série eino 3 - Vidéo Dailymotion

bernard sensfelder

il y a 5 mois

Ce n'est pas dans la tête que ça se passe !
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Éducation

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00:00Bonjour, lorsque quelqu'un ne va pas bien, je parle de trucs entre guillemets psy, de

00:10l'angoisse, du mal-être, des symptômes, etc. Déjà parlé dans le premier podcast. Lorsque

00:19quelqu'un ne va pas bien, il se pose la question de pourquoi est-ce que je ne vais pas bien. En

00:25fait, il rentre sans s'en rendre compte dans un postulat qui est que si on comprend pourquoi

00:34on va mal, on ira bien ou on ira mieux. C'est-à-dire que la réaction face à un symptôme, la réaction

00:44face à un mal-être, etc., c'est une recherche de compréhension, c'est du mental, c'est de la

00:51pensée. C'est-à-dire que derrière ce premier postulat qui est que pour aller mieux il faut

00:58comprendre pourquoi on va mal, il y a un deuxième postulat qui est que tout est contrôlé, tout est

01:04décidé par la pensée. Très très important parce que les gens partent là-dessus, c'est-à-dire que moi je

01:12reçois des gens qui me disent je voudrais comprendre pourquoi je ne vais pas bien. Mais si on observe un

01:21petit peu les choses, un petit peu, lorsque nous disons que nous n'allons pas bien, nous ne parlons pas de

01:31pensée. Nous parlons de ce que nous ressentons, nous parlons de sensation.

01:40Quelqu'un qui dit je suis angoissé, il ne l'a pas constaté qu'il était angoissé

01:46parce que il a pensé de telle façon, etc. Il l'a constaté parce qu'il se ressent

01:54comme angoissé. Alors vous allez me dire oui mais quand on se sent angoissé, on a des pensées qui ne

02:01vont pas. Oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui. On peut même aller encore plus loin. Il y a des

02:07personnes qui ont des pensées qui tournent en boucle dans leur tête, ça tourne, ça tourne, ça

02:13peut même les empêcher de dormir, enfin etc. Et du coup ils ne ressentent rien de ce qui se passe dans

02:19leur corps. Donc du coup ils vont dire j'ai pas de ressenti, donc c'est pas ça le problème. Ça peut

02:25sembler être une explication, effectivement. Et si, et si en fait, si on était dans les pensées parce

02:33que ce qu'on ressent est tellement désagréable, tellement insupportable qu'il y a une protection

02:39qui se met en marche qui fait qu'on est polarisé sur nos pensées au lieu d'être polarisé sur ce qu'on

02:44ressent. Ah, ça peut être intéressant de regarder les choses comme ça. Peut-être même

02:52qu'il y a des gens qui en fait sont sans arrêt coupés de leur ressenti, de ce qui se passe

02:57dans leur corps parce qu'un jour ça a été insupportable. Peut-être. Bien. Observez bien

03:05comment les choses se passent dans vous. Il y a une sensation. Ensuite il y a une émotion

03:15et tout ça, ça devient une pensée. Alors vous allez me dire d'où est-ce qui sort ça ? C'est

03:19très très simple. Des neurosciences. Je vous invite à lire les travaux de Damasio et

03:23d'autres. Antonio Rodrigo Damasio, pas Alain Damasio. Alain Damasio c'est très très bien.

03:28Si vous pouvez lire, ce n'est pas moi qui vais vous dire le contraire, mais ce n'est pas des

03:31neurosciences, c'est de la littérature. Donc les travaux de Damasio en neurosciences ont montré

03:37que lorsque les informations arrivent au cerveau, elles arrivent dans une première

03:44zone, on appelle la théorie des trois cerveaux, qui est une théorie un peu simpliste mais ça

03:50fonctionne pas mal, on appelle le reptilien, c'est-à-dire la zone qui s'occupe des besoins

03:55primaires et des sensations, c'est-à-dire que lorsque les informations arrivent au niveau

04:02du cerveau, elles sont d'abord traitées en tant que sensations. Ça c'est très important.

