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  • il y a 3 mois
Il est peut-être l'un des pires serial killers français. On l'accuse d'avoir empoisonné 30 patients dont 12 sont décédés. Il donne sa version des faits juste avant que ne démarre son procès. Frédéric Péchier, l'anesthésiste de Besançon, est l'invité de RTL Matin.
Regardez Face à Fogiel du 08 septembre 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin, Thomas Soto.
00:04Il est 8h17, face à Fogial, l'interview de Marc-Olivier Fogial.
00:07Il est accusé d'avoir empoisonné 30 patients, dont 12 sont décédés.
00:11Dans quelques minutes, à 10 heures, l'anesthésiste de Besançon, Frédéric Péchier,
00:15sera jugé devant les assises du Doubs, un procès au long cours qui devrait durer 3 mois et demi.
00:20Mais juste avant de comparaître, France Frédéric Péchier a accepté de répondre en exclusivité pour RTL à vos questions.
00:27Bonjour Frédéric Péchier.
00:28Bonjour.
00:28Jusqu'à présent, vous étiez resté silencieux, c'est le moins que l'on puisse dire.
00:33Là, juste avant votre procès, vous prenez la parole. Qu'est-ce qui vous pousse à le faire ?
00:36La première chose, c'est que depuis le début, il y a eu beaucoup d'articles de faits qui étaient contre ma position.
00:42Je pense que c'était utile de rappeler un petit peu avant le procès quels étaient les véritables enjeux
00:47et quelles étaient les choses qui m'étaient reprochées.
00:49On va le faire ici. Forcément, je vais reprendre les termes de l'accusation.
00:53C'est lourd ce qu'il vous a reproché.
00:5530 patients empoisonnés, 12 qui sont morts.
00:57C'est lourd et vous êtes le principal accusé.
01:01Oui, je suis le principal accusé sous une forme qui est un petit peu bizarre.
01:04C'est-à-dire que sur l'ensemble des dossiers qui ont été retenus, qui étaient beaucoup plus importants,
01:09on n'a retenu que ceux où j'étais présent.
01:11Quand on lit à ce moment-là les dossiers, systématiquement, je n'arrive pas comme par hasard.
01:15Je suis appelé. Je viens donner un coup de main à celui qui a un problème avec une patiente ou un patient.
01:20Alors, on va y venir parce qu'évidemment, l'accusation dit que vous êtes appelé et que vous êtes mis en situation d'être appelé pour être un peu le sauveur.
01:27Vous qui aurez empoisonné ces gens et que c'est une forme d'envie narcissique d'apparaître comme le héros.
01:34Mais dans quel état d'esprit vous appréhendez ce procès ?
01:35Vous êtes aujourd'hui sous contrôle judiciaire.
01:37L'affaire Péchi, elle débute en 2017.
01:39Vous avez tout perdu.
01:40Vous avez fait une tentative de suicide.
01:42Vous avez eu des petits problèmes avec l'alcool.
01:44Vous êtes au RSA.
01:45Dans quel état d'esprit vous abordez ce procès ?
01:47En pleine conscience et avec vos moyens ?
01:49En pleine conscience, oui.
01:51C'est un procès que j'attends depuis longtemps maintenant.
01:53Il faut qu'on étale maintenant toutes les cartes.
01:55Peu de gens connaissent le fond du dossier.
01:56Peu de gens l'ont travaillé.
01:57Et ça, c'est important.
01:58C'est la chose primordiale qui est intéressante pour justement comprendre pourquoi on m'a mis sur le dos ces 32 empoisonnements.
02:05On a l'impression que vous êtes confiant en abordant ce procès, ces trois mois et demi de procès qui sont devant vous.
02:10Je ne suis pas confiant.
02:11J'y appréhende quand même ces trois mois et demi de procédure.
02:14Mais j'ai quand même des arguments forts.
02:16Et donc, je n'y vais pas reculant.
02:18En face de vous, 156 parties civiles, 155 témoins, 15 experts.
02:23On va revenir sur leurs expertises.
02:24Elles sont sévères à votre rencontre.
02:26Vous appréhendez de les retrouver à la barre, à voir en face de vous la détresse de familles qui ont perdu des proches,
02:32d'autres qui sont toujours là mais qui ont des séquelles lourdes ?
02:36J'apprends pas plus que ça.
02:37La détresse de ces familles, je la comprends.
02:39Je la comprends tout à fait.
02:40Mais d'un autre côté, je ne suis pas responsable de leur détresse.
02:42Alors, on ne va pas faire le procès avant le procès.
02:44Mais on va revenir sur un certain nombre de pièces.
02:47Ça démarre en 2017, après l'arrêt cardiaque suspect d'une femme de 36 ans en pleine opération.
