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  • il y a 7 heures
Les avancées en génie génétique et en biotechnologie offrent des progrès significatifs en médecine, notamment dans le traitement de maladies génétiques. Cependant, des questions éthiques surgissent concernant l'amélioration de l'humain. Que peut la modification génétique, et comment l'encadrer ?

Retrouvez "La terre au carré" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre

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Transcription
00:00Musique
00:01Aujourd'hui, bricolage du vivant, jusqu'où ira le génie génétique raconté par
00:22Jean-Baptiste de Panafieux, écrivain scientifique.
00:25C'est une histoire qui commence comme un film de science-fiction et qui pourtant s'est
00:36déroulée dans la vraie vie, dans un laboratoire à Shenzhen en Chine.
00:40En novembre 2018, un jeune chercheur sûr de lui, He Jiankou, convoque les journalistes
00:46du monde entier dans une vidéo postée en ligne.
00:49Il annonce avoir fait naître deux jumelles dont il a modifié l'ADN avant leur naissance.
00:55Leur nom de code, Lulu et Nana.
00:58Son objectif, les rendre résistantes au virus du sida.
01:01Pour la première fois dans l'histoire humaine, un homme venait de franchir la frontière entre
01:05soigner et fabriquer la vie.
01:07Les réactions furent immédiates.
01:08Les uns crièrent au génie, les autres à l'abomination.
01:11Dans les journaux, on parla du Frankenstein chinois, car ces deux petites filles n'étaient
01:15pas seulement des enfants.
01:16Elles étaient le symbole d'une ère nouvelle où le génome humain devient une matière
01:21à modeler.
01:21Le scientifique qui affirmait avoir agi pour le bien des familles.
01:25Il évoquait la promesse d'un monde sans maladie.
01:27Mais il avait aussi désobéi à toutes les règles éthiques internationales, contourner
01:31les autorités chinoises et engager une expérimentation dont nul ne pouvait prévoir les conséquences.
01:37Quelques semaines plus tard, il fut arrêté et son laboratoire fermé.
01:41Il avait ouvert en attendant une boîte de Pandore que personne ne savait refermer.
01:45Depuis, Lulu et Nana grandissent quelque part en Chine.
01:48Dans le secret, personne ne connaît actuellement leur état de santé.
01:52Personne ne sait non plus si leurs gènes modifiés se transmettront à leurs enfants.
01:56Sept ans après cette affaire qui avait fait trembler la planète scientifique et trois
02:00années de prison plus tard, le chercheur chinois qui avait osé modifier le génome
02:04de deux bébés tente aujourd'hui un retour sur la scène publique.
02:07Il promet désormais de lutter contre la maladie d'Alzheimer, parle d'erreur passée,
02:11mais continue de s'exprimer en homme persuadé d'avoir horizon trop tôt.
02:15Et c'est bien là tout le vertige que soulève ce cas.
02:18Que se passe-t-il lorsque le vivant devient un matériau comme un autre,
02:22quand après avoir modifié les plantes et les animaux, l'humanité se met à bricoler elle-même ?
02:27Qu'est-ce qui pourrait mal tourner quand le vivant devient un champ d'expérimentation ?
02:31C'est cette histoire que nous allons vous raconter.
02:39Bonjour Jean-Baptiste de Panéfieux.
02:40Bonjour.
02:41L'histoire de ce chercheur chinois qui a modifié génétiquement des bébés
02:45est l'une de celles vertigineuses que vous racontez dans ce livre
02:49« Bricoler le vivant, qu'est-ce qui pourrait mal tourner ? »
02:52publié aux éditions Duneau.
02:54On ne sait rien de ces deux petites filles là aujourd'hui ?
02:57Non, mais il semble que l'opération, enfin l'opération,
03:01le transfert de gènes n'ait pas été aussi précis que ne le prétendait le médecin en question.
03:08En fait, on arrive à beaucoup mieux insérer les gènes à des endroits précis aujourd'hui,
03:14mais il y a quand même quelques incertitudes.
03:18Et il semble que dans leur cas, il y a eu des choses qui ne se soient pas passées exactement comme prévu.
03:23Donc on n'en sait rien.
03:23Et avec quelles conséquences du coup ?
03:25Est-ce que ces deux premiers humains génétiquement modifiés ont provoqué quand même un électrochoc
03:30et une réflexion à l'échelle internationale ?
03:32Parce que l'électrochoc, on s'en souvient, il a eu lieu.
03:34Ça a été extrêmement commenté.
03:36Mais est-ce que pour autant, il y a eu une réflexion qui a suivi ?
03:39Oui, il y a eu des réflexions.
03:41Il y a eu par exemple un congrès entre scientifiques il n'y a pas très longtemps
03:44sur la question aux Etats-Unis.
03:47Et on a interrogé les chercheurs sur est-ce que c'était possible,
03:51est-ce que c'était souhaitable de modifier le génome ?
03:55Je vous le rappelle, en France, c'est interdit.
03:57C'est clairement interdit.
04:00Et les scientifiques étaient partagés.
04:04Certains disent non, c'est de l'ogénisme, il ne faut absolument pas aller dans cette direction.
04:08D'autres disent, pour guérir des maladies graves, quand même,
04:13ça pourrait être intéressant.
04:15Et puis d'autres disent, même pour des petites maladies,
04:18peut-être qu'on peut aller un peu dans cette direction.
04:21En fait, la boîte est ouverte.
04:24Donc la communauté est assez divisée quand même sur cette question.
04:27Depuis quand, d'ailleurs, Jean-Baptiste de Panaffieux,
04:29l'humanité bricole-t-elle le vivant ?
04:32Et en quoi le génie génétique d'aujourd'hui s'inscrit dans cette histoire-là ?
04:37C'est une très ancienne histoire.
04:39On peut considérer qu'avec le début de l'agriculture,
04:41le début de l'élevage, le début de la modification des plantes pour pouvoir les cultiver,
04:46on a commencé à transformer le vivant.
04:48Ce qu'on ne faisait pas avant.
04:49Ça, c'est clair.
04:51Et la nouveauté, alors, aujourd'hui, c'est quoi par rapport à ces temps très anciens ?
04:54Dans ces temps très anciens, on faisait les choses lentement.
04:57Puis sans...
04:58Enfin, il y avait une partie de l'action qui était involontaire,
05:01dans le choix des céréales, en fonction de la période de pouce ou de la taille des céréales.
05:10Et puis, il y avait certainement aussi une part volontaire de choisir, par exemple,
05:13les animaux les plus dociles, ceux qui supportaient le mieux les humains.
05:18Et la différence aujourd'hui, c'est qu'on agit sur des points très très précis,
05:21gène par gène, en fonction des objectifs qu'on se donne.
05:25Qu'est-ce qu'on entend, alors, justement, par génie génétique ?
05:27Qu'est-ce qu'il y a derrière ce terme ?
05:28Alors, le génie génétique, c'est l'idée qu'on transforme les gènes, on les modifie.
05:35Soit on les inhibe complètement, ou au contraire, on les renforce,
05:40ou on les modifie simplement, ou on en ajoute de nouveau.
