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  • il y a 2 jours
Pour ce nouvel épisode de "Chocs du monde", le magazine des crises et de la prospective internationales de TVL, Edouard Chanot reçoit Fouad Khoury-Helou, directeur de l'Orient-Le Jour.
"La guerre à Gaza est finie", a revendiqué Donald Trump à la Knesset le 13 octobre, avant d'évoquer "l'aube historique d'un nouveau Moyen-Orient". Le président américain a bien sûr arraché un cessez-le-feu mais la situation reste fragile. Gaza a été rasée, un demi-million de Palestiniens doivent revivre. Et puis bien sûr, sous quelle autorité ? Trente et un chefs d'Etats étaient réunis à Charm el-Cheikh, mais en l'absence du Hamas et d'Israël. Alors que peut-on espérer pour la région ?

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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans Choc du Monde, le magazine des crises et de la prospective
00:26internationale de TVL. La guerre à Gaza est finie, a revendiqué Donald Trump hier lundi à la Knesset,
00:33avant d'évoquer l'aube historique d'un nouveau Moyen-Orient. Le président américain a bien sûr
00:38arraché un cessez-le-feu, mais la situation reste très incertaine. Gaza a été rasé à 80%,
00:44un demi-million de Palestiniens doivent apprendre à revivre, et surtout, sous quelle autorité ? 31
00:50chefs d'État étrangers étaient réunis à Sharm el-Sheikh hier en Égypte, en l'absence toutefois
00:55du Hamas et d'Israël. Alors, pour en parler et pour essayer de nous éclaircir toutes ces incertitudes,
01:01je reçois Fouad Rourielou, directeur du quotidien de référence L'Orient le jour. Fouad Rourielou,
01:06bonjour. Bonjour, merci de me recevoir. Merci d'avoir répondu présent encore à l'appel de Choc du Monde.
01:13Vous avez publié, je le rappelle aussi, Liban, état de survie aux éditions Max Milo, un rappel sur
01:19tout l'impact que peut avoir la guerre de Gaza sur l'ensemble du Moyen-Orient. Et je reviens là-dessus,
01:25je reviens sur cette citation, cette revendication de Donald Trump, lobby historique d'un nouveau
01:30Moyen-Orient. Et d'ailleurs, la déclaration qui cimente le cessez-le-feu, qui a été signée hier en
01:35Égypte, va dans ce sens. L'histoire, on a envie de dire quand même, est souvent écrite par les vainqueurs,
01:41en l'occurrence par Donald Trump, semble-t-il. Mais alors, Fouad Rourielou, dites-nous,
01:44cet optimisme est-il vraiment partagé au Moyen-Orient, selon vous ?
01:52Alors, oui, il y a deux choses. Il y a la question de, effectivement, ce nouveau Moyen-Orient,
01:58dont on parle de Donald Trump, et il y a l'impact immédiat sur Gaza. Je dirais que sur l'ensemble
02:05du Moyen-Orient, il y a aujourd'hui l'impression que nous nous dirigeons vers de possibles
02:14accords de sécurité régionaux, sachant que le sommet de Sharma-Sher a groupé des États
02:22aussi bien européens qu'un grand nombre d'États Moyen-Orientaux et jusqu'à l'Indonésie.
02:28Il y a aujourd'hui, sur la question du Moyen-Orient, il y a un sentiment de fragilité qui a touché
02:36aujourd'hui tous les États du Moyen-Orient, tous sans exception pratiquement. On parle évidemment
02:41le Liban, la Syrie, l'Irak, donc ce sont des États déchirés, le Yémen, l'Arabie
02:47saoudite qui a été exposée aux bombardements en provenance du Yémen pendant des années,
02:52le Qatar qui, il y a encore un mois, était la cible d'un bombardement israélien et juste
02:58avant d'un bombardement iranien. Et donc le Qatar qui, rappelons-le, accueille la plus grande
03:04base américaine au monde, hors des États-Unis, de la Bahreïne juste à côté, le siège
03:10de la cinquième flotte américaine. Donc ces pays-là ont été exposés à un bombardement
03:14et c'est tout le Golfe qui s'est senti concerné. Mais au-delà de ça, la Turquie elle-même
03:19se sent très fragile parce que ce qui se passe en Syrie, l'émergence d'un potentiel
03:23État kurde, d'un potentiel État alaouite, en tout cas la fragilité de la Syrie en tant
03:28qu'État, si elle mène à une partition de ce pays, eh bien c'est la porte ouverte à
03:33la fragilité de la Turquie qui abrite 15 millions de Kurdes et 10 millions d'alaouites,
03:38mais aussi de l'Iran. L'Iran qui lui-même a été la cible d'une guerre il y a quelques
03:42mois.
