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  • il y a 4 mois
Jusqu'à présent, il n'a jamais parlé. Il est l'un des 2 partenaires de streaming de Raphaël Graven, alias Jean Pormanove, mort le 18 août dernier. Il est l'un des deux auteurs des multiples violences filmées en direct sur la plateforme Kick et visionnées par des milliers de personnes. Alors se sent-il responsable de la mort de celui qu'ils appellent leur ami ? Safine Hamadi est l'invité de RTL Matin.
Regardez Face à Fogiel du 01 septembre 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin, Thomas Soto
00:02Il est 8h18, face à Fogiel, l'interview de Marc-Olivier Fogiel, le 18 août dernier, Jean Pormanov mourait en direct, en ligne, en vidéo, sur la plateforme de streaming Kik.
00:15Pormanov qui a été humilié, victime de multiples violences.
00:18Votre invité Marc-Olivier fait partie de ceux qui sont accusés d'avoir nourri cette violence, provoquant au final la mort du streamer,
00:25même si en l'état, son autopsie n'a pas fait de lien entre les mauvais traitements et le décès.
00:29Il s'appelle Safine Amadi et c'est la toute première fois qu'il accepte de parler.
00:33Bonjour Safine Amadi.
00:35Bonjour.
00:35Vous avez assisté aux obsèques de Jean Pormanov, mercredi dernier, deux semaines après le décès de celui que vous considérez, dites-vous, comme un ami.
00:42Vous ressentez quoi, quelques jours après ? De la tristesse forcément, mais aussi une forme de culpabilité, de remords ?
00:49Je regrette de ne pas avoir été un vrai ami.
00:53C'est-à-dire ?
00:54Je ne l'ai pas poussé, forcé à aller consulter, à aller voir des médecins.
01:01Pendant ces douze jours de marathon, c'est à ce moment-là où il manifestait des signes de faiblesse, vous vous dites maintenant qu'il aurait dû aller voir un médecin et que vous ne l'avez pas poussé ?
01:09Depuis le premier jour, il a toujours été comme ça. Depuis le premier jour où je le connais, il a été comme ça.
01:13Donc pour nous, c'était quelque chose d'habituel, de normal. On ne savait pas qu'il était malade.
01:21Mais là, vous me dites, je regrette, j'ai des remords d'une certaine manière de ne pas l'avoir poussé à aller voir un médecin.
01:26Mais ce jeu, finalement, puisque vous l'avez considéré comme un jeu, où vous lui faisiez subir des sévices, ça, vous ne le regrettez pas ?
01:32Non, non. Non, parce que je ne l'ai pas fait malgré lui. On était d'accord, c'était consenti entre lui et moi. Jamais je ne me serais permis de faire du mal gratuit à JP.
01:43Mais à un ami, même consentant, on peut se permettre de lui mettre des claques ?
01:48Non, on ne peut pas se permettre, mais on ne le faisait pas vraiment mal. C'était plus dans le jeu, on cherchait... Nous, ce qu'on voulait, c'est que ça soit spectaculaire.
01:57Et les réactions de JP, justement, ils étaient poussées pour que les gens reprennent les vidéos, pour qu'ils parlent de nous, pour faire plus de baisse dans le monde des réseaux, c'est comme ça.
02:06Est-ce que ces actes, ils étaient simulés ? Ou c'était des vrais claques, par exemple ?
02:10Oui, à des moments, c'était des vrais claques. On ne peut pas tout simuler. C'est impossible de tout simuler, mais tout était consenti.
02:16Est-ce que finalement, votre ami, puisqu'on vous voit affecté ce matin, il n'était pas en situation de faiblesse, sous emprise, et c'était une forme de faux consentement ?
02:24Non, non. C'était lui le plus libre. Il pouvait partir quand il voulait, il pouvait faire ce qu'il voulait.
02:29Comment vous vous êtes retrouvé, dans cette configuration, de mettre en scène ces vices que vous le faisiez subir, dites-vous aujourd'hui, consentis ?
02:38Au début, on jouait dans un groupe d'amis et on se fait des blagues entre nous. Du coup, ça s'est fait petit à petit.
02:43Et en même temps, les internautes donnaient de l'argent. Plus ils donnaient de l'argent, plus vous lui faisiez subir des sévices.
