00:0313h32 sur Europe 1, Europe 1 Info se poursuit avec vous Clélie Mathias, Gilles-William-Golnadel, Raphaël Stainville et votre invité en studio, Axel Ronde, porte-parole du syndicat CFTC Police.
00:14Alors dans un instant, Jean-Luc Mélenchon qualifie d'ingénieur en chef des esthètes de la violence par Bruno Retailleau.
00:19Mais avant cela donc, on parle de la violence aussi, la criminalité dans des petites villes autrefois tranquilles.
00:25Les réseaux mafieux s'étendent depuis janvier, je viens de le dire, 4 personnes tuées, une autre grièvement blessée dans la capitale Auvergnat, en lien donc avec le trafic des stupéfiants.
00:38Bruno Retailleau est sur place, Axel Ronde expliquez-nous comment expliquer que ces petites villes maintenant soient touchées. Il y a un marché pour eux ?
00:46Bien sûr il y a un marché parce qu'il y a une explosion de la consommation des produits stupéfiants dans notre pays.
00:51Il ne faut pas se leurrer, s'il y a des consommateurs, il y a forcément des vendeurs.
00:57Donc les trafiquants, leur but c'est de faire de l'argent.
01:01Cette nébuleuse qui s'installe dans notre pays, la mafia qui arrive, va bien évidemment profiter de ce juteux marché
01:08qui est la vente de produits stupéfiants sur tout le territoire national.
01:13Alors c'est une extension du réseau parce qu'il y a un marché ou aussi peut-être aux explications, je ne sais pas.
01:20Est-ce que les dealers, les narcotrafiquants étaient moins tranquilles dans les grandes villes ?
01:24En raison quand même de l'accent qui a été ému.
01:27Mais alors ils ont étendu leur emprise et ils sont allés se mettre plus tranquillement à la campagne.
01:32Oui c'est une possibilité mais ils ont surtout élargi leur marché.
01:36Et en même temps il y a une offre de main d'oeuvre pas chère qui veut bien y travailler.
01:43Maintenant c'est une véritable entreprise.
01:46On voit bien que c'est ces petits dealers qui peuvent gagner entre 500 et 1000 euros par jour.
01:53Juste des petits, vous imaginez les têtes de réseau combien de milliers et des milliers d'argent qui peuvent brasser.
02:01On estime à peu près 7 milliards le chiffre d'affaires finalement pour cette vente de produits stupéfiants.
02:097 milliards c'est énorme. On voit bien d'ailleurs qu'ils commencent à s'occuper un petit peu du social puisque eux-mêmes distribuent de l'argent.
02:17Vous avez vu le reportage, vous avez entendu le reportage dans le journal.
02:20Oui bien sûr.
02:22Des cadeaux, des piscines, des fournitures scolaires.
02:24Références bien sûr.
02:26Et ça devient extrêmement inquiétant parce que c'est, vous voyez, ils vont se substituer à l'État et on va se retrouver avec des enclaves carrément.
02:33Puisqu'ils seront contrôlés par eux, puisqu'ils pourront distribuer de l'argent allègrement à la population.
02:40Vous savez, en crise économique, en plus, les plus faibles ce sont souvent eux qui sont touchés.
02:44Donc ils vont forcément adhérer malheureusement à cette mafia et des hôpitaux.
02:49Donc c'est ce qui peut arriver dans notre pays.
02:52Ça, il faut faire extrêmement attention.
02:54Même si c'est les prémices, on est bien d'accord, ça n'arrivera pas du jour au lendemain.
02:58Mais mon rôle de syndicaliste dans la police nationale, c'est d'alerter, d'alerter l'opinion publique et les pouvoirs publics qu'il y a un danger.
03:05Mais justement, Axel Ronde, on a loupé quelque chose.
03:07On n'a pas voulu voir venir ou alors on a été rapidement complètement dépassé.
03:11On a été complètement dépassé et puis je pense qu'on a surtout des politiques qui regardent à court terme leurs élections.
03:19C'est tout ce qui les anime finalement.
03:21On n'a pas de politiciens qui regardent à long terme et ça, c'est un problème.
03:24On a haché la paix sociale pendant des années dans les quartiers, dans les banlieues.
03:28On disait, c'est un problème entre jeunes et policiers, laissez-les avec un peu de drogue.
03:33Ils vont pouvoir, si vous voulez, faire leur petit trafic tranquillement.
03:38Non, non, ça, ça a commencé comme ça.
03:40Mais sauf qu'ils se sont rendus compte qu'on pouvait élargir, si vous voulez, la panel de délinquance et de drogue dans tout le territoire national.
03:48Et ça, malheureusement, ça nous explose en pleine figure et la mafia s'installe.
03:53On voit bien qu'il y a des réseaux mafieux d'Amérique du Sud qui essayent de s'implanter en livrant des laboratoires dans le sud de la France.
04:03Par exemple, il y a eu près de Toulon l'année dernière un laboratoire de produits stupéfiants qui a été démantelé.
04:08Donc, on se retrouve avec vraiment une mexicanisation en marche dans notre pays.
04:13D'ailleurs, c'est le Mexique eux-mêmes qui nous l'ont dit.
04:14Vous ne parlez pas de gang, vous parlez de mafia en plus.
