- il y a 5 mois
La ligne Maginot, colosse de béton aux pieds d'argile Dans les forêts du Grand Est de la France, le bruissement des feuilles répond au silence froid du béton.
Dissimulés entre les arbres, tourelles et bunkers montent la garde depuis près d'un siècle. C'est au sortir de la Grande Guerre, dans les années 1930, qu'est lancé un chantier colossal pour édifier une ligne de fortifications, de la mer du Nord jusqu'à la Méditerranée : la ligne Maginot. Réputée infranchissable, elle devient pourtant le symbole de la défaite de 1940...
La ligne alpine, le bon côté de la ligne Maginot Dans l'est de la France, depuis la mer du Nord jusqu'à la Méditerranée, s'élève depuis l'entre-deux-guerres une ligne défensive fortifiée... La ligne Maginot, censée avant tout dissuader les ennemis allemands et italiens d'attaquer, devient après la Seconde Guerre mondiale un symbole de défaite et d'humiliation. Pourtant, dans les Alpes-Maritimes, c'est une autre histoire qui s'est jouée : celle d'ouvrages défensifs, adaptés au relief, qui ont tenu Mussolini et ses troupes en respect. Année de Production :
Dissimulés entre les arbres, tourelles et bunkers montent la garde depuis près d'un siècle. C'est au sortir de la Grande Guerre, dans les années 1930, qu'est lancé un chantier colossal pour édifier une ligne de fortifications, de la mer du Nord jusqu'à la Méditerranée : la ligne Maginot. Réputée infranchissable, elle devient pourtant le symbole de la défaite de 1940...
La ligne alpine, le bon côté de la ligne Maginot Dans l'est de la France, depuis la mer du Nord jusqu'à la Méditerranée, s'élève depuis l'entre-deux-guerres une ligne défensive fortifiée... La ligne Maginot, censée avant tout dissuader les ennemis allemands et italiens d'attaquer, devient après la Seconde Guerre mondiale un symbole de défaite et d'humiliation. Pourtant, dans les Alpes-Maritimes, c'est une autre histoire qui s'est jouée : celle d'ouvrages défensifs, adaptés au relief, qui ont tenu Mussolini et ses troupes en respect. Année de Production :
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Musique
00:30Dans les forêts du Grand Est, le bruissement des feuilles répond au silence froid du béton.
00:43Tels des sentinelles, tourelles et casemates semblent encore monter la garde
00:48en souvenir d'un temps où elles étaient les yeux et les oreilles de la frontière.
00:53Au lendemain de la Grande Guerre, la France meurtrie décide de se barricader.
01:02Elle lance un chantier pharaonique, l'édification d'un système de fortification de la mer du Nord jusqu'à la Méditerranée, la ligne Maginon.
01:12Une ligne tissée de barbelés, de casernes souterraines, de blocs de combat, soudés par une devise, on ne passe pas.
01:20Réputé infranchissable, ce rempart défensif deviendra pourtant le symbole de la défaite de 1940.
01:30Aujourd'hui, les vestiges de la ligne Maginon sont les témoins d'une histoire méconnue,
01:35à la réputation abîmée, que des passionnés tentent de réhabiliter.
01:41C'est un morceau de l'histoire qui nous tient à cœur, parce que ça se passe chez nous, c'est un gros morceau.
01:45A l'époque, ça coûtait 3 milliards de francs, c'est un prix colossal.
01:49On se demande comment un outil aussi grand a pu être oublié aussi vite, a pu être accusé aussi vite de tous les maux.
01:57La ligne Maginon plonge ses racines dans les tranchées, dans une guerre que l'on croyait être la derre des derres.
02:05Dans le département de la Meuse, Verdun est une ville au nom foudroyé par les combats.
02:11Une blessure que la France n'a jamais réussie à penser.
02:19Tout autour de nous, on a un terrain qui est mort il y a plus de 100 ans.
02:22Le terrain était complètement dévasté par les bombardements pendant l'année 1916.
02:26On a eu 300 000 morts sur ce champ de bataille, 400 000 blessés, 60 millions de buts tombés,
02:32des villages complètement détruits, des villages qui existaient depuis le Moyen-Âge.
02:35Ici, à Fleury-de-Vendou-aux-Monts, on est dans un village qui comportait 422 habitants avant la Première Guerre mondiale.
