
25:41il y avait encore des jeunes qui distribuaient des tracts
25:43il n'y a pas très longtemps à Paris,
25:45et à côté de Paris.
25:47Et la réponse, c'était de dire,
25:49et ça soulève la question de la colère,
25:52je ne sais même plus qui sont les gentils, les méchants,
25:53j'ai autre chose à foutre, je ne comprends plus.
25:55Et donc, je ne suis pas sûr,
25:56et d'ailleurs on l'a vu en septembre,
25:57la fameuse journée qui était censée amener
25:59des centaines et milliers de personnes dans les rues
26:00pour un blocage du pays,
26:02on en a beaucoup parlé avant, le jour J,
26:03il n'y a pas eu autant de personnes
26:05que, en tout cas, les organisateurs espéraient.
26:07Je ne suis pas sûr qu'on ait une colère qui explose.
26:09La cocotte minute, comme on dit,
26:10est déjà chaude, chaude, chaude depuis longtemps,
26:12mais elle garde la vapeur quand même.
26:13Donc, une fois qu'on a dit ça...
26:15Dans un instant, on va se demander
26:17qui sont ceux qui vont le plus payer avec ce budget.
26:21Alors, j'ai un petit indice,
26:22ils ont beaucoup de frais de santé,
26:24ils paient des mutuelles assez chers,
26:27et puis ils ont des pensions.
26:28On se retrouve après la pause.
26:29Jusqu'à 20h,
26:31Anne-Sophie Lapix refait le monde sur RTL.
26:36RTL, on refait le monde.
26:38Anne-Sophie Lapix.
26:40Au croisement des économies du budget de 2026,
26:42se trouvent des retraités.
26:44On va voir s'ils sont si mal lotis
26:45avec nos invités François-Xavier Ménage,
26:47grand reporter à TF1 et auteur du livre
26:49Les Oubliés, enquête aux racines de la colère française,
26:52Jean-Laurent Casselli, essayiste
26:53et co-auteur de La France sous nos yeux,
26:55Olivier Douvert, spécialiste consoir RTL,
26:57et Isabelle Thys, Saint-Jean, économiste,
27:00professeure à Sorbonne, Paris Nord.
27:02On a évoqué la hausse des dépenses de santé,
27:04il y a aussi la hausse des dépenses de mutuelles,
27:07et puis donc, cette volonté de désindexer
27:10les pensions de retraite et les prestations sociales,
27:12ça veut dire qu'elles n'augmenteront pas
27:13en fonction de l'inflation.
27:15Isabelle Thys, Saint-Jean,
27:16ça commence à faire un manque à gagner
27:18important pour les retraités ?
27:21Alors, il y a plusieurs mesures
27:23qui peuvent impacter les retraités.
27:25Il y a effectivement l'année blanche,
27:27avec quelque chose en plus dans l'année blanche
27:29qui est très inégalitaire.
27:31C'est-à-dire que si on regarde,
27:34on coupe la population, si vous voulez,
27:36du plus riche au moins riche,
27:37en tranche de 10%,
27:39les moins riches, ça va être un effet
27:42d'à peu près 1% de baisse,
27:45les plus riches, ça va être 0,3%.
27:47Alors, ça ne paraît pas beaucoup,
27:48mais quand on est dans les pouvoirs d'achat,
27:50c'est des chiffres qui sont très, très signifiants.
27:52Donc, c'est très injuste.
27:54C'est très injuste.
27:55Olivier Devers ?
27:56Il y a l'abattement sur les 10% sur les retraites,
28:01l'abattement fiscal de 10%,
28:03qui, là aussi, serait abandonné.
28:06Donc, c'est sûr qu'il y a un poids
28:08sur les retraités qui est important.
28:11Il faut quand même noter que,
28:13de manière générale,
28:14ce budget, il est extrêmement dur.
28:17Il faut bien avoir ça en tête.
28:19À mon avis, il est inutilement dur.
28:22C'est-à-dire que la trajectoire des finances publiques
28:24n'impose pas de faire un redressement
28:29aussi important, ni pour la dette.
28:32Ce n'est pas, oui, il faut redresser
28:34les finances publiques,
28:35mais pas aussi fort.
28:37Et donc, oui, forcément, ça pèse
28:39et ça pèse sur les plus défavorisés
28:42et sur les retraités très fortement
28:46par ces deux mesures principalement,
28:47plus, effectivement, tout ce qui concerne la santé.
