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Ils sont une trentaine d'hommes à élever leur voix dans une tribune de l'ONU Femmes France publiée dans le Parisien jeudi dernier. David Pelicot, le fils de Gisèle Pélicot et le comédien Bruno Solo appellent les hommes à ne plus rester passifs devant les violences faites aux femmes. Ils sont les invités de RTL.
Regardez Face à Fogiel du 24 novembre 2025.
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00:0026 novembre, RTL Matin, Thomas Soto
00:03Il est 8h17, le fléau des féminicides.
00:08Pour la seule journée de jeudi dernier,
00:104 femmes ont été tuées dans le pays, 5 en 5 jours.
00:13Aujourd'hui, les hommes aussi doivent faire entendre leur voix et dire stop.
00:16C'est ce qu'on choisit de faire deux invités que vous recevez ce matin,
00:19Marc-Olivier Fogiel, David Pellicot, qui est le fils de Gisèle Pellicot,
00:23et aussi le comédien Bruno Solo, qui a décidé de signer une tribune sur le sujet.
00:27Bonjour, David Pellicot.
00:28Bonjour Marc-Olivier, merci pour votre invitation.
00:30Merci d'être là.
00:31Bonjour Bruno Solo, merci d'être en ligne avec nous.
00:33Bonjour, bonjour Marco.
00:35Vous signez donc une tribune avec Vianney, Michel Cymes, Nagui,
00:38notre ami Philippe Cavrivière, et vous écrivez
00:40« Nous ne pouvons plus tolérer, ni rester inactifs face à la souffrance des femmes victimes. »
00:46Pour commencer par vous, David, puisque vous êtes à l'initiative de cette tribune,
00:49cet engagement prend un sens particulier.
00:51Votre mère, Gisèle Pellicot, a été violée par votre père et 50 autres hommes.
00:54Est-ce que c'est ce choc personnel qui vous a poussé à appeler tous les hommes à agir ?
01:00Oui, ça a été un constat durant ce procès, et très très rapidement,
01:04dès la première quinzaine, où je me suis rendu compte effectivement
01:06qu'on avait très très peu d'hommes qui se manifestaient.
01:08Très peu d'hommes qui étaient là d'ailleurs, pendant le procès.
01:10Oui.
01:11Quasiment que des femmes.
01:11Alors, il y avait beaucoup d'hommes effectivement à l'intérieur de la salle d'audience et pour cause.
01:16Les accusés.
01:17Les accusés, mais très très peu dans la salle des pas perdus.
01:21Et je recevais très très peu de témoignages, en tout cas d'hommes,
01:25qui se sentaient concernés.
01:28Ce que je voudrais peut-être dire en préambule, c'est que,
01:30si vous me le permettez Marc Olivier,
01:31c'est que la tribune, qui a été co-écrite avec les membres d'ONU Femmes France,
01:41on s'est posé la question, parce que moi j'ai fait une rencontre extraordinaire sur une soirée,
01:45lors d'événements, qui parlait de la violence faite aux femmes.
01:47J'ai rencontré la directrice exécutive, qui s'appelle Charlotte Saint-Aroman,
01:51qui m'a demandé de la rejoindre.
01:52Et on a réfléchi effectivement, et face au constat que j'avais fait antérieurement,
01:56je me suis dit, il faut absolument qu'on fasse quelque chose.
01:57Et on a décidé, concertation collective avec ONU Femmes France,
02:01d'écrire cette tribune, et de réunir un certain nombre de personnalités,
02:04dont Bruno, qui est à nos côtés ce matin.
02:06Bruno, qu'est-ce qui fait que vous avez signé tout de suite ?
02:08Puisqu'en fait, c'est une tribune qui appelle les hommes à s'engager,
02:11et de ne pas rester inactifs.
02:13Et les hommes ordinaires, on va y venir dans un instant.
02:15Qu'est-ce qui a fait que vous, vous, vous êtes mobilisés ?
02:18Déjà, moi ça fait très longtemps que je suis sur ces sujets-là,
02:21donc je suis heureux qu'il y ait enfin quelque chose qui se concrétise
02:25au travers de cette tribune, il y en a eu d'autres,
02:27mais celle-ci semble avoir un écho plus conséquent.