02:51Du potassium est découvert dans la poche de soluté utilisée pour son anesthésie.
02:54Deux mois plus tard, vous êtes mis en examen.
02:56À la suite de plusieurs investigations portant sur plus de 70 événements indésirables graves, comme on dit.
03:01Les cas de 30 patients victimes d'un arrêt cardiaque en pleine intervention chirurgicale,
03:05d'abord à la clinique Saint-Vincent et à la polyclinique de Franche-Comté,
03:08où vous travaillez, sont finalement retenus.
03:0912 personnes sont mortes malgré les tentatives de réanimation auxquelles vous avez participé.
03:13Est-ce que vous reconnaissez que, disons, que la concomitance de votre présence trouble ?
03:18Oui, elle trouble parce que les dés ont été jetés comme ça.
03:22Vous dites, il y avait 70 cas au départ, 70 cas et 32 à l'arrivée.
03:26Qu'est-ce qu'on fait des 38 autres ?
03:28Mais déjà pour celles-là, d'autant que ce qu'on découvre dans le dossier,
03:31c'est que pour la polyclinique où vous êtes passée,
03:34les cas de décès, ça ne concerne que la période où vous êtes là.
03:36Il n'y en a pas eu avant, il n'y en a pas eu après.
03:37C'est très troublant quand même.
03:39C'est très troublant peut-être, mais ce n'est pas quand je suis là.
03:42Je ne suis là qu'une fois.
03:44Une autre fois, je suis en vacances et la dernière fois, je suis parti de la clinique depuis 10 jours.
03:48En tout cas, dans son réquisitoire de plus de 500 pages,
03:50l'accusation détaille sa conviction.
03:52Seul l'anesthésiste avait la possibilité matérielle, les connaissances requises et immobiles,
03:57punir ses collègues en utilisant leur patient comme une arbre.
04:00Dans les deux hôpitaux où il a exercé, il y avait des tensions.
04:03Il y avait des tensions entre vous et vos collègues ?
04:05Imaginez 15 anesthésistes travaillant comme libéraux,
04:09payés à la journée, si vous voulez, en fonction des actus qu'ils font.
04:12Il n'y a pas de pot commun avec chacun le même salaire.
04:15Et donc, il y a forcément des tensions.
04:16Moi, j'ai vu des bagarres entre anesthésistes.
04:18J'ai vu des anesthésistes démonter des casiers de l'autre en lui disant
04:21« La prochaine fois, c'est pour ta gueule. »
04:23Donc, des tensions, il y en a toujours eu.
04:25L'accusation dit que c'est vous, en gros, qui, pour pouvoir arriver à vos fins,
04:29voulaient détruire professionnellement vos collègues en empoisonnant leurs patients
04:33et aussi en apparaissant comme le sauveur, en arrivant derrière,
04:36en disant « Mais moi, je peux trouver l'antidote à l'empoisonnement. »
04:39Sur cette histoire d'antidote, dans les 32 cas, je fais deux fois un diagnostic.
04:44Les experts disent que c'était un diagnostic qui était normal et qu'il fallait le faire.
04:49Dans aucun autre cas, je propose un diagnostic.
04:52Et pourtant, dans le dossier, on dit que vous arrivez avec la solution miracle
04:54et c'est ce qu'on vous reproche, c'est que vous arrivez avec la solution miracle,
04:58un peu comme le Messie, vous qui, selon les expertises psychologiques, aiment être flatté.
05:03C'est la romance du juge.
05:05C'est une construction intellectuelle faite par le parquet et le juge pour arriver à ses déductions.
05:11Sur la base, quand même, par exemple, d'expertise psychocriminologique,
05:14il est le profil d'un criminel organisé qui cherche à atteindre ses collègues narcissiquement et professionnellement.
05:20Il a une personnalité calculatrice, perverse, égocentrée, peu empathie.
05:23Ça, c'est un expert qui le dit ?
05:25Oui.
05:25Vous vous reconnaissez, là-dedans ?
05:26Non. Mais d'ailleurs, je ne reconnais pas cette expertise.
05:29Ça n'existe pas en France.
05:30C'est-à-dire ?
05:31Les expertises criminologiques n'existent pas.
05:33Là, en l'occurrence, c'est dans le dossier.
05:35Ben oui, mais ça n'existe pas.
05:36Maintenant, vous prenez toutes les autres expertises psychiatriques et psychologiques que j'ai eues,
05:40elles me dépeignent comme quelqu'un de normal.
05:41Toujours selon ces experts-là, vous êtes dépourvus de sens moral,
05:45vous semblez être prêt à tout pour arriver à vos fins, quel que soit le prix humain.
