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Sarkozy à la prison de la Santé, un ancien détenu raconte : "On n'en sort pas indemne"
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il y a 7 semaines
Avec Pierre Botton, ancien homme d'affaires qui a été incarcéré à la Santé
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##C_EST_A_LA_UNE-2025-10-14##
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00:00
Grand matin Sud Radio, 7h10, Patrick Roger.
00:04
C'est à la une, il est 7h11 sur Sud Radio.
00:07
Nicolas Sarkozy a appris hier soir les modalités de sa détention.
00:11
L'incarcération pourrait avoir lieu le 21 octobre à la prison de la Santé.
00:17
C'est ce qu'on a appris hier, tout ça reste à confirmer.
00:20
Nous sommes avec Pierre Botton, ancien homme d'affaires,
00:22
qui a été incarcéré à la Santé, qu'il a raconté dans deux livres.
00:26
Il me semble bien, moi j'ai lu deux de vos livres.
00:29
sur ce qui se passe justement à la prison,
00:32
notamment dans le quartier des VIP de la maison de l'arrêt de la Santé,
00:35
désormais appelé QB4.
00:38
C'est ça où c'était à l'époque ?
00:40
Ou plutôt le quartier des vulnérables.
00:42
Le quartier des VIP, c'était il y a 25 ans, ça n'existe plus en prison.
00:46
Il n'y en a plus.
00:47
Alors aujourd'hui, comment ça peut se matérialiser justement pour Nicolas Sarkozy ?
00:53
D'après ce que j'ai entendu, comme tout le monde, moi je n'ai pas d'informations plus,
00:57
ils vont le mettre à l'isolement.
00:59
Et l'isolement en prison, c'est très très dur.
01:00
Alors d'abord, il n'aura pas de traitement en faveur.
01:03
Vraiment, il faut que les gens le savent.
01:04
Et il faut voir le décalage qu'il va vivre.
01:07
C'est-à-dire que c'est quelqu'un qui...
01:09
Vous voyez, par exemple, il y a quelques années, il était à reçu la Knesset.
01:13
Et il va rentrer en prison, et il va devoir, dès son arrivée,
01:17
il va être fouillé, et il va devoir se mettre nu devant un surveillant.
01:21
Vous voyez, le décalage est très important.
01:23
Et l'isolement est très très dur.
01:26
L'isolement est vraiment très très dur,
01:28
parce que vous n'avez pas tout ce qu'il peut y avoir, entre guillemets,
01:32
au quartier des vulnérables.
01:34
C'est-à-dire, vous n'avez pas d'activité,
01:36
vous avez... Ils vont peut-être lui aménager une promenade,
01:39
mais normalement, vous n'avez du sport qu'une fois par semaine.
01:41
Vous voyez, parce que la surpopulation amène que,
01:44
évidemment, c'est pas la même chose.
01:47
Et vous êtes tout le temps, tout le temps, toute seule.
01:49
On a une expression, les détenus ont dit,
01:50
vous ne voyez que du bleu, parce que vous ne voyez que la tenue des surveillants.
01:53
Que le personnel, oui, le personnel pénitentiaire.
01:56
Et moi, j'ai fait, la première fois, j'ai fait 602 jours à l'isolement,
02:00
je vous assure que c'est... Vous n'en ressortez pas indemne.
02:03
Oui, c'est ça.
02:03
Non, non, franchement, c'est dur.
02:05
Vous n'avez pas de discussion avec les uns les autres, justement, c'est...
02:10
Et pourquoi ? Parce que vous parlez du quartier des vulnérables.
02:14
C'est quoi, le quartier des vulnérables ?
02:15
Le quartier des vulnérables, c'est 18 cellules que l'on met,
02:19
dans lesquelles on met les gens qu'il faut protéger de la détention,
02:22
et qui sont soit des gens, ce qu'on appelle des pointeurs,
02:26
c'est-à-dire des gens qu'il y avait, par exemple,
02:27
quand j'étais un violeur de nourrisson, vous voyez l'histoire.
