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  • 2 months ago
Transcript
00:00Vous ĂŞtes sur France 24 et vous avez raison, bienvenue dans votre Journale de l'Afrique.
00:06A la une ce soir, un mouvement qui représente la jeunesse malgache, connectée et engagée,
00:12qui a joué un rôle central dans la récente crise politique ayant mené à la chute du président Andra Joel il y a quelques jours.
00:19Quelles sont ses aspirations ?
00:21Élément de réponse avec la représentante Jaspora de la génération Jed Madagascar, Audrey Rondria Mandjratou.
00:28Sur les réseaux sociaux, elles sont traquées, insultées, menacées.
00:33Leur seul tort, être des femmes africaines engagées et connectées.
00:36Le film Harcèlement 2.0 de la sociologue Haché Ahmad Moustapha donne la parole à ces combattantes de l'ombre.
00:44Une immersion saisissante dans un fléau encore trop ignoré.
00:52On ouvre ce journal par Madagascar où la génération Z a littéralement renversé la table.
00:58née sur les réseaux sociaux.
01:00La contestation en partie des coupures d'eau et d'électricité s'est transformée en mouvement de rupture contre la corruption et l'exclusion politique.
01:08Aujourd'hui, cette jeunesse réclame des garanties sur la transition.
01:12Audrey Rondria Mandjratou, merci.
01:14Vous êtes représentante de la diaspora militante et fondatrice.
01:19Vous êtes avec nous et vous nous aidez à décrypter cette génération révolutionnaire et générationnelle d'ailleurs que vous représentez.
01:27Alors, le commandement militaire, on a vu Rondja Nirin, le colonel qui est président maintenant de la refondation.
01:35Il a pris le pouvoir après la chute du président.
01:37Avez-vous clairement obtenu des garanties réelles pour tout simplement respecter les aspirations de la jeunesse ?
01:45Oui, déjà, l'armée a bien rejoint le mouvement populaire.
01:50Donc ça, j'aimerais bien le préciser que ce n'est pas un coup d'État comme on peut le voir sur plusieurs médias
01:55ou encore même une image qui a été vraiment véhiculée autour du mouvement.
02:00On peut le dire que le colonel s'est montré vraiment ouvert à la discussion, au partenariat, aux collaborations avec la jeunesse.
02:07Évidemment, c'est encore trop frais et on sait que l'armée, malheureusement, dans le passé, a quand même servi plus un gouvernement que le peuple.
02:14Donc oui, aujourd'hui, notre garantie réelle, ce sera une charte que nous, nous avons soumise
02:19et une feuille de route stratégique qui est tout à fait consultable en ligne et qui a donc déjà été proposée au gouvernement.
02:25Est-ce que vous avez obtenu des garanties claires, précises de la part de ce nouveau commandement ?
02:30Pour l'instant, non.
02:31Et c'est vrai qu'il y a des rumeurs disant que ce sera des postes politiques ou des ministères.
02:35Ce n'est pas du tout le cas.
02:36Nous, l'idée, c'est d'être là dans les prises de décisions et dans les revendications, qu'elles soient claires et qu'elles soient mesurées et attendues.
02:44Donc pour les garanties, lĂ , il est encore trop tĂ´t.
02:46Mais effectivement, il va bientôt annoncer son gouvernement et voir comment la jeunesse sera aussi intégrée dans la structure étatique.
02:53Alors le mouvement de la Gen Z a démarré avec des revendications très concrètes.
02:57On a vu l'eau, l'électricité.
02:59Comment expliquez-vous que cette colère, elle ait pris cette ampleur politique ?
03:03Oui. Alors déjà, effectivement, on commençait par les besoins vitaux.
03:07Après, quand on remonte, ce sont quand même des besoins structurels.
03:11Et puis on se rend compte que c'est conjoncturel.
03:13En fait, c'est dĂ» Ă  la corruption du pays.
03:15C'est dû à un système politique qui est déjà très corrompu depuis des décennies.
03:20C'est aussi dû à un clientélisme politique, des contrats abusifs, des négociations qui ne sont pas claires entre plusieurs parties prenantes qui sont déjà assez proches.
03:29Une forme de népotisme.
03:30Et donc c'est là, la colère a vraiment grandé le moment où il y a eu les répressions violentes vis-à-vis de la gendarmerie.
03:39Donc quand on voit une marche pacifique et finalement qui réclame l'eau et l'électricité,
03:43qu'après on dénonce un système corrompu et qu'on voit une réponse ultra violente en face.