05:49C'est du blabla criminologue.
05:50C'est quoi, vous, votre théorie ? Si ce n'est pas vous, c'est qui ?
05:53Pour l'instant, on parle d'empoisonnement, mais sur les 32 cas, il n'y a aucune preuve.
05:58En même temps, ce qu'il y a comme preuve, en tout cas statistique,
06:01c'est qu'il y a eu beaucoup plus de morts que d'habitude dans ces établissements liés à l'anesthésie.
06:06Oui, c'est possible.
06:07Vous êtes un professionnel de santé. Ça ne vous paraît pas bizarre ?
06:10Au départ, ça ne nous a pas paru bizarre.
06:12On a fait des recherches, on a concerté les dossiers, mais on n'a rien trouvé de flagrant.
06:16Des EIG et des arrêts cardiaques, il y en a eu encore après mon départ.
06:21Je comprends qu'il y en a eu après, mais il y en a eu beaucoup. Pendant que vous étiez là, quand même.
06:23Il y en a eu 70, mais on n'en retient que 32.
06:26C'est déjà pas mal.
06:27Ben oui, mais...
06:27Oui, mais je suis d'accord avec vous, mais le problème, c'est la sélection.
06:31Qu'est-ce qu'on a fait les autres cas ? On ne les a pas retenus parce que dedans, il n'y avait pas péché.
06:34Est-ce que vous entendez qu'il n'y avait pas péché, mais il y avait peut-être quelqu'un d'autre ?
06:37Ce n'est pas moi qui vais faire la démonstration-là.
06:39En tout cas, il y a d'autres indices graves à votre encontre, en lisant le dossier.
06:43Cette perquisition de médicaments, des seringues sont retrouvées dans votre casier, dans votre voiture.
06:48Il y a une infirmière qui dit qu'il faut fouiller sans cesse dans les armoires,
06:51qu'ils se souviennent de ce cartable avec lequel, en dépit du règlement, vous veniez au bloc chaque jour.
06:56Cette perquisition, c'est matérielle, là, pour le coup.
06:58On ne parle pas de...
06:58J'avais une trousse de secours dans la voiture.
07:00Chez moi, j'avais des médicaments pour traiter, notamment, une de mes filles qui avait une maladie chronique grave.
07:05Pour ce qui est de la valise que j'avais, c'était une valise normale dans laquelle j'en mets mon ordinateur
07:09parce que dedans, je devais faire, moi, toutes les semaines, les programmes opératoires pour toutes les semaines suivantes.
07:14Et quand elle dit qu'il faut fouiller sans cesse dans les armoires,
07:17si vous voulez, les écoutes téléphoniques ont donné beaucoup de choses intéressantes
07:21où on voit que le personnel médical se met tous à dire la même chose
07:25et se rappelle le soir des auditions de police en disant « moi, j'ai dit ça, donc tu diras ça,
07:29il faut que tu appelles un tel pour le convaincre de dire la même chose que nous, etc. »
07:33Et pourquoi vous êtes la cible de tout ce personnel de santé qui vous mettrait tout ça sur le dos
07:37si vous n'aviez rien à vous reprocher ?
07:39Vous avez une personnalité qui dérange ?
07:41Non, je pense que c'est la construction intellectuelle de la police.
07:43Enfin, là, ça va au-delà, parce que si c'est le personnel entre eux qui s'appelle et qui dit
07:46« il faut que tu dises la même chose, quel rapport avec la police ? »
07:49Une fois mise en examen, si vous voulez, si Pêchier n'est pas coupable, la clinique tombe.
07:54Tous les médecins libéraux qui travaillent dedans, ils perdent leur job.
07:56Donc c'est ça pour vous ce qu'il y a derrière ?
07:58Ça, c'est une évidence.
07:59Et quand on vous soupçonne même d'avoir empoisonné un de vos propres patients pour détourner les soupçons ?
08:03Ça, c'est n'importe quoi.
08:04Ce jour-là, d'ailleurs, vous demandez à une infirmière de venir plus tard
08:07pour que vous occupiez vous-même du matériel, selon le dossier ?
08:09Mais ça, c'est logique.
08:11Je travaillais en neurologie.
08:12Il y avait un bloc qui devait commencer à 7h et l'autre à 7h30.
08:15Sauf que celle qui devait travailler à 7h ne pouvait pas.
08:18Donc je l'ai décalé à 8h.
08:19De toute façon, on va pouvoir en revient les malades l'un après l'autre.
08:21Et empoisonnez vous-même votre propre patient pour détourner...
08:23Non, mais ça, c'est n'importe quoi.
08:24Donc, en gros, soit vous êtes victime d'une machination,
08:28soit vous êtes l'un des plus grands serial killers de France.
