- 03/06/2025
Prédécesseur de François Bayrou au poste de Premier ministre, président du comité national des Républicains, Michel Barnier publie "Ce que j'ai appris de vous" aux éditions Calmann-Lévy.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 03 juin 2025.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 03 juin 2025.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00RTL Matin
00:02Et tout de suite l'invité de RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui l'ancien Premier ministre Michel Barnier.
00:08Il publie « Ce que j'ai appris de vous » aux éditions Calman-Lévy, le livre sort demain.
00:13Bonjour et bienvenue sur RTL, Michel Barnier, Monsieur le Premier ministre.
00:16Bonjour Thomas Soto et bonjour aux auditeurs de RTL.
00:18Qu'est-ce que ça vous fait quand on vous appelle Monsieur le Premier ministre, vous quêtez un peu plus de trois mois à matin ?
00:22Ça vous rend fier ou nostalgique avec un petit goût d'inachevé ?
00:25Non, je ne fonctionne pas à la nostalgie Thomas Soto et je ne pense pas qu'il faille trop de nostalgie en politique.
00:30Il faut des souvenirs, de la mémoire et j'en ai, mais pas de nostalgie et c'est un titre qui est éphémère.
00:36Les titres, vous savez, je pense depuis longtemps qu'ils valent par l'action qu'ils permettent pendant un certain temps.
00:41Ce temps est parfois plus bref donc voilà, il faut travailler en regardant devant.
00:46Alors vous vous interrogez dans ce livre qui sortira donc demain, ce que j'ai appris de vous.
00:49Ai-je commis des erreurs à coup sûr ? Ai-je laissé une marque ? Je l'espère en restant moi-même et en tâchant d'agir avec honnêteté, dignité et respect.
00:57Aurais-je été utile ? Je l'espère aussi en dépit de la brièveté de mon mandat.
01:01Elle a été dure, elle a été éprouvante, elle a été brutale cette expérience à Matignon.
01:07Dure c'est toujours difficile sans que ce soit un enfer d'être Premier ministre.
01:11Il y a beaucoup de problèmes tous les jours à régler, mais c'est la loi du genre et on est là pour ça.
01:15avec dignité, avec le sens de l'État.
01:19Brutale, une censure est toujours brutale, surtout quand vous voyez la conjonction de l'extrême droite
01:24dans toutes ses formes, de l'extrême gauche, du parti socialiste.
01:28Beaucoup de gens qui ne sont pas à la hauteur de la situation, de la gravité du pays.
01:32Mais je me permets de dire que ce livre ne concerne pas seulement Matignon.
01:35C'est un livre auquel je pense depuis longtemps, dans lequel j'ai voulu partager ce que j'ai appris
01:42en rencontrant tant de Français depuis la Savoie jusqu'à Matignon,
01:46en passant par l'Europe et beaucoup d'autres responsabilités.
01:49Et ces leçons que j'ai reçues, que je ne donne pas, mais que je partage,
01:53ces leçons, elles valent pour autre chose que la politique aussi.
01:56Ce qui est intéressant, c'est qu'à travers ce livre, on traverse toute la Ve République ou presse.
02:00Vous évoquez Pompidou, Giscard, Chirac, Mitterrand.
02:03Est-ce que c'était plus simple de faire de la politique avant Michel Barnier ?
02:08Non, ce n'était pas plus simple, mais c'est toujours plus grave et plus compliqué
02:13quand il n'y a pas de majorité.
02:15C'est ça la situation qui ne doit pas durer,
02:20où nous n'avons pas de majorité claire au Parlement.
02:22Et c'est pour ça aussi que je suis opposé à la proportionnelle.
02:25C'est la première fois depuis 1958 qu'il n'y a pas de majorité claire.
02:30C'est le cas depuis 2022.
02:33Il n'y a pas de majorité claire au Parlement et on ne peut pas gouverner.
02:35Je vous posais cette question parce que dans le livre,
02:39vous racontez qu'en avril 1995, vous êtes alors ministre d'Edouard Balladur.
02:43C'est la cohabitation Balladur-Mitterrand.
02:45François Mitterrand achève son deuxième mandat.
02:46Il est très malade et vous racontez qu'il fait un malaise en Conseil des ministres
02:50où il y a 33 ministres autour de la table.
02:52Et vous interrogez, aucun de nous n'évoquera à la sortie,
02:55ni les jours suivants, le malaise du président de la République.