03:48Donc forcément, les jeunes ont décidé de se repolitiser par rapport à cette question.
03:52Et donc de dire, bon, il est temps maintenant que nous aussi, nous avons une proposition concrète politiquement.
03:57Et donc destituer le président.
03:59Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent que ce n'est pas politique, en fait, au départ,
04:03qui ont un peu vu de haut cette génération Z, ces jeunes dont on disait qu'ils n'avaient pas le sens politique,
04:09qu'ils n'avaient pas de leader, qu'ils n'étaient pas structurés, inorganisés.
04:12Qu'est-ce que vous leur répondez ?
04:14Moi, je leur réponds que merci de nous avoir sous-estimés.
04:17Puisqu'aujourd'hui, ils sont très étonnés de voir que nous sortons une charte à une vitesse éclair.
04:23C'est-Ă -dire lĂ , on est sur 20 jours.
04:24On a sorti la charte vraiment moins d'une semaine.
04:27Pareil pour la feuille de route stratégique.
04:28Donc c'est des choses qui ont été pensées avec le temps.
04:31La Gen Z, on l'assimile vachement à une génération connectée, un peu paresseuse.
04:36Mais en fait, non, nous étions très engagés autour de plein de sujets.
04:39Malheureusement, on était un peu le couteau sous la gorge, puisque les jeunes à Madagascar n'ont même plus le temps de réfléchir.
04:45Ils doivent penser à comment ils vont manger, comment ils vont pouvoir réviser sans lumière, sans électricité.
04:51Donc c'est là où, là, on peut dire que nous avons déjà créé une vraie structure horizontale.
04:56Et nous avons aussi ce pari de refondation complète du système, chose qui n'a pas été proposée par les générations précédentes.
05:03Donc là, à ce moment-là, on sous-estime la Gen Z pour ça.
05:06Et nous, on a juste prouvé qu'on a un mot d'ordre qui est la stratégie, l'organisation et le fun aussi.
05:13Puisque ça a quand même commencé beaucoup sur Internet.
05:15Donc voilĂ .
05:17Très bien. Merci Audrey Randia Mandratou d'être venue et d'avoir été avec nous dans le JTA de ce soir.
05:23Merci beaucoup.
05:24Merci.
05:25Le candidat Jean-Louis Billon est de retour Ă  Abobo, son quartier d'enfance, avec un objectif clair.
05:30Reconquérir des voix de ses habitants, l'ancien ministre du Commerce veut convaincre les électeurs, en particulier les jeunes,
05:38et marquer sa présence dans ce bastion stratégique d'Abidjan, la correspondance de Ma Kamara et Damien Kofi.
05:45C'est ici à Bobo 14, c'est historiquement acquis au camp présidentiel que Jean-Louis Billon a voulu marquer les esprits.
05:53Face à ses partisans, l'ancien ministre du Commerce a appelé à un renouvellement générationnel et à une participation massive des jeunes.
06:02Issu du PDCI, Jean-Louis Billon, se présente sur le label du Code de Congrès démocratique,
06:08un mouvement qu'il a contribué à créer après son désaccord avec la direction de son parti.
06:14Le président Henri Conant-Bétier a fait ce qu'il a pu.
06:19Même le président Robert Guéhi, en peu de temps, a fait un peu.
06:25Le président Babo a fait pour lui également, dans des conditions difficiles.
06:30Le président Ado, nous reconnaissons qu'il a travaillé.
06:34Mais maintenant, maintenant, c'est notre temps, c'est notre tour, c'est le temps d'une nouvelle génération.
06:44C'est vous qui pouvez décider ça.
06:46C'est vous.
06:48On me dit que je viens Ă  Bobo, sur le territoire du RHDP.
06:53Je dis non, je viens Ă  Bobo, dans mon village, dans ma rue, dans ma ville,
06:59là où j'ai commencé, là où j'ai appris à me battre.
07:02Le PDC n'a donné aucun consigne de vote,
07:05mais certains militants se rallient déjà à Jean-Luc Guéhi,
07:09qu'ils voient comme le candidat de la continuité du parti.
07:13Nous demandons au président Tiame d'appeler tous ses frères,
07:17tous les militants à se joindre au ministre Jean-Luc Guéhi, au président Guéhi,
07:22pour qu'au soir du 26, nous soyons à la présidence,
07:26dans une équipe digne des héritiers du père fondateur Félix Soufauté.
07:31Jean-Luc Guéhi, espère désormais se hisser au second tour face au président sortant Alassane Ouattara.
