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  • il y a 4 mois
Les 577 députés de l'Assemblée nationale sont appelés à voter pour ou contre la confiance au gouvernement de François Bayrou. Quels sont les enjeux de ce vote et quelles sont les conséquences politiques de la probable chute du gouvernement ? Pascal Perrineau, politologue et professeur émérite des universités à Sciences Po, est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 08 septembre 2025.

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Transcription
00:00A demain.
00:00Thomas Soto, RTL Matin.
00:03L'invité d'RTL Matin ce matin, un observateur passionné de la vie politique,
00:06le politologue Pascal Perrineau, auteur entre autres du Goût de la politique.
00:10Bonjour et bienvenue sur RTL, Pascal.
00:12Bonjour.
00:12Ce Goût de la politique, les Français semblent l'avoir perdu.
00:15Est-ce que c'est aussi votre sentiment ?
00:18Oui, l'exaspération est à son comble,
00:21et au fond à l'inquiétude qui a été pendant longtemps le sentiment dominant,
00:25l'inquiétude des Français par rapport à la politique,
00:27la défiance s'est substituée maintenant, la colère et le rejet.
00:32Et on le verra peut-être lors de ce mouvement Bloquons Tout, le 10,
00:36il y a beaucoup de colère dans les attitudes des Français.
00:39Mais c'est de la vraie colère ?
00:40C'est de la colère comme un enfant qui peut tout casser, qui peut faire un caprice ?
00:44On en est là aujourd'hui ?
00:45Oui, on en est là.
00:47Alors pour l'instant ce sont des colères.
00:50Le moment est grave quand ces colères s'agrègent en une seule colère
00:54qui monte à l'assaut du pouvoir.
00:56Nous n'en sommes pas encore là.
00:57Et pourtant il y a eu un sondage de nos confrères de BFM TV il y a quelques jours,
01:0091% des Français pensent que les politiques sont éloignés de leurs préoccupations,
01:0488% qu'ils ne sont pas honnêtes,
01:0573% que les oppositions agissent avant tout dans leurs propres intérêts,
01:0982% trouvent en avant le spectacle actuel.
01:12Quelle réponse apporter à ça ?
01:13Il vous fait peur ce sondage ou pas vous ?
01:15Oui c'est inquiétant, mais enfin vous savez,
01:18en tant qu'observateur c'est quelque chose que l'on recense maintenant depuis des années.
01:22Cette crise de défiance majeure, on la connaît depuis, j'allais dire, plus d'une décennie.
01:29Simplement là on est arrivé à une situation de blocage, on le voit bien.
01:33Cette situation de blocage, elle s'est ouverte avec cet acte sur lequel on s'interroge toujours,
01:41qui est la dissolution à la suite des Européennes perdues par le Président de la République et la majorité.
01:48C'est toujours ce qu'on paye aujourd'hui, la classe politique, la société française ne sont pas passées à autre chose ?
01:53Non, la dissolution a amené à une situation où il n'y a pas de majorité.
01:58On le voit tous les jours, Michel Barnier l'a constaté, François Bayrou va le constater aujourd'hui.
02:04Il n'y a pas de majorité, sauf des majorités négatives pour faire tomber.
02:08Mais la classe politique, comme vous venez de le dire, est incapable d'inventer des majorités positives.
02:15Parce que là, qu'est-ce qui va se passer ?
02:17Eh bien, les filles, le Rassemblement National vont voter ensemble pour faire tomber un gouvernement.
02:24Sont-ils capables de gouverner ?
02:26À la place, bien sûr que non.
02:28Donc on est rentré dans l'ère de ces majorités négatives,
02:31de ce que jadis un sociologue, Jean-Louis Missica, appelait la politisation négative.
02:36Quand les Français se politisent, c'est pour dire non.
02:39Je parle sous votre contrôle de politologue, vous évoquiez le Rassemblement National.
02:43Est-ce que la logique parlementaire ne voudrait pas que le Premier ministre, le prochain,
02:47vienne du groupe le plus fort ?
02:48Et puisque le nouveau Front Populaire s'est disloqué, il n'existe plus,
02:51puisque les filles et les socialistes ne parlent plus,
02:54est-ce que le chef de l'État ne doit pas nommer,
02:56en tout cas appeler à Matignon, un Premier ministre du Rassemblement National ?
03:00Oui, dans les démocraties parlementaires.
03:02Mais vous savez que la France, c'est à la fois une démocratie parlementaire
03:04et une démocratie présidentielle.