05:42En tout cas, on agit sur l'ADN pour obtenir des résultats concrets
05:48sur les organismes qui ont été modifiés.
05:51Et ça concerne quoi ? La médecine, mais pas seulement ?
05:53L'agriculture, justement, aujourd'hui ?
05:55L'agriculture, l'industrie, la recherche fondamentale.
05:58Et puis l'industrie dans tous les domaines.
06:00Autant la fabrication de bactéries modifiées qui peuvent manger du bois
06:05que des poissons fluorescents pour faire joli dans les aquariums.
06:12Alors, parmi les applications les plus spectaculaires,
06:15parce que vous citez beaucoup d'exemples dans cet ouvrage,
06:17on trouve la désextinction.
06:19C'est la tentative de faire renaître des espèces disparues.
06:22Quelle est la logique scientifique là-dedans ?
06:25Alors, l'idée, c'est qu'on peut retrouver de l'ADN fossile.
06:31De l'ADN, enfin, il n'est pas transformé en fossile,
06:33c'est de l'ADN qui est toujours de l'ADN,
06:35qui est lisible maintenant.
06:37Donc, il a été préservé par des conditions particulières.
06:39Oui, parce que c'était très sec ou très froid.
06:42Dans certaines conditions, il se conserve bien.
06:44Et notamment, les mammouths trouvés, gelés dans le sous-sol de l'Alaska ou de la Sibérie
06:51ont encore des cellules mortes, mais qui contiennent encore de l'ADN,
06:56qui peut être lu.
06:58Il y a les travaux de Svante Pabeu, qui a inventé la paléogénomique,
07:03c'est-à-dire le travail sur cet ADN ancien.
07:06Et on peut lire les gènes, on peut les resynthétiser
07:12et les insérer dans des génomes d'animaux actuels.
07:17Donc, par exemple, le mammouth, effectivement, le mammouth laineux.
07:19Le mammouth, on a pratiquement le génome pas entier,
07:22mais on a un grand bout du génome reconstitué du mammouth laineux.
07:27Et ça, ça intéresse des entreprises ?
07:29Dans le but peut-être de recréer un mammouth tel qu'il était sur notre sol il y a 10 000 ans ?
07:35Il y a des dizaines, peut-être des centaines de millions de dollars
07:38qui sont investis dans ces travaux.
07:40Donc, oui, ça intéresse des entreprises.
07:43Mais l'idée, c'est quoi ?
07:44C'est de ressusciter un animal absolument identique
07:47à ceux qui vivaient justement il y a 10 000 ans ou plus ?
07:50Ou d'avoir quand même un hybride ?
07:52Alors ça, c'est un peu compliqué d'obtenir un mammouth complet
07:56à partir de son génome, d'autant plus qu'il n'est pas complet.
08:00Par contre, on peut envisager de modifier des éléphants d'Asie,
08:03qui sont des parents assez proches du mammouth
08:05pour en changer un certain nombre de gènes
08:08et les transformer en mammouths.
08:10Pas les transformer à l'état adulte,
08:12mais transformer des embryons d'éléphants
08:13pour obtenir des embryons d'éléphantaux mammouths
08:17qui grandiraient et donneraient des mammouths.
08:20Sauf que cet animal vivait dans des environnements très froids
08:23à l'heure du réchauffement climatique,
08:25à l'heure où justement les sols gelés de Sibérie, par exemple,
08:28sont en train de disparaître.
08:29Ça paraît complètement crétin, en fait,
08:31de vouloir reconstituer un mammouth, non ?
08:33On peut voir ça comme ça.
08:35Les gens qui ont cette idée disent qu'au contraire,
08:39les mammouths pourraient remplacer par leur simple action
08:42en mangeant la nourriture qu'on leur donne,
08:46finir par remplacer les arbres par des steppes
08:48qu'il y avait à l'époque,
08:50et modifier le climat,
08:52et ce serait des acteurs qui empêcheraient
08:56le réchauffement climatique.
08:57Je pense que c'est vraiment de la poudre aux yeux.
09:00Alors, ces entreprises ont déjà fait parler d'elles.
09:02On a parlé d'un loup,
09:03du loup sinistre qui avait été reconstitué
09:06il n'y a pas très longtemps.
09:07En fait, ce sont des loups
09:10qui ont été modifiés par quelques gènes, simplement.
09:12Oui.
09:13Il y a également le dodo de Madagascar,
09:15cet oiseau emblématique disparu.
09:18Là aussi, il y a des projets là-dessus ?
09:19Alors, le dodo, il y a des projets.
09:21On a retrouvé l'ADN du dodo,
09:22il est reconstitué,
09:23et on projette de transformer
09:26des pigeons Nicobar,
09:28qui sont les parents les plus proches.
09:30Ça ne ressemble pas vraiment à des dodos.
09:31C'est des gros pigeons ?
09:32C'est des pigeons normaux qui volent très bien,
09:36mais qui sont proches de l'ancêtre du dodo.
09:39Oui.
09:40Et on transformera les dodos.
09:41C'est probablement le projet le moins fou,
09:44parce qu'on peut avoir des œufs, etc.
09:47Pour le mabout, il faut un utérus.
09:49Alors, faire ça dans des éléphants d'Asie,
09:52qui sont une espèce protégée,
09:54pour lesquelles on n'a pas la moindre idée
09:55de combien d'embryons pourraient être viables, etc.
09:58C'est horriblement compliqué.
09:59Il faudrait des utérus géants.
10:00Oui.
10:01On se souvient de Dolly,
10:03de la brebis Dolly,
10:04dans les années 90,
10:06qui avait fait, pareil,
10:07la une des journaux du monde entier.
10:08C'était devenu l'animal le plus connu au monde
10:10à ce moment-là.
10:12Donc, c'était un clonage.
10:14On avait cloné Dolly à l'époque.
10:15Est-ce qu'on a continué depuis,
10:16sur d'autres animaux ou pas ?
10:18Alors, oui, ça a été un choc
10:22pour la communauté scientifique.
10:23Puis, les questions, c'était
10:24est-ce qu'on ne va pas bientôt cloner l'être humain ?
10:26Bon, ça, il y a des tas de gens
10:28qui ont dit qu'ils l'avaient fait.
10:30Mais bon, ça, c'est pas fait, de fait.
10:34Et puis, la technique est maintenant vieillotte.
10:36Alors, elle est toujours employée
10:38pour cloner des ersatz des animaux favoris.
10:45Domestiques.
10:46Domestiques, des chiens et des chats.
10:48Les gens utilisent leurs cellules
10:50pour essayer d'avoir une copie
10:51de leur animal favori.
10:53Et il y a des compagnies qui font ça.
10:55Ça vaut 50 000 dollars.
10:56C'est ça.
10:57On peut le faire en Corée
10:58et dans d'autres pays.
11:01Et ça se fait.
11:02Donc, ce sont des pratiques
11:03qui ont lieu, quand même.
11:05Ça, ça se fait.
11:06Alors, ce n'est pas intéressant
11:07d'un point de vue.
11:07Pour l'élevage, ça ne sert à rien.
11:09Mais c'est du clonage, quand même.
11:10C'est du clonage.
11:11Absolument.