03:43De 12 ans.
03:44L'Égypte qui est aux portes de Gaza, alors même que le Sinaï, d'après les accords
03:49de Camp David, il est interdit à l'Égypte de stationner son armée en masse dans le
03:54Sinaï. Il est stationné que de très faibles troupes. Et enfin Israël lui-même, c'est
04:00un peu la clé, je pense, de ce sommet-là, c'est qu'Israël lui-même, malgré tout ce
04:06qu'il a fait, malgré cette démonstration de puissance depuis deux ans, Israël ne peut
04:12pas atteindre tout seul son objectif qui est de mettre fin au Hamas et de contrôler
04:18totalement la mort de Gaza et surtout d'empêcher l'émergence d'un État
04:25palestinien. Israël tout seul ne peut pas arrêter le cycle de guerre. Il a absolument
04:31besoin de la coopération, non seulement des États-Unis, mais de l'ensemble de ses
04:36voisins pour atteindre, pour tenter d'atteindre ses objectifs. Et je pense que ce qui se passe
04:41à Sharmesher aujourd'hui, si on regarde les conditions du plan Trump, eh bien ça
04:48pourrait peut-être satisfaire un certain nombre d'objectifs israéliens. Alors pour rappel,
04:55la déclaration de Sharmesher, c'est une déclaration d'intention de l'ensemble des
04:59États participants qui appelle à la paix régionale, mais aussi à des aménagements de
05:05sécurité régionaux. Et c'est un scrut noir sur blanc dans l'appel, mais aussi cet appel-là
05:11fait référence au plan Trump. Donc si on regarde le plan Trump, les 20 points, eh bien il s'agit
05:17du désarmement du Hamas, de la déradicalisation de la bande de Gaza, de la réforme de l'autorité
05:22palestinienne. Et conditionné à ça, eh bien il y a la mise en place d'une autorité pour gérer
05:30la bande de Gaza. Alors on parlait de Tony Blair pour gérer cette autorité, puis le
05:35président Trump a dit hier ou avant-hier, je pense que peut-être que Tony Blair n'était
05:41pas le meilleur candidat, qu'il faudrait plutôt un candidat issu de la région, donc un arabe
05:47ou un arabo-musulman. Et donc dans le plan Trump, il y a conditionné à tout ça, eh bien
05:55la possibilité, la perspective d'un soutien économique et d'une reconstruction de la
06:00bande de Gaza. Nous allons revenir sur ces différents points,
06:03Fouadouilou. Je voulais vous poser une question parce que l'ambassadeur des États-Unis en
06:06France, Charles Kushner, a vanté l'approche diplomatique américaine en fustigeant ceux
06:11qui, je cite, jouaient l'indignation. J'en reviens justement à ce processus diplomatique.
06:17Est-ce bien selon vous cela qui s'est passé, le narratif américain en fait que l'on
06:20entend aujourd'hui, est-il vrai, est-il juste ?
06:24Alors le problème avec le narratif américain, c'est qu'il annonce une avancée de l'ensemble
06:34de la région, un besoin de l'ensemble de la région d'avoir des accords de sécurité.
06:39Et évidemment du point de vue des États-Unis, ce serait sous l'égide américaine, parce
06:43qu'on vient de le dire, tous les États de la région sont menacés, ont été l'objet
06:47de guerre, mais en même temps la traduction de ça à Gaza même et pour les Palestiniens
06:51elle est plus problématique, parce que ce qu'on voit aujourd'hui c'est en réalité
06:56la perte de souveraineté des Palestiniens et la mise sous tutelle d'un futur État
07:02de Palestine. Lorsqu'on pose ces conditions-là à Gaza qui sont en fait mettre en place une
07:08autorité de tutelle, donc en fait c'est une sorte de mandat international. Et lorsqu'on
07:13fait le lien dans le plan Trump entre ce qui va se passer à Gaza et une réforme de
07:18l'autorité palestinienne, ça veut dire quoi une réforme de l'autorité palestinienne ?
