00:00Tout pour investir, la masterclass, les signaux faibles.
00:06Et on commence par un sujet que tout le monde évoque, c'est-à-dire quand on investit sur les marchés financiers,
00:12la question c'est la valorisation.
00:14Et la valorisation notamment, ça s'appliquait pour tout ce qui est entreprise de croissance.
00:19On a une difficulté en règle générale à utiliser les bons vieux ratios,
00:22et notamment le cours ratio sur bénéfice qui est le classique, celui qu'on utilise systématiquement.
00:27Alors on va regarder ensemble, avant qu'on discute avec mon invité Pierre Chang,
00:32qui va un peu nous parler d'un segment qui est sous les radars,
00:34mais qui offre pas mal de potentiel dans les semaines, dans les mois à venir.
00:37On va regarder en termes de valorisation, qu'est-ce qu'on doit utiliser pour les entreprises de croissance.
00:42Concrètement, notamment pour les entreprises de la tech,
00:44puisque ce sont celles qui ont toujours le focus des investisseurs.
00:48Sur la tech, vous avez un calcul qui peut être intéressant, c'est la méthode de calcul du PEG.
00:53Le PEG c'est quoi ? C'est tout simplement le cours ratio sur bénéfice,
00:56mais on va le diviser par le taux de croissance annuel du bénéfice par action.
01:01L'idée derrière cela, c'est de voir un peu plus en détail finalement,
01:04quelle va être l'évolution potentielle dans les mois, dans les semaines à venir.
01:08Ça nous permet d'avoir finalement une vision qui colle un peu plus au business model des entreprises technologiques.
01:13Alors si on regarde notamment en termes d'entreprises technologiques américaines,
01:17sur les derniers ratios boursiers qui ont été publiés,
01:20on voit que systématiquement, pour certaines d'entre elles,
01:23effectivement, on a, comme pour Oracle, encore Palentir,
01:27ce sont des entreprises qu'on peut considérer comme survalorisées.
01:30Il n'y a pas un débat, peu importe le ratio d'ailleurs boursier,
01:32qu'on va utiliser pour en juger.
01:34En revanche, il y a un sujet systématique concernant Nvidia.
01:37Et Nvidia, si on utilise la méthode de calcul qu'on a pu voir à l'instant,
01:41on se rend compte qu'on a finalement un ratio qui a 0,6 fois les bénéfices.
01:46Donc c'est plutôt complètement raisonnable et c'est même considéré comme une entreprise.
01:49Donc, on peut valoriser avec un potentiel qui peut être très important.
01:54Même chose finalement pour d'autres grands noms,
01:57TSMC dans le domaine des semi-conducteurs
01:59ou encore éventuellement pour Google ou Netflix.
02:02Donc ça permet un peu de relativiser.
02:03Bien sûr, encore une fois, et on l'avait mentionné lors des deux précédentes masterclass,
02:07ne pas systématiquement se focaliser sur la valorisation.
02:11Ce n'est pas l'alpha et l'oméga pour investir.
02:13Mais bien évidemment, ça peut permettre de répondre à quelques questions.
02:16Si on résume, lorsqu'on regarde en termes d'évolution,
02:20finalement sur ces fameux ratios boursiers,
02:22on a le premier point, c'est qu'il n'y a pas de bulle technologique.
02:25C'est très très clair à cet égard, en tout cas sur la grand pan du marché boursier américain.
02:30Et l'autre point, c'est que le coût ratio sur bénéfice,
02:33qui est bien évidemment systématiquement présenté,
02:36ne doit pas être uniquement pris en considération.
02:38Peut-être qu'on a d'autres ratios, comme celui que je viens de vous présenter,
02:40qui s'applique un tout petit peu plus au niveau des entreprises technologiques.
02:45Mais je vous l'ai dit, on a un invité, Pierre Chang, qui nous rejoint,
02:48qui est gérant actions internationales chez la financière de l'échiquier.
02:52Bonjour Pierre, merci d'être parmi nous.
02:55Il y a un segment sur le marché boursier qui a été un peu négligé ces dernières années,
02:59parce qu'il a été effectivement très tourmenté,
03:01et ce sont les actions environnementales.
03:05Vous vouliez nous en parler, justement.
03:07Bonjour Christopher, bonjour à tous.
03:10Moi, je suis très heureux d'être invité pour cette troisième Masterclass.
03:13Merci.
03:14Donc, oui, le secteur des renouvelables,
03:17c'est un secteur qui a été vraiment maltraité depuis 2021, en fait.