28:50Oui, bien sûr.
28:51Parce qu'en général, quand vous êtes retraité,
28:53vous êtes plus âgé,
28:55enfin, vous êtes plus âgé
28:56et donc, souvent, vous êtes malade.
28:57Donc, là, il va y avoir les deux effets
29:00qui vont jouer
29:00et qui vont être des effets assez forts.
29:03À la fois, Olivier Dauvert,
29:04les retraités, ils ont quand même
29:05un niveau de vie un peu supérieur
29:07à celui des actifs, encore aujourd'hui.
29:08Oui, on voit bien dans la consommation
29:10que les commerçants,
29:12les marchands de loisirs,
29:13les tours opérateurs,
29:15tous ceux qui ont la liberté
29:16de choisir un peu leur clientèle
29:17en disant
29:18« qui je voudrais avoir comme client ? »
29:20Ils sont plutôt en général à dire
29:21« je voudrais des retraités »
29:23que « je voudrais avoir des jeunes actifs
29:25avec deux enfants à la maison »
29:26parce que ceux-là,
29:27ils tirent le diable par la queue.
29:28Donc, il ne s'agit pas de dire
29:29que tous les retraités
29:30sont confortablement assis
29:32sur Rentador,
29:33mais il faut quand même constater
29:34que les acteurs économiques,
29:35ils regardent les retraités
29:36avec des yeux de chimère.
29:38Ils sont aussi, si je puis me permettre,
29:39plus sollicités, les retraités.
29:41C'est les retraités
29:42qui vont parfois payer
29:43les vacances des petits-enfants,
29:44voire des études,
29:45voire la maison des parents
29:46qui n'y arrivent pas à 50 ans.
29:47On rappelle quand même,
29:48aujourd'hui, on hérite à 52 ans.
29:50C'était 43 dans les années 80.
29:52Et par ailleurs,
29:53je peux mettre un peu d'optimisme
29:54aussi là-dedans ?
29:54Oui, bien sûr !
29:55On vous en prie !
29:57J'ai vu, moi,
29:58des agences
29:59qui font travailler des seniors.
30:00C'est-à-dire qu'on parle
30:01effectivement des retraités
30:02qui ne sont plus actifs,
30:03qui ne font plus travailler
30:04l'économie française.
30:05Eh bien, il existe en France
30:06des structures
30:07qui font qu'aujourd'hui,
30:08quand on a bossé
30:09pendant 30-40 ans
30:10et qu'on dit aujourd'hui,
30:11attention,
30:12ce que je vais dire est un gros mot,
30:12je suis encore utile.
30:14Vous avez des agences d'intérim
30:15qui disent dans l'aéronautique,
30:16dans la défense,
30:17parfois même dans l'éducation,
30:19venez,
30:19on a encore besoin de vous.
30:21Et je pense que,
30:21alors là,
30:22je ne vais pas évidemment
30:22changer la société française
30:23en disant ça aujourd'hui,
30:24mais ce sont des petites lueurs d'espoir,
30:26des étincelles,
30:26moi j'en parle dans le bouquin,
30:27où on se dit,
30:28finalement,
30:29une fois de plus,
30:30quand on laisse les personnes
30:31avec un petit peu les mains
30:32sur le volant,
30:33il se passe des merveilles.
30:34Donc voilà,
30:34on a des retraités qui aident,
30:36pas tous, évidemment,
30:37et qui participent aussi à l'effort.
30:42On va passer une question,
30:45je crois,
30:45si c'est possible en régie,
30:47une question qui a été tournée
30:48vers plus d'optimisme,
30:49justement.
30:50Regardez, écoutez.
30:51Oui, bonjour.
30:52Voilà, c'est François de Deauville.
30:54Voilà, bien vu le matraquage fiscal
30:56qu'il y a dans ce nouveau budget.
30:57Citez-moi un exemple
30:58où il y aurait un système positif
31:01pour le pouvoir d'achat des Français.
31:02Au revoir.
31:03Voilà, donc il était pessimiste,
31:05mais il voulait chercher
31:06une lueur d'optimisme dans ce budget.
31:08Est-ce que quelqu'un ici a vu
31:09une chose qui peut nous permettre
31:11d'espérer pour notre pouvoir d'achat ?
31:14Je cherche bien sous la table.
31:18Là, ça se voit pas, c'est pas net.
31:20Non, rien n'est fait pour le pouvoir d'achat.
31:22Enfin, on ne peut rien faire.
