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  • il y a 2 jours
Parler du wokisme, c’est s’exposer immanquablement à l’objection selon laquelle on parle de quelque chose qui n’existe pas : "Le wokisme n’existe pas", c’est une "obsession française", selon le journal Le Monde, une "chimère".
Woke et wokisme rejoignent ainsi au rayon des choses inexistantes la théorie du genre, le politiquement correct, l’islamo-gauchisme. En revanche, l’extrême-droite et la "fachosphère" existent bel et bien.
Dans son ouvrage "Paradoxes de la pensée progressiste", le philosophe André Perrin montre que cette sélectivité est le signe parfait des idéologues dont l’une des plus profondes convictions est qu’on peut changer les choses en changeant les mots, et ils s’y emploient en tentant d’imposer aux autres leur novlangue. L'auteur dresse un état des lieux et fait réfléchir savoureusement en pointant les multiples contradictions des idéologues qu’on peut quotidiennement voir et entendre en écoutant la radio publique et en lisant la "bonne presse".

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Transcription
00:00En 12 années, TVL s'est imposée comme un rempart face à la pensée unique.
00:11Elle a créé une formidable dynamique, celle de la presse alternative dont le succès est patent.
00:17Fidèle à sa mission, TVL défend l'esprit français, la civilisation européenne et nos valeurs essentielles,
00:24la famille, les libertés, l'identité et la souveraineté.
00:27Nous offrons une information libre à franchir des dictates et nous anticipons les grands bouleversements du monde.
00:35TVL dit la vérité sans concession.
00:38Mais pour que cette œuvre demeure, il faut garantir la pérennité de l'édifice.
00:43Alors, nous faisons appel à votre soutien par le biais d'un LEG, afin que TVL poursuive sa mission pour les générations futures.
00:50J'ai rédigé mon testament en faveur du fonds de dotation Média Liberté, en précisant que mes biens sont destinés à TVLiberté.
01:00Vous voyez ce studio ? Il existe grâce à un LEG, celui de Florence Drillon.
01:04De nouvelles émissions y sont tournées et cela permet à de jeunes journalistes de travailler et de poursuivre ce combat.
01:12Au service de TVLiberté, le fonds de dotation Média Liberté vous donne la possibilité de laisser votre empreinte.
01:19Par votre LEG, vous investissez dans l'avenir en offrant à TVL les moyens de remplacer les médias du système qui minent notre concorde national.
01:27Avec vous, TVL pourra imposer sa mission de réinformation.
01:31Organiser sa succession est un acte de prévoyance et de responsabilité.
01:35Il garantit la protection de ce que l'on aime et le respect de ses dernières volontés.
01:40Vous pouvez faire confiance au fonds de dotation Média Liberté qui veille à ce que votre engagement soit pleinement réalisé.
02:04Bonjour à tous, un zoom aujourd'hui avec notre invité André Perrin.
02:09– Bonjour, monsieur.
02:09– Bonjour, monsieur.
02:11– André Perrin, agrégé de philosophie, ancien professeur des classes préparatoires.
02:16Vous publiez cet ouvrage, préfacé d'ailleurs par Jean-Claude Michéa,
02:21« Paradoxe de la pensée progressiste, le camp du bien à l'heure du walk » sur la boutique de TVLiberté.
02:28Et comme d'habitude, alors justement, votre collègue et ami Jean-Claude Michéa constate ceci sur notre époque,
02:39qu'elle est marquée par un phénomène, la conversion massive des élites,
02:43universitaire et médiatique au walkisme made in USA,
02:47une très rentable appartenance au camp du bien, dit-il.
02:51Comment alors nos élites se sont-elles converties à cette nouvelle idéologie ?
02:57Comment ont-elles vendu leur âme ?
02:59– Disons que l'on est passé d'un progressisme traditionnel, originel,
03:05qui était celui de la philosophie des Lumières,
03:09qui était un progressisme humaniste, universaliste,
03:14attaché à la laïcité, attaché aussi à partir de l'affaire Dreyfus,
03:21au moins à la lutte contre l'antisémitisme.