02:42Les habitants n'ont pas été tués parce qu'ils ont été évacués au début de la bataille en février 1916.
02:48Mais lorsqu'ils sont revenus, ils n'ont rien reconnu parce qu'il n'y avait même plus de pans de mur.
02:53Il faut se rendre compte que le terrain a été broyé.
02:55On estime qu'on a eu de l'ordre de 6 à 8 obus qui sont tombés par mètre carré.
02:59Donc ça a été littéralement pulvérisé.
03:01On a 9 villages morts pour la France sur le champ de bataille de Verdun.
03:04Et tout autour de nous, sous cela un sol végétal, on a cette terre qui est pétrie à tout jamais dans la douleur et dans la destruction.
03:15Au sortir du conflit, la nation compte plus d'un million de morts.
03:20Pour ne plus revivre l'horreur des tranchées, le haut commandement militaire songe sans tarder à protéger le pays.
03:27Et en priorité, l'Alsace et la Lorraine, reprise aux Allemands, où se trouvent les bassins industriels.
03:34L'idée d'une ligne fortifiée germe et prend pour matrice les forts de Verdun.
03:41Ces bastions furent érigés dès les années 1870 par le général Serré de Rivière pour défendre la nouvelle frontière avec l'Allemagne.
03:49La force aérée de rivière, c'est quoi ?
03:55Vous construisez un trou, un gros trou, et vous maçonnez le fort.
03:58C'est une fortification à l'air libre, qui est quand même en grande partie masquée, défilée.
04:02Et donc ces fortifications-là vont subir l'épreuve des bombardements allemands pendant la Première Guerre mondiale.
04:07Et donc les garnisons vont avoir l'idée, pendant la bataille de Verdun, de se protéger davantage en creusant des galeries souterraines en dessous des forts.
04:16Après la bataille de Verdun, on va se rendre compte que l'avenir, ce sera de créer une fortification enterrée
04:20et qui puisse remonter à l'aide de puits en surface dans différents blocos au casemate pour pouvoir concevoir des nouveaux forts.
04:33En 1930, le ministre de la Guerre, André Maginot, fait voter une loi en vue de construire un nouveau bouclier,
04:41plus résistant et plus moderne que le précédent.
04:44Des milliers d'ouvriers rejoignent alors la frontière orientale pour creuser, maçonner, ériger ce qui devient bientôt la Grande Muraille de France.
04:57À 15 kilomètres de l'Allemagne, le fort du Hackenberg est le plus gros ouvrage du projet.
05:05Sous les collines, 10 kilomètres de galeries s'étirent à 30 mètres de profondeur,
05:11une véritable cité à la pointe de la technologie.
05:18La Première Guerre mondiale, on vit effectivement dans des tranchées, dans des conditions d'assalubrité,
05:24avec les poux, les reins, etc., et sous la pluie, dans la boue.
05:29Ici, on a un confort, on dit que c'est le trois étoiles du militaire,
05:33parce qu'il y a des chambrés chauffés avec du chauffage central, on n'a jamais vu ça avant.
05:36C'est la technologie et l'électricité qui permettent d'avoir tout ça ici, dans les ouvrages,
05:42qui sont un peu comme des gros paquebots qui viennent de sortir de l'usine.
05:45C'est le dernier cri.
05:47Nous sommes en 1939, nous avons quasiment un million de soldats en moins qu'en 1913.
05:54Et donc ces hommes, il faut les remplacer justement par cette technologie électrique.
05:58Là où il fallait 80 hommes pour éplucher 4800 patates le matin pour nourrir ces 1200 hommes,
06:03c'est une éplucheuse à patates qui fait le travail.
06:06Là où on avait avant des fourneaux à l'ancienne, là on a des cocottes minutes.
06:09Ce sont des cuisines d'écrit, donc en inox.
06:12Ça va permettre d'économiser du personnel.
06:14Et donc les hommes vivent dans des conditions qui sont idéales.
06:19Pour éviter de revivre les épidémies qui ont ravagé les tranchées de 14-18,
06:25les soldats sont tenus d'avoir une hygiène irréprochable.
06:28On ne veut pas qu'il y ait de maladie.
06:31Et donc on va veiller à ce que les hommes prennent douche pratiquement matin et soir.