04:08Après, c'est-à-dire une fois que ça a traversé la zone des sensations, ça arrive dans ce qu'on

04:16appelle le système limbique, c'est un truc très complexe, c'est-à-dire les émotions. Et

04:22en dernier, en dernier, il y a les pensées. C'est ce qui faisait dire à Damasio lorsqu'il

04:31a découvert tout ça autour de 2003, que la pensée était un effet secondaire des émotions.

04:37Intéressant comme inversion des choses par rapport à ce qu'on a spontanément, on a l'impression

04:41que la pensée contrôle tout. Eh ben non ! Alors, on peut déclencher des émotions en

04:49s'appuyant sur des pensées. Par la pensée, on peut déclencher des émotions. Par la pensée,

04:56c'est compliqué, mais on peut y arriver, on peut même déclencher des sensations. Mais alors,

05:01qu'est-ce qui se passe ? Si on pose les choses, on y reviendra dans le prochain podcast, mais si on

05:08pose les choses, il y a le réel qui nous entoure. Et puis, à partir de là, il y a des arrivées

05:14d'informations qui donnent des sensations. Donc, les sensations, elles sont assez proches du réel.

05:19Et puis ensuite, il y a les émotions. Donc, deuxième truc, on commence à s'éloigner du réel. Et en

05:26dernier, il y a les pensées. Et les pensées sont dépendantes de tout ce qui s'est passé avant,

05:31même si on ne s'en est pas rendu compte. C'est-à-dire qu'elles sont dépendantes des sensations. Bien.

05:36Quand on va chercher des émotions ou des sensations à partir des pensées, on s'éloigne encore plus du

05:50réel. Un petit peu comme si les choses arrivent, elles sont déformées une première fois, elles sont

05:58déformées une deuxième fois, elles sont déformées une troisième fois, ça s'appelle la pensée, et que

06:02sur cette troisième déformation, on allait à nouveau déformer les choses. Donc, plus on crée à partir de

06:09la pensée, plus on s'éloigne du réel. Or, or, on y reviendra, plus on sera proche du réel,

06:15mieux on se sent. Plus on s'en éloigne, plus ça va mal. Et surtout, ce qu'on va faire, c'est que par

06:22la pensée, on va créer des systèmes de contrôle. C'est-à-dire que quelqu'un ne va pas bien,

06:28sensation, donc, il se polarise sur sa pensée et il va construire un couvercle. Il va construire un

06:38mouchoir à mettre dessus, il va mettre ça de côté. Du coup, effectivement, il va se sentir mieux.

06:43Sensation. Il va se sentir mieux et du coup, il aura l'impression que le truc est résolu, alors que

06:49pas du tout. Il est recouvert, il est mis de côté. D'ailleurs, si vous prenez tous les travaux de la

06:54psychologie, de la psychanalyse, etc., il n'est jamais question de résoudre réellement les causes du

07:02mal-être, l'angoisse, etc., il est question de la transformer, de la sublimer, etc. Et c'est très

07:10très bien expliqué et c'est très clair et très juste. C'est-à-dire que quand on passe par le mental,

07:16on ne résout pas. Ceci dit, ça permet du mieux-être, mais ça ne résout pas les causes. Et ça,

07:24c'est très très important parce que comme la cause n'est pas résolue, à un moment, il faut y retourner.

07:29Évidemment. Bon. Mais pourquoi pas ? Dans la vie de tous les jours, le fait de mettre de côté un petit

07:37peu, puis les choses se transforment, etc., on n'est plus embêté par ça, on n'y pense plus. Pourquoi pas ? Encore

07:42une fois. C'est-à-dire que le fait de comprendre, ça ne permet pas de résoudre, mais ça permet d'aller

07:49mieux, au moins pendant un temps. Alors, on a une eau où on s'intéresse à résoudre. Je vous l'ai expliqué,

07:55la cause, l'effet, n'est-ce pas ? On s'intéresse aux causes, on s'intéresse à permettre aux causes qui sont

08:01dans le corps de disparaître. Alors, qui sont dans le corps, ben oui, il est question de sensations. Et les

