- il y a 2 mois
DB - 24-07-2025
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Musique
00:30Au terme d'une enfance aventureuse,
01:00dont les premières années sont marquées par un séjour à Lima dans sa famille maternelle,
01:05et de retour en France dans des collèges religieux dont il acceptera mal la contrainte.
01:10Engagé à 17 ans dans la marine marchande, puis de guerre,
01:14Paul Gauguin, matelot de première classe, revient à Paris en 1871.
01:19Un Paris qui gronde et dont le peuple se dresse contre le gouvernement capitulaire.
01:24Tout le monde descend !
01:36Tout le monde descend !
01:38Tout le monde descend !
01:40Mais c'est pas Paris ici !
01:46Mais non, c'est le terminus, c'est vraiment descendu !
01:49Où sommes-nous ?
01:50Pas loin des Rouges, ma brave dame, pas loin des Rouges !
01:53Là, qu'est-ce qu'il se passe ?
01:54Paris est assiégé ! Il paraît que c'est pas beau à voir !
01:57Ma sœur !
01:58Oui, mon père !
01:59Il faudra lui changer son lancement, voyez-vous !
02:01C'est faisable ?
02:02Oui, je vais essayer !
02:03Bon, très bien, du calme !
02:04On s'occupe beaucoup !
02:07Ah, oui, calme !
02:08J'ai des renseignements absolument précis là-dessus !
02:10Ils pillent les caisses publiques et ils tuent les presses !
02:12Ils ont même martyrisé l'archevêque de Paris !
02:14Ils se croient fort !
02:16Mais enfin, qu'est-ce qu'il se passe ?
02:17Ça s'arrête au Quatre Impost !
02:19Rien à vous dire, eh...
02:22Eh, Timonnier ! Pourquoi on est arrêté ?
02:24Bah, j'en sais rien !
02:26Arrêtez pour toi !
02:29Cinq ans matin, Morveux ! Tu sais ce que ça veut dire ?
02:48Drôle d'armistice !
02:50C'est entre nous qu'on se fait la guerre à présent !
02:52Et les Prussiens qui comptent les coups !
02:55Amusant, non ?
02:58Vous venez de loin ?
03:00Doulon !
03:01Et vous allez où ?
03:03Saint-Cloud !
03:04Ah, ça vous est dit de traverser Paris, alors ?
03:07Vous avez de la famille ?
03:08Personne !
03:10Vous n'avez pas la tête d'un Parisien, vous !
03:13Forcément, je suis indien !
03:14Hein ?
03:15Rien, allez, salut !
03:16Rien, allez, salut !
03:17Rien, allez, salut !
03:18Rien !
03:19Rien !
03:20Rien !
03:21Rien !
03:22Rien !
03:23Rien !
03:29Rien !
03:33Rien !
03:34Rien !
03:35Je suis désolé, madame, mais je n'ai que des reproches à adresser à votre fils.
04:02Les études ne l'intéressent pas. Et fait plus grave, il est brutal, coléreux et fait volontiers le coup de poing, ce qui est inadmissible pour la bonne tenue de notre établissement.
04:14Est-il encore en âge de préparer l'école navale ? C'est un métier qui pourrait lui convenir.
04:19Hélas, madame, il n'aurait aucune chance au concours d'entrée. Il a la lubie des fuites. Il s'est encore évadé deux fois cette semaine. Admettez, madame, qu'on ne peut tolérer une telle inconduite.
04:29Lui avez-vous parlé ? Avez-vous essayé de comprendre pourquoi il a besoin de ses rêves d'évasion ?
04:35Nous lui avons dit quelques mots à ce sujet, oui.
04:38Moi, je n'ai pas besoin de lui parler pour le comprendre. Je devine ses moindres soucis, ses moindres désirs.
04:44Il vit dans un monde où nous n'avons pas accès. Il y a des soleils dans sa tête, des ciels d'orage, des montagnes lointaines, des océans dont nous ignorons les couleurs.
05:00Excusez-moi, monsieur, mais mon fils a eu une enfance un peu trop aventureuse.
05:07Sale cafard !
05:08Seulement moi, je lui ai promis que tu n'allais plus faire de bêtises.
05:12Je les déteste tous. Je les déteste tous.
05:14Je les déteste. J'étouffe chez eux. Un jour, je m'en irai. Ils ne me rattraperont pas.
05:20Je les déteste.
05:21Paul, tu veux donc me faire mourir de chagrin ? Tu ne veux pas me promettre à moi d'être un peu raisonnable ?