03:24Et on est passé à un néo-progressisme qui représente à tous les égards
03:30un reniement ou une trahison.
03:34On est passé de l'universalisme au différentialisme,
03:38à des idéologies communautaristes,
03:40qui dirige la société vers une certaine fragmentation.
03:47Le progressisme traditionnel était attentif aux classes laborieuses,
03:54aux classes populaires,
03:56et aujourd'hui il s'est tourné,
03:58vous connaissez le tournant en tout cas de Terra Nova,
04:02qui en 2012…
04:06– Le think tank socialiste de Michel Rocard.
04:08– Voilà, c'était…
04:10– Ce n'est pas Michel Rocard qui l'a dirigé, non ?
04:12– Ah, est-ce qu'il l'a dirigé ? Je n'en suis pas sûr.
04:14Enfin, toujours est-il qu'en 2012, sûrement pas,
04:18mais ce think tank, donc, a pris acte de la disparition de la classe ouvrière,
04:26en tout cas du fait que cette classe ouvrière s'était détournée de la gauche,
04:31que maintenant elle votait mal,
04:34et qu'elle n'était pas récupérable,
04:36de telle sorte qu'il fallait trouver un nouveau peuple.
04:41Et ce nouveau peuple, eh bien, elle l'a trouvé dans toutes sortes de minorités.
04:48– Les damnés de la Terre, les nouveaux damnés de la Terre.
04:50– Les nouveaux damnés de la Terre, voilà.
04:52– Les minorités, les femmes…
04:53– Voilà, les femmes, bien qu'elles ne soient pas une minorité
04:56au sens arithmétique du terme,
04:59mais elles sont assimilées depuis longtemps, d'ailleurs,
05:02dans la tradition américaine, aux noirs, aux homosexuels, etc.
05:06– Toutes les victimes, toutes les personnes qui peuvent se revendiquer
05:08d'une victimisation quelconque.
05:10– Exactement, exactement.
05:11Et donc, c'est le principe.
05:13On est passé, si vous voulez, de la lutte des classes,
05:17qui était un petit peu l'horizon, si vous voulez, du progressisme traditionnel,
05:21à, à la fois, d'une part, la lutte contre toutes les discriminations,
05:28toutes les minorités, et puis également à la lutte des races.
05:33C'est-à-dire qu'il y a bien sûr toute l'idée que la République,
05:40que l'Occident est fondamentalement dominateur, colonialiste.
05:46C'est donc cela qu'il doit expier, en quelque sorte.
05:49– Alors, vous consacrez de nombreuses lignes à Sandrine Rousseau,
05:53la passionaria écolo walkie.
05:57Qu'est-ce qui vous émeut dans son personnage ?
05:59– Émouvoir est un peu, c'est un étonnant.
06:04Bon, je crois que ça m'amuse plus que ça ne m'émeut.
06:06C'est-à-dire que, bon, je crois qu'il faudrait,
06:10si elle n'existait pas, il faudrait l'inventer,
06:12parce que c'est une véritable, enfin, c'est une caricature.
06:14– C'est une source d'inspiration.
06:15– Oui, enfin, c'est une, bon, je ne passe pas mon temps à parler de Sandrine Rousseau,
06:19– Ah, mais vous en parlez beaucoup, quand même.
06:20– Oui, de temps à autre.
06:22– Non, mais elle est le symbole de cette nouvelle idéologie, quelquefois.
06:27– Oui, oui, non, ce qui m'a frappé le plus,
06:29enfin, c'est quand même quelqu'un qui avait un poste à l'université.
06:33Elle était maître ou maîtresse de conférences en économie à l'Université de Lille,
06:38et même vice-présidente de cette université.
06:41quand vous entendez une spécialiste de l'économie vous expliquer que les économistes libéraux
06:51ont été très influencés par le darwinisme,
06:58que Malthus et Ricardo, par exemple, ont subi l'influence de Darwin.
07:03Bon, sachant que Darwin avait 14 ans quand Ricardo est mort,
07:10bon, on se dit, enfin, c'est quand même extravagant
07:12qu'une personne puisse enseigner l'histoire de la pensée économique dans ses conditions.
