Tous les samedis et dimanches, Anthony Lebbos et Jeanne Daudet vous accompagnent sur BFMTV avec deux heures d'information. Reportages, pédagogie et nos invités pour comprendre l'actualité, même le weekend.
00:00Tout autre chose maintenant, on en vient au budget après ces annonces mardi dernier concernant le budget.
00:05Le Premier ministre en déplacement hier lors d'une étape du Tour de France a ouvert le temps de la réflexion.
00:10Il a laissé deux mois pour que ce plan soit achevé.
00:15Oui, et Amélie de Montchalin, la ministre du Budget, dans les colonnes de la tribune dimanche,
00:20veut aboutir à un projet de budget d'ici septembre.
00:24Voici ce qu'elle dit avec Éric Lombard, le ministre de l'Économie et des Finances.
00:26D'ici septembre, nous souhaitons aboutir à un projet de budget fort qui rassemble le socle commun.
00:32Ensuite, nous nous ouvrirons aux autres forces politiques.
00:35Avec nous, Aurore Malval du magazine Marianne, Victor Hérault, également journaliste à Valeur Actuelle.
00:42On va remettre la citation d'Amélie de Montchalin parce qu'elle est intéressante.
00:46Amélie de Montchalin, la ministre du Budget, a dit qu'il faut un projet qui rassemble le socle commun.
00:50Mais même au sein du socle commun, il y a des divisions de partout, Aurore.
00:53Oui, effectivement, personne n'est très emballé par ce plan présenté par François Bayrou.
01:00Alors, les critiques ont été, je dirais, en plusieurs temps.
01:03D'abord, ça a été le silence du côté notamment des Républicains qui ont mis un certain temps avant de prendre la parole et de s'exprimer.
01:10Alors, certes, avec des critiques qui se voulaient mesurer.
01:13Laurent Wauquiez disant, je laisse à d'autres de brandir la menace de la censure.
01:21Bon, encore heureux parce qu'il fait quand même partie du gouvernement et son parti fait partie du gouvernement.
01:26Donc, il est censé être un soutien quand même de cette politique.
01:30C'est vrai que François Bayrou a quand même travaillé assez seul pour bâtir ce plan.
01:34Et donc, ça a coincé aussi à ce niveau-là.
01:37Certains députés, notamment je pense à des députés par exemple Horizon, ont peut-être regretté de ne pas avoir été assez consultés.
01:43Et même, je dirais d'ailleurs, des députés macronistes qui auraient eu quelques suggestions.
01:48Édouard Philippe a dit d'ailleurs chez le confrère du Parisien que tout ce qui a été proposé ne règleraient rien.
01:53Sur quelles concessions le gouvernement peut aller, Victor, chercher quelques soutiens ?
01:59Qu'est-ce que concrètement ils vont aller chercher ?
02:01Parce qu'il y a quand même beaucoup, beaucoup de choses qui font polémique aujourd'hui.
02:03On n'a pas l'impression qu'il y a grand-chose qui remporte sur le moment.
02:05Exactement. Ça, je pense que l'aspect polémique des propositions qui sont aujourd'hui, c'est assez malin.
02:10Parce qu'en fait, c'est une...
02:11Ça ouvre le débat.
02:12Vous savez, quand on entre en négociation avec quelqu'un, on exige d'abord trop pour obtenir assez à la fin.
02:18C'est comme ça que ça marche.
02:19Donc, François Bayrou aura l'impression, aura l'image d'un Premier ministre qui aura su reculer sur certaines choses en disant
02:27« Je fais des concessions, d'accord, les deux jours fériés, finalement, on oublie cette histoire-là. »
02:32Peut-être qu'un seul.
02:32C'est un chiffre rouge complet.
02:33Taxation sur les riches aussi.
02:35Il a été flou dans sa conférence de presse.
02:37Il a été volontairement flou, justement, pour pouvoir attraper un petit peu à droite, attraper un petit peu à gauche.
02:43Maintenant, vous l'avez dit, la difficulté, c'est que si Amélie de Monchalindy, il va falloir aller chercher le socle commun.
02:48C'est que c'est déjà une énorme difficulté.
