Après le secteur automobile, ce sont les compagnies aériennes qui disent "stop" aux règles édictées par les capitales et Bruxelles. Retrouvez « L'édito éco de Dominique Seux » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-eco
00:00L'édito éco, Dominique Seux, alors comme ça les patrons se révoltent ?
00:04Oui, alors écoutez, la période est vraiment très singulière pour les relations entre les pouvoirs publics et les milieux économiques.
00:09Dans la plupart des pays, elles sont bonnes, et je ne parle même pas des Etats-Unis,
00:13où les entreprises dorment quasiment dans le lit de Donald Trump.
00:16En France, la période est à l'inverse, une période de tension entre les entreprises d'un côté et le gouvernement et les parlementaires de l'autre.
00:23Les grandes entreprises vont payer 4 milliards d'euros de surtaxe
00:26et les socialistes exigent 7 à 8 milliards d'impôts en plus sur les très très riches.
00:30Bref, ça n'est pas l'amour fou.
00:32Et le climat se tend aussi avec l'Europe ?
00:34Oui, et là les Français ne sont pas les seuls concernés,
00:36ce sont les dirigeants d'entreprises de toute l'Europe qui disent stop,
00:40stop aux règles qui les désavantagent par rapport à leurs concurrents du monde entier.
00:44Trop, c'est trop, voilà ce qu'on entend désormais.
00:47Je vous donne deux exemples.
00:48Ce matin, dans les Echos, les patrons d'Air France, KLM et de l'Allemand Lufthansa
00:52s'expriment ensemble, alors qu'ils sont des concurrents féroces,
00:55pour demander dans l'aérien des règles de jeu équitables.
00:59Ils dénoncent pêle-mêle.
01:00L'obligation faite à eux seuls d'incorporer des biocarburants,
01:03qui sont plus chers, c'est dans leur réservoir,
01:06les avantages exorbitants donnés à Qatar Airways,
01:09l'interdiction du survol de la Russie alors que d'autres compagnies le peuvent,
01:12les obstacles que leur impose Bruxelles quand ils veulent racheter d'autres compagnies.
01:16Bon, je le dis clairement, le refus des biocarburants n'est pas audible.
01:19On ne voit pas pourquoi l'avion serait le seul secteur exempté des forts pour le climat.
01:22En revanche, le cumul et l'absence de hiérarchie dans les règles posent, oui, un vrai problème.
01:28Autre exemple, Dominique ?
01:29Il est bien connu, c'est l'automobile.
01:31Les dirigeants de Stellantis et Renault se sont exprimés, eux aussi ensemble,
01:36c'était avant l'été, pour réclamer des assouplissements
01:39sur le calendrier du passage aux voitures électriques.
01:41Là encore, l'objectif de véhicules sans émissions de CO2 est tout à fait louable et pertinent,
01:46mais le secteur subit par ailleurs une avalanche de règles, problèmes de cumul et de hiérarchie.
01:53L'ennui est que tout ça donne des arguments en or à tous ceux qui réclament en réalité le statu quo.
01:58Conclusion, Dominique ?
01:59Eh bien, les triples.
02:00Un, il faut que l'Europe écoute davantage les entreprises et non pas entre deux portes,
02:04comme en témoignent beaucoup d'entre elles.
02:06Deux, le mécontentement qu'elles expriment à voix haute prend le contre-pied d'une idée reçue,
02:10à savoir que les milieux économiques seraient chez eux à Bruxelles,
02:13que leur lobbying serait toujours payant.
02:14Eh bien, ça n'est pas le cas, manifestement, quand on les entend.
02:17Les ONG sont tout aussi puissantes.
02:19Trois, la parole doit aussi être à la défense.
02:22C'est l'exercice auquel se livre dans un petit livre intéressant.
02:25Le député européen Pascal Canfin, ex-président de la Commission Environnement du Parlement,
02:30il persiste et signe le titre de son livre « Gagner le combat du pacte vert ».
02:34C'est assez courageux dans le climat actuel,
02:36alors que le temps paraît bien, bien lointain,
02:38où des millions de jeunes défilaient pour le climat dans les rues européennes.
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