03:22Donc, c'est un secteur qui a atteint son apogée en 2029,
03:27qui a ensuite été tendré en bourse sur 2022, 2023, 2024 et début 2025.
03:33Alors, pour plusieurs raisons, j'en mettais la première,
03:36c'est quand même la hausse des taux.
03:38C'est vrai que quand les taux remontent, globalement,
03:40ce n'est pas bon pour ce secteur.
03:42Deuxièmement, c'est vrai qu'il y a eu une ambiance, en fait, politique
03:47qui a beaucoup été pénalisante,
03:51puisque quand les prix d'électricité ont explosé après la guerre en Ukraine en 2022,
03:55en fait, certains États sont venus ponctionner une partie de ces gains exceptionnels
03:59pour ce secteur quand les prix d'électricité ont explosé.
04:01Donc, il y a eu une espèce de décode politique qui s'est installée.
04:05Et ensuite, Donald Trump est arrivé avec un discours vraiment très adverse
04:08contre les énergies renouvelables, et ça a encore ajouté une couche.
04:12Et donc, il y a également aussi les priorités des gens, de l'opinion, en fait.
04:17La conscience écologique a laissé la place à un besoin de sécurité alimentaire,
04:22militaire, de pouvoir d'achat, etc.
04:25Et donc, dans l'opinion des gens, finalement,
04:27l'écologie a un peu rétrogradé ces dernières années.
04:29Alors, ce qui est intéressant de voir, c'est que maintenant, on est en 2025,
04:34on est en septembre 2025, et ce qu'on voit, c'est que le secteur
04:36commence à reprendre des couleurs en bourse depuis à peu près le mois d'avril.
04:40Vraiment, le mois d'avril, c'est vraiment le point bas ultime.
04:44Alors, la question, c'est pourquoi ce secteur commence à se reprendre ?
04:48Et deuxièmement, est-ce que c'est encore le temps d'y aller ?
04:51Voilà.
04:52Donc, pourquoi ça se reprend ?
04:54Il y a plusieurs raisons.
04:55Déjà, depuis 2021, le réchauffement climatique ne s'est pas arrêté.
05:02Donc, 2024, c'est l'année la plus chaude qu'on n'a jamais enregistrée
05:05depuis l'ère pré-industrielle.
05:07Les températures sont dorénavant 1,5 degré au-dessus de l'ère pré-industrielle.
05:11C'est quand même…
05:12On a atteint des niveaux qui sont historiques.
05:15Donc, il faut continuer à décarboner quelque part.
05:18Deuxièmement, l'inflation se stabilise.
05:20Donc, on l'a vu, quand les taux remontent, ça pénalise le secteur.
05:22Mais là, on a vu récemment, par exemple, la Banque Centrale Américaine a baissé ses taux.
05:27Ça, c'est bon pour le secteur.
05:28Quand les taux baissent un petit peu, le secteur de renouvelables se porte mieux.
05:32Troisièmement, je veux dire, il y a le risque politique.
05:35C'est un peu réduit parce que, par exemple, en Europe, on a lancé un grand Green Deal.
05:40Aux États-Unis, cet été, l'administration américaine a passé la « one big beautiful bill »
05:44qui donne beaucoup de visibilité au secteur.
05:47Donc, du coup, ça clarifie les choses.
05:49Juste pour expliquer un peu en détail, parce que sur cet aspect, c'est assez pertinent.
05:52On a un peu l'impression qu'on a systématiquement Trump qui est contre les énergies fossiles.
05:58En tout cas, c'est ce qu'il met en avant.
05:59Il a même dit à la tribune de l'ONU, finalement, que très, très clairement,
06:03ce qu'on voit en termes de changement climatique, c'est une arnaque, je cite.
06:06Mais du côté américain, finalement, il y a beaucoup de pragmatisme.
06:10C'est ça, vous le mentionnez, et c'est le signal prix plus, finalement,
06:13une trajectoire de décarbonation qui est menée un peu, peut-être, par les États.
06:17Exactement, c'est exactement ça.
06:19Et alors, premièrement, ils ont donné de la visibilité sur les subventions
06:22qu'ils vont donner jusqu'à 2030.
06:24Donc, 2030, je veux dire, Trump, il ne sera plus là.
06:26Donc là, il a dit, je subventionne le renouvelable jusqu'à la fin de mon mandat.
06:31Donc ça, c'est quand même énorme, je veux dire, pour le secteur,
06:34ça donne une bouffée d'oxygène, ça donne de la visibilité.