07:16Vous voyez ?
07:17Bon, écoutez, je pense qu'il ne faut pas tirer sur les ambulances.
07:20– Oui, puis on dit là-dessus.
07:21Alors, votre ouvrage s'inspire beaucoup de ce qu'on peut écouter sur France Culture.
07:26Pourquoi l'idéologie de gauche est-elle à ce point prégnante sur notre service public ?
07:32– Ah, alors là, écoutez, il y a toute une histoire de cela.
07:36Moi, j'ai connu une époque, c'était la fin des années, c'était les années 60,
07:43j'étais adolescent, jeune homme, à cette époque, c'était sous De Gaulle.
07:48Et à l'époque, il y avait une seule chaîne de télévision,
07:54il y avait l'ORTF, il y avait un ministère de l'information
07:59qui encadrait assez fortement le service public d'information.
08:07Pour ne prendre qu'un exemple, vous savez, en 1965, il y a eu des élections présidentielles.
08:13À la surprise générale, le général De Gaulle a été mis en balotage
08:19par un certain François Mitterrand, qui a obtenu 45% des voix.
08:24Eh bien, dans les deux années qui ont suivi, c'est-à-dire jusqu'aux législatives de 1967,
08:30le candidat qui avait mis le général De Gaulle en balotage
08:34n'a pas pu paraître une seule fois à la télévision.
08:36Bon, c'est quelque chose qui est, bien sûr, inimaginable aujourd'hui.
08:39Bon, donc, il y avait une mainmise de l'information,
08:43qui, bien sûr, n'avait rien de commun avec ce que l'on rencontre
08:45dans les États totalitaires, bien sûr.
08:48Mais enfin, c'était quand même assez autoritaire.
08:50Alors, qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?
08:52Bon, il y a eu un certain desserrement à partir de 1974,
08:56lorsque Giscard a été élu.
08:58Il y a eu une certaine libéralisation.
09:00Et puis, il y a eu le tournant de 1981,
09:03quand la gauche est parvenue au pouvoir.
09:05Et alors là, eh bien, ça a été un renversement total,
09:08c'est-à-dire que le service public a été aux mains de la gauche
09:14et on a eu essentiellement des journalistes,
09:17des animateurs de gauche là-dessus.
09:19Simplement, ce qui s'est passé ensuite,
09:22c'est que, peu importe le pouvoir politique,
09:25peu importe que le pouvoir soit celui de Mitterrand ou de Chirac
09:29ou de Sarkozy ou de Hollande, ça n'a plus rien changé.
09:32C'est-à-dire que le service public est resté très majoritairement
09:36enraciné à gauche.
09:37Alors, bien sûr, ça n'est plus la même chose que dans les années 60.
09:41– Pas que le service public, d'ailleurs.
09:42Les journalistes sont plutôt orientés à gauche.
09:45– Oui, bien sûr, oui.
09:45– L'intelligentsia est classiquement de gauche,
09:49pendant que le peuple, l'électorat est de droite.
09:53Comment vous expliquez justement cette différence ?
09:56C'est l'intelligentsia, on disait à une certaine époque,
10:00les 80% des journalistes sont de gauche.
10:02– Oui, c'est ça, c'est à peu près ça.
10:05Les sondages, enfin les enquêtes qui ont été faites,
10:09il y en a une qui a été faite,
10:10elles ont été faites au moment des élections,
10:12en 2004 et en 2012, on a eu deux enquêtes,
10:15il y en a, j'en connais pas d'autres,
10:17qui montraient que celle de 2004, c'était Marianne,
10:20je crois qu'il avait demandé, 87% des journalistes
10:27avaient voté ou s'apprêtaient à voter à gauche.
10:30Alors oui, bien sûr, ça signifie qu'il y a une coupure,
10:35effectivement, entre le peuple et les élites.
10:38Et ça rejoint ce que l'on disait tout à l'heure
10:40à propos de Terra Nova, si vous voulez.
