Céline Pina : "La gauche s’emmêle les pinceaux sur la Nouvelle-Calédonie"

Sud Radio

17/05/2024

L'édito de Céline Pina, chaque vendredi à 8h10

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##CELINE_PINA-2024-05-17##

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00:00 - Il est 8h12, Céline Pina, bonjour.

00:03 - Bonjour.

00:03 - Mettez-vous bien devant, évidemment, le micro.

00:06 Alors c'est un peu le jeu du "qui c'est qui qui l'a dit" un peu ce matin sur la Nouvelle-Calédonie

00:11 quand on regarde les réactions de politiques sur les réseaux sociaux

00:15 parce que vous y avez observé, Céline, un curieux phénomène.

00:18 - Eh bien oui, Patrick, figurez-vous que les passions identitaires se déchaînent.

00:22 Quelques exemples.

00:24 Qui a dit "ils sont ainsi les peuples, attachés à leurs racines, leurs cultures, leurs mythes,

00:28 leur histoire, leur géographie ?"

00:30 Digne de Jordane Bardella, non ? Pour un insoumis, en tout cas.

00:34 Eh bien, c'est Christiane Taubira.

00:36 Et qui peut bien envisager un véritable grand remplacement en écrivant

00:41 "ne vous inscrivez pas dans un processus de colonisation

00:43 qui consiste à mettre en minorité un peuple sur sa propre terre ?"

00:47 Eh bien, c'est André Chassagne, député du Parti communiste.

00:50 Cela rappelle la sortie d'Edouid Plenel à propos de Mayotte et des Comores

00:54 qui expliquaient que les Comoriens faisaient partie du même peuple que les Autochtones.

00:59 La gauche appelle donc à tenir compte des identités et des cultures

01:03 pour peu que l'on vive au-delà des mers.

01:05 - Alors, vous vous ironisez.

01:06 Mais tout est-il faux dans ces propos qui sont tenus par des gens de gauche ?

01:12 - Non, bien sûr. Mais il est curieux que ceux qui n'ont de cesse d'expliquer

01:15 que la France n'a pas de culture, que son identité errance,

01:19 que rien dans ce monde n'est plus important que la rencontre interculturelle,

01:22 le mélange qu'il faut savoir faire de la place à la culture de l'autre.

01:26 Bref, ceux-là se retrouvent soudain à défendre une conception parfois ethnique de la nation.

01:32 En tout cas, un discours sur l'existence des peuples

01:34 et la légitimité de leur désir à continuer à être,

01:38 comme de leur réticence face à un autre peuple constitué.

01:41 Ils défendent en Outre-mer ceux qu'ils combattent en métropole

01:45 et qu'ils n'hésitent pas à renvoyer d'un revers de main à l'extrême droite.

01:49 Mais je pense que l'incohérence de cette stratégie n'est qu'apparente.

01:52 La vérité est plus cynique.

01:54 - Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?

01:56 - Eh bien, si on se place du point de vue du discours,

01:59 effectivement le retournement de veste est manifeste.

02:01 En tout cas, le deux poids, deux mesures est pour le coup avéré.

02:05 Les Européens n'ont pas le droit de montrer des inquiétudes face à une immigration incontrôlée

02:10 qui met en cause leur mode de vie dans certains territoires.

02:14 En revanche, ailleurs, c'est non seulement permis, mais c'est célébré.

02:18 Allez comprendre, le droit de vouloir protéger sa culture et ses mœurs

02:21 dépendrait-il de la couleur de peau ?

02:23 On le voit, l'incohérence de ces prises de position n'est pas fait pour inspirer confiance.

02:28 Sauf si le ferment de l'union militante n'est pas un projet commun, mais une haine partagée.

02:33 Parce que si on se place, non du point de vue du discours,

02:37 mais de celui de la cible à frapper, alors tout devient cohérent.

02:41 Peu importe le moyen, du moment que l'on sème le chaos, la déstabilisation politique,

02:46 que l'on exacerbe les tensions.