02:49Ce n'était pas une sorte de cercle malsain dans lequel vous étiez tous enclenchés ?
02:55En fait, c'était pour tout le monde.
02:58C'est-à-dire que même moi, ça m'arrivait où il y a eu des...
03:01Par exemple, un abonné, il envoyait de l'argent, où je devais manger une balle de paintball.
03:06C'était le thème de notre live.
03:08L'humiliation collective.
03:09Ce n'est pas l'humiliation, parce qu'on est tous d'accord de faire ça.
03:14Est-ce que vous comprenez qu'il y a quelque chose de choquant ?
03:17Oui, je sais.
03:19Moralement, même si votre ami est consentant.
03:21Je sais. J'étais bien conscient que ce qu'on faisait, ce n'était pas accepté.
03:25Qu'il y en avait plein qui n'aimaient pas.
03:27D'où le fait que moi, j'étais un peu parti dans mon coin.
03:30Après l'histoire qu'il y a eu avec Mediapart, où on avait fini en garde à vue,
03:33c'est là où j'ai vraiment réalisé que ce qu'on faisait, ça n'allait que nous apporter des problèmes.
03:38J'y allais de moins en moins.
03:42J'étais toujours obligé d'y aller, parce que c'est avec ça que j'ai gagné ma vie.
03:46Donc, j'y allais parce que je devais y aller.
03:49Vous ne vous dites pas que c'était aussi le gagne-pain de votre copain,
03:53et que lui-même, il acceptait ses coups juste pour gagner sa vie ?
03:57C'est lui qui me disait de rester.
03:59Il me disait, ce n'est pas grave, c'est comme ça.
04:00C'est, viens t'amuser avec nous, on rigole, tu t'en fous de la vie des gens.
04:05Nous, on sait ce qu'on voit entre nous, etc.
04:06Il utilisait ces mots-là.
04:07D'entre nous tous, c'était lui le plus fort mentalement, et de très loin.
04:11J'y paye, il avait 46 ans, mais dans sa tête, c'était un jeune comme nous.
04:15Il n'a jamais eu d'enfant, jamais personne n'a voulu de son ami.
04:18On était les seuls, donc il a un peu vécu son enfance avec nous.
04:22Il a un peu rattrapé sa jeunesse, et nous, on le voyait comme un mec de notre âge.
04:27Et lui, c'est ce qu'il voulait.
04:28On se voyait juste comme des amis qui rigolent entre eux.
04:30Sauf que nous, c'était filmé.
04:31Si ça n'avait pas été filmé, vous auriez été aussi loin ?
04:34Oui, on s'est déjà fait des trucs sans que ça soit filmé.
04:37Même deux fois, ils m'ont fait des crasses quand je dormais.
04:39C'est des trucs contre potes.
04:41Sauf que dans les potes, il y a plutôt ceux qui souffrent aux douleurs,
04:44et ceux qui maltraitent.
04:46Les rôles sont un peu...
04:47Chacun avait son rôle.
04:49Le vôtre, il était plus facile à tenir que le sien, non ?
04:51Moi, mon rôle, c'était de faire chier JP.
04:53C'était ça, mon rôle.
04:55Et lui, JP, ce que les gens, ils aimaient, c'est ses réactions.
04:58Lui, il devait faire des réactions de ouf.
05:00Vous voulez dire qu'il surjouait ?
05:01Énormément.
05:02Je veux bien qu'il surjouait.
05:04Mais il avait mal, quand même, non ?
05:05Non.
05:06Mais quand il écrivait, par exemple, à sa mère,
05:07pendant ces 12 jours de marathon cauchemardesque,
05:10qu'il allait mal,
05:12quand il vous demandait d'appeler l'hôpital,
05:13dire qu'il n'en peut plus,
05:14appelle les pompiers,
05:15appelle la police,
05:16je vais mourir,
05:17on a vraiment l'impression qu'il allait mal.
05:19Non, c'était...
05:21Ça fait partie du show.
05:22Tout ça, c'est faux.
05:23Oui.
05:24Vous pouvez voir dans chaque live,
05:25c'est sa gimmick,
05:26appelle les flics,
05:27qu'il savait que ça allait tourner,
05:29que ça allait ramener encore plus de monde.