11:12Passons aux OGM,
11:13Jean-Baptiste de Panachieu.
11:14Les promesses initiales
11:15de la transgénèse,
11:16est-ce qu'elles ont été tenues
11:17sur ces organismes génétiquement modifiés
11:19qui, eux aussi,
11:20ont fait beaucoup couler d'encre, quand même ?
11:22Alors, oui, ça, c'est un sujet
11:23dans lequel je me suis replongé.
11:25Je dis replongé
11:26parce qu'on a un peu oublié
11:27les OGM aujourd'hui.
11:29Il n'y a pratiquement pas
11:30d'OGM cultivé en Europe,
11:31pas du tout en France.
11:33Mais ailleurs qu'en Europe,
11:34il y en a, par contre.
11:35Ailleurs, il y en a plein.
11:36Tout le soja qu'on achète au Brésil
11:39est OGM.
11:41Une grande partie du maïs
11:42qu'on achète est OGM.
11:44Bon, dans le monde.
11:45Alors, les promesses,
11:46elles étaient assez fantastiques.
11:48Il y avait, par exemple,
11:49l'idée qu'on pourrait mettre
11:50des gènes précis
11:51dans des plantes cultivées
11:53pour leur permettre
11:54d'utiliser l'azote de l'air,
11:55ce qui permettrait
11:56d'éviter d'utiliser
11:57de l'azote d'engrais synthétique
12:00qui pollue, etc.
12:03Ben non, ça,
12:03on ne sait toujours pas faire.
12:05Il y a des gens
12:05qui continuent à travailler dessus,
12:06mais les plantes OGM
12:08réellement cultivées,
12:09à 99%,
12:11c'est des grandes cultures
12:13de maïs, de soja,
12:15de colza et de coton.
12:16Beaucoup de discussions
12:18à l'époque,
12:18en tout cas,
12:19quand la technologie
12:20est arrivée
12:21sur le devant de la scène,
12:22sur les dangers,
12:23justement,
12:23à la fois sur la santé humaine
12:24mais aussi sur l'environnement.
12:25Je vous propose d'écouter
12:26un extrait du 20h de France 2.
12:28C'était en 2007
12:29sur le maïs OGM,
12:30justement.
12:30Le maïs Monsanto 863
12:33est né de la recherche privée
12:35américaine
12:35dans les années 80.
12:37Sa particularité,
12:38un gène artificiel
12:39qui empêche
12:40les attaques d'insectes
12:41sur les cultures.
12:42Résultat,
12:43le petit coléoptère
12:44est terrassé
12:44et les rendements agricoles
12:45bien meilleurs.
12:47Aujourd'hui,
12:47dans le monde,
12:48les OGM représentent
12:49102 millions d'hectares cultivés,
12:514 fois la surface agricole
12:52de la France.
12:54Des millions de consommateurs
12:55depuis 15 ans
12:55et selon le fabricant,
12:57pas un problème
12:58de santé signalé.
12:59Vous confirmez
13:00ça Jean-Baptiste de Panachieux
13:01ou pas ?
13:02Parce que ça reste
13:02un sujet de controverse
13:03sur l'innocuité réelle
13:05des OGM.
13:06Oui, ça reste
13:06un sujet de controverse
13:07mais de manière globale
13:09on n'a pas vu
13:10d'effet dramatique
13:11nulle part.
13:12On a vu des effets
13:14environnementaux.
13:15C'est-à-dire que des plantes
13:16ont été modifiées
13:18à la suite
13:19de l'introduction
13:20de ces OGM.
13:21Parce qu'elles se trouvaient
13:21à proximité
13:22de plantes OGM ?
13:24Certaines sont modifiées
13:25par les gènes
13:25des plantes OGM.
13:27D'autres ont évolué
13:29spontanément
13:29et sont devenues
13:31résistantes
13:32aux produits
13:33que les plantes
13:36OGM fabriquaient.
13:37Donc ce n'est pas
13:37sans effet ?
13:38Donc ce n'est pas
13:38sans effet.
13:39Ça c'est sûr.
13:40Sur l'environnement
13:41il y a eu plein d'effets
13:42qui sont proches
13:44de ce qu'on voit
13:45avec l'agriculture normale
13:46traditionnelle.
13:47On parle de ces nouvelles
13:48techniques génomiques
13:49aujourd'hui,
13:50les NTG
13:51qui relancent aussi
13:52le débat.
13:52En quoi est-ce qu'elles
13:53diffèrent des OGM
13:54classiques précisément ?
13:55Alors à l'époque
13:56quand on insérait
13:57un nouveau gène
13:58on l'insérait
14:00dans l'embryon
14:01de la plante
14:01et puis
14:02il s'insérait
14:03là où il pouvait.
14:06Donc il pouvait y avoir
14:07des modifications
14:08imprévues.
14:10C'était d'ailleurs
14:10une des inquiétudes
14:11qu'il y avait
14:12que le gène
14:14modifie
14:15des produits
14:16et les rende toxiques
14:17par exemple
14:17des produits
14:18de la plante.
14:20Alors aujourd'hui
14:20la différence
14:21c'est qu'avec la technologie
14:23CRISPR-Cas9
14:24dont on parlera peut-être
14:25les ciseaux moléculaires
14:26on peut insérer
14:28de façon beaucoup
14:29plus précise
14:30les gènes
14:30dans un organisme
14:32et donc
14:33ce genre de risque
14:34est moindre.
14:37Est-ce qu'il faut
14:37les soumettre
14:38à la même réglementation
14:39que les OGM
14:39justement
14:40ces nouvelles technologies
14:41génomiques ou pas ?
14:42C'est un débat
14:43infernal.
14:44Depuis des années
14:44il y a procès
14:45sur procès
14:46et des décisions
14:48qui doivent être prises
14:49au niveau européen
14:50et c'est très compliqué
14:52en réalité
14:53parce que
14:54la réglementation
14:56ancienne disait
14:57qu'il fallait
14:57que le génome
14:59soit modifié
15:00et de façon
15:01complètement artificielle
15:03pour qu'on puisse
15:03parler d'OGM
15:04et donc il y a
15:04une réglementation
15:05précise
15:05et là
15:06les entreprises
15:07qui font ça
15:08disent
15:09ces plantes-là
15:10par exemple
15:11on utilise des gènes
15:12provenant de la même
15:13espèce
15:14et puis on va les placer
15:15très précisément
15:16on pourrait obtenir
15:17le même résultat
15:18par des croisements
15:18traditionnels
15:19sauf qu'on va les obtenir
15:20en quelques mois
15:21au lieu de mettre 10 ans
15:22et donc ce n'est pas
15:23des OGM
15:24et là
15:25on n'est pas d'accord
15:26là-dessus
15:26évidemment
15:27on va voir dans un instant
15:28avec vous
15:28comment le génie génétique
15:29transforme aussi la médecine
15:30jusqu'où peut-il aller
15:31lorsqu'il s'agit
15:32de modifier l'humain
15:33et puis vous répondrez
15:35également aux messages
15:36et aux questions
15:36qui arrivent pour vous
15:37Jean-Baptiste de Panafieux
15:38sur la page de La Terre au Carré
15:39nos réseaux sociaux
15:40et vos messages vocaux
15:41pour vous entendre directement
15:42laissez-nous vos petites notes vocales
15:44sur l'application
15:45Radio France
18:52de nouvelles variétés améliorées
18:53comporte en soi quelque chose de dangereux
18:56par rapport aux anciennes
18:58méthodes. Est-ce que le génie génétique
19:00en soi comporte des
19:02dangers dans cette manière qu'elle
19:04veut utiliser pour améliorer les variétés ?