05:27Non, maman. Je ne peux pas.
05:30Paul.
05:32Je n'aime pas les adieux, maman. Ceux qui savent se dire adieu ne partent jamais.
05:36Dis-moi au revoir, Rosa Rosa. Tu sais bien qu'ils t'aiment.
05:39Et puis moi, je ne serai pas toujours là.
05:42Allons.
05:44Allons, pleure pas, maman.
05:45Tu sais ce que c'est, la marine ?
05:50Le large.
05:52Et au bout des terres inconnues.
05:54C'est ça que je veux.
05:55Est-ce que tu as assez d'argent ?
05:56Oui.
06:00Au revoir, maman.
06:01Attends.
06:03Ta soeur qui n'est toujours pas là, mais qu'est-ce qu'elle fait ?
06:05Oh, tiens, j'oubliais.
06:09Ça me vient de ma mère.
06:11Ça portera peut-être bonheur.
06:13Garde-le, hein.
06:19Au revoir, mon fils.
06:20Quant à mon fils Paul, qui a su si peu se faire aimer de tous ses amis,
06:29et qui va se trouver bien abandonné,
06:31il devra lui-même faire sa carrière.
06:34Et je sais que vous l'y aiderez, chère à Rosa.
06:38Chère à Rosa.
06:42Chère à Rosa.
06:43Janvier 1867.
06:50Mon cher Paul,
06:52j'ai une bien triste nouvelle à t'apprendre.
06:56Ta chère maman s'est éteinte hier soir,
06:59doucement,
07:01gentiment,
07:03comme elle a vécu.
07:13Paul !
07:18Paul !
07:25Quelle surprise !
07:28Bonjour, monsieur à Rosa.
07:29Quand as-tu débarqué ?
07:31Le 23 avril à Toulon.
07:33Viens, viens, ne restons pas là.
07:37Et tu as pu arriver ici sans encombre ?
07:40J'ai pas traversé Paris, c'est tout.
07:43Tu es passé par la maison, j'imagine, hein ?
07:47Oui.
07:49Affreux, n'est-ce pas ?
07:51Les Prussiens y ont d'abord campé,
07:53et puis, le 27 janvier, la veille de l'armistice,
07:58ils l'ont incendié et pillé avant de partir.
08:02Oui, c'est comme une seconde mort pour moi,
08:04après celle de ma mère.
08:07Je m'en veux beaucoup de ne pas avoir été là pour lui tenir la main.
08:11Elle ne t'a fait aucun reproche, Paul.
08:13Elle t'aimait trop pour cela.
08:17Justement.
08:21Ah, regarde l'insouciance !
08:24Marie, Marguerite, venez !
08:26Tu ne vas plus reconnaître ma fille,
08:29c'était une enfant quand tu nous as quittés.
08:31Oui, oui.
08:32Bonjour, Paul.
08:36Bonjour, Marie.
08:38Ma petite sœur est devenue une femme, maintenant.
08:41Tu te souviens de Paul Gauguin, Marguerite ?
08:43Oh, bien sûr que oui.
08:45Vous êtes revenu pour vous battre, vous aussi ?
08:47Pour se battre ? Grandieu, non !
08:48Pour se reposer, avant tout.
08:50Mon cher Paul, ces deux enfants vont t'installer.
08:52Je ne voudrais pas vous déranger.
08:53Ah, ne sois pas bête, tu es ici chez toi.
08:56D'ailleurs, comme tu verras, ta chambre t'attend.
08:59Maintenant, il faut que tu m'excuses.
09:00Je dois sortir, tenter de sauver de mes affaires
09:02ce qui peut encore être sauvé.
09:04À tout à l'heure.
09:05À tout à l'heure.
09:07Venez.
09:07Allons.
09:25La fierté de mon père.
09:30Vous pourrez épuiser si le cœur vous en dit.
09:37Le salon.
09:40Ma mère reçoit beaucoup, des artistes surtout.
09:43Elle est en ville en ce moment, vous la verrez plus tard.
09:45Au mur, la collection de mon père.
09:47Courbet, encore un Courbet,
09:50Daumier, Delacroix,
09:52Corot.
09:54Vous êtes artiste, Paul ?
09:55Je ne sais pas, je crois, oui.
09:58Pissarro, qui est à nos amis,
09:59l'étalon dans ce moment.
10:01Daumier, Delacroix,
10:03la chambre de mes parents.
10:05La mienne.
10:07Celle de Marie.
10:12Et enfin, l'autre qui vous attend depuis bien longtemps.