04:17De mafia, carrément, oui, parce qu'il y a des gangs.
04:19Après, c'est un peu mélangé, c'est mafia, gang, mais pour l'instant, ce n'est pas encore structuré.
04:23C'est ce que j'ai à dire. Dans le mot mafia, il y a aussi une structure derrière.
04:26C'est ce qu'on lit, en tout cas.
04:27Voilà, non, ça va être une multitude de mafias qui vont, pour l'instant, qui essayent de s'implanter réellement et de marquer leur territoire.
04:35C'est pour ça qu'on a énormément de fusillades dans notre pays, comme une ville comme Clermont-Ferrand,
04:40où on en est à quatre meurtres d'individus qui liés au trafic de drogue.
04:44Donc, c'est ça qui est en train d'arriver.
04:47C'est qu'ils sont en train de marquer leur territoire pour pouvoir, si vous voulez, s'implanter durablement dans le paysage
04:53et mettre, si vous voulez, leur équipe à eux.
04:56Je voudrais l'avis de mes chroniqueurs.
04:58Roger William Golnadel et Raphaël Stinville sur cette question, sur ce sujet.
05:04Qu'en pensez-vous ?
05:05En fait, ce qui est terrifiant, c'est que l'on voit que ces mafias qui se sont installées en France
05:11font preuve d'une souplesse assez incroyable.
05:16C'est-à-dire que, malgré l'activisme des différents ministres de l'Intérieur et de la police, bien évidemment,
05:22qui luttent sur le terrain contre le narcotrafic,
05:25on voit à quel point ils se sont adaptés, renouvelés.
05:27Il y a eu, je crois, plus de la moitié des points de deal qui ont été démantelés ces dernières années.
05:33Pour autant, la consommation n'a jamais été aussi importante
05:37parce qu'ils ont changé leur manière de procéder.
05:40Aujourd'hui, la livraison à domicile est presque la voie privilégiée par les narcotrafiquants.
05:47Donc, on a l'impression qu'on mène une guerre, mais qu'on a une guerre de retard en permanence
05:53parce qu'ils disposent de moyens considérables,
05:55parce qu'ils sont tellement implantés sur le territoire
05:59qu'ils ont à disposition de véritables armées
06:02et que nous sommes bien, finalement, démunis
06:05face à ces gangs qui se sont maintenant tellement installés dans le territoire
06:13qu'ils sont devenus des mafias.
06:13Et c'est devenu une guerre.
06:15On va entendre votre avis, j'ai William Golnadel.
06:17Juste avant, je voudrais vous faire écouter Bruno Rotaillot, le ministre de l'Intérieur,
06:20qui est sur place aujourd'hui à Clermont-Ferrand.
06:23On porte des coups.
06:24Ce qui entraîne en réaction cette guerre,
06:28c'est une guerre territoriale
06:29où il ne faut laisser aucun pouce de terrain à ces narcotrafiquants.
06:34Cette guerre, sans doute qu'elle sera longue,
06:36mais nous allons la gagner.
06:37Et à Clermont-Ferrand, je veux qu'on montre précisément
06:39qu'en quelques mois, on peut améliorer les choses.
06:42Ces gens-là font la guerre, nous font la guerre,
06:46ceux font la guerre, nous leur ferons la guerre.
06:48Nous avons commencé, nous allons continuer
06:50avec des moyens plus importants,
06:52avec une stratégie qui nous permettra d'avoir d'autres résultats.
06:56On en a déjà, on en aura encore plus d'ici la fin de l'année.
06:59Gilles William Golnadel, il faut la gagner, cette guerre.
07:03Oui, mais je crains qu'avec les moyens du bord,
07:07elles soient ingagnables.
07:08Je souscris assez à l'analyse de notre syndicaliste,
07:13mais on ne peut pas faire porter la responsabilité
07:17uniquement sur le pouvoir politique.
07:18Elle est beaucoup plus large, elle est sociétale.
07:22La calamité, maintenant, de la prise de drogue dans la jeunesse,
07:29on pourrait aussi s'interroger sur les parents.
07:32Je veux dire, c'est un phénomène massif.
07:34En ce qui concerne les mafias, pardon de le dire,
07:38mais il faut regarder ça sur le plan de la démographie,
07:41de la structure du pays.
07:43La DZ mafia, dans DZ, c'est l'Algérie.
07:46Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt.
07:48Et dans les territoires, il y a une sorte de, parfois,
07:52de collusion entre une partie de la population
07:54et ces gens-là, qui en plus, de temps en temps,
07:57ils leur donnent de l'argent.
07:58Donc, c'est très bien fait.
08:00Mais alors, on fait quoi ?
08:01On basse les bras ?
08:03Et sans parler, et j'y venais,
08:05sans parler du fait que, ne croyez pas un seul instant
08:07que les juges français inspirent une terreur horrible
08:12aux petits dealers.
08:13Ça n'est pas vrai.
08:15Donc, quand vous...
08:16Alors, malheureusement,
08:18dans l'état actuel de la société
08:21et la structure de l'État,
08:24on ne s'en sortira pas.
08:25Pardon de vous le dire.
08:27Vous êtes très pessimiste.
08:28Mais je suis...
08:28Oui, mais enfin, ce n'est pas une posture que j'ai.
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