02:49Mais il faut comprendre aussi que les exigences du socle commun sont exactement à l'inverse de celles du Rassemblement National
02:54et de celles du, nous vous ferons populaire, si on peut encore l'appeler comme ça, mais des gauches en tout cas.
02:58Donc, s'il y a déjà difficulté à aller chercher les partenaires du socle commun, y compris LR, qui est un partenaire qui s'éloigne de plus en plus,
03:05c'est dire à quel point il va être difficile de récupérer et le Rassemblement National et, ou en tous les cas, le Parti Socialiste,
03:10puisqu'il faut au moins l'un des deux dans sa poche pour ne pas tomber.
03:12– Effectivement, et j'ajouterais aussi, même les macronistes, on voyait que François Bayrou marchait sur un fil,
03:18c'est-à-dire qu'il présente un budget pour faire presque 44 milliards d'économies,
03:22sans quasiment faire l'inventaire de la politique justement menée par Emmanuel Macron ces précédentes années,
03:29qui, dans une certaine mesure, a amené à cette situation.
03:32– Vous pensez qu'il aurait fallu faire une autocritique avant même de poser le débat ?
03:35– Non, je pense que François Bayrou était obligé de marcher comme ça sur un fil pour ne pas faire la critique vraiment franche d'Emmanuel Macron,
03:42mais tout en proposant des mesures qui, finalement, allaient forcément d'une certaine manière en venir.
03:47– La critique se fait beaucoup.
03:48– La critique se fait beaucoup, mais lorsque François Bayrou parle notamment de la taxation des plus hauts revenus,
03:54alors il ne parle pas justement de la taxation du patrimoine, qui est une ligne rouge justement pour Emmanuel Macron.
03:59– Vous parlez de la taxe Zuckman, qui est demandée notamment par la gauche,
04:01qui serait une forme de retour d'impôt sur la fortune.
04:05Et notamment la question des entreprises.
04:07On voit, lorsqu'il amène, il le cite, il parle des 211 milliards d'aides aux entreprises,
04:12mais là, il assez, je dirais, astucieusement, en tout cas c'est très François Bayrou,
04:17il essaye d'emmener, ce sera au Parlement, de voir un petit peu s'il pourrait y avoir un dispositif de contrôle.
04:22Donc il en parle, mais sans en tirer une leçon,
04:25et ni en amenant finalement une proposition concrète pour parler de cette question-là.
04:30– Est-ce que vous jugez, Victor, que déjà le constat de la crise budgétaire,
04:33de la situation grave dans laquelle se trouve la France actuellement,
04:35est bien perçu par tous, que ce soit de la classe politique,
04:37mais également dans l'opinion publique,
04:40parce que le président de la Cour des comptes, par exemple, Pierre Moscovici,
04:42interrogé par nos confrères du Parisien ce matin,
04:44lui semble très inquiet, comme beaucoup.
04:47C'est un effort maintenant ou l'austérité demain, dit-il.
04:50Est-ce que vous pensez que ce message-là, déjà ce message-là, est compris et accepté par tous ?
04:55– Alors, ça c'est le problème, vous connaissez l'histoire de l'enfant qui criait au loup.
04:58Le problème, c'est que cette rengaine-là, les Français et les partis politiques l'ont entendu plusieurs fois.
05:03– Trop de fois ?
05:04– Trop de fois, probablement, et trop de fois lorsque ce n'était pas nécessaire.
05:07Là, moi je mets à vie qu'il est aujourd'hui effectivement nécessaire
05:11de trouver un budget qui rétablisse rapidement les comptes,
05:13parce que là on va droit dans le mur.
05:14Mais, on a tellement dit ça, si vous voulez, qu'il est compliqué de faire passer la pilule une fois de trop.
05:20Maintenant, le souci vis-à-vis également de François Bayrou sur ce sujet-là,
05:24à mon avis, ces mesures sont trop peu, mais à cause du Parlement,
05:27sont trop peu pertinentes ou en tous les cas fortes.
05:31Et deuxièmement, Michel Barnier avait l'argument de l'année blanche derrière.
05:34L'année blanche, c'est le projet de François Bayrou,
05:36c'est-à-dire qu'il n'y a même plus l'argument derrière d'une pression
05:39si on n'arrive pas à faire passer ce budget.
05:40C'est-à-dire qu'il n'y a même plus l'argument.
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