02:30
Là, actuellement, vous avez le terroriste de la rue des Rosiers,
02:33
vous voyez, qui a été arrêté dernièrement.
02:36
Vous avez également un douanier qui faisait passer des valises de drogue.
02:42
Et voilà, vous avez des gens qu'il faut protéger, soit par leur statut.
02:49
Voilà, mais je trouve que le maître à l'isolement,
02:53
c'est d'abord un aveu d'échec pour la pénitentiaire,
02:56
parce que ça veut dire qu'ils ne peuvent pas protéger un détenu comme Nicolas Sarkozy.
03:01
Et ensuite, je trouve que c'est très très dur pour lui.
03:04
Franchement, je le dis franchement, c'est très très dur pour lui.
03:06
Est-ce que vous pensez que ce sera vraiment l'isolement,
03:09
ou est-ce qu'il peut être dans l'autre quartier, non ?
03:11
A priori, non.
03:12
Non, non, vous savez, il y a une expression,
03:15
quand vous êtes en prison, vous ne décidez de rien.
03:17
C'est la pénitentiaire qui décide.
03:19
Donc lui, il peut demander à être placé dans le quartier des vulnérables,
03:24
mais si la pénitentiaire décide de le mettre à l'isolement,
03:27
il sera à l'isolement.
03:27
Alors, il n'a plus de choix.
03:30
Quand vous rentrez, une des premières choses que vous faites,
03:32
vous faites une photo avec le matricule.
03:34
Vous savez, cette photo qu'on voit dans les films.
03:36
Et ça veut bien dire quelque chose.
03:38
Ça veut dire que vous n'êtes plus Nicolas Sarkozy,
03:40
Pierre Botton, ou n'importe quel autre détenu, d'ailleurs.
03:42
Vous êtes un numéro d'écrou.
03:44
Et vous devez tout le temps savoir votre numéro d'écrou.
03:47
Donc, voilà, il va vivre un choc qui va être très très important.
03:51
Et le personnel pénitentiaire, comment est-il à la prison de la santé ?
03:56
Parfait.
03:57
Je ne parle pas en général, mais celui de...
03:59
Non, non, franchement, parfait.
04:00
D'abord, ils sont habitués.
04:03
Parfait.
04:03
En fait, le personnel, si vous ne les ennuyez pas, il ne vous ennuie pas.
04:07
C'est très simple.
04:07
Je ne vois pas Nicolas Sarkozy ennuyer le personnel pénitentiaire.
04:10
Je pense d'ailleurs qu'il doit y avoir des partisans dans le personnel pénitentiaire.
04:14
Oui.
04:15
Bon, il peut y avoir aussi des adversaires, quoi.
04:17
Oui, enfin, le personnel pénitentiaire, compte tenu de leur métier,
04:20
ils sont rarement très très très à gauche.
04:22
Oui, oui.
04:22
Quand vous avez dit tout à l'heure, une visite peut-être, pas une visite, une sortie, une heure de sport, une heure de promenade,
04:32
faites tout à fait à l'isolement, tout seul.
04:34
Non, il va y avoir des parloirs qui sont également dans le quartier,
04:38
qui ne sont pas dans le quartier isolement, mais qui sont spécifiques aux gens qui sont isolés.
04:43
Moi, je les ai vus.
04:44
Voilà, c'est...
04:46
Il va vivre quelque chose de très très dur,
04:49
et je lui souhaite de sortir relativement rapidement,
04:52
mais pour votre information, vous savez, il y a eu deux autres condamnés
04:55
qui ont été arrêtés à la barre lors de son procès.
04:58
Oui.
04:58
Ils ont déposé une demande de mise en liberté dès leur arrivée en prison.
05:02
Ça fait donc trois semaines, elle n'est toujours pas étudiée.
05:05
Oui.
05:05
Donc, c'est-à-dire que là, en rentrant le 21 octobre,
05:09
moi, j'ai très peur pour lui, pour Noël, en fait.