10:44– Alors, vous évoquez aussi le cas de Thomas Legrand,
10:48ce journaliste de France Inter qui a été pris la main dans le sac
10:52en train de s'entretenir avec des membres du Parti Socialiste,
10:57il a été suspendu pour collision apparemment,
11:01et lui, dans une émission, vous l'avez relevé dans votre ouvrage,
11:04fustigeait le bon sens comme vieux poncif de la pensée réactionnaire.
11:10Alors, avoir du bon sens, c'est être un réac maintenant.
11:14– Oui, bon, alors oui, on voit ce qu'il veut dire, bien sûr.
11:18– Ben, pas vraiment.
11:19– Bon, alors, si, quand même.
11:22Si vous voulez, c'est vrai que le bon sens peut être,
11:27c'est quelque chose qui peut être invoqué
11:29dans une perspective anti-intellectualiste.
11:33Bon, donc effectivement, dans une perspective populiste,
11:37anti-intellectualiste, où on dénonce, si vous voulez,
11:40les ratiocidations des intellectuels abstraits, etc.,
11:44bon, on peut invoquer le gros bon sens,
11:47bon, effectivement, c'est tout à fait contestable.
11:50Le problème, c'est que, malgré tout, le bon sens, vous savez,
11:53on l'entend invoquer dans un sens comme dans l'autre.
11:59On peut l'invoquer, il peut être invoqué par la droite ou par la gauche.
12:04– On parle souvent du bon sens paysan,
12:08c'est ça qui les dégoûte, les gauchistes,
12:10d'avoir un raisonnement qui découle de quelque chose d'assez immédiat ?
12:19– Oui, bien sûr, enfin, je termine sur le bon sens,
12:22parce que je crois que c'est quand même intéressant.
12:24Bon, le bon sens, ça peut être invoqué pour dire,
12:28bon, c'est un chômeur que vous connaissez,
12:30il y a autant de chômeurs, il y a autant d'immigrés,
12:34bon, il n'y a qu'à éliminer les immigrés
12:36et il y aura du travail pour tous.
12:39Mais ça peut être utilisé pour dire…
12:41– C'est ce que disait Georges Marchais, d'ailleurs.
12:42– Voilà, il l'avait dit lui aussi, bien sûr.
12:45– Mais ça peut être utilisé pour dire,
12:48si on veut résoudre le problème du chômage,
12:52eh bien, il n'y a qu'à réduire le temps de travail,
12:54si on passe à 35 heures ou à 30 heures,
12:57on partage, il y aura du travail pour tous,
12:59ça c'est le bon sens, vous voyez ?
13:01Donc, le bon sens peut être invoqué par la démagogie populiste,
13:05aussi bien à gauche qu'à droite.
13:07Donc, si c'est cela qu'on critique, très bien.
13:10Bon, maintenant, non, je crois que le passage
13:13auquel vous faites allusion, c'est un peu différent,
13:16c'est que pour faire sa critique du bon sens,
13:20Thomas le Grand, comme il le fait très souvent,
13:23parce qu'il le cherche à montrer qu'il a des lettres,
13:25et malheureusement, chaque fois qu'il le fait, il se plante.
13:28Alors là, il invoquait Descartes,
13:30et il citait, d'ailleurs, de manière tronquée Descartes,
13:33et d'une manière qui prouve qu'il ne l'a jamais lue,
13:35et qu'il ne sait pas ce que veut dire le bon sens chez Descartes.
13:37Bon, c'est pour cela que je l'avais épinglé.
13:39Mais enfin, écoutez, c'est un petit peu comme Sandrine Rousseau,
13:42on ne doit pas, j'ai peut-être mort parfois de trop,
13:44tirer sur les ambulances.
13:46– Alors vous dites, vous êtes reconnu, André Perrin,
13:49dans les valeurs de la gauche,
13:50quand vous avez commencé votre vie de citoyen,
13:53mais vous avez constaté qu'elle s'est reniée depuis,
13:56sur bien des aspects.
13:58Pourquoi n'avez-vous pas suivi la tangente ?
14:00– Ah, écoutez, pour…
14:03– Le virage wokiste.