03:06Mais dans les démocraties parlementaires,
03:08qui sont le lot commun des pays européens,
03:11qu'est-ce que fait un président ou un monarque,
03:13quand il y a, comme en Espagne, un monarque ?
03:17Eh bien, il appelle le leader du parti
03:19qui a le groupe le plus important à l'Assemblée Nationale.
03:22Quel est le parti qui a le groupe le plus important à l'Assemblée Nationale ?
03:25C'est le Rassemblement National.
03:26Sauf qu'il serait bloqué immédiatement.
03:27Il serait bloqué immédiatement,
03:29c'est-à-dire le phénomène de majorité négative,
03:31dont il est un des principaux organisateurs,
03:34se retournerait, cette fois-ci, contre lui.
03:37Bon, est-ce qu'on est dans une crise parlementaire,
03:39comme l'a dit Emmanuel Macron,
03:40quand il a reçu à déjeuner la semaine dernière
03:41Gabriel Attal, Bruno Retailleau et Édouard Philippe ?
03:44Ou est-ce que c'est plus que ça ?
03:45Est-ce que c'est plus grave que ça, aujourd'hui ?
03:47Le président se rassure un peu en disant que c'est une crise parlementaire.
03:52Là, on est dans une crise politique profonde,
03:54et certains parlent même de crise de régime,
03:57puisqu'on voit bien que les autorités principales,
04:01le président de la République, l'Assemblée Nationale,
04:04le gouvernement, se mettent à dysfonctionner.
04:08On est incapable de voter le budget,
04:10qui est tout de même la loi fondamentale.
04:12Ça veut dire que là, Pascal Perrineau,
04:13le chef de l'État finira par nommer quelqu'un,
04:15demain, peut-être après-demain, peut-être dans deux semaines,
04:17dans trois semaines, et qu'on se reverra dans trois mois,
04:19six mois, neuf mois, et qu'on se posera les mêmes questions ?
04:21Oui, on peut très bien.
04:22Et peut-être moins, dans deux mois,
04:24on pourra se reposer exactement la question
04:26qu'on se pose ce matin,
04:28avec les mêmes éléments de crise,
04:30les mêmes éléments de fragilité,
04:33en se disant, le troisième homme,
04:34ou je ne sais pas si c'est une femme,
04:36le troisième homme qu'aura choisi le président
04:38après Barnier et Bayrou,
04:40sera dans une situation,
04:42il n'aura plus de majorité,
04:44où il englagera sa responsabilité,
04:45où il sera battu par une motion de défiance,
04:47comme l'a été Michel Barnier.
04:49Je voudrais qu'on se dise quelques mots,
04:50quand même, de François Bayrou.
04:52Les mots qu'il va prononcer cet après-midi,
04:55qui sont les mots d'un condamné,
04:56on ne va pas se cacher des choses,
04:58peuvent-ils encore avoir un sens, une utilité,
05:00ou est-ce qu'ils sont condamnés à se perdre dans le vide ?
05:03C'est un peu le champ d'issigne
05:05d'un projet politique
05:08qui était assez audacieux,
05:10qui était le projet politique de Macron.
05:12C'est de dire, entre gauche et droite,
05:14il y a un espace,
05:15le fameux bloc central,
05:17le « et de gauche et de droite »,
05:18et nous allons recomposer la vie politique autour de cela.
05:21et François Bayrou était un des principaux alliés
05:24du président de la République
05:25pour essayer d'imposer ce bloc central.
05:28Eh bien là, c'est le champ du signe
05:30de ce bloc central.
05:32On le voit dans tous les sondages d'intention de vote
05:34s'il y avait une dissolution pour des législatives.
05:38Le bloc central...
05:38Vous dites le champ d'insigne,
05:39c'est-à-dire qu'en fait, François Bayrou,
05:41sans le vouloir ou en le voulant d'ailleurs,
05:43va prononcer l'épitaphe du macronisme aujourd'hui ?
05:45Oui, d'une certaine manière.
05:47Et l'épitaphe de son propre projet.
05:49Parce qu'il parlait, lui, d'hypercentre.
05:52Bon, tout ça est en train de montrer ses limites.
05:56Jamais un président de la République
05:58et un Premier ministre ensemble
06:00n'ont été aussi bas.
06:01Ils sont aux alentours de 15%.
06:0315 et 14%.
06:0515 et 14%.
06:06Vous vous rendez compte ?
06:07Donc, ça pose presque un problème à ce moment-là,
06:10mais de capacité d'imaginer une réponse.