19:06Il faut le voir au cas par cas.
19:08Et je dis en soi, le fait d'utiliser
19:10le génie génétique pour améliorer
19:12une variété ne fait pas obligatoirement
19:14un produit dangereux. Il faut l'évaluer
19:16naturellement. La voix du généticien
19:18Axel Kahn, c'était en 1997.
19:20Jean-Baptiste de Panafieux,
19:22vous qui publiez Bricoler le vivant,
19:24qu'est-ce qui pourrait mal tourner
19:25aux éditions du Nord ? Cette médecine
19:28génétique dont parle Axel Kahn
19:30dans cet extrait, on va
19:32s'y intéresser maintenant avec les applications
19:34d'ailleurs médicales, la transformation
19:36de l'humain, le décryptage
19:38du génome humain a ouvert des perspectives
19:40évidemment assez gigantesques
19:42pour la médecine. Quels sont
19:44les domaines les plus transformés
19:46par ces découvertes aujourd'hui ? Et depuis
19:48d'ailleurs cet archive d'Axel Kahn en
19:501997, il s'est passé tellement de choses.
19:53Oui, à l'époque c'était un peu
19:55le projet génome humain, le décryptage
19:58complet du génome humain était en cours,
20:00était en voie de finition, ça s'est terminé
20:02grossièrement en 2001 puis finalement
20:04en 2003 ou 2004.
20:06Ça a beaucoup changé de choses.
20:09Alors notamment dans le domaine des maladies
20:12génétiques, bien entendu, ça a beaucoup
20:14facilité la recherche des causes
20:16de ces maladies, mais aussi dans
20:19d'autres domaines comme la recherche
20:21contre le cancer.
20:22Donc ça a considérablement amélioré
20:24la connaissance, la recherche
20:26effectivement, mais est-ce que ça a
20:28donné lieu à des traitements aussi,
20:30à des guérisons de certaines maladies
20:32ou est-ce qu'on est encore un peu
20:33réservé là-dessus ?
20:34Alors on commence à voir des effets
20:37positifs, réellement positifs,
20:40c'est-à-dire des succès.
20:41Certaines maladies génétiques comme
20:43la drépanocytose qui touche
20:45beaucoup d'enfants.
20:48Il y avait eu des essais de thérapie
20:50génique à la fin des années 90
20:54qui n'avaient pas été des succès
20:56complets parce qu'il y avait de temps en
20:57temps des effets secondaires, les gènes
20:59ne s'inséraient pas là où on voulait
21:01précisément et il pouvait y avoir des
21:03tumeurs qui se développaient à cause
21:04de ça.
21:05Et là maintenant avec la technologie
21:07dont je parlais, CRISPR-Cas9,
21:09ça commence à donner de très bons
21:12résultats et il y a des patients qui
21:14ont été apparemment guéris.
21:16Il n'y a pas beaucoup de recul encore
21:18mais apparemment les résultats sont là.
21:21Mais sur une pathologie particulière.
21:23Sur certaines pathologies.
21:25Alors comment ça fonctionne la thérapie
21:26génique exactement, Jean-Baptiste
21:28de Panafieux pour comprendre le
21:29système ?
21:30Alors il y a plein de façons de faire
21:32différentes mais une des techniques
21:34par exemple si ça concerne des
21:37cellules sanguines, on va prélever
21:41ces cellules sanguines, on va les
21:43modifier in vitro en tube à essai avec
21:47un nouveau gène qui va remplacer
21:49l'ancien gène où on va simplement
21:51modifier la partie qui est abîmée de
21:53l'ancien gène.
21:53Donc c'est vraiment corriger le gène
21:54défectueux en fait ?
21:55Corriger le gène défectueux et puis
21:57faire proliférer ces nouvelles, ces
22:00cellules modifiées et les réinjecter
22:02dans le patient.
22:03Alors dit comme ça, ça paraît simple
22:04dans le principe, c'est beaucoup plus
22:06compliqué mais ensuite ça fonctionne.
22:10Et ce qui est intéressant là aussi c'est
22:12que ce qui est modifié c'est un certain
22:13nombre de cellules du patient mais pas
22:16l'ensemble de ces cellules et pas ces
22:17cellules sexuelles, ovules ou
22:19spermatozoïdes.
22:20Et donc la modification ne sera pas
22:22transmise aux descendants.
22:24C'est ultra ciblé en fait, c'est ça.
22:26C'est complètement ciblé.
22:27Ce n'était pas le cas d'ailleurs avec
22:28les deux jumelles chinoises dont nous
22:29parlions tout à l'heure, c'est-à-dire
22:30qu'il y avait cette crainte que ce soit
22:31transmis précisément à la descendance.
22:34C'était là où il y avait le problème,
22:35sinon ça n'aurait pas été un problème
22:36majeur comme ça.
22:37Donc vous dites que les traitements
22:38existent déjà, vous parliez de la
22:41drépanocytose, mais ce sont des
22:43traitements qui sont hors de prix
22:45aujourd'hui.
22:46C'est hallucinant, c'est des millions
22:49de dollars.
22:49Comment on explique ça ?
22:50Par personne.
22:50Pourquoi de tel montant en fait ?
22:52Alors, les compagnies qui créent ces
22:57médicaments ont des années de
23:02recherche derrière.
23:03Donc ça coûte très cher en
23:04investissement.
23:05Et derrière aussi, des actionnaires.
23:08Et donc il y a une recherche de profit
23:10qui est évidente.
23:12Ces compagnies sont là pour faire de
23:14l'argent aussi.
23:14Le coût du traitement pour la
23:16drépanocytose, par exemple, on peut
23:17l'évaluer ?
23:19Il me semble que c'était de l'ordre
23:20de 3 millions de dollars par
23:22personne.
23:22Oui.
23:23Et donc les autorités sanitaires
23:25européennes ne veulent pas rembourser
23:27ce genre de médicaments.
23:28D'où le peu d'usage encore, le peu
23:30d'utilisation alors.
23:32Alors ça, c'est une des limites, ça
23:33c'est sûr.
23:34Il y a eu des colloques là-dessus avec
23:37des gens qui proposent de créer un
23:40nouveau modèle de création de ces
23:41médicaments avec des interactions
23:44beaucoup plus fortes avec le public,
23:46avec les laboratoires publics, de
23:47manière à baisser le coût.
23:49Et eux disent qu'on pourrait arriver
23:51à l'ordre de 100 000 euros pour un
23:54traitement, ce qui devient très
23:56coûteux, mais plus raisonnable.
23:58En 2017, des chercheurs étaient
23:59parvenus grâce à de la technologie
24:01CRISPR-Cas9, donc les fameux ciseaux
24:03moléculaires, à obtenir des résultats
24:04très prometteurs concernant une autre
24:06maladie génétique, la maladie de
24:08Duchenne.