06:36On a ici les premières douches de l'époque, avec de l'eau chaude, au robinet.
06:40Les hommes qui viennent de milieux modestes, ouvriers ou paysans,
06:43ne connaissent pas ce confort chez eux.
06:45Ils sont encore avec la petite cabane au fond du jardin et avec le puits.
06:49Ici, c'est la révolution.
06:50Le Hackenberg devient la vitrine de la ligne Maginot.
07:02Les personnalités phares des pays alliés viennent le visiter,
07:05comme le roi d'Angleterre, Georges VI.
07:10Lorsque Hitler envahit la Pologne le 1er septembre 1939,
07:15la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre.
07:18Et attendent.
07:20Les soldats se tiennent prêts, à l'affût.
07:25Mais pendant huit mois, rien ne se passe.
07:30La bataille se joue ailleurs, dans les médias.
07:33Il faut rassurer les Français et dissuader l'ennemi de passer.
07:38Ce qui paraît dans les journaux, c'est des dessins un peu de fourmilières
07:43où on voit des galeries avec des hommes, des machineries, des pièces d'artillerie.
07:47Ce n'est qu'à partir de mars 1940, où l'armée laisse faire un reportage photo par Paris Match,
07:54au Hackenberg, où on voit des photos des hommes dans les casernes, chez le médecin.
07:59De leur côté, les Allemands, eux, font une propagande autour de la ligne Siegfried.
08:04Ils montrent la puissance de la ligne Siegfried en filmant des soldats qui entrent en force dans les galeries souterraines.
08:10Ils ont la volonté de montrer que la France ne doit pas attaquer l'Allemagne sur le flanc ouest.
08:18Les Français se pensent à l'abri derrière leur rideau de béton.
08:24Mais la ligne Maginot possède un talon d'Achille.
08:29Au nord du fort du Hackenberg, la forêt des Ardennes s'étend sur plus de 60 000 hectares.
08:35C'est un massif abrut, dense, que l'état-major pense alors impénétrable.
08:40La ligne Maginot forte que l'on trouve en Alsace, Moselle, Meurthe-et-Moselle, etc.,
08:51a été allégée ici car nous sommes le long de la frontière belge
08:54et n'oublions pas que le gouvernement belge avait décrété la neutralité de son pays.
08:59Donc, le gouvernement français, pour des raisons diplomatiques et autres,
09:03n'a pas voulu construire de grosses fortifications le long de la frontière.
09:06Les Allemands savent que c'est le maillon faible de la ligne Maginot.
09:15Le 10 mai 1940, Hitler passe à l'offensive.
09:20Il attaque le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas.
09:25En réaction, la France envoie ses meilleures troupes dans le nord de la Belgique.
09:29Le piège se referme car au même moment, l'Allemagne envoie ses blindés dans la brèche ardennaise.
09:36Ces trois divisions de blindés comprennent plus de 800 chars.
09:42Et donc, ça a créé un embouteillage mont de plus de 250 kilomètres.
09:47Comment ils vont passer ?
09:48Ils vont utiliser ces chemins, ces chemins forestiers.
09:51Il y a des routes, ils couperont des arbres, ils disposent de tronçonneuses.
09:55Ils vont donc pouvoir égaliser les chemins et faire passer leurs troupes sans aucune gêne.
10:01Les Allemands ne vont pas rencontrer une grande résistance.
10:08Ici, en frontière sud de la Belgique, on va retrouver les chasseurs ardennés, belges,
10:14et puis surtout la cavalerie française, mais qui est à cheval.
10:18Que faire donc contre trois divisions de Panzer ?
10:21L'avancée allemande est foudroyante.
10:25C'est la stratégie de la Blitzkrieg.
10:27La guerre est claire.
10:29En deux jours seulement, les blindés viennent à bout du massif des Ardennes.
10:33Une fois en France, les fantassins traversent la Meuse sur des bateaux pneumatiques
10:38et construisent des ponts pour que les chars puissent rejoindre l'autre rive.
10:41Pendant ce temps, l'aviation allemande bombarde sans relâche.
10:48La traversée de la Meuse étant réalisée, c'est la percée de Sedan.
10:52Un mois plus tard, les Allemands prendront la ligne Maginot à revers.
10:56Hormis quelques ouvrages de l'Imaginot qui auront combattu,
10:59les autres seront obligés de se rendre après la signature de l'armistice.