14:05– Oui, oui, écoutez, pourquoi je ne l'ai pas suivi ?
14:08Je ne sais pas, parce que d'abord, j'avais des raisons
14:11de penser ce que je pensais,
14:14quand j'étais attaché précisément à l'universalisme,
14:19à la laïcité, à la lutte contre l'antisémitisme,
14:23à la foi dans la science et dans les vertus émancipatrices du savoir,
14:29d'autant plus que j'étais professeur.
14:30Bon, c'était quand même très important.
14:32Moi, j'ai été nourri, par exemple, par la pensée de Condorcet,
14:35qui a très bien montré quel est le lien étroit
14:40qu'il y a entre l'instruction publique et le citoyen,
14:44la naissance du citoyen,
14:45pour reprendre le titre d'un livre de Catherine Kinsler.
14:48Bon, voilà, si on veut que les hommes puissent être des citoyens,
14:52ils ne peuvent pas rester dans l'ignorance.
14:54Et l'instruction est là pour mettre l'ignorant
14:57à égalité avec le savant.
15:00Et ce faisant, eh bien, elle empêche l'ignorant d'être dominé par le savant.
15:06Or, qu'est-ce qui s'est passé à partir des années 70 ?
15:09Il s'est développé, et en particulier à l'intérieur de l'école,
15:14une idéologie selon laquelle le savoir serait suspect,
15:20le savoir serait aliénant,
15:22parce que le savoir, parce que savoir, c'est pouvoir,
15:25et le savoir, c'est un instrument de domination.
15:28Et c'est donc l'instrument des classes dominantes
15:31qui disposent du capital culturel,
15:35de telle sorte qu'à l'école, eh bien,
15:38il va falloir justement s'en prendre au savoir,
15:41parce qu'il y a un avantage qui est donné aux classes dominantes
15:46et dont les autres sont dépourvues.
15:49D'où toutes sortes de politiques démagogiques,
15:52méprisantes pour les enfants du peuple,
15:55qui seraient, paraît-il, inaptes à accéder à la culture
15:59qu'on appelle culture bourgeoise.
16:00C'est comme cela que vous avez un célèbre pédagogue
16:03qui, et ça c'était 20 ans avant la sortie de Sarkozy
16:08sur la princesse de Clèves,
16:10mais ce pédagogue très en cours et très bien implanté
16:13dans l'éducation nationale,
16:15préconisait qu'on enseignait le français
16:19aux élèves des milieux populaires
16:21à partir de contrats d'embauche,
16:24de modes d'emploi, etc.,
16:27parce qu'ils ne sont pas capables de lire
16:29la princesse de Clèves, Racine, etc.
16:31Vous voyez ?
16:33– Alors, on entend souvent parler
16:35des fameux discours de haine
16:38qu'on attribue à l'extrême droite.
16:41Comment se comporte la gauche de son côté
16:43dans sa rhétorique et même dans son action ?
16:46– Écoutez, alors sa rhétorique,
16:49alors la gauche, bon, on ne peut bien sûr
16:51pas mettre toute la gauche dans le même sac.
16:55Il y a des gens tout à fait modérés, raisonnables,
16:59à gauche, mais vous avez quand même une irruption
17:02depuis quelques années à l'Assemblée nationale
17:04d'un groupe qui est celui de LFI.
17:08Et alors là, en matière d'expression de la haine,
17:14il fait une concurrence non seulement très rude,
17:18mais tout à fait victorieuse
17:20par rapport aux courants qu'il dénonce
17:23et auxquels il attribue la haine,
17:25qui apparemment sont quand même…
17:27Bon, il y a des débordements de temps en temps
17:28de tous les côtés, mais enfin,
17:30les clameurs de haine,
17:34alors j'en ai donné plusieurs exemples
17:35dans mon livre.
17:38– Alors, le wokisme, évidemment,
17:39venons-y, vous parlez d'une véritable révolution
17:42en parlant de ce nouveau phénomène.
17:45Pourquoi cette révolution ?
17:46Vous dites qu'elle est pire
17:48que celle qui l'ont précédée,
17:49à savoir la Révolution française,
17:51la Révolution bolchévique ?