05:31Plus de monde et donc plus d'argent ?
05:33Oui.
05:33Ça rapporte combien une chaîne comme ça ?
05:35Je ne sais pas.
05:36Moi, j'avais juste mon salaire.
05:37Moi, j'étais simplement acteur.
05:38Et vous gagnez combien ?
05:40Moi, je gagnais 6 000.
05:41Et si j'étais absent,
05:43je perdais de l'argent.
05:44Et Jean, il gagnait combien, lui ?
05:456 000.
05:46Et s'il ne venait pas se faire maltraiter,
05:48il perdait de l'argent ?
05:49C'est comme dans un travail,
05:50tous ceux qui étaient absents,
05:50ils perdaient de l'argent.
05:51Et c'est qui le boss de tout ça ?
05:53C'est Owen qui gérait tout ça.
05:57Aujourd'hui, il ne veut pas s'exprimer.
05:59Quand vous avez su qu'il était mort dans son lit,
06:01vous vous êtes dit quoi, là ?
06:01Moi, je me suis...
06:03Ça faisait déjà 3-4 jours
06:05que je n'étais pas y allé.
06:07Et je me suis levé le matin,
06:10j'avais reçu des messages des abonnés
06:12qui disaient qu'il s'était passé quelque chose.
06:15J'ai fait qu'appeler, appeler,
06:16personne n'a répondu.
06:18Et à un moment,
06:19il y a Owen qui m'appelle.
06:23Et il m'appelle en pleurs.
06:25C'est là que j'ai compris
06:27que J.P. il était mort.
06:32Et là, vous avez refait le film
06:33des derniers mois
06:33et vous vous êtes dit que
06:34il ne fallait pas commencer ces conneries, en fait ?
06:37Qu'on n'aurait jamais dû aller aussi loin.
06:41Moi, il y a un truc que je ne comprends pas.
06:42Vous avez l'air d'être un garçon sensible.
06:43Ça a l'air vraiment d'être votre pote.
06:45Aujourd'hui, vous avez l'air d'avoir des remords.
06:47Et malgré ça,
06:48vous pouviez, dans ce cadre-là,
06:50le maltraiter.
06:51Je ne le maltraite pas.
06:52Je ne le maltraite pas du tout.
06:54C'était dans le live.
06:57Même si vous ne vous appelez pas ça
06:58de la maltraitance,
06:59une claque,
07:00c'est physiquement quelque chose
07:02qui fait mal.
07:03Vous l'abîmiez, votre copain.
07:05Vous n'en aviez pas conscience ?
07:07Sur le moment ?
07:08Non.
07:11Et pourtant,
07:12vous me disiez tout à l'heure
07:13que vous faisiez en sorte
07:14d'y aller le moins souvent possible.
07:16C'est parce que c'était mal vu.
07:17Le contenu qu'on faisait,
07:18c'était mal vu.
07:19Comment ça va se passer
07:21au niveau de la justice ?
07:22Vous avez été entendu une première fois
07:23après l'enquête de Mediapart.
07:24Comme tout le monde était consentant,
07:25on vous a laissé partir.
07:27Là, aujourd'hui,
07:28il y a la mort de quelqu'un.
07:29Vous avez peur de la suite ?
07:30J'ai peur pour ma famille.
07:32Mais vous êtes prêt
07:33à assumer vos actes ?
07:34Si on vous dit
07:34derrière ça,
07:35vous êtes coupable,
07:37vous ne défilerez pas,
07:37vous serez prêt à assumer vos actes ?
07:39Vous dites oui de la tête.
07:41Si on lui faisait vraiment mal,
07:42il serait parti.
07:43En fait,
07:44le problème,
07:44c'est que vous ne le connaissez pas.
07:45Si on le faisait vraiment mal,
07:47on le faisait vraiment chier
07:48et que ça le gavait,
07:49il serait parti de lui-même.
07:51Vous connaissez
07:51la problématique des femmes battues ?
07:53Oui.
07:53On dit exactement ça.
07:54Elles pouvaient partir ?
07:55Non, elles ne pouvaient pas partir
07:56parce qu'elles étaient sous emprise
07:57de leur mari
07:57et qu'elles étaient
07:58dans une sorte d'engrenage psychologique.