11:03Et tous les hommes seront faits prisonniers et envoyés dans les camps en Allemagne.
11:12Tombée entre les mains de l'ennemi, la ligne Maginot devient le bouc émissaire de la défaite.
11:18Les ouvrages sont peu à peu abandonnés, livrés aux ferrailleurs et aux bons vouloirs de la forêt.
11:25Mais depuis les années 80, des associations s'acharnent à les sauvegarder.
11:31A proximité de Thionville, des bénévoles ont redonné vie au casemate du Hubert Buche.
11:41On essaye de rendre à tout le site du Hubert Buche l'allure qu'il avait en 1940,
11:47avec tout ce qui tournait aussi autour des casemates.
11:49Que ce soit les emplacements de tranchées, les mitrailleuses, les postes d'observation qui étaient autour,
11:54et surtout en plus du béton qu'on trouve sur place,
11:58on essaye vraiment de réoccuper les lieux comme ils l'étaient pendant la Seconde Guerre mondiale.
12:03On essaye de replonger un peu tous nos visiteurs dans le contexte de l'époque
12:07et de faire connaître l'histoire de tous ces soldats méconnus de 1940.
12:11C'est Jean.
12:12Une patrouille en avant-poste.
12:18Ici, 3 kilomètres en avant de la ligne.
12:21Très bien, on le tend.
12:21Parfait.
12:22Pour avoir été baignés très jeunes dans le monde de la ligne Maginot,
12:27on était toujours intrigués de voir des blocos, des casemates un peu à l'abandon.
12:31Et puis, on a eu une autre envie, c'est de découvrir la vie des gens qui est à l'intérieur.
12:37Ils se sont battus pour nous, et quand ils sont rentrés à la fin de la Seconde Guerre mondiale,
12:41personne ne les a remerciés.
12:42Au contraire, on les accusait presque de l'acheter en leur disant qu'ils avaient servi à rien.
12:47En ayant fait d'énormes travaux de recherche auprès de certains services d'archives,
12:52on a pu retrouver une grande partie des hommes qui étaient affectés ici,
12:56leur nom, leur provenance,
12:58et on a pu donc recontacter certaines familles
13:00qui ignoraient pratiquement jusqu'au parcours militaire de leurs ancêtres.
13:06Pour comprendre la vie des soldats de Maginot,
13:10les membres de l'association Français comme Allemands
13:12revêtent les uniformes d'époque au cours de reconstitution.
13:17Grâce à ces expériences, nous avons beaucoup plus de choses à raconter aux visiteurs,
13:23et nous le racontons mieux avec le cœur, car nous le vivons.
13:27Pas la guerre en soi, Dieu merci,
13:29mais nous portons tous les deux uniformes,
13:31l'uniforme allemand de la Wehrmacht et l'uniforme français,
13:35parce qu'aujourd'hui, nous sommes amis.
13:37Et c'est parce que nous sommes amis que nous pouvons traiter ensemble de cet événement
13:41et le rendre plus compréhensible pour le visiteur,
13:44parce que l'histoire se perd, et nous devons la maintenir en vie.
13:47Nous ne voulons pas jouer à la guerre, nous voulons raconter l'histoire de manière vivante.
13:55Toujours debout, le regard tourné vers la frontière,
13:59les ouvrages militaires ne vibrent plus au son des canons,
14:02mais sous les souliers des nouvelles générations,
14:04qui luttent pour que la mémoire émerge des profondeurs des bunkers.
14:08Dans les entrailles du village de Sospel,
14:30au cœur des montagnes des Alpes-Maritimes,
14:32une dizaine de passionnés s'attachent depuis près de 30 ans
14:37à redorer l'histoire d'une bataille et des hommes qui l'ont menée.
14:41Je suis arrivé ici, pas tout à fait par hasard,
14:58mais c'est par rapport à l'histoire de mon père qui a fait la bataille de Menton.
15:02Et tout jeune, quand j'ai pu commencer à comprendre, il m'a expliqué sa guerre.
15:09On fait vivre l'histoire et on est très heureux lors des visites de raconter cette histoire-là,
15:16qui pour beaucoup de gens est complètement inconnue.
15:18Mais complètement.