10:15Je vais vous faire monter de l'eau chaude.
10:18Le dîner est à 7h30.
10:19À tout à l'heure.
10:20À tout à l'heure.
10:21Allez, viens, Marie.
10:26C'est bien simple, avec tous ces événements,
10:28je n'ose plus sortir de chez moi.
10:30Tu connais Courbet ?
10:32Le peintre ?
10:34Oui.
10:35Eh bien, Courbet a été nommé
10:37ministre des Beaux-Arts de la Commune.
10:39Et c'est-tu ce qu'il a décidé l'autre jour ?
10:42Je sais.
10:43Il a essayé de déboulonner la colonne Vendôme.
10:47Curieux, ce Courbet.
10:49Il a même offert une de ses toiles
10:50pour fabriquer un canon qui porterait son nom.
10:52Les gens les plus sensés ont perdu la tête.
10:55Et vous, Paul, la marine ?
10:57Parlez-nous un peu de vos nombreux voyages.
11:00J'ai aimé la mer par la vie de marin.
11:03Vous savez, un bateau est un peu une prison flottante.
11:07Vous étiez à bord du navire impérial, je crois.
11:10Le...
11:10Le Jérôme Napoléon, oui.
11:11Il s'appelle le de sexe depuis l'armistice.
11:14J'y étais timonier.
11:16Ces voyages, toutes ces rencontres
11:18ont dû te forger une philosophie personnelle.
11:21La guerre ne m'a appris qu'une chose.
11:23Les hommes estimables sont ceux qui se refusent
11:25à la fois à obéir et à commander.
11:28Les autres, jamais je n'en ferai des amis.
11:42Bonjour.
11:45Sous-titrage Société Radio-Canada
12:15Sous-titrage Société Radio-Canada
12:45Belle journée.
13:09Pas pour tout le monde, monsieur.
13:14Pas pour tout le monde.
13:39Sous-titrage Société Radio-Canada
13:44Paul ?
13:51Paul ?
14:13Paul ?
14:14Paul ?
14:17Eh bien, Paul, tu rêves ?
14:20Oui, je rêvais.
14:22À quoi ?
14:23À Lima.
14:25C'est loin, Lima.
14:28C'est loin.
14:28C'est pour moi, ces fleurs ?
14:30C'est pour moi, ces fleurs ?
14:32Non, pour Marguerite.
14:35Ça m'étonnerait.
14:38En tout cas, aujourd'hui, je ne les piétinerai pas.
14:40Qu'est-ce que tu veux dire ?
14:41Tu es heureuse, ici ?
14:45Les arosa sont très gentilles.
14:48Moi, Marie, tu as toujours ce charmant caractère.
14:52Avec un peu de chance, tu arriveras à trouver un mari.
14:55Merci.
14:57Troubable.
15:06Ma...
15:07Ah, mais vous peignez, vous aussi ?
15:11Oui, la peinture est mon passe-temps favori.
15:14Vous êtes tous artistes ?
15:15J'aime les couleurs.
15:17Souvent, d'ailleurs, ma palette est plus réussie que mon tableau.
15:21Il ne restait pas à la planter.
15:23Asseyez-vous sur le lit.
15:25C'est... c'est de vous, ça aussi ?
15:29Ah, non.
15:31Ça, c'est de l'ami de mon père, dont je vous ai parlé, Tarot.
15:36Regardez.
15:37C'est beau, n'est-ce pas ?
15:47Dès son retour de Londres, il viendra nous voir.
15:51C'est très beau.
15:52Vous savez, lui aussi, il connaît les îles du bout du monde.
15:57Il est né dans les îles Vierges.
16:00Il m'a même dit que son père était épicier là-bas.
16:03C'est une possession danoise.
16:05Vous dites ?
16:06Les îles Vierges appartiennent au Danemark.
16:08Vous connaissez les îles Vierges ?
16:11Ah oui.
16:17Comment a-t-on pu en arriver là ?
16:21Les Versaillais à Paris et déjà on parle dix mille morts.
16:25Une nouvelle Saint-Barthéline.
16:31Je vais vous dire, monsieur, après la capitulation honteuse de Paris,
16:36il ne fallait pas fuir à Versailles.
16:38Fallait lutter sur place.
16:40Si j'avais eu de meilleures jambes, moi je l'aurais suivi, Louise Michel.
16:44La Vierge Rouge.
16:48Oui, La Vierge Rouge.
16:49Bonjour, messieurs.
17:03Bonjour.