07:22Ça veut dire également en quelque sorte placer cette autorité sous tutelle. Donc en fait
07:27c'est placer la Cisjordanie également potentiellement sous tutelle, c'est lier le sort de Gaza à celui
07:33de la Cisjordanie. Or c'est exactement ce que veut Israël. Faire cela pourrait permettre
07:40dans un certain scénario à la fois d'annoncer la création d'un État palestinien et à la
07:46fois de le mettre sous tutelle, ce qui faciliterait ou ce qui répondrait aux conditions israéliennes,
07:52notamment celles de Netanyahou, sans qu'il n'y aurait pas d'État palestinien. Alors qu'il
07:56y aura un État palestinien ou est-ce qu'il n'y en aura pas un ? La réponse c'est peut-être
08:00d'en créer un sous tutelle, un mais qui est en fait dénué des attributs réels de la
08:05souveraineté et c'est ce qu'on peut craindre.
08:06Alors vous m'aviez évoqué ça il y a trois mois, au moment où on a commencé à parler
08:12de la reconnaissance par la France de l'État de Palestine, vous m'aviez dit ça justement
08:16dans le JT de TV Liberté, c'est une des raisons pour lesquelles j'ai eu envie de vous réinterviewer
08:19aujourd'hui parce que vous avez vu quand même les choses se profiler. J'ai envie un peu
08:23de jouer l'avocat, j'ai envie de dire du diable même si ça peut prêter à confusion
08:26en tout cas. Le Hamas, à l'heure actuelle, refuse de rendre ses armes, selon un de ses dirigeants,
08:32Bassem Naïm, qui envisage aussi l'intégration de ses soldats à l'armée nationale
08:36palestinienne. On a le sentiment que la défaite n'est pas complète pour le Hamas parce
08:40que bon, ils sont quand même encore maîtres de certaines parties de l'enclave. Ils ont
08:43fait libérer 2000 détenus. Pensez-vous que le Hamas pourrait se laisser à ce point
08:49gouverner ?
08:51Écoutez, en fait, c'est une très bonne question et en gros, ça donnerait pour le Hamas
08:57le scénario mauvais ou le scénario du pire. Enfin, mauvais. C'est-à-dire, en clair,
09:04les Palestiniens, en particulier à Gaza aujourd'hui, ont le choix entre un premier scénario qui
09:09est l'application du plan Trump, ce qui reviendrait à une mise sous tutelle et à
09:13une acceptation par le Hamas du fait de rendre les armes et de ne plus exister en tant que
09:19formation avec le même programme politique. Ou, quelle est l'alternative ? L'alternative,
09:24c'est que le Hamas reste en place. Mais si le Hamas reste en place, le restant du plan
09:28Trump ne peut pas être appliqué. Il n'y a pas de reconstruction. On parle de la bande
09:33de Gaza, donc d'un territoire qui est détruit à 90%. Il faut savoir que dans le dernier
09:38mois, lorsque l'armée israélienne a occupé la bande de Gaza de manière physique dans
09:46les dernières semaines, il y a eu des destructions extrêmement massives. Il y a eu des
09:54destructions opérées par l'armée israélienne, des dynamitages d'immeubles, de quartiers
09:59entiers, des bombardements, au point que certains habitants de Gaza qui n'étaient pas revenus
10:05depuis le dernier round, il y a deux ou trois mois, ils sont venus, ils n'ont pas reconnu
10:10les lieux. Et donc, ce qui se passe, c'est que vous avez un territoire qui est détruit
10:14à 90%, où il n'y a plus d'écoles, plus d'hôpitaux, plus de lieux où habiter, plus de revenus,
10:21plus de moyens de travailler. Si le Hamas reste en place et qu'il n'y a aucune aide,
10:26et on parle de 100 milliards, il faut 100 milliards pour reconstruire Gaza, s'il n'y a aucune
10:29aide qui est mise en place, qu'est-ce que ça va donner ? Ça va donner que Gaza ne sera
10:35plus habitable. Et ça voudra dire que les Palestiniens, malheureusement, dans un scénario
10:40comme ça, ils devraient partir. Et ce serait le départ non pas par la guerre, mais par la
10:45paix, ce qui serait le scénario du pire pour eux. En fait, dans ce cas, si le Hamas fait
10:50ça, ça veut dire qu'il entrave le plan de reconstruction et qu'il ouvre la porte au
10:56départ des Palestiniens. Alors, est-ce que les États qui étaient présents à Charmesher
11:03ou d'autres accepteraient de recevoir chacun dix ou d'amis palestiniens ? Est-ce qu'une
11:07solution qui serait en fait la solution du délabrement progressif de Gaza ? En fait,
11:15de la liquidation de Gaza à travers ce plan de paix, malheureusement, ce serait la situation
11:21la plus cynique à laquelle le Hamas participerait, qu'il ne veuille ou pas, que ce soit volontaire
11:27ou pas, mais ce serait dramatique. Donc, c'est où ça ou la mise sous tutelle, finalement,
11:33pour les gens de Gaza ? Et je dirais au-delà, même pour les Palestiniens de façon générale,
11:38l'issue de la guerre laisse quand même à désirer. Et il faut espérer qu'au moins
11:43ils puissent y trouver leur compte à travers un plan de reconstruction régionale, une participation
11:50de tous les États de la région qui leur permettent au moins de retrouver la dignité économique.