08:00Vous ne vous dites pas
08:00que c'est exactement la même chose ?
08:02Il était peut-être
08:02dans un engrenage psychologique avec vous.
08:04Et en plus,
08:05un attrait financier ?
08:07Non.
08:08Je vous le dis, non.
08:09il serait parti.
08:10Est-ce que vous vous dites,
08:11malgré tout,
08:12puisque ça s'est quand même
08:13mal terminé cette histoire,
08:15c'est quand même
08:15les sévices qu'il a subis
08:17de façon consentie
08:18et peut-être surjouée
08:19qui l'ont conduit
08:20à finalement
08:22être mal au point de mourir ?
08:24Je ne sais pas,
08:25mais sa mère m'a demandé
08:26de ne pas me dire ça.
08:27Mais vous vous le dites quand même,
08:28manifestement.
08:30Les larmes reviennent, oui.
08:31Vous vous dites ça
08:32et sa mère vous dit
08:33qu'elle essaie de vous déculpabiliser,
08:34manifestement.
08:37La plateforme Kik,
08:38la ministre veut la suspendre.
08:40Vous qui avez traversé
08:41toute cette expérience,
08:43vous dites que c'est une bonne chose
08:44finalement de suspendre
08:45cette plateforme
08:45parce que vous avez tous été pris
08:46dans des engrenages
08:47qui vous ont tous dépassé,
08:48manifestement.
08:49Non.
08:50Non, ce n'est pas une bonne chose.
08:51Pourquoi ?
08:52Ça ne changerait.
08:52Sur Internet,
08:53on peut mettre tout
08:54et n'importe quoi n'importe où.
08:55c'est quoi la morale
08:57que vous tirez de tout ça
08:58ou vous s'affine ?
08:59Je ne sais pas encore.
09:01Je n'ai même pas eu le temps
09:02de réfléchir.
09:03Vous voulez que les auditeurs
09:04d'RTL,
09:04ils sont nombreux,
09:05ils sont de toutes les générations.
09:07Vous voulez leur dire quoi
09:07pour terminer ?
09:09Je ne sais pas.
09:10Vous voulez demander pardon ?
09:12À qui ?
09:13À votre copain
09:14Jean-Port Manoff.
09:15Pardon de ne pas avoir su
09:16arrêter tout ça à temps.
09:19Non, mais là,
09:19vous êtes en train de dire
09:20que c'est de ma faute.
09:21Non.
09:21Vous-même,
09:22vous dites
09:22peut-être qu'on est allé trop loin,
09:24peut-être...
09:25Sans que des peut-être...
09:27Alors peut-être que vous voulez dire
09:28j'ai tiré les leçons de tout ça ?
09:29Ça, oui.
09:30On ne vous y reprendra plus.
09:32Ah, ça, non.
09:33Vous avez un job ?
09:34Non.
09:35C'était ça votre job, en fait ?
09:37Vous allez en chercher un ?
09:38Je ne peux pas.
09:39Pourquoi vous ne pouvez pas ?
09:40Parce qu'aux yeux du monde entier,
09:42je suis un meurtrier.
09:44Je sors dehors,
09:44les gens me regardent
09:45avec des yeux
09:46comme si j'étais la pire des meurtres
09:48et vous voulez que j'aille travailler.
09:49En venant ici,
09:50vous voulez expliquer
09:51que vous n'êtes pas la pire des merdes,
09:52c'est ça, en fait ?
09:54Tu veux dire que
09:54ce n'est pas moi qui ai tué JP ?
09:56Et aucun de nous l'a tué ?
09:58Il faut vous souhaiter quoi,
09:59vous, maintenant ?
10:01Qu'est-ce qu'il faut me souhaiter ?
10:03Je ne sais pas.
10:04Je ne sais pas.
10:07Je vous souhaite d'avoir tiré
10:08l'essentiel de tout ça
10:08et d'avancer.
10:10Oui.
10:11Merci à vous.
10:12Merci.
10:12Merci Marc-Olivier.
10:14Entretien enregistré hier soir
10:15et à retrouver en version longue,
10:17version intégrale
10:17sur le site rtl.fr
10:19et sur l'appli RTL.
10:20Merci.
10:21Merci.
10:22Merci.
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