17:03Bonjour, Maria.
17:06Bonjour, ma petite Maggie.
17:07Bonjour.
17:08Alors, cher Amien ?
17:09Oh, tout ce que j'entends est atroce.
17:13Je me demande si nous ne devrions pas quitter Saint-Cloud
17:15tant la folie est contagieuse.
17:18Fier lui-même.
17:20A perdu la tête.
17:21Et on la perdrait un moins.
17:23Il faut dire que des représailles étaient inévitables.
17:25Parce que les communards,
17:27ils ne se sont pas privés d'en faire des...
17:28Les femmes surtout.
17:32Féroces, les femmes.
17:34Cette Louise Michel,
17:35elle a paraît-il participé à l'assassinat des généraux,
17:38à Montmartre,
17:40et à l'incendie de Paris.
17:42C'est une pétroleuse,
17:44habillée en homme,
17:45avec une ceinture rouge autour de la taille.
17:47C'est sûr.
17:48Une anarchiste, en somme.
17:50C'est à cause du sang des prêtres qu'elle a sur les mains,
17:52qu'ils l'ont surnommée la Vierge Rouge.
17:56Je ne sais pas ce que vous en pensez,
17:58mais moi je devrais...
17:58Pourquoi ne donnez-vous jamais votre opinion ?
18:00Ce monsieur est un ami de votre père, non ?
18:01Plutôt une relation, il vous déplaît ?
18:03Je n'aime pas la façon dont il parle de cette Louise Michel.
18:06Votre jardinier en parle beaucoup mieux.
18:07Et puis cette femme me rappelle ma grand-mère.
18:10Votre grand-mère ?
18:10Oui, ma grand-mère.
18:12Flora Tristan, vous ne connaissez pas son nom ?
18:14La violence attire la violence.
18:21Mais l'armée est tout de même un corps social sur lequel...
18:23Je peux te parler une minute ?
18:24Mais sans doute, ma petite.
18:26Vous m'excusez ?
18:27Je vous en prie.
18:29Alors, qu'est-ce qu'il y a ?
18:30Tu savais que Paul avait une grand-mère ?
18:33Oh, mais tout le monde a une grand-mère, que je sache.
18:36Mais il faut dire que la sienne n'était pas comme les autres.
18:38C'était une femme admirable.
18:42Après s'être battue pour l'émancipation de la femme et l'union des ouvriers.
18:46Elle était ouvrière, elle aussi ?
18:48Ah non.
18:49On dit même qu'elle descendait d'un roi inca.
18:51C'est vrai ?
18:52Oui.
18:53Paul, d'ailleurs, a passé les premières années de sa vie avec sa mère et sa soeur dans un palais de Lima.
18:58Oh, à Lima ?
19:00Oui.
19:01J'espère qu'on va lui faire payer à ce monsieur Courbet et cher.
19:04On est peintre ou on est révolutionnaire, pas les deux.
19:07Je vous assure que Thierry a eu raison d'organiser des représailles.
19:11Tout a fait raison.
19:13Enfin, mettez-vous à sa place, non ?
19:15Et puis l'ordre, cher ami, l'ordre, c'est quelque chose.
19:19Même si son rétablissement entraîne quelque désordre.
19:22Et les crimes qu'ils ont commis ?
19:25Les dépranations de toutes sortes.
19:27Qui nous fera payer au bout du compte ?
19:29Enfin, vous n'allez pas me dire que déboulonner la colonne Vendôme, ça signifie quelque chose.
19:35Déboulonner la colonne Vendôme.
19:37Le conseil de guerre, voilà ce qu'il mérite.
19:51Et sans indulgence, j'espère.
19:56Paul.
19:56Comment voyez-vous cet arbre là-bas ?
20:20De quelle couleur est-il ?
20:21Bleu ou plutôt mauve ?
20:25Vous dites mauve ?
20:27Je dis comme Baudelaire.
20:29Ah les chevaux roses, ah les paysans lilas, ah les fumées rouges.
20:35Le mauve s'obtient en mélangeant deux couleurs fondamentales.
20:42Le bleu et le rouge.
20:44Et c'est en dosant ce mélange que vous obtiendrez la nuance de mauve que vous voyez à l'intérieur de votre tête.
20:52Essayez.
20:52Allez-y.
21:02Allez-y.
21:02Paul, vous connaissez cet air ?
21:31Voilà les paroles.
21:42C'est une chanson qui vient de naître, elle est déjà sur toutes les lèvres.