11:54Pour que tout soit clair, je vous propose, Fouadourilou, un résumé du plan de cessez-le-feu,
11:59et puis après, nous allons en revenir au côté israélien, si vous le voulez bien.
12:03D'accord.
12:04Le plan de cessez-le-feu de Donald Trump enjoint l'armée israélienne d'entamer un retrait
12:09échelonné à Gaza depuis le 10 octobre. Il est entré en viqueur et concerne dans un
12:14premier temps la moitié ouest de l'enclave et une partie du nord. 48 otages israéliens ont
12:18été libérés dans une fenêtre de 72 heures, tandis que Tzal conservait environ 55% du
12:24territoire. Une force de stabilisation impliquant potentiellement l'Égypte, le Qatar, la Turquie
12:29et les États-Unis est prévue, mais pas encore formée. Même dans sa dernière étape, une
12:34zone de sécurité d'un kilomètre sera maintenue le long de la frontière avec l'État hébreu
12:38représentant 17% du territoire. Pour l'heure, le calendrier, les frontières exactes, l'avenir
12:45du Hamas et les implications pour les palestiniens restent néanmoins floues.
12:53Donc beaucoup d'incertitudes pour les palestiniens, vous l'avez évoqué bien sûr, mais aussi
12:57peut-être pour Israël. Steve Bannon, ancien conseiller de Trump, a estimé que l'accord
13:03négocié par Trump signait selon lui une défaite pour Israël, mettant fin notamment
13:09à des rêves de l'extrême droite israélienne d'un grand Israël et laissant, vraisemblablement,
13:14malgré votre scepticisme, les Gazaouis, en tout cas, dans un premier temps, vivre sur
13:20place sans les chasser de leur terre. Que pensez-vous de ce jugement, Fouadou Rielou ? Et puis,
13:26deuxième question, Trump a-t-il apporté la paix à Netanyahou, mais en même temps, ne l'a-t-il
13:32pas discipliné, n'a-t-il pas fait pression sur le Premier ministre israélien ?
