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  • 25/05/2024
Avec Myriam Benraad, politologue spécialiste du Moyen-Orient, professeure en relations internationales à l’Université Internationale Schiller (Paris)

On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.

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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2024-05-25##

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Transcription
00:00 (Générique)
00:04 On décrypte le monde avec notre invitée Myriam Benrad. Bonjour à vous !
00:08 Bonjour !
00:10 Politologue, spécialiste du Moyen-Orient, professeure en relations internationales
00:14 à l'Université internationale Schiller de Paris.
00:17 Une nouvelle voix et non des moindres aujourd'hui s'élève en France,
00:20 dans la presse française, dans les lignes du Parisien aujourd'hui en France,
00:23 l'ancien ministre des Affaires étrangères, Gérald de Le...
00:27 Oui, monsieur Le Drian, qui nous explique, je cite,
00:30 "la reconnaissance d'un État palestinien est devenue indispensable".
00:33 Question Myriam Benrad, pourquoi la France, à ce stade,
00:36 n'a toujours pas reconnu un État palestinien, contrairement par exemple
00:40 à ceux qui viennent de le faire en Europe, comme l'Espagne, l'Irlande ou la Norvège ?
00:44 Tout simplement parce que, d'une part, on est encore dans le temps de la guerre,
00:50 je pense que c'est quand même très important de souligner que,
00:54 en matière de relations internationales et notamment de droits internationaux,
00:59 il était fondamental pour la France de dire un mot de cet État de Palestine
01:05 qui est évoqué depuis des décennies, et puis au moment où ces trois pays européens
01:10 appellent à la création de cet État palestinien,
01:13 dans le même temps, personne n'est dupe, la guerre continue,
01:16 les conditions ne sont pas réunies pour qu'un tel État voit le jour.
01:21 Israël évidemment s'y oppose en y voyant la reconnaissance du 7 octobre
01:28 et des actes de terrorisme qu'ils l'ont visé, d'où la coulère d'un certain nombre de dirigeants israéliens.
01:35 Les États-Unis surtout s'y opposent, donc c'est purement symbolique à mon avis,
01:40 si vous voulez, encore une fois, dans un souci de rappeler la norme internationale,
01:45 mais au-delà, personne n'est naïf, ce n'est pas pour demain.
01:50 Ce n'est pas pour demain pour la France, pourtant je le dis, la France ne le reconnaît pas.
01:54 Trois États européens ont annoncé leur intention de reconnaître la Palestine,
02:00 mais aujourd'hui, 143 pays dans le monde reconnaissent la Palestine.
02:06 On a l'impression que c'est une spécificité occidentale de ne pas reconnaître cet État, pourquoi ?
02:15 Il y a encore une fois la difficulté de reconnaître un État pour plusieurs raisons.
02:22 D'une part, je viens de le mentionner, le recours au terrorisme qui caractérise le mouvement Hamas,
02:28 mais qui a été aussi la stratégie longtemps favorisée par le OLP, par Yasser Arafat,
02:32 qui a tout de même aussi largement miné la perspective de création d'un État palestinien.
02:37 Il y a ensuite la réalité territoriale de ce qu'aurait un État palestinien.
02:42 Or, aujourd'hui, les Palestiniens sont divisés entre la bande de Gaza et la Cisjordanie,
02:47 qui elle-même est occupée depuis 1967 et on le voit coloniser de plus en plus avec une démographie qui change.
02:54 Donc, de manière très pragmatique, au-delà des principes, encore une fois, qu'on peut rappeler,
02:59 qui sont fondamentaux, je ne dis pas le contraire, comment donner vie, donner corps à cet État
03:04 et qui le gouvernerait ?
03:06 Est-ce que cette gouvernance serait acceptable par les Israéliens ?
03:09 Si vous voulez, depuis le 7 octobre, tout cela est complètement abstrait
03:13 parce que les Israéliens ont en tête la gouvernance du Hamas pour le moment.
03:17 Du côté palestinien, on parle d'une éventuelle prise de pouvoir de l'autorité palestinienne à Gaza,
03:26 les Israéliens en parlent aussi, mais ça reste aussi très abstrait dans la mesure
03:30 où cette même autorité palestinienne a quand même largement échoué en Cisjordanie.
03:34 Donc aujourd'hui, c'est encore une fois purement symbolique, ça ne veut rien dire
03:39 et ça ne veut encore moins dire quelque chose si on considère l'après-guerre à Gaza,
03:47 qui va gouverner Gaza.
03:48 On s'oriente quand même de plus en plus de manière, encore une fois, très pratique
03:53 vers une présence israélienne de longue durée, parce qu'on n'a pas non plus de déclaration
03:59 dans le sens de l'envoi d'une force internationale,
04:01 ou tous les scénarios, ce type de scénario qu'on avait pu évoquer un temps.
04:05 Donc revenons quand même à un peu de pragmatisme dans cette histoire.
04:09 Une dernière question, quand on vous entend Myriam Benrad,
04:12 est-ce que ça signifie pour vous à ce stade la fameuse solution à deux États
04:16 qui permettrait à un État palestinien indépendant d'exister juste à côté d'un État israélien ?
04:23 Cette solution à deux États, aujourd'hui, elle est impossible.
04:29 Oui, pour toutes les raisons que je viens d'évoquer,
04:33 elle est aujourd'hui en fait une solution de pure façade, de pure forme,
04:37 qui est proposée parce qu'on n'a rien d'autre.
04:39 En réalité, depuis l'échec des accords d'Oslo,
04:42 personne n'a été capable de mettre sur la table une autre solution.
04:46 On a parlé d'État binational, avec reconnaissance de droit égaux entre Palestiniens et Israéliens,
04:52 mais enfin, on en est aussi, vous l'imaginez, très loin,
04:55 parce que c'est une solution qui est inacceptable du côté israélien,
05:00 et puis aussi d'ailleurs du côté palestinien.
05:02 Donc on va sans doute revenir à une espèce de statu quo,
05:06 mais enfin qui n'en sera plus vraiment un,
05:08 parce que tout est devenu extrêmement violent.
05:11 Ça l'était déjà, mais alors là, on n'est absolument plus dans le dialogue entre les deux parties.
05:16 Donc la communauté internationale émet toutes ses formules, ses grandes solutions,
05:22 mais encore une fois, ça ne va pas, à mon avis, conduire à quelque chose dans les faits.
05:26 Donc je crois qu'il faut quand même aussi le dire au moment où ce genre de déclaration
05:32 aussi va faire espérer des solutions miracles,
05:35 alors qu'il n'y en a pas, ni pour un côté, ni pour l'autre.
05:37 Et on reste donc dans une impasse.
05:39 Et que ces deux parties sont les seules à pouvoir trouver, en fait, à s'entendre sur une solution.
05:44 À supposer qu'elles le veuillent, ces deux parties.
05:46 On reste dans une impasse, et malheureusement sanglante, de part et d'autre.
05:49 Je le rappelle, hier, l'armée israélienne a annoncé avoir découvert le corps d'un otage franco-israélien.
05:55 On rappelle aussi que les opérations militaires continuent à faire beaucoup de victimes,
05:59 civiles notamment, mais pas que, dans la bande de Gaza.
06:02 Merci Myriam Benrad pour ce nouvel éclairage.

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