21:46Quand il reviendra le temps des cerises, pandores, idiots, magistrats, moqueurs, seront tous en fête.
21:57Les bourgeois auront la folie en tête, à l'ombre seront poètes, chanteurs.
22:03Mais quand reviendra le temps des cerises, fleurons bien haut, chasse-paux vengeurs.
22:09Mac Mahon a reconquis Paris rue par rue, mais à quel prix ?
22:17Qu'est devenu Courbet ?
22:19Courbet, il risque six mois de prison et surtout une amende colossale.
22:26Le procès est en cours.
22:28Tu l'as, s'il te plaît.
22:29Merci.
22:33Ah, tant de morts, tant de morts.
22:35Quel cauchemar.
22:38Il est fini, Maria.
22:40On peut rentrer dans Paris ?
22:43Oui, tout va reprendre.
22:45Mais à ce propos, Paul, il faut maintenant penser à toi, en attendant que ta soeur se marie.
22:50Je t'ai ménagé un rendez-vous chez Bertin.
22:53Bertin ?
22:54C'est un agent de change de mes amis, il te fera débuter comme remisier.
22:58Ah, ne t'inquiète pas.
23:00C'est un métier qui ne nécessite aucune connaissance spéciale, seulement du cran et je sais que tu en as.
23:06C'est un métier qui ne nécessite pas de connaissance spéciale.
23:10Les remisiers vont recueillir des ordres d'achat ou de vente auprès des spéculateurs.
23:16Vous les trouverez dans tous les cafés proches de la bourse.
23:20Il faut ajouter qu'en ce moment, il y a peu de transactions.
23:24Mais bientôt, les affaires reprendront.
23:26Nous devons verser 5 milliards de francs aux Allemands, alors.
23:32Oh, pardon.
23:34Non, non, entrez, monsieur Schuffnecker.
23:37Je vous présente votre futur collègue.
23:39Monsieur Paul Gauguin.
23:44Il nous est recommandé par un ami de monsieur Bertin.
23:48Et vous allez l'initier au mystère de votre profession.
23:51Bonjour.
24:03Salut.
24:04Dis donc, t'as vu ?
24:05Il y a un nouveau chez Bertin.
24:07Ah bon ?
24:08Vous commencez à un bon moment.
24:10Depuis la signature du traité de paix, les affaires reprennent.
24:13Si vous plaisez à la clientèle, vous gagnerez très bien votre vie.
24:20Mais les clients, c'est dur.
24:22Oui.
24:24Ils achètent des actions et ils en vendent d'autres.
24:26L'industrie du pays leur appartient.
24:29Vous savez, de toute façon, votre travail est très simple.
24:32Vous allez prendre des actions, à acheter ou à vendre, et vous allez à la corbeille les négocier au meilleur prix.
24:40Si vous faites de bonnes opérations, vous vous attacherez à une clientèle fidèle.
24:44Et vous ferez...
24:44Alors, vous vous lancez ?
24:51Le blanc.
24:56C'est le nouveau amitié, nous allons...
25:03On va faire en plein métier, par la tête, par les pieds,
25:07C'est le nouveau amitié.
25:14Ramasse-leur.
25:22Je suis le nouveau remisier de l'agence Bertin.
25:26Avez-vous des valeurs à me confier ?
25:3029, 30, 31.
25:34Vous avez opéré 32 transactions.
25:38Une excellente journée, dites-moi.
25:41Vous avez compris votre métier en un tour de main, bravo.
25:44Vous avez l'air très doué.
25:47Ça vous intéresse vraiment, la bourse ?
25:50Pas mal, oui.
25:53Ça m'a rapporté combien aujourd'hui ?
25:55Vous aimez l'argent.
26:0112,50 francs.
26:05À ce rythme-là, vous aurez équipage et maison de campagne dans moins d'un an.
26:08Une autre récord.
26:17Non, non, non.
26:20Non, non.
26:21Non, non, non.
26:26Non, non, non.
26:27Non, non, non, non.
26:29Alors, c'est ici que vous passez vos soirées après la bourse.
26:45Et moi qui vous imaginez, fréquentant les trépoux de Montparnasse.
26:49Eh bien, vous vous trompiez.
26:54Je vous présente tout ce que j'aime.
26:57La peinture.
26:59Et aussi insensé que ça puisse vous paraître, c'est par elle qu'un jour j'arriverai à la gloire.
27:11Prenez une feuille, vous aussi.
27:13Si le cœur vous en dit.
27:16Pourquoi pas.
27:29Ah bon ?