13:35Alors, la véritable question, c'est quels sont les réels objectifs d'Israël ? Il y a
13:40les objectifs annoncés et puis les objectifs qu'Israël peut espérer atteindre. Alors,
13:48les objectifs annoncés par, je dirais, l'extrême droite israélienne et Netanyahou lui-même,
13:53c'était pas d'État palestinien, annexion de la Cisjordanie, destruction du Hamas à Gaza
14:01et l'extrême droite israélienne voudrait faire partir les Palestiniens de Gaza. Donc,
14:07voilà un peu l'idéal du point de vue de l'extrême droite israélienne, des objectifs
14:13maximalistes qu'il voudrait atteindre. Ce qu'il risque d'obtenir à travers le sommet
14:18de Charmesher, c'est une initiative internationale pilotée par les États-Unis qui priverait les
14:26palestiniens de leur souveraineté, mais les garderait sur place, sous tutelle. Alors,
14:31est-ce que c'est un scénario optimal pour les Israéliens ? Non, pas du point de vue
14:35de l'extrême droite israélienne, mais si en échange de ça, Israël peut obtenir la
14:40paix régionale, en fait l'ouverture de tous les États du monde arabe, du Golfe, voire la
14:46résolution de la question iranienne, et je pense que c'est là la clé de voûte, c'est
14:51là la vraie condition de la réussite du sommet de Charmesher, de cette espèce d'architecture
14:56régionale de sécurité, de paix et de reconstruction économique. La clé de voûte, c'est l'Iran,
15:03en fait. Et si Israël arrive à se faire accepter par tous les États, tout en réglant
15:09des factaux la question palestinienne, la revendication palestinienne, en lui plaçant
15:13un cadre, en la mettant dans un cadre qui sera cette fois définitif et qui sera garantie
15:18par tous les États de la région et par la communauté internationale, alors là, ce ne
15:23sera pas les objectifs de l'extrême droite israélienne, mais ce sera quand même des
15:26objectifs très acceptables pour un État qui, jusqu'à il y a deux ans, a été cerné
15:30par les supplétifs de l'Iran. Israël était cerné, il y avait le Hamas à Gaza, le Hezbollah
15:37au Liban, il y avait le régime Assad en Syrie, les milices irakiennes, il y avait les
15:41coups-ci au Yémen, il y avait l'Iran lui-même. Donc Israël se posait des questions lui-même
15:48sur ce qu'il devait faire face à cet axe. Donc, là encore, on a une réponse, on aurait
15:55une réponse à travers ce plan au questionnement israélien depuis des années, qui est la menace
15:59iranienne.
16:01Netanyahou, d'ailleurs, a évoqué hier à la Knesset, en recevant Donald Trump, il a évoqué
16:07de nouveau traiter de paix avec les pays arabes de la région, donc il vend quand même pas
16:11mal cette idée, mais on en vient à penser de nouveau à ces accords d'Abraham que vous
16:16avez l'air d'évoquer à demi-mot, ce serait quand même sidérant que les accords d'Abraham
16:21de normalisation reprennent après cette guerre, immédiatement après cette guerre de deux ans,
16:24mais pour vous, c'est l'horizon ?
16:26Alors, ce qui est intéressant de noter, c'est que l'Arabie saoudite et les Émirats
16:31n'ont pas participé au sommet des chefs d'État.
16:34Donc, en fait, les pays qui n'ont pas participé au sommet dans toute la région, c'est l'Arabie
16:42saoudite, les pays notables, c'est l'Arabie saoudite, les Émirats, l'Iran, bien qu'il
16:48soit invité, il n'est pas venu, et puis le Liban et la Syrie.
16:52En fait, tous ces États ont en commun la même problématique, c'est que parler de paix
16:57pour eux est compliqué.
16:59Pourquoi ? Pour l'Iran, pour une raison évidente, c'est que ça remettrait en cause toutes
17:04l'idéologie du régime.
17:07Pour le Liban, c'est le problème du Hezbollah.
17:10Pour la Syrie, c'est le fait que c'est encore un champ de bataille avec les Israéliens
17:14qui interviennent militairement.
17:15Il y a un conflit même entre Israël et la Turquie sur le terrain syrien.
17:20Et pour l'Arabie saoudite et les Émirats, et en particulier pour l'Arabie saoudite,
17:24la paix avec Israël est conditionnée à deux choses.
17:27La première, c'est d'avoir un État palestinien, finalement, quelle que soit sa forme.
17:33Et la deuxième, c'est surtout d'avoir ces fameux accords de sécurité régionaux.
17:38La demande saoudienne depuis des années, c'est d'avoir une garantie de sécurité américaine
17:44pour l'Arabie saoudite et pour son régime.
17:47Et cette garantie de sécurité, si elle doit s'étendre à l'Arabie saoudite,
17:50en réalité, elle ne peut le faire que s'il y a un accord régional
17:54pour faire entrer toutes les parties en présence dans ce jeu-là.
17:58Et donc, pour ça, il faut que l'Iran, encore une fois, joue le jeu
18:02et s'insère dans cette dynamique, ce qui pose d'autres questions.
18:06Mais donc, l'Arabie saoudite n'a pas voulu participer au sommet de Chalmashir
18:10pour ne pas enteriner le mot paix, donc paix avec Israël,
18:13et perdre cette carte de négociation qu'elle maintient depuis des années.