24:08On va écouter Matteo Bovolenta à
24:11l'origine de cette première.
24:13Je travaille dans une forme d'hémyopathie
24:15de Duchenne qui représente peu
24:18à peu près les 15% des myopathies.
24:22Et il y a une mutation qui porte
24:24deux fois une partie du gène.
24:26Maintenant, avec les ciseaux
24:27moléculaires qui ont été développés,
24:30c'est possible de cibler des séquences
24:32qui sont doublées.
24:33Et du coup, Cas9 coupe l'ADN dans
24:35cette partie-là et va éliminer
24:38spécifiquement cette partie qui
24:40cause la mutation.
24:41Voilà, donc 2017, et il s'agissait à
24:43l'époque pour cette myopathie de
24:45Duchenne d'une preuve de concept.
24:46Et les chercheurs ensuite ont
24:48travaillé à la transposition de cette
24:49première en protocole préclinique.
24:52Donc là, on voit bien que ça demande
24:53aussi beaucoup, beaucoup de temps.
24:54Oui, mais il y a des milliers
24:56d'essais cliniques qui ont été réalisés
24:59ou qui sont en cours en ce moment.
25:03Oui, mais à l'échelle des malades,
25:04évidemment, c'est un temps qui nécessite
25:07beaucoup de patience, malheureusement.
25:09Oui, il n'y a rien qui soit encore
25:11des traitements de masse.
25:12Jean-Baptiste Depanafieux, vous parlez aussi
25:14de la médecine régénérative.
25:16Quelle est la révolution apportée
25:18par les cellules souches pluripotentes ?
25:21Alors, dans le cas des cellules souches
25:23pluripotentes, ça a été un bond absolument
25:25majeur parce que nos cellules sont
25:27des vieilles cellules qui ne peuvent plus
25:29donner grand-chose d'autre que ce qu'elles font.
25:31Elles le font très bien, mais elles ne peuvent
25:32rien donner d'autre.
25:33Les cellules qui peuvent donner plein
25:36de sortes de cellules différentes,
25:37ce sont les cellules embryonnaires.
25:38Mais on n'a pas le droit de se servir
25:40des cellules embryonnaires.
25:41Alors maintenant, on a le droit,
25:42pendant 14 jours, c'est très encadré,
25:44mais ça avait été tout un débat
25:46au début des années 2000.
25:48Et puis, est arrivé un chercheur japonais,
25:54Sinha Yamanaka.
25:56Yamanaka.
25:57C'est son nom.
25:58Merci.
25:59Qui a trouvé comment modifier
26:02des cellules banales, de la peau par exemple,
26:05ou des cellules des muscles,
26:07avec quatre gènes.
26:09Il a modifié ces quatre gènes
26:10et ces cellules sont redevenues
26:12comme si elles étaient embryonnaires,
26:14capables de donner
26:15n'importe quel type de cellules.
26:17Donc pluripotentes, en fait, c'est ça ?
26:18Pluripotentes.
26:19C'est ça, ce terme.
26:19Et donc, on peut envisager maintenant
26:23un travail d'utiliser ces cellules
26:26pour réparer des organes,
26:28remplacer des organes.
26:31Pour l'instant, c'est de l'ordre de...
26:32C'est ça, pas encore entièrement,
26:34mais on s'en approche.
26:34On s'en approche.
26:35C'est ça l'idée.
26:36Les organoïdes,
26:38donc c'est les petits organes
26:39en boîte de pétri quasiment, c'est ça ?
26:41Alors, ce sont les tout petits organes.
26:43Ça fait moins d'un millimètre en général.
26:44Ils sont déjà utilisés
26:45en recherche biomédicale ou pas ?
26:46Alors, c'est utilisé en recherche, oui.
26:49On fait beaucoup de travaux
26:51avec des tout petits,
26:53donc des simili-organes.
26:55En fait, ça permet d'étudier
26:57beaucoup plus facilement
26:58l'action des médicaments
27:00ou des gènes
27:01sur des groupes de cellules
27:04qui commencent à ressembler vaguement
27:05à des organes.
27:06Alors, c'est minuscule,
27:07mais il y a quand même plusieurs cellules,
27:09voire plusieurs types de cellules.
27:10Ce qui pourrait aussi permettre
27:12de se passer de la recherche sur l'animal ?
27:15Alors, c'est une des pistes
27:16pour éviter de travailler
27:17sur les animaux, évidemment.
27:19Alors, face à la pénurie de greffons,
27:20vous racontez également
27:21que certains chercheurs envisagent
27:22la xénotransplantation,
27:24c'est-à-dire la grève d'organes animaux.
27:28Où est-ce qu'on en est ?
27:29Alors, ça c'est une vieille idée.
27:32C'est-à-dire avoir le cœur d'un cochon, par exemple ?
27:33Exactement.
27:34Mais ça, ça existe déjà.
27:35Alors, ça existe plus ou moins.
27:38Il y a beaucoup d'essais qui sont faits,
27:40mais pour l'instant,
27:41ça n'a rien donné d'effectif.
27:44Mais il y a des patients
27:44qui ont été greffés
27:45avec un cœur de porc, quand même.
27:47Il y a des patients
27:48qui ont été greffés
27:49avec un cœur de porc
27:50et qui sont morts ensuite.
27:52Alors, pas forcément
27:52de la greffe elle-même
27:54et des suites de l'opération.
27:56Il y a tout récemment,
27:58il y a une femme
27:59qui a été greffée
28:00avec un rein de porc.
28:02Et la différence...
28:03Alors, ça n'a pas...
28:04Ça a tenu deux mois, je crois.
28:08Après, il a fallu lui retirer.
28:09Mais on a pu lui retirer.
28:11Elle est revenue
28:12à un traitement classique.
28:14Mais donc, il y a quand même
28:15des limites à la compatibilité
28:16entre l'humain et d'autres animaux.
28:19Évidemment, les animaux
28:20sont tous différents de nous.
28:22Surtout, les animaux qu'on utilise
28:23qui sont les porcs
28:24qui, contrairement à ce qu'on croit
28:25parfois, ne sont pas du tout
28:26proches de nous.
28:27Mais ils sont juste plus faciles
28:28à élever.
28:30On n'a pas le droit
28:30d'élever des chimpanzés pour ça.
28:32Et puis, les chimpanzés
28:33auraient des virus dangereux.
28:36Les porcs en ont aussi,
28:37mais on peut les éliminer.
28:38Ça a été éliminé
28:39grâce à CRISPR-Cas9 aussi.
28:41Et on les modifie
28:42en leur rajoutant
28:43quelques gènes humains
28:43et en retirant
28:44quelques gènes porcins
28:45jusqu'à avoir des porcs
28:47« humanisés »,
28:49mais ils ne le sont pas encore
28:51suffisamment
28:51pour que leur cœur
28:52soit vraiment
28:54ou leur rein
28:55utilisable pour l'instant.
28:57Quand vous parlez
28:57de chimère homme-animal,
28:59vous pensez à quoi,
29:00Jean-Baptiste de Panaffieux ?