08:06sensations, c'est quoi ? Ben, c'est tout ce qui se passe partout dans le corps. Donc ça, c'est

08:12une inversion, en fait. Tout le monde dit, ouais, ce qui t'arrive, c'est dans la tête. Ben, non. Mes pensées,

08:23elles sont dans ma tête. Ça, c'est très clair. Mon cerveau, il est dans ma tête. Ça, c'est clair, etc. Mais ce qui va

08:28créer, ce qui va être à la base des sensations, c'est pas dans la tête. C'est partout dans le corps. Le corps,

08:37la tête n'étant qu'un petit morceau du corps, important, mais un petit morceau du corps. Donc,

08:46quand on pose les choses, lorsque quelqu'un ne va pas bien, ce n'est pas un problème de pensée,

08:51c'est un problème de sensation. Donc, il va falloir s'occuper des sensations. Ça paraît assez évident, dit comme ça.

09:00Le mal-être, sensation désagréable, c'est pas dans la tête que ça se passe, c'est dans le corps. Partout dans le corps,

09:11n'importe où dans le corps, etc. C'est une sacrée inversion à laquelle je vous amène là. On a l'habitude de séparer la tête,

09:24le reste du corps, etc. Le mal-être, il est partout et les pensées, effectivement, se fabriquent dans la tête.

09:34Alors, vous allez me dire, oui, mais la sensation, c'est quelque chose qui se fabrique dans le cerveau. Oui,

09:38mais ça se fabrique à partir des informations reçues par le reste du corps, évidemment. Donc,

09:46observez, observons nos sensations. Laissons venir nos sensations. Pas n'importe comment, pas etc.

09:57Mais observons, soyons présents à nos sensations. C'est intéressant, ça, parce que c'est marrant,

10:03ça rejoint plein, plein, plein de pratiques zen, zazen, des pratiques de vipassana, pratiques de yoga,

10:17pratiques de... Plein de pratiques comme ça. Pareil, pas tant que ça, des pratiques occidentales,

10:24mais des pratiques un peu bizarres, comme on va dire. On va prendre un exemple que je connais bien,

10:31c'est pour ça que je le rends comme exemple. Une personne qui pratique zazen,

10:36elle s'assoit dans une posture pas très, très simple à adopter. Donc, elle a des sensations,

10:41parce qu'au début, ça fait mal, au moins au genou, un peu au dos aussi, etc. Donc, la personne,

10:47tout ce qu'on lui demande, c'est d'observer. C'est d'observer ce qui se passe, d'observer sa respiration,

10:56d'observer les pensées qui viennent, mais de ne pas les accrocher, de toucher la pensée,

11:01mais pas de la saisir. Et donc, de laisser les choses se faire et d'observer ce qui vient

11:07quand elle ne fait rien pendant longtemps, quand il ne se passe rien autour d'elle,

11:12face à un mur, ce n'est pas passionnant. Et donc, d'être très attentif, du coup, aux sensations.

11:19Et puis, évidemment, qu'est-ce qui se passe ? On constate qu'on part dans le mental,

11:22évidemment, c'est-à-dire qu'on n'est plus présent à ce qui est réellement en train de se passer.

11:25C'est un peu dommage, ça passe vite une vie. Et ça vaut peut-être le coup d'être attentif à ce qu'on est en train de vivre.

11:35Mais être attentif à ce qu'on est en train de vivre, ce n'est pas être attentif à ce qu'on est en train de penser.

11:41Vous savez, il y a tout ce qu'on appelle la pleine conscience.

11:44Les gens, ils connaissent la pleine conscience, ils ont au moins entendu le terme.

11:48La pleine conscience, ce n'est pas un truc de mental, c'est un truc de ressentir, de descendre dans le ressenti.

11:58Tenez, entraînez-vous à ressentir des choses.

12:02Par exemple, quand vous marchez, le dessous de vos pieds, il est en contact avec au moins vos chaussures, vos chaussettes, etc.

12:10Mais on va dire qu'il est en contact avec le sol, c'est-à-dire qu'il y a des sensations.