18:18Mais il est évident que c'est un peu le chemin qu'on est en train d'essayer de prendre aujourd'hui.
18:23C'est le processus vers lequel on va.
18:26Un processus vers lequel on va.
18:28Fouadourielou, vous avez évoqué il y a quelques instants la Cisjordanie.
18:32Alors, on rappelle quand même que 700 000 colons israéliens y harcèlent 2 millions de Palestiniens,
18:36un harcèlement qui a fortement accru depuis le 7 octobre.
18:40Y a-t-il encore des raisons d'espérer que cela cesse
18:44avec cette pacification progressive dans la région ?
18:49Alors, effectivement, la question de Cisjordanie a été, je dirais,
18:55un peu éclipsée par celle de Gaza depuis deux ans,
18:58tellement la situation était difficile à Gaza,
19:00mais en réalité, elle est extrêmement difficile en Cisjordanie,
19:03qui est un territoire complètement saucissonné.
19:06C'est grand comme la région parisienne,
19:08mais vous ne pouvez pas faire quelques kilomètres sans vous heurter à un barrage.
19:14Et donc, 60 % de la Cisjordanie aujourd'hui sont contrôlées totalement par Israël,
19:20et c'est un territoire qu'Israël voulait annexer.
19:22Il y a quelques semaines encore, c'est une intervention vraiment musclée de l'Arabie saoudite
19:28qui a fait en sorte qu'Israël ne l'annexe pas.
19:31Et le restant des 40 %, en réalité, très peu sont contrôlés par les…
19:35Environ 10 % sont contrôlés par l'autorité palestinienne elle-même.
19:39Le reste doit être partagé avec Israël.
19:41Donc, c'est un territoire…
19:43C'est extrêmement difficile d'ériger un État ou n'importe quelle autorité
19:47sur un territoire qui est découpé de telle manière.
19:49Et donc, la situation est de toute façon extrêmement difficile.
19:54Et ce que, comme je vous le disais tout à l'heure, ce qu'on voit du plan Trump,
19:59c'est que la volonté, cette fois internationale, et non plus seulement israélienne,
20:03est de placer l'autorité palestinienne elle-même en Cisjordanie sous une forme de tutelle.
20:08Alors, est-ce que cela satisferait les objectifs israéliens,
20:13et notamment la droite israélienne qui a des positions maximalistes ?
20:18Pour l'extrême droite israélienne, l'État palestinien, c'est la Jordanie.
20:25Donc, ce qu'il voudrait, c'est expulser les 3 millions de Cisjordaniens en Jordanie
20:30et annexer tout simplement la région.
20:32Alors, est-ce qu'il y aura un modus vivendi plus favorable,
20:35à savoir cette forme de quasi-neutralisation de l'entité palestinienne,
20:42du moins aux yeux d'Israël, en échange de quoi les Israéliens auraient une paix régionale ?
20:46Est-ce que ça, ce serait un modus vivendi acceptable ?
20:49Il faut espérer, parce que si ce n'est pas le cas, ça veut dire que les combats se poursuivront,
20:54et bien qu'il n'y aura pas d'apaisement, que ce sommet aura été en fait une illusion
20:59et que les combats reprendraient.
21:02Et cette fois, ce serait à Gaza et en Cisjordanie, et avec une violence renouvelée.
21:06Donc, il faut quand même espérer que ce plan de Charles-Cher trouve une implication.
21:15Bon, le moins qu'on puisse dire, c'est que la guerre menée tous azimuts par Netanyahou depuis deux ans
21:20a rendu l'État hébreu particulièrement impopulaire, en Occident bien sûr,
21:23mais aussi à travers le monde et la région.
21:26Diriez-vous que, en fait, Trump a sauvé Netanyahou et Israël en apportant la paix
21:31que Netanyahou n'a pas su obtenir lui-même ?
21:35Je dirais que oui.
21:37Alors, je ne suis pas de ceux qui pensent que, en fait, c'est le lobby pro-israélien aux États-Unis
21:45qui dicte la politique américaine.
21:47Je ne pense pas ça.
21:48On entend souvent ça, notamment au Moyen-Orient,
21:50et c'est une forme de théorie du complot qui est assez simplificatrice.