29:01Et jusqu'où peut-on aller
29:02dans ce domaine ?
29:03On peut faire des mélanges
29:07d'embryons humains et animaux
29:09ou de donner des gènes
29:11humains à un animal
29:13ou des gènes animaux
29:14à un humain.
29:15Alors ça,
29:16des gènes animaux,
29:16des gènes animaux
29:17dans un embryon humain,
29:19c'est interdit.
29:20En France,
29:20c'est complètement interdit.
29:21Par contre,
29:22mettre des gènes humains
29:23dans un animal
29:24pour l'humaniser,
29:25pour faciliter par exemple
29:27les greffes,
29:27ça c'est autorisé
29:28jusqu'à un certain point
29:30parce que là aussi
29:31les chercheurs s'interrogent
29:32qu'est-ce qui se passerait
29:34si on greffait des gènes
29:35qui interviendraient
29:36sur le cerveau de l'animal
29:37et si on arrive
29:38à un animal
29:38dont le cerveau
29:40est légèrement humanisé
29:41et commence à ressembler
29:43à un cerveau humain.
29:44Qu'est-ce qu'on fait
29:44de cet animal ?
29:46Grosse question éthique.
29:47Il y a beaucoup de questions
29:49de ce type-là
29:49dans ce domaine.
29:50Toutes ces avancées,
29:51Jean-Baptiste de Panafieux,
29:52elle pose la question
29:53de l'amélioration de l'humain.
29:54Pourquoi ce rêve ancien
29:56est-il aussi marquant ?
29:58Toujours aujourd'hui ?
30:00Ça a toujours été
30:01un rêve extraordinaire.
30:04On n'est quand même
30:04pas très bien foutu.
30:05On a des maladies,
30:07des malformations
30:08et on se dit
30:09qu'on pourrait essayer
30:09d'améliorer l'humanité.
30:11Ça, c'est le rêve
30:12eugénique
30:13qui existe depuis
30:14l'Antiquité,
30:16probablement.
30:17Améliorer l'humain.
30:17Certains le poussent
30:18très très loin quand même.
30:20Il y a à la fois
30:21de l'eugénisme,
30:21l'idée de l'eugénisme,
30:22l'idée du transhumanisme aussi.
30:24Alors, l'eugénisme,
30:25c'est améliorer l'humain
30:26et avec les gènes,
30:27il y a des gens
30:28qui pensent à nouveau.
30:30Le transhumanisme,
30:31c'est d'aller au-delà
30:32de l'homme
30:32et non seulement
30:34l'améliorer,
30:34mais en faire quelque chose
30:35de plus,
30:37de nouveau.
30:38Allez, on verra
30:39dans un instant
30:39quelles sont les questions
30:40justement éthiques,
30:41sociales, sociétales
30:43qui se posent
30:43autour de toutes
30:44ces technologies
30:45et puis vous répondrez
30:46aux messages
30:46et aux questions
30:47sur franceinter.fr
30:48Je me relis à toi
31:10comme un livre qu'on relit
31:12Au son de ta chorale
31:15à l'histoire de ta vie
31:17Je me relis à toi
31:20partout pour ton parti
31:22Tout manie
31:26Je relis ton histoire
31:30loin d'être fini
31:31A tes arpèges virtuaux
31:35sur tes cordes infinies
31:37Qui se mêlent et s'emmêlent
31:40à ma mélancolie
31:41Tout manie
31:46Mon bel ami
31:49Mon bel ami, mon bel ami, c'est ainsi
31:51Mon bel ami, mon bel ami, c'est ainsi
31:56Mon bel ami, mon bel ami, c'est ainsi
32:01Ainsi va la vie
32:04Je relis le mandingue à sa poésie
32:11Et ce sentiment dingue de te sentir en vie
32:15Je suis ton griot blanc dans les rues de Paris
32:20Tout m'a dit
32:25Mon bel ami, mon bel ami, c'est ainsi
32:30Mon bel ami, mon bel ami, c'est ainsi
32:35Mon bel ami, mon bel ami, c'est ainsi
32:40Ainsi va la vie
32:45Le projet de la Momalie avec M, Mathieu Chédid, Fatoumata Diawara et Toumani Diabaté sur France Inter
33:09C'était bel ami
33:10France Inter
33:13La Terre au carré
33:20On est sorti de l'insouciance du déterminisme
33:24On ne peut pas simplement penser qu'on va pouvoir tout expliquer
33:28Parce qu'on aura justement décortiqué la machinerie qui nous compose
33:33Et il est important à certains moments de faire la part des choses entre, encore une fois, l'émerveillement de la découverte de la richesse du vivant
33:42La connaissance qu'on a de sa plasticité
33:45Donc du fait qu'il est constamment changeant en fonction de son environnement
33:49Et puis un discours qu'on entend très souvent qui voudrait nous faire croire que tout est fixé d'avance
33:55Que tout est prédictible d'avance
33:57Que l'ADN ce serait le grand livre de la vie
34:00Alors qu'on sait aujourd'hui qu'un gène est tout sauf une prédiction assurée
34:05Le neurologue Hervé Schneves
34:07Ancien président du comité d'éthique de l'Inserm
34:10C'était dans la tête au carré
34:11En janvier 2012
34:13Jean-Baptiste de Panafieux
34:14Vous qui publiez donc
34:15Bricoler le vivant
34:15Qu'est-ce qui pourrait mal tourner aux éditions du NOS
34:17Une réaction au propos d'Hervé Schneves là à l'instant
34:20Quand il parle de la sortie de l'insouciance du déterminisme
34:24Oui
34:26On a beaucoup cru qu'on aurait des gènes
34:30Responsables de tel ou tel aspect de notre personnalité
34:34En plus de nos caractéristiques physiques
34:36Et qu'on aurait le gène de l'intelligence
34:40Le gène de la gentillesse
34:41Ou alors le gène de l'homosexualité
34:44Ou le gène de la violence
34:45Il y avait plein de fantasmes comme ça
34:49Le tout génétique
34:50On sait que ça marche absolument pas comme ça
34:52Rien que pour la taille
34:54Il y a peut-être 7000 gènes qui interviennent
34:56D'une façon ou d'une autre
34:58Mais un tout petit peu chacun
34:59Dans la détermination de la taille
35:02Donc là on n'est plus dans le déterminisme
35:03On est dans le hasard complet
35:04Et quand il parle de l'ADN comme le grand livre de la vie
35:07Vous qui êtes en train de travailler justement sur un ouvrage sur l'ADN
35:10Oui c'est ce qu'on a cru à un moment
35:12Alors il y a beaucoup d'informations dans l'ADN
35:16Ça c'est sûr
35:16Mais cette information elle est totalement dépendante
35:19A la fois d'elle-même
35:21C'est-à-dire qu'un gène va être dépendant des autres gènes
35:23Ça ça rend les choses plus compliquées
35:25Et puis c'est complètement dépendant de l'environnement
35:27Des individus
35:28Les progrès du génie génétique
35:30Ça suscite beaucoup d'enthousiasme
35:32Mais aussi énormément d'inquiétude
35:33C'est très partagé finalement
35:35Quels sont selon vous les grands enjeux éthiques
35:37De ce début de siècle
35:38Toujours sur ces questions
35:39Même si on a quand même le sentiment
35:41Qu'elles font moins la une de l'actualité
35:43Qu'à une époque où on parlait tellement par exemple des OGM
35:46Ou de la brebidolie
35:47Comment se fait-il qu'on voit moins émerger
35:51En tout cas des débats sociétaux
35:52Autour de ces questions aujourd'hui ?