07:38On passe à notre focus de ce samedi soir, consacré à un phénomène massif, invisible et destructeur,
07:45le cyberharcèlement des femmes et africaines en particulier.
07:48À travers son documentaire Choc, harcèlement 2.0, résilience des africaines connectées,
07:53la sociologue, réalisatrice et autrice Haché Ahmed Moustapha dénonce les violences sexistes en ligne,
08:00les silences imposés, les tabous culturels qui les étouffent, un cri d'alarme et un appel d'action.
08:05Merci Haché Ahmed Moustapha d'être avec nous.
08:09Bienvenue dans votre JTA.
08:12Vous êtes sociologue, autrice, réalisatrice tchadienne et le point de départ de ce film,
08:17c'est un harcèlement dont vous avez été vous-même la victime.
08:20Racontez-nous.
08:21Oui, alors, bonjour.
08:23Je me suis retrouvée un beau matin avec une vidéo de moi, soi-disant, au passage, capture d'écran,
08:34extraite de cette vidéo qui dit que c'était moi.
08:39Et donc de lĂ  est parti un buzz sur plusieurs jours.
08:41Puis l'annonce de mon suicide à Paris, ça a été vraiment le buzz autour de cela.
08:48Et j'ai décidé en fait de dire non, mais de la plus belle manière.
08:54C'était soit d'écrire un livre, soit de faire un film.
08:56Et j'ai décidé d'en faire un documentaire, mais pas seul.
08:59ExtrĂŞmement violent, donc, vous le dites avec le sourire,
09:02mais c'est très, très violent, on le voit dans le documentaire.
09:03Je propose d'ailleurs qu'on regarde la bande-annonce et on en parle juste après.
09:08Ta gueule rentre dans ton pays.
09:11Ils ont besoin de te faire mal.
09:21Ils ont besoin de t'atteindre.
09:25Dans le milieu du sport, c'est un gros problème.
09:28Et c'est un problème nouveau, donc on ne connaît pas grand-chose là-dessus.
09:33En général, même dans l'espace numérique, les femmes ont peur de prendre la parole
09:36parce qu'elles vont se retrouver avec des commentaires sur des sujets sérieux
09:39où elles veulent prendre la parole, avec des commentaires du style « va à la cuisine ».
09:44Les individus qui étaient derrière cela ont dit que moi, je me suis suicidée en fait en France
09:48parce que cette vidéo m'avait humiliée.
09:51La loi qui réprime le cyberharcèlement doit être une loi suffisamment dissuasive.
10:01Ça, il faut aller demander à Niagale-Bagayoko.
10:03Pour moi, le continent africain n'est pas spécifiquement...
10:06On voit le film « Harcèlement 2.0 » de Haché Ahmad Moustapha qui est avec nous.
10:12On continue à parler de ce film et aussi du phénomène dont il rencontre,
10:16ce cyberharcèlement dont sont victimes les femmes.
10:19Vous parlez d'ailleurs de guerre numérique menée contre les femmes.
10:22Quelles sont les formes les plus courantes qu'on voit sur le continent africain ?
10:26Les formes les plus courantes sont axées sur soit la politique,
10:29et d'ailleurs j'ai eu l'occasion un peu de parler avec votre invitée Audrey tout à l'heure,
10:33vous avez vu tout ce qui a été fait, tout ce qu'elle a dit,
10:35mais elle aussi, elle me confirme qu'elle a aussi été victime de cyberharcèlement.
10:39Quand on prend la parole, quand une femme prend la parole sur des sujets liés à la politique,
10:44la religion, le sport, elle est toujours attaquée.
10:48Et c'est vraiment multiforme en fait.
10:51Et très souvent, on se rend compte que les harcèleurs,
10:53quand ils vous attaquent sur votre physique et que ça ne passe pas,
10:56ils vont essayer de vous attaquer sur la religion.
10:58Et pas plus tard qu'il y a quelques minutes, quand j'étais dans le taxi en venant,
11:02ils ont voulu m'attaquer sur un sujet, vu que je n'ai pas voulu jouer le jeu,
11:07ils ont voulu m'emmener dans un jeu religieux.
11:11Et là, c'est vraiment ce qui se passe, mais fréquemment pour les femmes sur le net.
11:15Alors, sur le continent africain, vous soulignez aussi la spécificité de certaines formes de harcèlement
11:21liées, vous avez parlé de la religion, mais aussi avec des traditions, des tabous et des contextes religieux.