02:57Sans doute le sens de l'État.
02:59En serait-il ainsi aujourd'hui ?
03:01Est-ce que l'ultra-transparence, l'hypercommunication de notre époque
03:04est devenue un problème pour gouverner ?
03:07Oui, c'est un problème si on se laisse prendre par la brièveté des messages,
03:12ces 180 signes, par Twitter ou X,
03:15par le fait de devoir s'exprimer parfois même sur RTL ou à la télévision
03:20en quelques minutes ou en quelques secondes,
03:22alors qu'il faut expliquer, il faut respecter,
03:25il faut faire de la pédagogie du monde et de l'Europe.
03:26Il y a peut-être aussi un affaiblissement, une fragilisation du personnel politique
03:32à cause du non-cumul de mandats.
03:33Beaucoup d'élus renoncent à être au Parlement, au Sénat ou à l'Assemblée nationale
03:37parce qu'on leur interdit et qu'ils préfèrent rester maires.
03:40Donc tout ça, c'est des choses qu'il faut remettre à plat.
03:42Mais je ne crois pas qu'il n'y ait jamais eu de problème dans le passé.
03:46Il y a eu des crises, il y a eu des scandales, il y a eu des difficultés.
03:48Ce n'est pas forcément mis avant.
03:50Non, mais je pense qu'il faut vivre avec son temps aussi.
03:52Ce que j'essaie de dire dans ce livre, c'est qu'il faut avoir des racines,
03:55j'en ai, il faut en être fier, ce pays est formidable, la France est formidable.
04:00Il y a des crises, il y a des secousses, il y a des fractures,
04:03il y a des angoisses, il y a des colères,
04:04qui expliquent d'ailleurs la montée du populisme.
04:07Il faut écouter les colères, il faut écouter le sentiment populaire,
04:09ne pas confondre avec le populisme,
04:11et répondre à ce sentiment populaire à tous les niveaux.
04:14Mais il y a aussi des énergies, il y a aussi l'idée, l'imagination,
04:17il y a des raisons d'être fiers et d'écouter les Français sur le terrain.
04:21C'est ce que j'ai voulu dire dans ce livre.
04:22Monsieur le Premier ministre, vous avez évoqué à l'instant la proportionnelle.
04:25Vous êtes opposé à la réforme à laquelle est tellement attachée votre successeur François Bayrou,
04:29de la proportionnelle pour les législatives.
04:31Bruno Rotaillot, ministre de l'Intérieur et président de votre parti, Les Républicains,
04:35a dit qu'il était prêt à quitter le gouvernement
04:38pour ne pas avoir apporté cette réforme.
04:41À quel moment devra-t-il quitter le gouvernement ?
04:43Est-ce que ça doit être un point de rupture ?
04:44Une ligne rouge, comme vous l'avez tellement entendu quand vous étiez à Matignon ?
04:47Oui, on n'est pas, Thomas Soto, dans un moment de chantage ou de pression.
04:52On est dans un moment de débat.
04:53Quand on dit « je suis prêt à quitter le gouvernement », on n'est pas loin.
04:55Non, le Premier ministre a ouvert un débat, il a reçu les chefs de parti hier,
04:59Bruno Rotaillot, au nom de notre famille politique,
05:01et nous sommes unanimes sur cette question.
05:03Mais on n'est pas les seuls.
05:04Il y a dans la majorité actuelle, ou la majorité relative actuelle,
05:07d'autres forces, je pense au parti d'Edouard Philippe,
05:09qui sont opposés à la proportionnelle.
05:11Il faut faire attention.
05:11J'espère que le Premier ministre, après avoir écouté tout le monde,
05:14ouvert ce débat, considérera qu'il y a d'autres choses à faire.
05:18Qu'il vaut mieux se concentrer sur le déficit du budget,
05:21sur les réformes dont la France a besoin, même si c'est difficile,
05:24sur l'action qu'il faut mener pour établir l'ordre aux frontières
05:26et l'ordre dans la rue.
05:28C'est ça qui est important.
05:28Déjà, si on fait ça, on aura fait beaucoup de choses.
05:30Et s'il ne renonce pas à la proportionnelle,
05:32est-ce que ça doit être un motif de rupture pour vous,
05:33pour votre famille politique ?