05:11
Oui, qu'il passe.
05:12
Il faut que vous sachiez, quand on rentre en prison,
05:14
il n'y a pas que vous qui rentrez en prison.
05:16
Toute la famille rentre en prison.
05:17
Parce que vous vivez au rythme des parloirs,
05:19
c'est trois parloirs par semaine.
05:22
Trois parloirs max par semaine.
05:24
Oui, trois parloirs de 45 minutes,
05:26
mais dans lesquels la famille doit être présente 45 minutes avant.
05:28
Si vous ratez l'entrée du parloir, vous n'aurez pas de parloir.
05:33
Et tout ça va lui être appliqué.
05:35
C'est pareil, les gens qui vont venir le visiter
05:38
vont devoir passer sous un portique.
05:39
Vous voyez, tout ça, c'est des...
05:41
Mais des visites très limitées, quoi.
05:42
C'est ce que vous dites, puisqu'il n'y en a que trois, bien sûr.
05:46
Ou alors, il faut diminuer le temps de chaque personne, non ?
05:49
Oui, non, non.
05:50
Il y a ces trois, 43,
05:52
mais ils peuvent être deux ou trois par parloir.
05:55
Mais ensuite, ils vont avoir un problème,
05:57
c'est le parloir avocat.
05:58
Parce que quand ces avocats vont venir le voir,
06:01
il va falloir le sortir du quartier d'isolement
06:04
pour l'amener au parloir avocat.
06:07
Et là, ça va être très difficile qu'il ne croise personne.
06:10
Alors, un dernier mot aussi, Pierre Botton,
06:12
sur la cellule pour Nicolas Sarkozy.
06:15
Comment elle se présente, cette cellule ?
06:17
La même que tout le monde.
06:18
8 mètres carrés, 64.
06:20
Une douche et un WC.
06:23
Une douche dans laquelle il ne peut pas régler la température.
06:27
Elle est réglée de l'extérieur.
06:29
Une plaque chauffante.
06:30
S'il a de l'argent, il en aura la télé et un frigo.
06:34
Un petit lit de 70 centimètres qui est cloué au sol.
06:39
Mais déjà, l'arrivée va être difficile.
06:41
Parce que quand on arrive, on prend son pactage.
06:44
C'est-à-dire que si vous voulez,
06:45
il faut vous imaginer cette scène.
06:47
Moi, évidemment, avec tout ça, je la revis.
06:51
Et si vous voulez, on va lui donner des serviettes,
06:54
un kit d'hygiène, deux couvertures.
06:57
Et il va falloir qu'il se débrouille en même temps que ses affaires
07:00
qui auront été fouillées pour l'amener dans sa cellule.
07:04
Les surveillants ne l'aideront pas.
07:05
Donc, tout le temps, on fait un baluchon,
07:07
mais vraiment un énorme baluchon qu'on tire.
07:09
Parce que c'est assez lourd.
07:11
Franchement, le choc qu'il va vivre est immense.
07:15
Mais je vous assure, il est vraiment, vraiment immense.
07:18
C'est le même choc pour tout le monde.
07:20
Mais lui, la première nuit, va être très, très compliqué.
07:24
Très, très compliqué.
07:24
Merci beaucoup, Pierre Botton, ancien homme d'affaires,
07:28
qui a été incarcéré à la santé.
07:30
Et vous le racontez dans deux livres qui sont sortis.
07:33
Cube et 4, et quand les détenus font la loi.
07:35
Voilà, absolument.
07:36
Et c'est passionnant parce que ça raconte tout cet univers carcéral.
07:39
Et en même temps, l'évolution aussi un petit peu de la prison.
07:42
Et l'image qu'on en a n'est pas forcément, justement...
07:46
Ah non.
07:46
C'est pire, quoi.
07:48
Vous ne pouvez pas comprendre la prison si vous la voyez avec des yeux de gens qui ne l'ont pas fréquentée.
07:53
Merci beaucoup d'être venu ce matin au micro Sud Radio.
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