11:27Comment ces facteurs aggravent justement le silence des victimes ?
11:32Ils aggravent le silence des victimes parce que très souvent, quand c'est lié au tabou
11:36et avec les pésanteurs socio-culturels, je vais vous donner des cas de quelques pays,
11:40dont le Tchad par exemple, c'est que les sujets autour de la sexualité sont très tabous.
11:43Il y a quelques semaines de cela, le film a été présenté à Abidjan
11:48et un jeune homme a pris la parole pour expliquer qu'il avait été témoin,
11:53qu'il avait suivi l'exécution d'une jeune fille tchadienne par exemple
11:58qui avait été victime d'un revenge porn apparemment et qui a été exécutée.
12:06Et ça, ce sont des cas concrets, ce sont des faits en fait.
12:09Et ça s'aggrave parce que ce sont des sujets sensibles dans les sociétés,
12:13notamment patriarcales, les sociétés où la religion est vraiment,
12:17et très souvent malheureusement, mixées à la tradition
12:20et dont on est très très réfractaires à tout ce qui est autour de la sexualité.
12:25Et quand c'est comme ça, ce sont les facteurs qui sont les plus aggravants en fait.
12:29On voit une forme de résistance qui émerge dans votre film,
12:32et très beau parce que les femmes parlent et refusent de se laisser abattre finalement.
12:36On a plusieurs exemples dans plusieurs pays.
12:39Parlons des mesures concrètes, légales, éducatives, numériques.
12:44Recommandez-vous justement dans ces pays-lĂ  une des intervenantes dans le film,
12:49Ouminour, qui est cyberharcelée, qui est une journaliste sénégalaise,
12:52qui a été cyberharcelée, qui raconte justement, qui dit
12:55« Mais que peuvent faire les États africains face aux GAFAM,
12:58les multinationales américaines qui sont derrière ces réseaux sociaux ? »
13:02On parle évidemment de Facebook, de tous les réseaux sociaux d'une manière générale.
13:07Que peuvent faire les États africains ? Que peuvent-ils faire ?
13:10Déjà, les États africains doivent se responsabiliser et s'engager
13:13pour pouvoir faire en sorte, parce que ces GAFAM-lĂ ,
13:16ils ne sont pas créés sur le continent africain,
13:18ils ne sont pas créés par des Africains.
13:19Ils ne viennent pas de chez nous, si je peux dire ça comme ça.
13:22Et donc, c'est vrai que beaucoup vont nous dire « Mais dans ce cas,
13:24créez vos propres réseaux sociaux, créez vos propres plateformes. »
13:28Mais du moment que les utilisateurs sont des Africains
13:31et que nous aussi, on contribue plus ou moins Ă  enrichir ces plateformes-lĂ ,
13:34ces GAFAM-lĂ , nous avons un droit de parole,
13:38nous avons un droit de regard.
13:39Nos États ont un droit de regard.
13:42Et donc, les États doivent imposer, en fait, à ces plateformes-là
13:45de pouvoir faire en sorte que les mécanismes de protection
13:48puissent être à la hauteur des espérances, en fait, des victimes,
13:52pour ne pas dire des utilisateurs.
13:54Et ça, c'est le rôle de nos États.
13:56Et la bonne nouvelle, c'est qu'il y a eu une campagne,
13:58vous m'annonciez tout Ă  l'heure, une campagne Ă  Abidjan.
14:01Oui, déjà, ce qui est magnifique, parce que j'étais à Abidjan il n'y a pas longtemps,
14:04et il y a un travail qui est incroyablement bien fait,
14:07bien géré et bien maîtrisé par leur État, déjà.
14:09Et lĂ , moi, autour du film, avec d'autres partenaires,
14:12que ce soit Polaris, Polaris Asso, Voix de Femme et le cinéma numérique ambulant,
14:17le film va être présenté du 26 novembre au 1er décembre 2025
14:22à Corogo, qui est à plus de 600 kilomètres d'Abidjan.
14:27Et il n'y aura pas que le film qui va être présenté.
14:30La beauté de cette campagne, c'est derrière,
14:32de pouvoir rependre aux attentes des victimes
14:34Ă  travers une prise en charge psychosociale,
14:37un appui et une orientation juridique.
14:40Merci beaucoup, merci Haché, Ahmad, Moustapha d'être venus.
14:44Merci beaucoup, c'est la fin de ce journal.
14:46Merci Ă  tous ceux qui nous ont suivis.
14:47Restez avec nous, car l'actualité continue sur France 24.
14:49Merci.
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