02:29Et parce que, tout simplement, le problème des féminicides,
02:34le problème des agressions, le problème des viols,
02:36il vient à 95% des hommes.
02:38Ce que disait Lillaud la semaine dernière, ici même, Bruno Solo,
02:41c'est que c'est à nous.
02:43Les femmes, elles savent où elles en sont,
02:45elles savent ce qu'elles subissent.
02:46Être femme ou n'être femme aujourd'hui,
02:48c'est se mettre en danger dans un pays comme la France,
02:51dans d'autres pays, n'en parlons même pas.
02:53Je pense à l'Afghanistan, je pense à l'Iran,
02:56mais je pense à plein d'autres pays.
02:57Ici, en France, alors qu'en Espagne, par exemple,
03:01ce sujet, 35% de baisse des féminicides,
03:06des agressions, des policiers,
03:09des magistrats qui sont spécialement formés,
03:13des commissariats qui sont entièrement dédiés à ce problème.
03:15Il y a des solutions, c'est ce que vous dites, Bruno Solo.
03:18Non, mais ce que je veux dire aussi,
03:19c'est que c'est à nous, le problème.
03:20Il vient de nous, et c'est à nous, les hommes,
03:22de prendre le relais.
03:24Alors concrètement, vous écrivez, on ne peut plus seulement être témoin,
03:25ne rien faire, c'est laisser faire.
03:26Nous avons tous un rôle à jouer pour faire reculer ces violences
03:29qui menacent toutes les femmes.
03:30Ce que vous voulez dire, David Pellicot,
03:32c'est qu'en étant inactif, on nourrit la culture de la violence ?
03:35Oui, et puis le titre est tellement évocateur
03:39et le silence des hommes doit cesser.
03:43Effectivement, il faut que nous, les hommes,
03:46nous légitimions notre engagement
03:49face à la violence faite aux femmes.
03:54Si vous me le permettez, Marc-Olivier,
03:56on est en train de tenir un compteur assez triste.
04:02Morbide, oui.
04:03Parce que la semaine dernière, en une seule journée,
04:06nous avons quatre femmes qui sont probablement parties
04:10sous les coups de leurs compagnons.
04:11et je crois qu'aujourd'hui, le compteur s'élève à 150 féminicides.
04:15Et si vous le permettez, je voudrais rendre hommage
04:17ce matin à ces quatre femmes
04:19qui ont probablement perdu la vie sous les coups de leurs compagnons,
04:23à savoir Béatrice, Elodie, Mélina et Laure,
04:26et toutes celles qui sont parties sous toute cette violence.
04:31Leurs compagnons, des hommes ordinaires,
04:33ce que vous écrivez dans cette tribune,
04:35les auteurs de violence sont des hommes ordinaires
04:36de tous âges, de tous milieux sociaux,
04:38toutes professions.
04:39David, cette phrase de la tribune à l'Horizon
04:41avec votre histoire personnelle,
04:42les 50 autres hommes qui étaient dans le boss des accusés,
04:45ils étaient ordinaires.
04:46Ils étaient chauffeurs, routiers, militaires,
04:49journalistes, d'idées.
04:50Tout milieu professionnel.
04:51Et à commencer par Dominique Pellicot.
04:54Votre père.
04:55Évidemment, lui, il est à l'origine de cette histoire horrible.
05:02Oui, ce sont des hommes ordinaires, effectivement.
05:05C'est monsieur tout le monde.
05:08Et vous, Bruno Solo,
05:09est-ce que vous dénoncez cette époque masculiniste ?
05:12Est-ce qu'on paye aujourd'hui une éducation
05:13qui a appris aux garçons l'idée qu'un homme
05:15doit être au-dessus d'une femme ?
05:16C'est ça le sujet ?
05:17Et c'est ça l'objet de la tribune, en fait ?
05:19Bien sûr, l'objet, c'est de prendre conscience
05:21qu'effectivement, être un homme,
05:23c'est avoir des droits, mais c'est surtout des devoirs.
05:25Et le premier de nos devoirs,
05:27c'est envers l'autre partie de l'humanité,
05:30c'est-à-dire être vis-à-vis des femmes.