17:53– Oui, alors je ne sais plus
17:54dans quel contexte j'ai dit cela.
17:57Enfin, disons que les précédentes
18:00avaient au moins, si vous voulez,
18:04elles s'enracinaient dans une tradition
18:07qui avait une certaine volonté
18:10d'émancipation universelle.
18:13Bon, avec la Révolution woke,
18:15c'est exactement le contraire.
18:16C'est une fragmentation totale
18:18totale de la société, du corps politique,
18:21avec des communautés qui réclament
18:23à l'infini qu'on reconnaisse
18:25leur existence, leurs droits,
18:27leurs avantages, leurs privilèges, etc.
18:30– Alors, le clivage droite-gauche,
18:32vous y venez aussi dans votre ouvrage,
18:34André Perrin.
18:35Qu'est-ce que cela vous évoque ?
18:38Certaines personnes renient,
18:40rejettent ce clivage,
18:41d'autres continuent de dire
18:42« je suis de gauche, je suis de droite ».
18:45Comment classe-t-on les gens
18:47qui rejettent, par exemple, ce clivage ?
18:49– Écoutez, oui, j'avoue
18:51que le clivage droite-gauche,
18:53bon, quel sens a-t-il ?
18:56Alors, dans mon livre précédent,
18:57dans l'avant-propos,
18:58j'avais essayé de dire
18:59qu'on pouvait, bien sûr,
19:00lui trouver un certain sens.
19:01Mais, si vous voulez,
19:03je crois qu'aujourd'hui,
19:04dans la bouche de ceux qui l'utilisent,
19:07il est davantage une sorte,
19:09comment dire,
19:10une sorte de marqueur de moralité.
19:12Dans un ouvrage précédent,
19:13j'avais rapporté une anecdote personnelle.
19:18Un jour, c'était dans le cadre,
19:21bon, d'un repas amical
19:24avec des collègues.
19:25Et alors, j'ai eu d'anciennes collègues,
19:27une ancienne collègue
19:29proclame très fortement
19:34son appartenance à la gauche.
19:36Bon, alors, je lui demande…
19:39– Oui, ils sont toujours très fiers
19:40d'appartenir à la gauche,
19:41les gens de la gauche.
19:42– Exactement.
19:42– Nous, la gauche.
19:43– Voilà, alors, je lui demande,
19:45je me permets de lui demander
19:46ce que c'est qu'être de gauche
19:48et ce qui distingue
19:49être de gauche et être de droite.
19:52Et alors, elle me dit,
19:52mais c'est très simple,
19:53quand on est de gauche,
19:54eh bien, on est pour la liberté,
19:56pour l'émancipation des travailleurs.
19:59– Le droit de l'œuvre,
20:00la démocratie.
20:01– Voilà, on est pour la justice,
20:04on est pour l'altruisme, etc.
20:06Alors, je dis donc,
20:07quand on est de droite…
20:08– C'est l'inverse.
20:09– C'est le contraire.
20:09Donc, quand on est de droite,
20:11on préfère la servitude à la liberté,
20:14on préfère l'injustice à la justice,
20:16on préfère l'égoïsme à l'altruisme.
20:18Je veux dire, en gros,
20:20être de gauche, si je comprends bien,
20:22c'est être pour le bien et contre le mal.
20:25Je dis, moi aussi, je suis…
20:27Je préfère le bien au mal
20:28et je pense que je ne suis pas le seul en France.
20:30Si c'est ça, être de gauche,
20:32alors là, la gauche est très, très majoritaire en France.
20:37Vous voyez, ça veut dire…
20:38Donc, c'est une manière de se définir soi-même
20:44sur un plan moral
20:46et de prendre une posture avantageuse.
20:49Mais qu'est-ce que ça veut dire concrètement,
20:51être de gauche ?
20:53Bon, moi, je peux…
20:54Alors, il faudrait donner des critères précis.
20:56Bon, parce que moi, en ce sens-là,
20:59je suis de gauche.