27:50Quoi ? Ah bon ?
27:53Rien.
27:55Vous me viez caché ça.
27:57C'est tout.
27:58Mon bon chouf, comment voulez-vous que je vous révèle ce que j'ignore encore moi-même ?
28:03C'est un curieux homme, votre monsieur Pissarro.
28:11Je l'aime beaucoup.
28:12Moi aussi.
28:14Zény.
28:15Eh bien, mon cher ami, voilà une soirée comme nous n'en avions pas vu depuis longtemps.
28:26Bref, vous êtes contents, messieurs.
28:32Une fois de plus, le peuple a perdu la révolution et l'admirable Louise Michel a été déportée en Nouvelle-Calédonie.
28:37Monsieur Thiers, cet ignoble nabot, parangon de laideur et de bêtises, est considéré comme le sauveur de la France.
28:43Bravo !
28:45Pauvre France.
28:47Calmez-vous, mon cher Pissarro, puisque le calme est revenu.
28:51Le calme est revenu.
28:53C'est tout ce que vous trouvez à dire.
28:55Cent mille morts, cela vous paraît peut-être un peu comme prix de votre calme revenu.
28:59Puisque vous semblez les défendre, expliquez-nous donc ce que vous laissez comme une heure.
29:04Oh, une chose très simple, monsieur.
29:05Installez un régime socialiste.
29:09Et tout aussi simple voie de monsieur Thiers, les ont exterminés pour sauvegarder leurs privilèges de classe.
29:16Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?
29:18Sinon, je vais vous donner un exemple.
29:21Ces chefs-d'oeuvre sont destinés au sole regard de quelques privilégiés.
29:24Et c'est bien triste.
29:26On peint pour qui ?
29:27Pour ceux qui ont de l'argent.
29:29Mais ne découragez pas votre clientèle.
29:31J'affirme pourtant que ces toiles seraient mieux à leur place dans un musée, dans un hall de gare ou dans quelque autre lieu public.
29:40Bref, partout pour aller voir les pauvres gens.
29:42Les pauvres gens, comme vous dites, ont voulu changer la société.
29:46Et ils ont échoué.
29:47Oui.
29:49Et la peinture continuera à être acquise par ceux qui ont de l'argent.
29:53Entre deux coups de bourse, on achète des jonquines, des deux gars, des buissarros.
29:57Innoble, tout ça.
29:58Paul.
30:00Camille.
30:01Permettez-moi de vous présenter mon filleul.
30:03Paul Gouguin.
30:04Il est jeune, c'est déjà une qualité.
30:12Qu'attendez-vous de la vie, jeune homme ?
30:14Espérez-vous vous faire une bonne place dans la société ?
30:18De toute façon, gagner beaucoup d'argent, c'est ce qu'on demande aux jeunes maintenant.
30:21Le talent, l'honneur, le génie, foutaise.
30:24Si vous gagnez de l'argent, les imbéciles baisseront leur chapeau.
30:27Et l'on n'est rien sans la considération des imbéciles.
30:31Paul veut peindre, lui aussi.
30:32Marguerite.
30:33Vous peignez ou vous ne peignez pas ?
30:36Je travaille à la bourse et en amateur, je dis bien, en amateur, il m'arrive quelquefois de...
30:41Mon cher ami, vous aurez le droit de dire « je peins » le jour où vous ferez don de votre vie entière à la peinture.
30:48En attendant, trouvez un autre mot pour qualifier vos loisirs.
30:52Vous venez à l'atelier ?
30:54Non.
30:54Alors à demain.
30:55Chouf !
30:55Oui ?
30:56Votre tube de jaune hier, c'était quoi ?
30:58Du chrome.
30:58Oui, merci.
31:03C'est quoi ?
31:03Oui ?
31:04Non.
31:04C'est quoi ?
31:04Oui ?
31:05Oui ?
31:05Non ?
31:06Oui ?
31:07Oui ?
31:08C'est parti.
31:38C'est parti.
32:08C'est parti.
32:38C'est parti.
33:08C'est parti.
33:38On ne vous connaît pas de femme.
33:41Moi encore, ça se conçoit, mais vous, en dehors des séances à l'académie, vous ne sortez jamais.
33:46Alors quoi ?
33:46C'est parti.
34:17J'attends, j'attends, j'attends quoi, j'en sais rien, mais j'attends.
34:21Bon, ça va ? C'est clair ?
34:25Ben oui.
34:26Très bien.