05:33En plus, admettons qu'il y a encore quelques années,
05:36des hommes ignorés n'avaient pas les bons logiciels,
05:39n'avaient pas le bon code.
05:40Mais là, depuis huit ans, depuis hashtag MeToo,
05:42il y a de la littérature, des dossiers,
05:44des reportages, des témoignages.
05:46On le sait, donc on n'a plus le droit.
05:48Aucun homme sur cette planète,
05:50consciemment n'a plus le droit d'être complice.
05:53J'entendais ça, Bruno, j'entendais ça,
05:55mais j'opposais à l'IO quand même la semaine dernière,
05:57qui a quand même une prise de conscience collective,
05:58et notamment ce procès Mazan,
05:59et elle me disait, David Pellicot,
06:01que le procès Mazan, en fait, c'était un alibi pour le système.
06:04S'il a eu ce retentissement,
06:05c'est que Mme Pellicot ne voulait pas du huis clos.
06:06Vous êtes d'accord avec elle ?
06:08Le procès, c'est un alibi pour tout le système ?
06:10En imaginant qu'il n'y ait pas eu ce huis clos,
06:12effectivement, on n'aurait pas eu la même importance.
06:14C'est une évidence.
06:16Mais ce que je voudrais dire aussi aujourd'hui,
06:17c'est ce que j'avais dit ici il y a quelques mois,
06:21c'est que le procès Mazan doit être un testament
06:26pour les générations futures,
06:28parce qu'il y a aussi la question de l'éducation
06:30sur nos enfants, qui est très importante aujourd'hui.
06:34C'est ça la tribune, c'est une interpellation.
06:36Bien sûr, parce que si vous voulez,
06:38il ne faut pas oublier que...
06:39C'est le point essentiel.
06:40Oui, et puis, si vous voulez,
06:43les cyber-violences à travers les différents réseaux sociaux,
06:46enfin, pour ne pas les nommer,
06:47mais TikTok, Instagram ou autre,
06:49où les jeunes sont biberonnés toute la journée,
06:52avec un discours masculiniste.
06:53Alimentent vraiment...
06:56Mais là-dessus, on peut être très concrète des interdictions,
06:58c'est ce que vous demandez,
06:58parce qu'il y a l'éducation,
07:00mais il y a aussi, par exemple,
07:01le député socialiste Arthur Delaporte,
07:03qui a présenté ses pistes de la future loi influenceur 2,
07:05il veut interdire le discours masculiniste et sexiste en ligne.
07:08C'est possible, ça ?
07:09C'est possible, c'est une volonté politique.
07:12Ce matin, sur votre antenne,
07:14j'ai oublié le nom du magistrat,
07:16qui parlait notamment des dix propositions
07:19qui doivent être remises, je crois, à Gérald Darmanin...
07:22Absolument.
07:23...dans quelques jours.
07:24Dans le journal de 7 heures de tomate.
07:25Moi, je vais aller un petit peu plus loin.
07:27Je souhaiterais qu'on ait un parquet national
07:29dédié aux violences faites aux femmes dans notre pays.
07:32On a un parquet antiterroriste
07:33et un parquet national financier,
07:34pourquoi pas un parquet national dédié aux violences faites aux femmes ?
07:39Il faut vraiment bouger les lignes
07:40et il faut qu'il y ait du concret, maintenant.
07:45Tous les jours, on n'a pas à entendre
07:47et on n'a pas à faire ce triste constat
07:49que le compteur des féminicides en France augmente.
07:52Ce n'est pas possible.
07:53Vous, Bruno, vous êtes papa ?
07:55Oui, oui, il y a des solutions politiques.
07:57L'Espagne, encore une fois, je reviens sur l'Espagne,
07:59elle l'a prouvé.
08:00Ils vont fêter les 20 ans d'une politique
08:02de mise en œuvre de protection pour les femmes
08:06qui est extrêmement efficace
08:07puisqu'il y a une baisse de 35% des féminicides
08:11dans un pays qui était...
08:11Donc il y a des solutions, c'est ça que vous dites ?
08:13Oui, il y a des solutions politiques,
08:15il y a une volonté, il y a une...