06:36Et deuxièmement, aux États-Unis, et c'est pour ça que je pense
06:38que les États-Unis ne peuvent pas se passer des énergies renouvelables,
06:41c'est que comme vous le savez tous, il y a un boom d'investissement
06:45sur les data centers, et donc ça, ça va demander énormément d'électricité.
06:49Donc la demande d'électricité aux États-Unis monte.
06:51En plus, il y a quand même une voiture électrique qui se développe malgré tout.
06:56Et donc la demande électrique augmente.
06:57Et donc déjà là, cette année, aux États-Unis, on voit des prix d'électricité
07:00qui augmentent à deux chiffres dans certaines régions des États-Unis.
07:03Donc la demande est en train de surpasser l'offre.
07:06Et donc moi, j'en veux dire, ce qui est évident, c'est qu'aux États-Unis,
07:11il va falloir augmenter la production d'électricité si on ne veut pas
07:13que les prix s'enflamment.
07:14Voilà, l'administration américaine.
07:16On a eu un rapport de la Réserve fédérale américaine,
07:19peut-être que vous l'avez noté au mois de juillet,
07:22qui montrait que sur les 14 régions du marché de l'électricité aux États-Unis,
07:26vous en aviez quasiment 12 qui étaient face à un risque de blackout,
07:28notamment parce qu'il y a une demande énergétique qui est très importante,
07:31vous l'avez mentionné juste aussi, dans les data centers,
07:33mais également, bien sûr, un manque d'infrastructures qui est très net.
07:37Est-ce que, typiquement, vous mettez en avant les actions environnementales,
07:41mais dans ce cadre-là, purement américain,
07:43est-ce que les actions européennes dans ce domaine-là ont des opportunités
07:47ou ça reste plutôt quand même du côté américain de manière très marquée ?
07:50Oui, bien sûr. Alors, c'est parfait, excellent, génial.
07:53Donc, ce qui va se passer, c'est qu'aux États-Unis,
07:55si on veut augmenter la production, en fait, vous avez trois technologies aujourd'hui.
07:59Le nucléaire, une centrale nucléaire, c'est 15 ans pour la faire,
08:03on va dire entre 10 et 20 ans.
08:05Vous avez la centrale à gaz qui a beaucoup de succès,
08:07mais le succès de la centrale à gaz fait qu'aujourd'hui,
08:09on est en situation où il y a une pénurie de turbines à gaz.
08:13Aujourd'hui, une turbine à gaz, si vous l'achetez aujourd'hui,
08:15vous l'aurez dans 6 ou 7 ans.
08:17Donc, je veux dire, ces deux technologies ne régleront pas le problème à court terme.
08:21La troisième technologie, c'est le renouvelable.
08:23Et là, on voit qu'on peut développer un projet renouvelable en 6 mois,
08:27entre 6 mois et 2 ans.
08:28Si les autorisations arrivent vite, ça peut être développé très rapidement.
08:32Donc, aujourd'hui, le renouvelable, c'est la technologie des États-Unis
08:35la plus rapide à déployer.
08:37Et en plus, pendant ces dernières années,
08:39le prix du panneau solaire se sent effondré.
08:42Et donc, aujourd'hui, c'est une technologie, le solaire,
08:45qui est très compétitif par rapport au gaz, par rapport au nucléaire.
08:49Donc, c'est compétitif.
08:50C'est rapide à déployer.
08:51Donc, les États-Unis ne pourront pas ignorer l'opportunité
08:54et le déploiement des énergies renouvelables.
08:57Maintenant, pour répondre directement à votre question,
08:59dans les acteurs européens,
09:00il y a un acteur qui se démarque sur ce sujet,
09:04c'est EDP Renovaveis, qui a environ la moitié de son parc éolien et solaire aux États-Unis.
09:11Donc, ce sont des gens qui vont profiter de cette tendance.
09:14Ensuite, il y a un deuxième acteur qui s'appelle Orsted,
09:16mais eux sont plus spécialisés sur l'éolien offshore.
09:19Et ça, l'éolien offshore, nous, aujourd'hui, on évite parce que la compétitivité de l'éolien offshore,
09:24donc l'éolien en mer, n'est pas au niveau.
09:27Donc, c'est pour ça que l'éolien offshore a des difficultés à vivre sans subvention.
09:32Donc, c'est pour ça qu'on est beaucoup moins favorables à Orsted qu'à EDP Renovaveis.
09:37C'est une parfaite transition avec mon invité, puisqu'on va parler notamment de l'Europe.
09:42Merci beaucoup Pierre.
09:43On se retrouve très prochainement ensemble, j'espère, pour un autre point sur les marchés.