06:14Parce que quand vous êtes vraiment à l'os,
06:16si vous me permettez cette expression,
06:18eh bien, vous n'avez presque plus de ressort politique.
06:21Je vous écoute depuis quelques minutes
06:22et je me dis que finalement, le problème,
06:24c'est le monsieur qui est à l'Elysée.
06:25Est-ce qu'il doit y rester ?
06:27Comment trouver l'équilibre
06:28entre le respect des institutions,
06:30le fait de ne pas trop violenter notre société,
06:33nos institutions,
06:34et la situation politique que vous décrivez
06:35avec un chef de l'État à 15% ?
06:37Si vous voulez, les institutions étaient suffisamment chahutées.
06:41La dissolution, dissolution après une européenne,
06:43c'est une idée, si vous me permettez,
06:44une idée folle.
06:46Ce qui va se passer aujourd'hui,
06:48une déclaration de politique générale,
06:52d'un Premier ministre,
06:53mais qui ne sera pas sur la politique générale
06:55ou sur un programme.
06:56Qui est ?
06:56Est-ce que vous êtes d'accord ou non
06:58sur un déficit à 44 milliards ?
07:01Il y a, d'une certaine manière,
07:02un détournement, presque, de nos institutions.
07:05Il ne faudrait pas chahuter le dernier élément,
07:08qui est l'élément clé de la Ve République,
07:10à savoir l'élection présidentielle.
07:11Mais il faut qu'il tienne, pour le coup.
07:12Bien sûr, il faut qu'il tienne.
07:14Il a été élu avec une majorité,
07:17il a une légitimité,
07:18et il doit tenir jusqu'en 2027,
07:20ne rajoute pas la crise à la crise.
07:22Mais qu'est-ce qu'il reste comme carte dans son jeu ?
07:24Qui doit appeler Emmanuel Macron pour la suite ?
07:26Eh bien, il doit faire ce qu'il s'était forcé de faire
07:31avec Michel Barnier et François Bayrou,
07:33en espérant que la pioche, cette fois-ci,
07:35permettra de durer un peu plus longtemps
07:38que les quelques mois,
07:40les deux mois de Michel Barnier
07:42et les sept mois de François Bayrou.
07:44Mais qui sont les deux, trois noms
07:45qui seraient capables de faire travailler ensemble,
07:48en gros, les LR et les socialistes ?
07:49Voilà.
07:50Alors, l'idée serait de trouver un homme ou une femme
07:53qui soit d'une sensibilité,
07:56qui permette d'acheter, comment dire,
08:00l'abstention des socialistes.
08:03Une attitude bienveillante des socialistes.
08:07Donc, ça voudrait dire qu'après avoir essayé
08:08plutôt à droite, avec Michel Barnier,
08:10puis au centre, avec François Bayrou,
08:13on explore vers le centre-gauche.
08:15Vous pensez à qui ?
08:17Vous avez les noms qui traînent partout.
08:19Vous avez M. Darmanin, par exemple.
08:23On parle de Mme Vautrin.
08:26Qui a une dimension sociale, oui,
08:27mais une dimension sociale de ses fonctions.
08:30Est-ce qu'il y a la présidente de l'Assemblée
08:31qui est reçue ce matin par Emmanuel Macron,
08:33et à un profit, finalement, elle dit
08:34« Moi, ça fait trois ans que je fais tourner l'Assemblée. »
08:36Oui, oui, bien sûr.
08:38On voit qu'elle a une certaine popularité
08:41qui dépasse son seul camp.
08:43On l'a vu quand elle a été réélue
08:44par cette Assemblée, justement,
08:47à la tête de la présidence de l'Assemblée nationale.
08:51Bon, on n'est pas sorti de l'auberge.
08:53Non, on n'est pas sorti de l'auberge.
08:54Je n'aimerais pas être à la place du président de la République
08:57parce que c'est une situation quasi impossible.
09:00Alors, on se tourne toujours vers les politiques,
09:02mais les Français doivent faire aussi leur analyse
09:05parce que c'est les Français
09:06qui ont créé cette Assemblée nationale ingouvernable.
09:10Ces trois blocs, cette fameuse tripartition
09:12dans laquelle personne n'a une majorité,
09:15et même quand on fait des coalitions,
09:18on le voit très bien aujourd'hui,
09:19eh bien, on n'arrive jamais à la majorité.
09:21On est très loin de la majorité des 289 députés.
09:24J'ai l'impression qu'on va se revoir, Pascal Perrineau.
09:26Merci en tout cas de la clarté.
09:27Merci.
09:28Merci.
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