15:19Cet épisode oublié, que Claude et ses camarades veulent réhabiliter,
15:26c'est l'autre histoire de la ligne Maginot.
15:30Dès le début des années 20, traumatisée par les combats de la Première Guerre mondiale,
15:35la France cherche à tout prix à sécuriser son territoire.
15:38Elle imagine un ensemble de fortifications le long de ses frontières,
15:43censées dissuader les ennemis allemands et italiens d'attaquer.
15:46En une dizaine d'années, la ligne Maginot sort de terre.
15:52Ce rempart défensif de 1500 kilomètres réputé infranchissable
15:56s'étend de la mer du Nord à la Méditerranée.
16:01Percé par les Allemands lors de l'envahissement de la France en mai 1940,
16:05ses forces sont devenues les symboles de la défaite et de l'humiliation.
16:11Pourtant, dans le secteur fortifié des Alpes-Maritimes,
16:14c'est une autre histoire qui s'est jouée.
16:17Celle d'ouvrages défensifs, adaptés aux reliefs,
16:21qui ont réussi à tenir Mussolini et ses troupes en respect.
16:25Perdu dans les hauteurs des Alpes-Maritimes,
16:38Saint-Dalmas de Tende est un village frontière.
16:42Français depuis 1947,
16:44le hameau appartient encore au début des années 1920
16:47à l'Italie fasciste de Benito Mussolini.
16:50Le Duce décide d'en faire un symbole
16:53et entreprend la construction d'une gare à cette démesure.
16:57Un bâtiment de 120 mètres de long sur 15 mètres de large
17:00dont Armand Oliviero connaît tous les secrets.
17:04Regardez la forme qu'elle a, la longueur, la largeur.
17:11C'est exceptionnel.
17:12Ils ont construit cette gare,
17:15c'est sous les ordres de Mussolini,
17:16parce qu'ils voulaient la grandeur de l'Italie.
17:18C'est-à-dire que quand on sortait de ce tunnel-là,
17:21on arrivait, on voyait la gare de Saint-Dalmas,
17:23qui est énorme, qui est magnifique.
17:24Et les gens devaient se dire,
17:26mais si la gare de Saint-Dalmas,
17:27où il y a 600 habitants,
17:29elle est grande comme ça,
17:30vous pensez à Turin, c'est quoi le palais de Versailles ?
17:33Dans le coin là-bas,
17:38il y avait une buvette, un restaurant,
17:40et quand le train arrivait,
17:41les voyageurs étaient très contents
17:43de descendre vite et vite pour aller boire un coup,
17:45vous prenez un sandwich
17:46et remontez dans le train qui allait repartir.
17:49Et c'était très apprécié des voyageurs.
17:53Dès le début de sa construction en 1926,
17:56de nombreuses rumeurs
17:57commencent à circuler dans la région.
18:01Alors vous voyez la villa là-bas,
18:02le genre de château,
18:04ça c'est la villa Roca,
18:05construite en 1898
18:07par des riches suisses
18:08qui habitaient à Menton
18:09et en été,
18:10ils venaient se reposer ici.
18:12Et la légende veut que Mussolini
18:15et sa maîtresse venaient dans cette villa,
18:17mais c'est une légende.
18:19On disait aussi qu'ils venaient là
18:20et que par la fenêtre,
18:22ils pouvaient surveiller
18:23l'avancée des travaux
18:24de la grande gare qui était ici.
18:25Vous pensez si Mussolini va venir
18:27pour regarder les travaux ?
18:29Présent ou non à Saint-Dalmas,
18:32Mussolini affiche désormais ses ambitions.
18:35Dès 1926,
18:36il revendique ouvertement
18:38les comtés de Nice et de Menton
18:39comme des possessions italiennes.
18:42Quelques mois plus tard,
18:43l'inauguration de la gare frontière
18:45se transforme en une démonstration de force.
18:47Alors là,
18:50c'est l'inauguration
18:51de la gare de Saint-Dalmas-de-Tende
18:52en 1928.
18:55Mussolini n'y était pas,
18:56mais ça a été fait en grande pompe
18:58avec tous les militaires,
18:59les carabiniers,
19:00les douaniers,
19:02le photographe un peu plus loin,
19:04et énormément de personnes.
19:06Dans le coin,
19:06il y a un enfant
19:07qui doit avoir 4 ou 5 ans
19:08qui fait le salut fasciste
19:10et sa maman
19:11qui est certainement derrière aussi.