21:55Donc, je n'adhère pas à ça.
21:57Par contre, il est clair que si le président Trump va sauver aujourd'hui Netanyahou,
22:09les États-Unis voudront également imposer leur solution dans la région.
22:16Et donc, ce ne sera pas la solution Netanyahou,
22:19ce ne sera pas l'expulsion manu militari des Palestiniens de Gaza,
22:22ce ne sera pas l'annexion de la Cisjordanie par la force
22:25ou l'expulsion des habitants de Cisjordanie ailleurs.
22:30Donc, cette politique de l'extrême droite, les Américains ne vont pas l'appliquer.
22:34Les Américains regardent, je pense, leurs intérêts de façon beaucoup plus large.
22:39Et évidemment, il est de leur intérêt que l'ensemble de la région s'organise
22:44avec des accords de sécurité sous égile américaine,
22:46et d'y intégrer Israël, qui est un allié très proche,
22:49mais au même quitte que la Turquie, qui est dans l'OTAN,
22:51qui est aussi un allié très proche de l'Amérique,
22:54et qui est pourtant en bisbille avec Israël sur le territoire syrien.
22:58Donc, c'est assez compliqué.
22:59Mais de façon générale, c'est l'intérêt des Américains d'imposer leur propre solution,
23:04quitte à y faire rentrer Israël, sans donner tout aux Israéliens.
23:08Et si, en échange, ça va sauver Netanyahou, notamment au plan personnel,
23:11parce que là, on entend parler du fait que le président israélien
23:16pourrait gracier le Premier ministre israélien
23:19par rapport à toutes les affaires et tous les procès dont il peut faire l'objet
23:25et dont il est l'objet,
23:27eh bien, si Netanyahou, à titre personnel, peut trouver son compte,
23:31ça ne dérangerait pas particulièrement le président Trump, je pense.
23:34Ça ne dérangerait pas particulièrement le président Trump.
23:36Eh bien, Fouadou Rielou, merci beaucoup pour toutes ces explications.
23:39Je rappelle que vous êtes directeur du quotidien libanais francophone de référence,
23:43Lorient Lejour, Fouadou Rielou, merci beaucoup d'avoir répondu présent.
23:47Merci à vous.
23:48De Choc du Monde.
23:49Surtout, n'oubliez pas de commenter et de partager cet épisode de Choc du Monde.
23:53Merci à tous et bonne soirée.
23:54En douze années, TVL s'est imposée comme un rempart face à la pensée unique.
24:06Elle a créé une formidable dynamique,
24:08celle de la presse alternative dont le succès est patent.
24:13Fidèle à sa mission, TVL défend l'esprit français,
24:16la civilisation européenne et nos valeurs essentielles,
24:19la famille, les libertés, l'identité et la souveraineté.
24:23Nous offrons une information libre à franchir des dictates
24:26et nous anticipons les grands bouleversements du monde.
24:30TVL dit la vérité sans concession.
24:33Mais pour que cette œuvre demeure, il faut garantir la pérennité de l'édifice.
24:38Alors, nous faisons appel à votre soutien par le biais d'un LEG,
24:41afin que TVL poursuive sa mission pour les générations futures.
24:45J'ai rédigé mon testament en faveur du fonds de dotation Média Liberté,
24:51en précisant que mes biens sont destinés à TVLiberté.
24:55Vous voyez ce studio ?
24:56Il existe grâce à un LEG, celui de Florence Drillon.
25:00De nouvelles émissions y sont tournées
25:02et cela permet à de jeunes journalistes de travailler et de poursuivre ce combat.
25:07Au service de TVLiberté, le fonds de dotation Média Liberté
25:11vous donne la possibilité de laisser votre empreinte.
25:14Par votre LEG, vous investissez dans l'avenir
25:16en offrant à TVL les moyens de remplacer les médias du système
25:20qui minent notre concorde national.
25:22Avec vous, TVL pourra imposer sa mission de réinformation.
25:26Organiser sa succession est un acte de prévoyance et de responsabilité.
25:30Il garantit la protection de ce que l'on aime
25:33et le respect de ses dernières volontés.
25:35Vous pouvez faire confiance au fonds de dotation Média Liberté
25:38qui veille à ce que votre engagement soit pleinement réalisé.
25:41Sous-titrage Société Radio-Canada
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