05:34Ça sera un problème très sérieux,
05:36parce que nous considérons,
05:37enfin moi je considère, et j'ai l'expérience de Matignon pour cela,
05:40que notre pays a besoin de stabilité.
05:42Quand il n'y a pas de stabilité, il n'y a pas d'horizon,
05:44les gens regardent, tout est incertain,
05:46les gens n'investissent plus,
05:48il n'y a plus de confiance,
05:49on a moins d'influence à l'étranger ou en Europe.
05:52Donc la France est faible quand elle est instable.
05:55Et on vit cette instabilité,
05:56il faut qu'elle s'arrête le plus vite possible.
05:58Mais ça serait un motif.
05:59Et la proportionnelle,
06:00la proportionnelle c'est un peu compliqué,
06:02mais c'est la stabilité garantie.
06:05Donc ce n'est pas possible.
06:06L'instabilité garantie.
06:06L'instabilité garantie.
06:08L'instabilité garantie.
06:09Il y a quelques semaines,
06:09vous étiez venu sur RTL
06:10pour votre première interview post-matignon.
06:12Ce dont je suis sûr,
06:13c'est qu'il faudrait un candidat de la droite et du centre,
06:15disiez-vous alors.
06:16Est-ce que ce doit être Bruno Retailleau ?
06:19Mais non, lui-même dit qu'il ne faut pas se tromper d'échéance
06:22et ne pas mettre les étapes dans le mauvais ordre.
06:26On n'en est pas là.
06:27Ce n'est pas le sujet.
06:28Il s'est présenté.
06:29Je l'ai soutenu pour être président de notre famille politique.
06:32Il a le sens de l'État.
06:33C'est un homme qui dit ce qu'il pense.
06:36Mais ne parlons pas des présentiels maintenant.
06:39Ce n'est en tout cas pas son état d'esprit.
06:40Moi, je pense qu'il faut d'abord mettre les choses dans l'ordre.
06:43Il y a les municipales.
06:44Et ensuite, il faudra réfléchir à qui sera le mieux placé
06:46pour représenter notre famille politique,
06:49une droite républicaine, sociale, ouverte aussi sur l'Europe.
06:53Et en même temps, rassembler au-delà,
06:54faire revenir des électrices et des électeurs
06:56qui nous ont quittés pour un vote plus à droite.
06:58Et puis aussi convaincre les électeurs centristes.
07:00Rassembler au-delà de son camp.
07:02Et en même temps, ce que je pense aussi,
07:04pour tout candidat, quel qu'il soit,
07:06se poser des questions.
07:08Est-ce que je suis à la hauteur de cette fonction ?
07:10Est-ce que vous êtes à la hauteur de cette fonction ?
07:11C'est une question à laquelle je répondrai le moment venu.
07:14Mais ce moment n'est pas venu.
07:15Les Français ont d'autres soucis actuellement.
07:17Est-ce que je suis à la hauteur ?
07:18Est-ce que j'ai le bon projet pour la France ?
07:21Est-ce que je peux rassembler ?
07:22Voilà les trois questions
07:24que tous les candidats devront se poser.
07:26Mais vous n'excluz rien ?
07:28Non, mais je n'excuse surtout pas
07:31d'être utile à mon pays
07:32aussi longtemps que je garde la même capacité
07:34de m'enthousiasmer et de m'indigner.
07:36Parce que c'est vrai que quand on lit ce livre,
07:37ce que j'ai appris de vous,
07:39on se dit, tiens, est-ce que ce sont des mémoires ?
07:41Merci, au revoir.
07:42Ou est-ce que c'est un petit caillou
07:43qui est posé là pour préparer la suite ?
07:44Le sous-titre est intriguant.
07:46Chronique pour demain.
07:47Oui, parce que j'ai voulu dire
07:48qu'à travers des moments de rencontres
07:50parfois très lointains,
07:52puisque j'avais 16 ou 17 ans
07:53à la première rencontre,
07:54jusqu'à Matignon,
07:56j'ai vécu des moments,
07:59des rencontres avec des Français
08:00que je remercie d'ailleurs
08:01de m'avoir parlé franchement,
08:04de m'avoir accompagné,
08:04de m'avoir critiqué quelquefois.
08:06Mais les leçons que j'ai reçues
08:08et que je partage,
08:09je ne donne pas de leçons,
08:10je les partage.