19:13Et là,
19:13vous avez le caméraman,
19:14les deux caméramans,
19:15il y en a un là,
19:15qui attendent le train qui arrive.
19:19Face à la menace musselinienne,
19:21la France arrête
19:22une nouvelle stratégie de défense.
19:25Plutôt que de s'en remettre
19:26uniquement à une armée mobile,
19:28elle décide de fortifier
19:29ses frontières
19:30et d'ériger une muraille inviolable,
19:33la ligne Maginot,
19:34du nom du ministre
19:35de la guerre de l'époque.
19:37En septembre 1928,
19:39la construction du tout premier fort
19:41est officiellement lancée
19:43à une soixantaine de kilomètres de Nice,
19:45dans le petit village de Rhin-Place
19:47qui culmine
19:48à plus de 2000 mètres d'altitude.
19:52Vous voyez,
19:52c'est le seul piton rocheux
19:54qu'il y a dans la vallée de la Tine
19:56qui domine donc bien
19:57les deux confluents.
19:59Vous êtes un 360
20:00pour surveiller
20:02toute invasion.
20:04toute invasion.
20:12Au sortir de la Première Guerre mondiale,
20:15l'avion s'impose
20:16comme une nouvelle arme
20:17qui bouleverse
20:18les tactiques de combat.
20:23Pour se protéger
20:24de l'aviation ennemie,
20:26le haut commandement militaire
20:27entreprend de construire
20:28des positions en dur
20:29les plus discrètes possibles,
20:31des forts
20:32enfouis sous terre
20:33au maximum.
20:40Alors,
20:41ces couleurs
20:41peuvent un peu
20:42vous surprendre,
20:43mais ce ne sont pas
20:44des graffitis,
20:45ce sont les couleurs
20:47d'origine de camouflage
20:48qu'il y avait
20:48sur le grand mur
20:49des scarpes
20:50et sur les superstructures.
20:51Donc,
20:52le bordeaux
20:52qui représenterait
20:53les roches rouges
20:55de schiste,
20:55le vert,
20:56bien sûr,
20:56la végétation,
20:57le marron
20:58et le jaune,
20:58un petit peu
20:59les roches
20:59que vous voyez
21:00en surplombe du fort.
21:06Construit sur trois niveaux,
21:08ce dédale
21:09de plus de 4 500 m2
21:11s'enfonce
21:12dans les profondeurs
21:12de la roche
21:13à 30 m sous terre.
21:16Le fort de Rhin-Place
21:17est une véritable
21:18ville souterraine
21:19équipée
21:20de l'électricité
21:21et de l'eau courante
21:22et même d'un bloc opératoire.
21:25Il bénéficie
21:25d'une modernité
21:26unique pour l'époque.
21:28Des technologies
21:29qui permettent
21:30aux 342 militaires
21:31de vivre
21:32dans des conditions optimales
21:33et de se concentrer
21:35uniquement
21:36sur les combats à venir.
21:39Le soldat était là.
21:41Lui,
21:41sa mission
21:42était donc
21:42de surveiller
21:43l'accès
21:44par les chemins
21:45qui arrivaient
21:46de la frontière.
21:47Et on voit
21:48que le confort
21:49là,
21:49il y est
21:49puisqu'il était
21:51des gens
21:51qui ont l'abri
21:52de la pluie.
21:53Il avait
21:53sa petite lampe
21:55qui était relié
21:55par le téléphone
21:57et on voit
21:58que c'est un endroit
21:58qui était chauffé.
22:00Les gaz
22:00étaient aspirés
22:01et donc
22:02il était dans
22:02un relatif confort.
22:06Il y a des chambrés
22:07qui étaient chauffés.
22:09Ils avaient
22:09des points d'eau
22:09pour se laver.
22:10Il n'y a pas de douche
22:11mais il y avait
22:11des lavabos.
22:12Beaucoup de militaires
22:13qui ont été
22:13affectés
22:15durant la guerre
22:17dans cet ouvrage
22:17ont découvert
22:18justement
22:19les ascenseurs ici
22:20puisqu'ils n'en avaient
22:20jamais vus.