08:17Et puis, ça passe effectivement
08:18par les pouvoirs publics, certes,
08:20mais ça passe par une prise de conscience des hommes.
08:22Il n'y a plus un homme qui a le droit
08:24de faire semblant d'ignorer ce qui se passe
08:27ou de ne faire semblant de ne pas comprendre
08:29ou de demander, comme je l'entends parfois,
08:32de demander, donnez-nous les clés,
08:35expliquez-nous comment nous devons faire.
08:37C'est tout simplement avancer sur la même ligne
08:39avec nos femmes, avec nos compagnes,
08:41nos sœurs, nos amis, nos copines,
08:44être sur la même ligne, dans la même harmonie,
08:46dans la même vision.
08:46C'est l'objet de la tribune.
08:47C'est l'objet de la tribune
08:49et c'est notre devoir essentiel
08:51parce que, je le dis encore,
08:52être femme ou naître femme,
08:54maintenant, c'est presque une injustice.
08:56Voilà.
08:57C'est presque une condamnation
08:58dans certains pays
08:58et même dans notre pays.
09:00Et ça, il faut vraiment que ça cesse
09:01et que chaque homme en prenne conscience.
09:03Pour conclure, d'un point de vue
09:05un peu plus personnel,
09:06vous disiez, il y a quelques mois,
09:08ne plus avoir de nouvelles
09:09de votre maman, Gisèle Pellicot.
09:12Le procès des viols de Mazan
09:13a eu raison de notre famille.
09:14Est-ce qu'aujourd'hui,
09:15vous avez renoué avec elle ?
09:16Alors, je m'attendais à cette question,
09:17mon cher Marc-Olivier.
09:18Elle est importante, forcément, les gens.
09:20Oui, oui, oui, oui.
09:21Non, je ne communique plus
09:22avec maman pour différentes raisons
09:25que je ne vais pas exprimer
09:26chez vous ce matin.
09:29Je voudrais surtout revenir
09:31sur la tribune.
09:34En appelant les hommes
09:35à signer cette tribune
09:37sur le site Tenue Femmes France,
09:39j'ai regardé,
09:40on n'est pour l'instant
09:41qu'à 210 signataires.
09:43D'accord.
09:43Ce n'est pas assez.
09:44Je fais un appel
09:45à tous les hommes
09:46qui nous écoutent ce matin.
09:48Vous êtes papa,
09:48vous êtes frère,
09:50peu importe.
09:51Signer cette tribune,
09:52c'est très important.
09:53Je rappelle un dernier chiffre alarmant.
09:55Nous avons une femme
09:56qui meurt tous les trois jours
09:58sous les coups de son compagnon.
09:59Il est temps de réagir.
10:00Et vite.
10:01La justice concernant votre affaire,
10:04elle est passée,
10:04repassée en appel.
10:05Est-ce qu'elle va repasser
10:06également pour votre sœur
10:07puisque cet homme,
10:08en question,
10:09votre père,
10:10votre sœur l'accuse
10:11de l'avoir également violée.
10:14En tout cas,
10:14elle se pose la question.
10:15Est-ce qu'elle va repasser
10:15pour votre sœur ?
10:17Je ne peux pas répondre
10:18à cette question
10:19parce que je pense,
10:20Marc-Olivier,
10:20que ce n'est pas l'endroit
10:22ni le moment
10:23pour en discuter.
10:24Vous le souhaitez ?
10:26Évidemment.
10:27Je l'embrasse d'ailleurs.
10:28On l'embrasse également.
10:29La Tribune,
10:31ONU,
10:31Femmes,
10:32publiée dans le magazine
10:33Elle,
10:33David Pellicot.
10:34Merci d'avoir été là.
10:35Bruno Solo
10:35et des tas d'hommes
10:36qui ont signé avec vous.
10:37Michel Cymes,
10:38Nagui,
10:38Philippe Gavrivière.
10:39Bruno,
10:40je t'embrasse.
10:41Moi aussi.
10:42A très vite.
10:43Merci Marc-Olivier.
10:44Merci David.
10:45Merci Bruno.
10:45Merci beaucoup.
10:45Merci à tous les deux.
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