08:11Ces leçons sont toujours valables
08:12pour aujourd'hui.
08:13Apprendre à être émus,
08:14apprendre à travailler en équipe
08:17plutôt que solitairement,
08:18apprendre à être humble.
08:20On vous a reproché un peu
08:21dans votre socle commun
08:22d'être un peu cassant,
08:23de ne pas écouter,
08:24d'être un peu têtu.
08:26Têtu au tenace, oui,
08:28au résilient,
08:29comme les montagnards le sont.
08:31Mais non,
08:32je n'ai jamais été cassant.
08:33J'ai répondu à certains propos
08:36et parfois j'ai été maladroit,
08:37mais je n'ai jamais été cassant.
08:39Je respecte beaucoup les gens,
08:40j'ai utilisé beaucoup
08:41le mot de respect,
08:42respecter les Français,
08:43faire respecter la France.
08:44Voilà la ligne qui reste la mienne.
08:46Vos quelques mois passés à Matignon,
08:48Michel Barnier vous donne droit
08:48aux avantages
08:49dus aux anciens premiers ministres.
08:50Est-ce que vous allez les conserver ?
08:52Moi, je pense qu'on devrait
08:53les réduire.
08:54Je n'ai pas les avantages,
08:55excusez-moi d'être précis.
08:57Il n'y a pas de retraite
08:58de premiers ministres.
09:00Je n'ai pas de secrétariat.
09:01Parce que vous avez plus de 67 ans.
09:03Oui, mais je dis la vérité.
09:04Les autres qui ont droit
09:04pendant 10 ans.
09:05Ce n'est pas une question
09:06que pour vous.
09:07Moi-même,
09:08quand j'étais premier ministre,
09:08j'ai dit qu'on devrait réduire
09:09le train de vie de l'État
09:10pour les anciens premiers ministres,
09:12présidents et anciens ministres.
09:14Et probablement,
09:15la question la plus sensible,
09:16c'est celle de la sécurité.
09:17Quand on garantit
09:18un ancien premier ministre
09:19parce qu'il est exposé.
09:20Donc ça, c'est au service
09:21spécialisé.
09:21Ce qui est normal,
09:22si personne ne conteste.
09:23Oui, mais ça peut durer
09:24moins longtemps.
09:24Donc je suis très ouvert à ça.
09:27Vous avez envoyé
09:28votre livre à François Bayrou,
09:30Emmanuel Macron ?
09:30Oui, je l'aurais fait porter hier.
09:32Avec une dédicace ?
09:33Oui, une dédicace
09:34en leur disant
09:34que je souhaitais
09:37qu'ils partagent
09:39un certain nombre
09:40des idées
09:41ou des leçons
09:41que je dis dans ce livre
09:43et que j'ai été heureux
09:45de croiser leur route
09:45et j'espère qu'ils ont été
09:46heureux de croiser la mienne.
09:48Vous avez mis quoi ?
09:48Bonne chance à François Bayrou
09:49et j'arrive à Emmanuel Macron ?
09:51Ce n'est pas aussi caricatural
09:54que cela.
09:54Pas aussi caricatural.
09:55Demain matin,
09:56c'est Bruno Retailleau
09:57qui sera ici.
09:58François Bayrou,
09:59il a une chance de tenir,
10:00vous pensez,
10:00ou vraiment,
10:01ce n'est pas tenable ?
10:02Je souhaite qu'ils tiennent
10:04parce que la stabilité
10:06que j'ai vécue,
10:07que j'ai connue,
10:09c'est une faiblesse
10:10de la France.
10:10Ça coûte très cher.
10:11Une censure coûte très cher.
10:13C'est d'ailleurs la responsabilité.
10:14C'est pour ça que je dis
10:14que tous ceux qui l'ont voté
10:16n'ont pas été à la hauteur.
10:17Dans le moment où nous étions,
10:18nous avions besoin
10:19de stabilité
10:20et on a besoin de stabilité.
10:21J'espère simplement
10:22qu'il faut garder le courage.
10:24Il faut accepter
10:25d'être impopulaire
10:27pour ne pas être irresponsable.
10:29Et donc,
10:30il faut qu'on ait le courage
10:31de la réforme.
10:31de la réduction
10:32et de la déficit aussi.
10:33D'être venu sur RTL ce matin.
10:35Et donc,
10:36on a besoin de la réduction
Recommandations
10:11