00:00L'économiste français Philippe Aguillon a donc remporté hier le prix Nobel d'économie. Pourquoi Emmanuel, ses travaux sont-ils récompensés ?
00:10Alors c'est la plus haute distinction au monde pour un économiste. C'est le cinquième français à remporter ce prix. Avant lui, il y a eu Gérard Debreu, il y a eu Maurice Allais, il y a eu Jean Tirole, Esther Duflo et donc Philippe Aguillon.
00:21Alors son credo, c'est le moteur de la croissance, c'est l'innovation. Mais attention, les progrès technologiques qu'elle permet doivent aussi s'accompagner de progrès social.
00:33Son modèle idéal, lui qui se dit en fait homme de gauche mais pas économiste de gauche, c'est l'innovation à l'américaine et la protection à la scandinave, le capitalisme à visage humain en quelque sorte.
00:45D'accord, le capitalisme à visage humain mais alors concrètement ça se traduit par quelle politique économique ?
00:50Alors c'est des politiques qui donnent la priorité à la recherche fondamentale, à son financement. Il propose par exemple en Europe un équivalent à l'ARPA qui est l'agence américaine qui a permis l'émergence d'Internet.
01:02Il veut des politiques qui encouragent la concurrence parce qu'il dit quand vous avez des trop grands groupes comme Google, Meta, etc. qui monopolisent l'activité, ça étouffe la recherche et l'innovation des plus petites start-up et ça c'est la mort de l'innovation à long terme.
01:16Il dit qu'il nous faut des politiques qui mettent l'accent sur l'éducation et la reconversion parce que pour lui l'éducation c'est la clé de la justice sociale.
01:26Il veut des politiques qui orientent l'épargne vers les projets risqués notamment grâce à des incitations fiscales.
01:32Autant de mesures qu'il a proposées aux deux derniers présidents de la République puisqu'il a largement contribué au programme de François Hollande et encore plus à celui d'Emmanuel Macron en 2017.
01:40La flat tax par exemple sur les revenus financiers, c'est lui qui l'avait proposé.
01:45La suppression de l'ISF aussi, le plan France 2030, tout ça ce sont des idées qu'on peut attribuer à Philippe Aguian.
01:51Sauf qu'aujourd'hui il a conseillé Emmanuel Macron, il le disait, mais aujourd'hui notre prix Nobel il est plutôt inquiet.
01:56Il est inquiet pour l'Europe d'abord qui dit l'Europe elle régule trop, elle n'innove pas assez, elle est en train de se faire distancer par la Chine et les Etats-Unis et ça va coûter beaucoup, ça va nous appauvrir.
02:06Il est inquiet pour la France aussi, il n'a pas hésité à publier des tribunes en disant qu'Emmanuel Macron ne faisait pas ce qu'il fallait justement pour redresser la France.
02:14Et c'est là qu'on se dit quand même c'est dommage parce qu'on a quand même trois prix Nobel français en dix ans.
02:19Jean Tirole, Esther Duflo, Philippe Aguian, à eux trois, chacun avec leur spécialité, ils répondent à toutes les difficultés et à tous les problèmes de l'économie française.
02:27Et on se dit c'est dommage quand même qu'on ne les écoute pas un peu plus.
02:30Puis c'est assez consensuel ce qu'il propose finalement plus de...
02:33Consensuel, oui, c'est-à-dire en gros c'est l'innovation, en fait ce qu'il dit c'est une forme de gauche libérale.
02:41Vous retrouvez l'esprit de la gauche recardienne par exemple qui est de dire, attendez, c'est bien de vouloir répartir la richesse et de vouloir réduire les illégalités.
02:49Sauf qu'avant, si vous n'avez pas fabriqué de progrès et si vous n'avez pas créé de richesse avant, vous n'aurez rien à répartir.
02:55C'est le reproche qu'il formule par exemple aux économistes Zuckman-Pickety.
02:59Oui, parce qu'il est anti-taxe Zuckman.
03:00Oui, il est anti-taxe Zuckman parce qu'il dit, mais attendez, d'abord créons de l'activité, créons des emplois et après occupons-nous des illégalités.
03:07C'est fondamental au moment où l'intelligence artificielle est le débat.
03:11Et il a adressé un conseil à Sébastien Lecornu.
03:14Geler la réforme des retraites, c'est la seule façon de ramener le calme dans le pays.
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