02:48 Et comme pour un militant, la faim justifie en général les moyens,

02:52 la question de la cohérence du discours justifiant l'agressivité et la haine

02:56 est parfaitement accessoire.

02:58 Il y a une autre incohérence, pour terminer, qui vous a frappé.

03:02 Et oui Patrick, cette partie de la gauche est aussi celle qui milite pour faire d'Israël un État binational.

03:08 Une façon d'évacuer démographiquement les Juifs, dont de surcroît la religion n'est pas prosélite.

03:15 Cette guerre des ventres est un moyen de conquête.

03:18 Mais si le communiqué de presse de Christiane Taubira évoque pour les Kanaks

03:22 le droit d'un peuple à refuser de décliner, de dépérir, de s'éteindre,

03:27 visiblement une grande partie de la gauche trébuche sur ce raisonnement quand il s'agit d'Israël.

03:32 On le voit, l'extrême gauche est même capable de se contredire au carré.

03:37 Céline Pina.

03:41 Guillaume Bigot, des contradictions, notamment d'essai à gauche

03:47 par rapport à l'observation de ce conflit en Nouvelle-Calédonie.

03:52 Oui, c'est-à-dire qu'on se rend compte qu'une partie de la gauche a trahi la nation républicaine,

03:59 qui est donc l'idée d'un peuple et pas d'une ethnie.

04:01 Je rappelle que la France ce sont des Provençaux, des Basques et des Ch'tis

04:09 qui n'ont ethniquement à l'origine rien à voir les uns avec les autres

04:12 et d'ailleurs aussi des Calédoniens de toutes origines, des Antillais, etc.

04:17 Donc cette vision de la nation française, elle est bradée par l'extrême gauche, par haine de soi,

04:22 parce qu'ils reviennent à une vision ethnique, mais évidemment une vision ethnique.

04:26 Alors que oui, on ne doit pas, évidemment.

04:28 Rigoureusement identique à celle des identitaires.

04:31 Il parle comme Renaud Camus et en plus il ne parle comme Renaud Camus que pour les raciser.

04:38 Donc c'est totalement, c'est à la fois contradictoire et ça ne révèle qu'une chose,

04:42 comme le disait M. Apathy, j'aurais bien aimé raser le château de Versailles.

04:45 Ça n'exprime qu'une haine de soi.

04:48 Céline Pidard ?

04:50 En fait, cette incohérence, elle est surtout extrêmement violente pour tous les Français

04:55 qui se retrouvent mis en accusation permanente

04:58 dès qu'ils expriment une inquiétude sur les risques pesant sur leur mode de vie.

05:02 Ils sont immédiatement renvoyés à une forme de fascisme rampant.

05:06 Alors que les mêmes qui leur dressent des procès et qui les mettent en accusation

05:15 basculent eux dans un registre identitaire dès que ça les arrange

05:20 et pour peu que cela concerne des racisés.

05:22 Alors que, un des problèmes qui va se poser,

05:25 c'est que si vous faites de l'identité ethnique la source de la citoyenneté,

05:30 et c'est ça qui est en train, le conflit qu'il y a avec le peuple kanak est là-dedans,

05:35 ça veut dire que pour conserver votre pouvoir,

05:38 vous devez interdire quelque part les mélanges interraciaux.

05:41 Parce que que peut faire le métisse dans cette histoire ?

05:45 Alors que là-bas, j'avais un invité tout à l'heure,

05:50 qui s'appelle Patrick Roger, comme moi, évidemment, c'est un homonyme,

05:53 journaliste qui a été longtemps journaliste au monde

05:56 et qui a fait énormément de reportages en Nouvelle-Calédonie et la tragédie.

05:59 Il vous explique effectivement ça, parce qu'à travers l'histoire,

06:03 il y a eu un métissage évidemment très très fort là-bas.

06:06 Et d'ailleurs, beaucoup des kanaks ne souhaitent pas forcément cette indépendance.

06:11 Ils n'ont pas le droit, d'après la gauche, ils n'ont pas le droit.