22:21c'était souvent
22:21des paysans
22:22des alentours
22:23où on s'imagine
22:24bien qu'ils n'avaient
22:25pas l'électricité
22:25non plus à la maison
22:26et donc ici
22:27c'était une révolution.
22:28Ce modernisme
22:29c'est un peu
22:30aussi la caractéristique
22:32Maginot.
22:35Véritable prototype
22:36de la ligne Maginot,
22:38le fort de Rhinplace
22:39bénéficie
22:40d'une architecture
22:40atypique
22:41dotée de quelques
22:42ornements inédits.
22:45Ils avaient
22:45un petit peu plus
22:46de temps que les autres
22:47puisqu'ils ont démarré
22:48avant et ça a permis
22:50de faire quelques
22:51constructions typiques
22:52à Rhinplace
22:53puisqu'on a de la pierre
22:54à l'intérieur,
22:56on a des fers forgés,
22:57on a des fausses cloches
22:58en fer,
22:59des choses que vous
23:00ne retrouverez pas
23:00dans d'autres Maginot
23:01puisque celui-ci
23:03ça a été celui
23:03où ils ont vu
23:04combien allait coûter
23:05un ouvrage Maginot.
23:06Oui, les ambitions
23:07étaient revues sûrement
23:08un petit peu à la baisse.
23:09Pas sur l'armement non
23:10mais sur certains
23:11conforts
23:12et certaines esthétiques.
23:13il y a dû y avoir
23:14des décisions d'arbitrage
23:15qui ont été faites,
23:16ça c'est sûr.
23:20Mis à part quelques tirs
23:21pour éloigner
23:22les Italiens
23:22de la frontière,
23:24le fort de Rhinplace
23:25ne sera jamais
23:26inquiété par l'ennemi.
23:29C'est à 100 km de là,
23:31plus près du littoral,
23:32que la ligne alpine
23:33est finalement
23:34entrée en action.
23:36Sur les hauteurs
23:37de Menton,
23:38avec sa vue
23:39sans égale
23:39sur la baie,
23:41le village de Saint-Agnès
23:42a toujours été considéré
23:43comme un endroit stratégique.
23:46C'est le bout du littoral,
23:48la frontière ici
23:49sur la gauche,
23:50c'est le Pas-de-la-Mort.
23:52C'est ce lieu
23:53qui est emblématique
23:54parce que choisi
23:55dans un point difficile
23:56à franchir,
23:56une sorte de rocaille
23:57qui tombe sur la mer.
23:58Le site est tout à fait
23:59idéal, on pourrait dire,
24:02pour surveiller à la fois
24:03la dimension montagneuse
24:05qui tombe sur la mer
24:05et en même temps
24:06la dimension maritime.
24:10Dès sa construction
24:11en 1931,
24:13le but du fort
24:14de Saint-Agnès est clair,
24:16empêcher l'ennemi
24:17d'approcher du littoral.
24:19Pour cela,
24:20le bastion dispose
24:21d'une force de frappe
24:22redoutable.
24:24Son bloc d'artillerie sud
24:26fut la casemate frontale
24:27la plus puissamment armée
24:28de toute la ligne Maginot.
24:32Nous sommes dans le bloc
24:33numéro 2,
24:34c'est un bloc de défense,
24:36un système d'artillerie frontale
24:38extrêmement élaboré
24:39pour l'époque.
24:40Voilà un mortier
24:41qui était là
24:43pour prévenir
24:44d'éventuelles attaques
24:45venues de la Méditerranée,
24:46venues de l'Italie.
24:48Un ensemble techniquement
24:50bien élaboré,
24:51vraiment pour cette époque-là.
24:55Après 9 mois
24:56de drôles de guerre,
24:58l'Allemagne passe à l'offensive
24:59en mai 1940.
25:01Une grande partie
25:02des soldats français
25:03basés dans les Alpes
25:04est alors redéployée
25:06sur le front nord.
25:06Ils sont moins de 200 000
25:08à tenir la frontière italienne
25:10face à plus de 400 000 ennemis.
25:13Mussolini en profite
25:14pour attaquer à son tour.
25:17Il va y avoir
25:18une surenchère
25:19de l'armée italienne
25:20avec une ambition
25:21un peu folle de Mussolini
25:22qui aurait été sans livrer
25:23véritablement de combat
25:24de gérer et d'annexer
25:25l'ensemble du sud-est
25:26français jusqu'au Rhône.