08:31Mais je ne dis pas que je suis victime d'une machination.
08:33Un peu, on vous entend.
08:34Vous êtes victime, en tout cas, de gens qui se sont coalisés entre eux pour vous charger.
08:37Après, oui, bien sûr.
08:39Mais après la mise en examen, avant la mise en examen,
08:41lors des premières auditions,
08:44toutes les auditions qui ont été faites au tout départ
08:46sont toutes hyper claires en disant
08:48« C'est un très bon professionnel,
08:49je devais me faire entendre bien, ce serait par lui.
08:51On n'a jamais eu de problème avec lui. »
08:52Comme les médecins de la polyclinique de Franche-Comté,
08:55quand je suis parti de la polyclinique de Franche-Comté,
08:56les médecins ont été auditionnés.
08:58Et leur réponse a été unanime.
09:00C'était « Il a fait le job jusqu'à la fin,
09:01et il n'a pas posé de problème, il n'y a pas eu de colère,
09:03il n'y a pas eu de coup de gueule entre nous. »
09:05Donc, en fait, soit vous êtes victime d'un dossier qui s'est emballé,
09:09soit vous êtes l'un des plus gros serial killers de France.
09:12Oui, en fait, si vous voulez, oui.
09:14Ça, c'était il y a 7 ans.
09:15Le procès, c'est tout à l'heure.
09:16Les 7 ans, en deux mots, comment vous les avez traversés ?
09:19Je le disais, une sorte de descente aux enfers.
09:21L'alcool, la défenestration chez vos parents,
09:24où vous êtes obligés de vivre,
09:24puisque votre contrôle judiciaire vous interdit d'aller là où vous étiez,
09:27alors que vous viviez très confortablement du temps que vous exerciez.
09:31Comment vous les décrivez, ces 7 ans ?
09:32C'est ces 7 ans de calvaire, où je plonge, je perds tout,
09:35je perds ma vie professionnelle, je divorce, je ne vois plus mes enfants.
09:38Je n'ai pas vu mon fils durant son adolescence.
09:41Chaque fois que je faisais une demande au juge
09:43pour passer un Noël ou un jour de l'an chez moi,
09:47enfin, dans mon ancienne maison,
09:49c'était systématiquement refusé.
09:50Et cette famille, elle est derrière vous ?
09:52Elle croit en votre innocence ?
09:54Ou cette famille, elle est gênée ?
09:56Quand vous dites qu'elle a éclaté,
09:57parce que finalement, elle est troublée aussi par ce qu'on vous reproche ?
10:00Non, j'ai ma femme au téléphone tous les jours.
10:02Votre ex-femme, donc ?
10:03Ma non-ex-femme.
10:04Et elle est derrière vous ?
10:05Oui, on s'envoie des SMS tous les jours.
10:06Les enfants, pareil.
10:07Les enfants sont tous là.
10:09Ils seront derrière vous à défendre leur père ?
10:11Oui, ils seront là le premier jour.
10:12Dans 3 mois et demi, il y a 2 solutions.
10:15La prison, pour très longtemps,
10:16ou alors la liberté, peut-être s'il n'y a pas d'appel.
10:18Vous la voyez, cette vie qui peut prendre une direction ou une autre ?
10:22Pour l'instant, je n'envisage pas l'après.
10:24Je ne peux pas me projeter.
10:25Mais par exemple, la prison, elle ne vous fait peur ?
10:27Évidemment que ça me fait peur.
10:28Évidemment.
10:28Mais d'un autre côté, je pense que j'aurai les arguments pour éviter d'aller en prison.
10:33Et vous pensez pouvoir réexercer un jour ?
10:35Je ne sais pas.
10:36Je ne sais pas si j'aurai la force de le faire.
10:39Ce statut, vous rêvez de le récupérer ?
10:39Je ne rêve pas de le récupérer.
10:41Je vais voir ce que je ferai par la suite.
10:43Pour l'instant, je n'ai pas d'objectif d'après.
10:45Un jour après l'autre ?
10:47Exactement.
10:47Merci, Frédéric Péchier, d'être venu ce matin sur RTL.
10:50À quelques heures de l'ouverture du procès, cette interview est enregistrée grâce à Plana Radenovics d'RTL,
10:56que vous connaissez bien et qui a sorti un livre aux éditions Michelon cette semaine.
10:59Le temps qui lui reste.
11:01Merci à vous.
11:02Merci.
11:02Merci Marc-Olivier Fogiel.
11:04Je ne suis pas responsable de la détresse des victimes,
11:07affirme à l'instant le docteur Péchier avant son procès.
11:09Version longue de cette interview.
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