35:53Alors là j'aurais un peu de mal à vous répondre
35:57Une des raisons c'est qu'il y a eu des débats
36:00Et ils se sont terminés en France
36:02Mais il y a des débats très forts dans d'autres pays
36:04Aux Etats-Unis
36:06La question du choix des enfants
36:10En fonction de leurs gènes
36:12Parce qu'on peut analyser les gènes d'un embryon
36:17Avant transplantation
36:19Dans notre propre espèce
36:21Donc on a un catalogue qui nous est proposé en fait
36:23C'est ça quasiment ?
36:23Vous voulez des yeux bleus, des cheveux noirs ?
36:26Il y a des compagnies qui proposent
36:28De choisir la couleur des yeux de vos enfants
36:31Leur sexe évidemment
36:32Leur intelligence
36:34Alors ça c'est...
36:35Là par contre on est dans la publicité mensongère totale
36:38Comme les maladies d'ailleurs
36:39La couleur des yeux c'est pas mensonger
36:40Ils peuvent y arriver
36:41Et il y a beaucoup de gens qui le font
36:43Plusieurs des enfants de Elon Musk
36:45Ont été choisis comme ceci
36:47Le résultat est beaucoup moins précis
36:51Que ce qu'on imagine
36:52Mais ce tri des embryons
36:54Est interdit en France
36:56Il n'y a pas de débat
36:56Parce que c'est interdit
36:57Il y a eu des débats au moment du vote
36:59De la loi bioéthique
37:00Mais maintenant
37:01Là on ne fait pas ça
37:03Par contre la porte est ouverte
37:04Et ça peut changer
37:06Dans un avenir plus ou moins lointain
37:08En France aussi ?
37:09J'imagine
37:10Le débat pourrait revenir
37:11Si c'était vraiment possible
37:13À un moment
37:13Sur la question des maladies graves
37:16Se dire on les élimine
37:19Ou on les élimine pas
37:20C'est quand même une vraie question
37:21Mais après une petite maladie
37:23Une anomalie bénigne
37:24Vous êtes myope
37:26Génétiquement
37:26Pour autant que ça soit génétique
37:28Est-ce qu'on va le supprimer ou pas ?
37:31Et puis bon
37:31Capacité à avoir une peau
37:34Qui résiste mieux au soleil
37:35Oh bah ça serait pas mal
37:36Bah je veux choisir ça
37:37Il y a une tentation
37:40Eugéniste
37:42Qui est très forte
37:43Et on le voit dans les enquêtes
37:44Aux Etats-Unis
37:45Avec des intérêts économiques
37:47Évidemment derrière
37:47Avec des intérêts économiques
37:48Parce que tout ça
37:49Ce sont vraiment des compagnies
37:50Qui brassent des milliards
37:51Oui mais je crois que
37:5345% des gens interrogés
37:54Disent ah oui
37:55Si on peut choisir un enfant
37:57Qui va avoir des bons résultats
37:58A l'université
37:58Bah moi je suis pour
37:59Donc il y a une acceptation sociétale aussi
38:01Bah il commence à y avoir
38:02Une acceptation
38:03Depuis la découverte
38:04De la structure de l'ADN
38:05Dans les années 50
38:06Donc la recherche
38:06Évidemment a énormément avancé
38:08Est-ce que la question
38:09De la biosécurité a suivi ?
38:11Est-ce que ça a accompagné
38:12Aussi ces questions ou pas ?
38:14Alors oui
38:14Il y a eu la création
38:16De laboratoires
38:17Spécialisés
38:20Extrêmement sûrs
38:22Notamment pour les recherches
38:23La recherche sur les virus
38:24Ou sur les bactéries
38:25Dangereuses
38:26Ce qui n'empêche pas
38:28Des travaux
38:30Assez inquiétants
38:31D'hybridation
38:33De virus entre eux
38:35Des gens
38:36Qui utilisent
38:36De virus un peu dangereux
38:38Qui aboutissent
38:39A un virus
38:39Super dangereux
38:40Donc ça c'est vraiment
38:41Du bricolage
38:41Là on est vraiment
38:42Dans le bricolage
38:43Et des gens
38:43Leur disent
38:44Bah non il ne faut surtout
38:45Pas faire ça
38:45Et eux disent
38:46Mais si ça permet
38:46De savoir ce qui permettra
38:48De lutter contre ces virus
38:49Et les autres disent
38:50Bah non
38:50Vous les fabriquez
38:52Et ils risquent
38:52De s'échapper
38:52Ah bah tiens
38:53On a quand même
38:54Connu ça
38:55Avec cette hypothèse
38:57Assez probable
38:58Sur le coronavirus
38:59Du coronavirus
39:00Qui serait échappé
39:01D'un laboratoire
39:02Qui était un des laboratoires
39:03De sûreté maximale
39:04Absolument
39:05Un P4
39:05Donc on voit bien
39:06Que ça peut arriver
39:07Quand un comité
39:09Consultatif national
39:10L'aide d'éthique
39:10Demande un moratoire
39:11Sur des pratiques
39:12Comme par exemple
39:12La modification
39:13Des êtres humains
39:14Est-ce que pour vous
39:14C'est un frein à la science
39:15Ou c'est une précaution
39:17Vraiment nécessaire
39:18Aujourd'hui
39:18Parce que les deux
39:19Sont défendables finalement
39:20Alors moi ce que je pense
39:22C'est qu'il doit y avoir
39:23Des débats
39:24Et pas simplement
39:24Dans les communautés d'éthique
39:25Mais aussi plus largement
39:27Dans la société
39:27Sur ce que font
39:30Les scientifiques
39:30Il y a plein de directions
39:32Intéressantes
39:34Dans tous les sens
39:35Mais il y a de l'argent
39:36Qui est mis
39:36Dans certaines directions
39:37Et pas dans d'autres
39:38Ces choix-là
39:39Qui est-ce qui les fait
39:40Comment ça se passe
39:41Cette direction donnée
39:44Alors c'est bien
39:44Que toutes les directions
39:45Ne soient pas prévues
39:46Au départ
39:46Parce que la science
39:47C'est ça aussi
39:47C'est d'aller dans
39:48Des directions imprévues
39:49Et de trouver des choses
39:50Nouvelles
39:51Qu'on n'imaginait pas
39:52Au départ
39:52Mais malgré tout
39:54On se dit
39:55Il devrait y avoir
39:58Une possibilité
39:59De discuter
40:00Ces choix
40:01Il faut plus de transparence
40:02Dans la recherche aussi
40:03Jean-Baptiste de Panafieux
40:04Oui
40:05Parce que si on veut
40:05Pouvoir en discuter
40:06Il faut vraiment savoir
40:07Ce qui se passe dans les labos
40:08C'est pas que les laboratoires
40:09Cachent ce qui se passe
40:10C'est simplement
40:11Que ça intéresse
40:12Pas beaucoup de gens
40:13Et que donc
40:14Les scientifiques
40:16Travaillent dans leurs coins
40:17Et personne n'en demande
40:18Ce qui se passe
40:18Si on leur demande
40:19Ils le disent
40:20Vous dites que personne
40:22Ne décide de la direction
40:23Que prend la recherche
40:24Alors si
40:24Il y a des directions
40:25Qui sont données
40:26Mais il y a aussi
40:27C'est aussi
40:28Une balance
40:29Entre recherche privée
40:30Et recherche publique
40:31En France
40:33La recherche publique
40:35Est très importante
40:36Aux Etats-Unis
40:37La recherche privée
40:38A des fonds absolument
40:39Gigantesques
40:40Par rapport à ce qui se fait
40:41Pour la recherche publique
40:42Et justement
40:43Sur les grandes entreprises
40:44Du numérique
40:44Qui s'intéressent aussi
40:45A la biologie
40:46Aujourd'hui
40:47C'est quoi les risques
40:48Principaux selon vous ?