25:29Alors que plus de 200 soldats
25:30italiens s'apprêtent
25:31à marcher sur menton,
25:329 chasseurs alpins
25:34postés à la frontière
25:35font de la résistance
25:36grâce au soutien
25:37du fort de Saint-Agnès.
25:40Pendant plusieurs jours,
25:41il y a eu une forme
25:42de résistance
25:43et puis au final,
25:44l'armée italienne
25:44qui n'avait pas forcément
25:45les meilleurs soldats,
25:48les meilleures armes
25:49a réussi à pénétrer
25:49sur le territoire mentonné
25:51et à annexer
25:52la ville de Menton
25:53pendant quelques temps.
25:55On a souvent considéré
25:56que la ligne Maginot
25:57était une ligne
25:57qui n'avait pas servi,
25:58qui n'avait pas eu
25:59d'utilité particulière.
26:00Finalement, ce fort en particulier
26:02tout nettement
26:03a eu une importance
26:05puisqu'il y a eu
26:05des combats,
26:06il y a eu une mobilisation,
26:07il y a eu des soldats
26:08qui se sont battus,
26:09qui ont défendu
26:10les positions
26:11et donc à ce titre-là,
26:13il a été utile.
26:16Après la capitulation
26:17de la France
26:17en juin 1940,
26:20les forts de la ligne alpine
26:21passent successivement
26:23aux mains des Italiens
26:23puis des Allemands
26:24qui s'en servent
26:25pour repousser les Alliés
26:26lors du débarquement
26:27de Provence.
26:28Au lendemain
26:30de la Seconde Guerre mondiale,
26:32la ligne n'est plus
26:33qu'un rempart obsolète
26:34à la réputation abîmée.
26:37Elle reste en éveil
26:38dans le contexte tendu
26:39de la guerre froide
26:40avant de s'endormir
26:42définitivement
26:43au début des années 90.
26:46Aujourd'hui,
26:47ces ouvrages
26:48sont devenus
26:48des lieux de mémoire.
26:49au fort de Laguysin
26:54à Sospel,
26:55des bénévoles
26:56réhabilitent
26:57un à un
26:57tous les mécanismes
26:58d'origine.
27:00Il y a 30 ans
27:01à peu près,
27:03quand l'armée
27:03a laissé le fort,
27:05c'est l'association
27:05qui l'a repris.
27:06C'est pour ça
27:06qu'il est en bon état,
27:07qu'il n'a pas été vandalisé.
27:09On va tru !
27:10C'est une équipe formidable
27:12qui est très sympathique.
27:13On travaille bien
27:14mais on s'amuse bien aussi.
27:14Ça remet en état
27:18un patrimoine.
27:20C'est important quand même.
27:21Vous vous rendez compte
27:21du travail que c'est ?
27:23C'est magnifique
27:23et c'est dommage
27:24de laisser perdre
27:24un patrimoine pareil.
27:26On ne peut pas,
27:26ce n'est pas possible.
27:28Et pour assurer
27:29la pérennité du fort
27:30et de son histoire,
27:32l'association compte
27:33sur ses plus jeunes membres.
27:35La transmission
27:36est importante, oui.
27:37Oui, oui,
27:37la transmission
27:38est importante.
27:38Ça, ça servait à quoi ?
27:40C'était des goûts d'air ?
27:41Non, c'est des goûts d'air.
27:42Absolument, oui.
27:44On leur présente
27:44pas le côté violent
27:46de la guerre.
27:47On leur dit, voilà,
27:47ça c'est en place,
27:48ça existe,
27:49ça servit à ça.
27:49C'est pour ça
27:50que ça a été construit.
27:51Justement,
27:52une si petite cloche,
27:54ça serait un peu bizarre.
27:55Oui.
27:56Et puis après,
27:56ils se font leur idée
27:57mais au moins
27:58ils auront cette culture.
27:59c'est un peu bizarre.
28:00Sous-titrage Société Radio-Canada
28:04Sous-titrage Société Radio-Canada
28:08Sous-titrage Société Radio-Canada
28:11Sous-titrage Société Radio-Canada
28:12Sous-titrage Société Radio-Canada
28:13Sous-titrage Société Radio-Canada
28:19Sous-titrage Société Radio
Écris le tout premier commentaire