06:13 Ce qui est intéressant, c'est que vous avez trois référendums qui disent non à l'indépendance

06:18 et à un moment donné, on est un petit peu, j'allais dire,

06:21 comme dans l'histoire de la famille qui refuse,

06:25 où il y a un conflit avec les gendarmes, la famille Traoré.

06:28 Ces gens-là n'acceptent un résultat que s'il est conforme à leur demande.

06:32 Or, le problème, c'est qu'on peut comprendre que les kanaks,

06:37 dans la négociation qui a été faite, l'État français s'est engagé à donner l'indépendance.

06:42 Comme la population sur place.

06:44 Il s'est engagé à consulter, à avoir une consultation.

06:48 C'était l'une des hypothèses.

06:50 Ils ont bien que dans leur tête, ça devait mener à l'indépendance.

06:53 Et ce n'est pas ce qui s'est passé, c'est le peuple sur place qui l'a refusé.

06:56 Et on n'avait pas prévu ce plan-là.

06:58 Ça nous explose au visage, parce qu'il faudrait interdire aux gens

07:03 de créer des accords quand ils sont morts ou qu'ils ne peuvent pas les faire respecter.

07:07 Parce que du coup, on repousse ad vitam aeternam la décision,

07:11 et quand elle tombe, plus personne de ceux qui l'ont engagé ne sont là pour l'assumer.

07:16 Et puis, il y a une exploitation aussi.

07:19 Il faut le dire, derrière, bien sûr, ces jeunes de 15 à...

07:22 - Les problèmes sociaux sont très graves.

07:24 - Les problèmes sociaux très graves, avec les usines de nickel qui ferment,

07:29 qui, avec des choix politiques et économiques là-bas, un peu incohérents,

07:34 ils sont plombés par la Chine, l'Indonésie, on l'a expliqué tout à l'heure.

07:37 - L'indolisme, la drogue...

07:38 - Et puis derrière, il y a une exploitation et une ingérence étrangère.

07:42 - L'Azerbaïdjan, Guillaume Bigot, vous connaissez bien les questions internationales.

07:45 - Écoutez, c'est très simple.

07:47 La Nouvelle-Calédonie, c'est les secondes ressources mondiales de nickel.

07:50 La stratégie industrielle de la Chine, c'est de devenir les maîtres,

07:54 non seulement de la voiture électrique, des batteries électriques,

07:56 et on a besoin, pour rendre l'acier inoxydable, de nickel.

07:59 Et ils ont racheté toutes les mines, ils rachètent toutes les mines de nickel dans le monde.

08:03 Ils ont racheté celle de Papouasie-Nouvelle-Guinée,

08:05 ils ont racheté celle d'Indonésie,

08:06 et les géants chinois du nickel ont vendu à perte.

08:10 Nos services de renseignement se demandent si cette vente à perte,

08:14 alors même que, naturellement, le prix du nickel aurait dû augmenter

08:17 en raison de la demande de batterie,

08:18 n'a pas été une manipulation pour mettre à terre l'économie de Nouvelle-Calédonie

08:22 pour pouvoir ensuite s'en opérer.

08:23 Parce que je vous signale que les plus durs des indépendantistes sur place

08:27 sont directement financés par la Chine et par l'Azerbaïdjan.

08:31 L'Azerbaïdjan, pour comprendre en deux mots, et puis on en reparlera dans un instant,

08:36 c'est une forme de revanche par rapport à l'armée et à l'attitude de la France.

08:41 Allez, il est 8h21, dans un instant, on continuait le débat.

08:45 Dominique de Villepin, invitée de Jean-Jacques Bordin dans moins de 10 minutes.

08:49 Et puis, tiens, cette question, on va y revenir, on vous la pose sur les réseaux sociaux.

08:53 À votre avis, combien gagne Emmanuel Macron par mois ?

08:56 La fiche de paye...

08:57 Oh, attendez, la fiche de paye a été dévoilée,

09:00 on voit ça ensemble dans un instant sur Sud Radio.

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