21:00Alors, évidemment, si on me demande…
21:02D'être un humain supérieur aux autres de gauche, en fait.
21:05Voilà.
21:06Alors, si on me demande…
21:07Bon, est-ce que la différence…
21:08Il faudrait des critères précis.
21:09Est-ce que la différence entre la gauche et la droite,
21:11par exemple, c'est, quand on est de gauche,
21:13on est pour l'abolition de la propriété privée
21:16des moyens de production.
21:17Bon, ça, moi, c'est un critère clair.
21:19Alors, si c'est ça, je vais dire,
21:21là, moi, je ne suis pas de gauche.
21:23Mais je peux vous présenter
21:25des quantités de gens
21:27qui appartiennent et qui sont des militants de gauche.
21:29qui vous donneront la même réponse
21:33et qui en témoignent, d'ailleurs, quotidiennement
21:35lorsqu'ils sont au pouvoir.
21:38Bon, voilà.
21:38Il serait intéressant d'avoir des critères.
21:40Et là, on verrait ce qu'il en est,
21:43si vous voulez,
21:43de cette distinction entre droite et gauche.
21:46– Alors, c'est un peu anecdotique,
21:49mais vous tapez sur le journal Libération
21:51quand il accable le clergé catholique
21:54pour des actes de pédophilie.
21:57– Oui.
21:58– Qu'est-ce qui vous choque, là ?
21:59– Alors, ce qui me choque, si vous voulez,
22:02bien sûr, les actes de pédophilie
22:04sont tout à fait condamnables.
22:07Et ils sont tout à fait condamnables
22:09lorsqu'ils viennent de la part du clergé.
22:11Bon, il faut quand même peut-être rappeler
22:14que l'immense majorité des actes de pédophilie
22:19ne sont pas commis par des membres du clergé
22:21puisque ce sont des actes
22:23qui ont lieu dans un cadre familial.
22:26C'est-à-dire que dans l'immense majorité des cas,
22:30les pédophiles sont des pères, des frères,
22:33des oncles, etc.
22:35Tout cela, d'ailleurs, a été...
22:36Bon, ça figure dans toutes sortes d'études,
22:38mais ça a été rappelé dans le fameux rapport Sauvé
22:41sur...
22:43Bon, alors, ce qui est choquant,
22:46si vous voulez, dans le cas de Libération,
22:49c'est quand même que Libération a très peu de mémoire.
22:52C'est que...
22:54Les actes en question, d'ailleurs, quand on regarde,
22:56ils sont pour la plupart assez anciens.
22:59Pour les plus anciens, c'est des actes
23:00qui remontent à 50 ans.
23:04Bon, et le problème, c'est que...
23:07– À la même époque, Libération ?
23:09– Oui, mais à la même époque, Libération se livrait
23:11à une apologie frénétique de la pédophilie.
23:16Il faut relire les articles de Libération,
23:18les couvertures de Libération.
23:20J'ai encore en mémoire, je l'ai cité d'ailleurs
23:22dans un livre précédent,
23:24cette image où on voyait une petite fille
23:28pratiquant une fellation,
23:30avec au-dessus,
23:32« Apprenons l'amour à nos enfants ».
23:33Un autre article où on décrivait avec une extrême complaisance
23:38un jeune homme qui entretenait des relations
23:43avec la petite fille, la fillette de sa maîtresse.
23:48Bon, et c'était...
23:52Enfin, le portrait qu'en faisait Libération était admiratif.
23:56Bon, voilà.
23:57Donc, les actes que dénonce Libération...
24:00– Ou encore cette pétition que Libération fait signer
24:05par tout un tas d'intellectuels,
24:06dont Françoise Dolto, la grande pédopsychiatre,
24:09qui appelait à des peines plus douces
24:13pour les pédocriminels.
24:15– Bien sûr, bien sûr.
24:16Libération avait republié la fameuse pétition du Monde,
24:22parue la veille, pour défendre Gabriel Matzneff.
24:25Bon, aujourd'hui, ils accablent Gabriel Matzneff.
