00:00Allez, on revient en France. Vous l'avez peut-être remarqué, même au marché, il fait de moins en moins de résistance.
00:05L'argent liquide disparaît de plus en plus et on ne parle même pas des chèques.
00:10La carte bancaire est de plus en plus utilisée à la place, y compris pour les tout petits paiements.
00:15Vous êtes de moins en moins nombreux à payer en espèces. C'est un fait.
00:18Longtemps réticents, les commerçants ont aussi dû s'adapter et finalement, quasiment tous finis par l'accepter pour éviter de perdre des clients.
00:26Bonjour Philippe Erlin. Merci d'être notre invité. Vous êtes économiste au CNAM, le Conservatoire national des arts et métiers.
00:33Il y a cinq ans, près de six achats sur dix étaient réglés en cash. C'est seulement quatre sur dix aujourd'hui.
00:41Autant dire que ça va très vite. Il va disparaître ?
00:44Non, je ne pense pas qu'il disparaisse. Au niveau de la France, 40%. Au niveau européen, la BCE vient de sortir le chiffre, c'est 52% des paiements.
00:51Donc, ça reste quand même très élevé et ça continuera d'exister parce que les gens veulent toujours avoir un moyen.
00:56C'est quand même un moyen de protéger sa vie privée, de dépenser de l'argent de la main à la main, plutôt que de passer par la banque à travers une carte bancaire.
01:03Donc, ça restera toujours. Maintenant, ça diminue parce qu'avec les cartes bancaires, on peut payer à partir d'un euro.
01:09Donc, ça diminue naturellement.
01:11Donc, c'est quand même particulier à la France, le fait d'utiliser si peu l'argent liquide aujourd'hui ?
01:16Oui, voilà. Dans les pays du Nord, en Allemagne, on utilise beaucoup plus les billets qu'en France.
01:21Donc, il y a quand même des différences au niveau européen. C'est pour ça qu'on peut parler de disparition.
01:25Ça ne me semble pas un objectif atteignable et même pas souhaitable parce que ça voudrait dire que absolument tous nos paiements seraient suivis par le système bancaire.
01:33Tout est enregistré et donc tout est traçable.
01:36Voilà. Alors, même l'argent liquide, l'argent liquide qu'on retire d'un distributeur, c'est quand même indiqué.
01:42Maintenant, à l'islam, ce qu'on fait avec, ça reste du domaine de la vie privée.
01:46Il reste quand même une barrière. Sachant qu'on parle de la carte bancaire, mais elle-même est de plus en plus remplacée par le téléphone.
01:54C'est quand même plus simple. On va faire ses courses, on n'a même plus besoin de penser au portefeuille.
01:57Oui, c'est plus simple. Mais ceci dit, moi aussi, ce que je voudrais rajouter là-dessus sur cette histoire d'argent liquide,
02:01c'est qu'en fait, il faut réparer une monnaie décentralisée. On dit, par exemple, le bitcoin, c'est du cash sur Internet.
02:07Alors, ça peut sembler bizarre de parler d'argent liquide et de bitcoin. En fait, c'est la même logique.
02:11Si je vous envoie des bitcoins, ça va directement justement de mon portefeuille sur mon smartphone à votre portefeuille sur votre smartphone.
02:18Si je vous donne 10 euros, ça va directement de la main à la main. Alors que si je vous fais un verrement bancaire, ça va passer par la banque.
02:24Et je crois que les gens auront toujours besoin d'avoir un paiement qui puisse se faire en dehors du circuit bancaire
02:29pour des raisons de confidentialité et des raisons de vie privée et aussi pour des raisons de sécurité.
02:35Parce que le système bancaire, il peut aussi tomber en faillite.
02:39En 2008, on n'est pas passé très loin d'une faillite générale des banques avec la crise des subprimes.
02:45Donc, c'est aussi une sécurité à laquelle les gens sont attachés, c'est-à-dire d'avoir des billets chez eux
02:49ou d'avoir des cryptos ou d'avoir de l'or.
02:52C'est une façon d'avoir une partie de son épargne qui est totalement indépendante du circuit bancaire.
02:57Et ça aussi, c'est une sécurité dont il faut tenir compte.
02:59Donc, ce n'est pas uniquement la dimension paiement qui est importante.
03:02Ce fait d'avoir une réserve d'argent qui ne dépendent pas des banques et qu'on a chez soi concrètement
03:08et dont on est le seul détenteur.
03:09Et question très concrète, cet argent que les Français n'utilisent plus, ne font plus circuler,
03:15il est où ? Il devient quoi ? Il s'entasse dans les banques, dans des coffres ?
03:20À l'argent liquide. De toute façon, l'argent liquide, oui, c'est de l'argent qui ne travaille pas.
03:24C'est de l'argent qui sert uniquement au paiement.
03:25Alors que quand vous mettez de l'argent à la banque, vous le déposez sur un livret,
03:28vous pouvez aussi acheter des actions avec.
03:31À ce moment-là, l'argent est réinvesti dans l'économie.
03:34Donc, c'est vrai que c'est quand même une bonne chose.
03:37Donc, ça fait aussi partie du progrès qu'une partie de l'épargne que possèdent les gens
03:42soit réinjectée dans le circuit économique.
03:44Maintenant, ça comporte un risque.
03:46On achète des actions, on met ça sur une banque ou un produit d'assurance.
03:50Il peut y avoir, s'il y a une crise bancaire, si la France fait défaut sur sa dette,
03:54parce qu'on parle de budget, déficit budgétaire, de dette publique,
03:57si la France fait défaut sur sa dette, le système bancaire et les assurances,
04:00elles se retrouvent en quasi-faillite.
04:03Donc, c'est aussi l'intérêt de l'argent liquide et des cryptos et de l'or
04:07d'avoir cet argent-là en dehors de ce risque-là.
04:10Merci beaucoup, merci Philippe Erlin d'être venu sur le plateau de BFM TV.
Écris le tout premier commentaire