34:27Je puis cessez de m'épier comme un foutu peintre du dimanche que vous êtes et laissez-moi en paix.
34:35Vous êtes pieds, vous êtes pieds.
34:37Je vous aime bien, c'est tout.
34:39De toute façon, vous êtes lyopes, alors.
34:42Ça va, Gauguin ?
34:43Ça va, Gauguin ?
34:45Je vais pas vous confier, hein ?
34:46Oui, pas vous voulez.
34:47Bonjour, Gauguin.
34:48Bonjour.
34:48Ah, bonjour, Jean.
34:49Ça va, les affaires ?
34:50Très bien, très bien.
34:51Gauguin, quelle faction le règne ?
34:53Ça marche, Paul.
35:03Ça marche.
35:04Compliment.
35:05Merci, monsieur.
35:07Dites-moi, Paul, il ne vous arrive jamais de sourire.
35:11Vous semblez toujours insatisfait.
35:15C'est vrai, monsieur.
35:16Avec l'argent que vous gagnez, avec l'avenir doré que vous avez devant vous, c'est ridicule.
35:24Je suis, monsieur, ce que vous ne serez jamais.
35:26Un enfant et un sauvage.
35:29Et l'un et l'autre seront toujours moins ridicules que vous.
35:35Ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah.
36:05La presse, la presse, la presse, demandez la presse !
36:10La presse !
36:12Qu'est-ce qu'il vous arrive ?
36:29Vous ne vous occupez pas de vos clients ?
36:31Eh ben, vous choisissez bien votre jour.
36:34Thiers vient de promettre le remboursement de la dette de guerre avant l'automne.
36:37Autrement dit, les derniers allemands quitteront bientôt la France,
36:39et Paris est la seule ville du monde à n'être pas atteinte par le krach de Vienne.
36:43Le France redevient la monnaie européenne la plus stable.
36:46Et écoutez-moi bien, les paiements en or reprennent.
36:49Tenez, voilà le nouvel écu de 5 francs.
36:51On a perdu la guerre, mais on a gagné la paix.
36:53Et une paix, c'est plus difficile à réussir qu'une guerre !
36:57Quelle heure est-il ?
36:593h moins 10.
37:03Venez !
37:04Mais, discutez pas, venez !
37:06Si je comprends bien, c'est ce que vous attendiez.
37:23Je ne sais pas, je ne sais pas.
37:25Je l'espère pour vous, et je suis bien content.
37:29Bon, eh ben, moi, il faut que j'aille gagner des sous maintenant.
37:32Alors, à demain, Paul.
37:33Quand je pense que nous marchions dans la même ville,
37:52et que nous ne le savions pas.
37:56Copenhague est une grande ville, tu sais.
37:59Oui.
38:00Mais je crois que, dans mon uniforme de la marine impériale,
38:03tu aurais pu me repérer, non ?
38:05Peut-être que je t'ai rencontrée.
38:07Réfléchir, je crois que, oui, nous nous sommes rencontrées.
38:11Nous nous sommes rencontrées, nous nous sommes aimées.
38:13C'est exactement cela.
38:14Il y a trois ans, à Copenhague, nous nous sommes aimées.
38:18Quel bonheur !
38:20Oui, quel bonheur.
38:22Buvant notre troisième anniversaire.
38:23On va danser ?
38:31Oui.
38:32...
38:37...
38:38...
38:42...
38:47Le plus étrange, c'est qu'il y a trois ans, je me promenais dans le Copenhague, effectivement, avec un homme en uniforme.
39:12Et ce n'était pas moi?
39:14Non.
39:15Tu l'as revu depuis?
39:17Le charme des deux filles et des marines fait qu'ils sont toujours absents.
39:22Tu sais ce que j'aurais fait, moi, si j'avais été cette heureuse...
39:25Non.
39:26Quoi?
39:27Je t'aurais emmené sur mon bateau.
39:29Ah!
39:33Tu me laisses ramer?
39:34Si tu veux.
39:47Mais je n'aurais pas voulu.
39:48Je t'aurais manqué.
39:53...
39:57Maitre Sophie Gade, acceptez-vous de prendre pour époux Paul Gauguin, fils de Clovis Gauguin et d'Aline Chazal, tous deux décédés ?
40:14Oui.
40:16Paul Gauguin, acceptez-vous de prendre pour épouse Maitre Sophie Gade, fille de Théodore Gade et d'Émilie Paolsen ?
40:25Oui.
40:25Je vous déclare unis par les liens du mariage.
40:38Finalement, je voudrais savoir une chose.