40:49C'est de privatiser
40:50Une partie du vivant
40:51Par exemple ?
40:52Alors il y a cette idée
40:53De privatisation du vivant
40:55Là il y a eu des débats
40:56Aussi très importants
40:57Mais il y a 25-30 ans
40:58Sur la question des brevets
41:00Est-ce qu'on peut breveter
41:02Un gène ?
41:03Alors ça
41:03Ça a été plus ou moins tranché
41:05Mais ça n'est pas
41:06Il n'y a pas de décision
41:08Stricte, mondiale
41:10Sûre dans ce domaine-là
41:12Il y a toujours des gens
41:13Qui essayent de breveter
41:13Des gènes
41:15Ou les produits des gènes
41:16Ou des animaux modifiés
41:18Mais en tout cas
41:19Ces grandes entreprises
41:19Elles sont sur le coup
41:20Ça c'est sûr
41:21Ah oui
41:21Allons on passe aux questions
41:23Jean-Baptiste de Panafieux
41:24Une question de Gilles
41:29Sur l'application Radio France
41:31Est-ce qu'on peut modifier
41:32Des cellules cancéreuses
41:33Pour en faire des cellules saines
41:34Aujourd'hui ?
41:35Alors les techniques
41:36De thérapie génique
41:37Ont été appliquées
41:39A des cellules cancéreuses
41:40On modifie
41:42Des globules blancs
41:45Alors c'est la technologie
41:46Dite CAR-T
41:46Et ces cellules modifiées
41:51Vont pouvoir aller attaquer
41:53Les cellules cancéreuses
41:54Alors on ne modifie pas
41:55Directement les cellules cancéreuses
41:57Mais on permet
41:58A des cellules immunitaires
42:00De cibler plus précisément
42:01Ces cellules cancéreuses
42:02Ça commence à donner
42:03Des résultats
42:04Dans des
42:05Des leucémies
42:08Des maladies
42:09Des globules blancs
42:11Pour des cancers massifs
42:12Des tumeurs
42:13Pour l'instant
42:13Ça ne marche pas très bien
42:14L'or nous dit
42:15Est-ce qu'il n'est pas
42:16Complètement fou
42:16De dépenser des millions
42:17Pour recréer un mammouth
42:18Alors que des espèces
42:19Disparaissent tous les jours
42:20Sous nos yeux
42:21Est-ce qu'on ne pourrait pas
42:22Plutôt se concentrer
42:23Sur la sauvegarde du vivant
42:25Question de bon sens
42:26Je suis assez d'accord
42:28Ce qu'il y a
42:30C'est que les entreprises
42:32Qui essayent de
42:33Recréer des mammouths
42:35Et d'autres animaux
42:35Préhistoriques
42:36Utilisent ça
42:37Comme étendard
42:39De ce qu'ils font
42:40Et ils ont
42:41Ils trouvent de l'argent
42:43Des quantités d'argent
42:44Absolument phénoménales
42:45Pour ces projets-là
42:46Donc c'est des produits d'appel
42:47C'est vraiment des produits d'appel
42:49Gilles nous dit
42:50Si des scientifiques
42:51D'une dictature
42:51Décident de créer
42:52Des clones humains
42:53Qui va pouvoir
42:54Les en empêcher
42:55Pour l'instant
42:58Disons que
42:59Des clones humains
43:00Même si on le faisait
43:03Il faut quand même
43:0320 ans
43:04Pour obtenir des adultes
43:06Honnêtement
43:07Il y a d'autres techniques
43:08Beaucoup plus faciles
43:10Pour transformer des gens
43:11En soldats
43:12Prêts à mourir
43:13Pour une cause
43:13Une armée de clones
43:14Ça prend du temps
43:15Ça prend énormément de temps
43:16C'est très coûteux
43:17Alors qu'il suffit
43:18De convaincre les gens
43:18Que c'est à eux
43:20De défendre le dictateur
43:21En question
43:21Il y a des gens
43:22Qui savent faire
43:23Encore deux questions
43:24Pour terminer
43:24Léa nous demande
43:25Quelles sont les inventions
43:26Que vous attendez
43:27Pour les années à venir
43:27Les nouvelles technologies
43:28Qui pourraient là émerger
43:29Bon alors la prévision
43:31Du futur
43:32C'est pas trop mon domaine
43:33Il y a déjà des choses
43:34Dans les cartons
43:34Mais il y a des domaines
43:35Où on voit les choses
43:36Aller très vite
43:38Par exemple
43:39La question des implants neuronaux
43:41Des puces
43:42Qu'on insère
43:43Soit qu'on pose
43:44A l'extérieur de la tête
43:45Soit qu'on insère
43:46A l'intérieur
43:47Et qui sont connectés
43:48A des neurones
43:49Et l'idée
43:51De pouvoir
43:51Au départ
43:52C'est présenté
43:53Connecté à des machines
43:54En fait c'est ça
43:55Pour pouvoir piloter
43:55Un fauteuil roulant
43:57Piloter un ordinateur
43:58Pour des gens
43:59Qui n'y arriveraient pas
44:00Physiquement
44:00A l'inverse
44:02On peut essayer
44:02D'imaginer
44:03Savoir ce que des gens
44:04Pensent
44:05Avec ça
44:06Et ça c'est des entreprises
44:07Comme celle d'Elon Musk
44:10Qui travaillent sur ces projets
44:11Merci beaucoup Jean-Baptiste
44:12De Panafieux
44:13Je renvoie sur votre ouvrage
44:14Bricoler le vivant
44:14Qu'est-ce qui pourrait mal tourner
44:15C'est aux éditions du Nô
44:16Merci beaucoup d'être venu
44:18Nous en parler
44:18Merci
44:19Et merci à Jean-Philippe Véret
44:20Qui a préparé ce dossier
44:21Mélissa et Troyes
44:22La technique
44:23Jérôme Boulet à la réalisation
44:24Et Lucie Saint-Fati
44:25Pour la programmation
44:26Et la coordination
44:26De la terre au carré
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