12:14Il y a les sensations du mouvement des pieds, surtout du contact.

12:17Il y a les sensations de la respiration.

12:21Souvent, quand les gens vont quelque part, ils sont préoccupés parce qu'ils sont en train de penser.

12:29Il y a eu un bouquin il y a longtemps qui s'appelait le Papalagoui, qui est un livre extraordinaire,

12:33un petit bouquin du début du XXe siècle, dans lequel il y avait un chef de tribu qui regardait les Papalagoui,

12:43c'est-à-dire les Blancs, et qui ne les comprenait pas.

12:45Parce qu'il disait, vous êtes en train de traverser, vous attendez un bateau pour traverser,

12:50pendant que vous attendez, vous n'êtes déjà pas content parce que vous vous attendez,

12:53parce que vous êtes en retard sur ce que vous allez faire après.

12:56Donc vous n'êtes pas présent à ce qui est en train de se passer.

12:58C'est-à-dire les sensations qui sont en train de se passer à l'intérieur de vous.

13:02Ensuite, vous êtes sur le bateau, et quand vous êtes sur le bateau,

13:06au lieu d'être présent aux sensations, c'est-à-dire à ce qui est en train de se passer,

13:11le fait d'être sur le bateau, vous êtes déjà sur ce que vous allez faire

13:15une fois que vous serez arrivé de l'autre côté.

13:17Et puis une fois que vous êtes arrivé de l'autre côté, c'est reparti.

13:21Et bien oui, ce chef de tribu avait tout à fait raison.

13:25Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas penser.

13:28Ça veut dire qu'il faut, enfin qu'il faut, qu'il y a lieu.

13:31Il faut, il y a une notion de culpabilité derrière, donc ce n'est pas très fin.

13:36Il y a lieu de remettre la pensée, qui peut être quelque chose de génial,

13:40de fondamental, de super important, etc., mais à sa juste place.

13:45Il ne s'agit pas que les pensées nous empêchent de profiter du fait d'être vivant.

13:54Lorsqu'une personne pratique des trucs de méditation, de machin, de centrage, etc.

14:05Ça arrive que la pensée s'arrête.

14:10La première fois, ça fait bizarre.

14:11Alors du coup, évidemment, on se demande ce qui se passe.

14:12Du coup, la pensée, hi hi, air des mains.

14:14Mais bon.

14:16Mais il y a un truc qu'il faut savoir, c'est que quand la pensée s'arrête, c'est le pied.

14:19Et après, on arrête que ça recommence.

14:26Alors, prenons les choses.

14:29On passe notre temps à s'occuper des pensées, c'est-à-dire d'une petite zone du cerveau.

14:33Et quand cette petite zone du cerveau, on ne la capte plus, on est content.

14:43Mais s'arrêter pour s'occuper du fait qu'on est en train de respirer,

14:50pour s'occuper de l'inspiration, de la pause qu'il y a après,

14:54de l'expiration, de la pause qu'il y a après,

14:56pour être complètement présent à ça, pour pleinement le ressentir.

15:00Et ce n'est pas quelque chose de stable, ça évolue, ça bouge, ce ressenti.

15:04Eh bien, ça, on ne le fait pas.

15:08Alors que je ne voudrais pas dire, mais quand la pensée s'arrête, c'est le pied.

15:12Quand la respiration s'arrête, eh bien, ça s'appelle mourir.

15:18Donc, quand elle s'arrête complètement.

15:20Donc, c'est peut-être important d'être attentif à la respiration,

15:27d'être attentif au contact du corps avec son environnement.

15:33Mais même quand on ne va pas bien, puisque c'est une question de sensation.

15:37Donc, revenons sans arrêt sur les sensations, soyons attentifs à nos sensations.

15:41Et lorsqu'il y a de l'angoisse, allons chercher dans les sensations,

15:46au lieu d'aller chercher dans la pensée.

15:49Travaillons sur nos sensations.

15:54Évidemment, tout ça va être approfondi dans les prochains épisodes.

15:59À bientôt. Au revoir.

16:01Sous-titrage Société Radio-Canada

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