31:23On n'a plus les moyens
31:23de donner un petit coup de pouce
31:25au pouvoir d'achat.
31:26Personne ne s'est battu
31:26pour répondre autour de la table.
31:28Mais c'est vrai qu'il faut donner aussi
31:30une lueur d'espoir aux gens.
31:31François-Xavier le disait,
31:33paradoxalement,
31:34cette apathie ou cette colère
31:35dont on a parlé,
31:36elle coexiste avec beaucoup
31:38d'engagement individuel
31:40de la part des gens.
31:40Les retraités, c'est aussi les gens
31:42qui sont dans toutes les associations.
31:44Les associations caritatives,
31:45les associations aussi plus culturelles,
31:47qui créent, comme on dit,
31:48parfois du lien social.
31:50Il y a beaucoup de gens aussi
31:51qui ne comptent pas à leurs heures
31:53et qui s'engagent pour que la société
31:56continue justement à tenir
31:57malgré ces difficultés.
31:59Et il y a aussi beaucoup de systèmes
32:00qui s'inventent un peu en marge
32:03du mode de consommation un peu dominant,
32:06que ce soit dans les déplacements,
32:07que ce soit vis-à-vis de la grande distribution.
32:08Et il y a beaucoup de gens
32:10pour employer un terme à la mode
32:11qui sont en train aussi de bifurquer,
32:12c'est-à-dire de faire un pas de côté
32:13par rapport à ce monde du travail
32:17dans lequel on demande aux gens
32:18de travailler beaucoup
32:19sans parfois que le travail paie
32:21et dans lesquels la consommation
32:23aussi peut les épuiser
32:24parce qu'on parlait de pouvoir d'achat
32:25depuis le thème du jour.
32:26En fait, être consommateur,
32:28c'est devenu un métier.
32:29C'est devenu un job à part entière.
32:31Ça coûte beaucoup d'argent
32:31et c'est très fatigant.
32:33Et je pense qu'il y a beaucoup de gens
32:33qui en ont parfois un peu marre aussi.
32:35Les Français ne voient tellement pas
32:37ce qu'il y a d'intéressant dans ce budget
32:38que la conso est à l'arrêt.
32:40Aujourd'hui, vous continuez à acheter
32:42pour vous nourrir
32:42parce que vous n'avez pas le choix,
32:43mais les dépenses d'équipement,
32:45les biens d'équipement,
32:46ceux qui supposent une forme
32:47d'investissement dans le temps,
32:49tout est à l'arrêt.
32:49L'ameublement est à l'arrêt,
32:50la décoration est à l'arrêt.
32:51C'est-à-dire que personne ne voit
32:53des signaux positifs.
32:55Or, la conso, on l'oublie souvent,
32:56c'est d'abord de la confiance.
32:57Et là, ce budget,
32:58indépendamment de tout aspect politique
33:00des choses,
33:00il ne bâtit pas les conditions
33:02de la confiance.
33:03C'est le moins qu'on puisse dire.
33:04Et comme disait Jean-Laurent Casselli,
33:05les gens se prennent en charge
33:06un peu,
33:06ils ne comptent plus vraiment
33:07sur le budget
33:08pour obtenir un peu plus
33:10de pouvoir d'achat.
33:11Je vous remercie à tous
33:12d'être venus débattre
33:14dans Refait le Monde.
33:15Merci à tous.
33:16Demain, Thomas Soto recevra
33:18Bruno Rotaillot.
33:20Quant à Marc-Olivier Fougel,
33:21il accueillera Sofiane Seili,
33:23le cycliste français
33:24qui est rentré dimanche en France,
33:25qui a été incarcéré
33:26pendant 51 jours en Russie.
33:28Il est l'heure de retrouver
33:29André Dusselier.
33:31Bonsoir André.
33:32Quelle histoire extraordinaire
33:34allez-vous nous raconter ce soir ?
33:36Bonsoir Anne-Sophie.
33:37Écoutez, dans un instant,
33:38nous reviendrons
33:39sur le destin de Dalida.
33:41Du Caire au sommet de la gloire,
33:43on va découvrir
33:43comment cet artiste exceptionnel
33:45est devenu une icône adulée
33:47malgré les épreuves personnelles
33:49qui ont jalonné son parcours.
33:51A tout de suite sur RTL.
33:53Merci beaucoup André.
33:54A tout de suite.
33:55RTL, il est...
33:56Merci.
33:57Merci.
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