24:28Bon, il y a peut-être des raisons de l'accabler,
24:30mais enfin, de la part de Libération,
24:32c'est quand même, ils ne sont pas les mieux placés
24:34pour le faire et pour le faire avec une telle virulence
24:38et aussi peu de mémoire.
24:41D'autant plus qu'eux-mêmes, d'ailleurs,
24:43ont abrité dans la rédaction de leur journal
24:47un pédophile dont tout le monde savait qu'il était pédophile
24:50et ça a été le blackout, le silence.
24:53Et Libération n'a reconnu ce fait-là qu'en 2020,
24:57c'est-à-dire à une époque où la commission d'enquête
25:00sur la bibliothérapie était déjà en train de travailler.
25:03Vous voyez ?
25:04– Ce qui est bien, c'est que quand on est de gauche,
25:05ça permet de dire tout et son contraire
25:07et en fait de ne jamais être responsable de quoi que ce soit.
25:10– Oui, alors de gauche, bon, il y a peut-être des gens de droite
25:13qui peuvent faire la même chose.
25:14– Oui, bien sûr.
25:14– Bon, ça c'est…
25:15– Non, mais il prétend tellement appartenir à avoir une morale supérieure
25:19à tout le monde.
25:19– Oui.
25:19– Terminons avec Orwell, que vous citez et qui disait
25:25que la capacité de résister à l'idéologie dépend plus
25:28d'un véritable effort moral que de compétences intellectuelles.
25:32Qu'est-ce qu'il entendait par là ?
25:34– Oui, d'ailleurs c'est Michéa qui cite Orwell,
25:40qui rappelle ça, dans une préface.
25:44Oui, si vous voulez, la preuve en est, c'est que le wokisme,
25:48nous le voyons répandu par exemple dans les universités,
25:52nous le voyons répandu chez des universitaires
25:55dont certains sont très très loin d'être des imbéciles,
25:58ce sont des gens qui ont une grande compétence intellectuelle
26:01et qu'ils puissent en arriver à énoncer des absurdités
26:06ou des contre-vérités où c'est énorme,
26:09bon, ça ne peut pas s'expliquer par un défaut sur le plan intellectuel.
26:15C'est donc que la racine est ailleurs,
26:17elle est davantage d'ordre moral.
26:20– Comment définiriez-vous, André Perrin,
26:22ce qu'est devenu le progressisme ?
26:25– Ce qu'il est devenu, il est…
26:28Alors, il reste encore quelques intellectuels
26:32qui sont fidèles à ces valeurs eugénelles.
26:36Il y a quelqu'un qui est disparu récemment,
26:39que j'aimais beaucoup, qui était Jacques Julliard.
26:42Il faut lire son livre,
26:44Comment la gauche a déposé son bilan,
26:46qui montre très bien quelle a été cette évolution
26:49depuis le progressisme des Lumières
26:52jusqu'au wokisme actuel.
26:54Bon, vous avez des gens comme…
26:56Vous avez Michéa, vous avez Catherine Kinsler,
26:59vous avez Nathalie Hennick,
27:01vous avez encore des gens qui appartiennent à la gauche
27:04et qui, pour certains, ont à cœur de se dire de gauche,
27:07c'est le cas de Nathalie Hennick,
27:09mais qui continuent à défendre, si vous voulez,
27:13une tradition qui était celle des Lumières.
27:17– Non, mais là, vous répondez à l'envers.
27:18Moi, je vous demande une définition
27:19de ce qu'est devenu le progressisme,
27:21pas de ceux qui sont de gauche et qui se posent.
27:23– Ce qu'il est devenu, voilà,
27:26il est asservi aujourd'hui à la pensée wok.
27:30Il est pénétré, imprégné du wokisme.
27:33Voilà, c'est ça qu'il est devenu.
27:35– Merci André Perrin.
27:37Je rappelle le titre de votre ouvrage,
27:39Paradoxe de la pensée progressiste,
27:42préfacé par Jean-Claude Michéa,
27:43le camp du bien à l'heure du wok.
27:45Merci à vous, monsieur.
27:46– Merci, monsieur.
27:49– Sous-titrage Société Radio-Canada
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