40:41Comment avez-vous rencontré Paul ?
40:43Un voyage à Paris, un déjeuner dans un bistro avec mon amie Marie Eckhart,
40:49et cet homme qui vient s'asseoir à notre table me regarde et me regarde et me regarde,
40:54et ne cesse de me regarder depuis bientôt huit mois.
40:57Huit mois ? Et il n'en avait jamais rien dit. Décidément, j'ai un fiel étonnant.
41:04Marie Eckhart, je veux parler français ?
41:07Eh bien, voilà Paul avec de l'avancement. Liquidateur, c'est quand même autre chose qu'hormuisier.
41:13Oui, monsieur.
41:14C'est témoin, ma chère belle-sœur. Votre mari m'a défié.
41:18Le peintre danois contre le boursier parisien.
41:22Mais le boursier a beaucoup bourlingué.
41:25Je te rends une revanche.
41:32Tu es heureuse, ma petite sœur ?
41:38Oh, oui, Ngeborg. Oh, je suis sûre que Paul sera un bon mari.
41:42Il est intelligent, travailleur, il aime son métier.
41:46Et si vous voyez, chuf, comment il a arrangé notre appartement ?
41:49Oh, oui, je suis heureuse. Notre mère avait si peur que j'épouse un homme sans avenir.
41:54Il faudra venir nous voir, chuf, et nous apporter des nouvelles peintures.
41:58Oh, si, si, Paul aime énormément ce que vous faites.
42:01Il faut aussi venir nous voir, ma petite belle-sœur. J'espère que nous allons devenir amies.
42:06J'espère aussi, maître, et je vous serai beaucoup de bonheur.
42:19Sous-titrage Société Radio-Canada
42:49Sous-titrage Société Radio-Canada
43:19Sous-titrage Société Radio-Canada
43:49Oh, si, Paul.
44:19Sous-titrage Société Radio-Canada
44:21Sous-titrage Société Radio-Canada
44:49Lion, un très bon signe, nous mettrons au monde un petit prince Inca, que l'esprit des dieux barbares veille sur lui. Le lion, le feu, le soleil.
45:19Tu n'arrêtes pas de dessiner, alors que tu m'avais promis qu'on sortirait.
45:31Demain, Maître, hein, demain ?
45:34Et puis tu remets sans cesse.
45:37Pourquoi ? Tu n'es pas bien chez nous ?
45:40Si, mais j'aime bien sortir aussi.
45:44Un peu de patience, mon chéri. Un peu de patience.
45:56Nous avons passé un hiver charme. Peut-être un peu sauvage pour les autres.
46:03Samedi, nous sommes habités chez les Arosa.
46:07Je suis de ceux que l'a destiné à condamner à leur salle.
46:10Pour avoir trop voyagé, je suis forcé de rester au travail perpétuel.
46:16Nous en prenons notre partie aussi bravement que possible.
46:19J'espère que ma nouvelle robe sera livrée à temps.
46:26Entrez !
46:29Les deux manières l'hombre, monsieur, et les bons du trésor de Puerto Rico.
46:37Merci.
46:40Trésor de Puerto Rico.
46:47Puerto Rico.
46:48Porto Rico.
47:10Le petit lion est devenu vierge.
47:20Qu'il le reste toute sa vie.
47:23Vierge de toute souillure.
47:25Bonjour.
47:36Bonjour.
47:37Bonjour.
47:44Bonjour.
47:47C'est parti.
47:48Sous-titrage MFP.
48:18Sous-titrage MFP.
48:48Sous-titrage MFP.
49:18Sous-titrage MFP.
49:48Sous-titrage MFP.
50:18Sous-titrage MFP.
50:48Sous-titrage MFP.
51:18Sous-titrage MFP.
51:48...
51:50...
51:54...
51:56...
51:58...
52:00...
52:02...
52:04...
52:06...
52:08...
52:10...
52:12...
52:14...
52:16...
52:18...
52:20...
52:22...
52:24...
52:26...
52:28...
52:30...
52:32...
52:34...
52:36...
52:38...
52:40...
52:42...
52:44...
52:46... ...
52:48...
52:50...
52:54... ...
52:56...
53:18...
53:20...
Recommandations
55:02
|
À suivre
55:11
55:09
1:36:44
58:30
55:50
54:59
0:53
59:10
51:58
56:02
27:10
50:35
27:36
15:28
51:07
0:14
55:11
25:22
1:29:21
1:29:32
24:20
1:26:31
1:30:40
Commentaires
1